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andre kervyn

Op uw Hoede - Het Antoinisme (Gazet van Antwerpen, 15 octobre 1927)(Belgicapress)

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Op uw Hoede - Het Antoinisme (Gazet van Antwerpen, 15 octobre 1927)(Belgicapress)Op uw Hoede

    Drie soorten vreemde apostelen loopen tegenwoordig, te Antwerpen en in den omtrek, de stijlen van de deur: Methodisten, soldaten van 't Leger des Heils en Antoinisten – en voor dezen dient onze bevolking gewaarschuwd.
    De eersten verkoopen tractaatjes, Evangelien, Bijbels, en... bedelen voor de missie;
    De tweeden spelen trompet en bombardon, zingen een vooisje, preeken wat vragen of ge niet zijt ontroerd en, op uw jawoord, juichen ze: «Alleluia, hij is gewonnen en gered!
» Ze bedelen wat... en gaan voort;
    De derden zijn meestal donker-gesluierde damen, die deur voor deur schriftjes afleveren, vooral tot de lijdende lieden gericht, om hun zoogezegde godsdienstige oefeningen eens te komen bijwonen in de K...straat.
   
Wat voor apostelen zijn dat?

[suit la description des Méthodistes et des soldats de l’Armée du Salut].

Antoinisme

    HET ANTOINISME is de leer van zekeren Antoine, die uit de Walen naar dezen en genen hoek van Vlaanderen komt overgewaaid.
    Père Antoine – geen pater, hoor! – werd geboren te Mont-Crotteux op 8 Juni 1848, daalde eerst in de schachten, werd vervolgens metaalbewerker, vertrok naar Pruisen en Rusland, en kwam ten slotte rentenieren te Jemeppes, bij Luik.
    Een overgevoelig man, maag- en zenuwlijder, die, graatmager, meende da hij geen lichaam had en een soort magnetische vloeistof uit hem op anderen kon doen overgaan.
    Na den dood van zijn eenigen zoon, begon hij te doen aan spiritisme, beweerde de schim te hebben gezien van zijn zoon, die... verhuisd was in de huid van een Parijzer apotheker!
    Hij werd het hoofd der spiritistische vereeniging van Jemeppes, kreeg de faam dat hij in gedurige betrekking stond met de geesten, en wonderen en voorspellingen deed.
    Hij heeft een soort godsdienst aangeleerd, en zijn volgelingen noemen hem: de nieuwe Messias, profeet en... onze god! en bouwen hem tempels.
    Eerst deed hij zijn zoogezeide genezingen met een zekere likeur – een remedie tegen alle ziekten. Maar hij werd veroordeeld. Dan deed hij 't met pompwater, trok zijn magnetische vloeistof op flesschen... en de onnoozele menschen op stoopkens! Later maakte hij eenige grimassen over de zieken, en riep: die gelooven zijn genezen!!
    Een zieke uit Condroz, dien hij volledig herstel beloofde, viel dood voor zijn deur. Antoine maakte alle mogelijke karpersprongen, maar 't mensch bleef liggen.
    In 1917 had zekere Danglis zijn vrouw in de Maas geworpen, en kwam P. Antoine kijks vragen waar zijn wederhelft was. Na drie dagen zal ze u schrijven, zei P. Antoine. 't Lijk werd opgevischt! Danglis vertelde dit voor zijn rechters; ge kunt begrijpen welk misselijk figuur P. Antoine maakte.
    P. Antoine is dood, maar heeft zijn fluidische kracht overgemaakt.. aan zijn vrouw! Deze heeft eenige discipelen voorzien van die kracht en haren opvolger aangeduid!
    De leering van P. Antoine?
    Eenige onsamenhangende zinnen uit den Catechismus, eenige domme gedachten uit de spiritistische schriften van Alban Kardec en anderen.
    Luister maar! hij zegt: «De stof is slecht, de ziekte is de vrucht der stof. Maar de stof bestaat niet! ze is een schim door 't verstand geschapen. En 't verstand moet verdwijnen voor 't geweten. Denk dat de stof niet bestaat, en ge zult den wortel der ziekte dooden! Dat is uit zijn filosofie!
    Luister nog: «De mensch mag handelen naar goedvinden. Goed en kwaad zijn slechts vergelijkstermen, in werkelijkheid bestaat noch 't een, noch 't ander; doet het kwaad, zoo komt ge dichtst bij de waarheid! Dat is uit zijn moraal!
   
Luister nog: «God is één wezen met den mensch. De eindterm van alle ontwikkeling is dat de mensch God worde. We zijn in meerdere mate de kinderen van den duivel dan de kinderen van God. Zonder de duivel zouden we eeuwig in ons ongeluk blijven. Dat is uit zijn geloofsleer!
   
Wie zulke stommiteiten schreef veroordeelde zichzelven.
    En de maan zal wel drie toten krijgen, eer de Vlamingen zich door dien Waalschen profeet laten paloeteren!
    En, goede lezers, nu zijt ge voor die rare apostelen gewaarschuwd.
                                                                                  J. V D. SMEDT.

Gazet van Antwerpen, 15 oktober 1927 (source : Belgicapress)

 

Traduction :

Sur vos gardes

    Trois types d'apôtres étrangers sont actuellement en action à Anvers et dans les environs : les Méthodistes, les soldats de l'Armée du Salut et les Antoinistes – et nos concitoyens doivent en être avertis.
    Les premiers vendent des tracts, des évangiles, des bibles, et... en quémandent pour la mission ;
    Les seconds jouent de la trompette et bombardent, chantent une chanson, prêchent quelques questions et, quand vous dites oui, ils applaudissent : « Alléluia, il est gagné et sauvé ! » Ils mendient un peu... et continuent ;
    La troisième est généralement une dame au voile foncé, qui distribue des prospectus en porte-à-porte, notamment aux personnes souffrantes, pour qu'elles viennent assister à leurs soi-disant exercices religieux dans la rue K....
    Quel genre d'apôtres sont-ils ?

[…]

Antoinisme

    L'ANTOINISME est la doctrine d'un certain Antoine, qui est passé de la Wallonnie à tel ou tel coin de Flandre.
    Père Antoine – pas un prêtre, entendez bien ! – est né à Mont-Crotteux le 8 juin 1848, est d'abord descendu dans les puits, puis est devenu ouvrier métallurgiste, est parti en Prusse et en Russie, et est finalement venu vivre en rente à Jemeppes, près de Liège.
    C'était un homme hypersensible, souffrant de l'estomac et des nerfs. Il était très maigre et pensait qu'il n'avait pas de corps et qu'il pouvait transférer une sorte de liquide magnétique de lui aux autres.
    Après la mort de son fils unique, il a commencé à pratiquer le spiritisme, affirmant avoir vu le fantôme de son fils, qui... s'était déplacé dans la peau d'un pharmacien de Paris !
    Il devient le chef de la société spirite de Jemeppes, acquiert la réputation d'être en contact permanent avec les esprits, et accomplit des miracles et des prédictions.
    Il a enseigné une sorte de religion, et ses adeptes l'appellent : le nouveau Messie, prophète et... notre dieu ! et lui construisent des temples.
    Au début, il effectuait ses soi-disant cures avec une certaine liqueur – un remède pour toutes les maladies. Mais il a été condamné. Puis il l'a fait avec de l'eau d’une pompe, transmet son liquide magnétique dans des flacons... et a berné les ignorants ! Plus tard, il fit quelques grimaces aux malades, et s'écria : ceux qui croient sont guéris !
    Un malade du Condroz, à qui il avait promis une guérison complète, est tombé mort sur le pas de sa porte. Antoine a fait tous les sauts de carpe nécessaires, mais la personne est restée allongée.
    En 1917, un certain Danglis avait jeté sa femme dans la Meuse, et était venu demander au P. Antoine où était sa moitié. Après trois jours, elle vous écrira, dit P. Antoine. Le cadavre a été repêché ! Danglis l'a raconté à ses juges ; on comprend quelle petite mine faisait P. Antoine.
    P. Antoine est mort, mais il a transféré son pouvoir fluidique... à sa femme ! Elle a doté certains de ses disciples de ce pouvoir et a désigné son successeur !
    Les enseignements du P. Antoine ?
    Quelques phrases incohérentes du catéchisme, quelques pensées stupides des écrits spirites d'Alban Kardec et autres.
    Il suffit d'écouter ! il dit : « La matière est mauvaise, la maladie est le fruit de la matière. Mais la matière n'existe pas ; c'est un fantôme créé par la raison. Et la raison doit disparaître devant la conscience. Pensez que la poussière n'existe pas, et vous tuerez la racine de la maladie ! Cela vient de sa philosophie !
    Écoutez à nouveau : « L'homme peut agir selon sa volonté. Le bien et le mal ne sont que des termes de comparaison ; en réalité, il n'y a ni l'un ni l'autre ; si vous faites le mal, vous êtes le plus proche de la vérité ! Cela vient de sa morale !
    Écoutez ceci : « Dieu est un seul être avec l'homme. Le but final de tout développement est que l'homme devienne Dieu. Nous sommes plus les enfants du diable que les enfants de Dieu. Sans le Diable, nous resterions éternellement dans notre malheur. Cela vient de sa doctrine !
    Celui qui a écrit de telles sottises s'est condamné lui-même.
    Et la lune aura trois éperons avant que les Flamands ne se laissent avoir par ce prophète wallon !
    Et, bons lecteurs, vous êtes maintenant mis en garde contre ces étranges apôtres.

                                                                                  J. V D. SMEDT.

Gazet van Antwerpen, 15 octobre 1927 (source : Belgicapress)

    On voit que la presse flamande a toujours la même et unique source, l'article d'André Kervyn de 1911, en y ajoutant cependant des erreurs dans les dates et dans les noms.

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Louis Antoine ressuscite les morts

Publié le par antoiniste

Louis Antoine ressuscite les morts

La résurrection de la fille de Jaïre, Vasili Dmitrievich

    Pierre Debouxhtay, avant d’évoquer Louis Antoine le prophète, dit (p.175-76) à propos de la résurrection des morts :

    Les guérisons « miraculeuses » ne sont pas les seuls faits extraordinaires attribués à Antoine.
    Laissons de côté la résurrection des morts, dont parlait le prospectus des Vignerons (1). Jamais, que je sache, Antoine n'a réussi ce prodige, bien que, d'après KERVYN (p. 14) il ait tenté de l'accomplir.
    « Un malade du Condroz s'en retournait, comme tous les autres malades, avec la promesse d'une prompte guérison. Malheureusement, il mourut soudain à quelques pas du temple d'Antoine. En hâte, on porte le cadavre au prophète. Celui-ci s'efforce inutilement de le ranimer. Le mort reste mort. »

(1) La dernière page de la couverture verte du Petit catéchisme spirite nous renseigne sur l'activité des Vignerons, qui « guérissent les malades, chassent les démons (mauvais esprits), ressuscitent les morts, s'entretiennent avec les disparus de ce monde, donnent gratuitement ce qui leur a été donné gratuitement ». Au moment où parut ce catéchisme il y avait « séance publique le premier dimanche de chaque mois, chez M. Louis Antoine, rue du Bois-de-Mont, à Jemeppe-sur-Meuse, à 10 heures précises du matin, et le deuxième et quatrième dimanche, chez M. Pierre Debroux, menuisier-entrepreneur, à Crotteux-Mons, à 5 heures de l'après-midi ».

 

    On peut lire l’histoire de ce pauvre malade du Condroz, Adolphe Regnier, dans les coupures de journaux (qui sont également les principales sources de Kervyn), et notamment dans La Meuse. On y lit cependant que "M. le docteur Delville, mandé immédiatement, n'a pu que constater la mort." Ce qu'omet de dire Kervyn pour discréditer le Père.
    Quant à l’activité des Vignerons du Seigneur qui « ressuscitent les morts », il s’agit d’une citation de la Bible :
    "Rendez la santé aux malades, ressuscitez les morts, guérissez les lépreux, chassez les démons. Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. (Evangile St-Mathieu, ch. 10, v. 8.)".
    On la retrouve dans cette autre brochure, et on comprend que « s'entretiennent avec les disparus de ce monde » explique en quelque sorte par quel moyen ils « ressuscitent les morts ». Une autre brochure, que cite Léon Souguenet, n'indique pas ce texte et la traduction espagnole du Petit catéchisme spirite ne reprend pas cette citation.

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Mort d'Adolphe Regnier sur la voie publique (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

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Mort d'Adolphe Regnier sur la voie publique (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

JEMEPPE

    MORT SUR LA VOIE PUBLIQUE. – Mardi, vers 8 heures du matin, Alphonse Regnier, secrétaire communal, à Neuville-en-Condroz, est tombé mort rue Hulos, à Jemeppe.
    M. Regnier est décédé tandis qu'il se rendait chez le "guérisseur" de Jemeppe.
    M. le docteur Delville, mandé immédiatement, n'a pu que constater la mort. M. Regnier était âgé de 66.

La Meuse, 4 février 1903 – numéro du matin (source : Belgicapress)

Mort d'Alphonse Regnier (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

    Nous apprenons la mort de M. Alphonse REGNIER, instituteur pensionné, échevin et secrétaire communal de Neuville-en-Condroz.
    Nommé instituteur de cette commune en 1855, il remplit ces fonctions jusqu'en 1892 avec un zèle, une abnégation rares.
    Travailleur infatigable, fonctionnaire d'élite, d'une serviabilité à toute épreuve, il était parvenu à se concilier l'estime et l'affection de tous ceux qui l'ont connu. M. Regnier était âgé de 66 ans et décoré de la croix civique de Ire classe.

La Meuse, 4 février 1903 – numéro du soir (source : Belgicapress)

Mort d'Adolphe Regnier - Nécrologie (La Meuse, 4 février 1903)(Belgicapress)

NECROLOGIE

    – Les funérailles de M. Alphonse REGNIER, instituteur communal pensionné, échevin et secrétaire communal de la Neuville-en-Condroz, ont eu lieu samedi, au milieu d'une affluence véritablement extraordinaire. Le train spécial du Val-Saint-Lambert a pu contenir à peine les assistants venus de Liége et du bassin de Seraing. La place Communale était littéralement noire de monde.
    Nous y avons remarqué une foule de notabilités.
    Le deuil était conduit par les deux fils du défunt, MM. Gust. Regnier, instituteur à la Neuville-en-Condroz, M. Em. Regnier, professeur à Liége.
    Trois discours ont été prononcés par M. Olivier, au nom de l'Administration ; par M. Georges, inspecteur cantonal, et par un ancien élève. M. Regnier était le cousin de M. Célestin Demblon, représentant.

La Meuse, 9 février 1903 (source : Belgicapress)

 

    Cette mort regrettable est utilisée par André Kervyn pour discréditer le Père. En effet, d’après lui, Antoine-le-guérisseur aurait en vain tenté de le ressusciter.

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Antoine dit le guérisseur (L'Avenir du Luxembourg, 5 novembre 1911)(Belgicapress)

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Antoine dit le guérisseur (L'Avenir du Luxembourg, 5 novembre 1911)(Belgicapress)

Antoine dit le guérisseur

    Nous voulons parler de ce mystificateur ingénieux dont la célébrité a dépassé nos frontières et qui prétend avoir découvert le remède à tous les maux de l'âme et du corps.
    D'abord houilleur, puis métallurgiste, Antoine devient président d'une société spirite nommée « Les vignerons du Seigneur. »
    Il prétend causer avec les morts et apprendre d'eux la manière de guérir.
    Les femmes du peuple, impressionnées par les scènes d'évocation, les crises des médiums et l'air extatique du président furent les premières à voir en lui un personnage extraordinaire et à faire à notre empirique une réputation de guérisseur habile et même de saint ! Aussi, de tous côtés, les infirmes affluèrent ! On cita des guérisons merveilleuses, mais difficile à vérifier.
    Antoine se sépara du Spiritisme classique pour ébaucher « Le nouveau Spiritualisme » qui remplace les esprits par les « fluides ». Suivons-le dans ses évolutions.
    Antoine n'a qu'une instruction rudimentaire ; mais il est assez avisé pour savoir que le peuple veut être drogué. Un médecin est un homme qui ordonne des bouteilles... C'est le sentiment populaire sur les bords de la Meuse. Antoine découvre un jour, chez un pharmacien, la « Liqueur Coune » et voit, dans cette spécialité, son avenir assuré ! Il se mit donc à en prescrire l'usage pour toutes les maladies. Malheureusement, il se vit, de ce chef, condamné pour exercice illégal de la médecine. Cette condamnation valut à Antoine une ovation qui augmenta sa réputation. Dès lors, Antoine se dit : « S'ils ont gobé la liqueur Coune, ils avaleront de l'eau claire additionnée simplement de magnétisme animal. »
    C'est ce qu'il fit en persuadant aux naïfs qu'il avait le pouvoir de magnétiser l'eau ; on le voyait faire des contorsions et des passes fatigantes pour extraire de son être quantité d'effluves pour magnétiser.
    Estimant, dans la suite, qu'il se donnait trop de peine, il recourut à un procédé plus expéditif et plus économique : il dota de force magnétique de simples morceaux de papier au moyen desquels chacun pouvait, à domicile, magnétiser un verre d'eau.
    Entretemps, la médication d'Antoine se spiritualise de plus en plus. Elle n'a plus besoin des intermédiaires matériels. Le guérisseur se contente désormais d'imposer les mains à ses clients. On dit que, pendant cette quatrième phase, Antoine imposait les mains à plus de 50 personnes par heure, car les malades arrivaient de partout, d'autant plus qu'une savante réclame venait d'être organisée au moyen de brochures colportées partout dans le pays.
    L'on a beau étudier ces brochures, l'on n'y comprend rien : néanmoins, la clientèle s'élargit, et ce n'est plus seulement pour la médecine qu'on vient chez Antoine, mais aussi pour la morale, car, Antoine est désormais un prophète qui reçoit des révélations.
    Et comme le nombre des sots dépasse celui des malades, une nouvelle religion nommée l'Antoinisme est définitivement fondée ! Alors, Antoine inaugure la 5me phase ;... sa phase actuelle : celle des passes collectives ! Tous les dimanches, Antoine se contente de paraître devant une nombreuse assemblée et détendre majestueusement les bras en remuant les doigts pour laisser écouler sur son peuple tout le fluide qu'il possède en lui ; après quoi il se retire sans avoir dit une seule parole ! L'opération est terminée !... Les personnes qui ont la foi sont guéries et n'ont plus qu'à se retirer pour faire place à d'autres qui verront la même comédie.
    Généralement, ce sont les mêmes gens qui sont guéris et soulagés tous les dimanches ?
    Aujourd'hui, Antoine voit sa santé décliner, il a, paraît-il, communiqué à sa femme le don de manier les fluides. C'est ce qui a valu à Antoine, le qualificatif de « Généreux » à côté de celui de « Guérisseur ! »

L'Avenir du Luxembourg, 5 novembre 1911 (source : Belgicapress)


    Cet article est tiré de la contribution de Kervyn, critique envers l’antoinisme, comme on s’en doute par ce résumé.

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L'antoinisme dans nos campagnes (L'Indépendance luxembourgeoise, 14 février 1924)(eluxemburgensia.lu)

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L'antoinisme dans nos campagnes (L'Indépendance luxembourgeoise, 14 février 1924)(eluxemburgensia.lu)

 L'antoinisme dans nos campagnes

    Dans un récent numéro nous avons indiqué, très brièvement d'ailleurs, les progrès que la secte dite des Antoinistes fait dans nos campagnes.
    Il intéressera peut-être les lecteurs de ce journal de lire les détails que donne sur cette secte et sur son fondateur, un récent numéro d'un de nos confrères de la région viticole.
    Louis Antoine, surnommé le Guérisseur est devenu en Belgique un homme célèbre. Il affirme avoir découvert un remède universel pour toutes les maladies du corps et de l'âme. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que son nom ait franchi les frontières de son pays et qu'il ait trouvé des adeptes, jusque dans notre paisible vallée de la Sûre. Il est donc intéressant d'examiner de plus près et d'après les documents originaux, la naissance et le développement de ce nouvel évangile. Louis Antoine est né en 1846 à Mons-Crotteux. Fils de mineur, il descendait dans la fosse à l'âge de 12 ans déjà. Il devint ensuite ouvrier de chemin de fer et voyagea en Allemagne. Rien ne faisait prévoir à ce moment là, la mission à laquelle il serait plus tard appelé. Il se maria, eut un fils. Sa santé laissait à désirer. Il resta un fidèle catholique jusqu'à l'âge de 42 ans et un de ses disciples écrivait même : « Il aimait à se recueillir profondément et à élever son cœur vers Dieu. »
    Vers la fin du siècle dernier, le spiritisme subit en diverses régions de Belgique, un nouvel essor. Un petit cercle spirite fut créé à Jemeppe. Antoine qui avait eu la douleur de perdre son fils à l'âge de vingt ans, en fit partie. Il avait entendu dire que le spiritisme permet aux vivants d'entrer en relations avec les morts, auxquels des liens étroits les ont relié. En compagnie de sa femme, il fréquentait assidument ces séances. Un soir, ils entendirent la voix lointaine de leur fils mort, leur annoncer que son âme avait trouvé le repos dans le corps d'un apothicaire parisien. Les parents désolés étaient consolés.
    Antoine pénétra de plus en plus dans les arcanes du spiritisme ; peu à peu, il parvint à réunir autour de lui, un groupe de fidèles auxquels il avait su persuader qu'il était en communications constantes avec le monde des esprits. De temps à autres, il publiait, sous forme d'encicliques, d'étranges nouvelles des sphères supra-terrestres.
    Un peu plus tard les esprits furent négligés ; Antoine se posa en guérisseur et ses cures trouvèrent un accueil inespéré, surtout chez les femmes. Ses premières clientes, charmées par son allure énigmatique, le vantèrent partout comme un saint et comme le sauveur de l'humanité De tous côtés, les malades et les curieux accoururent et l'on parlait en termes voilés, de guérisons miraculeuses. Certain de son succès, Antoine se détacha du spiritisme et exerça dès lors son art en son propre nom. Ceci se passait en 1906. Antoine ne possédait qu'une culture élémentaire, mais il connaissait le peuple et connaissait son respect craintif pour l'art médical contenu dans des fioles de médicaments. « Le médecin doit prescrire quelque chose. » Les flacons du thaumaturge belge ne contenaient que de l'eau claire, mais il introduisait dans celle-ci un fluide magnétique, adapté aux diverses maladies et à leurs manifestations. Lorsqu'un étranger arrivait en ce temps-là à Jemeppe, il ne pouvait comprendre pourquoi, de toute part, accouraient des gens à l'air malade, munis de récipients variés remplis d'eau, et prêts à recevoir le fluide qui guérissait tout.
    Toutefois, le fait de magnétiser tous ces récipients, était une chose fatigante. L'art d'Antoine entra dans une phase nouvelle. Il reporta son pouvoir magnétique sur de petits morceaux de papier. Le malade recevait un de ces bouts de papier miraculeux ; arrivé à la maison il le plongeait dans un verre d'eau qui devenait immédiatement capable de guérir. Plus tard, les morceaux de papier disparurent. Tout fut spiritualisé et il suffisait dorénavant qu'Antoine imposât les mains pour que la transmission du fluide fut possible. Celui qui avait la foi, guérissait.
    Certains jours, Antoine devait imposer les mains à plus de 50 personnes, tant le cercle de ses clients, s'était entendu. Les disciples du maître répandirent la nouvelle doctrine dans toutes les régions sous forme d'une petite brochure et enthousiasmèrent les foules.
    Malgré tout, l'art du prophète subissait parfois des éclipses, comme le montrent deux cas qui firent en ce temps-là beaucoup de bruit en Belgique. En 1907, un nommé Danges précipita sa femme dans la Meuse, alors en crue. La femme se noya. Deux jours plus tard, le meurtrier se présentait chez Antoine et demandait ce que sa femme était devenue. Le voyant, lui répondit aussitôt : « Encore deux jours, et votre femme vous écrira. »
    Une autre fois un homme gravement malade assista à une séance chez le thaumaturge. Il fut congédié avec la promesse d'être bientôt guéri. Cent pas plus loin, il tomba dans la rue et mourut sur le champ. On apporta le cadavre au prophète qui s'efforça, mais en vain, de faire agir son fluide régénérateur sur lui. Le mort se refusa opiniâtrement à revenir à la vie.
    Des bruits étonnants courent sur la merveilleuse activité des disciples d'Antoine. On cite le cas d'un paysan souffrant d'une maladie d'estomac et qui fut guérit de telle sorte qu'il peut maintenant s'enivrer. Un ouvrier souffre d'une maladie interne. Il reste à la maison et toutes les heures, il répète pendant dix minutes, suivant les instructions reçues : « Père Antoine, je crois que je guérirai. »
    Un adepte, arrivé après bien des détours dans l'Antoinisme, officie aujourd'hui en habits sacerdotaux comme prêtre antoiniste. Il a déclaré un jour : « Si je pouvais entrer dans les maisons de santé et imposer les mains aux malades, je leur rendrais à tous la raison. »
    Si un de ces malades imaginaires peut un jour rentrer chez lui avec la joyeuse conviction d'être de nouveau bien portant, un « médecin malgré lui » de ce genre peut, d'un autre côté, faire beaucoup de mal. De telles cures empêchent parfois les malades de se rendre auprès du médecin. Lorsqu'ils le font, il est trop tard.

L'Indépendance luxembourgeoise, 14 février 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

 

    Cet article est la traduction de l’article Der Antoinismus, lui-même un condensé de la contribution d’André Kervyn.

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Quelques notes sur Antoine et l'Antoinisme (Journal de Bruxelles, 25 juin 1911)(Belgicapress)

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Quelques notes sur Antoine et l'Antoinisme (Journal de Bruxelles, 25 juin 1911)(Belgicapress)QUELQUES NOTES
sur
Antoine et l’“Antoinisme„

    Les journaux ont beaucoup parlé depuis quelque temps de l'« Antoinisme ».
    La « Tribune apologétique » publie en ce moment à ce sujet des notes qu'il nous paraît intéressant et utile de reproduire.

    Louis Antoine, dit le Guérisseur, est célèbre ; il n'est pas assez connu. Il prétend avoir découvert le remède à tous les maux du corps et de l'âme. Cette invention, qui fait l'étonnement des médecins et des prêtres, suffirait à illustrer un homme. Elle a porté le nom d'Antoine au delà des frontières de notre petit pays. L'antoinisme, grâce au zèle des adeptes, est aussi vanté que la verte curative des pastilles Poncelet.
    Néanmoins l'auteur de la panacée reste obscur. Comme tous les personnages considérables, il est discuté. Les uns le prennent pour un pieux ermite à l'ancienne manière, les autres pour un mystificateur ingénieux, certains pour un innocent illuminé.
    Nous avons étudié sur place l'homme et son œuvre ; avant que cette gloire n'entre dans la légende ou ne s'efface dans l'oubli, il était nécessaire de la voir de près. Nous sommes allés Jemeppe, nous avons interrogé les témoins, nous avons lu les enseignements qu'on attribue au fameux guérisseur : nous donnons impartialement le résultat de notre enquête, avec le sincère désir que l'homme et sa doctrine soient mieux connus.

L'HOMME
Premières années

    Plus tard peut-être les villages liégeois se disputeront le berceau d'Antoine. Cela s'est vu pour Homère, qui 'était qu'un poète. Prévenons ces conflits. Louis Antoine et né non pas à Jemeppe-sur-Meuse, mais à Mons-Crotteux, en 1846. (Voir les registres de l'état civil de cette commune.) Son père était mineur. Lui-même descendit dans la fosse à l'âge de 12 ans. Il devint ensuite ouvrier métallurgiste et voyages en Allemagne. Rien de particulier ne signala sa jeunesse. Il se maria, eut un enfant et souffrit de l'estomac. Il était catholique, même pieux, et le resta jusqu'à l'âge de 42 ans : « Il aimait à se recueillir profondément, écrit un de ses disciples, et à élever son cœur vers Dieu. »

Le spiritisme le séduit

    Les séances spirites eurent alors quelque vogue. Un cercle s'établit à Jemeppe. Un triste événement poussa Antoine dans l'occultisme. Son fils unique mourut à 20 ans. Ses parents désolés apprirent que le spiritisme fournissait aux vivants le moyen de converser avec les morts. Ils fréquentèrent les séances ; ils entendirent la voix de leur enfant disparu, lequel leur apprit qu'il était devenu pharmacien à Paris. Les braves gens avaient peut-être rêvé d'élever un jour leur rejeton à la dignité d'apothicaire, leur souhait se trouvait accompli.
    Malgré des recherches minutieuses, nous n'avons pu apprendre si ces bons parents, qui n'étaient pas sans une petite fortune, ont jamais entrepris le voyage de Paris, pour aller embrasser de fils adore. D'autre part, les journaux français n'ont pas mentionné, que nous sachions, cette subite apparition d'un pharmacien qui n'aurait point passé les écoles. Ce point est nébuleux.
    Quoi qu'il en soit, nous découvrons bientôt M. Antoine à la tête des Vignerons du Seigneur. Il édite un catéchisme spirite et publie des extraits d'Allan Kardec. Si vous passez sur le pont de Seraing, il vous invite chez lui, « aux quatre ruelles, à Jemeppe, ou chez M. Pierre Debroux, menuisier-entrepreneur à Crotteux-Mons ; vous pourrez, assure-t-il, vous entretenir avec vos chers disparus de ce monde ». Cette perspective d'une causerie avec les défunts était certes agréable, bien qu'un peu singulière. Pourquoi les morts donnaient-ils rendez-vous à leurs amis chez Antoine ou chez le menuisier-entrepreneur, « à 10 heures du matin ou à 5 heures de après-midi » ! Ou eût préféré les revoir sans témoins, chez soi.
    Du reste, les « Vignerons » recevaient des visiteurs d'importance. Les médiums n'évoquaient pas seulement la vieille mère Toinette ou le petit de chez Jules ; un de mes amis a pu converser avec Mgr Doutreloux, évêque de Liége, et avec le pape Léon XIII. Il a même remarqué que Léon XIII parlait un français négligé, avec un fort accent wallon. Je note ce fait précis, pour l'édification des flamingants ; c'est le wallon qui est parlé dans le monde des esprits : à preuve, les conversations des hôtes de M. Antoine. Il est sérieusement probable, d'après les Liégeois, que le wallon était le langage du paradis terrestre. M. Antoine serait seul capable de trancher cette question de linguistique ; car il a écrit quelque part :
    « Je ne puis dire, avec les Ecritures, qu'Adam a été le premier homme ; il en existait déjà d'autres à cette époque qui occupaient diverses contrées de ce globe et y formaient différents milieux de la même élévation. »
    Un homme si bien renseigné sur les habitants primitifs de la terre doit assurément savoir de quelle langue ils se servaient.

Thérapeutique des Esprits

    On n'allait pas chez M. Antoine dans l'unique dessein de causer avec les morts. On y trouvait, déclarait le prospectus, « le soulagement de toutes les maladies, afflictions morales ou physiques. » Des Esprits bienveillants, informes de tous les secrets de la médecine, donnaient des consultations. Un certain Dr Carita qui, lui aussi, faisait ses ordonnances en wallon, eut alors énormément de vogue. Les bonnes femmes étaient émerveillées de sa science.
    Nous ne savons si M. Antoine devint le jouet des séances spirites qu'il organisait. En tout cas, il convainquit son public crédule qu'il était en rapports continuels avec les esprits désincarnés.
    De temps en temps, il lançait des messages de l'autre monde, des façons d'encycliques dont la forme et le fond étaient également bizarres.
    Il se persuada, un jour, qu'il pouvait se substituer au Dr Carita, émettre des prescriptions, formuler des conseils d'hygiène combinés avec des recommandations morales.
    Les femmes du peuple, impressionnées par les scènes d'évocation, les crises des médiums, l'air extatique du président, acceptèrent les avis de M. Antoine. Elles expérimentèrent sur leurs enfants malades les remèdes familiers préconisés par le chef spirite. Elles virent bientôt en lui un personnage extraordinaire.
    Comme de coutume, les premières clientes firent à l'empirique une réputation de guérisseur habile, et même de saint. Sa vie retirée, presque mystérieuse, ses discours charitables, ses habitudes de végétarien (régime nécessité par sa maladie d'estomac), éveillèrent la curiosité publique dans la région de Jemeppe. La renommée de M. Antoine s'affermit. De toutes parts, les infirme affluèrent. On cita des guérisons merveilleuses, qu'il n'était d'ailleurs pas facile de vérifier.
    Enfin, l'autorité personnelle de M. Antoine devint assez considérable pour que le guérisseur crût pouvoir dorénavant se passer de l'aide des Esprits. Peut-être connaissaît-il mieux que ses « frères et sœurs en humanité » la valeur du Dr Carita et des autres messieurs qui, à son appel, surgissaient de dessous les guéridons et rendaient des oracles.
    M. Antoine de sépara donc du spiritisme classique. Il renonça aux évocations bruyantes, aux tables tournantes, à l'écriture directe. Il établit un schisme (1), fonda une école, se proposa de guérir les corps et d'endoctriner les intelligences par ses propres moyens.
    L'Antoinisme se dessinait. Avant de se formuler définitivement, il allait passer par plusieurs phases.
    Antoine avait été spirite durant huit ans. Vers 1906, il ébaucha « le Nouveau spiritualisme », qui remplace les Esprits par le Fluides. Suivons-le dans ses évolutions. Il ne trouva sa voie qu'après différents essais.

PREMIÈRE PHASE
La liqueur Coune

    M. Antoine n'était pourvu que d'une instruction rudimentaire : mais il était assez avisé pour s'apercevoir que le peuple veut être drogué. Un médecin est un homme qui ordonne des bouteilles : c'est le sentiment populaire sur les bords de la Meuse.
    M. Antoine découvrit un jour chez un pharmacien la liqueur Coune (2 fr. 50 la petite fiole), laquelle se prévalait d'une recommandation du Pape. Cette spécialité, à base de perchlorure de fer, jouit un moment de quelque vogue. On l'employait comme préservatif contre le choléra. Antoine y vit son avenir assuré. Il se mit à en prescrire l'usage : le nombre des gouttes variait d'après la maladie ; la liqueur guérissait une entorse aussi bien que la phtisie. Les pharmaciens du pays étaient dans la jubilation car cette panacée était assez coûteuse... pour les acquéreurs.
    Malheureusement, la justice vint mettre son nez dans l'affaire. Antoine fut poursuivi pour exercice illégal de la médecine Les prescriptions furent lues au tribunal. Il fut condamné à 52 francs d'amende. Ses amis lui firent une ovation : malgré la justice humaine, ils croyaient encore à la vertu du guérisseur et de sa recette.
    Antoine, édifié sur les mérites très fructueux de son remède, voulut continuer légalement son exploitation. Il demanda à des médecins de contresigner ses ordonnances, leur offrit de partager les bénéfices. Les docteurs refusèrent ce marchandage. Il fallut sacrifier la liqueur Coune et trouver un supplétif qui échappât au Code.

DEUXIEME PHASE
L'eau magnétisée

    La condamnation de M. Antoine, publié dans les journaux, augmenta naturellement la réputation de l'empirique. On imputa le coup à la mesquine jalousie des docteurs diplômés qui voyaient baisser leur clientèle. Antoine résolut d'en profiter. Il se dit très justement : « S'ils ont gobé la ligueur Coune, ils avaleront de l'eau claire. Les deux remèdes se valent. J'ai mis dans des bouteilles d'eau une substance matérielle, qui tombe sous le sens... et sous le domaine de la justice ; j'y mettrai désormais une qualité impondérable, imperceptible, qui déroutera les juges les plus fins ; j'y mettrai simplement du magnétisme animal. »
    Et c'est ce qu'il fit. Il persuada aux naïfs qu'il avait le pouvoir de magnétiser l'eau, qu'il envoyait dans les bouteilles une charge de fluide, qui, comme la liqueur Coune, devait supprimer les maladies les plus disparates. Il dosait la charge, d'après les dispositions du patient.
    Jemeppe offrait, en ce temps-là, un spectacle étrange. Comme les malades étaient nombreux, Antoine dut recruter un personnel pour puiser de l'eau aux fontaines publiques. On voyait des gens se relayer aux bornes, aller et venir avec des seaux et de bouteilles prêtes à recevoir la charge requis de magnétisme.
    La population ayant résisté à cette épreuve, M. Antoine pouvait tout entreprendre. Son crédit n'avait pas été atteint par ces puérilités. Il allait renchérir.

TROISIÈME PHASE
Le papier magnétisé

    Estimant sans doute qu'il se donnait trop de peine à magnétiser une bouteille d'eau pour chaque visiteur, Antoine recourut à un procédé plus expéditif et plus économique. Il prit de petits morceaux de papier et les dota de la force magnétique. Les malades n'étaient plus obligés d'apporter des bidons et de les remporter remplis d'eau d'effluves : ils recevaient des bouts de papier préalablement magnétisés, et dont chacun pouvait, à domicile, magnétiser un verre d'eau. Antoine put ainsi congédier son personnel des pompes. Il disait aux malades : Quand vous avez mal, pensez à moi. Revenez, quand vous en aurez l'inspiration.
    Ce changement de thérapeutique dut être favorable à la santé de M. Antoine, laquelle a toujours été fort délicate. Il magnétisait en public les bouteilles d'eau : cette opération, qui consiste dans l'extraction des fluides éthérés et bienfaisants, demandait au guérisseur quantité de pénibles contorsions et de passes fatigantes. C'était pitié de le voir se ployer et se redresser, à mesure que les effluves sortaient de son être et se transmettaient à la bouteille. Il se sacrifiait littéralement pour ses malades, qui lui étaient d'ailleurs fort reconnaissants.
    Avec le système des papiers, ce travail de gymnastique disparaissait. On suppose que M. Antoine ne ménageait point ses forces mais il ne donnait plus le spectacle attristant de ses effarantes gesticulations.
    Un de nos amis se souvient de cette troisième phase ; il a le plaisir de posséder quelques échantillons du fameux papier magnétisé. Il nous a raconté un trait, qui montre qu'Antoine ne se défendait pas de donner avec son papier, des conseils d'hygiène d'ailleurs inoffensifs.
    « Une dame, nous dit-il, vint un jour m'annoncer qu'elle se proposait de consulte Antoine. La clientèle du guérisseur était surtout féminine, à cette époque.
    Je demandai à cette personne :
    – Aimez-vous la pâtisserie ?
    – Je n'en prends jamais.
    – Mangez-vous beaucoup de pommes de terre !
    – Beaucoup ! Non Mais pourquoi ces questions ?
    – C'est que M. Antoine vous révélera que vous abusez de la pâtisserie et des pommes de terre. Il vous interdira cette alimentation jusqu'à votre prochaine visite.
    – Je verrai bien.
    Cette dame, conclut notre ami, alla chez Antoine ; elle revint guérie... de l'Antoinisme. Le coup de la pâtisserie avait tué sa confiance dans le voyant.
    Mais dans le monde ouvrier, combien de femmes ne mangent-elles pas avec plaisir les « frites » succulentes ? Combien n'ont pas un faible pour les tartes, les petits pâtés et les friandises de toute espèce ?
    En dénonçant ces inclinations gourmandes, M. Antoine était presque sûr de deviner juste.

QUATRIÈME PHASE
Les passes Individuelles

    La médication de M. Antoine de spiritualise de plus en plus. Elle n'a plus besoin de intermédiaires matériels : le guérisseur se contente d'imposer les mains à ses clients. Il élabore une vague théorie de la Foi et des fluides. Il manie lui-même les bons fluides et s'en sert pour guérir les personnes qui ont assez de foi. Les fluides font office de microbes : ils se tuent les uns les autres. Il s'agit d'assurer la victoire des bons fluides.
    « Tout guérisseur quelque peu expérimenté sent la foi du malade et peut lui dire : « Vous êtes guéri. » Il coupe littéralement de fluide qui le terrassait, c'est-à-dire son imagination ; il ne va pas directement au mal, mais à la cause. »
    On dit que M. Antoine était obligé, durant cette quatrième phase de son évolution médicale, d'imposer les mains à plus de cinquante personnes par heure. Il a dû faire une énorme dépense de fluides, pendant cette période, car les malades étaient nombreux. Il en arrivait de partout, même de l'étranger. Une savante réclame venait d'être organisée dans tout le pays. Des émissaires colportaient la réputation du Maître. Les visiteurs recevaient une petite brochure, contenant l'ébauche de la nouvelle doctrine et la rapportaient dans leur village.
    A Jemeppe, des séances dominicales sont fondées. M. Antoine s'entoure de disciples. Il leur explique son système. Les disciples recueillent pieusement la doctrine du prophète et la font imprimer. Ni le professeur ni les élèves ne se comprennent. Ces recueils sont de plaisants coq-à-l'âne, où il est malaisé de découvrir une théorie quelconque ; nous les examinerons plus loin. Notons seulement que M. Antoine ne s'occupe plus exclusivement des maladies et des infirmités corporelles. Il a trouvé le joint entre la médecine et la morale : il affirme que les maux physiques sont un produit de l'imagination. La thérapeutique va céder la place insensiblement à l'instruction religieuse.
    La clientèle s'élargit, et sa générosité permet d'ériger un vrai temple. Il ne s'agit plus de guérir les corps souffrants ; il faut éclairer les âmes. Antoine n'est plus un bienfaiteur de l'humanité ; il est prophète, il reçoit des révélations. Et comme le nombre des sots dépasse celui des malades, les fidèles de l'Antoinisme, définitivement fondé, se multiplient.
    Antoine alors inaugure sa cinquième phase, la phase actuelle, celle des passes collectives.

CINQUIEME ET DERNIÈRE PHASE

    Voici le spectacle auquel on peut assister gratuitement à Jemeppe, tous les dimanches depuis deux ou trois ans.
    Une tribune se dresse au fond du temple. Elle communique avec les appartements privés du voyant. Les fidèles et les curieux se placent dans des bancs, en face de cette tribune. Un monsieur se lève :
    « Notre bon père va venir. Avant d'opérer, il se recueille dans la prière. Respectez ce moment solennel. Ranimez votre Foi, car tous ceux qui ont la Foi seront guéris ou soulagés. »
    La porte s'ouvre. M. Antoine s'avance. Il est bien vieux. Il a laissé pousser ses cheveux et s'est composé une tête hiératique. La scène est admirablement machinée. Alors le prophète, que transfigure un air inspiré, se place au milieu de la tribune. Son regard est perdu dans l'au-delà. Il élève majestueusement les mains, étend les bras, remue les doigts pour laisser écouler sur son peuple tout le fluide qu'il a emmagasiné par sa prière ; il répand ce fluide à l'orient et à l'occident. I ferme les yeux, se retourne et rentre chez lui, sans avoir proféré une parole.
    L'autre monsieur se lève de nouveau :
    « L'opération est terminée. Les personnes qui ont la Foi sont guéries ou soulagées. »
    On renvoie toutes les personnes et l'on introduit d'autres spectateurs qui verront la même comédie. Généralement ce sont les mêmes gens qui sont guéris et soulagés chaque dimanche. (2)

(1) Les Antoinistes sont excommuniés par les véritables spirites.
(2) « Les jours fériés, sauf les dimanches, le Guérisseur a un plus grand pouvoir que dans ses opérations habituelles » (Préface de l’Auréole de la Conscience, p.16)

Journal de Bruxelles, 25 juin 1911 (source : Belgicapress)

La suite au numéro de juillet 1911.

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Tribune Apologétique - La doctrine antoiniste (1911)

Publié le par antoiniste

Titre : Faits et Doctrines : La doctrine antoiniste
Éditions : Tribune Apologétique, juin & juillet 1911 (Nos 35, 36, 37, 38)

    On parle de ce texte critique de la part de cette publication de l'organe du Secrétariat général des Œuvres Apologétiques dans un article du Journal de Bruxelles du 13 août 1911, ainsi que dans un article de La Croix 23 janvier 1912.

Tribune Apologétique - La doctrine antoiniste (1911)

    Cette publication, dont on ne peut en connaître l'auteur (un article de l'Echo de la Presse signale qu'il s'agit d'André Kervyn), a été reproduite (au moins en partie) dans le Journal de Bruxelles en juin et juillet 1911 sous le titre Quelques note sur Antoine et l'Antoinisme. Elle n'est pas sans rappeler le petit fascicule publié par Hubert Bourguet en 1918 ou la contribution d'Albert Monniot dans la Revue internationale des Sociétés secrètes en 1914.

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