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imagination de la matiere

Blaise Pascal - nous n'avons aucune idée du vrai

Publié le par antoiniste

    De plus, que personne n'a d'assurance, hors de la foi, s'il veille ou s'il dort, vu que durant le sommeil on croit veiller aussi fermement que nous faisons; on croit voir les espaces, les figures, les mouvements; on sent couler le temps, on le mesure, et enfin on agit de même qu'éveillé; de sorte que, la moitié de la vie se passant en sommeil, par notre propre aveu, où, quoi qu'il nous en paraisse, nous n'avons aucune idée du vrai, tous nos sentiments étant alors des illusions, qui sait si cette antre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier, dont nous nous éveillons quand nous pensons dormir ?

Blaise Pascal, Les Pensées, Chapitre X, I, p.217
source : GoogleBooks

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René Descartes - Première méditation

Publié le par antoiniste

    Tout ce que j'ai reçu jusqu'à présent pour le plus vrai et assuré, je l'ai appris des sens ou par les sons ; or j'ai quelquefois éprouvé que ces sens étaient trompeurs; et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompés.
    Mais peut-être qu'encore que les sens nous trompent quelquefois, touchant des choses fort peu sensibles et fort éloignées, il s'en rencontre néanmoins beaucoup d'autres desquelles on ne peut pas raisonnablement douter, quoique nous les connaissions par leur moyen. Par exemple, que je suis ici, assis auprès du feu, vêtu d'une robe de chambre, ayant ce papier entre les mains, et autres choses de cette nature. Et comment est-ce que je pourrais nier que ces mains et ce corps soient à moi, si ce n'est peut-être que je me compare à certains insensés, de qui le cerveau est tellement troublé et offusqué par les noires vapeurs de la bile, qu'ils assurent constamment qu'ils sont des rois, lorsqu'ils sont très pauvres; qu'ils sont vêtus d'or et de pourpre, lorsqu'ils sont tout nus; ou qui s'imaginent être des cruches, ou avoir un corps de verre. Mais quoi : ce sont des fous, et je ne serais pas moins extravagant si je me réglais sur leurs exemples.
    Toutefois j'ai ici à considérer que je suis homme, et par conséquent que j'ai coutume de dormir, et de me représenter en mes songes les mêmes choses, ou quelquefois de moins vraisemblables, que ces insensés lorsqu'ils veillent. Comtien de fois m'est-il arrivé de songer la nuit que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit? Il me semble bien à présent que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier; que cette tête que je branle n'est point assoupie; que c'est avec dessein et de propos délibéré que j'étends cette main, et que je la sens; ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout ceci. Mais en y pensant soigneusement, je me ressouviens d'avoir souvent été trompé en dormant par de semblables illusions. Et en m'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indices certains par où l'on puisse distinguer nettement la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout étoné, et mon étonnement est tel qu il est presque capable de me persuader que je dors.
Supposons donc maintenant que nous sommes endormis, et que toutes ces particularités, à savoir: que nous ouvrons les yeux, que nous branlons la tête, que nous étendons les mains, et choses semblables, ne sont que de fausses illusions; et pensons que peut-être nos mains, ni tout notre corps ne sont pas tels que nous les voyons. Toutefois il faut au moins avouer que les choses qui nous sont représentées dans le sommeil sont comme des tableaux et des peintures qui ne peuvent être formées qu'à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable ; et qu'ainsi pour le moins ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et tout un corps, ne sont pas choses imaginaires, mais vraies et existantes. Car de vrai les peintres, lors même qu'ils s'étudient avec le plus d'artifice à représenter des sirènes et des satyres par des figures bizarres et extraordinaires, ne peuvent toutefois leur donner des formes et des natures entièrement nouvelles, mais ont seulement un certain mélange et composition des membres de divers animaux; ou bien si peut-être leur imagination est assez extravagante pour inventer quelque chose de si nouveau que jamais on n'ait rien vu de semblable, et qu'ainsi leur ouvrage représente une chose purement feinte et absolument fausse, certes à tout le moins les couleurs dont ils les composent doivent-elles être véritables.
    Et par la même raison, encore que ces choses générales, à savoir, un corps, des yeux, une tête, des mains, et autres semblables, pussent être imaginaires, toutefois il faut nécessairement avouer qu'il y en a au moins quelques autres encore plus simples et plus universelles qui sont vraies et existantes, du mélange desquelles, ni plus ni moins que de celui de quelques véritables couleurs, toutes ces images des choses qui résident en notre pensée, soit vraies et réelles, soit feintes et fantastiques, sont formées.
    De ce genre de choses est la nature corporelle en général et son étendue; ensemble la figure des choses étendues, leur quantité ou grandeur, et leur nombre, comme aussi le lieu où elles sont, le temps qui mesure leur durée, et autres semblables. C'est pourquoi peut-être que de là nous ne conclurons pas mal, si nous disons que la physique, l'astronomie, la médecine, et toutes les autres sciences qui dépendent de la considération des choses composées, sont fort douteuses et incertaines; mais que l'arithmétique, la géométrie et les autres sciences de cette nature, qui ne traitent que de choses fort simples et fort générales, sans se mettre beaucoup en peine si elles sont dans la nature, ou si elles n'y sont pas, contiennent quelque chose de certain et d'indubitable ; car, soit que je veille ou que je dorme, deux et trois joints ensemble formeront toujours le nombre cinq, et le carré n'aura jamais plus de quatre côtés ; et il ne semble pas possible que des vérités si claires et si apparentes puissent être soupçonnées d'aucune fausseté ou d'incertitude.
[...]
    Je supposerai donc, non pas que Dieu, qui est très bon et qui est la souveraine source de vérité, mais qu'un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l'air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les autres choses extérieures, ne sont rien que des illusions et rêveries dont il s'est servi pour tendre des pièges à ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n'ayant point de mains, point d'yeux, point de chair, point de sang, comme n'ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses; je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si par ce moyen il n'est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d'aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement : c'est pourquoi je prendrai garde soigneusement de ne recevoir en ma croyance aucune fausseté, et préparerai si bien mon esprit à toutes les ruses de ce grand trompeur, que, pour puissant et rusé qu'il soit, il ne me pourra jamais rien imposer.
    Mais ce dessein est pénible et laborieux, et une certaine paresse m'entraîne insensiblement dons le train de ma vie ordinaire. Et tout de même qu'un esclave qui jouissait dans le sommeil d'une liberté imaginaire, lorsqu'il commence à soupçonner que sa liberté n'est qu'un songe, craint de se réveiller et conspire avec ses illusions agréables pour en être plus longtemps abusé, ainsi je retombe insensiblement de moi-même dans mes anciennes opinions, et j'appréhende de me réveiller de cet assoupissement, de peur que les veilles laborieuses qui auraient à succéder à la tranquillité de ce repos, au lieu de m'apporter quelque jour et quelque lumière dans la connaissance de la vérité, ne fussent pas suffisantes pour éclaircir toutes les ténèbres des difficultés qui viennent d'être agitées.

    René Descartes, Méditations métaphysiques
    Première méditation, p.66
    source : Gallica

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Romain Gary - Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (p.246)

Publié le par antoiniste

    L'univers était né d'une goutte d'ironie dont l'humanité n'est qu'un des sourires.

Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, p.246
Folio n°1048, Paris, 2008 (1975 pour l'édition originale)

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Romain Gary - Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable (p.246)

Publié le par antoiniste

    L'univers était né d'une goutte d'ironie dont l'humanité n'est qu'un des sourires.

Romain Gary, Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, p.246
Folio n°1048, Paris, 2008 (1975 pour l'édition originale)

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Gustave Courbet - L'Origine du monde (1866)

Publié le par antoiniste

    Au pied du figuier, un enfant : Entre dans mon corps !
    Dans le ventre de l'enfant, un ruisseau, les arbre des troupeaux, des femmes qui portaient de l'eau, un ville. La terre entière, l'humanité, l'océan...

    Le Mahâbhârata, Le voyage de Markandeya.

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Comment nos sens nous trompent - Jean-Claude Carrière lit le Mahâbhârata - Le voyage de Markandeya

Publié le par antoiniste

Jean-Claude Carrière lit le Mahâbhârata, Le voyage de Markandeya

source : bombaysers.esj-lille.f

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''Con'' en langue des signes, un cas de synesthésie

Publié le par antoiniste

Association de la forme des lettres en langue des signes et de la forme de la bouche pour former le mot ''con'', injure que vous lanceront les muets si vous les embêtez !

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Le monde extérieur est une illusion (point de vue de l'islam)

Publié le par antoiniste

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Urville - ville qui n'existe pas et n'existera jamais, à moins que...

Publié le par antoiniste

La création d'Urville, qui a été au départ un aéroport, a beaucoup évolué en plus de 20 ans.

A la suite de la publication du livre en 2004, c'est passé d'une grande ville avec une petite région à une grande ville avec une grande région, et aujourd'hui, c'est carrément devenu un grand État avec plusieurs grandes villes (mais une petite capitale!)...

Gilles a passé une grande partie de son temps à écrire l'historique d'Urville et de sa région, et aujourd'hui, il le passe surtout à dresser d'immenses tableaux de calculs relatifs à des aspects géographiques physiques et humains de son projet, qui sont essentiels pour sa viabilité.

Il souhaite que son espace territorial soit organisé sous forme de réseaux décentralisés, à l'opposé de l'hypercentralisation de la France au niveau de l'aménagement du territoire, de l'économie, des médias, de la vie culturelle et politique, où tout est centralisé sur Paris...

source : http://www.urville.com/

illustration : Urville - Institut René-Descartes (Gilles Tréhin)

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Synesthésie

Publié le par antoiniste

La synesthésie, du grec syn (union) et aesthesis (sensation), est un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Par exemple, dans un type de synesthésie connu sous le nom de synesthésie "graphèmes-couleurs", les lettres de l'alphabet ou nombres peuvent être perçus colorés. Dans un autre type de synesthésie, appelée "synesthésie numérique" (number form synesthesia), les nombres sont automatiquement et systématiquement associés avec des positions dans l'espace. Dans un autre type de synesthésie, appelé synesthésie de personnification ordinale/linguistique, les nombres, jours de la semaine, mois de l'année évoquent des personnalités. Dans d'autres types de synesthésie, la musique et d'autres sons peuvent être perçus colorés, ou ayant une forme particulière. La synesthésie impliquant des formes et couleurs est plutôt répandue, alors que la synesthésie impliquant des goûts et odeurs est plutôt rare.

Alors que des métaphores exprimant un croisement de sens sont parfois qualifiées de "synesthétiques", une vraie synesthésie d'origine neurologique est involontaire et concernerait une personne sur 23, soit environ 4 pour cent de la population. (Simner). Il y a un facteur génétique probable, la synesthésie semble se transmettre par hérédité via le chromosome X. La synesthésie peut être acquise dès la naissance (la personne est alors appelée synesthète) ou bien (pour le cas des hallucinations synesthétiques) résulter de la prise de drogues hallucinogènes.


 Expériences synesthétiques
Les synesthètes rapportent souvent qu'ils ne savaient même pas que leur synesthésie était inhabituelle jusqu'à ce qu'ils réalisent que la plupart des gens n'expérimentaient pas les mêmes sensations qu'eux. D'autres synesthètes avouent avoir gardé leur synesthésie secrète toute leur vie, de peur d'être incompris ou tournés en ridicule. La nature automatique et ineffable de la synesthésie montre bien que cette association de sens semble tout à fait ordinaire pour le synesthète. Le fait que la synesthésie soit involontaire et consistante montre que celle-ci est une expérience réelle.
Se remémorant une expérience de son enfance, Patricia Lynne Duffy écrivait : « Un jour, je dis à mon père, "Je viens de me rendre compte que pour écrire la lettre "R", tout ce que j'ai à faire est de dessiner un "P", et ensuite une ligne partant de sa boucle." Et j'étais tellement surprise de constater que je pouvais transformer une lettre jaune en lettre orange, juste en ajoutant une ligne. »
Malgré les généralités qui permettent la définition du phénomène de la synesthésie, on ne doit cependant pas oublier que les expériences individuelles varient en de nombreuses façons. Cette irrégularité fut remarquée au tout début de la recherche sur la synesthésie (Flournoy 1893), mais n'a été reconsidérée par les chercheurs modernes que récemment. Alors que certains synesthètes graphèmes → couleurs déclarent que leurs couleurs semblent "projetées" à l'extérieur, la plupart déclarent que leurs couleurs sont perçues "dans leur tête". Certains synesthètes déclarent que leurs voyelles sont davantage colorées, alors que pour d'autres il s'agit des consonnes (Day 2005). Les descriptions ci-dessous peuvent donner une idée d'à quoi peut ressembler une expérience synesthétique, mais ne peuvent pas en capturer toute la richesse.
Certains calculateurs prodiges qui voient les réponses leur apparaître sont probablement atteints de synesthésie.

 Synesthésie ésotérique
L'ésotérisme, l'occultisme, le symbolisme reposent en grande partie sur la doctrine des analogies et correspondances. Pour eux, les divers ensembles du monde sont analogues et leurs éléments entrent en correspondances. Ainsi, pour les Chinois traditionnalistes, auteurs du Hong fang ou du Li yun ou du Yue ling, les goûts, les organes des sens entrent en corrélations ; par exemple, les cinq saveurs (acide, amer, doux, âcre, salé) entrent en correspondance, non seulement avec d'autres sens (vert / acide / rance ; rouge / amer / brûlé...), mais encore avec d'autres domaines (les Éléments, les passions, les vertus... : vert / Bois / Est / acide / rance / blé / mouton...).



    Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
    Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
    - Et d'autres corrompus, riches et triomphants.

Charles Baudelaire, Correspondances



source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Synesth%C3%A9sie

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