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Au Moniteur - Culte antoiniste (La Wallonie, 14 octobre 1922)(Belgicapress)

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Au Moniteur - Culte antoiniste (La Wallonie, 14 octobre 1922)(Belgicapress)

AU MONITEUR

(13 OCTOBRE 1922)

    CULTE ANTOINISTE. – Les temples affectés au Culte Antoiniste sont reconnus comme établissement d'utilité publique, et les statuts sont approuvés, suivant la loi du 27 juin 1921, sur les associations sans but lucratif et les établissements d'utilité publique.

La Wallonie, 14 octobre 1922 (source : Belgicapress)

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Au Moniteur - Culte antoiniste (La Libre Belgique, 14 octobre 1922)(Belgicapress)

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Au Moniteur - Culte antoiniste (La Libre Belgique, 14 octobre 1922)(Belgicapress)

Le « culte antoiniste ».

    Le Moniteur de vendredi publie un arrêté royal, contresigné de M. Masson, approuvant les statuts de l'établissement d'utilité publique (!?) dénommé « culte antoiniste ». La demande d'approbation a été introduite par Mme Collon (Jeanne Catherine), veuve de M. Antoine (Louis-Joseph), le fondateur de la secte.
    Le « culte antoiniste » a des temples à Jemeppe-sur-Meuse, la Mecque du nouveau prophète ; à Jupille, à Jumet, à Seraing, à Visé, à Momalle, à Villers-le-Bouillet, à Forest-lez-Bruxelles, à Souvret, à Liége, à Herstal, à Ecaussines d'Enghien, à Montegnée, à Bierset, à Verviers, à Stembert ; en France : à Vichy et à Tours.
    Les temples belges sont évalués à une valeur globale de 508.900 francs, et les biens meubles à 19.900 francs.
    « Infinitus stultorum numerus... »

La Libre Belgique, 14 octobre 1922 (source : Belgicapress)

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Antoine the Healer dans On the Watch-Tower (The Theosophist, v32, n2, nov.1910)

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Antoine the Healer dans On the Watch-Tower (The Theosophist, v32, n2, nov.1910)

1910                   ON THE WATCH-TOWER                              165

    A very powerful religious movement has sprung up in Belgium, round the person of a young workman, Antoine the Healer, as he is called; his father was a miner, and he himself worked in the mines for two years, and then at other industries, in which he realised a small livelihood; his only son died in 1893, and he then resolved to give up the world and devote himself to the helping of the sick and poor, physically and morally. He became an ascetic, began healing diseases, never accepting any payment for his cures, and preaching a holy life. Now from 500 to 1000 sick people come to him daily, and he cures cancer, lupus, eczema, consumption, blindness, paralysis and epilepsy. On Ascension Day this year some 15,000 people crowded into and round his church, and four times he cured the sick en bloc. Such is the remarkable story, as told in a Belgian materialistic newspaper, La Meuse.

The Theosophist, v32, n°2, November 1910

 

Traduction :

    Un mouvement religieux très intense est né en Belgique, autour de la personne d'un jeune ouvrier, Antoine le Guérisseur, comme on l'appelle ; son père était mineur, et lui-même a travaillé dans les mines pendant deux ans, puis à d'autres industries, dans lesquelles il a obtenu une petite subsistance ; son fils unique est mort en 1893, et il a alors résolu de renoncer au monde et de se consacrer à l'aide aux malades et aux pauvres, physiquement et moralement. Il devint un ascète, commença à guérir des maladies, sans jamais accepter de paiement pour ses cures, et prêcha une vie sainte. Aujourd'hui, 500 à 1000 malades viennent le voir chaque jour et il guérit le cancer, le lupus, l'eczéma, la tuberculose, la cécité, la paralysie et l'épilepsie. Le jour de l'Ascension, cette année, quelque 15 000 personnes se sont pressées dans son église et autour d'elle, et à quatre reprises, il a guéri les malades en bloc. Telle est la remarquable histoire, telle qu'elle est racontée dans un journal matérialiste belge, La Meuse.

The Theosophist, v32, n°2, Novembre 1910

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Antoine the Healer dans On the Watch-Tower (The Theosophist, v32, n2, nov.1910)

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Antoine the Healer dans On the Watch-Tower (The Theosophist, v32, n2, nov.1910)

1910                   ON THE WATCH-TOWER                              165

    A very powerful religious movement has sprung up in Belgium, round the person of a young workman, Antoine the Healer, as he is called; his father was a miner, and he himself worked in the mines for two years, and then at other industries, in which he realised a small livelihood; his only son died in 1893, and he then resolved to give up the world and devote himself to the helping of the sick and poor, physically and morally. He became an ascetic, began healing diseases, never accepting any payment for his cures, and preaching a holy life. Now from 500 to 1000 sick people come to him daily, and he cures cancer, lupus, eczema, consumption, blindness, paralysis and epilepsy. On Ascension Day this year some 15,000 people crowded into and round his church, and four times he cured the sick en bloc. Such is the remarkable story, as told in a Belgian materialistic newspaper, La Meuse.

The Theosophist, v32, n°2, November 1910

 

Traduction :

    Un mouvement religieux très intense est né en Belgique, autour de la personne d'un jeune ouvrier, Antoine le Guérisseur, comme on l'appelle ; son père était mineur, et lui-même a travaillé dans les mines pendant deux ans, puis à d'autres industries, dans lesquelles il a obtenu une petite subsistance ; son fils unique est mort en 1893, et il a alors résolu de renoncer au monde et de se consacrer à l'aide aux malades et aux pauvres, physiquement et moralement. Il devint un ascète, commença à guérir des maladies, sans jamais accepter de paiement pour ses cures, et prêcha une vie sainte. Aujourd'hui, 500 à 1000 malades viennent le voir chaque jour et il guérit le cancer, le lupus, l'eczéma, la tuberculose, la cécité, la paralysie et l'épilepsie. Le jour de l'Ascension, cette année, quelque 15 000 personnes se sont pressées dans son église et autour d'elle, et à quatre reprises, il a guéri les malades en bloc. Telle est la remarquable histoire, telle qu'elle est racontée dans un journal matérialiste belge, La Meuse.

The Theosophist, v32, n°2, Novembre 1910

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Antoine le Guérisseur (Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 29 juin 1912)

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Antoine le Guérisseur (Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 29 juin 1912)

Antoine le Guérisseur

Sa désincarnation

    Nous avons parlé, à diverses reprises, d'Antoine-le-Guérisseur, qui avait fondé une religion à Jemeppe, près de Liège.
    De nombreuses personnes du nord de l'arrondissement de Saint-Quentin étaient allées le consulter pour des maux divers et comme quelques-unes s'étaient crues guéries, il en était résulté un exode régulier de pauvres bougres vers Jemeppe.
    Nous avions tâché de mettre en garde ces pèlerins d'un nouveau genre contre cette douce folie.....
    Antoine-le-Guérisseur vient de mourir.
    Nous avons reçu sa curieuse lettre de faire-part sur papier blanc non bordé de noir.
    La voici :

CULTE ANTOINISTE

            Frère
    Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
    L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain, 30 juin à trois heures.
                                  Le Conseil d'administration.
            Jemeppe, le 25 juin 1912.

    Les idées d'Antoine, fils de petits cultivateurs du pays liégeois, et qui le portaient au mysticisme, au spiritisme et à l'illuminisme même, lui venaient d'un long séjour qu'il fit en Russie comme ouvrier mineur.
    Il avait fait un grand malheur dans sa vie : étant soldat, il avait tué par mégarde un de ses camarades. Cet accident l'avait profondément impressionné.
    Revenu dans son pays, il y avait fait de la représentation d'assurances et avait réalisé une très modeste aisance.
    C'est alors qu'il se découvrit le don de guérir les maladies. Il acquit vite comme guérisseur une grande notoriété. Au début, il avait eu recours à certains procédés classiques, notamment les massages, ensuite à certains gestes rituels. Peu à peu, comme les « Christian Scientists » d'Amérique, il se persuada que la volonté seule suffisait à guérir. Il ne réussit pas cependant à sauver son fils unique, qui mourut à vingt tans. Mais le courage tranquille avec lequel il subit ce coup accrut l'estime dont il jouissait.
    Ayant une fois parlé de lui, il nous faisait envoyer ses productions littéraires et ses périodiques.
    C'était d'une lecture rebutante, mais l'intention était excellente : il parlait toujours d'amour et de progrès, mais dans des termes souvent puérils et plus souvent encore incompréhensibles.
    Puis, il fonda carrément une religion.
    L'Antoinisme, ainsi désignait-on la religion nouvelle, connut de beaux succès. Une dame, qu'Antoine avait guérie, donna 20,000 francs pour construire un temple. Des dons venus de tous les coins de l'Europe permirent de créer et de faire vivre une revue, l'« Auréole de la conscience ». Enfin, il y a deux ans, une pétition couverte de 100.000 signatures sollicita la reconnaissance légale du culte antoiniste.
    Nous répétons que dans le canton de Bohain, l'antoinisme a quelques adeptes. Mais ce culte ne survivra pas à la « désincarnation » de son inventeur.

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 29 juin 1912

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Funérailles du Père - vers le cimetière (photo FaceBook Pierre Dock, archive Soeur Jeanne, Waremme)

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Funérailles du Père - vers le cimetière (photo FaceBook Pierre Dock, archive Soeur Jeanne, Waremme)

 (photo FaceBook scannée par Pierre Dock, archive de Sœur Jeanne, Temple de Waremme)

Funérailles du Père - vers le cimetière (photo FaceBook Pierre Dock, archive Soeur Jeanne, Waremme)

version restaurée

Funérailles du Père - vers le cimetière (photo FaceBook Pierre Dock, archive Soeur Jeanne, Waremme)

version restaurée et colorisée par frère Philippe Delorme

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Funérailles du Père - les enfants costumés (photo FaceBook Pierre Dock, archive Soeur Jeanne, Waremme)

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Funérailles du Père - les enfants costumés (photo FaceBook Pierre Dock, archive Soeur Jeanne, Waremme)

(photo FaceBook scannée par Pierre Dock, archive de Soeur Jeanne, Temple de Waremme)

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Victor Serge - Charlatans et Croyants (l'anarchie, 26 janvier 1911)

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Victor Serge - Charlatans et croyants (l'anarchie, 26 janvier 1911)

Charlatans et Croyants

    On traque les « avorteurs ». On poursuit les néo-malthusiens. On traque les anarchistes. Cela veut dire :
    – Délivrez une femme d'un enfant qui la fera souffrir et ne connaîtra lui-même que souffrances ; supprimez cet être, alors qu'il n'a encore ni sensibilité, ni conscience, alors qu'il n'est encore qu'un amas de chair vive. Si vous faites cela, vous serez, au nom de la Morale, honni et vilipendé ; au nom de la Loi, emprisonné.
    – Enseignez aux hommes à goûter le plaisir d'amour sans risque de produire des avortons ou des malheureux : vous serez injurié de par la Morale, condamné de par la Loi...
    – Apportez un peu plus de lumière dans les ténèbres où errent les gueux et les princes ; montrez à ceux que vous rencontrez sur votre route que l'on peut penser et vivre autrement que selon les crédos et les rites des foules : vous serez le hors-la-loi, l'immoral, le malfaiteur à chasser, à bannir – à tuer...
    Mais soyez le vendeur de drogues funambulesques, le prophète annonciateur de temps merveilleux, le charlatan colporteur d'illusions-mensonges, l'illuminé apôtre d'obscurantisme – et vous serez le bienvenu. Parmi l'innombrable cohue des pauvres gens falots, bien pensants, bien agissants, citoyens honnêtes et laborieux, ceux-là seulement sont reçus à bras ouverts. On n'a pas cessé d'attendre le Messie ; et quoiqu'il en soit venu par centaines de vrais et de faux, quoiqu'ils aient tous été aussi décevants, les foules de ce XXe siècle de silence attendent encore le Messie.
    Les plèbes n'ont point changé. Telles qu'elles étaient aux temps où les images saintes rutilaient à la lueur des bûchers inquisitoriaux, telles elles sont restées à ce jour.
    C'est à peine si le langage des prêtres s'est modifié. Ils ne parlaient autrefois que de paradis ; il en est aujourd'hui qui parlent de cité future... Et comme jadis, l'on croit au miracle, on espère la venue du Sauveur, on adore le charlatan qui répète : « Il viendra » et l'imposteur qui surgit après lui, assez convaincu de la sottise générale pour oser dire : « Je suis l'Attendu »...

*
*    *

    Je n'exagère pas.
    Il se passe, à peu de distance de nous, un phénomène bien décevant pour les naïfs habitués à parler des « masses éclairées » parmi lesquelles la « Libre pensée » fait des progrès considérables...
    Et si nous n'étions depuis longtemps fixés sur la valeur psychologique du peuple paysan et ouvrier, ce fait nous suggérerait quelques réflexions pessimistes...
    Ah, venez me dire que presque tout le monde sait lire dans nos pays occidentaux, naïfs qui parlez de Progrès par-ci, de Progrès par-là ! Vous nous la baillez belle avec votre instruction – obligatoire ! – fût-elle laïque... Vous nous la baillez belle, rêveurs et farceurs qui allez contant que ces foules imbéciles bâtiront la Cité idéale, rationnelle, harmonique !
    Voyez.
    A quelques kilomètres de la frontière française, dans un pays qui ne diffère de la France que par son nom, en Wallonie belge, un charlatan est venu répéter les vieilles rengaines d'un mysticisme grossier et refaire devant les badauds éblouis les vieux tours des sorciers et des prestidigitateurs.
    Il disait, très sérieusement, ses abracadabrantes sornettes. Il faisait, sans rire, des gestes fort ridicules. Il se faisait payer – et bien. Ce toupet devait réussir. Des gens se trouvèrent pour le croire, croire en lui. De jour en jour ils furent plus nombreux. L'homme se mit à faire des miracles. Il guérit des malades, mit en fuite les esprits ; à l'heure présente ses adorateurs sont, dans le nord de la France et le midi de la Belgique, 160 000. Il a des églises, où l'on vient l'adorer ; sa religion porte son nom.
    Antoine-le-guérisseur opère dans le pays de Liège. Son temple se trouve à Jemeppe-sur-Meuse. Les quatre premiers jours de la semaine, il reçoit les pèlerins et effectue des miracles... Récemment une pétition portant 160 000 signatures a été adressée par ses fidèles au gouvernement belge, afin d'obtenir que le culte antoiniste soit officiellement reconnu. Il n'y a pas de raison pour qu'elle soit rejetée. Ce farceur n'est pas dangereux à l'Etat, ni à la Société. Au contraire ; la Foi quelle qu'elle soit est le plus ferme appui de toute Autorité. Antoine-le-guérisseur, comme tous les charlatans, comme les prêtres, comme tous ceux qui entretiennent la religiosité ancestrale des hommes, est utile à la société puisqu'il lui faut des membres timides, peureux, ignorants – croyants.
    Depuis 8 ans qu'Antoine-le-guérisseur propage sa « doctrine », on s'est bien gardé de l'ennuyer. Je n'oserais même pas affirmer qu'il ne fut point encouragé en haut lieu. En revanche on a interdit en Belgique le transport par la poste des écrits néo-malthusiens ; et le chiffre des anarchistes expulsés du royaume comme individus dangereux est plus gros qu'on ne le suppose. Puisque les penseurs libres sont malfaisants en notre joli monde, on conçoit que logiquement Antoine-le-guérisseur y soit considéré comme le plus utile des citoyens.

*
*    *

    Je n'ai pas à parler de la nouvelle religion. Elle n'a rien de particulièrement intéressant. Elle prononce les mots que prononcèrent de tout temps les religieux de toute catégorie. Amour, désintéressement, divinité, foi absolue, miracle – vieux mots que l'on retrouve éternellement dans le vocabulaire des servants de Dieu. Au fond, les religions sont désespérément monotones. Fondées uniformément sur les mêmes causes psychologiques, elles se traduisent invariablement par les mêmes formules.
    L'Antoinisme ne peut nous intéresser qu'en tant que manifestation caractéristique de la psychologie des foules modernes. Celles-ci sont religieuses d'esprit, plus que jamais, se leurrant toujours de chimères différemment nommées, prêtes – l'exemple du guérisseur le prouve – à se jeter aux pieds des charlatans et des bonimenteurs.
    Sur quoi se fondent les religions ? Sur la peur, la peur de l'inconnu. Sur l'amour du mystère qui se mêle généralement à l'ignorance ; sur l'ignorance qui fait entrevoir partout des mystères bientôt remplacés par des divinités ; sur l'amour du merveilleux, qui est chez tous les enfants et les faibles ; sur l'esprit d'imitation qui crée les troupeaux. Les foules du XXe siècle sont de même que jadis, lâches, ignorantes, faibles, enfantines. Donc enclines à croire : religieuses.
    Pour être entendu d'elles, il sied de leur parler en termes qu'elles peuvent comprendre. Notre langage leur est étranger. Que venons-nous leur demander de se libérer, à ces esclaves béats ! Que venons-nous parler de beauté et de liberté à ceux qui ne surent vivre jamais qu'en laideur d'esclavage ! – Mais Antoine-le-guérisseur possède le parler aimé des foules auxquelles il faut des bergers faiseurs de miracles.

*
*    *

    Si donc tu veux que l'on te suive et t'adule, et te flatte, sers à la plèbe sa pâture ! Sois le sorcier initiateur de culte, le prédicateur de cataclysmes, fais des miracles, désigne les réformes panacées ou promets la mirifique révolution ! Tu seras entendu.
    Mais si tu veux être, non pas un chef, non pas un meneur, mais simplement un Homme ; s'il te paraît que commander est insane autant que se ployer devant un maître ; si ton orgueil est d'être une individualité, ne demande pas à la foule de t'entendre, et n'espère rien d'elle. Compte sur toi, Homme libre, et peut-être sur tes pareils. La foule adore le Guérisseur !

                                                                           LE RÉTIF

l'anarchie. N° 303, Jeudi 26 janvier 1911.

Victor Serge - Charlatans et Croyants (l'anarchie, 26 janvier 1911)

 

Repris dans Le Rétif, Articles parus dans "l'anarchie" 1909-1912, Éditions Librairie Monnier, Paris, 1989 (Source : archive.org)

 

 

Nota bene : Tout anarchiste est forcément contre n’importe quelle forme de religion. Il est dommage que l’auteur (Victor Kibaltchitch, dit Le Rétif, alias Victor Serge) ait pris ici comme exemple celui d’Antoine-le-Guérisseur, car sa conclusion invitant à liberer l’Homme s’applique complètement au but de l’Antoinisme. Autres erreurs, « Il se faisait payer – et bien » et la phrase très généraliste « Antoine-le-guérisseur, comme tous les charlatans, comme les prêtres, comme tous ceux qui entretiennent la religiosité ancestrale des hommes, est utile à la société puisqu'il lui faut des membres timides, peureux, ignorants – croyants. » Le reste est affaire d’appréciation et de point de vue.

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Orange - Temple antoiniste - façade.

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Orange - Temple antoiniste - façade

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Orange - Temple antoiniste - intérieur

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Orange - Temple antoiniste - intérieur

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