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On arrête un guérisseur inoffensif (Le Petit bleu de Paris, 8 avril 1927)

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On arrête un guérisseur inoffensif (Le Petit bleu de Paris, 8 avril 1927)TROP DE ZELE

ON ARRÊTE
un guérisseur inoffensif

    Mais mieux vaudrait coffrer les assassins, les cambrioleurs et les empoisonneurs publics.

    Il est entendu qu'il faut défendre la santé publique contre les marchands d'orviétan qui vendent, sous forme de poudres, de cachets ou de flacons, sans diplômes et contre espèces sonnantes, des drogues sans valeur, quand elles ne sont pas nocives pour ceux qui les emploient.
    Mais pourquoi, diable, arrêter ce paysan des environs de Metz qui, d'aubergiste, était devenu antoiniste zélé, puis guérisseur des maladies du corps humain par la foi et l'amour de Dieu ? Le père Wagner, comme on l'appelait, en plus de ses fonctions d'hôtelier villageois, avait rang d'évêque du culte antoiniste. A ce titre, il faisait des miracles, c'est-à-dire qu'il faisait du bien à une foule de malheureux malades par l'application de sa doctrine purement mystique.
    La foi soulève les montagnes, c'est un lieu commun. Pourquoi – à la condition que celui qui se sert de ce levier intérieur ne soit pas un filou – lui refuser le moyen de soulager des misères physiques ? Le Codex n'est pas l'alpha et l'oméga de la thérapeutique humaine et l'on conçoit très bien que certaines catégories de souffrants trouvent un soulagement à leurs maux ailleurs que dans les formules débitées avec garantie du gouvernement. C'est dans ce domaine-là qu'on peut dire que la fin justifie les moyens, l'essentiel étant qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.
    Il y a au surplus assez de cambrioleurs, d'assassins, de mercantis et autres malfaiteurs publics pour que les juges s'occupent de choses utiles et ne se rendent pas ridicules en arrêtant des gens qui veulent guérir les corps, comme les âmes, en prescrivant la foi et l'amour de Dieu.
    Justement, dans cette région lorraine, il y a des bouchers empoisonneurs et des dissimulateurs de bénéfices de guerre. Les parquets locaux ne croient-ils pas que mieux vaudrait s'occuper de ces gens-là que d'un thaumaturge villageois et mystique qui, en fait de médicaments, recommandait aux malades de chercher la guérison aux sources de la vie surnaturelle ? Un tel apôtre n'est pourtant guère dangereux ni pour l'ordre public, ni pour la santé de ses concitoyens, à la différence des marchands de viande avariée et de vaches tuberculeuses. Aussi peut-on penser que ce n'est pas M. Barthou qui a donné des instructions de ce genre-là.

Le Petit bleu de Paris, 8 avril 1927

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Les guérisseurs et les médecins (La Meuse, 5 avril 1927)(Belgicapress)

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Les guérisseurs et les médecins (La Meuse, 5 avril 1927)(Belgicapress)LES GUERISSEURS ET LES MEDECINS

 Les premiers en sont réduits à consulter les seconds

    « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées ». Nicolas Wagner, cafetier à Esch-sur-Alzette, n'avait qu'à continuer à débiter des petites gouttes au lieu de débiter des sornettes, sous couleur de guérir les malades. Maintenant, il ne guérira plus les autres, mais on espère, en le mettant en prison, qu'il se guérira lui-même de son fâcheux travers.
    Aussi, Wagner n'était pas trop intéressé, car, prescrire des bains d'eau-de-vie quand on est cafetier – cafetier luxembourgeois, s'entend – donne à penser aux moins clairvoyants et aux plus débonnaires, qu'on pense à soigner son commerce au moins autant que les malades.
    – Versez-moi donc une petite goutte, père Wagner, pour me remonter un peu…
    – Prenez-en donc un tonneau. Un bon bain de « péket » avant de vous coucher, et vous serez comme un neuf.
    Et, en effet, le client, qui n'était d'abord que plein d'espoir, après pareille trempette, le devenait bientôt comme un œuf : Wagner ne mentait pas !
    Il n'empêche que les amateurs de régénération par l'alcool ne faisaient pas défaut. Wagner n'en inscrivit pas moins de quatre cent cinquante sur son carnet.
    Mais ce succès n'a pas empêché de mettre en doute l'infaillibilité de la méthode employée. Ceux qui étaient acharnés à la perte du cafetier rebouteux, se sont empressés de tirer du fait qu'ils n'usaient pas de son remède, tout au moins de la même façon que ses malades, des conclusions redoutables.
    Wagner, qui n'est pas exempt de douleurs, s'est mis dans de vilains draps et à aggravé singulièrement son cas, en consultant, les rebouteux des hommes qui n'étaient que médecins.
    Pourtant, nous tenons pour nous, en toute sincérité, que c'est là, tenter de demander par un argument peu probant la duplicité du coupable.
    Wagner, comme tous ses parents, procédait par suggestion à l'égard de ses clients. Il est possible que la suggestion puisse avoir des effets salutaires chez les autres. Il est facile de dire aux gens qui viennent geindre près de vous en les regardant dans le blanc des yeux : Vous n'avez rien ! Je vous dis que vous n'avez rien ! Récitez tous les soirs en vous couchent un petit couplet d'une chanson qui commence par : Ça va mieux, ça va mieux, ça va mieux, et qui se termine par : Je suis guéri ! Je suis guéri ! Je suis guéri !
    Tout ça c'est bien pour les autres, mais aller donc vous payer, vous munir de pareilles chansons.
    Fallait-il donc que Wagner s'en aille trouver un autre guérisseur pour essayer de se laisser suggestionner. Les rebouteux doivent être un peu comme les Augures de l'antique Rome : ils ne peuvent se regarder sans rire.
    Bien triste est la situation d'un rebouteux atteint d'une maladie qu'il craint incurable et qui se dit : dire que je parviens à réconforter les autres, à les suggestionner tant et si bien que je crois, Dieu me pardonne, qu'ils en guérissent parfois et qu'il faille que je perde jusqu'à l'espoir !
    Il faudrait pour les guérisseurs et même pour les autres, non de simples médecins, mais des médecins rebouteux qui allieraient le talent de la suggestion à la science pure et simple.
    Ne riez pas et écoutez plutôt cette petite histoire : un jeune médecin vivait pauvrement parce que les malades brillaient par leur absence dans son cabinet de consultation. Un jour, une heureuse inspiration lui vint, il déménagea et fit répandre le bruit qu'il était guérisseur et faisait des cures merveilleuses.
    Aussitôt la clientèle la plus nombreuse et même la plus huppée de la ville de venir se pendre à sa sonnette, tant et si bien que les vrais médecins s'en émurent et portèrent plainte.
    Ce n'est pas une raison parce que je suis médecin, dit alors notre homme, sans la moindre malice, au juge d'instruction qui l'interrogeait, pour que je ne sois pas aussi guérisseur.                              ERBE.

La Meuse, 5 avril 1927 (source : Belgicapress)

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Médecine et thaumaturgie (L'Indépendance luxembourgeoise, 20 juin 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Médecine et thaumaturgie (L'Indépendance luxembourgeoise, 20 juin 1924)(eluxemburgensia.lu)Médecine et thaumaturgie

    Il n'est question à Luxembourg et surtout dans le bassin minier que des guérisons miraculeuses opérées par un empirique établi à Esch-sur-Alzette. Notre confrère, le Journal d'Esch, avait dénoncé il y a quelques jours aux pouvoirs publics les « solennelles fariboles » grâce auxquelles ce rebouteux réussit à amadouer et à duper une clientèle qui, paraît-il, s'accroît tous les jours dans des proportions inquiétantes. Les moyens auxquels recourt ce nouveau marchand d'orviétan sont une application, paraît-il, des méthodes bien connues du Père Antoine. Notre confrère croit savoir que le thaumaturge du bassin minier a déjà été condamné pour exercice illicite de la médecine par un tribunal du pays.
    Le temps des thaumaturges, dit l'Escher Tageblatt, est passé. Et les malades doivent se faire soigner aujourd'hui par le médecin que sa science et sa pratique ont préparé à remédier à nos informités physiques. Par la suggestion les charlatans ne peuvent produire qu'un sentiment passager de soulagement ; mais le mal se propage et lorsqu'au bout de quelque temps on recourt aux soins du vrai médecin, il est ordinairement trop tard. Ainsi les marchands d'orviétan jouent avec la vie de leurs semblables.
    Notre confrère reconnaît qu'il n'est pas toujours facile aux organes de la sûreté publique de démasquer de pareils charlatans, car ils savent déguiser fort habilement l'exploitation de la superstition et de la bêtise humaine. C'est précisément pour cela qu'il entend mettre le holà à ces louches pratiques et rappeler aux victimes de l'imposteur qu'en l'enrichissant elles se font du tort à elles-mêmes.
    Or, voici que le guérisseur en question vient prendre lui-même sa défense dans les colonnes du Journal d'Esch. Il s'appelle Nic. Wagner, – ancien chef de gare du Prince Henri à Weilerbach, nous dit-on – et voici en quels termes il fait son apologie :
    « Ce n'est pas à ma personne, mais à Dieu et à tous ceux qui ont confiance en moi que je dois de répondre à votre article calomnieux.
    « La science n'arrivera jamais à découvrir quel esprit m'éclaire et me guide et de quels moyens je dispose pour tirer de sa misère l'humanité souffrante. Il n'y entre ni magnétisme, ni hypnotisme, ni suggestion ni spiritisme. Ma puissance repose exclusivement sur la bonté du Tout-Puissant, et celui qui ose insulter à cette bonté, qu'il vienne me trouver pour être converti à une meilleure façon de voir.
    « Pourquoi m'appelle-t-on marchand d'orviétan ? Pourquoi fait-on de moi un charlatan qui joue avec la vie de ses semblables ? Personne de ceux qui ont eu foi en moi n'a été déçu. Si ma cure n'a pas réussi, c'est au doute seul qu'ils doivent s'en prendre. Ceux qui ont recours à mes soins, viennent de leur propre mouvement. Tous pourront attester la vérité de ce que j'affirme. Ils seront mieux à même d'éclairer la conscience du ministère public que les gens qui s'offrent par l'organe du Tageblatt à fournir ces éclaircissements. Ce qui prouve d'ailleurs combien ces gens sont peu renseignés, c'est qu'ils parlent de « l'enrichissement de l'imposteur ». Je travaille gratuitement au soulagement de l'humanité souffrante, et personne n'est à même de me prouver le contraire.
    « Je n'ai pas le temps d'engager une polémique de presse. Aussi est-ce mon premier et mon dernier mot. »
                          (Signé: Nic. Wagner).

L'Indépendance luxembourgeoise, 20 juin 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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Les guérisons miraculeuses - Nicolas Wagner (Le Soir, 29 avril 1926)(Belgicapress)

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Les guérisons miraculeuses - Nicolas Wagner (Le Soir, 29 avril 1926)(Belgicapress)

COUR DE CASSATION de Luxembourg
Les guérisons miraculeuses ?

    Me Jules Destrée, du barreau de Bruxelles, est venu plaider l'affaire Wagner devant notre Cour de Cassation. Wagner est un ouvrier d'Esch-sur-Alzette, disciple du Père Antoine, qui a obtenu des guérisons extraordinaires, avec un parfait désintéressement, uniquement par la prière et la foi dans le Père Antoine.
    Acquitté par le tribunal de Luxembourg du chef d'exercice illégal de l'art de guérir, il fut condamné par la Cour d'appel et se pourvut en Cassation.
    La question de principe discutée était de savoir ce qu'il faut entendre par exercice illégal de la médecine. La thèse de la défense a été que l'activité médicale comportait deux opérations liées : le diagnostic et la prescription du remède, essentiellement individuelles, et nécessitant des connaissances scientifiques.
    Rien de pareil dans le cas antoiniste. Ni diagnostic, ni prescription, ni science, mais des recommandations générales d'un caractère moral ou parfois des conseils banaux.
    Elargissant le débat, Me Destrée a montré les effets bienfaisants de l'auto-suggestion, et les recherches récentes (Christian Scientists chez les Anglo-Saxons, Freud dans les pays germaniques, Coué en France) qui expliquent de façon rationnelle les guérisons dont se vantent toutes les religions et qu'on considère cons miraculeuses.
    L'arrêt sera rendu à quinzaine.

Le Soir, 29 avril 1926 (source : Belgicapress)

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Erbe Nicolas Wagner-Schmit (Luxemburger Wort, 9. Oktober 1953)(eluxemburgensia.lu)

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Erbe Nicolas Wagner-Schmit (Luxemburger Wort, 9. Oktober 1953)(eluxemburgensia.lu)

mise en vente pour l'héritage Nicolas WAGNER-SCHMIT de Esch

Luxemburger Wort, 9. Oktober 1953 (source : eluxemburgensia.lu)

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Défense de guérir - Nicolas Wagner (Le Midi socialiste, 19 avril 1927)

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Défense de guérir - Nicolas Wagner (Le Midi socialiste, 19 avril 1927)AU JOUR LE JOUR

Défense de guérir

    Le « père Wagner », aubergiste dans une petite localité du Luxembourg, vient d’être arrêté en Alsace et conduit devant le juge de Metz pour avoir soigné sans diplôme des foules de malades.
    A la vérité, la médication de ce gargotier, en rupture de fourneaux n’était pas bien dangereuse. Adepte et même évêque de la religion antoiniste, le « père Wagner » disait à ses malades :
    – Allez et croyez en Dieu. Il vous guérira des maux du corps comme il vous guérira de ceux de l’âme.
    Mais les gens, que l’évêque antoiniste traitait de la sorte, avaient l’imprudence de se proclamer guéris. Sur les livres de cet étrange médecin on a relevé les noms de quatre cent cinquante clients !
    Quand ceux-ci apprirent que le « père Wagner » était incarcéré, ils envoyèrent une délégation au juge pour lui dire que s’il ne le mettait pas tout de suite en liberté, de nombreux malades, faute de soins, se trouveraient exposés à la mort.
    Le juge a dû relaxer l’apôtre sous caution. Mais la Faculté aura le dernier mot.
    C’est l’aventure de Jésus qui se renouvelle ainsi de temps en temps.
    Saint Marc, dans son évangile, nous dit que Jésus s’étant retiré dans un endroit désert, Simon, son disciple, l’y alla trouver pour lui dire : « Seigneur, tout le monde vous réclame. » Jésus se laissa convaincre et, à travers les bourgades de la Galilée, guérit un lépreux, un aveugle, un paralytique, etc.
    Ces bonnes gens, eux aussi, allèrent proclamer leur merveilleuse guérison et Jésus dut fuir la colère des scribes et des Pharisiens.
    Il n’y a pas grand’chose de changé depuis deux mille ans. Les apôtres qui commettent la maladresse de mêler la médecine à la morale finissent, sinon sur la croix, du moins en correctionnelle.

                                                                   André NEGIS.

Le Midi socialiste, 19 avril 1927

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Condamné pour avoir guéri des malades (La Patrie, Montréal, 23 juillet 1927)(numerique.banq.qc.ca)

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Condamné pour avoir guéri des malades (La Patrie, Montréal, 23 juillet 1927)(numerique.banq.qc.ca)

Condamné pour avoir guéri des malades

    METZ. 23. – Le tribunal correctionnel de Metz été saisi du procès intenté à M. Nicolas Wagner, desservant du culte antoiniste, demeurant à Esch-sur-Alzette (Luxembourg), inculpé d'exercice illégal de la médecine.
    Des témoins déclarent avoir été guéris, par M. Wagner, de maladies déclarées incurables. M. Wagner les guérissait en disant des prières et en invitant les malades à en dire en même temps que lui.
    Après une plaidoirie de M. Henry Ferrette le tribunal condamne à 200 francs d'amende le guérisseur Antoiniste.

La Patrie, Montréal, 23 juillet 1927 (source : numerique.banq.qc.ca)

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Le thaumaturge d'Esch et le culte antoiniste (L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924)(eluxemburgensia.lu)

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Le thaumaturge d'Esch et le culte antoiniste (L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924)(eluxemburgensia.lu)

Le thaumaturge d'Esch-sur-Alzette et le culte antoiniste

    Par un récent jugement de la Cour d'appel, celui qu'on nomme le thaumaturge d'Esch-sur-Alzette, M. Nic. Wagner, autrefois chef de gare à Weilerbach, actuellement cafetier à Esch-sur-Alzette, a été condamné pour exercice illégal de l'art de guérir. L'amende de 200 francs à laquelle il avait été condamné en première instance a été portée à mille francs.
    Dans ses considérants la Cour d'appel rappelle que la loi du 10 juillet 1901 considère comme exerçant illégalement l'art de guérir toute personne non munie des diplômes luxembourgeois autorisant à la pratique de la médecine qui traite des malades ou prend part à ce traitement, sauf le cas d'urgence avérée. Beaucoup de personnes s'imaginent qu'un profane qui exerce l'art de guérir ne devient passible d'une peine que s'il se fait rétribuer pour les services qu'il rend à l'humanité souffrante et s'il administre à ses malades des médicaments et de prétendues panacées. Un de nos confrères avait même accusé le guérisseur d'Esch-sur-Alzette de s'enrichir aux dépens de ses clients. M. Nic. Wagner avait protesté énergiquement, on s'en souvient, contre cette accusation, et, de fait, l'instruction n'a pu retenir aucun fait probant qui ait pu confirmer ce soupçon. Une de ses clientes qui se disait miraculeusement guérie d'une sorte de lupus que les médecins auraient désespéré de guérir, a bien déclaré que dans sa gratitude elle était prête à céder à son sauveur toute sa fortune. Mais on ne saurait guère y voir qu'une de ces hyperboles qui échappent à un cœur débordant de joie et de reconnaissance.
    Aussi la Cour d'appel, pour venir au-devant de l'opinion erronée selon laquelle il n'y a délit pour un guérisseur que s'il y a eu rémunération, rappelle-t-elle expressément dans son jugement que la loi ne « subordonne l'existence de l'infraction qu'elle réprime ni au mode de traitement employé ni à l'administration d'un médicament même à titre gratuit. » Ce qui suffit au juge, c'est de constater que le but des pratiques auxquelles se livrait M. Wagner, était de guérir les malades ; c'est de fournir la preuve irrécusable que cet illuminé avait pris au pied de la lettre l'enseignement du catéchisme qui fait précisément de cette pratique charitable la vertu chrétienne par excellence.
    En quoi consistaient les pratiques du guérisseur ? « Pour faire impression sur les malades, dit un des considérants du jugement, il les introduit dans une chambre et les plaçant devant le portrait du père Antoine de Jemeppe dont il est un adepte fervent, il leur impose les mains pour faire passer dans leur corps le fluide guérisseur qu'il prétend posséder. Il leur recommande d'avoir une foi inébranlable en lui et en leur guérison, de prier avec ferveur pendant qu'il récite quelques principes de « l'unitif », code des Antoinistes dont il endosse parfois le costume.
    Qu'est-ce que le père Antoine et les Antoinistes dont M. Wagner semble avoir pris à tâche, d'après l'énoncé de ce jugement, de répandre le culte dans le Grand-Duché ? Nos lecteurs en ont entendu parler plus d'une fois. Tous les journaux de Paris, le mois dernier, ont parlé de la commémoration solennelle à Paris de la « désincarnation », c'est-à-dire de la mort du Père Antoine. Ce fut pour les Parisiens un spectacle inaccoutumé. Car si depuis le 25 juin 1913, date de la mort du Père Antoine, les anniversaires de la « désincarnation » ont toujours été célébrés à Jemeppe-sur-Meuse (Belgique) par des foules comparables à celle – 30.000 à 40.000 personnes – qui avait suivi le cercueil du Père, c'est pourtant pour la première fois que cette commémoration eut lieu à Paris. On la célébra dans le temple antoiniste, nouvellement construit, qui s'élève rue Vergniaud, temple minuscule précédé d'un jardin et dont le porche porte cette légende : « Le Père Antoine, le grand guérisseur de l'humanité pour celui qui a la foi. » A l'intérieur du temple, où se déroulait la cérémonie devant une foule compacte de frères et de sœurs en robe « révélée » et débordant jusque sur les deux trottoirs de la rue, un large carton affiche, écrite en grosse ronde, la copie du décret d'utilité publique obtenu du Gouvernement belge en 1910 et signé, à gauche : Masson, Ministre de la Justice, à droite, Albert, Roi.
    Mais si l'immense popularité dont jouissait le Père Antoine en Belgique aux environs de 1910 – époque où le guérisseur de Jemeppes recevait par jour 500 à 1200 malades et où des milliers de personnes déclaraient avoir été guéries par lui – valut aux adeptes des Antoinistes un décret d'utilité publique, ils furent énergiquement combattus par l'Eglise qui s'inquiétait d'autant plus des progrès de cette religion nouvelle que les zélateurs du culte nouveau opposaient triomphalement le nombre de leurs guérisons aux miracles de Lourdes. Il faut ajouter d'ailleurs que les incrédules furent aussi étonnés que les catholiques du succès obtenu par les prédications du guérisseur qui semblait avoir pris pour devise le mot du Christ : « C'est la foi seule qui sauve », devise qui est devenue d'ailleurs en Amérique celle des adeptes de la « Christian Science ». Eh quoi, entendait-on dire, est-ce donc un siècle de scepticisme que celui où l'on voit surgir aussi inopinément une foi nouvelle ?
    Quel est donc l'homme extraordinaire qui a pu produire un pareil miracle ? Louis Antoine, né à Mons, était simple ouvrier mineur, promu aux fonctions de chef-marteleur et plus tard – après un séjour de cinq ans en Pologne – d'encaisseur aux Forges et Cokeries Liégeoises. Par son travail et son économie, il avait gagné une petite fortune et il rêvait de grandes destinées pour son fils unique. La mort de celui-ci le décida à consacrer sa vie et sa fortune au soulagement de toutes les misères physiques et morales. Il quitta son travail et resta chez lui à la disposition des malades et de tous ceux qui étaient dans la peine. Le bruit de ses guérisons attirait chez lui des foules toujours grossissantes.
    Antoine était d'un désintéressement absolu et n'acceptait rien de ses malades. Il y avait jadis dans le temple qu'un adepte reconnaissant lui avait fait construire à Jemeppe, un tronc dans lequel les malades pouvaient déposer leur obole et dont le produit était intégralement distribué aux pauvres de Jemeppe. Ce tronc fut supprimé dans la suite, Antoine recommandant à ceux qui lui offraient de l'argent de choisir eux-mêmes les pauvres auxquels ils voulaient faire la charité. Lui-même avait donné en aumônes tout ce qu'il possédait. A peine lui restait-il de quoi vivre. Il vivait d'ailleurs comme un ascète. En végétarien convaincu il ne prenait ni viande ni œufs ni beurre ni lait. Il ne sortait jamais de la petite maison qu'il habitait à côté du temple de Jemeppe avec son admirable femme – la « Mère » qui continuait son œuvre après sa mort – et 2 orphelines qu'il avait recueillies, que pour se promener avec ses malades dans le jardin et pour monter en chaire. Deux fois aussi il en sortit pour comparaître devant le tribunal correctionnel et la cour d'appel du chef d'infraction à la loi sur l'art de guérir. Il fut d'ailleurs acquitté, et ses deux comparutions avaient donné lieu à de grandes manifestations populaires. C'était un Saint, et ainsi s'explique la prodigieuse influence morale qu'il exerçait sur tous ceux l'approchaient et suivaient ses enseignements.
    Quelles étaient, demandera-t-on, les croyances et les doctrines philosophiques d'Antoine ? Longtemps il avait été catholique fervent, et il a toujours eu un penchant au mysticisme. Etant enfant il quittait ses camarades de jeux pour entrer à l'Eglise. Dans la suite il s'est affranchi de toute croyance dogmatique pour s'attacher à une vague et mystique théosophie. Il croyait à la réincarnation. Chacun de nous porte, selon lui, la peine et la récompense de sa vie antérieure, doit travailler à son avancement moral, à son amélioration, doit se détacher de plus en plus de la matière pour mériter de devenir un pur esprit et se rapprocher de plus en plus de Dieu. Mais Antoine s'expliquait peu sur ses idées philosophiques, dit le journal la Meuse, auquel j'emprunte plusieurs de ces renseignements ; son enseignement était plutôt moral. Il prêchait le désintéressement, la résignation devant l'épreuve nécessaire, la charité, l'amour même de ses ennemis. Comme guérisseur il était persuadé que les maux du corps proviennent d'une imperfection de l'âme : c'est l'âme qu'il faut soigner et guérir de ses maux. Il ne demandait pas même aux malades le mal dont ils souffraient. En cela, notre thaumaturge luxembourgeois semble se conformer à son exemple.
    Avec une rapidité qui tient du prodige l'Antoinisme a, depuis la mort de son fondateur, étendu son influence spirituelle. La « Mère Antoine », sans compter les temples consacrés au culte du Père en Belgique, a inauguré en France plus de six temples antoinistes : à Vervins, à Tours, à Lyon, à Caudry, à Monaco, à Paris. Cette année deux autres doivent s'ouvrir, l'un à Aix-les-Bains, le second à Orange. Le nombre des fidèles, en Belgique et en France, s'élève à 700.000 selon les uns, à un million, selon les autres. Le nombre s'augmentera-t-il d'une phalange luxembourgeoise ou l'arrêt de notre Cour d'appel arrêtera-t-il à frontière cette nouvelle vague de mysticisme ?

                                                                                   LE CURIEUX.

L'Indépendance luxembourgeoise, 24 juillet 1924 (source : eluxemburgensia.lu)

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Le guérisseur antoiniste Nicolas Wagner (La Revue hebdomadaire, 29 juin 1927)

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Le guérisseur antoiniste Nicolas Wagner (La Revue hebdomadaire, 29 juin 1927)

Le guérisseur antoiniste
est condamné
à 200 francs d'amende

    METZ, 28 juin. (De notre correspondant particulier.) – Un desservant du culte antoiniste d'Esch-sur-Alzette, Nicolas Wagner, a été condamné par le tribunal correctionnel de Metz à 200 francs d'amende pour exercice illégal de la médecine.
    Continuant la tradition du père Antoine, fondateur de la secte, Nicolas Wagner guérissait à l'aide de prières et a été déjà condamné de ce chef en Luxembourg.
    Les honoraires du guérisseur étaient versés à la caisse commune des antoinistes et servaient à alimenter des œuvres de bienfaisance.

La Revue hebdomadaire, 29 juin 1927

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Le guérisseur antoiniste Nicolas Wagner (La Revue hebdomadaire, 29 juin 1927)

Publié le par antoiniste

Le guérisseur antoiniste Nicolas Wagner (La Revue hebdomadaire, 29 juin 1927)

Le guérisseur antoiniste
est condamné
à 200 francs d'amende

    METZ, 28 juin. (De notre correspondant particulier.) – Un desservant du culte antoiniste d'Esch-sur-Alzette, Nicolas Wagner, a été condamné par le tribunal correctionnel de Metz à 200 francs d'amende pour exercice illégal de la médecine.
    Continuant la tradition du père Antoine, fondateur de la secte, Nicolas Wagner guérissait à l'aide de prières et a été déjà condamné de ce chef en Luxembourg.
    Les honoraires du guérisseur étaient versés à la caisse commune des antoinistes et servaient à alimenter des œuvres de bienfaisance.

La Revue hebdomadaire, 29 juin 1927

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