Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Marcel Moreau - Se purifier sans cesse des encrassements temporels

Publié le par antoiniste

    Que faire d'un homme qui hait les papillonnements de l'intellect autour du mystère humain ? Et qui clame fort qu'il faudrait savoir aborder aujourd'hui notre destin avec un grand luxe de préscience sauvage, portée par les voix rauques de la vie antérieure ? Voilà pourquoi je suis un fanatique d'un genre si particulier, solitaire, sans Eglise, sans autre foi que cette foi noire pour les mots qui, de phrase en phrase, m'éloignent de l'esprit du temps. Etre fanatique, dans ce sens-là, c'est se purifier sans cesse des encrassements temporels : l'information pléthorique, enflure politique et publicitaire, le martèlement des exhortations au confort et à la consommation. C'est faire en soi une place inexpugnable au feu essentiel dévorant au-dedans, incendiaire au-dehors, un embrasement contre l'esprit du temps. Mais ce n'est pas assez : l'esprit du temps doit être torturé au moyen d'instruments doués de conscience, de lucidité, aux mains de bourreaux doués de supra-conscience, de supra-lucidité. L'esprit du temps devrait être livré livide à des races qui ne connaissent point la pitié, remontées on ne sait comment, par quel miracle de renversement des valeurs, du fond des abîmes de l'humanité et se conduisant comme des hordes.

Marcel Moreau, Monstre, p.226
Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986

Voir les commentaires

L'origine sociale des premiers antoinistes

Publié le par antoiniste

    Ces adeptes, dans quelles classes de la société se recrutent-ils ? [...]
    Lorsqu'Antoine se fut séparé des spirites, sa clientèle ne se modifia guère. Un journaliste a bien indiqué les traits caractéristiques des fidèles de l'église antoiniste "... des petits bourgeois, des artisans, de vieilles dames vêtues de noir et pauvrement endimanchées, des petits garçons et des petites filles que la douleur et la foi avaient déjà rendus pensifs... C'étaient encore des gens pareils à ceux que l'ont remarque dans ces pays industriels où la misère et le travail ont pâli et jauni les visages... Des groupes s'ajoutaient aux autres groupes ; je considérais ces faces ravagées par les rides, faces qui se décoraient pourtant d'une gravité et d'une tristesse et qui s'appariaient étrangement à ce paysage de terrils cendreux, de hauts fourneaux gigantesques" (Le Soir, 26 juin 1925).
    Déjà avant la guerre, l'Unitif s'était expliqué sur cette localisation sociale des conversions à l'antoinisme. "Nous avons entendu dire, écrivait une adepte, oh ! sans reproche, chacun croyant détenir la vérité, que la religion antoiniste s'adressait à la classe ouvrière, aux ignorants. Retournons un peu en arrière et voyons comment les choses se pratiquaient au temps de Jésus ; reprochait-Il l'intellectuel ? Il disait : "Laissez venir à moi les petits enfants car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent" et encore : "Bienheureux les pauvres d'esprit parce que le royaume des cieux est à eux." Prônait-Il la richesse Lui qui disait : "Il est plus aisé qu'un chameau passe par e trou d'une aiguille qu'il ne l'est qu'un riche entre dans le royaume de Dieu !" Ces paroles au sens caché, incomprises jusqu'à ce jour et qui renferment tout un enseignement sont aujourd'hui dépouillées de leur voile par le Père qui est venu accomplir et terminer l'oeuvre des prophètes, ses devanciers. Que la grande partie des membres faisant partie du Culte Antoiniste se recrutent chez les humbles, cela est vrai et cela doit être, parce que la souffrance cherche le remède, mais combien ils sont grands ces humbles ! à la tâche toujours : après le dur labeur de la journée ils se reposent dans le travail moral, dans la charité d'eux-mêmes, n'ayant rien à donner de matière ils sont à la disposition de ceux qui souffrent ; ils luttent à tout instant pour détruire leurs défauts, l'imperfection et acquérir les vertus, l'amour vrai ! Est-ce cela de l'ignorance ? Combien de nous plus ou moins cultivés, ayant beaucoup lu et vu, nous sommes-nous jugés ignorants de la vérité en face de ces humbles possédant la vraie intelligence dans la conscience sensibilisée."
   Dans les rangs de l'Antoinisme, on trouve des personnes instruites, p. ex. un professeur d'Athénée (décédé), une institutrice (sténographe du culte), un officier de l'armée belge, qui depuis a rompu avec l'antoinisme (Bourguet, p.36), un ancien officier de l'armée française. On pourrait en citer d'autres ; mais des conversions de ce genre restent néanmoins des exceptions. L'Enseignement (p.253) déclare que "de grands personnages tels que barons, ingénieurs, directeurs, avocats, médecins, prêtres, etc., sont heureux d'avoir recours" à Antoine. Il est très possible qu'Antoine ait reçu des gens de cette qualité, mais je doute qu'il en ait converti beaucoup à sa doctrine.
Pierre Debouxhtay, p.291 et note 100.

    Au sujet des villes d'eaux, M. E. Leroux remarque que "dans la foule qui afflue en ces villes, il y a toujours un nombre considérable de cerveaux anémiés offrant une proie facile aux prêcheurs de nouveautés, si abracadabrantes que soient celles-ci (Rev. Ecclésiastique de Liége, t.16, 1924-25, p.222).
Pierre Debouxhtay, p.288, note 86

    Grâce à ceux qui ont désormais consacré leur vie à cette oeuvre humanitaire, nous voici installés, depuis dix mois, rue Saint-Georges, 30. De jour en jour, le nombre des adeptes augmente et actuellement notre groupe est très important ; la plupart appartiennent à la meilleure bourgeoisie et parmi eux nous remarquons beaucoup d'intellectuels, professeurs, philosophes, tous, toujours assidûment fidèles, venant prendre place bien avant l'heure et attendant dans le plus grand silence.
extraits des Unitifs, Groupe de Bruxelles

   Au-delà des justifications doctrinales, les différences belgo-françaises recouvrent, selon Benoît Narinx, des réalités sociographiques différentes. En Belgique, on comptait parmi les disciples du Père des personnes d'un niveau intellectuel plus élevé en quête de règles éthiques et d'une voie spirituelle. Ces gens-ci ont pu considérer la vénération du fondateur et de son épouse comme une idolâtrie alors qu'en France, les desservants qui dirigèrent le mouvement dès qu'il prit racine dans l'Hexagone étaient plus proches des demandes d'un public populaire chez qui l'expérience religieuse passait par des manifestations tangibles.
    L'historique de l'antoinisme témoigne de son origine populaire. Une sociographie rapide fondée sur les témoignages de Vivier et de Debouxhtay montre que Louis Antoine attirait à lui des gens de condition modeste, des mineurs et des artisans bien que son cercle de disciples se soit enrichi de quelques personnes un peu plus élevées socialement. Ce public n'est pas différent de celui du spiritisme qui fut son terreau. Or, le premier fut essentiellement populaire.
Régis Dericquebourg, p.30 & 119

    Ajoutons que les trois écrivains décrivant les milieux antoinistes (Robert Vivier, André Thérive, Roland A E Collignon) baignent leurs récits dans le milieu populaire des régions liégeoise ou parisienne.

Voir les commentaires

Jules Renard - Le Cheval

Publié le par antoiniste

    Il n'est pas beau, mon cheval. Il a trop de noeuds et de salières, les côtes plates, une queue de rat et des incisives d'Anglaise. Mais il m'attendrit. Je n'en revient pas qu'il reste à mon service et se laisse, sans révolte, tourner et retourner.
    Chaque fois que je l'attelle, je m'attends qu'il me dise : non, d'un signe brusque, et détale.
    Point. Il baisse et lève sa grosse tête comme pour remettre un chapeau d'aplomb recule avec docilité entre les brancards.
    Aussi je ne lui ménage ni l'avoine ni le maïs. Je le brosse jusqu'à ce que le poil brille comme une cerise. Je peigne sa crinière, je tresse sa queue maigre. Je le flatte de la main et de la voix. J'éponge ses yeux, je cire ses pieds.
    Est-ce que ça le touche ?
    On ne sait pas.
    Il pète.
    C'est surtout quand il me promène en voiture que je l'admire. Je le fouette et il accélère son allure. Je l'arrête et il m'arrête. Je tire la guide à gauche et il oblique à gauche, au lieu d'aller à droite et de me jeter dans le fossé avec des coups de sabot quelque part.
    Il me fait peur, il me fait honte et il me fait pitié.
    Est-ce qu'il ne va pas bientôt se réveiller de son demi-sommeil, et, prenant d'autorité ma place, me réduire à la sienne ?
    A quoi pense-t-il ?
    Il pète, pète, pète.

Jules Renard, Histoires naturelles, p.34-35
Le Livre de Poche, Collection Libretti, Paris, 1995

Voir les commentaires

Superstitions (La Calotte, comique illustrée de Paris, 2 août 1912)

Publié le par antoiniste

 Superstitions - La Calotte, comique illustrée de Paris, le 02 août 1912       SUPERSTITIONS

            _____
    De la Lanterne :
    - Ah ! la bonne Sainte Vierge, il est donc mort, notre pauvre Antoine !
    - Mort ! Mort ! Que dites-vous là, mâme Pluchot ! Mort ! Apprenez à parler : Antoine n'est point mort, il s'est désincarné.
    - Tout ce que vous voudrez, mâme Béchu, n'empêche qu'il ne sera plus là pour nous guérir.
    - Pourquoi donc, mâme Pluchot ?
    - Alors Antoine pourrait à la fois être mort et continuer ses miracles ! Ah ! j'avais toujours bien pensé que c'était un grand saint !
    - Pour sûr que c'était un grand saint, mâme Béchu, mais tenez, lisez donc l'avis qui vient dêtre affiché au temple antoiniste.
    Les deux bonnes femmes s'approchèrent de la porte du temple antoiniste - les antoinistes sont une des innombrables sectes qui pullulent sur le corps de la religion agonisante - et lurent :
        « Frères,
    « Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner... Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que la Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous ; Mère mintera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à 10 heures. »
    Admirable, n'est-il pas vrai, cette religion si accomodante ! Antoine est mort d'une attaque d'apoplexie, sa veuve continue le commerce. Antoine guérissait, en vertu d'une grâce particulière, les malades. A peine mort, c'est sa femme qui hérite de cette grâce particulière. Et quand Mme Antoine sera morte ?
    Sera-ce le petit animal favori du maître qui héritera de la grâve particulière ?
    Peu importe à Mme Béchu et à Mme Pluchot. L'essentiel, c'est d'être roulé au nom de la religion, du miracle, du mystère, etc.
    La couleur des billets que l'on prend à la loterie truquée n'ôte rien au plaisir des joueurs : on ne garde pas les mêmes, mais on recommence toujours.

La Calotte, comique illustrée de Paris, 02 août 1912
source : Gallica

Voir les commentaires

Une minute de plus pour l'humanité (actualité yahoo.de 15 janv 2010)

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires

Mantes-la-Jolie - vue d'ensemble du temple

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires

Mantes-la-Jolie - vue du fronton du temple

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires

Mantes-la-Jolie - vue d'ensemble de la façade du temple

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires

Mantes-la-Jolie - vue d'ensemble de la rue des Coquilles

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires

Mantes-la-Jolie - vue d'ensemble du temple

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires