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Michaël Ivanoff - Le Maître du Monde (Nuit et jour, 12 juin 1947)

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Michaël Ivanoff (Nuit et jour, 12 juin 1947)

(Nuit et jour, 12 juin 1947)

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Frère et Sœur Laho, au service du Temple de Lille jusqu'en 1996 (photo FB de Jean-Luc Passerel, petit-fils)

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Frère et Soeur Laho, au service du Temple de Lille jusqu'en 1996 (photo FB de Jean-Luc Passerel, petit-fils)

Frère et Sœur Laho, au service du Temple de Lille jusqu'en 1996
ici à la source du Père à Seraing
(photo FB de Jean-Luc Passerel, petit-fils)

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Frère et Sœur Laho, au service du Temple de Lille jusqu'en 1996 (photo FB de Jean-Luc Passerel, petit-fils)

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Frère et Soeur Laho, au service du Temple de Lille jusqu'en 1996 (photo FB de Jean-Luc Passerel, petit-fils)

Frère et Sœur Laho, au service du Temple de Lille jusqu'en 1996
ici à la source du Père à Seraing
(photo FB de Jean-Luc Passerel, petit-fils)

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Eine neue Religion (Neue Zürcher Zeitung, 10 décembre 1910)(e-newspaperarchives.ch)

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Eine neue Religion (Neue Zürcher Zeitung, 10 décembre 1910)(e-newspaperarchives.ch)

Eine neue Religion.
(W. Orig.-Korr.) 

                                                                                                    Brüssel, 7. Dez.
    In Belgien wurde dieser Tage eine neue Religion gegründet und zwar unter den folgenden Umständen. In der Ortschaft Jemappes-sur-Meuse (Provinz Lüttich) ließ sich vor etlichen Jahren ein Heilkünstler nieder, welcher unter dem Namen Antoine le Guérisseur und auch unter dem Namen Antoine le Généreux bald weit und breit bekannt wurde. Woher er kam, wußte niemand, eben so wenig, wie er eigentlich mit seinem richtigen Namen hieß. Nur so viel wurde bald bekannt, daß er eine Menge von Wunderkuren vollzog und Leute heilte, die von den Aerzten aufgegeben wurden. Da der Wunderdoktor keinerlei ärztliches Diplom ausweisen konnte, schritt die belgische Behörde ein und die Gerichte bestraften den Mann mehrmals wegen unbefugter Ausübung der ärztlichen Kunst. Aber schwer konnten die Strafen niemals sein, weil Antoine für feine Heilkünste keinerlei Entlohnung beanspruchte, seine geheimnisvolle Kunst also aus reiner Menschenfreundlichkeit übte. Die Zahl seiner Anhänger wurde mit jedem Tage größer, und gegenwärtig hat sich die Verehrung für Antoine le Guérisseur zu einem regelrechten religiösen kurz ausgebildet. Der Heilkünstler wird, so unglaublich dies klingt, als neuer Heiland verehrt. Die Gläubigen errichteten ihm in Jemappes-sur-Meuse einen eigenen Tempel, welcher 100,000 Franken kostete, und seine Anhänger, etwa 200,000 an der Zahl, sagten sich kürzlich in aller Form vom Katholizismus los und begründeten eine „Antoninische Religionsgenossenschaft“. In einer mit nicht weniger als 160,000 Unterschriften versehenen Petition an das Brüsseler Parlament verlangten die „Antonisten“ soeben die förmliche Staatliche Anerkennung ihrer Religionsgenossenschaft, womit der Staat nach der belgischen Verfassung verpflichtet wäre, die Priester der neuen Religion zu besolden und zum Baue ihrer Gebetshäuser beizutragen. Seltsamerweise trägt die Petition auch Unterschriften gebildeter Leute, wie Lehrer und Notare, die zu den eifrigsten Anhängern des neuen Propheten zu gehören scheinen.
    Nach den Bestimmungen unserer Verfassung wird die klerikale Regierung der neuen Religionsgenossenschaft die Anerkennung kaum verweigern können, und sie wird dann nach dem Katholizismus die stärkste Konfession in Belgien darstellen, da wir in diesem Lande nur etwa 20,000 Israeliten und 15,000 Protestanten zählen. Bei dem Umstande, daß die 200,000 „Antonisten“ in demselben Bezirke wohnen, ist es keineswegs ausgeschlossen, daß unser Parlament schon anläßlich der nächsten Wahlen mit etlichen „Antoninischen“ Abgeordneten geziert wird.
    Die Ultramontanen sind natürlich außer sich vor Wut über diese unerwartete Konkurrenz, wobei sie nur vergessen, daß sie es sind, welche den Boden für den Aberglauben in Belgien durch die Errichtung und finanzielle Ausbeutung ihrer zahlreichen Wunderheilstätten geschaffen haben. Antoine le Guérisseur verlangt wenigstens nichts für seine Wunderkuren, und darin ist er den Wunderkapellen des heiligen Hubertus, des heiligen Remacle und der unzähligen Notredames immerhin überlegen.

Neue Zürcher Zeitung, 10. Dezember 1910 (source: e-newspaperarchives.ch)

 

Traduction :

Une nouvelle religion.

                                                                                                        Bruxelles, 7 déc.
    Une nouvelle religion a été fondée ces jours-ci en Belgique dans les circonstances suivantes. Dans la localité de Jemappes-sur-Meuse (province de Liège) s'est établi, il y a quelques années, un guérisseur qui, sous le nom d'Antoine le Guérisseur et aussi sous celui d'Antoine le Généreux, fut bientôt connu à des kilomètres à la ronde. Personne ne savait d'où il venait, pas plus qu'il ne connaissait son vrai nom. Tout ce que l'on sut bientôt, c'est qu'il pratiquait une multitude de cures miraculeuses et guérissait les personnes abandonnées par les médecins. Comme le thaumaturge ne pouvait présenter aucun diplôme médical, les autorités belges sont intervenues et les tribunaux ont sanctionné l'homme à plusieurs reprises pour exercice illégal de la médecine. Mais les peines n'ont jamais pu être lourdes, car Antoine ne réclamait aucune rémunération pour ses talents de guérisseur et pratiquait donc son art mystérieux par pure philanthropie. Le nombre de ses adeptes augmentait de jour en jour, et actuellement, la vénération d'Antoine le Guérisseur s'est transformée en un véritable culte religieux. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'artiste guérisseur est vénéré comme un nouveau sauveur. Les fidèles lui ont érigé un temple à Jemappes-sur-Meuse, qui a coûté 100 000 francs, et ses adeptes, au nombre de 200 000 environ, ont récemment renoncé formellement au catholicisme et fondé une "coopérative religieuse antoiniste". Dans une pétition adressée au Parlement de Bruxelles et munie de pas moins de 160 000 signatures, les "antoinistes" viennent de demander la reconnaissance formelle par l'Etat de leur association religieuse, ce qui obligerait l'Etat, selon la Constitution belge, à rémunérer les prêtres de la nouvelle religion et à contribuer à la construction de leurs maisons de prière. Curieusement, la pétition porte également les signatures de personnes instruites, comme des enseignants et des notaires, qui semblent être parmi les plus fervents partisans du nouveau prophète.
    Selon les dispositions de notre constitution, le gouvernement clérical ne pourra guère refuser la reconnaissance de la nouvelle association religieuse, qui constituera alors la confession la plus forte en Belgique après le catholicisme, puisque nous ne comptons dans ce pays qu'environ 20 000 israélites et 15 000 protestants. Etant donné que les 200 000 "antoinistes" habitent dans le même arrondissement, il n'est pas du tout exclu que notre parlement s'orne déjà de quelques députés "antoinistes" à l'occasion des prochaines élections.
    Les ultramontains sont évidemment furieux de cette concurrence inattendue, oubliant seulement que ce sont eux qui ont créé le terreau de la superstition en Belgique par la construction et l'exploitation financière de leurs nombreuses maisons de santé miraculeuses. Antoine le Guérisseur ne demande au moins rien pour ses cures miraculeuses, et en cela il est tout de même supérieur aux chapelles miraculeuses de Saint-Hubert, de Saint-Remacle et des innombrables Notre-Dames.

Neue Zürcher Zeitung, 10 décembre 1910 

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L'Antoinisme (La Libre Parole, dir. Edouard Drumont, 1er mars 1912)

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L'Antoinisme (La Libre Parole, dir. Edouard Drumont, 1er mars 1912)L'Antoinisme
UNE FARCE QUI A TROP DURÉ

    L'Antoinisme, dont je parlais il y a quelques jours, n'est pas de date récente, comme on pourrait le croire : un prêtre de nos amis nous signale qu'il sévit depuis quelque temps en province, et que même des mesures ont été prises déjà pour enrayer la contagion.
    Il y a plusieurs années que l'Antoinisme a fait son apparition, dans la vallée du Grésivaudan, une des plus pittoresques du Dauphiné.
    Là, le père Antoine se fit d'abord connaître comme guérisseur. « La recette est des plus simples, nous dit notre correspondant. Vous souffrez d'un mal de dents, d'un embarras gastrique, d'une fatigue d'intestin, vous avez une pneumonie, une fièvre typhoïde, un membre fracturé, le cerveau fêlé : laissez de côté toutes les prescriptions de ces charlatans diplômés qui s'appellent médecins et chirurgiens, faites un acte de foi à Antoine et écrivez-lui. Quand votre lettre est écrite, dûment signée et paraphée, déjà vous éprouvez du soulagement ; votre lettre est mise à la poste ou confiée au facteur, le mieux s'accentue ; le surlendemain votre lettre est parvenue à Jemappe-les-Liège : vous êtes radicalement guéri. »
    Le procédé est infaillible. Si la guérison n'est pas obtenue, c'est que vous n'avez pas la foi ou qu'on ne l'a pas autour de vous ; s'il arrive que le malade meure, c'est sans souffrance ; s'il se débat dans une agonie atroce, c'est un faux-semblant, mais en réalité il ne souffre pas.
    Vous voyez comme c'est simple, et vous commencez à comprendre pourquoi M. Guist'hau avait fermé l'Ecole de médecine.
    Dans cette vallée du Grésivaudan, l'Antoinisme a son apôtre en la personne de Mme Marguerite Casset, du village de La Flachère, et il a son temple au chef-lieu de canton, Le Touvet.
    Quelques catholiques ayant pris cette farce au sérieux, une instruction fut lue en chaire l'an dernier par tous les curés, rappelant la conduite à observer par les paroissiens.
    Les choses en sont là.
    Peut-être apprendrons-nous que d'autres contrées sont contaminées. Il est bon que les catholiques soient prévenus, mais il n'y a pas lieu de prendre l'aventure au tragique, quoique les plus courtes plaisanteries soient les meilleures.
                                                                          Albert Monniot.

La Libre Parole, dir. Edouard Drumont, 1er mars 1912

 

    Le journal satirique liégeois Tatène reprend l'auteur de cet article.

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Katholisches Leben in Belgien (Luxemburger Wort, 6. Juli 1939)(eluxemburgensia.lu)

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Katholisches Leben in Belgien (Luxemburger Wort, 6. Juli 1939)(eluxemburgensia.lu)Kirchliches
Katholisches Leben in Belgien.

    In der „Cité Chrétienne“ schildert Kanonikus J. Vieujean den gegenwärtigen Stand des „christlichen“ Belgien. Es heißt darin: „In den Provinzen Luxemburg und Namür hat sich das Christentum am stärksten erhalten. In Luxemburg gibt es mehrere Pfarrgemeinden, in denen 90 Prozent der Gläubigen ihre Osterpflicht erfüllen. Lüttich und Hainaut sind die am stärksten laizisierten Provinzen des ganzen Landes. Lüttich zählt 300 000 praktizierende Katholiken neben 520 000 Taufscheinchristen. In den Kleinstädten schwankt die Zahl der gläubigen Katholiken zwischen 70 und 30 Prozent, in den großen Industriezentren sinkt die Verhältniszahl unter 25 Prozent herab. Sehr groß sind die Unterschiede in den sozialen Klassen. Die Bauern sind die gläubigsten, die Industriearbeiter die entchristlichsten Elemente der Bevölkerung. Viele Jungarbeiter geben jede religiöse Betätigung bereits nach der Erstkommunion auf. Die Hälfte oder gar Dreiviertel der jungen Arbeiter versäumen die kirchlichen Sonntagspflichten. Nicht, daß sie ihren Glauben verlieren oder das Beten aufgeben, aber sie schließen sich von jeder religiösen Gemeinschaft aus. Unter der erwachsenen Fabrikarbeitern beträgt die Prozentzahl der praktizierenden Katholiken oft nur 5 Prozent; unter den Landarbeitern ist sie sehr viel höher.“
    Ueber die Ursachen der Entchristlichung schreibt Kanonikus Vieujean: „Wir müssen auch den Einfluß religiöser Sekten in Betracht ziehen, vor allem des Antoinismus und der protestantischen Sekten. Der Antoinismus hat besonders unter den Volksschichten viele Anhänger gewonnen, in denen der Sozialismus den Boden bereitet hat; aber er hat auch der Kirche eine bedeutende Anzahl Mitglieder entrissen. Augenblicklich scheint er seinen Höhepunkt erreicht zu haben. Die protestantischen Sekten haben sich seit dem Weltkrieg sehr vermehrt. Sie entwickeln eine intensive Tätigkeit, aber die Zahl ihrer Anhänger ist immer noch gering und setzt sich meist aus Angehörigen jener Klassen zusammen, die vorher durch andere Einflüsse entkirchlicht waren.
    Der Spiritismus scheint heute bereits im Absterben begriffen zu sein, und die Theosophie gibt überhaupt kein Lebenszeichen mehr von sich. Andererseits hat die Freidenkerbewegung in den letzten Jahren eine sehr kämpferische Haltung eingenommen.“

Luxemburger Wort, 6. Juli 1939 (source : eluxemburgensia.lu)

 

Traduction :

Vie de l'Église
La vie catholique en Belgique.

    Dans la "Cité Chrétienne", le chanoine J. Vieujean décrit l'état actuel de la Belgique "chrétienne". On peut y lire : "C'est dans les provinces de Luxembourg et de Namur que le christianisme s'est le plus fortement maintenu. Au Luxembourg, il y a plusieurs paroisses dans lesquelles 90% des fidèles accomplissent leur devoir pascal. Liège et le Hainaut sont les provinces les plus laïcisées de tout le pays. Liège compte 300 000 catholiques pratiquants à côté de 520 000 chrétiens sur certificat de baptême. Dans les petites villes, le nombre de catholiques pratiquants varie entre 70 et 30 pour cent, tandis que dans les grands centres industriels, le taux descend en dessous de 25 pour cent. Les différences entre les classes sociales sont très importantes. Les paysans sont les plus croyants, les ouvriers industriels les éléments les plus déchristianisés de la population. De nombreux jeunes ouvriers abandonnent toute activité religieuse dès leur première communion. La moitié, voire les trois quarts des jeunes ouvriers manquent aux obligations religieuses du dimanche. Non pas qu'ils perdent leur foi ou qu'ils abandonnent la prière, mais ils s'excluent de toute communauté religieuse. Parmi les ouvriers d'usine adultes, le pourcentage de catholiques pratiquants n'est souvent que de 5 pour cent ; parmi les ouvriers agricoles, il est beaucoup plus élevé".
    Sur les causes de la déchristianisation, le chanoine Vieujean écrit : "Nous devons également tenir compte de l'influence des sectes religieuses, notamment de l'antoinisme et des sectes protestantes. L'antoinisme a gagné de nombreux adeptes, surtout dans les couches populaires où le socialisme a préparé le terrain ; mais il a aussi arraché à l'Église un nombre important de membres. Il semble avoir atteint son apogée en ce moment. Les sectes protestantes se sont beaucoup multipliées depuis la guerre mondiale. Elles développent une activité intense, mais le nombre de leurs adeptes est encore faible et se compose le plus souvent de membres des classes qui étaient auparavant déchristianisées par d'autres influences.
    Le spiritisme semble aujourd'hui déjà en voie de disparition, et la théosophie ne donne plus du tout signe de vie. D'autre part, le mouvement de la libre pensée a adopté ces dernières années une attitude très combative".

Luxemburger Wort, 6 juillet 1939

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La fête des Antoinistes (Le Soir, 26 juin 1925)(Belgicapress)

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La fête des Antoinistes (Le Soir, 26 juin 1925)(Belgicapress)A JEMEPPE-SUR-MEUSE
LA FETE DES ANTOINISTES
(De notre envoyé spécial.)

    Sur le tram qui m'avait conduit de Liége à Jemeppe, j'avais rencontré déjà des petits bourgeois, des artisans, des vieilles dames vêtues de noir et pauvrement endimanchées, des petits garçons et des petites filles que la douleur et la foi avaient déjà rendus pensifs, et j'avais compris que j'avais autour de moi de ces Antoinistes, dont la fête annuelle m'avait attiré en cette région. C'étaient encore des gens pareils à ceux que l'on remarque dans ces pays industriels où la misère et le travail ont pâli ou jauni les visages. Ils étaient isolés et dans quelques instants ils allaient, en se mêlant à d'autres gens venus de tous les points de la Belgique et même de la France, devenir cette masse anonyme et compacte à laquelle on donne un nom précis et qui n'a plus qu'une seule et même personnalité : les Antoinistes en la circonstance.
    Je m'étais joint à la théorie pieuse qui me servait de guide, et à mesure que nous avancions dans la rue banale et bordée de petits commerces de Jemeppe, des groupes s'ajoutaient aux autres groupes ; je considérais des faces ravagées par les rides, faces qui se décoraient pourtant d'une gravité et d'une tristesse et qui s'appariaient étrangement à ce paysage de terrils cendreux, de hauts fourneaux gigantesques, à ces brumes noires et à ces fumées minces et blanches que l'on dirait cruelles, comme l'acier poli et acéré que leurs flammes ont façonné.
    O la détresse de ces pauvres existences sans d'autres issues que la mort !
    La foule se pressait dans des rues étroites, sous des viaducs sombres, contre des talus d'herbes jaunies. Le temple des Antoinistes se cache entre des maisons de briques sales. Il est surmonté d'un clocher bas en zinc, qui se termine en une sorte de vrille qui va s'effilant. A l'intérieur, la plus grande simplicité règne, des chaises, des bancs de bois, des murs teints en jaune ; une galerie qui court le long de la salle triangulaire. Pas d'autel, pas d'ornements. Sur le grand mur noir du fond se détache en blanc cette inscription en très gros caractères :
    « L'auréole de conscience.
    » Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi. C'est de la foi que nait l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même : ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu ; car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir. C'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
    Quand nous entrons, le temple est déjà rempli d'une foule dévote qui se recueille. Sous l'inscription, un siège est placé. Cinq desservants se sont groupés autour de ce siège. Ils forment le conseil de l'Antoinisme. Leur nombre est de sept ; l'un d'eux est malade, et le plus important va venir. C'est un grand vieillard, à la barbe blanche, aux traits émaciés. Il lève ses regards vers le ciel, il joint ses mains, il a des attitudes d'extase. Il annonce l'arrivée de la Mère, qui continue l'apostolat du père Antoine, mort depuis 1902. Et tout à coup, sur la petite galerie qui surmonte le siège et le groupe des guérisseurs, la forme spectrale de la Mère apparaît.
    Elle est âgée de 72 ans ; elle marche en glissant sur le bois de la galerie, et ne fait nul bruit. On la voit, on ne l'entend pas. Son visage est jauni comme un vieux parchemin ; elle porte un petit bonnet noir qui retombe en manière de cape sur les épaules. Elle fait des gestes d'exorcisme ; elle joint les mains d'abord, elle les écarte ensuite ; on perçoit sur ses lèvres un murmure inintelligible. On dirait qu'elle appelle, qu'elle attire à elle un esprit invisible qui résiste, et qu'elle combat. Les fidèles ne suivent pas ses gestes ; ils ont les mains jointes, ils méditent en silence ; ils font intérieurement des actes de foi, attendant que la foi opère. Il y a là des malades qui attendent la guérison, et celle-ci ne peut venir que s'ils croient ardemment.
    La Mère s'en va silencieusement comme elle était venue ; c'est une ombre noire qui s'efface.
    Alors le guérisseur qui avait annoncé la présence de la Mère lit les dix principes de la foi antoiniste. Ce sont les préceptes de morale et de charité sur lesquels la foi antoiniste est basée. Il fait cette lecture d'une voix haute et monotone, scandant les phrases et appuyant sur certaines syllabes, dont le sens ne semble pas nécessiter cet accent. L'Antoiniste doit aimer ses ennemis ; il ne doit pas faire l'ostentation de ses aumônes ; il doit subordonner l'intelligence à la conscience.
    La « Grande Opération annuelle » est terminée dans le temple. Mais comme il y a, au dehors, une foule immense qui n'a pu trouver place dans la salle, on va renouveler ce rite à l'extérieur. L'église est évacuée. Les desservants, les guérisseurs, comme on veut les appeler, sortent processionnellement. Trois d'entre eux portent un cartel argenté sur lequel on lit ces mots : « L'arbre de la Science est la voie du mal ». La Mère reparait à la porte du temple, cette fois ; de nouveau elle fait les gestes de l'exorcisme qui doivent guérir, et le premier desservant lit encore les dix principes. C'est à cela que se limite le culte antoiniste ; il n'y a pas autre chose.
    Un long cortège se forme, qui va se dérouler dans la campagne. Il passe devant le cimetière et ne s'y arrête pas, parce que les Antoinistes ne croient pas à la mort, mais à la désincarnation et à la réincarnation.
    Je suis le cortège. J'aborde un de ces hommes que j'ai remarqués plusieurs fois. Ils portent de longues redingotes noires et sont coiffés d'un chapeau dit « haut de forme », mais peu élevé et à bords plate. C'est un petit vieillard à la barbe très blanche. Il me dit qu'il est le desservant, le « guérisseur » du temple de Jumet. Selon lui, plus de dix mille Antoinistes sont venus aujourd'hui à Jemeppe, le siège de la foi enseignée par le Père. Je me garderai bien de contrôler ce chiffre, mais quand il ajoute que des délégués sont venus des points les plus éloignés de la France, une brave femme s'écrie, pour corroborer sa parole : « Moi, je suis de Tours ! » et une autre ajoute : « Et moi, je suis de Monte-Carlo ! »
    L'Antoiniste me dit aussi qu'au cours des vingt ans de son apostolat, il a guéri plus de cent mille personnes. Le nombre des adeptes de cette foi s'élèverait à trois cent mille, répandus en Belgique et en France.
    – Et l'Angleterre ? lui demandai-je.
    – L'Angleterre est trop matérialiste !
    Cependant, il ne doute pas que la foi antoiniste ne s'étende bientôt sur le monde entier. Ce ne sera pas l'affaire de cette génération, mais des suivantes. Dans la secte, le culte est tout intérieur ; chaque homme possède Dieu en lui-même, mais un Dieu qui n'agit pas, qui attend qu'on le révèle, et chaque homme peut devenir Dieu lui-même.
    Le petit vieillard croit fermement en son Dieu, en lui-même, en la puissance personnelle dont chaque adepte dispose.
    Certes, je n'ai pas vu des aveugles glorifier la lumière retrouvée, je n'ai pas vu des paralytiques jeter au loin des béquilles qui leur étaient inutiles ; il paraît que la guérison s'opère longuement et selon la foi des fidèles. Mais j'ai partagé l'émotion de ces foules douloureuses, qui tentent d'échapper à un enfer de misère. Ces vieilles femmes au teint jauni, ces malades près de succomber sous l'effort du mal rongeur, se rattachaient comme des naufragés à l'épave de cette croyance ; et dans ce pays âpre et dur, où les fumées des usines obscurcissent le ciel, j'ai compris l'immense espoir des foules déshéritées qui, dans leur anxiété, interrogent les dieux inconnus.                   A. D.

LA COMMEMORATION A PARIS

                                                                                      Paris, 25 juin.
    Les adeptes du culte antoiniste célébraient ce matin l'anniversaire de son fondateur, le père Antoine. Ils étaient venus-là plus d'un millier ; dans le lointain quartier de la Glacière, non pas seulement de Paris, mais des quatre coins de France, réunis malgré la pluie autour du petit temple de la rue Vergniaud, plus austère, plus modeste que la plus humble des églises de campagne.
    Hommes et femmes en vêtement noir s'abordent en échangeant l'évangélique salutation : « Bonjour, frère ! » « Bonjour, sœur ! » et se quittent en prononçant la formule d'adieu rituelle : « De bonnes pensées ! »
    Nombreux sont les frères et les sœurs qui ont revêtu le costume des fidèles, longue lévite noire boutonnée jusqu'en haut, chapeau de feutre dur à la forme évasée aux bords plats pour les hommes, robe noire sans ornement, voile de béguine pour les femmes, tenue toute de simplicité, d'austérité, comme la doctrine.

Le Soir, 26 juin 1925 (source : Belgicapress)

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Enseigne de temple avenue Monjoie à Waremme (FaceBook Jean-claude Paps)

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Enseigne de temple avenue Monjoie à Waremme (FaceBook Jean-claude Paps)

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Une communauté spirite en Allemagne (Le Fraterniste, 15 mai 1934)

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Une communauté spirite en Allemagne (Le Fraterniste, 15 mai 1934)Une communauté spirite
en Allemagne

    La Deutsche Filmschau, le Grossenhainer Tageblatt, la Zeitschrift fuer Seelenleben, etc., ont consacré d'importants articles à la communauté spirite de Thiendorf par Kœnigsbrück Land, en Saxe, à l'occasion de son 50e anniversaire. La communauté comprend une soixantaine de membres et les messages sont reçus par la sœur Amalie Schaale. Ce que cette colonie a enduré de souffrances passe l'imagination, car à ses débuts elle fut persécutée à cause de sa vie en commun et surtout, à cause de ses communications constantes avec le monde des indivisibles dès 1883.
    A l'occasion de son 85e anniversaire, le Chancelier Hitler a tenu lui-même à adresser au médium Amalie Schaale ses souhaits et ses compliments les plus cordiaux. Elle fut en effet l'inspiratrice de cette colonie héroïque dont la vie matérielle ne fut pas toujours facile, mais qui compta en tous domaines tant de pionniers convaincus de la réalité de la survivance personnelle et de la possibilité de communication des vivants avec les morts.
    L'histoire de cette communauté de Thiendorf constitue d'ores et déjà une sorte de « Légende Dorée » du spiritisme : On croit rêver à la pensée que là, forts de leur foi spirite, une soixantaine de gens se sont étroitement associés sur un même bien, dans une fraternelle coopération de tous les instants, malgré l'hostilité des hommes et de la nature. Et, la journée faite, autour d'Amalie Schaale, les spirites accueillaient la parole réconfortante de l'Au-Delà qui tombait comme une rosée du ciel.
    Nos frères de Thiendorf ont bien voulu nous adresser plusieurs de leurs messages spirites. En les lisant, nous ne pouvions nous défendre d'une profonde émotion : Ceux de Thiendorf ont vécu un demi-siècle dans l'enchantement spirite, en perpétuel contact avec les invisibles, plus forts que les colères des hommes et que les tempêtes de la nature, vainqueurs toujours du mal et de la mort...
    A tous les « Grands Messieurs » qui depuis l'an dernier ont pris le chemin de Thiendorf pour voir les vieux et fidèles colons, pour les entendre conter leurs tribulations d'antan, pour trouver autour de Wilhelm et d'Amalie Schaale un peu de cette sainteté qui devient si rare décidément sur l'infernale terre, nous nous joignons et nous crions de notre terre de France : « Frères allemands ! Nos mains dans vos mains ! »
    Car ceux de Thiendorf, depuis un demi-siècle, offrent à Dieu leur cœur comme un ostensoir : Il a neigé sur leurs têtes, certes, mais leur cœur n'a cessé de reverdir avec chaque printemps, merveilleux et tendre de la jeunesse de l'éternité...
    Amalie Schaale, Prêtresse de la Colonie spirite de Thiendorf au merveilleux pays de Saxe, nous sommes ici quelques gens de France, de la vraie France, vous savez ? qui vous crions notre amour et notre admiration. Puissions-nous, ainsi que vous, porter notre cœur comme le Très Saint Sacrement ; qu'il neige aussi sur nos têtes, pourquoi pas ? mais que notre cœur ne cesse de reverdir avec chaque printemps, merveilleux et tendre de la jeunesse de l'éternité...

                                                                                         Gabriel GOBRON

Le Fraterniste, 15 mai 1934

 

Vermischtes.

     Eine neue religiöse Sekte hat sich in Thiendorf in der Ephorie Grossenhain gebildet Sie nennt sich Theographischer Bruderbund in Christo. Die Anhänger derselben stammen meist aus der Gegend von Chemnitz. Mit äussern Mitteln gut ausgestattet haben sie in Thiendorf mehrere Besitzungen erworben auf denen sie mehrstöckige Häuser errichtet haben. Hier leben sie, einige 40 Köpfe stark, in einer Art Güter- und Familien-Gemeinschaft; sie verwerfen die eheliche Gemeinschaft, führen aber sonst in Uebung geistiger Bruder- und Nächstenliebe kein anstössiges Leben. Höher als Gottes Wort halten sie die ihnen durch den Mund eines weiblichen Mediums zukommenden Offenbarungen. Diese und die auf demselben Wege ihnen zugehenden Anordnungen zur Regelung ihres häuslichen, kirchlichen und bürgerlichen Lebens sind die Richtschnur ihres Glaubens und Lebens. Bis jetzt haben sie sich zur Kirche nicht feindlich gestellt, sie besuchen fleissig die Gottesdienste. Ihre Apostel treiben Krankenheilungen durch Handauflegen unter Gebet und scheinen namentlich auf diesem Wege Anhänger gesucht und gefunden zu haben.

                                                             (Zw. Wochenblatt.)

Freimaurer Zeitung, N°6, 5. Februar 1887

 

Une communauté spirite en Allemagne (Le Fraterniste, 15 mai 1934)

Die frühen Kommunisten

Vor 130 Jahren wurde im Ort ein geschwisterlicher Verein gegründet. Eine Straße heißt noch heute Zur Brüdergemeinde.

Von Kathrin Krüger-Mlaouhia

Waltraud Schumann blättert in einem dünnen A 5-Heftchen. Es erzählt die Geschichte des Vereins geschwisterliche Vereinigung zu Thiendorf e.V., auch Brüdergemeinde genannt. Vor 16 Jahren wurde es von der damaligen Ortschronistin Birgit Naumann erstellt. Waltraud Schumann ist vielleicht die Einzige, die im Ort noch etwas mit den alten Fotos und Akten darin anfangen kann. Denn die heute 85-Jährige hat die Brüdergemeinde noch einige Kinder- und Jugendjahre lang selbst erlebt.

Diese typischen Klinkervillen und der Straßenname erinnern noch heute an die Thiendorfer Brüdergemeinde. Kleines Foto oben: Waltraud Schumann wurde 1929 in der Kommune geboren. Ihren Eltern gehörten dazu. Vater Kurt Mocker war der Geschirrführer der Landw Diese typischen Klinkervillen und der Straßenname erinnern noch heute an die Thiendorfer Brüdergemeinde. Kleines Foto oben: Waltraud Schumann wurde 1929 in der Kommune geboren. Ihren Eltern gehörten dazu. Vater Kurt Mocker war der Geschirrführer der Landw

„Mein Vater kam aus dem Vogtland nach Thiendorf, weil ihn sein Onkel Ernst darum gebeten hatte“, erzählt die Seniorin. Onkel und Tante Mocker waren aus Amerika zurückgekommen, wohin viele aus der vor 130 Jahren gegründeten Kommune ausgewandert waren. Doch sie hatten keine Kinder. Mitglieder und mithin Mitarbeiter wurden aber in der landwirtschaftlichen Kommune dringend gebraucht.

Als Waltraud Schumann 1929 zur Welt kam, umfasste die Brüdergemeinde ein stattliches Gelände zwischen der Straße nach Liega und dem heutigen Feuerwehrdepot. Dazu gehörten ein Garten, Scheunen und Ställe, eine Tischlerei und ein Maschinengebäude, das Wirtschaftshaus mit Gemeinschaftsspeisesaal und natürlich die Wohnhäuser. „Meine Eltern bekamen kein Geld fürs Arbeiten“, erinnert sich die Thiendorferin. Alles wurde in eine Gemeinschaftskasse gegeben. Dafür wurden neue Technik angeschafft oder Reparaturen bezahlt. Waltraud Schumann bekam das zu spüren: Sie musste in Holzpantinen bis nach Schönfeld zum Konfirmandenunterricht laufen. „Meine Eltern haben sich deshalb etwas dazuverdient: Mutter strickte Strümpfe für die Thiendorfer Bauern und der Vater kassierte im Gasthof den Eintritt, wenn Tanz war.“

Der Verzicht auf zu viel persönlichen Besitz stand bei den frühen Kommunisten im Programm. Doch die religiös geprägten Mitglieder waren eher spirituell angehaucht. Bindeglied untereinander, so weiß es auch Waltraud Schumann, waren die Gebetsstunden. Ihre Eltern hätten daran aber nicht teilgenommen. Im Dorf hätte man die Kommune aber „die Heiligen“ genannt. Sie waren schon ein Dorf im Dorfe. Man erzählte sich von spiritistischen Versammlungen. Waltraud Schumann hat sich als Kind leider nicht dafür interessiert.

„Das Leben war gut, aber wir waren arm“, fasst die Thiendorferin zusammen. Um zu verstehen, was damals gelaufen ist, muss man sich in die Zeit hineinversetzen. Alternative Lebensformen hatte um die Jahrhundertwende Konjunktur. Man wollte zurück aufs Land, sein Leben und seine Ernährung selbst bestimmen. Immerhin erbte Schumanns Mutter nach Auflösung der Kommune ein Haus. Das gibt es heute noch – mit dem markanten gelben Klinker.

saechsische.de, 10 September 2014

https://www.saechsische.de/plus/die-fruehen-kommunisten-2880073.html

 

Thiendorf hatte eine Kommune

An der Straße Zur Brüdergemeinde liegt in Thiendorf das Hotel Lindenhof. So mancher Gast hat schon die Frage gestellt, was das für eine Gruppe war, die der Straße den Namen gab. Ortschronistin Birgit Naumann machte sich deshalb emsig ans Studium verfügbarer Unterlagen.

Von Kathrin Krüger-Mlaouhia

An der Straße Zur Brüdergemeinde liegt in Thiendorf das Hotel Lindenhof. So mancher Gast hat schon die Frage gestellt, was das für eine Gruppe war, die der Straße den Namen gab. Ortschronistin Birgit Naumann machte sich deshalb emsig ans Studium verfügbarer Unterlagen. Und so entstand eine Arbeit über jene geschwisterliche Vereinigung e. V., die der Thiendorfer Jugend- und Heimatverein in diesem Jahr als Broschüre veröffentlichen will.

Die Brüdergemeinde war eine frühe Kommune mit gemeinschaftlichem Eigentum und starker Glaubensverbundenheit. Familien schlossen sich zusammen, um landwirtschaftlich zu arbeiten und sich gegenseitig zu helfen. Den Grundstein hatte 1883 Amalie Ulbricht-Schaale mit 46 Hektar Land gelegt. Sie war auch das spirituelle Oberhaupt im freikirchlichen Glaubensleben der Gemeinschaft. Von ihren Gebetsstunden gibt es mysteriöse Überlieferungen, die vom Kontakt mit Engeln und den Geistern Verstorbener berichten.

Nach 1891 folgten einige Mitglieder der Vereinigung dem Ruf nach Nordamerika. Dort erhofften sich die Handwerker und Landwirte bessere Verdienstmöglichkeiten. Während einige enttäuscht wieder nach Thiendorf zurückkehrten, machten andere gutes Geld und überwiesen es ihren Brüdern in Deutschland. Die bauten damit die markanten Klinker-Villen mit den Dachausbauten. 1909 ließ sich der Wohltätigkeitsverein registrieren.

Mit der Inflation brach auch eine schwere Zeit für die Brüdergemeinde an. Viele ältere Mitglieder mussten versorgt werden, aus Amerika kamen keine Zuwendungen mehr. Im Krieg wurden viele Gebäude beschädigt.

Nach 1945 fassten die verbliebenen Mitglieder das Ziel, einen gemeinsamen Neuanfang zu wagen. Doch der Verein wurde administrativ aufgelöst, aus einem Teil der Gebäude machte die Rote Armee einen Jugendwerkhof.

saechsische.de, 24 Januar 2005

https://www.saechsische.de/plus/thiendorf-hatte-eine-kommune-1200488.html

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Un nouveau Dieu (Le Réveil du Nord, 4 mai 1914)

Publié le par antoiniste

Un nouveau Dieu, le Père Dor (Le Réveil du Nord, 4 mai 1914)COMPTES DU LUNDI

UN NOUVEAU DIEU

    Surtout, ne tombez pas frappé d'apoplexie à la lecture de la nouvelle que je vais vous annoncer.
    Le Père Eternel est sur terre.
    Et à deux pas d'ici : à Roux, petit village du Hainaut Belge. Le Père Eternel délaisse la Terre Sainte qui est envahie par les touristes anglais, les guides allemands et les capucins internationaux. Il a préféré venir villégiaturer dans la patrie de Beulemans.
    Il habite une bonne maisonnette où il y a le chauffage à la vapeur et toutes sortes de commodités, car le Père Eternel aime avoir ses aises et il est sujet, en hiver, aux rhumes de cerveau.
    On appelle sa maisonnette le « Temple de la Vertu ». Le Père Eternel se fait désigner tout simplement sous le nom de Père Dor, professeur de l'Ecole Morale de Roux.
    Il guérit les malades, sans médicaments, il console les affligés, donne des conseils pour vivre vertueux, pour avoir des enfants, pour soigner les panaris et pour raccommoder les ménages.
    Ça vaut mieux que d'aller au café, bien sûr.

    Pour expliquer plus commodément sa doctrine le Père a fait un petit catéchisme. Aujourd'hui, même le Bon Dieu est obligé de passer par l'imprimerie pour se faire connaître. Ça fera sûrement du tort à ces Messieurs du clergé. La concurrence directe de Dieu, c'est comme qui dirait la suppression des intermédiaires et, dame, les intermédiaires : MM. le Pape, les évêques et autres, vont la trouver mauvaise.
    D'autant plus que le Père leur dit leur quatre vérités, avec sa franchise bien connue :

    – « Je dois vous dire que le Christianisme tel qu'on l'a enseigné jusqu'à ce jour est souillé de toutes sortes d'absurdités. Mais j'espère que ces faibles idées inculquées dans l'âme, ignorante du Vrai, du Beau, du Juste, s'évanouiront bientôt par la connaissance de la Morale moderne, car celle-ci démolit la prière, la foi et le Dieu inventé.
   » On doit savoir que le christianisme est le résultat de la prédication de l'Evangile, faite par les apôtres aux Juifs et aux gentils ([…] après la mort de Jésus. (Ici je ne dirais pas la mort du Christ, parce que celui-ci n'est pas mort).
    » Ces résultats, ces révélations sont des fables inventées par les hommes sectaires, religionnaires, c'est-à-dire par les hommes matériels. La preuve est qu'ils se contredisent les uns les autres. Le christianisme doit sa propagation à quelques rois fanatiques et il est resté debout grâce à leurs efforts et leur opiniâtreté à combattre et à détruire l'hérésie secondés aussi par leur Dieu : l'argent.
    » Et ces dirigeants sectaires, ces dignes de la foi, c'est-à-dire les chrétiens qui prétendaient enseigner une religion de paix, de pardon et de mansuétude, n'hésitèrent pas, pour assurer la prépondérance de leur croyance, d'immoler des milliers d'hérétiques en les vouant à des tortures atroces, n'épargnant ni vieux ni jeunes, pas même les enfants qui tétaient... »

    Il n'est pas si bête qu'on aurait pu le croire, ce vieux Père Eternel et quand la « Croix » prétendait le séquestrer dans le Paradis, c'est bien parce qu'elle redoutait cet accès de vérité, un jour ou l'autre.

    Mais dans sa retraite de Roux, le Père prépare désormais toute une série de révélations. Moyennant 2 fr. 15 en mandat-poste (0 fr. 25 en plus pour envoi recommandé) il vous envoie son « livre précieux » : Christ parle à nouveau.
    Le prospectus ajoute : « L'Administration n'est pas responsable des envois non recommandés ». Dieu peut tout, sauf s'y retrouver dans le gâchis des bureaux de poste !
    L'Administration du Nouveau Christ a bien raison de faire toutes réserves. La vie divine serait infernale s'il fallait que le Bon Dieu aille lui-même se chamailler avec les employés des postes qui sont souvent athées et l'enverraient au Diable...

    Réjouissons-nous. Il n'y aura bientôt plus d'athées, ni de faux prophètes, ni de faux dieux... Les apôtres du Père le proclament dans une brochure (0 fr. 30 par la poste) qu'ils ont eu la délicate pensée d'éditer « à l'occasion de la Toussaint jour de la Grande Opération pour les vivants et les morts ». – ? –

    – « Vous le dites, mon Père : dans la morale comme dans l'art, dire n'est rien, faire est tout. Concevoir le bien, en effet, ne suffit pas, il faut le faire réussir parmi les hommes. C'est là votre mission, mon Père et c'est de vos exemples que nous connaissons la grandeur de votre travail. Vous avez dû, mon Père, passer par bien des filières pour acquérir seul cette puissance qui fait reconnaître en Vous, le Conducteur de ce Monde, ce qui veut dire : le Messie du XXe siècle...
    » Oui, cher et vénéré Père, Vous voulez nous cacher votre essence surnaturelle, c'est-à-dire qui vous êtes, mais vos enfants Vous ont reconnu et vous le crient bien haut : Vous êtes le Christ !
    » Ah ! oui, elles nous éclairent maintenant les paroles que vous avez prêchées il y a deux mille ans et notamment celles-ci : « Je m'en vais vous préparer le lieu et après que je m'en serai allé et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai, et je vous retirerai à moi, afin que là où je serai, vous puissiez y venir aussi ».

    Il y a deux mille ans qu'il a dit cela L'Eternel Père Dor, de Roux (Hainaut belge) ? Après tout, c'est bien possible. Je ne m'en souviens pas.
    Cette phrase biblique assez embrouillée n'évoque en mes souvenirs que cette maxime analogue :
    « On est prié de toujours laisser le lieu comme on voudrait le trouver soi-même en y venant ».
    Et ce n'est pas dans l'Evangile que j'ai lu ça.

    Tout cela est bel et bien : il ne faut pourtant pas oublier l'essentiel.
    Le Nouveau Christ, le Père Eternel réincarné, le Père Dor, pour tout dire, est un spécialiste guérisseur pour toute maladie.
    Il nous dit dans son prospectus :

    « Je veux faire comprendre à l'Humanité que par le calme, la patience, la simplicité, la sobriété et la mise en pratique des instructions que renferme mon livre précieux intitulé : Christ parle à nouveau, on peut arriver à se guérir de tous ses maux, maladies, peines, embarras, etc., etc., à moins qu'on ne me consulte trop tard, car si le cas est mortel je ne peux malgré tout que donner un soulagement à seule fin que le moribond s'éteigne sans douleur et courageusement ».

    Le Père Eternel du Hainaut Belge empêche donc de trépasser, à moins qu'on ne meure. Il avait eu un précurseur dans la personne de M. de la Palisse.
    Son système curatif est simple : s'abstenir de viande, de beurre, d'œufs, de graisse, etc., et se vouer au végétarisme ou à la diète, et à l'eau sucrée. Par dessus le marché : croire au fluide du Père.
    D'innombrables attestations proclament les miracles accomplis.
    Un brave homme était asthmatique et poitrinaire. Le médecin sa déclara impuissant. Les curés se mirent de la partie :

    « Le clergé avant appris que ma mort était proche, écrit le miraculé de Roux, délégua un vicaire. Deux jours de suite j'eus à subir ses instances pour remplir les devoirs religieux, c'est-à-dire pour me confesser. Consulté à ce sujet par ma femme, vous (le Père Dor) lui dites que je ne pouvais recevoir absolument personne contre l'amour de bien faire, si je voulais guérir. Quand ces personnes se présentèrent de nouveau, ma compagne eut une lutte à soutenir pour les empêcher de se rendre à mon chevet ; la victoire fut pour elle, ils se retirèrent en la menaçant... »

    Le miraculé est tiré d'affaire grâce au système du Père Eternel Dor. Celui-ci, qui connaît l'étendue de la puissance divine, déclare que son disciple « pourrait très bien commettre une infraction à la loi morale et de ce fait ne pas tarder à se désincarner ». L'avenir est ainsi garanti contre toute surprise fâcheuse.
    Les infirmes et affligés sauront désormais où s'adresser.
    Surtout, insiste le Père Dor qu'ils ne se trompent point : près de Roux, dans le Hainaut belge, il y a Jemmeppes ; et à Jemmeppes, il y a le Temple du Père Antoine, de célèbre mémoire : ne confondons pas ; l'Antoinisme, c'est de la camelotte ; seul le culte du Père Dor, le « Nouveau Christ, le sauveur du Monde et le Créateur du Vrai, du Bon, du Juste, du Bien », est efficace.
    La maison est au coin du quai.

    Il y a un dieu de plus. Les derniers chiffres de statistique en recensaient trente-trois mille six cent dix-neuf qui tous se proclamaient le seul et l'Unique.
    Le Père Eternel de Roux proclame qu'il ne veut recevoir « ni cadeaux, ni argent ».
    Par là du moins il ne va ressembler à aucun de ses trente-trois mille six cent dix-neuf confrères !
                                                      ALEX WILL.

Le Réveil du Nord, 4 mai 1914

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