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L'Antoinisme dans le Grand-Duché (Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924)(Belgicapress)

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L'Antoinisme dans le Grand-Duché (Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924)(Belgicapress)

L'« ANTOINISME » DANS LE GRAND-DUCHÉ
    L'« antoinisme » a fait son apparition dans le Grand-Duché. A Esch-sur-Alzette, où les antoinistes sont déjà nombreux, ceux-ci ont fondé un cercle d'études. Ils projettent même d'y construire un temple. En effet, le conseil municipal de la métropole minière a été saisi dans sa séance du 27 septembre, d'une requête de la communauté d'Esch, demandant l'autorisation d'ériger un temple et de faire, au cours de leurs réunions, des collectes destinées à rassembler les fonds nécessaires à cette construction. A cette occasion, le bourgmestre d'Esch, M. Wilhelm, a fait une déclaration suivant laquelle, la liberté du culte étant garantie, il n'existait aucun motif pour repousser cette demande.

Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924 (source : Belgicapress)

L'Antoinisme dans le Grand-Duché (Journal de Bruxelles, 3 octobre 1924)(Belgicapress)

 

 

    Un article similaire de L'Étoile belge,
du 3 octobre 1924 :

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Antoinismus (Luxemburger Wort, 6. April 1927)(eluxemburgensia.lu)

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Antoinismus (Luxemburger Wort, 6. April 1927)(eluxemburgensia.lu)

    Esch a. d. Alz., 6. April. Hr. N. Wagner bittet uns um Aufnahne folgender Zeilen: 1. Es ist nicht wahr, daß die Heiler des Antoinismus durch Suggestion heilen. 2. Wagner führt weder Heilmittel bei sich, noch verordnet er solche. 3. Die Operationen sind voll und ganz gratis. Die Mitglieder des Antoinistischen Vereins bezahlen einen Mitgliedsbeitrag von zwanzig Franken pro Jahr. –

Luxemburger Wort, 6. April 1927 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :

    Esch-sur-Alzette, le 6 avril. M. N. Wagner nous prie d'enregistrer les lignes suivantes : 1. il n'est pas vrai que les guérisseurs de l'antoinisme guérissent par suggestion. 2. Wagner ne porte pas de médicaments sur lui et n'en prescrit pas. 3. Les opérations sont entièrement gratuites. Les membres de l'association antoiniste paient une cotisation de vingt francs par an. –

Luxemburger Wort, 6 avril 1927 (source : eluxemburgensia.lu)

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Esch a. d. Ulz. - Antoinisten (Obermosel-Zeitung, 30. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Esch a. d. Ulz. - Antoinisten (Obermosel-Zeitung, 30. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

     Esch a. d. Alz., 29. Sept. Hier hat sich eine sogenannte Antoinisten-Vereinigung gebildet, in deren Studienzirkel, der bekannte wegen Kurpfuscherei vom Gericht verurteilte Wunderdoktor Vorträge über seine Lehre: Liebe, Gedächtnis, Gewissen, Glauben und Vertrauen hält. Diese Vorträge werden sich bald auf Spiritismus, Geistererscheinung, Erwecken vom Tode zum Leben, Enthauptungen und dergl. noch mehr. ausdehnen. Die Antoinisten tragen sich mit dem Gedanken, in Esch einen Tempel zu errichten.

    Esch a. d. Alz., 29. Sept. In der Gemeinderatssitzung vom 27. September waren anwesend die Mitglieder der sozialistischen Majorität. 1) Im Einlauf befindet sich ein Schreiben der Societe luxembourgeoise d'hygiene sociale et scolaire, sowie ein solches der Eicher Antoinisten, die um die Erlaubnis anfragen, in Esch einen Tempel errichten zu dürfen, sowie in ihrem Versammlungssaal eine Sammelbüchse anzubringen, zwecks Kollektierung der zu diesem Tempelbau nötigen Gelder. – Herr Wilhelm erklärt, da hierzulande Kultusfreiheit besteht könne man diese Erlaubnis nicht verweigern. Sodann gibt der Herr Bürgermeister eine Reihe von Erklärungen ab. Trotzdem die Regierung die vom Gemeinderat für die Gesellschaften votierten Kredite nicht genehmigt hat, hält der Gemeinderat diese Kredite aufrecht.

Obermosel-Zeitung, 30. September 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :
    Le premier article est une reproduction de l’article publié la veille par le Escher Tageblatt.

    Esch-sur-l'Alzette, 29 septembre. Lors de la séance du conseil communal du 27 septembre, les membres de la majorité socialiste étaient présents. 1) A l'entrée se trouve une lettre de la Société luxembourgeoise d'hygiène sociale et scolaire, ainsi qu'une lettre des antoinistes d'Esch, qui demandent l'autorisation d'ériger un temple à Esch et d'installer une boîte de don dans leur salle de réunion, en vue de collecter les fonds nécessaires à la construction de ce temple. – Monsieur Wilhelm explique qu'étant donné que la liberté de culte existe dans notre pays, on ne peut pas refuser cette autorisation. Monsieur le bourgmestre fait ensuite une série d'explications. Bien que le gouvernement n'ait pas approuvé les crédits votés par le conseil communal pour les sociétés, le conseil communal maintient ces crédits.

Obermosel-Zeitung, 30 septembre 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

    cf. également l'article du journal Arme Teufel.

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Nicolas Wagner (La Libre Belgique, 5 avril 1927)(Belgicapress)

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Nicolas Wagner (La Libre Belgique, 5 avril 1927)(Belgicapress)

    – On arrête en Lorraine un guérisseur « antoiniste ». – Metz, 4 :
    Un cabaretier d'Esch-sur-Alzette, nommé Nicolas Wagner, faisait, dans la région de Nilvange, de fréquentes visites qui attirèrent l'attention des autorités françaises. Il vient d'être arrêté à Nilvange dans une cuisine où il donnait ses consultations ; il a été trouvé porteur d'un carnet sur lequel étaient inscrits 450 noms de personnes de la région.
    Wagner appartient à la secte « antoiniste ». Il prétendait guérir ses malades par la suggestion et par des remèdes bizarres : ses clients lui versaient 20 francs par consultation.

La Libre Belgique, 5 avril 1927 (source : Belgicapress)

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Kuriose Vereinigung (Escher Tageblatt, 29. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Kuriose Vereinigung (Escher Tageblatt, 29. September 1924)(eluxemburgensia.lu)

Aus dem Escher Bassin

    Elch-Alzette, den 29. September 1924.
    – K u r i o s e  V e r e i n i g u n g. Hier hat sich eine sogenannte Antoinisten-Vereinigung gebildet, in deren Studienzirkel, der bekannte wegen Kurpfuscherei vom Gericht verurteilte Wunderdoktor Vorträge über seine Lehre: Liebe, Gedächtnis, Gewissen, Glauben und Vertrauen hält. Diese Vorträge werden sich bald auf Spiritismus, Geistererscheinung, Erwecken vom Tode zum Leben, Enthauptungen und dergl. noch mehr ausdehnen. Die Antoinisten tragen sich mit dem Gedanken, in Esch einen Tempel zu errichten.

Escher Tageblatt, 29. September 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :

   Depuis le bassin d'Esch

    Elch-Alzette, le 29 septembre 1924.
    – C u r i e u s e  a s s o c i a t i o n. Il s'est formé ici une association dite antoiniste, dans le cercle d'études de laquelle le célèbre docteur miracle, condamné par le tribunal pour avoir pratiqué des soins curatifs, donne des conférences sur sa doctrine : amour, pensée, conscience, croyance et foi. Ces conférences s'étendront bientôt au spiritisme, aux apparitions d'esprits, au retour de la mort à la vie, à la décapitation et à d'autres sujets similaires. Les antoinistes envisagent d'ériger un temple à Esch.

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Le nouveau thaumaturge (L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Le nouveau thaumaturge (L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924)(eluxemburgensia.lu)

Le nouveau thaumaturge

    Le Luxembourg, décidément, semble appelé à de hautes destinées. Déjà nous avons notre thaumaturge, et le bruit de ses miracles, après s'être répandu dans le Grand-Duché, a passé la frontière et attire une foule de pèlerins animés d'un souffle insoupçonné de foi et d'espérance.
    Tout est étonnant dans ce phénomène extraordinaire. S'il y a une ville dont les préoccupations matérialistes soient peu propices à l'éveil de la folie mystique, c'est à coup sûr l'industrieuse métropole de notre bassin minier. Et pourtant c'est à Esch-sur-Alzette que le thaumaturge a élu son domicile et qu'il a réuni sa chapelle de fidèles. Son nom, dépouillé de tout prestige exotique, ne prête guère non plus à la transfiguration. Comment se faire passer pour un Messie, quand on s'appelle, comme le commun des mortels Nicolas Wagner, et quand, après avoir rempli les fonctions de chef de gare – voyez-vous un chef de gare fondateur d'une religion nouvelle ! – on en est réduit, par suite de l'inclémence des temps, à exercer le métier de mastroquet ? M. Nicolas Wagner est, en effet, cabaretier de profession.
    Poussé par la curiosité j'ai voulu assister à un des offices qui se tient tous les matins selon le rite antoiniste, dans une sorte d'arrière-boutique attenant au cabaret du guérisseur. Le débit de boissons que je traversais était bondé de clients et surtout de clientes qui attendaient impatiemment l'heure de l'office. Trois charmantes jeunes filles, les enfants du thaumaturge, servaient les boissons les plus variées. Une grande pancarte annonçait que ce jour-là il y avait des « poissons frits à toutes les heures ». Je pus à grand peine m'installer avec deux de mes amis au coin d'une table, et à cause de l'heure matinale je me fis servir une demi-bouteille d'eau minérale. Pendant que j'examinais les figures qui m'entouraient, des figures pâlottes, malingres et souffreteuses, et que j'écoutais les conversations où il n'était question que de guérisons miraculeuses, un murmure soudain annonça l'entrée du thaumaturge.
    Comment les imagiers – et les hagiographes de l'avenir s'y prendront-ils pour faire à ce cabaretier, qui a bien la figure de son emploi, une tête d'apôtre ? Comment la ceindront-ils d'une auréole ? Autant rimer hallebarde et miséricorde ! C'est un bonhomme trapu et balourd, taillé à grands coups de serpe. On me présenta à lui. Ah, Monsieur, me dit-il, que n'êtes-vous venu la semaine dernière ? Vous auriez vu des miracles extraordinaires. Vous auriez vu une vieille dame d'Audun-le-Tiche qui était entrée toute percluse et paralytique, se trainant sur ses béquilles, et qui sortit d'ici, sans appui, toute droite, pleine de vigueur et de santé. L'ineffable candeur qui s'exprimait dans ces paroles et qui écartait tout soupçon de charlatanisme, se décelait dans tous ses gestes et dans tout son être.
    Mais voici que les portes du fond s'ouvrent. A l'instant la salle se vide et tout ce monde d'hallucinés se précipite dans le sanctuaire et se dispute les rangées de chaises qui entourent la chaire rudimentaire, ornée de dessins symboliques. Le thaumaturge y apparait à présent, sanglé jusqu'au menton dans une redingote sombre qui rehausse singulièrement son prestige. A voir alors ces têtes dolentes se tourner vers le guérisseur, dont ils attendaient leur salut dans un invincible élan de confiance, à sentir l'exaltation s'accroître sous l'influence des invocations de l'officiant qui, esquissant des gestes d'hypnotiseur, étendant sa main à droite et à gauche, et marmonnant en un français aussi amphigourique que rudimentaire, les principes de « l'unitif » du Père Antoine, maîtrisait impérieusement ces âmes simples d'hypocondres et d'infirmes, je n'ai pu me défendre, en dépit de mes préventions d'incurable sceptique, d'une certaine émotion. Et quand j'ai entendu après cette séance impressionnante de suggestion des masses l'apôtre préféré du thaumaturge, un robuste boulanger en bras de chemises, me vanter les bienfaits de cette religion nouvelle et m'affirmer que bientôt on fêterait dans le temple antoiniste que son « comité » propose d'ériger à Esch, le plus grand de tous les miracles, la guérison tant attendue de la propre femme du thaumaturge, laquelle est atteinte de cécité complète depuis vingt ans, je me suis demandé si le récent arrêt de notre Cour d'appel, qui condamna M. Wagner pour exercice illégal de la médecine, sera capable d'arrêter à la frontière cette nouvelle vague de mysticisme.

                                                                                     PANGLOSS.

L'Indépendance luxembourgeoise, 23 octobre 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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Le thaumaturge d'Esch et le culte antoiniste (L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Le thaumaturge d'Esch et le culte antoiniste (L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924)(eluxemburgensia.lu)

Le thaumaturge d'Esch-sur-Alzette et le culte antoiniste

    Par un récent jugement de la Cour d'appel, celui qu'on nomme le thaumaturge d'Esch-sur-Alzette, M. Nic. Wagner, autrefois chef de gare à Weilerbach, actuellement cafetier à Esch-sur-Alzette, a été condamné pour exercice illégal de l'art de guérir. L'amende de 200 francs à laquelle il avait été condamné en première instance a été portée à mille francs.
    Dans ses considérants la Cour d'appel rappelle que la loi du 10 juillet 1901 considère comme exerçant illégalement l'art de guérir toute personne non munie des diplômes luxembourgeois autorisant à la pratique de la médecine qui traite des malades ou prend part à ce traitement, sauf le cas d'urgence avérée. Beaucoup de personnes s'imaginent qu'un profane qui exerce l'art de guérir ne devient passible d'une peine que s'il se fait rétribuer pour les services qu'il rend à l'humanité souffrante et s'il administre à ses malades des médicaments et de prétendues panacées. Un de nos confrères avait même accusé le guérisseur d'Esch-sur-Alzette de s'enrichir aux dépens de ses clients. M. Nic. Wagner avait protesté énergiquement, on s'en souvient, contre cette accusation, et, de fait, l'instruction n'a pu retenir aucun fait probant qui ait pu confirmer ce soupçon. Une de ses clientes qui se disait miraculeusement guérie d'une sorte de lupus que les médecins auraient désespéré de guérir, a bien déclaré que dans sa gratitude elle était prête à céder à son sauveur toute sa fortune. Mais on ne saurait guère y voir qu'une de ces hyperboles qui échappent à un cœur débordant de joie et de reconnaissance.
    Aussi la Cour d'appel, pour venir au-devant de l'opinion erronée selon laquelle il n'y a délit pour un guérisseur que s'il y a eu rémunération, rappelle-t-elle expressément dans son jugement que la loi ne « subordonne l'existence de l'infraction qu'elle réprime ni au mode de traitement employé ni à l'administration d'un médicament même à titre gratuit. » Ce qui suffit au juge, c'est de constater que le but des pratiques auxquelles se livrait M. Wagner, était de guérir les malades ; c'est de fournir la preuve irrécusable que cet illuminé avait pris au pied de la lettre l'enseignement du catéchisme qui fait précisément de cette pratique charitable la vertu chrétienne par excellence.
    En quoi consistaient les pratiques du guérisseur ? « Pour faire impression sur les malades, dit un des considérants du jugement, il les introduit dans une chambre et les plaçant devant le portrait du père Antoine de Jemeppe dont il est un adepte fervent, il leur impose les mains pour faire passer dans leur corps le fluide guérisseur qu'il prétend posséder. Il leur recommande d'avoir une foi inébranlable en lui et en leur guérison, de prier avec ferveur pendant qu'il récite quelques principes de « l'unitif », code des Antoinistes dont il endosse parfois le costume.
    Qu'est-ce que le père Antoine et les Antoinistes dont M. Wagner semble avoir pris à tâche, d'après l'énoncé de ce jugement, de répandre le culte dans le Grand-Duché ? Nos lecteurs en ont entendu parler plus d'une fois. Tous les journaux de Paris, le mois dernier, ont parlé de la commémoration solennelle à Paris de la « désincarnation », c'est-à-dire de la mort du Père Antoine. Ce fut pour les Parisiens un spectacle inaccoutumé. Car si depuis le 25 juin 1913, date de la mort du Père Antoine, les anniversaires de la « désincarnation » ont toujours été célébrés à Jemeppe-sur-Meuse (Belgique) par des foules comparables à celle – 30.000 à 40.000 personnes – qui avait suivi le cercueil du Père, c'est pourtant pour la première fois que cette commémoration eut lieu à Paris. On la célébra dans le temple antoiniste, nouvellement construit, qui s'élève rue Vergniaud, temple minuscule précédé d'un jardin et dont le porche porte cette légende : « Le Père Antoine, le grand guérisseur de l'humanité pour celui qui a la foi. » A l'intérieur du temple, où se déroulait la cérémonie devant une foule compacte de frères et de sœurs en robe « révélée » et débordant jusque sur les deux trottoirs de la rue, un large carton affiche, écrite en grosse ronde, la copie du décret d'utilité publique obtenu du Gouvernement belge en 1910 et signé, à gauche : Masson, Ministre de la Justice, à droite, Albert, Roi.
    Mais si l'immense popularité dont jouissait le Père Antoine en Belgique aux environs de 1910 – époque où le guérisseur de Jemeppes recevait par jour 500 à 1200 malades et où des milliers de personnes déclaraient avoir été guéries par lui – valut aux adeptes des Antoinistes un décret d'utilité publique, ils furent énergiquement combattus par l'Eglise qui s'inquiétait d'autant plus des progrès de cette religion nouvelle que les zélateurs du culte nouveau opposaient triomphalement le nombre de leurs guérisons aux miracles de Lourdes. Il faut ajouter d'ailleurs que les incrédules furent aussi étonnés que les catholiques du succès obtenu par les prédications du guérisseur qui semblait avoir pris pour devise le mot du Christ : « C'est la foi seule qui sauve », devise qui est devenue d'ailleurs en Amérique celle des adeptes de la « Christian Science ». Eh quoi, entendait-on dire, est-ce donc un siècle de scepticisme que celui où l'on voit surgir aussi inopinément une foi nouvelle ?
    Quel est donc l'homme extraordinaire qui a pu produire un pareil miracle ? Louis Antoine, né à Mons, était simple ouvrier mineur, promu aux fonctions de chef-marteleur et plus tard – après un séjour de cinq ans en Pologne – d'encaisseur aux Forges et Cokeries Liégeoises. Par son travail et son économie, il avait gagné une petite fortune et il rêvait de grandes destinées pour son fils unique. La mort de celui-ci le décida à consacrer sa vie et sa fortune au soulagement de toutes les misères physiques et morales. Il quitta son travail et resta chez lui à la disposition des malades et de tous ceux qui étaient dans la peine. Le bruit de ses guérisons attirait chez lui des foules toujours grossissantes.
    Antoine était d'un désintéressement absolu et n'acceptait rien de ses malades. Il y avait jadis dans le temple qu'un adepte reconnaissant lui avait fait construire à Jemeppe, un tronc dans lequel les malades pouvaient déposer leur obole et dont le produit était intégralement distribué aux pauvres de Jemeppe. Ce tronc fut supprimé dans la suite, Antoine recommandant à ceux qui lui offraient de l'argent de choisir eux-mêmes les pauvres auxquels ils voulaient faire la charité. Lui-même avait donné en aumônes tout ce qu'il possédait. A peine lui restait-il de quoi vivre. Il vivait d'ailleurs comme un ascète. En végétarien convaincu il ne prenait ni viande ni œufs ni beurre ni lait. Il ne sortait jamais de la petite maison qu'il habitait à côté du temple de Jemeppe avec son admirable femme – la « Mère » qui continuait son œuvre après sa mort – et 2 orphelines qu'il avait recueillies, que pour se promener avec ses malades dans le jardin et pour monter en chaire. Deux fois aussi il en sortit pour comparaître devant le tribunal correctionnel et la cour d'appel du chef d'infraction à la loi sur l'art de guérir. Il fut d'ailleurs acquitté, et ses deux comparutions avaient donné lieu à de grandes manifestations populaires. C'était un Saint, et ainsi s'explique la prodigieuse influence morale qu'il exerçait sur tous ceux l'approchaient et suivaient ses enseignements.
    Quelles étaient, demandera-t-on, les croyances et les doctrines philosophiques d'Antoine ? Longtemps il avait été catholique fervent, et il a toujours eu un penchant au mysticisme. Etant enfant il quittait ses camarades de jeux pour entrer à l'Eglise. Dans la suite il s'est affranchi de toute croyance dogmatique pour s'attacher à une vague et mystique théosophie. Il croyait à la réincarnation. Chacun de nous porte, selon lui, la peine et la récompense de sa vie antérieure, doit travailler à son avancement moral, à son amélioration, doit se détacher de plus en plus de la matière pour mériter de devenir un pur esprit et se rapprocher de plus en plus de Dieu. Mais Antoine s'expliquait peu sur ses idées philosophiques, dit le journal la Meuse, auquel j'emprunte plusieurs de ces renseignements ; son enseignement était plutôt moral. Il prêchait le désintéressement, la résignation devant l'épreuve nécessaire, la charité, l'amour même de ses ennemis. Comme guérisseur il était persuadé que les maux du corps proviennent d'une imperfection de l'âme : c'est l'âme qu'il faut soigner et guérir de ses maux. Il ne demandait pas même aux malades le mal dont ils souffraient. En cela, notre thaumaturge luxembourgeois semble se conformer à son exemple.
    Avec une rapidité qui tient du prodige l'Antoinisme a, depuis la mort de son fondateur, étendu son influence spirituelle. La « Mère Antoine », sans compter les temples consacrés au culte du Père en Belgique, a inauguré en France plus de six temples antoinistes : à Vervins, à Tours, à Lyon, à Caudry, à Monaco, à Paris. Cette année deux autres doivent s'ouvrir, l'un à Aix-les-Bains, le second à Orange. Le nombre des fidèles, en Belgique et en France, s'élève à 700.000 selon les uns, à un million, selon les autres. Le nombre s'augmentera-t-il d'une phalange luxembourgeoise ou l'arrêt de notre Cour d'appel arrêtera-t-il à frontière cette nouvelle vague de mysticisme ?

                                                                                   LE CURIEUX.

L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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Esch s. Alzette (Esch et ses usines, 1925)(gallica)

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Esch s. Alzette - Rue Adolphe-Emile (salle du culte antoiniste)(Esch et ses usines, 1925)(gallica)

À gauche, entouré en rouge, l'emplacement de la salle du culte antoiniste, Rue Adolphe-Emile.

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L'antoinisme dans nos campagnes (L'Indépendance luxembourgeoise, 14 février 1924)(eluxemburgensia.lu)

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L'antoinisme dans nos campagnes (L'Indépendance luxembourgeoise, 14 février 1924)(eluxemburgensia.lu)

 L'antoinisme dans nos campagnes

    Dans un récent numéro nous avons indiqué, très brièvement d'ailleurs, les progrès que la secte dite des Antoinistes fait dans nos campagnes.
    Il intéressera peut-être les lecteurs de ce journal de lire les détails que donne sur cette secte et sur son fondateur, un récent numéro d'un de nos confrères de la région viticole.
    Louis Antoine, surnommé le Guérisseur est devenu en Belgique un homme célèbre. Il affirme avoir découvert un remède universel pour toutes les maladies du corps et de l'âme. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que son nom ait franchi les frontières de son pays et qu'il ait trouvé des adeptes, jusque dans notre paisible vallée de la Sûre. Il est donc intéressant d'examiner de plus près et d'après les documents originaux, la naissance et le développement de ce nouvel évangile. Louis Antoine est né en 1846 à Mons-Crotteux. Fils de mineur, il descendait dans la fosse à l'âge de 12 ans déjà. Il devint ensuite ouvrier de chemin de fer et voyagea en Allemagne. Rien ne faisait prévoir à ce moment là, la mission à laquelle il serait plus tard appelé. Il se maria, eut un fils. Sa santé laissait à désirer. Il resta un fidèle catholique jusqu'à l'âge de 42 ans et un de ses disciples écrivait même : « Il aimait à se recueillir profondément et à élever son cœur vers Dieu. »
    Vers la fin du siècle dernier, le spiritisme subit en diverses régions de Belgique, un nouvel essor. Un petit cercle spirite fut créé à Jemeppe. Antoine qui avait eu la douleur de perdre son fils à l'âge de vingt ans, en fit partie. Il avait entendu dire que le spiritisme permet aux vivants d'entrer en relations avec les morts, auxquels des liens étroits les ont relié. En compagnie de sa femme, il fréquentait assidument ces séances. Un soir, ils entendirent la voix lointaine de leur fils mort, leur annoncer que son âme avait trouvé le repos dans le corps d'un apothicaire parisien. Les parents désolés étaient consolés.
    Antoine pénétra de plus en plus dans les arcanes du spiritisme ; peu à peu, il parvint à réunir autour de lui, un groupe de fidèles auxquels il avait su persuader qu'il était en communications constantes avec le monde des esprits. De temps à autres, il publiait, sous forme d'encicliques, d'étranges nouvelles des sphères supra-terrestres.
    Un peu plus tard les esprits furent négligés ; Antoine se posa en guérisseur et ses cures trouvèrent un accueil inespéré, surtout chez les femmes. Ses premières clientes, charmées par son allure énigmatique, le vantèrent partout comme un saint et comme le sauveur de l'humanité De tous côtés, les malades et les curieux accoururent et l'on parlait en termes voilés, de guérisons miraculeuses. Certain de son succès, Antoine se détacha du spiritisme et exerça dès lors son art en son propre nom. Ceci se passait en 1906. Antoine ne possédait qu'une culture élémentaire, mais il connaissait le peuple et connaissait son respect craintif pour l'art médical contenu dans des fioles de médicaments. « Le médecin doit prescrire quelque chose. » Les flacons du thaumaturge belge ne contenaient que de l'eau claire, mais il introduisait dans celle-ci un fluide magnétique, adapté aux diverses maladies et à leurs manifestations. Lorsqu'un étranger arrivait en ce temps-là à Jemeppe, il ne pouvait comprendre pourquoi, de toute part, accouraient des gens à l'air malade, munis de récipients variés remplis d'eau, et prêts à recevoir le fluide qui guérissait tout.
    Toutefois, le fait de magnétiser tous ces récipients, était une chose fatigante. L'art d'Antoine entra dans une phase nouvelle. Il reporta son pouvoir magnétique sur de petits morceaux de papier. Le malade recevait un de ces bouts de papier miraculeux ; arrivé à la maison il le plongeait dans un verre d'eau qui devenait immédiatement capable de guérir. Plus tard, les morceaux de papier disparurent. Tout fut spiritualisé et il suffisait dorénavant qu'Antoine imposât les mains pour que la transmission du fluide fut possible. Celui qui avait la foi, guérissait.
    Certains jours, Antoine devait imposer les mains à plus de 50 personnes, tant le cercle de ses clients, s'était entendu. Les disciples du maître répandirent la nouvelle doctrine dans toutes les régions sous forme d'une petite brochure et enthousiasmèrent les foules.
    Malgré tout, l'art du prophète subissait parfois des éclipses, comme le montrent deux cas qui firent en ce temps-là beaucoup de bruit en Belgique. En 1907, un nommé Danges précipita sa femme dans la Meuse, alors en crue. La femme se noya. Deux jours plus tard, le meurtrier se présentait chez Antoine et demandait ce que sa femme était devenue. Le voyant, lui répondit aussitôt : « Encore deux jours, et votre femme vous écrira. »
    Une autre fois un homme gravement malade assista à une séance chez le thaumaturge. Il fut congédié avec la promesse d'être bientôt guéri. Cent pas plus loin, il tomba dans la rue et mourut sur le champ. On apporta le cadavre au prophète qui s'efforça, mais en vain, de faire agir son fluide régénérateur sur lui. Le mort se refusa opiniâtrement à revenir à la vie.
    Des bruits étonnants courent sur la merveilleuse activité des disciples d'Antoine. On cite le cas d'un paysan souffrant d'une maladie d'estomac et qui fut guérit de telle sorte qu'il peut maintenant s'enivrer. Un ouvrier souffre d'une maladie interne. Il reste à la maison et toutes les heures, il répète pendant dix minutes, suivant les instructions reçues : « Père Antoine, je crois que je guérirai. »
    Un adepte, arrivé après bien des détours dans l'Antoinisme, officie aujourd'hui en habits sacerdotaux comme prêtre antoiniste. Il a déclaré un jour : « Si je pouvais entrer dans les maisons de santé et imposer les mains aux malades, je leur rendrais à tous la raison. »
    Si un de ces malades imaginaires peut un jour rentrer chez lui avec la joyeuse conviction d'être de nouveau bien portant, un « médecin malgré lui » de ce genre peut, d'un autre côté, faire beaucoup de mal. De telles cures empêchent parfois les malades de se rendre auprès du médecin. Lorsqu'ils le font, il est trop tard.

L'Indépendance luxembourgeoise, 14 février 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

 

    Cet article est la traduction de l’article Der Antoinismus, lui-même un condensé de la contribution d’André Kervyn.

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Le cas de Vagner (L'Est Républicain, 5 avril 1927)

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Le cas de Vagner

     LE CAS DE VAGNER
   aubergiste et guérisseur

    Metz, 4 avril. – M. Nicolas Vagner est un homme d’une cinquantaine d’années, exerçant, à Esch-sur-Alzette (Luxembourg), la démocratique profession d’aubergiste et jouissant dans le Grand-Duché d’une véritable célébrité. A la vérité, cette célébrité n’a rien de commun avec la vente des spiritueux à laquelle se livre Vagner depuis de nombreuses années. Elle lui vient du fait qu’il est guérisseur et il est devenu guérisseur parce qu’il est antoiniste.
    L’antoinisme, vous le savez, est une petite religion nouvelle, née en Belgique croyons-nous, assez répandue dans le nord de la France et ayant conquis des adeptes dans les régions industrielles et minières du Luxembourg. De ces adeptes, le débitant Vagner fut un des premiers. Il est un des plus zélés et ces deux qualités lui ont fait attribuer le titre de président de l’association antoiniste d’Est, ce qui, d’après lui, est quelque chose comme archiprêtre ou évêque.
    L’antoinisme est une religion pour personnes pratiques, puisqu’elle prétend guérir les corps de leurs maux en même temps qu’elle expurge les âmes de leurs péchés et débarrasse les hommes, et aussi les femmes, de leurs vices.
    Le père Vagner, comme on l’appelle familièrement à Esch, digne émule du père Antoine, fondateur de la secte, a soif de dévouement et s’attache à faire des prosélytes. Il y mit tant d’ardeur que les autorités judiciaires luxembourgeoises lui cherchèrent querelle a un moment donné et le trainèrent devant le tribunal qui lui infligea une amende pour exercice illégal de la médecine sous prétexte que pour guérir les corps il prescrivait à ses fidèles l’usage de remèdes bénins.
    Mais depuis longtemps les autorités luxembourgeoises se sont rendues compte que le pontife guérisseur n’est pas bien dangereux pour les malades et elles se désintéressent de lui.
    Cependant, le père Vagner pensa que les Lorrains étaient, autant que les Luxembourgeois, dignes de ses soins spirituels et matériels et il vint dans la région de Thionville prêcher la religion nouvelle. Ce n’est pas un missionnaire comme les autres que l’aubergiste antoiniste. Il commença par donner des soins à quelques malades qui, sans doute, ne s’en trouvèrent pas mal puisque sa réputation de science s’étendit vite sur Hayange, Knutange, Algrange, Nilvange et environs.
    Le père Vagner établit son cabinet da consultations et son confessionnal chez un nommé Trost, 103, rue de Casatelnau, à Nilvange, et les visites affluèrent. Elles affluèrent si bien que la gendarmerie voulut connaitre le nouveau médecin et eut l’indiscrétion de lui demander des diplômes qu’il ne put montrer pour l’excellente raison qu’il n’a jamais usé ses pantalons sur les bancs d’une quelconque école de médecine.
    Sans se soucier des protestations des clients de l’apôtre, sans craindre la colère du Dieu dont se réclame le père Vagner, les gendarmes l’arrêtèrent et l’amenèrent à Metz, où il fut confié aux bons soins de M. le juge d’instruction Pagniez.
    En même temps que le guérisseur, les représentants de la loi amenaient ses registres, car l’aubergiste antoiniste guérisseur a de l’ordre et tient une comptabilité que pourraient lui envier bon nombre de commerçants. Sur son livre-journal figurent les noms et adresses de 450 personnes ayant reçu une carte d’antoiniste, moyennant 20 francs, et des soins médicaux par dessus le marché.
    Car M. Nicolas Vagner affirme qu’il ne se fait pas payer pour soigner les corps. Lorsqu’une personne, attirée par sa réelle réputation de guérisseur, vient solliciter ses services, il lui fait d’abord une petite causerie sur l’antoinisme. Si la grâce opère en elle, elle reçoit, en échange de 20 francs, une belle carte bleue lui donnant la qualité d’antoiniste et le droit de recourir aux bons offices du guérisseur pendant un an. Etant ainsi en règle, le visiteur expose son cas, fait connaitre le siège des douleurs dont il se plaint. Comme remèdes, le père Vagner prescrit la foi et l’amour de Dieu. Il prescrit aussi, car il faut bien, comme il le dit, frapper l’imagination, quelques médicaments inoffensifs rentrant dans la catégorie des remèdes de bonne femme, dont au surplus, personne n’eut jamais à se plaindre. Quant à ceux qui ne veulent pas entrer dans le giron de la nouvelle Eglise, le guérisseur les renvoie tout bonnement aux médecins ordinaires, à ceux qui ont fait des études.
    Mais les 20 francs, qu’en fait-il ? allez-vous demander, car vous êtes curieux comme des juges d’instruction. Ce faisant, vous ne gênerez pas du tout l’aubergiste pontife qui vous répondra : une partie des sommes ainsi recueillies sert à l’entretien de notre chapelle (qui se trouve, je crois bien, dans son arrière-boutique) et à l’exercice de notre culte. Le reste est, par nous, employé en bonnes œuvres. Et cette déclaration vous sera confirmée par les antoinistes d’Esch, si la fantaisie vous prend d’aller leur demander ce qu’ils pensent de leur président, dont l’arrestation a provoqué une vive émotion dans la cité industrielle luxembourgeoise.
    Cette émotion est telle que lundi matin une délégation d’antoinistes, composée du trésorier et de quatre membres du groupe d’Esch est arrivée à Metz en automobile, dans le seul but de demander Ia mise en liberté provisoire de Nicolas Vagner, dont l’absence prolongée causerait, disent-ils, les plus grands malheurs, plusieurs dizaines de malades, privés des soins du guérisseur, se trouvant en danger de mort.
    Ces considérations, appuyées par un fort cautionnement et l’argumentation Serrée de Me Joseph, défenseur de Vagner, décideront sans doute M. Pagniez à rendre le guérisseur-pontife bistro à ses malades, à ses clients, et à ses fidèles, ce qui n’empêchera pas de le renvoyer devant le tribunal correctionnel, s’il y a lieu.
    En tout cas, il y a gros à parier que les antoinistes d’Hayange et environs seront dorénavant contraints d’aller à Esch pour remplir leurs obligations spirituelles car Vagner paraît bien décidé à ne pas revenir dans un pays aussi peu hospitalier aux prêtres des religions nouvelles et aux guérisseurs amateurs.                    H. D.

L'Est Républicain, 5 avril 1927

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