Nous avons tant manié les fluides qui nous relient à cette matière que ce n'est plus qu'un instinct pour notre esprit, un pur caprice. Il s'imagine même en être inséparable, se refuse à croire qu'il y a d'autres sens et qu'on peut se les acquérir en travaillant moralement.
La Révélation, l'arbre de la science de la vue du bien, p.186
Nous voyons dans cette histoire que Adam pose la première pierre à la science qui est la vue du mal, vue de la matière. Celle-ci s'efforce de raisonner tous les phénomènes de la pensée par le nombre, la qualité, la disposition des cellules cérébrales. Rien d'étonnant à ce qu'elle en vienne à nier l'âme, le principe spirituel puisqu'elle ne se base que sur cette matière ; il lui serait impossible d'admettre sérieusement rien qui soit en dehors d'elle.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.185
Pourquoi est-il dit qu'il faut aimer ses ennemis ? Parce que ce qui nous froisse en eux est leur côté réel, le côté divin, ce germe de Dieu qui est en nous. Voilà pourquoi nous disons que notre ennemi est notre Dieu. En effet, il n'est notre ennemi que par notre imperfection qui ne sait supporter Dieu puisqu'elle s'y oppose.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.183 §3
C'est la raison pour laquelle nous sommes incompatibles avec Dieu ; notre incarnation qui est la matière imaginée par Adam pour se couvrir, je le répète, cache à notre être tout ce qui est réel.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.183 §1
Sans nous être rendu compte du but de la vie, nous recherchons le bonheur dans l'imperfection, mais ce bonheur n'est qu'apparent, il ne fait qu'augmenter nos faiblesses et nous empêche d'autant plus de supporter la réalité, Dieu, puisque, dans l'incarnation, nous sommes dans l'opposé de la réalité.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.182
L'imperfection proprement dite n'est pas là où nous nous la figurons ; elle consiste en tout notre être matériel qui est tout l'opposé de perfection. Nous pourrions croire en un Dieu et nous imaginer que nous Le servons bien tandis que nous ferions tout le contraire, car nous ne voyons le bien qu'artificiellement, c'est-à-dire par l'intermédiaire d'un sens matériel, par l'intelligence qui voit de même le mal dans ce qui est bien.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.181
Ah ! si nous pouvions comprendre combien nous vivrions plus heureux en respectant la nature de toute chose ! La faim et la soif redeviendraient alors également naturelles.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.180
Rendons-nous compte de notre situation et nous reconnaîtrons que les besoins factices nous dirigent dans le sens opposé à notre amélioration, qu'ils nous obligent à marcher vers le malheur plutôt que vers le bonheur ; nous en sommes véritablement l'esclave car ils nous font dépasser en tout la mesure du nécessaire. Voilà où nous voyons que l'intelligence est le siège de notre imperfection. Si elle était ce qu'on la croit généralement, pourrait-elle nous diriger de la sorte ? Il est donc vrai qu'elle ne peut supporter la réalité, puisqu'elle prend plaisir à la dénaturer, qu'elle cherche jour et nuit les moyens d'y parvenir. Quand nous voudrons examiner consciencieusement les effets de notre intelligence, nous reconnaîtrons que ce sont nos vices et caprices qui nous divisent, proportionnément à son développement. Mais elle se refuse à nous montrer notre esclavage, elle nous porte, au contraire, à nous croire plus heureux que d'autres qui semblent moins intelligents que nous. J'ai dit que cette faculté ne sait supporter ce qui est réel ; elle est toujours tentée à le falsifier. Elle est même son propre ennemi, son poison puisqu'elle s'ingénie à dénaturer jusqu'aux aliments eux-mêmes. C'est bien là qu'elle prépare la majeure partie de ses souffrances car les mets excitants provoquent des excès qui détraquent l'organisme. Nous sommes donc obligés de constater que notre intelligence nous conduit à la gourmandise, à l'avarice, à l'égoïsme.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.179
Alors même que cela ne me serait pas révélé, la situation actuelle de l'humanité ne nous impose-t-elle pas le devoir de faire remarquer que, eu égard à l'amour qu'elle devrait posséder, elle marche à rebours ?
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.178
Par la morale, on peut résoudre le grand problème de l'univers, pénétrer de tout la raison d'être. Mais ce n'est pas par la simple curiosité que l'on peut y parvenir, pour le seul plaisir de connaître. Il faut que ce soit la conscience qui nous y pousse et non l'intelligence, puisque celle-ci n'est que le siège de la matière qui, semblable à un voile épais, nous cache le moteur de toute chose.
La Révélation, L'arbre de la science de la vue du bien, p.177