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Inauguration de l'Église Antoiniste (Le Radical, 27 octobre 1913)

Publié le par antoiniste

Inauguration de l'Église Antoiniste (Le Radical 27 octobre 1913)

Encore un Messie

INAUGURATION
             de
l’Église Antoiniste

    Il y a toujours des messies. A peine le fabuleux zouave Jacob est-il mort que s’inaugure à Paris le temple du culte antoiniste.
    L’antoinisme est moins une religion mystique qu’une suite de pratiques thérapeutiques et médicinales.
    Son fondateur mourut, l’an dernier, à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique.
    Mais sa femme, la « mère » Antoine, est venue hier à Paris, escortée de six cents disciples tout de noir vêtus propager le culte d’Antoine.
    Non point l’Antoine de Padoue monopolisé par la « bonne presse », mais bien Antoine le Guérisseur, messie des gueux et des « simples en esprit ».

             La nouvelle église
    Les antoinistes ont inauguré hier, à Paris, à l’angle des rues Vergniaud et Wurtz, quartier de la Maison-Blanche, leur nouvelle église. Il n’y a ni croix, ni statues, ni tableaux, ni symboles religieux d’aucune sorte. A l’extérieur comme à l’intérieur, les murs sont nus. On y lit des inscriptions comme celles-ci. Sur la façade : « 1913. Culte antoiniste. » Dans le temple, à l’entrée, et mise là comme une enseigne, cette autre : « Le père Antoine, le grand guérisseur de l’humanité, pour celui qui a la foi. »
    Dans le fond, cette maxime : « Un seul remède peut guérir l’humanité : la foi. C’est de la foi que nait l’amour. L’amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c’est ne pas aimer Dieu, car c’est l’amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir ; c’est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu’il est pur et de vérité. »
    Il n’y a point d’autels dans ce temple. Au fond, s’élève une chaire en bois très simple. Cloué au panneau de face, un cadre renferme sous vitrine, peint en blanc, un petit arbre. Une inscription en lettres blanches avertit que c’est « l’arbre de la science de la vue du mal », unique symbole du culte antoiniste.

             L’inauguration
    De nombreux curieux assistèrent, hier matin, à l’inauguration.
    Elle fut très simple, décente dans l’ensemble, et moins échevelée, certes que les terribles et dolentes processions de malades qui s’en vont vers la grotte de Lourdes solliciter des miracles.
    Là aussi, de pauvres loques humaines s’en vinrent, en quête de la guérison miraculeuse.
    Il ne se passe rien que de très ordinaire. Les miracles modernes, on le sait, n’ont plus lieu dans les églises, mais bien plutôt dans les laboratoires.
    Et chacun s’en retourna content, car chez les antoinistes, comme ailleurs, il n’y a que la foi qui sauve.

Le Radical, 27 octobre 1913

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