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Adrien Beregovoy dans les pas de Louis Antoine

Publié le par antoiniste

[1930]
Adrien Bérégovoy,
le métallo

« Un excellent garçon »

Déville-lès-Rouen, le 20 mars 1929.

Je soussigné Adrien Bérégovoy, né à Isum, gouvernement de Karkow (Russie), le 26 août 1893, ouvrier métallurgiste demeurant à Déville-lès-Rouen rue du Petit-Aulnay, 20, sollicite de votre haute bienveillance la naturalisation désirant devenir citoyen français.
Je suis ancien combattant de l'armée russe ayant combattu pendant toute la guerre contre les Autrichiens et Allemands avec les armées alliées.
En raison du manque de ressources, je vous serais très reconnaissant, monsieur le ministre, si vous vouliez bien m'accorder la remise totale du droit du sceau.
Je me suis marié à Déville-lès-Rouen, le 11 avril 1925 avec une Française, Mlle Baudelin Irène Eugénie Henriette et de notre union sont nés deux enfants encore existants.
Espérant que vous daignerez accueillir ma demande,
                                                     Adrien Bérégovoy
                                                       Irène Bérégovoy

    De ces deux enfants encore existants (combien d’autres ne le sont plus ?), l'aîné, Pierre, Eugène, né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen, connaîtra un destin politique hors du commun. Fils d’ouvrier devenu ajusteur puis cheminot et agent de l’EDF, il embrasse une carrière politique qui le mènera jusqu’à l'hôtel Matignon où il sera Premier ministre de François Mitterrand.
    Pour l'heure, au moment où ses parents remplissent le dossier de naturalisation, il est surtout un atout : père d'enfants français, marié à une Française, bon travailleur. Adrien Bérégovoy a un profil parfait.

Pour quels motifs le postulant demande-t-il la naturalisation ? Ne devant jamais retourner en Russie et ayant décidé de rester en France où d'ailleurs il a des attaches, sa famille du côté de sa femme étant française.
Quelle est son attitude politique ? Bonne.
Paraît-il avoir perdu tout esprit de retour dans son pays ? Oui.
Quelles ont été ses occupations, son attitude pendant la guerre de 1914-1918 ? A-t-il rendu quelque service à la France ? Excellents. A combattu dans l'armée russe contre les empires centraux. Au début comme simple soldat et a fini comme capitaine.

    Neuf jours plus tard, le préfet adresse au maire de Déville-lès-Rouen, où la famille habite, un questionnaire inédit. Tamponné « Confidentiel et urgent » (29 mars 1929), il passe en revue toutes les dimensions de la vie des Bérégovoy. Les appréciations du maire sont en général positives. Il juge notamment l'attitude politique et professionnelle d'Adrien Bérégovoy « excellente »,

La naturalisation de l'impétrant aura-t-elle pour effet de créer une famille vraiment française ? Oui.

    Le maire, en conclusion, est dithyrambique :

Bérégovoy est un excellent garçon, d'une conduite irréprochable, d'une sobriété exemplaire, d'un excellent caractère. Bon patriote, sincère et fervent républicain.

    Le dossier devrait passer comme une lettre à la poste. Pourtant une question vaut une réponse plus longue que les autres. Elle concerne les lieux où a résidé le postulant :

Jusqu'à son départ à la guerre comme volontaire, habitait avec ses parents à Isum. A dû partir de Russie en 1920 parce qu'il avait combattu les bolcheviques, a été un an en Pologne et deux ans en Allemagne et depuis cinq ans et demi en France où il compte rentrer définitivement.

    Aïe. L'Allemagne. De quoi attiser toutes les suspicions dans cet entre-deux-guerres et faire recaler les meilleurs candidats. L'équivalent peut-être d'un séjour au Pakistan aujourd'hui... Bérégovoy est convoqué, probablement à la police, pour s'expliquer sur ces deux années outre-Rhin.
    Le préfet rend compte au garde des Sceaux le 29 juin 1929 :

J'ai l'honneur de vous donner ci-dessous les renseignements fournis par M. Beregovoy Adrien […] :
« Entré en Pologne en 1920 avec le corps Bredoff de l'armée Deninkin [sic], en 1920 étant en Pologne combattu contre les bolcheviques dans les divisions formées en Pologne. En 1921 entré en Allemagne et jusqu'en 1923, date de son entrée en France , travaillé aux établissements Reinische Stahlwerke à Meiderick, près Duisbourg, »

    Ces informations sont envoyées en Allemagne pour vérification. Le 2 août, le consul de France à Dusseldorf écrit à son ministre de tutelle, celui des Affaires étrangères :

J'ai l'honneur de faire connaître à votre excellence que l'enquête effectuée auprès de la Vereinigte Stahlwerke Aktiengesellschaft, qui a succédé à ces établissements, m'a permis d'apprendre que l'intéressé n'y avait pas travaillé à l'époque indiquée et n'était pas connu de la direction.

    Le ministre des Affaires étrangères écrit alors à son homologue de la Justice pour lui dire qu'il est dans « l'impossibilité de vous donner mon avis sur la suite que doit comporter cette requête ». Nous sommes le 3 septembre 1929, le dossier Bérégovoy est en stand-by. Suspendu à cette brève carrière allemande. Le préfet de la Seine-Inférieure, comme on appelait alors ce morceau de Normandie, retourne vers le maire Déville-lès-Rouen. Qui obtient des renseignements plus précis :

M Bérégovoy affirme avoir été employé aux établissements Reinische Stahlwerke, à Meiderik, il a été embauché par l'entrepreneur Yavor, sujet serbe, comme manœuvre et il a habité au début dans les baraquements de l'usine, puis ensuite dans des pensions de famille dans différentes communes des environs des établissements employeurs, mais ne se rappelle plus les noms, sauf pour une seule qui est Lare.
À l'appui de ses dires, M. Bérégovoy a produit les documents que je vous adresse ci-joints, accompagnés d'une traduction.

    Sentant sans doute l'étau administratif se resserrer et s'impatientant peut-être, Adrien Bérégovoy a demandé de l'aide à son député, le radical André Marie : figure dans son dossier la lettre du ministre de la Justice à celui-ci.

Vous pouvez être assuré que j'aurai soin de vous aviser en temps utile de la décision qui interviendra.

    Elle interviendra après une ultime vérification. Le consul de France à Dusseldorf est à nouveau mis à contribution. Il approfondit les recherches. Enfin, à la fin de janvier 1930, il peut en dire plus à la chancellerie :

Ce n'est que le 21 de ce mois, après de nombreuses démarches infructueuses, qu'il m'a été possible de retrouver l'adresse de l'entrepreneur Peter Javor, qui avait embauché l'intéressé en 1922 [...]
Voici la traduction de sa réponse à ma demanda d'information :
… « un Adrien Bérégovoy, né le 26 août 1893, est entré à mon service le 26 août 1922. Je n'ai malheureusement plus d'indications précises sur la date de son départ mais crois me souvenir qu'il a dû me quitter en septembre 1923. Pendant tout le temps qu'il a été employé par moi, Adrien Bérégovoy a eu une très bonne conduite et je n'ai jamais rien appris de défavorable à son sujet... »

    Trois fois rien, donc. Mais qui manquait pour rassurer l'administration. Désormais, c'est chose faite. Les Bérégovoy sont français !

 

Doan Bui & Isabelle Monnin, Ils sont devenus français – dans le secret des Archives
Paris, Points, 2011, 544 pages (pp.189 à 164)

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Abtei Hamborn, nach einem Gemälde von Alexander Michelis 1847

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Abtei Hamborn, nach einem Gemälde von Alexander Michelis 1847 (www2.duisburg.de, Abtei Hamborn)

Abbaye Hamborn, d'après un tableau d'Alexander Michelis, de 1847 (www2.duisburg.de, Abtei Hamborn)

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Ansicht der Abtei Hamborn von Westen, um 1905

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Ansicht der Abtei Hamborn von Westen, um 1905 (www2.duisburg.de, Abtei Hamborn)

Vue de l'ouest de l'abbaye d'Hamborn, vers 1905 (www2.duisburg.de, Abtei Hamborn)

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Les Wallons à Laar (Duisburg)

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Das war Laar um 1850. In der folgenden Zeit suchte man die Schätze seines fruchtbaren Bodens nicht mehr in der Ackerscholle, sondern im Schoße seiner Erde, in der die schwarzen Diamanten ruhten. Mit der Errichtung der Hütte „Phoenix“ im Jahre 1852 begann für Laar die Industrialisierung. Während des Baues der „Phoenix“, die ihren Ursprung in Belgien hat, siedelten sich zahlreiche Wallonen hier an. Auf der Kaiserstraße wurde Fachwerkbau an Fachwerkbau errichtet. Das Haus „Geibel“ wurde nach Ankauf durch die „Phoenix“ zu einer Kantine hergerichtet, in der Bonnever den Wirt spielte. Ein Sohn des Wirtes war später jahrelang Ingenieur auf dem Werk. Heute befindet sich hier die Wirtschaft Allekotte. An die „Belgische Invasion“ erinnerten noch lange Namen wie: Van de Voire usw.

Mehr und mehr verlor Laar seinen landwirtschaftlichen Charakter. Die Höfe wurden verkauft und nur die Lacums hielten fest an der Scholle, wenn auch das Anwesen von den Industriebauten vollkommen eingeschlossen wurde, und der Pflug erst eine halbe Stunde über Straßenpflaster holpern musste, ehe die Knechte, weit draußen in Beeckerwerth, mit der Beackerung des Bodens beginnen konnten. Heute liegt die „Phoenix“, das Werk, das die Entwicklung Laars bestimmte, still. Die Schornsteine und Hochöfen rauchen nicht mehr, das Rollen der Walzenstraßen ist verstummt und auch die Frühlingssonne, die nach wie vor die Leute vom Lacumshof mit Pflug und Egge hinausziehen lässt, verstreut vergebens ihre lebenweckenden Strahlen über totes Eisen und Gestein. Es ist, als ob ein Kreislauf des Lebens beendet, das Rad zurückgedreht und eine Entwicklung abgeschlossen wäre, die Glück und Wohlstand einer Stadt gegeben und nun wieder genommen hat.

source : https://www.laar-am-rhein.de/news/%C3%A4ltere-news/

Traduction :

Ainsi était Laar vers 1850. Dans la période suivante, les trésors de sa terre fertile n'étaient plus recherchés dans la motte de terre arable, mais dans le sein de sa terre où reposaient les diamants noirs. Avec la construction de la fonderie "Phoenix" en 1852, l'industrialisation de Laar a commencé. Lors de la construction de "Phénix", d'origine belge, de nombreux Wallons s'y sont installés. Des maisons à colombages ont été construites dans la Kaiserstraße. La maison "Geibel" a été achetée par "Phoenix" et transformée en cantine où Bonnever tenait le rôle de propriétaire. L'un des fils de l'aubergiste a ensuite été ingénieur à l'usine pendant de nombreuses années. Aujourd'hui, on y trouve l'usine Allekotte. Certains noms nous rappellent encore cette "Invasion belge" : Van de Voire, etc.

De plus en plus, Laar perd son caractère agricole. Les fermes furent vendues et seuls les Lacum s'accrochèrent à la terre, même si le domaine était complètement entouré de bâtiments industriels et que la charrue devait se heurter aux pavés pendant une demi-heure avant que les fermiers, loin à Beeckerwerth, puissent commencer à labourer le sol. Aujourd'hui, "Phénix", l'usine qui a déterminé le développement de Laar, reste inactive. Les cheminées et les hauts fourneaux ne fument plus, le laminage des laminoirs a cessé, et même le soleil de printemps, qui fait encore sortir les habitants de Lacumshof avec la charrue et la herse, disperse en vain ses rayons vitaux sur le fer et la roche morts. C'est comme si un cycle de vie s'était achevé, la roue était revenue en arrière et un développement avait été réalisé, qui a donné du bonheur et de la prospérité à une ville et qui l'a maintenant reprise.

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Rheinische Stahlwerke Meiderich & Ruhrort

Publié le par antoiniste

    Le secteur de l'acier se développe après 1860. En 1850, les aciéries n'occupent que 275 personnes, alors qu'au cours de la période 1876-1880, il y en a 1 480 et 6 611 entre 1896 et 1900. En 1876, il n'y a en Belgique que trois aciéries, toutes situées dans la province de Liège. En 1900, elles sont au nombre de douze. La production passe de 76 524 tonnes en 1876 à 1 944 000 tonnes en 1910. Cette augmentation de production est une conséquence directe de l'arrivée en Belgique des inventions de Bessemer (1856), Siemens et Martin (1862-66) et Thomas et Gilchrist (1878). Cockerill se lance dans la production de l'acier Bessemer en 1863 ; l'acier Siemens-Mart est produit, en 1872, par la S.A. de Sclessin et, en 1886, à Angleur, on fabrique l'acier Thomas. (Adriaan Linters, Industria: architecture industrielle en Belgique, p.31-32 ; source : Google Books)

    En succession rapide, la nouveau procédé Bessemer est mis en route autour de l'année 1865 dans les usines de Hörde, Oberhausen, Ruhrort, Dortmund, Osnabrück, près d'Aix-la-Chapelle, à Königshütte/Chorzów (Haute-Silésie), en Bavière et en Saxe. (Johann Pechar, Kohle Und Eisen in Allen Landern Der Erde, p.112 ; source : Google Books)

    En 1852, la société Phönix établi, sous la direction de Toussaint Bicheroux, ses sateliers à Laar, à proximité de Ruhrort. La société a commencé à dominer l'industrie du fer de la ville. La Rheinische Stahlwerke s'établi à Ruhrort, qui ouvre en 1870, était presque la première à obtenir le droit d'utiliser le procédé Thomas (processus de convertisseur de base). (source : http://www.zum.de/whkmla/sp/0708/yongho/yongho2.html#idc18)

    Dans le journal, on a trouvé que les travaux de construction de l'usine Phoenix (aujourd'hui Mittal Steel) ont été entrepris par des travailleurs étrangers, la plupart Wallons, ce qui a été très mal vue par les travailleurs de la région. (source : http://www.derwesten.de/nachrichten/panorama/Schauerliche-Zeiten-in-Ruhrort-id898388.html).
    Pour la construction des usines, on parti à la recherche de 100 maçons ; étant difficile à trouver dans la région, on les fit chercher directement de Wallonie. Aujourd'hui, on peut voir des troupes entières de Wallons en manteaux courts, qu'il s'agisse des travailleurs de l'acier ou des maçons, courir les routes. Il semble vouloir travailler dans les hauts-fourneaux. La société veut bâtir pour les Wallons, qui ne parlent que le français, leur propre église et école, et un hôpital pour les travailleurs. Un médecin également est employé pour les travailleurs. Jusqu'à maintenant, on envoie les cas graves à l'hôpital de l'Institut diaconal de Duisburg, où les coûts sont à leurs charges. (source : http://kaffkescrimes.blogg.de/eintrag.php?id=97)

    Dans la région de Liège, le voisinage de la Prusse amène beaucoup d'ouvriers allemands dans les houillères et les hauts-fourneaux. Ils habitent dans les quartiers industriels et peu dans la vielle ville. (Excursion Pays de Liège, par le Bulletin de la Société de géographie de Lille, 1888, p.17 ; source : Gallica).

    La première pierre de la société a été posée en 1870 par l'établissement de la Société Anonyme Aciéries du Rhin à Paris par Barthold Suermondt, qui a été rebaptisée en 1872 Usines d'acier de la Rhénanie. En 1879, grâce à la médiation du directeur technique, Gustave Léon Pastor, à la fois pour les Acieiries du Rhénanie (Rheinische Stahlwerke) ainsi que pour l'Association des mines de houille et de la métallurgie de Hörde (Hörder Bergwerks- und Hütten-Verein), qui jusqu'à présent ont tous deux travaillé par le procédé Bessemer, le succès d'une première sur le territoire douanier allemand avec l'achat d'une licence de Sidney Gilchrist Thomas pour le nouveau processus Thomas. Cette innovation, mais aussi la distribution des sous-conduit pendant la durée de protection par brevet dans les 15 prochaines années, permis une augmentation rapide de l'activité. Par conséquent, les Rheinische Stahlwerke ont été honorés par la Rheinisch-Westfälischen Industrie- und Gewerbeausstellung (Exposition de l'Artisanat et de l'Industrie de la Rhénanie-Westphalie) durant l'année 1880 à Düsseldorf, avec la médaille d'argent. (source : http://de.wikipedia.org/wiki/Rheinstahl)

    Louis Antoine émigre à Ruhrort et Meiderich de 1871 à 1876.
    Dans la Presse du 06-07 juin 1876, on lit qu'il y a alors en Prusse 10 000 Wallons.

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Exemple d'habitations ouvrières en Allemagne

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Exemple d'habitations ouvrières en Allemagne

Voici un exemple de maison ou bâtiment ouvrier typique d'Allemagne, à l'époque où Louis Antoine y était.

Émile Muller et Émile Cacheux, Les habitations ouvrières en tous pays
Berlin, maisons à étages (1879)
source : gallica

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La Ruhr à l'époque de Louis Antoine

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    A Barmen (aujourd'hui Wuppertal), les habitations d'une seule pièce sont dans la proportion de 62% et servent à 55% de la population (p.46).
    La plupart des habitations ouvrières ont été construites par des Sociétés dirigeaient par les villes et les Etats de la Prusse (en 1899, 356 sociétés de la sorte), les entreprises n'ayant pas anticipées le nombre d'ouvriers amenés à travailler pour elles. D'où une grande pénurie de logement : encore en 1900, à Berlin, près de 300 logements d'une seule pièce, avec ou sans cuisine abritaient 10 personnes (parfois plus) ; et presque 40.000 logements d'une seule pièce, avec ou sans cuisine, abritent généralement 4 personnes.
    Les problèmes pour ses sociétés sont le manque de terrain et les déficits, ce sont les villes qui prêtent donc l'argent aux Sociétés d'habitation. Quelquefois la ville prête le terrain en erbbau, c'est-à-dire en se réservant le doit de le reprendre, constructions y compris, avec une faible indemnité au bout d'un délai assez long, soixante-quinze ans en général (p.57).
    De ce fait, les ouvriers ne peuvent que rarement devenir propriétaire. C'est le cas par exemple à Francfort sur le Main. On construit en pleine ville de grands immeubles ou des groupes importants d'immeubles de dimensions moyennes, dans lesquels les ouvriers sont logés avec toute l'aisance et le confort nécessaires. Mais ces immeubles deviennent plus tard la propriété de la ville.
    Chacune des maisons de la Société de construction par actions pour petites habitations (qui malgré son titre, a presque toujours construit de grands immeubles pour plusieurs familles) est toujours destinée à abriter plusieurs familles, elles sont d'ailleurs groupées, elles ont des aisances communes, et si on les séparait l'une de l'autre elles perdraient une grande partie de leur valeur.
    Les habitants d'un même groupe d'immeubles achètent en commun le charbon et les pommes de terre, et les fonds nécessaires à ces achats sont avancés par moitié par la société, qui n'exige aucun intérêt pour ce crédit dont elle est remboursée par acomptes mensuels et en même temps que les loyers.
    Les maisons de cette société sont pourvues de bains, de buanderies, de blanchisseries, jardins d'agrément et salles de réunion. Des bibliothèques portatives entretenues par les fonds de bienfaisance circulent d'un groupe à l'autre.
    Le loyer mensuel est de 23,06 marks en moyenne par famille, chaque famille disposant de deux pièces, d'une cuisine, d'un water-closet, d'une cave et d'une mansarde : la surface d'un appartement est de 22 mètres carrés. Auparavant ces locataires payaient 25 marks par mois et étaient logés dans des conditions très défectueuses au point de vue de l'hygiène et du confort.
    La société a pour objet d'abord la gestion des épargnes des sociétaires, ensuite la construction, l'acquisition et la gestion de maisons d'habitations qui restent la propriété de la société dont la plupart des membres sont des ouvriers.
    La ville a, par exemple, construit 65 maison contenant 356 logements. Ces immeubles ont coûté 3 millions 810.000 marks et le produit des loyers qui varie de 200 à 600 marks, atteint 121.803 marks correspondant (déduction faite des frais d'entretien) à un intérêt de 3.50 % du capital engagé.
    Dans la plupart des grandes villes allemandes, les services d'eau, de gaz, d'électricité, d'enlèvement et de destruction des ordures ménagères sont assurés par la municipalité.
    Seulement en 1902, fut constituée la Société allemande des cités-jardins, dont le but est de fournir aux ouvriers une petite maison occupée seulement par l'ouvrier et par sa famille, et autour de laquelle s'étendent des jardins qui, indépendamment des produits potagers qu'ils peuvent procurer, permettent aux enfants de prendre leurs ébats (p.74). En 1908, la première société de cités-jardins s'instituait à Hellerau, près de Dresde (ceux-ci existent toujours).
    Entre Duisburg et Ruhrort, en 1881 circulait déjà un Pferdebahn (un tramway à locomotion chevaline) dans la Ludwigstraße (construite en 1857) et la Bergiusstraße. Le tramway a été électrifié en 1898.

Henri Biget, Le logement de l'ouvrier, 1913
source : Gallica

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Einzimmerwohnung mit Etagenklo - wie Arbeiter leben

Publié le par antoiniste

    In den Städten kommt der Wohnungsbau dem Bedarf nicht hinterher: Ganze Familien pferchen sich in ein einziges Zimmer, vermieten manchmal sogar das letzte freie Bett an einen sogenannten Schlafgänger. Die Toilette im Treppenhaus teilt man sich mit den Mietern von nebenan. Noch dazu sind die Arbeitsbedingungen in den Fabriken oft unvorstellbar hart: 1872 liegt die durchschnittliche Wochenarbeitszeit bei 72 Stunden; in vielen Branchen wie etwa der gerade entstehenden Chemieindustrie gibt es so gut wie keinen Gesundheitsschutz.
    Schon fürchten Fabrikbesitzer und die Politik den Aufstand - und reagieren. Reichskanzler Bismarck etwa verfolgt eine zweigleisige Strategie. Einerseits will er mit dem Sozialistengesetz von 1878, einem umfassenden Verbot sozialdemokratischer Organisationen, die Arbeiterbewegung schwächen; andererseits lindert er die schlimmsten Nöte mit einer Sozialgesetzgebung, die europaweit vorbildlich ist: Seit 1883 gibt es in Deutschland eine Krankenversicherung, seit 1884 eine Unfallversicherung, bald kommen noch Invaliditäts- und Rentenversicherung dazu. Parallel dazu rufen viele Unternehmen ihre eigene betriebliche Sozialpolitik ins Leben.


    Dans les villes, la demande de logements ne suivent pas : des familles entières se tassent dans une pièce, en laissant parfois même la possibilité de louer le dernier lit pour le dénommé le "venant dormir". Les toilettes dans le couloir se partagent avec les locataires d'à côté. En outre, les conditions de travail dans les fabriques sont souvent incroyablement difficile : en 1872, la semaine moyenne de travail est de 72 heures, mais dans de nombreux secteurs, y compris l'industrie émergente de produits chimiques, il n'existe presque pas de protection de santé.
    Même les propriétaires de l'usine et les Politiques craignent l'insurrection - et ils y répondent. Le chancelier Bismarck à propos poursuit une double stratégie concertée. D'une part, il veut affaiblir les lois socialistes de 1878, une interdiction complète des organisations sociales-démocrates, le mouvement ouvrier ; de l'autre, il soulage les pires troubles. Avec la législation sociale, l'Europe est exemplaire: Depuis 1883, il existe une assurance maladie en Allemagne, depuis 1884, une assurance sur les accidents, suivent l'assurance d'invalidité et l'assurance pension. En parallèle, de nombreuses entreprises forment leurs propre politique sociale sur la vie.

source : http://www.planet-wissen.de/politik_geschichte/wirtschaft_und_finanzen/industrialisierung/index.jsp

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Travaille à Ruhrort

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    Jean Leplat, de Seraing lui parle d'un article de la Meuse, "où l'on disait que la main d'oeuvre se faisait rare dans la région du Rhin et de la Roer : les Prussiens avaient eu trop de leurs ouvriers pris pour la guerre, et c'était au point qu'ils faisaient travailler des prisonniers français dans leurs fabriques."
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.86
 
    "Cela n'avait pas été difficile. On demandait justement des hommes pour aller à Ruhrort, en Prusse rhénane, où il y avait des usines de la société Cockerill."
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.94

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PATRONS ET OUVRIERS DANS LE BASSIN DE LA RUHR

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CORRESPONDANCE

PATRONS ET OUVRIERS DANS LE BASSIN DE LA RUHR

    Depuis qu'un cours d'économie politique a été créé à l'École des Mines et confié à M. Cheysson, les élèves ingénieurs doivent, dans leurs journaux de mission, faire une part aux observations sociales. M. Fèvre, élève ingénieur, sur le désir exprimé par la Société d'économie sociale, et conformément au programme préparé par M. Cheysson, a étudié les populations du bassin de la Ruhr. En attendant le résultat complet de son enquête, nous détachons de sa correspondance quelques fragments qui intéresseront assurément les lecteurs de la Réforme sociale.
                                                                                                    A. D.

                Gelsenkirchen, 14 octobre.
    La population dans le bassin de la Ruhr se compose en majeure partie d'ouvriers émigrés de différentes parties de l'Allemagne, principalement des provinces voisines (Westphalie, Nassau, etc.) et aussi de la Silésie et de la Pologne. Elle se fait remarquer par son esprit religieux : catholiques et protestants accomplissent les devoirs de leurs cultes, et sont sincèrement croyants. Les députés qui les représentent au Reichstag sont, l'un clérical, l'autre « démocrate chrétien ». Le socialisme n'a guère pénétré ici. Tout au contraire, les gens me paraissent encore profondément empreints de ce sentiment inné de la hiérarchie sociale qui m'a frappé en Allemagne ; ils ont du respect pour leurs patrons, et me semblent vivre en bonne intelligence avec eux.
    Ceux-ci d'ailleurs ont assez souvent fait beaucoup pour leurs ouvriers. On a construit un grand nombre de maisons ouvrières, qui sont toujours remplies; on a fondé des économats, qui livrent les marchandises au prix d'achat (et au comptant); on donne le charbon à prix réduit. Dans beaucoup d'exploitations existent aussi, à côté des caisses obligatoires d'assurances, des caisses supplémentaires de secours, alimentées surtout par des subventions des compagnies, et qui viennent augmenter, et quelquefois dans une proportion considérable, les secours fixés par la loi.
    Un assez grand nombre d'ouvriers ont aussi leurs maisons à eux, qu'ils ont bâties avec leurs épargnes,et dont ils louent une partie à des camarades. Ceci contribue naturellement à rendre ces ouvriers stables, et attachés à une exploitation.
    Quant à ce qui concerne les lois d'Empire sur l'assurance obligatoire, elles ont été en général et sont toujours regardées d'un bon oeil et par les exploitants et par les ouvriers. Elles ont d'abord le mérite d'être très pratiques, en ce qu'elles coupent court à la plupart des procès, qui auparavant intervenaient constamment entre le patron et l'ouvrier, celui-ci prétendant que la cause de l'accident se trouvait dans une négligence du patron ou d'un de ses employés. M. Ichon dit, dans son article paru dans les Annales des Mines, que ces procès étaient beaucoup plus rares dans l'industrie des mines que dans les autres, a cause de l'existence des caisses de Knappschaft, qui donnaient un secours à l'ouvrier. Mais ce secours accordé n'enlevait pas à l'ouvrier son droit à une indemnité plus forte, si celle-ci était réellement due par le patron, et n'empêchait pas les procès, du moins d'après le témoignage des exploitants de ce district, procès donnant lieu naturellement à des débats irritants. Aussi leur suppression me paraît avoir été très favorablement accueillie des deux côtés, et avoir été un des principaux éléments de succès des nouvelles lois.
    Les patrons ont à supporter, d'après celles ci, d'assez lourdes charges. Mais ils paraissent encore préférer cela aux procès auparavant engagés en vertu de la loi de responsabilité (Haftpflicht) de 1871.  Du reste ils contribuent encore souvent à des caisses de secours non obligatoires (Unterstutzungkassen), spéciales à chaque exploitation.
    Quant aux ouvriers, ils se sentent, suivant leur expression, « plus libres», mais non dans ce sens qu'ils sont plus indépendants de leurs patrons et se croient dégagés envers eux de toute reconnaissance, mais en ce qu'ils peuvent envisager l'avenir avec plus de sécurité, et appliquer leurs épargnes à leur bien être, sans crainte de les voir, à un moment donné, se fondre dans leurs mains, si le mari devient incapable de travailler.
    En somme, et dans les conditions de bonne intelligence régnant actuellement ici entre les patrons et les ouvriers, les lois d'assurance obligatoire ont été favorablement accueillies des deux côtés, et regardées comme un bien.
    Quant à la transformation des anciennes Knappschaftskassen, voici comment elle a eu lieu en général. Dans les ressorts correspondant aux anciennes, se sont fondées les caisses de maladie (Krankenkassen), qui sont plutôt une dérivation des anciennes caisses qu'une fondation nouvelle. Les anciennes Knappschaftsvereine subsistent toujours, mais n'ont plus à s'occuper que des pensions de retraites, et des secours à accorder aux veuves et aux orphelins (dont le chef de famille n'est pas mort à la suite d'un accident).
    A cet effet, plusieurs anciennes sociétés se sont quelquefois réunies en une seule (ainsi dans le Harz). Ces deux caisses (de maladie et de Knappschaft) ont des comptabilités distinctes, mais conservent la même administration, sauf dans le Hartz où la séparation est complète.
    Enfin vient la caisse d'assurance contre les accidents. A cet égard tous les exploitants de mines de l'Allemagne forment une vaste et unique association professionnelle. Celle-ci est divisée en 8 sections, dont la Westphalie forme la seconde. Les exploitations doivent être rangées dans des catégories différentes, quant au taux de leur contribution, catégories établies suivant les risques; ceux-ci seront d'ailleurs probablement indiqués par les accidents arrivés dans les dernières années. Mais ces tableaux ne sont pas encore fixés.
    L'ouvrier n'a qu'une crainte au sujet de la loi d'assurance contre les accidents, crainte relative à l'exécution de la loi. Il peut arriver en effet que des ouvriers blessés dans la mine, mais encore capables de travailler, deviennent prématurément invalides par une suite indirecte de leur blessure, et retombent ainsi à la charge de la Knappschaftskasse. Les exploitants ont tout intérêt à en augmenter le nombre le plus possible, et c'est dans ce sens que les ouvriers redoutent quelques abus. Mais quant à l'esprit même de la loi, ils le trouvent excelent. C'est aussi l'avis des exploitants, et tant que dureront les bonnes relations existant actuellement, il me semble que le fonctionnement des caisses se fera sans beaucoup de difficultés, et aura plutôt pour effet de maintenir cette bonne intelligence que de l'altérer. L'ouvrier n'est pas en effet ici, comme l'ouvrier français, mécontent de sa position et visant toujours plus haut. Il ne songe pas à s'élever au-delà. Et pourvu qu'on lui procure les moyens de gagner sa vie en lui permettant par des mesures protectrices analogues aux caisses d'assurances de dépenser ce qu'il gagne, et d'être dégagé de tout souci d'épargne, c'est tout ce qu'il demande.
    Sans doute ceci n'est point fait pour encourager la prévoyance. Mais l'ouvrier ne pense pas si loin. Qu'il soit sûr de vivre, sans avoir à craindre de trop grosses difficultés à un moment donné, c'est tout ce qu'il demande. Resterait à voir d'ailleurs si un système de liberté encouragerait effectivement beaucoup plus l'épargne. Car ceux des ouvriers qui ont l'esprit de prévoyance, peuvent amasser maintenant en toute sécurité, et appliquer l'argent ainsi mis de côté à acheter une maison ou un jardin, etc.
    En un mot le système n'empêche pas l'épargne ; il en restreint seulement le but, tout en lui donnant plus de sécurité.
    Ceci, direz-vous, ressemble bien un peu à un panégyrique. Mais j'avoue que je suis arrivé ici avec des idées un peu préconçues, et que le spectacle que j'y ai trouvé de patrons unis pour le bien des ouvriers, et d'ouvriers attachés à leurs patrons et à leur métier, ne perdant point leur temps ni leur esprit en récriminations stériles, m'a réchauffé le coeur, et m'a rendu un peu enthousiaste.
Agréez, etc...
                                      L. FÈVRE.

Les Études sociales : organe de la Société des études pratiques d'économie sociale et de la Société internationale de science sociales
1886/07 (A6,SER2,T2)-1886/12.  (p.488)
source : gallica

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