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Quelques notes sur Antoine et l'Antoinisme (Journal de Bruxelles, 2 juillet 1911)(Belgicapress)

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Quelques notes sur Antoine et l'Antoinisme (Journal de Bruxelles, 2 juillet 1911)(Belgicapress)QUELQUES NOTES
sur
Antoine et l’“Antoinisme„ (1)

    Continuons à reproduire l'intéressante étude publiée par la « Tribune apologétique » (126, rue de Tirlemont, Louvain) :

    La délégation. – M. Antoine a maintes fois annoncé le jour de sa mort. Du moins ses chers disciples lui ont attribué cette prédiction, qui a eu, à chaque occasion, le don d'attirer un nouveau concours de visiteurs. Heureusement, ces prophéties ont été prématurées. Le lendemain du jour où le prophète devait disparaitre, le prophète était encore vivant. Mais il décline visiblement. A force de se priver de fluides pour guérir l'humanité, il dépérit lui-même. Il ne parle presque plus en public, et l'on prétend que ses amis l'observent : son extase est continuelle, mais nullement dangereuse. Quand ça va trop loin, sa femme le remplace.
    Il était donc urgent de constituer des délégués pour continuer les opérations. Les confidents les plus intimes ont déjà publié que le Guérisseur va transmettre son pouvoir à des hommes ou à des femmes qui ont les aptitudes nécessaires pour manier les fluides. Antoine n'est plus le Guérisseur. Il va s'appeler « Antoine le Généreux ». Le titre est bien trouvé : les légataires de son secret bénéficieront d'une excellente aubaine.
    Mais le prophète peut-il transmettre son secret ?
    Question !

    Le secret d'Antoine. – Les successeurs d'Antoine manqueront toujours, croyons-nous, de son expérience des hommes et des choses. D'abord, ils n'auront point passé par l'école du spiritisme. C'est une préparation indispensable. Aujourd'hui, pour être apte à recevoir de nouvelles révélations, il faut avoir causé avec les fantômes. Quand M. Antoine put évoquer les morts, chez lui, il mesura les abîmes de la crédulité humaine. Il estima qu'un peuple déchristianisé peut tout admettre, si l'on y met des ménagements. Les continuateurs de l'Antoinisme éprouveront-ils ce profond mépris de l'intelligence, lequel constitue principalement l'assurance du Voyant ? Nous ne le pensons pas. Ils ignorent, sans doute, les tâtonnements successifs de leur Maître : la liqueur Coune, l'eau et le papier magnétisés, les autres remèdes inoffensifs qu'il servit aux naïves populations, jusqu'au jour où il revendique le pouvoir personnelle de guérir les malades et de fonder un nouveau culte.
    Il est manifeste que, dans le principe, Antoine voulait seulement s'établir comme empirique. Les guérisseurs populaires ont toujours existé ; ils fleuriront toujours. La plupart sont des charlatans, qui accompagnent leurs consultations des rites les plus baroques. Quelques-uns possèdent, dit-on, de véritables secrets, résultats de vieilles expériences conservées dans les familles : ce sont des spécialistes de la grangrène, des rhumatismes, de la rose, etc. Antoine jeta son dévolu sur la liqueur Coune, pour commencer. Il choisit au hasard puisqu'il y renonça dans la suite. Il estima qu'une spécialité limiterait nécessairement le nombre de ses clients. Aussi prétendit-il guérir tous les maux sans distinction. La trouvaille du fluide magnétique – exploitée d'ailleurs au XVIIIe siècle – fut géniale. Une réclame habile fut organisée autour du guérisseur universel. Les différentes régions de la Belgique furent visitées par les commis-voyageurs de l'Antoinisme. La réputation du guérisseur était établie. Les foules accouraient à Jemeppe.
    A ses consultations et à ses remèdes, Antoine, comme tous les rebouteurs, ajoutait des recommandations pieuses : prier, faire des neuvaines, accomplir des pèlerinages, s'imposer certaines abstinences, etc. C'est l'enfance de l'art. La suggestion la plus puissante est celle qui s'appuie sur le sentiment religieux. Antoine joua admirablement son personnage. Il prit un air d'ermite et se composa une figure qui devait frapper les visiteurs naturellement impressionnables. Ce saint homme ne devait pas seulement posséder le pouvoir de remettre les corps. Tous les secrets lui étaient ouverts. On le consulta dans les affaires embarrassantes. On lui soumit les cas de conscience. Il devint directeur d'âmes. Il fonda une religion de sa fabrique, bâtie sur de prétendues révélations.
    On nous demandera si le perspicace exploiteur de la liqueur Coune n'a pas fini par se prendre à ses propres inventions ? Est-ce un mystificateur, qui continue son rôle jusqu'au bout ? Est-ce un illuminé qui croit que c'est arrivé ? Certains traits de roublardise semblent compromettre l'hypothèse de la sincérité. L'absurdité même de sa religion et la confiance de ses disciples font supposer que le prophète est de bonne foi. Peut-être y a-t-il en lui deux personnages, dont l'un trompe l'autre.

    Histoire de la noyée. – Le tribunal de Liége conserve les traces d'un des mécomptes d'Antoine.
    En 1907, un nommé Dangis jeta sa femme à la Meuse. Poussé par je ne sais quelle suggestion, il se présenta le lendemain, chez Antoine. Il raconta la disparition de sa femme et désira savoir ce qu'elle était devenue. Le voyant ne fut pas déconcerté un instant. Avec son assurance habituelle, il répondit au mari : Dans deux jours, votre femme vous écrira.
    Voilà ce que Dangis rapporta aux juges.
    Les Antoinistes furent très ennuyés de l'aventure, qui était répétée par les journaux.
    En effet, ou Antoine connaissait le sort de la noyée et il ne devait pas tromper Dangis ; ou, ce qui est plus vraisemblable, il ne savait rien et aurait dû ne rien dire. Non seulement sa perspicacité de clairvoyant se trouvait en défaut, mais sa bonne foi devenait discutable. L'habile homme ne put deviner que Dangis avait tué sa femme. Il crut au récit de la disparition et jugea que la disparue donnerait bientôt de ses nouvelles. Des conjectures du même genre lui avaient souvent réussi.

    Une tentative de résurrection. – Un malade du Condroz s'en retournait, comme tous les autres malades, avec la promesse d'une prompte guérison. Malheureusement, il mourut soudain à quelques pas du temple d'Antoine. En hâte, on porte le cadavre au prophète. Celui-ci s'efforce inutilement de le ranimer. Le mort reste mort. Le thaumaturge ne savait donc pas que sa tentative de résurrection serait vaine.

    Les foules à Jemeppe. – Il est incontestable que depuis dix ans un nombre considérable de personnes de toutes conditions sont allées rendre visite à M. Antoine. Comment expliquer cette affluence !
    Il faut l'attribuer à diverses causes. Les malades eux-mêmes qui se sont adressés inutilement aux médecins, se rattachent au moindre espoir de retrouver la santé : sans croire à Antoine, ils tentent l'expérience. Beaucoup sont venus à Jemeppe, qui prenaient Antoine pour un ermite parfaitement orthodoxe. (2)
    Il est d'ailleurs probable que ces voyages répétés ont fait du bien à quelques neurasthéniques et à d'autres malades imaginaires.
    Ensuite, une réclame intense, méthodiquement conduite, a trompeté le pouvoir de guérisseur dans toutes les régions de la Belgique. On racolait les malades de tels et de tels villages : les parents les accompagnaient. Puis, les commis-voyageurs passaient à un autre district. Le Centre et le Borinage ont fourni la plus forte clientèle ; les villages flamands se sont montrés réfractaires à la nouvelle doctrine. Ajoutons que presque partout la renommée du guérisseur a été éphémère.
    Enfin, la presse antireligieuse, voulant discréditer les miracles de Lourdes, a parlé des guérisons attribuées au spirite de Jemeppe et a rendu quelque service au Guérisseur en augmentant sa notoriété.

    Les guérisons. – Les bulletins de l'Antoinisme rapportent longuement, même fastidieusement, les paroles de M. Antoine. Chose étrange ! Ils ne racontent aucun cas de guérison. Ce silence obstiné est significatif. Alors que les adeptes répandent partout le bruit de nombreux prodiges, les brochures Antoinistes se taisent sur ce délicat sujet : non seulement elles ne signalent pas les noms des personnes guéries ; elles ne mentionnent aucun fait extraordinaire. Il n'est donc pas étonnant que des journalistes, en quête de miracles antoinistes, n'aient jamais pu contrôler un des cas vaguement racontés par les disciples de M. Antoine. Il semble que si ces gens étaient convaincus des œuvres merveilleuses de leur maître, ils s'empresseraient de les écrire, en relatant toutes les circonstances de temps, de lieu et en notant la nature des infirmités vaincues par le pouvoir du thaumaturge. Il serait alors possible de procéder à un examen sérieux de ces phénomènes.
    Mais peut-être redoute-t-on précisément ce contrôle ! A Lourdes, on a établi un bureau de constatations. Les docteurs qui le composent exigent des malades un certificat médical, décrivant minutieusement la nature de l'affection morbide. Avant de proclamer qu'une guérison est miraculeuse, c'est-à-dire inexplicable naturellement, ils se convainquent que la maladie était incurable ou que, par les moyens naturels, elle ne pouvait disparaître subitement. Ils éliminent les cas d'origine nerveuse, qui peuvent être guéris parfois par la suggestion. Ils retiennent seulement le cas de guérison subite d'une maladie organique ou de guérison d'une affection reconnue incurable.
    Il eût été désirable que pareil bureau fonctionnât à Jemeppe. On saurait mieux à quoi se réduisent les guérisons incontrôlables attribuées à Antoine.

    Les victimes de l'Antoinisme. – S'il est fort probable que M. Antoine n'a jamais rendu d'autre service aux malades que de relever leur courage par la promesse d'une guérison, il est certain que les enseignements de l'Antoinisme ont pu avoir les plus fâcheuses conséquences au point de vue de la santé publique. Pour quelques fanatiques de cette secte, la foi remplace tous les remèdes. Plus on a de foi, plus la guérison est prompte. Or, consulter un médecin, c'est manquer de foi. Les médecins étaient donc écartés du lit de certains Antoinistes. Leur science, qui pouvait sauver les malades, n'était pas requise. On se contentait de passes, de l'imposition des mains. Cette folie a peut-être entrainé la mort de bien des gens.
    Semblable épidémie mentale a sévi en Angleterre. Les adeptes d'une secte qui s'intitule « Science chrétienne » et qui paraît avoir inspiré à M. Antoine certaines de ses théories, laissaient mourir leurs enfants et leurs proches, faute des soins les plus élémentaires. Ils mandaient un des chefs du culte, lequel essayait de persuader au malade que la douleur est une illusion. Les tribunaux se sont occupés de ces cas d'homicide par omission, et ont flétri les agissements les personnes plus ou moins illuminés qui, sous prétexte de guérir les gens, éloignaient les médecins.
    On nous affirme qu'à Jemeppe, des permis d'inhumation ont dû être refusés en présence de pratiques similaires.

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    Pour déférer au désir d'un honorable pharmacien bruxellois, nous ne voyons nul inconvénient à déclarer qu'il n'y a eu, dans le premier article que nous avons consacré à Antoine, aucune appréciation désobligeante pour la liqueur « Koene ».
    Nous n'avons d'ailleurs entendu émettre aucun avis sur aucune liqueur et avons simplement parlé de l'usage fait jadis par Antoine d'une « spécialité » que nous n'avions pas à juger.

 

(1)    Suite, voir Supplément du 25 juin.

(2)    C'est ainsi que les Antoinistes, désireux de faire reconnaître officiellement leur culte, ont surpris la signature de beaucoup de braves gens, en prétendant que leur temple était un lieu de pèlerinage catholique. A l'étranger la réclame antoiniste se fait spécialement dans les villes d'eau, comme Vichy, Nice, Monaco, où les malades vont essayer de rétablir leur santé.

Journal de Bruxelles, 2 juillet 1911 (source : Belgicapress)

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Tribune Apologétique - La doctrine antoiniste (1911)

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Titre : Faits et Doctrines : La doctrine antoiniste
Éditions : Tribune Apologétique, juin & juillet 1911 (Nos 35, 36, 37, 38)

    On parle de ce texte critique de la part de cette publication de l'organe du Secrétariat général des Œuvres Apologétiques dans un article du Journal de Bruxelles du 13 août 1911, ainsi que dans un article de La Croix 23 janvier 1912.

Tribune Apologétique - La doctrine antoiniste (1911)

    Cette publication, dont on ne peut en connaître l'auteur (un article de l'Echo de la Presse signale qu'il s'agit d'André Kervyn), a été reproduite (au moins en partie) dans le Journal de Bruxelles en juin et juillet 1911 sous le titre Quelques note sur Antoine et l'Antoinisme. Elle n'est pas sans rappeler le petit fascicule publié par Hubert Bourguet en 1918 ou la contribution d'Albert Monniot dans la Revue internationale des Sociétés secrètes en 1914.

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Isi Collin - Antoine le Guérisseur (L'Indépendance Belge, 1er juillet 1912)(Belgicapress)

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Isi Collin - Antoine le Guérisseur (L'Indépendance Belge, 1er juillet 1912)(Belgicapress)Antoine le Guérisseur

    Antoine, le fameux guérisseur de Jemeppe-sur-Meuse, est mort mardi matin, dans la petite- habitation touchant le temple que les antoinistes avaient fait construire il y a cinq ans.
    Il était âgé de 66 ans. Dimanche, il avait été frappé par l'apoplexie, alors qu'il prêchait.
    La vie d'Antoine avait été celle d'un brave homme, charitable et désintéressé, qu'une manière exaspérée de christianisme mêlée de spiritisme transforma en apôtre de l'amour, « seul remède de l'humanité ».
    Antoine Louis était né à Mons-Crotteux d'une famille de cultivateurs. Tout jeune et presque illettré, il avait été employé dans un charbonnage. Lors de la guerre de 1870, il avait été envoyé avec le régiment de ligne, où il était simple soldat, à la frontière française.
    Là se produisit un accident qui influa beaucoup sur la destinée de cet homme : Au cours d'une manœuvre, Antoine Louis tua d'un coup de fusil un de ses compagnons. Il n'y eut point de suite judiciaire, mais le souvenir de ce malheur affecta vivement Antoine.
    Il fut dans la suite machiniste à Flémalle, se maria et partit pour l'Allemagne, aux usines de Stollberg. Il revint à Jemeppe, fut marchand de légumes ; puis fut engagé comme chef marteleur aux usines belges Pastor de Varsovie. Sa femme tint là une maison de pension, qui fit fortune.
    C'est à Varsovie qu'Antoine se mêla à quelques illuminés ; de graves événements politiques dont il fut témoin exaltèrent en lui une pitié native pour les hommes. Il était alors un grand admirateur des méthodes de Raspail, ce qui lui donnait dans le monde des ouvriers une réputation de médecin rebouteux.
    Il est cependant certain qu'Antoine n'usa jamais de charlatanisme et qu'il fut toujours un sincère, aidant ses malades de son argent autant que de ses conseils.
    Il rentra en Belgique et fut agent d'assurance. Il avait fait construire à Jemeppe quelques maisons et y manifestait une générosité qui l'entoura bientôt de la vénération du peuple.
    Il fréquenta alors un groupe de spirites qui avaient pour guides d'au delà Victor Hugo et le curé d'Ars. Antoine y apporta des idées tolstoïstes et des doctrines d'idéalisme slave. Il apporta aussi quelque argent, qui servit à l'installation d'une bibliothèque scientifique. Un petit journal spirite, le Flambeau, fut fondé ; c'était le début de l'antoinisme.
    Antoine fut concierge, puis encaisseur aux Forges et Tôleries Liégeoises ; mais il abandonna ces fonctions pour se consacrer tout entier à son apostolat. Il s'était, en effet, découvert médium guérisseur et cultiva des dons qui, en Russie déjà, avaient étonné les spirites qu'il fréquentait.
    En 1892, Antoine perdit son fils unique, âgé de 20 ans, et ne le pleura pas. Dès ce moment, il employa son argent à la divulgation de ce qu'il appelait sa révélation. Un jeune professeur d'athénée, une dame de Nice qu'il avait guérie lui servirent de secrétaires. Un adepte lui donna 20,000 francs pour la construction d'un temple ; des dons vinrent de toutes les parties du monde et une revue, l'Auréole de la conscience, fut publiée à Liége.
    Chaque matin, plusieurs centaines de personnes venaient consulter le guérisseur ; on distribuait des tickets pour ces consultations. Chaque matin également, Antoine recevait de France, d'Angleterre, de Scandinavie et d'Allemagne des paquets de télégrammes ; car il prétendait guérir à distance.
    Hors de ces séances et des prêches du dimanche, Antoine vivait en reclus, dictant ses réflexions à un sténographe. Il avait, à la mort de son fils, recueilli deux fillettes dont il surveillait attentivement l'éducation.
    Antoine avait été poursuivi deux fois pour exercice illégal de l'art de guérir. Il avait été condamné une première fois et acquitté la seconde. Ses adeptes lui firent alors une manière de triomphe.
    Des savants allemands et français, des écrivains, des journalistes le visitaient fréquemment. Antoine les recevait comme de de simples malades, se refusant à tout interview.
    Il semble pourtant que sa gloire l'ait un peu troublé ces dernières années. Le développement subit de sa doctrine à Paris, dans le Midi et en Angleterre l'avait amené à changer ses façons de guérir ; il opéra ses guérisons par masse. Il dédaigna moins les marques d'admiration et ce petit paysan aux bons yeux se vêtit d'une lévite et laissa croître ses cheveux.
    Sa « révélation », au reste, était devenue la religion antoiniste et cent mille de ses fidèles belges réclamèrent, par une pétition au Roi et aux Chambres, la reconnaissance du culte antoiniste.
    La mort de cet étrange et doux vieillard causera une vive émotion dans le monde spirite ; mais Antoine a pris soin, avant de mourir, de léguer à sa femme toute sa puissance de guérisseur.
                                                                      COLLIN.

L'Indépendance Belge, 1er juillet 1912 (source : Belgicapress)

 

    Isi Collin fut écrivain (La Divine rencontre), auteur de théâtre (Sisyphe et le juif errant), poète (Vallée heureuse, Baisers). Il est surtout journaliste au Journal de Liège, à la Nation belge et au journal Le Soir, où il signe ses articles sous le pseudonyme de Compère Guilleri. Il est cité pour ses articles par Pierre Debouxhtay.

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Quand on vient demander une grâce au PERE (Temple de Paris, Passage Roux)

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Quand on vient demander une grâce au PERE (Temple de Paris, Passage Roux)

Quand on vient demander une grâce au PERE,
on se prépare dans le porche comme dans le Temple.
Dans le porche, on me parle pas matière.

source : https://fr.geneawiki.com/index.php/Paris_-_Temple_Antoiniste

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Avis de Mère dans un Unitif de 1914

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Avis de Mère dans un Unitif de 1914

                    Mère rappelle aux adeptes qu'ils ne
                pourraient trop se dévouer pour les per-
sonnes qui s'adressent à eux.

Unitif de 1914

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L'Antoinisme à Bruxelles (La Nation Belge, 11 août 1925)(Belgicapress)

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L'Antoinisme à Bruxelles (La Nation Belge, 11 août 1925)(Belgicapress)

L’Antoinisme à Bruxelles

Un entretien avec le Frère Janin, officiant du temple
qui vient d’être inauguré dans la capitale

    On vient d'inaugurer à Bruxelles un temple antoiniste. C'est pour le quartier environnant le gros événement de l'année. Vers la façade neuve, haute d'un étage, qui s'orne de l'inscription « Culte Antoiniste », les passants tournent des regards curieux, les enfants, un doigt sur la bouche, s'arrêtent devant la porte massive et la contemplent comme si elle allait s'ouvrir brusquement devant une apparition de l'autre monde ; les commères des environs jettent de temps à autre un coup d'œil reconnaissant sur la mystérieuse demeure qui leur promet une moisson inépuisable de ragots et de cancans ; il n'y a que les hirondelles pour n'attacher aucune importance à ce bloc de maçonnerie, qu'elles frôlent de l'aile, au cours de leurs circuits vertigineux, avec la même familiarité que la maison du cantonnier ou la flèche de la vieille église campagnarde.

Aimez vos ennemis !

    Un temple suppose des fidèles. On n'entasse pas les briques sur les briques pour le plaisir. Il y aurait donc des antoinistes dans la capitale ? Nous n'en avions jamais entendu parler. Nous savions qu'à Liége le père Antoine avait laissé de très nombreux adeptes et que son enseignement, continué par sa veuve, n'avait rien perdu de sa faveur auprès d'une population dont le scepticisme apparent dissimule des trésors de crédulité ; mais nous croyions bien que la zone de diffusion s'arrêtait aux limites de notre bonne province wallonne.
    Intrigué par la nouvelle de cette inauguration, nous avons voulu en avoir le cœur net. Nous avons franchi le seuil du Temple Antoiniste.
    Un homme d'aspect austère, sanglé dans la longue redingote noire boutonnée au col qui est l'uniforme des antoinistes, s'aidant de deux cannes pour mouvoir son corps foudroyé, les yeux fixes et pénétrants dans un visage émacie, vint à notre rencontre et, après un moment d'hésitation, consentit à nous recevoir dans un petit parloir aux murs blanchis à la chaux, meublé d'une table, d'une chaise et d'une armoire, sans style, comme on en trouve chez les plus pauvres. Du coup, notre attention fut attirée vers le seul objet qui rompit la triste monotonie du lieu, une pancarte sur laquelle nous lûmes cette inscription tracée avec un certain souci de coquetterie typographique :
    Un seul remède peut guérir l'Humanité : la Foi.
    C'est dans la Foi que naît l'Amour, l'Amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même.
    Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir : c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité.
   
A deux pas de la rue populeuse et du fracas de la grande ville, ces mots sonnent étrangement. Mieux que n'y parviendrait une mise en scène recherchée, ils placent instantanément le visiteur dans une atmosphère très « thébaïde ». On est prêt à toutes les surprises et l'on ne songe plus à sourire, si tant est qu'on soit venu avec de mauvaises dispositions.

Tout par le recueillement

    L'homme austère aux yeux fascinants n'est autre que le Frère Janin, l'officiant du Temple. Il est chez lui, mais sa main ne nous indique pas la chaise sur laquelle nous nous appuyons. Lui-même reste debout, droit comme un i, malgré le pauvre appui de ses jambes vacillantes. Et la conversation s'engage.
    Si les antoinistes sont nombreux Bruxelles ? nous dit le Frère Janin en réponse à la question que nous lui posons. Je serais bien en peine de vous le dire, car si nous accueillons tout le monde dans nos temples, nous ne demandons rien à personne, pas même les noms qui nous permettraient d'établir des listes et de dresser des statistiques.
    Nous sommes quatre pour desservir cette maison. J'ignore si par delà des murs, d'autres hommes confirment leur conduite aux préceptes de notre « Père » et acceptent sa révélation. Nous ne nous en préoccupons pas.
   
Et comme, à ces mots, nous marquons notre étonnement, le Frère Janin poursuit, du même ton uni, les yeux fixant les nôtres ou détournés vers quelque vision intérieure :
    – Non, nous ne nous en préoccupons pas, car notre but n'est pas de grossir nos rangs. Le prosélytisme nous est inconnu. L'œuvre de perfectionnement moral et de soulagement physique à laquelle nous nous adonnons est complètement désintéressée. Sur cent malades qui s'en vont guéris après avoir sollicité notre assistance, il n'y en a pas deux qui nous restent. C'est ainsi qu'en 1910, il s'est trouvé 100,000 personnes pour signer la requête demandant la reconnaissance légale de l'Antoinisme, mais nous ne possédons probablement pas 1,000 antoinistes agissants dans tout le pays.
   
Cette doctrine est étrange. Alors que toutes les autres réclament de leurs fidèles le zèle à la propagande, elle ne fait rien pour attirer et retenir les masses. Elle les sert, elle les soulage, mais elle ne vise pas à les annexer. Bien mieux, le Père Antoine estimait que les grandes affluences nuisent au succès des réunions. Pourquoi ? Le Frère Janin va nous l'expliquer :
    – Nous n'obtenons rien que par le recueillement. C'est en concentrant notre pensée, par la prière muette, mais ardente et unanime, que nous parvenons à créer en nous les dispositions favorables à la venue des grâces. Or, là où beaucoup d'hommes sont assemblés, le recueillement devient difficile, et il suffit de quelques curieux qui ne soient pas à l'unisson pour rompre le faisceau des âmes convaincues et détruire l'effet de leur exaltation. Je parle sans doute un langage qui ne vous est pas familier. Eh bien ! je prendrai une comparaison. La boussole que le capitaine du navire consulte en plein Océan lui indique la route à suivre, sans risque d'erreur. Mais si quelqu'un s'approche avec une barre d'acier, l'instrument perd par le fait même toute efficacité et ses indications égarent le capitaine. Ainsi en va-t-il pour nos réunions quand le recueillement n'est pas complet.
   
Quel est le programme de vos réunions ?
    – Tous les soirs, une séance de recueillement et trois fois par semaine la lecture de la « Révélation ».
   
Quelle est votre altitude à l'égard du catholicisme ?
    – Nous respectons tous les cultes et nous ne demandons à personne quel Dieu il adore ou s'il en adore un.

Les guérisons

    Vous dites que vous poursuivez le soulagement de l'Humanité souffrante. L'antoinisme a-t-il des guérisons à son actif ?
    – Des milliers ! Il n'est pas un village de la province de Liège qui ne compte plusieurs miraculés.
    Le jour de l'inauguration, ici même, j'ai vu une paralytique se lever et marcher sans aucune difficulté et sans le secours de personne. Moi-même, blessé pendant la guerre (j'ai servi dans la marine française), abandonné par les médecins qui m'avaient enlevé tout espoir de quitter la couche où j'étais étendu, c'est le père qui m'a guéri.
    Excusez-moi, mais je me rappelle fort exactement avoir vu le Père Antoine sur son lit de mort, à Jemeppe, pas mal de temps avant la guerre ?
    – Le père est mort, réplique le Frère Janin, mais son esprit lui survit.
    Mais un bourdonnement confus s'élève dans le corridor. Des consultants sans doute, qui ont hâte de confier le souci qui les accable et de recueillir la parole d'espoir.
    Déjà une fois notre entretien a été interrompu par un coup discret frappé à la porte. Le Frère Janin nous pria de l'excuser et disparut quelques instants. Nous eûmes le temps d'apercevoir une dame de la plus sûre élégance et dont le visage trahissait une intense préoccupation. Maintenant ce sont trois femmes du peuple, en cheveux et en tablier. Et nous sommes ici depuis une demi-heure à peine ! Il n'y a pas huit jours que le Frère Janin donne ses consultations !
    La clientèle vient vite à qui se penche sur la misère humaine.                    LIONEL

La Nation Belge, 11 août 1925 (source : Belgicapress)

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Mort de Gustave Gony (Le Peuple, 20 août 1913)(Belgicapress)

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Mort de Gustave Gony (Le Peuple, 20 août 1913)(Belgicapress)

Mort de Gustave Gony

    Une bien triste nouvelle nous est téléphonée de Seraing : notre ami Gustave Gony, secrétaire communal de la cité rouge, n'est plus !
    Notre pauvre camarade succombe en pleine jeunesse, en pleine ardeur de travail.
    Il tombe à 43 ans, au moment où il se consacrait tout entier à la chose publique et aux progrès du mouvement coopératif.
    Le parti ouvrier sérésien perd en Gony un des plus vaillants et des plus sincères de ses soldats.
    Né à la Neuville, en Condroz, il vint à Jemeppe, à l'âge de 14 ans.
    Des que sa jeune intelligence se fut éveillée, il s'intéressa au mouvement philosophique et social de son époque.
    Jeune ouvrier menuisier, assoiffé de connaissances, il suivit, durant trois années, les cours de l'école industrielle de Seraing et y puisa le goût des lectures sérieuses.
    Il entra alors dans le mouvement spirite et fonda le journal le « Flambeau » dans lequel il fit, tout au moins, autant de propagande socialiste que de prosélytisme spiritualiste.
    Mais bientôt, la lutte politique et économique le réclame. Devenu l'alter ego de notre regretté Alfred Smets, il bataille, avec lui, chaque jour, contre toutes les forces sociales acharnées, en ces temps héroïques, à réduire par la faim les champions du socialisme.
    Gony possédait un petit pécule, toute sa richesse.
    Sans hésiter, avec l'impétuosité et l'enthousiasme de la jeunesse, il le place dans une imprimerie destinée à servir la cause du Parti ouvrier. Il perdit tout.
    Ce fut, alors, pour le jeune propagandiste, la période d'extrême dénuement.

Mort de Gustave Gony (Le Peuple, 20 août 1913)(Belgicapress)

    Sans travail, lui et son ami Alfred Smeets, les deux militants unirent leur misère. Non seulement, ces hommes, résolus jusqu'à l'héroïsme, vécurent ensemble, mais ils en furent réduits à mettre en commun leur maigre garde-robe, afin de pouvoir, tour à tour, paraître décemment dans les assemblées.
    En 1890, Gony est à Seraing et aux côtés de Smeets il mène avec la bonne humeur et la confiance qui ne le quittaient jamais, la grande grève des mineurs si féconde en incidents.
    Mais le vote de la revision, la transformation du régime électoral ouvre des voies nouvelles aux propagandistes.
    L'inoubliable campagne électorale de 1894 se déroule au pays de Liége.
    Le jeune parti ouvrier poursuit la guerre : contre les vieux partis avec une ardeur et un enthousiasme sans précédent dans l'histoire du pays. C'est, partout, l'assaut le plus emballé, le plus audacieux.
    Gustave Gony est au premier rang des orateurs de meeting. Dans les réunions publiques, convoquées par les libéraux qui se croyaient les maîtres encore des communes ou leur prestige avait été souverain jusque là, le jeune socialiste paraissait à la tribune, tenant tête, avec une vigueur, une science, une éloquence surprenantes à des politiciens de l'envergure d'un Dupont et d'un Greiner.
    Elu conseiller communal en 1893, il est porté à l'échevinat de l'instruction publique et se consacre, tout entier, à ses nouvelles fonctions.
    Un jour, le bourgmestre doctrinaire, furieux contre son échevin dont la vigilance ne se démentait pas un seul instant, le fit expulser d'une école « manu militari ».
    Gustave Gony ne répondit qu'en riant à ce geste de violence, et fit voter un nouveau barème au profit du personnel enseignant, barème dans lequel se trouvait consacrée, pour la première fois en Belgique peut-être, l'égalité des sexes devant le traitement.
    Un incident de cette partie de la trop courte vie de notre regretté camarade, caractérise bien les généreuses tendances de son caractère. Ayant été condamné, après une polémique de presse, à 3,000 francs d'amende ou deux mois de prison subsidiaire, Gustave Gony préféra aller en prison, bien qu'une souscription importante eut été ouverte. Gony versa le produit de la souscription dans une caisse de propagande.
    Mais ses ennemis ne lâchaient point prise et le pauvre échevin socialiste, n'ayant pas d'autres ressources pour subsister, vit saisir le cinquième de son traitement annuel de 800 francs !
    Les camarades de Saint-Georges, commune socialiste, mû par un sentiment de vive sympathie, offrirent à Gony l'emploi de secrétaire communal. Ils exigèrent seulement du nouveau fonctionnaire qu'il établisse sa résidence à Saint-Georges.
    Gustave Gony, sachant que la majorité socialiste sérésienne n'était que d'une voix, n'hésita pas ; il refusa l'emploi et maintint la majorité au parti.
    Enfin, le terme de l'ère des privations et des souffrances physiques approchait.
    Nos camarades du collège de Seraing, ayant à lutter contre le mauvais vouloir, systématique des bureaux, composés de créatures doctrinaires, désignèrent Gony au poste de directeur des services administratifs.
    Elu conseiller provincial, on lui confie, en 1900, la vice-présidence de cette assemblée, et il s'acquitta de cette fonction avec un zèle et un tact, auquel tous ses collègues rendirent hommage.
    Entre-temps, au sein de la coopérative socialiste locale, il accepte de guider le navire dans les eaux dangereuses dans lesquelles il naviguait. Malgré cela, Gustave Gony préconise l'abonnement obligatoire au « Peuple » et grâce à la diffusion de la presse socialiste, rend la force et la stabilité à la coopérative ouvrière.
    Gustave Gony fut un cœur généreux, une âme hantée d'idéalité, le type de l'homme franc, loyal et honnête, d'un commerce agréable dans le public et dans le privé.
    S'il eut des démêlés avec Alfred Smets, ces discussions n'eurent que des motifs d'ordre administratif. Et si des camarades eurent des préventions envers l'un ou l'autre de ces deux hommes, si bien faits pour s'entendre et pour s'estimer, il ne reste, aujourd'hui, que le souvenir pâli de ces déchirements passagers. Tous, en apprenant le terrible malheur qui frappe le parti sérésien, baisseront le front avec respect devant la mort impitoyable et uniront, dans un même et douloureux regret, les noms respectés d'Alfred Smets et Gustave Gony.
    Le « Peuple », douloureusement ému, salue avec respect la mémoire du vaillant lutteur qui vient de disparaitre.

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    Les funérailles civiles auront lieu jeudi, dans la plus stricte intimité.

Le Peuple, 20 août 1913 (source : Belgicapress)

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