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Luxembourg (salle de lecture)

Publié le par antoiniste

    On sait peu de chose sur l'activité des Antoinistes au Luxembourg.
    Cependant, le desservant Nicolas Wagner a eu maille à partir avec la justice, ce qui a été relaté par la presse luxembourgeoise, lorraine, mais aussi parisienne. Il sera défendu en Belgique par Jules Destrée.
    Le frère Robert Pierrefeu confirme qu'au Grand-Duché du Luxembourg, le Culte existe pratiquement depuis l'origine et il y est reconnu officiellement. La salle de lecture est rattachée à la France et est située au 15, An der Retsch - 6980 Niederanven (Rameldange). 
    C'est par la presse luxembourgeoise, parfois en allemand, qu'on apprend seulement quelques détails principalement en 1924, et notamment la volonté de construire un temple, projet qui ne vit cependant encore pas le jour.

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Salles de lecture

Publié le par antoiniste


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Mise à jour en 2009, la liste des salles de lecture en France sont :
Archamps - près de Saint Julien en Genevois - 74160 (3° samedi de chaque mois de 14 à 17 heures, Frère et Sœur Dessaint)

Bourbourg - 47, rue de la République - 59630 (1° et 3° samedi de chaque mois à 15 heures, Frère Martin)

Buxerolles -  31, voie romaine - 86180 (1°, 2°, 4° et 5° dimanche de chaque mois à 10 heures ; 3° dimanche de chaque mois à 15 heures ; ainsi que tous les jours de fêtes antoinistes, Sœur Juste a remplacé Frère Texier)

Clermont-Ferrand - 53 ter, boulevard Lafayette - 63000 (3° dimanche de chaque mois à 15 heures ; tous les vendredis soir à 19 heures, Sœur Faverdin)

Creil - 37, rue César Franck - 60100 (1° dimanche de chaque mois à 15 heures 30, Frère et Sœur Quillent)

Ile d'Yeu - 29, rue Jean Yole - 85350 (1° et 3° samedi 15h30, Sœur Dany Taraud)

Meaux - 76, rue Jean Jaurès - 77100 (2° et 4° dimanche de chaque mois à 15 heures, Frère Octavien)


Ile de la Réunion - Le Moufia, Ste-Clotilde (Tous les mardis et les jours de fêtes antoinistes à 15 heures, Sœur Aho)

Pointe à Pitre - Morne Bernus - 97110 (GUADELOUPE)(1° et 3° dimanche de chaque mois à 15 heures, Sœur Clotilde)


LUXEMBOURG - 15 An der Retsch - 6980 Niederanven (Rameldange), Luxembourg, au nord-est de la capitale (1er et 3ème samedi à 15h, Sœur Feiereisen)

BRÉSIL - Rua Général Polidoro, 141 - R.J. (Botafogo) -22280 Rio de Janeiro, (dimanche à 10h et le jeudi à 15h, jours de fête à 10h et à 15h, Sœur Solange).

AUSTRALIE - 311, Great Western Highway - 2780 N.S.W. Katoumba (dimanche à 13h, lundi, mercredi, vendredi à 17h, Sœur Rouffiat)

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L'Antoinisme dans le Grand-Duché (Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924)(Belgicapress)

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L'Antoinisme dans le Grand-Duché (Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924)(Belgicapress)

L'« ANTOINISME » DANS LE GRAND-DUCHÉ
    L'« antoinisme » a fait son apparition dans le Grand-Duché. A Esch-sur-Alzette, où les antoinistes sont déjà nombreux, ceux-ci ont fondé un cercle d'études. Ils projettent même d'y construire un temple. En effet, le conseil municipal de la métropole minière a été saisi dans sa séance du 27 septembre, d'une requête de la communauté d'Esch, demandant l'autorisation d'ériger un temple et de faire, au cours de leurs réunions, des collectes destinées à rassembler les fonds nécessaires à cette construction. A cette occasion, le bourgmestre d'Esch, M. Wilhelm, a fait une déclaration suivant laquelle, la liberté du culte étant garantie, il n'existait aucun motif pour repousser cette demande.

Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924 (source : Belgicapress)

L'Antoinisme dans le Grand-Duché (Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924)(Belgicapress)

 

 

    Un article similaire de L'Étoile belge,
du 3 octobre 1924 :

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Antoinismus (Luxemburger Wort, 6. April 1927)(eluxemburgensia.lu)

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Antoinismus (Luxemburger Wort, 6. April 1927)(eluxemburgensia.lu)

    Esch a. d. Alz., 6. April. Hr. N. Wagner bittet uns um Aufnahne folgender Zeilen: 1. Es ist nicht wahr, daß die Heiler des Antoinismus durch Suggestion heilen. 2. Wagner führt weder Heilmittel bei sich, noch verordnet er solche. 3. Die Operationen sind voll und ganz gratis. Die Mitglieder des Antoinistischen Vereins bezahlen einen Mitgliedsbeitrag von zwanzig Franken pro Jahr. –

Luxemburger Wort, 6. April 1927 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :

    Esch-sur-Alzette, le 6 avril. M. N. Wagner nous prie d'enregistrer les lignes suivantes : 1. il n'est pas vrai que les guérisseurs de l'antoinisme guérissent par suggestion. 2. Wagner ne porte pas de médicaments sur lui et n'en prescrit pas. 3. Les opérations sont entièrement gratuites. Les membres de l'association antoiniste paient une cotisation de vingt francs par an. –

Luxemburger Wort, 6 avril 1927 (source : eluxemburgensia.lu)

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Esch a. d. Ulz. - Antoinisten (Obermosel-Zeitung, 30. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Esch a. d. Ulz. - Antoinisten (Obermosel-Zeitung, 30. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

     Esch a. d. Alz., 29. Sept. Hier hat sich eine sogenannte Antoinisten-Vereinigung gebildet, in deren Studienzirkel, der bekannte wegen Kurpfuscherei vom Gericht verurteilte Wunderdoktor Vorträge über seine Lehre: Liebe, Gedächtnis, Gewissen, Glauben und Vertrauen hält. Diese Vorträge werden sich bald auf Spiritismus, Geistererscheinung, Erwecken vom Tode zum Leben, Enthauptungen und dergl. noch mehr. ausdehnen. Die Antoinisten tragen sich mit dem Gedanken, in Esch einen Tempel zu errichten.

    Esch a. d. Alz., 29. Sept. In der Gemeinderatssitzung vom 27. September waren anwesend die Mitglieder der sozialistischen Majorität. 1) Im Einlauf befindet sich ein Schreiben der Societe luxembourgeoise d'hygiene sociale et scolaire, sowie ein solches der Eicher Antoinisten, die um die Erlaubnis anfragen, in Esch einen Tempel errichten zu dürfen, sowie in ihrem Versammlungssaal eine Sammelbüchse anzubringen, zwecks Kollektierung der zu diesem Tempelbau nötigen Gelder. – Herr Wilhelm erklärt, da hierzulande Kultusfreiheit besteht könne man diese Erlaubnis nicht verweigern. Sodann gibt der Herr Bürgermeister eine Reihe von Erklärungen ab. Trotzdem die Regierung die vom Gemeinderat für die Gesellschaften votierten Kredite nicht genehmigt hat, hält der Gemeinderat diese Kredite aufrecht.

Obermosel-Zeitung, 30. September 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :
    Le premier article est une reproduction de l’article publié la veille par le Escher Tageblatt.

    Esch-sur-l'Alzette, 29 septembre. Lors de la séance du conseil communal du 27 septembre, les membres de la majorité socialiste étaient présents. 1) A l'entrée se trouve une lettre de la Société luxembourgeoise d'hygiène sociale et scolaire, ainsi qu'une lettre des antoinistes d'Esch, qui demandent l'autorisation d'ériger un temple à Esch et d'installer une boîte de don dans leur salle de réunion, en vue de collecter les fonds nécessaires à la construction de ce temple. – Monsieur Wilhelm explique qu'étant donné que la liberté de culte existe dans notre pays, on ne peut pas refuser cette autorisation. Monsieur le bourgmestre fait ensuite une série d'explications. Bien que le gouvernement n'ait pas approuvé les crédits votés par le conseil communal pour les sociétés, le conseil communal maintient ces crédits.

Obermosel-Zeitung, 30 septembre 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

    cf. également l'article du journal Arme Teufel.

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Nicolas Wagner (La Libre Belgique, 5 avril 1927)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Nicolas Wagner (La Libre Belgique, 5 avril 1927)(Belgicapress)

    – On arrête en Lorraine un guérisseur « antoiniste ». – Metz, 4 :
    Un cabaretier d'Esch-sur-Alzette, nommé Nicolas Wagner, faisait, dans la région de Nilvange, de fréquentes visites qui attirèrent l'attention des autorités françaises. Il vient d'être arrêté à Nilvange dans une cuisine où il donnait ses consultations ; il a été trouvé porteur d'un carnet sur lequel étaient inscrits 450 noms de personnes de la région.
    Wagner appartient à la secte « antoiniste ». Il prétendait guérir ses malades par la suggestion et par des remèdes bizarres : ses clients lui versaient 20 francs par consultation.

La Libre Belgique, 5 avril 1927 (source : Belgicapress)

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Kuriose Vereinigung (Escher Tageblatt, 29. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Kuriose Vereinigung (Escher Tageblatt, 29. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

Aus dem Escher Bassin

    Elch-Alzette, den 29. September 1924.
    – K u r i o s e  V e r e i n i g u n g. Hier hat sich eine sogenannte Antoinisten-Vereinigung gebildet, in deren Studienzirkel, der bekannte wegen Kurpfuscherei vom Gericht verurteilte Wunderdoktor Vorträge über seine Lehre: Liebe, Gedächtnis, Gewissen, Glauben und Vertrauen hält. Diese Vorträge werden sich bald auf Spiritismus, Geistererscheinung, Erwecken vom Tode zum Leben, Enthauptungen und dergl. noch mehr ausdehnen. Die Antoinisten tragen sich mit dem Gedanken, in Esch einen Tempel zu errichten.

Escher Tageblatt, 29. September 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :

   Depuis le bassin d'Esch

    Elch-Alzette, le 29 septembre 1924.
    – C u r i e u s e  a s s o c i a t i o n. Il s'est formé ici une association dite antoiniste, dans le cercle d'études de laquelle le célèbre docteur miracle, condamné par le tribunal pour avoir pratiqué des soins curatifs, donne des conférences sur sa doctrine : amour, pensée, conscience, croyance et foi. Ces conférences s'étendront bientôt au spiritisme, aux apparitions d'esprits, au retour de la mort à la vie, à la décapitation et à d'autres sujets similaires. Les antoinistes envisagent d'ériger un temple à Esch.

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Le nouveau thaumaturge (L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Le nouveau thaumaturge (L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)

Le nouveau thaumaturge

    Le Luxembourg, décidément, semble appelé à de hautes destinées. Déjà nous avons notre thaumaturge, et le bruit de ses miracles, après s'être répandu dans le Grand-Duché, a passé la frontière et attire une foule de pèlerins animés d'un souffle insoupçonné de foi et d'espérance.
    Tout est étonnant dans ce phénomène extraordinaire. S'il y a une ville dont les préoccupations matérialistes soient peu propices à l'éveil de la folie mystique, c'est à coup sûr l'industrieuse métropole de notre bassin minier. Et pourtant c'est à Esch-sur-Alzette que le thaumaturge a élu son domicile et qu'il a réuni sa chapelle de fidèles. Son nom, dépouillé de tout prestige exotique, ne prête guère non plus à la transfiguration. Comment se faire passer pour un Messie, quand on s'appelle, comme le commun des mortels Nicolas Wagner, et quand, après avoir rempli les fonctions de chef de gare – voyez-vous un chef de gare fondateur d'une religion nouvelle ! – on en est réduit, par suite de l'inclémence des temps, à exercer le métier de mastroquet ? M. Nicolas Wagner est, en effet, cabaretier de profession.
    Poussé par la curiosité j'ai voulu assister à un des offices qui se tient tous les matins selon le rite antoiniste, dans une sorte d'arrière-boutique attenant au cabaret du guérisseur. Le débit de boissons que je traversais était bondé de clients et surtout de clientes qui attendaient impatiemment l'heure de l'office. Trois charmantes jeunes filles, les enfants du thaumaturge, servaient les boissons les plus variées. Une grande pancarte annonçait que ce jour-là il y avait des « poissons frits à toutes les heures ». Je pus à grand peine m'installer avec deux de mes amis au coin d'une table, et à cause de l'heure matinale je me fis servir une demi-bouteille d'eau minérale. Pendant que j'examinais les figures qui m'entouraient, des figures pâlottes, malingres et souffreteuses, et que j'écoutais les conversations où il n'était question que de guérisons miraculeuses, un murmure soudain annonça l'entrée du thaumaturge.
    Comment les imagiers – et les hagiographes de l'avenir s'y prendront-ils pour faire à ce cabaretier, qui a bien la figure de son emploi, une tête d'apôtre ? Comment la ceindront-ils d'une auréole ? Autant rimer hallebarde et miséricorde ! C'est un bonhomme trapu et balourd, taillé à grands coups de serpe. On me présenta à lui. Ah, Monsieur, me dit-il, que n'êtes-vous venu la semaine dernière ? Vous auriez vu des miracles extraordinaires. Vous auriez vu une vieille dame d'Audun-le-Tiche qui était entrée toute percluse et paralytique, se trainant sur ses béquilles, et qui sortit d'ici, sans appui, toute droite, pleine de vigueur et de santé. L'ineffable candeur qui s'exprimait dans ces paroles et qui écartait tout soupçon de charlatanisme, se décelait dans tous ses gestes et dans tout son être.
    Mais voici que les portes du fond s'ouvrent. A l'instant la salle se vide et tout ce monde d'hallucinés se précipite dans le sanctuaire et se dispute les rangées de chaises qui entourent la chaire rudimentaire, ornée de dessins symboliques. Le thaumaturge y apparait à présent, sanglé jusqu'au menton dans une redingote sombre qui rehausse singulièrement son prestige. A voir alors ces têtes dolentes se tourner vers le guérisseur, dont ils attendaient leur salut dans un invincible élan de confiance, à sentir l'exaltation s'accroître sous l'influence des invocations de l'officiant qui, esquissant des gestes d'hypnotiseur, étendant sa main à droite et à gauche, et marmonnant en un français aussi amphigourique que rudimentaire, les principes de « l'unitif » du Père Antoine, maîtrisait impérieusement ces âmes simples d'hypocondres et d'infirmes, je n'ai pu me défendre, en dépit de mes préventions d'incurable sceptique, d'une certaine émotion. Et quand j'ai entendu après cette séance impressionnante de suggestion des masses l'apôtre préféré du thaumaturge, un robuste boulanger en bras de chemises, me vanter les bienfaits de cette religion nouvelle et m'affirmer que bientôt on fêterait dans le temple antoiniste que son « comité » propose d'ériger à Esch, le plus grand de tous les miracles, la guérison tant attendue de la propre femme du thaumaturge, laquelle est atteinte de cécité complète depuis vingt ans, je me suis demandé si le récent arrêt de notre Cour d'appel, qui condamna M. Wagner pour exercice illégal de la médecine, sera capable d'arrêter à la frontière cette nouvelle vague de mysticisme.

                                                                                     PANGLOSS.

L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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Le nouveau thaumaturge (L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Le nouveau thaumaturge (L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)

Le nouveau thaumaturge

    Le Luxembourg, décidément, semble appelé à de hautes destinées. Déjà nous avons notre thaumaturge, et le bruit de ses miracles, après s'être répandu dans le Grand-Duché, a passé la frontière et attire une foule de pèlerins animés d'un souffle insoupçonné de foi et d'espérance.
    Tout est étonnant dans ce phénomène extraordinaire. S'il y a une ville dont les préoccupations matérialistes soient peu propices à l'éveil de la folie mystique, c'est à coup sûr l'industrieuse métropole de notre bassin minier. Et pourtant c'est à Esch-sur-Alzette que le thaumaturge a élu son domicile et qu'il a réuni sa chapelle de fidèles. Son nom, dépouillé de tout prestige exotique, ne prête guère non plus à la transfiguration. Comment se faire passer pour un Messie, quand on s'appelle, comme le commun des mortels Nicolas Wagner, et quand, après avoir rempli les fonctions de chef de gare – voyez-vous un chef de gare fondateur d'une religion nouvelle ! – on en est réduit, par suite de l'inclémence des temps, à exercer le métier de mastroquet ? M. Nicolas Wagner est, en effet, cabaretier de profession.
    Poussé par la curiosité j'ai voulu assister à un des offices qui se tient tous les matins selon le rite antoiniste, dans une sorte d'arrière-boutique attenant au cabaret du guérisseur. Le débit de boissons que je traversais était bondé de clients et surtout de clientes qui attendaient impatiemment l'heure de l'office. Trois charmantes jeunes filles, les enfants du thaumaturge, servaient les boissons les plus variées. Une grande pancarte annonçait que ce jour-là il y avait des « poissons frits à toutes les heures ». Je pus à grand peine m'installer avec deux de mes amis au coin d'une table, et à cause de l'heure matinale je me fis servir une demi-bouteille d'eau minérale. Pendant que j'examinais les figures qui m'entouraient, des figures pâlottes, malingres et souffreteuses, et que j'écoutais les conversations où il n'était question que de guérisons miraculeuses, un murmure soudain annonça l'entrée du thaumaturge.
    Comment les imagiers – et les hagiographes de l'avenir s'y prendront-ils pour faire à ce cabaretier, qui a bien la figure de son emploi, une tête d'apôtre ? Comment la ceindront-ils d'une auréole ? Autant rimer hallebarde et miséricorde ! C'est un bonhomme trapu et balourd, taillé à grands coups de serpe. On me présenta à lui. Ah, Monsieur, me dit-il, que n'êtes-vous venu la semaine dernière ? Vous auriez vu des miracles extraordinaires. Vous auriez vu une vieille dame d'Audun-le-Tiche qui était entrée toute percluse et paralytique, se trainant sur ses béquilles, et qui sortit d'ici, sans appui, toute droite, pleine de vigueur et de santé. L'ineffable candeur qui s'exprimait dans ces paroles et qui écartait tout soupçon de charlatanisme, se décelait dans tous ses gestes et dans tout son être.
    Mais voici que les portes du fond s'ouvrent. A l'instant la salle se vide et tout ce monde d'hallucinés se précipite dans le sanctuaire et se dispute les rangées de chaises qui entourent la chaire rudimentaire, ornée de dessins symboliques. Le thaumaturge y apparait à présent, sanglé jusqu'au menton dans une redingote sombre qui rehausse singulièrement son prestige. A voir alors ces têtes dolentes se tourner vers le guérisseur, dont ils attendaient leur salut dans un invincible élan de confiance, à sentir l'exaltation s'accroître sous l'influence des invocations de l'officiant qui, esquissant des gestes d'hypnotiseur, étendant sa main à droite et à gauche, et marmonnant en un français aussi amphigourique que rudimentaire, les principes de « l'unitif » du Père Antoine, maîtrisait impérieusement ces âmes simples d'hypocondres et d'infirmes, je n'ai pu me défendre, en dépit de mes préventions d'incurable sceptique, d'une certaine émotion. Et quand j'ai entendu après cette séance impressionnante de suggestion des masses l'apôtre préféré du thaumaturge, un robuste boulanger en bras de chemises, me vanter les bienfaits de cette religion nouvelle et m'affirmer que bientôt on fêterait dans le temple antoiniste que son « comité » propose d'ériger à Esch, le plus grand de tous les miracles, la guérison tant attendue de la propre femme du thaumaturge, laquelle est atteinte de cécité complète depuis vingt ans, je me suis demandé si le récent arrêt de notre Cour d'appel, qui condamna M. Wagner pour exercice illégal de la médecine, sera capable d'arrêter à la frontière cette nouvelle vague de mysticisme.

                                                                                     PANGLOSS.

L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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Le thaumaturge d'Esch et le culte antoiniste (L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Le thaumaturge d'Esch et le culte antoiniste (L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924)(eluxemburgensia.lu)

Le thaumaturge d'Esch-sur-Alzette et le culte antoiniste

    Par un récent jugement de la Cour d'appel, celui qu'on nomme le thaumaturge d'Esch-sur-Alzette, M. Nic. Wagner, autrefois chef de gare à Weilerbach, actuellement cafetier à Esch-sur-Alzette, a été condamné pour exercice illégal de l'art de guérir. L'amende de 200 francs à laquelle il avait été condamné en première instance a été portée à mille francs.
    Dans ses considérants la Cour d'appel rappelle que la loi du 10 juillet 1901 considère comme exerçant illégalement l'art de guérir toute personne non munie des diplômes luxembourgeois autorisant à la pratique de la médecine qui traite des malades ou prend part à ce traitement, sauf le cas d'urgence avérée. Beaucoup de personnes s'imaginent qu'un profane qui exerce l'art de guérir ne devient passible d'une peine que s'il se fait rétribuer pour les services qu'il rend à l'humanité souffrante et s'il administre à ses malades des médicaments et de prétendues panacées. Un de nos confrères avait même accusé le guérisseur d'Esch-sur-Alzette de s'enrichir aux dépens de ses clients. M. Nic. Wagner avait protesté énergiquement, on s'en souvient, contre cette accusation, et, de fait, l'instruction n'a pu retenir aucun fait probant qui ait pu confirmer ce soupçon. Une de ses clientes qui se disait miraculeusement guérie d'une sorte de lupus que les médecins auraient désespéré de guérir, a bien déclaré que dans sa gratitude elle était prête à céder à son sauveur toute sa fortune. Mais on ne saurait guère y voir qu'une de ces hyperboles qui échappent à un cœur débordant de joie et de reconnaissance.
    Aussi la Cour d'appel, pour venir au-devant de l'opinion erronée selon laquelle il n'y a délit pour un guérisseur que s'il y a eu rémunération, rappelle-t-elle expressément dans son jugement que la loi ne « subordonne l'existence de l'infraction qu'elle réprime ni au mode de traitement employé ni à l'administration d'un médicament même à titre gratuit. » Ce qui suffit au juge, c'est de constater que le but des pratiques auxquelles se livrait M. Wagner, était de guérir les malades ; c'est de fournir la preuve irrécusable que cet illuminé avait pris au pied de la lettre l'enseignement du catéchisme qui fait précisément de cette pratique charitable la vertu chrétienne par excellence.
    En quoi consistaient les pratiques du guérisseur ? « Pour faire impression sur les malades, dit un des considérants du jugement, il les introduit dans une chambre et les plaçant devant le portrait du père Antoine de Jemeppe dont il est un adepte fervent, il leur impose les mains pour faire passer dans leur corps le fluide guérisseur qu'il prétend posséder. Il leur recommande d'avoir une foi inébranlable en lui et en leur guérison, de prier avec ferveur pendant qu'il récite quelques principes de « l'unitif », code des Antoinistes dont il endosse parfois le costume.
    Qu'est-ce que le père Antoine et les Antoinistes dont M. Wagner semble avoir pris à tâche, d'après l'énoncé de ce jugement, de répandre le culte dans le Grand-Duché ? Nos lecteurs en ont entendu parler plus d'une fois. Tous les journaux de Paris, le mois dernier, ont parlé de la commémoration solennelle à Paris de la « désincarnation », c'est-à-dire de la mort du Père Antoine. Ce fut pour les Parisiens un spectacle inaccoutumé. Car si depuis le 25 juin 1913, date de la mort du Père Antoine, les anniversaires de la « désincarnation » ont toujours été célébrés à Jemeppe-sur-Meuse (Belgique) par des foules comparables à celle – 30.000 à 40.000 personnes – qui avait suivi le cercueil du Père, c'est pourtant pour la première fois que cette commémoration eut lieu à Paris. On la célébra dans le temple antoiniste, nouvellement construit, qui s'élève rue Vergniaud, temple minuscule précédé d'un jardin et dont le porche porte cette légende : « Le Père Antoine, le grand guérisseur de l'humanité pour celui qui a la foi. » A l'intérieur du temple, où se déroulait la cérémonie devant une foule compacte de frères et de sœurs en robe « révélée » et débordant jusque sur les deux trottoirs de la rue, un large carton affiche, écrite en grosse ronde, la copie du décret d'utilité publique obtenu du Gouvernement belge en 1910 et signé, à gauche : Masson, Ministre de la Justice, à droite, Albert, Roi.
    Mais si l'immense popularité dont jouissait le Père Antoine en Belgique aux environs de 1910 – époque où le guérisseur de Jemeppes recevait par jour 500 à 1200 malades et où des milliers de personnes déclaraient avoir été guéries par lui – valut aux adeptes des Antoinistes un décret d'utilité publique, ils furent énergiquement combattus par l'Eglise qui s'inquiétait d'autant plus des progrès de cette religion nouvelle que les zélateurs du culte nouveau opposaient triomphalement le nombre de leurs guérisons aux miracles de Lourdes. Il faut ajouter d'ailleurs que les incrédules furent aussi étonnés que les catholiques du succès obtenu par les prédications du guérisseur qui semblait avoir pris pour devise le mot du Christ : « C'est la foi seule qui sauve », devise qui est devenue d'ailleurs en Amérique celle des adeptes de la « Christian Science ». Eh quoi, entendait-on dire, est-ce donc un siècle de scepticisme que celui où l'on voit surgir aussi inopinément une foi nouvelle ?
    Quel est donc l'homme extraordinaire qui a pu produire un pareil miracle ? Louis Antoine, né à Mons, était simple ouvrier mineur, promu aux fonctions de chef-marteleur et plus tard – après un séjour de cinq ans en Pologne – d'encaisseur aux Forges et Cokeries Liégeoises. Par son travail et son économie, il avait gagné une petite fortune et il rêvait de grandes destinées pour son fils unique. La mort de celui-ci le décida à consacrer sa vie et sa fortune au soulagement de toutes les misères physiques et morales. Il quitta son travail et resta chez lui à la disposition des malades et de tous ceux qui étaient dans la peine. Le bruit de ses guérisons attirait chez lui des foules toujours grossissantes.
    Antoine était d'un désintéressement absolu et n'acceptait rien de ses malades. Il y avait jadis dans le temple qu'un adepte reconnaissant lui avait fait construire à Jemeppe, un tronc dans lequel les malades pouvaient déposer leur obole et dont le produit était intégralement distribué aux pauvres de Jemeppe. Ce tronc fut supprimé dans la suite, Antoine recommandant à ceux qui lui offraient de l'argent de choisir eux-mêmes les pauvres auxquels ils voulaient faire la charité. Lui-même avait donné en aumônes tout ce qu'il possédait. A peine lui restait-il de quoi vivre. Il vivait d'ailleurs comme un ascète. En végétarien convaincu il ne prenait ni viande ni œufs ni beurre ni lait. Il ne sortait jamais de la petite maison qu'il habitait à côté du temple de Jemeppe avec son admirable femme – la « Mère » qui continuait son œuvre après sa mort – et 2 orphelines qu'il avait recueillies, que pour se promener avec ses malades dans le jardin et pour monter en chaire. Deux fois aussi il en sortit pour comparaître devant le tribunal correctionnel et la cour d'appel du chef d'infraction à la loi sur l'art de guérir. Il fut d'ailleurs acquitté, et ses deux comparutions avaient donné lieu à de grandes manifestations populaires. C'était un Saint, et ainsi s'explique la prodigieuse influence morale qu'il exerçait sur tous ceux l'approchaient et suivaient ses enseignements.
    Quelles étaient, demandera-t-on, les croyances et les doctrines philosophiques d'Antoine ? Longtemps il avait été catholique fervent, et il a toujours eu un penchant au mysticisme. Etant enfant il quittait ses camarades de jeux pour entrer à l'Eglise. Dans la suite il s'est affranchi de toute croyance dogmatique pour s'attacher à une vague et mystique théosophie. Il croyait à la réincarnation. Chacun de nous porte, selon lui, la peine et la récompense de sa vie antérieure, doit travailler à son avancement moral, à son amélioration, doit se détacher de plus en plus de la matière pour mériter de devenir un pur esprit et se rapprocher de plus en plus de Dieu. Mais Antoine s'expliquait peu sur ses idées philosophiques, dit le journal la Meuse, auquel j'emprunte plusieurs de ces renseignements ; son enseignement était plutôt moral. Il prêchait le désintéressement, la résignation devant l'épreuve nécessaire, la charité, l'amour même de ses ennemis. Comme guérisseur il était persuadé que les maux du corps proviennent d'une imperfection de l'âme : c'est l'âme qu'il faut soigner et guérir de ses maux. Il ne demandait pas même aux malades le mal dont ils souffraient. En cela, notre thaumaturge luxembourgeois semble se conformer à son exemple.
    Avec une rapidité qui tient du prodige l'Antoinisme a, depuis la mort de son fondateur, étendu son influence spirituelle. La « Mère Antoine », sans compter les temples consacrés au culte du Père en Belgique, a inauguré en France plus de six temples antoinistes : à Vervins, à Tours, à Lyon, à Caudry, à Monaco, à Paris. Cette année deux autres doivent s'ouvrir, l'un à Aix-les-Bains, le second à Orange. Le nombre des fidèles, en Belgique et en France, s'élève à 700.000 selon les uns, à un million, selon les autres. Le nombre s'augmentera-t-il d'une phalange luxembourgeoise ou l'arrêt de notre Cour d'appel arrêtera-t-il à frontière cette nouvelle vague de mysticisme ?

                                                                                   LE CURIEUX.

L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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