Le dernier livre de Bergson, Les Deux sources de la morale et de la religion, concerne, comme l'indique le titre, les dimensions morales et religieuses de la vie humaine. Elle distingue deux types de morales et deux types de religion, et à partir de là deux types de sociétés. La vie, entendue comme un mouvement créateur, n'est pas seulement responsable de la création des espèces biologiques. Elle est aussi créatrice de la société, parce que l'espèce humaine ne peut survivre qu'en société. Or, la vie en société suppose d'un côté un ensemble d'habitudes et de l'autre des hommes assez confiants dans l'avenir pour faire des projets collectifs et ne pas se morfondre égoïstement. La morale est le système d'habitudes qui permet la vie sociale, la religion assure la confiance des hommes vivant en société.
Toutefois, cette morale et cette religion sociales ne sont pas les seules existantes. Elles sont closes, au sens ou elles ne visent que la conservation de l'espèce humaine telle qu'elle est, et pour cela des sociétés séparées et opposées entre elles. Mais l'existence de certaines personnalités exceptionnelles prouve que la vie ne s'en tient pas à la conservation du créé, qu'il s'agisse de l'espèce humaine ou des sociétés. Ces personnalités exceptionnelles inventent des valeurs absolument universelles, qui ne servent pas à la conservation de la société mais à la création d'une humanité nouvelle, reprenant l'élan créateur. Le type de ces personnalités extraordinaires est le Christ, et leur grande faculté de création est le signe de leur contact avec le principe même de la création, qu'ils appellent Dieu. Ces créateurs de nouvelles valeurs sont donc aussi des mystiques.
Les sociétés démocratiques se fondent sur cette morale ouverte, qui sert de critère pour distinguer les "sociétés ouvertes" des "sociétés closes".
Un des grands apports de Bergson dans le domaine religieux est sa proposition d'une étude expérimentale de Dieu. Les mystiques prétendant être en contact avec Dieu, il faut étudier le mysticisme pour pouvoir dire quoi que ce soit de Dieu qui ne se fonde pas sur la foi.
[...] La médecine qui, au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime, avait joué un rôle mineur par rapport à l'éthique chevaleresque et au discours religieux, jouait désormais un rôle majeur dans la constitution des normes de sexe et de genre : c'était l'avènement de la médecine moderne et "scientifique". A bien des égards, le discours médical en plein essor avait donc repris le flambeau de ces deux discours sociaux en déclin. Mais tandis que les hommes de guerre et les hommes d'Eglise avaient (tant bien que mal) critiqué la culture du couple homme-femme pendant l'Ancien Régime, les hommes de science soutinrent (efficacement) la culture hétérosexuelle à partir du XXe siècle. [...]
L'hétérosexualité, une passion politique
[...] Pour les plus conservateurs, ces revendications gaies et lesbiennes étaient de toute façon inacceptables, l'école devant affirmer la supériorité de l'hétérosexualité sur l'homosexualité - la cause était entendue. Comme le disait le Dr Jean-François Mattéi (député du parti Démocratie libérale), "il ne peut y avoir aucune équivalence entre les couples hétérosexuels et couples homosexuels. Cette évidence ne s'inspire d'aucune considération morale ou intégriste". A vrai dire, le professeur Mattéi avait tout à fait raison. Cette opinion n'était pas nécessairement une considération morale ou intégriste ; ce pouvait être l'expression banalisée de l'idéologie médicale issue du XIXe siècle, et dont il était lui-même le représentant. Cependant, elle n'en était pas moins homophobe pour autant.
Louis-Georges Tin, L'invention de la culture hétérosexuelle, p. 177 et 181 Autrement, coll. Mutations/Sexe en tous genre n°249, Paris, 2008
Des études, dans plusieurs pays, montrent : * que les tentatives de suicide chez les jeunes homosexuel-le-s sont 13 fois plus élevées que chez les jeunes hétérosexuel-le-s ; * qu'1/4 des jeunes homos tente de se suicider ; * qu'1 suicide de jeunes sur 2 est dû à l'homophobie ambiante ; Dans son enquête publiée dans le British Medical Journal, Marc Shelly explique que cette « sur-suicidalité » est « due à la stigmatisation dévalorisante de l'homosexualité perçue au sein du cercle familial ou à l'école, qui produit des effets désastreux sur la construction personnelle ».
Cela ne sera qu'en 1990 que l'Organisation Mondiale de la Santé enlève l'homosexualité de la liste des maladies mentales.
Pour connaître l'homme il ne suffit pas de l'étudier individuellement, car l'homme est, par son essence, un être social, et, dans la société où tout s'agrandit par les communications réciproques, l'activité humaine prend des formes nouvelles, se produit sous de nouveaux aspects. Le but principal de cette activité est la formation de l'unité dont la famille est l'élément premier, et qui, croissant toujours, ne sera consommée que lorsqu'elle embrassera le genre humain dans sa vaste enceinte. Car la société se développe comme l'homme même, et en se développant elle obéit à la même impulsion, parcourt les mêmes phases, tend à la même fin.
F. Lamennais, Esquisse d'une philosophie, Tome Premier, Préface, p.24 Pangnerre, Editeur, Paris, 1840
On trouve dès les premières ligne de la Révélation cette phrase : "Une chose que je puis encore affirmer, c'est que l'amour existe partout, et de même qu'il y a amour, il y a intelligence et conscience. Amour, intelligence et conscience réunis constituent une unité, le grand mystère, Dieu" (Loi de la conscience, p.1).
Et que disent les chrétiens de la Trinité. Selon wikipedia, voici l'explication succincte :
le Père est l'Eternel (Elohim) (אלהים), l'Amour.
le Fils, donc Jésus,
est le Verbe ou la Parole de Dieu (YHVH), en lui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 2:9). Il est donc Dieu se faisant parole, l'intelligence, donc chair, la matière.
est aussi l'Alpha et Omega (Ap 22:13) qui signifie « le premier et le dernier », expression que l'on trouve déjà dans Es 48:12). Il est au commencement de tout et est jusqu'à la fin du monde. En d'autres termes, quand l'intelligence (le commencement) aura été surpassée par la conscience (fin du monde de la matière), il retournera à Dieu.
il est donc l'Intelligence.
le Saint-Esprit, en grec Πνευμα, Pneuma, est aussi appelé Παρακλητος, Paraclet, d'un mot qui signifie « avocat, intercesseur » (Jn 14:26). Dans la doctrine chrétienne, il est l'« Esprit de Dieu » ou le « Souffle de Dieu » de l'Ancien Testament, hébreu רוח, Rûah, celui qui a inspiré les prophètes, s'est manifesté à la Pentecôte, et continue d'inspirer l'Église chrétienne. C'est donc la conscience, car dans la Révélation, La sanction morale, p.12, on lit : "Nous pouvons ainsi comprendre que ce n'est pas Dieu qui nous punit pas plus qu'Il ne nous récompense. C'est nous qui nous punissons et qui nous récompensons par la conscience ; elle nous donne toujours ce que nous avons mérité, elle est le témoin et le juge de nos actes et même de nos pensées."
Bergson distingue l'intelligence de l'intuition. L'intelligence est réglée sur la matière, c'est-à-dire qu'elle a une fonction pratique. L'intelligence est une force de calcul qui permet de prévoir, de se mettre à l'abri du danger, d'élaborer des instruments pour notre confort et notre survie. C'est dans la technique que l'intelligence réalise son essence.
L'intuition, quant à elle, est réglée sur la vie. Autrement dit, l'intuition transcende les cadres clos que l'intelligence fabrique pour s'approprier le monde, afin d'aller chercher à l'intérieur de la vie une source de connaissance. Bergson ouvre ainsi la voie à une métaphysique nouvelle, en affirmant que le réel, dans son origine, est connaissable.
Si l'intuition est différente de l'intelligence, elle ne s'y oppose pas. L'intuition n'est possible qu'au terme d'un long effort intellectuel, comme une ressaisie synthétique des données analysées par l'intelligence. Par ailleurs, l'intuition ne peut se communiquer qu'à l'aide de l'intelligence, c'est pourquoi la philosophie est bien, dans son mode d'exposition, un raisonnement.
Ma position concernant Dieu est celle d'un agnostique. Je suis convaincu qu'une impression vive de l'importance primaire des principes moraux [...] ne nécessite pas la présence d'un législateur, et surtout pas d'un législateur qui fonctionne sur la base d'un système de récompense et punition.
Lettre à M. Berkowitz, 25 octobre 1950, Einstein Archive 59-215
Réalisé par Marc Dozier et Jean-Marie Barrère Avec Marc Dozier, Mudeya Kepanga et Polobi Palia Produit par Yves Darondeau, Christophe Lioud et Emmanuel Priou pour Bonne Pioche avec la participation de CANAL+
Deux Papous plein d'humour et animés d'une curiosité insatiable quittent un matin leur village de Papouasie-Nouvelle-Guinée, direction la France. Commence alors l'exploration inversée.
Depuis les profondeurs du métro parisien jusqu'aux sommets enneigés des Alpes, ces voyageurs du bout du monde se retrouvent confrontés à d'autres réalités : le pouvoir, le travail, les femmes, le cochon... Décidément, chez les Français, ça ne tourne pas rond !
En réfléchissant sur moi-même, en exaltant à l'infini mes puissances et en écartant mes imperfections, j'obtiens une "image ou ressemblance de Dieu". Je n'en ai pas une "idée", c'est-à-dire une perception, mais comme de toutes les substances spirituelles, j'en ai une "notion". La matière, au contraire, n'est ni perçue objectivement, ni pensable réflexivement, d'après autre chose. De même, je ne me perds pas en Dieu : j'appréhende immédiatement mes propres actions, l'activité divine ne m'est que médiatement percevable. A ce titre seulement, je puis dire que j'ai une "directe ou propre notion" de Dieu. [...] De même que la vue ne "voit" pas la distance suggérée par le tact, de même que nous ne "percevons" par les esprits, bien que nous en ayons des "notions"; de même que je ne "vois" pas Dieu, je ne saisis pas la substance divine par un rapport immédiat, je le conclus par la nature, sa création, sa "grammaire". Le monde est la révélation de Dieu. Dieu me parle par le monde. Ce symbolisme d'immanence divine doit suffire à me pénétrer de Dieu. A qui ne comprend ce langage aucun autre ne pourra suffire. Telle est la grande pensée de la philosophie de Berkeley, la marque de son génie. Haute et puissante vue métaphysique, qui honore son intelligence !
Jean Didier, Berkeley, VIII, La religion et la morale
Est-ce que le monde ne serait pas qu'un songe, une vue de l'esprit. Est-ce qu'il n'y a que moi qui meurt, ou est-ce que c'est le monde qui disparaît quand je meurt. Comment être sûr que tout ça continu une fois que je ne suis plus là pour le voir, le savoir. Peut-être c'est moi qui ai tout imaginé. Peut-être en fait suis-je moi-même Dieu qui s'est fait homme pour s'amuser le temps d'une seconde d'éternité. "Dieu à l'image de l'Homme, et l'Homme à l'image de Dieu". Le monde mourra quand Je mourrais, puisque Je ne serais plus là pour le faire défiler devant mes yeux pour mon seul plaisir.