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Darwin & Constantin

Publié le par antoiniste

    "Veyne fait parfaitement sentir que, dès lors qu'apparaît un dieu universel et aimant, l'égalité entre les hommes devient au moins imaginable. [...] Bien sûr, l'histoire contredira tout cela. Et à de nombreuses reprises." (source : http://www.vigile.net/Lettre-d-un-incroyant)

    Cette réflexion de Christian Rioux sur le livre de Paul Veyne, "Quand le monde est devenu chrétien" (Albin Michel), rejoint ce que je disais de Darwin dans un précédent billet : de dire que tous les hommes descendent bien d'une seule et même espèce, peut facilité l'égalité entre eux. Espéront encore pourtant que l'histoire future ne contredira pas Darwin.

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Paul Veyne - Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)

Publié le par antoiniste

Le récit personnalisé de P. Veyne s'interroge sur les raisons de la conversion de Constantin, premier des empereurs de Rome à embrasser la foi chrétienne, en 312. Bien sûr, il y a la légende : celle d'une victoire obtenue grâce à l'aide du dieu des chrétiens. P. Veyne ne l'écarte pas, car il était important pour un empereur que son dieu fût plus fort que celui des autres. Mais sa foi existait avant, comme chez 10 % environ des sujets de l'Empire. Car le christianisme était devenu « la question brûlante du siècle » dont le succès, souligne P. Veyne, peut se comparer à celui d'un « best-seller ». Premier à « parler d'amour », le christianisme était aussi une morale et une philosophie mises à la portée de tous. Ses adversaires l'accusaient d'être une mode apatride, une religion de pauvres et d'esclaves. Ce qui fut vrai au début, mais était déjà faux au temps de Constantin : le christianisme incarnait alors une contre-société urbaine plutôt chic.

Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)
Paul Veyne, Albin Michel, 2007, 320 p., 18 e. 

source : http://www.scienceshumaines.com/quand-le-monde-est-devenu-chretien_fr_21104.html

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Christian Rioux (détaché du journal québécois Le Devoir en France) - Vivre-ensemble

Publié le par antoiniste

[...] Pourquoi tant d'émoi autour de deux mots unis par un trait d'union ? D'abord parce que ce vivre-ensemble, ce n'est pas du français mais de l'allemand, aurait dit mon vieux maître. Les Allemands, qui ne sont pas tous philosophes, ont néanmoins tous un gros faible pour les mots composés, contrairement aux Français.

Ensuite parce que ce fameux vivre-ensemble ne se caractérise pas tant par ce qu'il veut dire que par ce qu'il semble refuser de nommer. Il y a des mots comme ça qui ont été inventés non pas pour dire les choses mais pour ne pas les dire. La peur des mots est chose courante à notre époque. Pour la calmer, il existe des mots-valises qui évitent de prononcer ceux-là mêmes qui ont un sens.

[...] Les mots ne sont pas neutres. Avec le vivre-ensemble, il s'agirait implicitement de substituer à l'épaisseur de l'identité une sorte de règlement de copropriété. Personne ne le dit, mais sous des apparences d'ouverture, ce vivre-ensemble n'est peut-être au fond qu'un vivre-côte-à-côte. Au pacte de la langue et de la culture communes, faudrait-il préférer un simple contrat commercial par lequel les citoyens promettraient de ne pas se taper dessus ? Au fond, le « vivre ensemble » n'est peut-être pour la société dite multiculturelle que ce que le néolibéralisme est au marché : une façon de se côtoyer sans jamais se toucher.

Comme la plupart des inventions du nouveau dictionnaire bureaucratique, le vivre-ensemble respire évidemment le moralisme. Avec l'identité, on partageait une langue et une culture, mais on n'était pas obligé de s'aimer. On pouvait même s'affronter. Les partisans d'une nation fondée sur l'identité et la langue faisaient le pari qu'en ayant des mythes communs, les citoyens finiraient par faire preuve de générosité entre eux. On ne sait pas trop ce que les partisans du vivre-ensemble proposent de faire ensemble, mais ils ont érigé la tolérance en absolu et ordonnent à chacun d'aimer son voisin.

« Les mots sont l'ADN de la pensée », écrivait Jean Paré dans Le Code des tics (Boréal). « Ceux que l'on injecte agissent au niveau des synapses du client, du lecteur, de l'électeur, comme des virus pour l'induire à penser de lui-même ce que l'on souhaite qu'il pense. » Il ne croyait pas si bien dire.

source : http://www.vigile.net/Vivre-ensemble,10710

 

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Article ''foi'' de l'Encyclopédie de l'Agora

Publié le par antoiniste

 à lire ici : «La foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas.»
Saint Paul, Épitre aux Hébreux, chapitre 11.

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Essentiel

Documentation

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Publicité pour un théâtre parisien - Alice de Lewis Carroll

Publié le par antoiniste

    Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?

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Claire Lejeune - La mort, j'en parle

Publié le par antoiniste

La mort, j'en parle
Comme je parlerais de pesetas ou de dollars,
Moi qui n'ai jamais mis les pieds en Amérique,
Moi qui porte une Espagne vierge en mon sang
Comme un goût de grande éclatée,
Moi qui n'ai jamais mangé de grenade.

Je parle de la mort
Comme je décline mon nom ;
C'est une très vieille habitude,
C'est la mort, quand on en parle...

Mais il y a celle dont on ne parle pas
Parce qu'elle est nue et qu'on ne peut pas l'habiller.
La mort enfoncée comme un poing dans l'oreiller
Et qui est le dernier visage de ma mère.

Et celle qui s'épanouie au dedans,
M'aspire, m'absorbe, se nourrit de moi
Et qui est mon autre Vie.

La mort dont on ne parle pas.

Claire Lejeune, Mémoire de Rien, La gange et le feu,
Editions Labor - Espace Nord, p.24

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Amélie Nothomb - Biographie de la faim (p.175)

Publié le par antoiniste

    Je ne mourus pas. J'aurais préféré mourir : les souffrances de la guérison furent inhumaines. La voix de haine que l'anorexie avait chloroformée pendant deux ans se réveilla et m'insulta comme jamais. Et il en allait ainsi chaque jour.

        Amélie Nothomb - Biographie de la faim
        Le Livre de Poche, 2004 (p.175)

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Liqueur de Koene (Eau de goudron)

Publié le par antoiniste

GOUDRON. C'est un produit de la combustion lente du bois de plusieurs espèces de pins, et particulièrement du pinus maritima et du pinus sylvestris. Quand les troncs de ces arbres ont été épuisés de térébenthine, on dresse leurs fragmens au dessus d'une fosse conique, puis on les couvre de gazon et on y met le feu. Le goudron s'écoule dans la fosse, et de là est conduit par un canal dans un récipient. Cette substance se compose de résine mêlée d'huile essentielle, le tout à moitié, brûlé d'acide pyroligneux et de beaucoup d'impuretés.
    On s'est servi du goudron en fumigations, en frictions, et pour la préparation d'une eau qu'on administre à l'intérieur.
    Les fumigations de goudron ont été préconisées contre la phthisie pulmonaire. Le docteur Madge, médecin anglais, avait, en 1780, attribué les avantages que quelques phthisiques retirent des voyages sur mer à la vapeur de goudron qu'ils respirent à bord du vaisseau. Depuis cette époque, le docteur Alex. Cricoton a publié un Essai sur l'emploi de la vapeur du goudron contre la phthisie pulmonaire, dans lequel il rend compte des essais, quelquefois heureux, tentés par lui avec ce médicament. Il tenait nuit et jour dans la chambre du malade un vase où le goudron, échauffé par une lampe, subissait une lente ébullition. Tous les jours on nettoyait le vase et on renouvelait son contenu. Ayant remarqué que la vapeur de l'acide pyroligneux excitait la toux, le docteur Crichton neutralisait cet acide en ajoutant une once de sous-carbonate de potasse à chaque livre de goudron.
    Un chirurgien anglais nommé Colville, a rapporté en, 1814, dans le Journal d'Edimbourg, qu'une jeune fille avait été délivrée d'une affection rhumatismale par des frictions avec le goudron. Il a aussi publié l'observation d'une névralgie faciale qui avait résisté à des moyens actifs et que quelques frictions faites sur la face avec le goudron ont promptement guérie.
    L'eau de goudron se prépare ordinairement en faisant macérer pendant huit jours une once de goudron dans une pinte d'eau. On agite fréquemment ce mélange puis on le filtre et on conserve le liquide dans des bouteilles bien bouchées. Pendant cette macération, le goudron cède particulièrement à l'eau l'acide qu'il contient. Ainsi préparée, cette eau, dont la saveur est assez désagréable, se donne pure ou édulcorée ou coupée avec du lait. Sa dose est depuis huit onces jusqu'à plusieurs livres par jour.
    L'introduction de l'eau de goudron dans l'appareil digestif aurait pour effet immédiat chez les uns d'exciter l'appétit, chez quelques autres de causer des nausées, des vomissemens et de la diarrhée. Elle provoquerait en outre la sécrétion des urines, la transpiration cutanée et produirait une stimulation des diverses membranes muqueuses.
    Les auteurs ont particulièrement recommandé l'eau de goudron contre le catarrhe chronique de la vessie, la bronchite chronique, l'asthme, la phthisie pulmonaire, certaines affections chroniques de la peau, les syphilis invétérées, le scorbut, le rhumatisme, la dyspepsie, etc.
    C'est au docteur Erich Acharius qu'on doit les essais les plus suivis avec l'eau de goudron. Il la préparait en mêlant deux livres de goudron et quatre livres d'eau. Au bout de douze heures au moins, on décantait et le liquide recueilli était administré à la dose d'une à trois livres par jour. Il l'employa tant intérieurement qu'extérieurement dans l'hôpital de Stockholm, chez cinquante malades tous affectés de syphilides invétérées, comme ulcères rongeans, douleurs ostéocopes, exostoses, périostoses, etc. ; vingt-quatre de ces malades ont été radicalement guéris par ce seul remède; treize autres, à qui on avait administré précédemment le mercure sans aucun effet, furent guéris par l'adjonction de l'eau de goudron à ce médicament. Chez sept autres, qu'on avait traites en vain par l'acide nitrique et la pommade oxigénée, l'emploi combiné de ces agens et de l'eau de goudron atteignit parfaitement le but; onze malades guéris par l'eau de goudron furent ensuite soumis par précaution à un traitement mercuriel. Chez dix-huit malades, cette eau seule n'ayant pas suffi, on dut avoir recours au mercure. Le docteur Acharius conclut de ses expériences que l'eau de goudron mérite la plus grande attention dans le traitement des syphilides invétérées, soit comme moyen principal, soit comme auxiliaire des mercuriaux.
    La nature de l'eau de goudron, et ce que les auteurs ont dit de ses propriétés, indiquent qu'elle a pu réussir et qu'on pourrait encore l'utiliser. L'abandon presque complet de ce médicament montre aussi qu'il a dû souvent échouer. Pour fixer sa valeur, il faudrait de nouvelles expériences qui prendraient leur point de départ dans les travaux antérieurs. Il conviendrait aussi de rechercher si l'addition directe à l'eau, de l'acide contenu dans le goudron, remplacerait avec avantage, comme Cullen et Reid l'ont prétendu, la préparation actuelle de l'eau de goudron. Il n'y a non plus aucune conclusion pratique à tirer, dans l'état actuel de la science, de ce qu'on a écrit sur les fumigations et les frictions faites avec le goudron.           (Léop. DESLANDES.)

 

Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques Par G. Andral, 1833, p.231 (Google Books)

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Siris, l'eau de goudron et la liqueur de Koene

Publié le par antoiniste

L'air, déclare Berkeley, a pour qualité spécifique l'élasticité perpétuelle. Le feu ou éther est la cause instrumentale universelle, intermédiaire entre les mondes. "Cet éther ou pur feu invisible, le plus subtil et élastique de tous les corps, semble se répandre à travers tout le monde entier. Si l'air est l'agent ou instrument immédiat dans les choses naturelles, c'est le pur invisible feu qui est le premier moteur, la source naturelle d'où l'air dérive sa puissance."
[...]
    Le feu est donc l'agent universel. Mais l'esprit animal dans l'homme est la cause instrumentale ou physique de la sensation et du mouvement à la fois. L'intelligence de l'homme agit nécessairement par le moyen d'un instrument. [...] Dans le corps humain, l'intelligence ordonne et meut les membres; mais l'esprit animal (the animal spirit) est supposé la cause physique immédiate, une intelligence préside, mais la cause immédiate, mécanique ou instrumentale, qui meut et anime toutes ses parties, est le feu éternellement pur ou l'esprit du monde (spirit of the world).
[...]
    "Nous ne pouvons faire un seul pas dans l'explication des phénomènes, sans admettre la présence et l'action immédiates d'un agent incorporel, qui unit, meut, dispose toutes choses, selon les lois et les desseins qui lui conviennent." Rien dans les corps n'est actif.
    Mais précisément, le véhicule de cet esprit est l'eau de goudron (tar-water serving as a vehicle to this spirit); elle transporte et répand partout cette vis vitae. L'éther ou feu, intermédiaire entre le monde intellectuel et le monde sensible, est présent dans le monde phénoménal grâce surtout à l'eau de goudron, qui possède ainsi la propriété de guérir universellement toutes les maladies et d'être le tonique infaillible, absolu. Siris est précisément "une chaîne (σεῖρα) de réflexions et de recherches philosophiques concevant les vertus de l'eau de goudron" : c'est le titre complet de l'ouvrage.

    in Siris
    Jean Didier, Berkeley, IX, La dernière philosophie, Siris


note : Huile de goudrons de houilles, la créosote du grec kréas : chair, et sôzein : conserver, découverte par Karl von Reichenbach. M. Koene en fera un liqueur qu'utilisera Louis Antoine.

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Libre arbitre et immortalité de l'âme chez Berkeley

Publié le par antoiniste

"Il m'est évident, écrit-il dans Alciphron, en gros et concrètement, que je suis un agent libre. Il ne sert à rien de dire : la volonté est gouvernée par le jugement ou déterminée par l'objet, pendant que, dans chaque cas ordinaire et soudain, je ne puis discerner ni abstraire le décret du jugement, du commandement de la volonté, pendant que je sais que l'objet sensible est absolument un être actif, qui peux me déterminer moi-même et me détermine. Si je pouvais supposer que les choses spirituelles sont corporelles, ou raffiner les choses actuelles ou réelles en actions générales abstraites, ou par habileté métaphysique réduire les choses simples et individuelles en partie multiples, je ne sais ce qui suivrait. J'en appelle au sens commun de l'humanité. Je sais que j'agis; et ce que je fais, j'en suis responsable. I know I act; and what I act I am accountable for. Et, si ceci est vrai, le fondement de la religion et de la moralité demeure inébranlé... un homme est dit être libre, aussi loin qu'il peut faire ce qu'il veut". Dire qu'il peut vouloir comme il veut (he can will as he wills), est inintelligible. Les notions de culpabilité et de démérite, de justice et de récompense, sont dans l'esprit des hommes antérieurement à toutes les recherches métaphysiques. Mais si nous commençons par les généralités et posons nos fondements dans les idées abstraites, nous serons arrêtés et perdus dans  un labyrinthe de notre propre construction. Les athées tiennent pour assuré que l'esprit est inactif et que les idées agissent sur lui. Il faut dire le contraire. La simple réflexion nous donne les notions de liberté, d'agent, d'action. Les athées font une ignoratio elenchi, en attendant des démonstrations là où nous ne pouvons prétendre qu'à la foi. La fin de la libre pensée est πάντα  ὑπόληψις, le scepticisme universel.
    L'immortalité des âmes est évidente : elle suit de l'incorruptabilité, conséquence de l'indivisibilité, de l'incorporéité et de l'inextension. "Si je ne croyais pas en l'immortalité, déclare Berkeley dans un article du Guardian, j'aimerais mieux être huître qu'homme."
     Dans le Discours sur l'obéissance passive, le seul écrit politique que nous ayons de lui, il soutient qu'il faut obéir au pouvoir établi, parce que voulu de Dieu. La vraie sagesse est de vivre selon l'ordre naturel et selon l'ordre civil. Ce jacobiste conclut à un utilitarisme théologique.

       Jean Didier, Berkeley, VIII, La religion et la morale

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