Chez le guérisseur, in Le Guérisseur psychosique (Le Grand écho du Nord de la France, 20 novembre 1931)

Chez le guérisseur, in Le Guérisseur psychosique (Le Grand écho du Nord de la France, 20 novembre 1931).

Chez le guérisseur, in Le Guérisseur psychosique (Le Grand écho du Nord de la France, 20 novembre 1931).


Ma Petite Germaine
J'attend que tu sois guéri pour venir te voir
et nous irons nous promener à la mer
surtout obéi bien, prend tout ceux que ta maman
te donneras pour te guérir de suite: Je t'envoie cette
carte, tu chercheras après ton parain et ta maraine.
Je t'envoie mille baisers et sois bien sage.
Ta maraine qui t'aime fort.

Petite annonce pour l'Institut de mars à mai 1913 (Le Journal, 15 mars 1913)
En écrivant 4, avenue St-Joseph, Sin-le-Noble (Nord), on
recevra gratuitement renseignements sur guérisons occultes et
sur phénomènes spirites de l'Institut Psychosique.
BÉZIAT
Sein Vater hatte dem Spiritismus angehangen, und Jean BÉZIAT († 1927) selbst war eine Zeitlang Medium des Geistheilers P. PILLAULT gewesen, mit dem er vor dem Ersten Weltkriege auch auf Vortragsreisen ging, um für die in ihrem ,LE FRATERNISTE‘ vertretenen Ideen Propaganda zu machen. Es war dies das Organ des INSTITUT PSYCHOSIQUE‘; unter ,Psychosis‘ verstand dieses kleine spiritualistische Wochenblatt „die Natur der Einwirkung der Toten auf die Lebenden“.
In den Zwanziger Jahren war BÉZIAT als Wunderheiler in ganz Frankreich berühmt: er empfing täglich 800 – 2.000 Hilfegesuche, am 3. April 1925 waren es deren sogar 3.985, und das Tribunal correctionnel von Villefranche-de-Lauraguais (Haute-Garonne) stellte fest, daß er 8.000 Patienten habe.
Der ehemalige Landwirtschafts-Professor zu Douai (Nord) versammelte einmal wöchentlich auf seinem nach dem Ersten Weltkriege erworbenen Gutshof ,LA BORIE‘, sechs Kilometer von Avignonet (Haute-Garonne) entfernt, seine Kranken. An den Kamin in seinem großen Saale gelehnt, setzte er seine Heilkraft auseinander, und wie er die ,GROSSE NATUR‘ anrief, um Heilung zu erlangen. Sein Appell an die universelle Urkraft des Lebens, der auch an auffälliger Stelle in seinem Warteraum aufgezeichnet war, lautete:
„Universelle und ewige Urkraft des Lebens,
von der meine Seele ein Strahl ist,
wir flehen zu Dir: gib uns ein wenig mehr
von Deinem ureigenen Wesen: Leben, mithin: Stärke,
Widerstandskraft und Gesundheit!“
Auch rief er mündlich oder gedanklich CHRISTUS und alle guten Geister an in einer längeren Evokation. Darauf nahm er jeden Patienten einzeln vor; meist genügte seine ,PRÄSENZWIRKUNG‘1, ansonsten legte er seine Hände auf der Kranken Kopf.
Auf seinen vorhin erwähnten Werbereisen wurde er zeitweilig von einem Magnetiseur begleitet und konnte sich des öfteren von der Wirksamkeit magnetischer Kuren bei Krankheiten überzeugen. Neben dem Appell an die Urkraft des Lebens benutzte BÉZIAT daher auch die Heilkraft des animalen Magnetismus. „Er operiert nebenbei mit Handauflegen, ableitenden Strichen längs der Wirbelsäule und vornehmlich mit ANHAUCHEN (Adspiration). Besonders auf das warme Anhauchen (Gegensatz zum kühlenden ,Pusten‘) legt er großen Wert. Dies ist eine sehr wirksame magnetische Prozedur, die Henri DURVILLE (Paris) auf dem III. ,Congrés internationale de Psychologie expérimentale‘ (Paris, 19. - 24. Juni 1923) als ,Transfusion der Vitalität‘ bezeichnete und für deren Wirksamkeit er drei bezeichnende Fälle aus der eigenen Praxis erwähnte.“2
Sein Anhauchen im Falle schwerer Erkrankung schildert BÉZIAT wie folgt: „Ich presse meine Lippen auf den Sitz des Übels oder die Haut direkt unter Zwischenschaltung eines Taschentuches. Nach tiefer Einatmung werfe ich mit allen meinen Kräften bis zum völligen Leergepumptsein die Luft meiner Lungen darauf. Das ermüdet, und man muß es mehrmals tun und dabei acht haben, jeweils einen Meter vom Kranken zurückzutreten, um frische Luft zu schöpfen.“
Seinen Patienten gab er auf, jeden Abend um 8 Uhr zu beten: „Heilt mich durch den, der mich behandelt!“
Dem Heiler gelangen in der Tat auch auf Entfernung aufsehenerregende Heilungen, sogar von Geisteskranken!
Er wurde seitens des Ärzte- und Apothekenverbandes von Toulouse wegen unbefugter Ausübung der Heilkunde vor den Appelationsgerichtshof dortselbst zitiert. Derselbe kam am 5. Juli 1922 zu einem Freispruch, den jedoch der Kassationsgerichtshof am 15. Dezember des gleichen Jahres aufhob.
Später hat der Thaumaturg den Glanz seiner Persönlichkeit geschwächt, indem er Eintrittsgeld für die Zulassung zu seinen Konsultationen erhob und ein Fluid ,Vitalogène‘ zum Preis von 50 Franken die Flasche verhökerte.
1 Schrödter, Willy: ‚Präsenzwirkung', Reichl Verlag, 1996.
2 Hentges, Ernst: „Ein moderner Thaumaturg: Jean Béziat in Zentralblatt für Okkultismus“; Nr. 10 vom April, Leipzig, 1927; 468-469.
Schrödter, Willy: Lebenskraft-Übertragung durch Anhauchen' in ,Die andere Welt‘, Nr. 11 vom November, Freiburg i.B., 1967; 970f.
Literatur:
Leprince, Dr. med. Albert (*1872): Le Pouvoir mystérieux des Guérisseurs, Paris (Ed. Dangles), 32, 47, 48, 147 (Fußn. 1), 170. Rouanet: ,Les étranges guérisons de Jean Béziat’. Vincent, Jean: ,Les révélations du Guérisseur’, Paris, 1931; 97-102.
Willy Schrödter, Okkulte Historietten, Reichl Verlag, 2003
Traduction :
Son père avait été spirite et Jean BÉZIAT († 1927) avait lui-même été pendant un temps le médium du guérisseur spirituel PILLAULT, avec lequel il avait également fait des tournées de conférences avant la première guerre mondiale pour propager les idées représentées dans leur "LE FRATERNISTE". C'était l'organe de l'INSTITUT PSYCHOSIQUE ; ce petit hebdomadaire spiritualiste comprenait par « Psychose » "la nature de l'action des morts sur les vivants".
Dans les années vingt, BÉZIAT était connu comme guérisseur miraculeux dans toute la France : il recevait chaque jour entre 800 et 2 000 demandes d'aide, et le 3 avril 1925, il en comptait 3 985, et le Tribunal correctionnel de Villefranche-de-Lauraguais (Haute-Garonne) a constaté qu'il avait 8 000 patients.
L'ancien professeur d'agriculture à Douai (Nord) réunissait ses patients une fois par semaine sur son domaine "LA BORIE", acquis après la première guerre mondiale, à six kilomètres d'Avignonet (Haute-Garonne). Adossé à la cheminée de sa grande salle, il expliquait son pouvoir de guérison et comment il invoque la "GRANDE NATURE" pour obtenir la guérison. Son appel à la puissance primordiale universelle de la vie, qui a également été enregistré dans un endroit bien visible de sa salle d'attente, était :
« Foyer Universel et Eternel de Vie
dont mon âme est une étincelle,
accorde moi un peu plus
de Toi-Même, c’est-à-dire de la Vie et,
par conséquent : Force, Résistance et Santé »
Il a également fait appel, oralement ou mentalement, au CHRIST et à tous les bons esprits dans une évocation plus longue. Il a ensuite passé en revue chaque patient un par un ; dans la plupart des cas, son "EFFET DE PRÉSENCE"1 était suffisant, sinon il posait les mains sur la tête du malade.
Lors de ses voyages promotionnels mentionnés ci-dessus, il a été accompagné d'un magnétiseur pendant un certain temps et a souvent pu se convaincre de l'efficacité des cures magnétiques pour les maladies. En plus de faire appel au pouvoir primordial de la vie, BÉZIAT a donc également utilisé le pouvoir de guérison du magnétisme animal. "En outre, il opérait par imposition des mains, par des mouvements de conduction le long de la colonne vertébrale et principalement par APPLICATION (aspiration). Il attache une grande importance à la respiration chaude (par opposition au "soufflage" refroidissant). Il s'agit d'un procédé magnétique très efficace, que Henri DURVILLE (Paris) a présenté lors du IIIe Congrès international de Psychologie expérimentale (Paris, 19 - 24 juin 1923) comme une "transfusion de vitalité" et qui a mentionné, prouvant son efficacité, trois cas significatifs de sa propre pratique"2
BÉZIAT décrit sa respiration en cas de maladie grave comme suit : "Je presse mes lèvres sur le siège du mal ou sur la peau directement avec l'interposition d'un mouchoir. Après avoir inhalé profondément, je jette l'air de mes poumons sur eux de toutes mes forces jusqu'à ce qu'ils soient complètement vides. C'est fatigant et il faut le faire plusieurs fois, en prenant soin de s'éloigner d'un mètre du patient à la fois pour prendre l'air.
Il prenait congé de ses patients pour prier tous les soirs à 8 heures : "Guéris-moi avec celui qui me soigne !
Le guérisseur peut en effet réaliser des guérisons spectaculaires à distance, même de malades mentaux !
Il a été cité à comparaître devant la Cour d'appel de Toulouse par l'Association des médecins et pharmaciens de Toulouse, en raison de son exercice non autorisé de la médecine. Il a été acquitté le 5 juillet 1922, mais la Cour de cassation a annulé cette décision le 15 décembre de la même année.
Plus tard, le thaumaturge a affaibli le prestige de sa personnalité en faisant payer l'entrée à ses consultations et en vendant un fluide "Vitalogène" à 50 francs la bouteille.
1 Schrödter, Willy : "Präsenzwirkung", Reichl Verlag, 1996.
2 Hentges, Ernst : "Ein moderner Thaumaturg: Jean Béziat in Zentralblatt für Okkultismus" ; n° 10 d'avril, Leipzig, 1927 ; 468-469.
Schrödter, Willy : "Lebenskraft-Übertragung durch Anhauchen" dans "Die andere Welt", n° 11 de novembre, Fribourg-en-Brisgau, 1967 ; 970f.
Llittérature :
Leprince, Dr. med. Albert (*1872) : Le Pouvoir mystérieux des Guérisseurs, Paris (Ed. Dangles), 32, 47, 48, 147 (note 1), 170. Rouanet : "Les étranges guérisons de Jean Béziat". Vincent, Jean : "Les révélations du Guérisseur", Paris, 1931 ; 97-102.
J'ai étudié le magnétisme, l'hypnotisme, la suggestion, l'auto-suggestion, la télépathie, la sympathie, l'antipathie : Mes méditations, mes longues et patientes recherches et expériences m'ont convaincu de la Télépensée.
La science nous démontre que tout ce qui existe dans l'Univers est relié et conduit par une force déterminante tout ce qui est matériel à nos yeux est utile à la bonne marche de la vie.
Si j'aborde le côté spirituel, on remarque souvent dans les réunions que si quelqu'un émet une idée ; il arrive aussi très souvent que si l'on parle d'une personne absente on la voit arriver peu après ; c'est que cette personne par ses pensées, avait à son insu influencé l'assemblée.
Par des expériences on est parvenu à photographier la pensée. Certains de nos confrères ont baptisé le mot pensée par mot Psychose = Psychose de l'esprit ; Psychose de l'espace ; Psychose des désincarnés surtout.
Là, je crois qu'il y a erreur, c'est surtout la Psychose des vivants en chair et en os, qui nous influencent le plus souvent. Une preuve entre mille = les guérisons à distance.
Le mal n'existe pas = c'est notre imperfection qui le produit : jusqu'à ce jour l'humanité a été trop faible pour surmonter et lutter contre le vice.
A cause de notre imperfection, la première enveloppe fluidique entourant la terre est toujours rouge car les péchés capitaux règnent en maître.
Un penseur a dit : Que l'homme était une borne pour recevoir et capter les influences de l'espace, je dis que l'esprit de l'homme est semblable à une tour pour recevoir et transmettre à son insu, toutes les idées émises par toute la terre. Voilà comment nous sommes déterminés et déterminateurs... J'ai longtemps cru à la liberté au libre arbitre ; je suis pécheur... demain je serai sage... après demain je serai Saint, je suis armé du désir d'être bon de gagner la perfection.
Mais comme l'enfant que l'on a habillé de neuf qui est bien propre et sortant de chez lui va tomber dans la boue. Après demain, je ne serai pas Saint, je ne serai pas sage, mais encore pécheur, ainsi le veut mon Déterminisme, je suis ce que Dieu veut.
Un grand philosophe a prêché la non résistance au mal = action passive.
A présent l'Amour et la Bonté, doivent terrasser le mal = réaction active.
Puisse le Grand Déterminateur des forces bonnes inspirer aux penseurs, philosophes, religieux et spiritualistes de tous les pays d'émettre un grand désir pour que le monde devienne meilleur d'émettre des pensées d'altruisme, d'amour et surtout de Bonté. Alors certainement surgira des foules, des esprits purs qui viendront nous dicter la nouvelle loi, la véritable loi. Le Mal n'existe pas !
A. J. PIERRE.
« Stella-Blanca ».
Le Biéniste, 1er mai 1922
Mystiques charlatans et malades
LE GUÉRISSEUR PSYCHOSIQUE
Avec celui-ci, j'ai voulu varier, et je me suis présenté chez lui sous ma véritable identité. Je m'étais dit qu'après tout, un tête à tête de ce genre ne devait pas manquer de charme. D'un côté, un journaliste sceptique par nature et curieux par profession. De l'autre, un « guérisseur ».
La situation était bien nette. En fait, deux adversaires s'affrontaient. J'avais depuis quelque temps pris mes renseignements. Je savais que ce guérisseur procédait par prières, invocations et incantations. Jamais, à moins d'être fou, il ne pourrait croire que j'admettais ses pratiques. Je venais chez lui pour connaitre la vanité de son argumentation, la disséquer et la réduire à néant.
Je m'étais figuré qu'il ne me recevrait pas. Je fus trompé, L'homme, très crâne, accepta l'entrevue.
Chez le guérisseur
C'est après la seconde visite que la femme du guérisseur, compatissante, se décide à me faire entrer :
– Il est en tournée, me dit-elle, et ne tardera pas. D'ailleurs, c'est le jour de consultation aujourd'hui. A 14 h. 30, il sera là...
J'entre. On me fait passer dans une salle d'attente pleine de bancs rangés comme à l'école enfantine, et prêts, semble-t-il, à recevoir les fidèles venus écouter la voix du Maître.
Mais, visiteur de marque, on m'introduit directement dans la salle de consultation. Et, bien installé dans un fauteuil d'osier, j'examine à loisir cet intérieur aisé où la note moderne est apportée par un appareil de T. S. F. Mes yeux se portent vers les nombreux ornements religieux suspendus aux murs. Un cadre, notamment attire - mon attention. Il représente le Christ guérissant les malades...
Dans la pièce du fond – la cuisine – deux femmes et un vieillard voisin discutent en un langage qui est loin d'être inspiré...
15 heures. Empruntant une entrée particulière, le guérisseur arrive dans la cuisine. Il vient de faire une longue route à bicyclette, sous le soleil. Sa peau, déjà bise, ruisselle de sueur. Il n'a pas de col. Sa tenue est celle d'un bon ouvrier qui, pour faire une course après sa « journée », s'est « rapproprié ». Je me suis levé. Une femme lui a dit :
– Il y a quelqu'un qui t'attend tout de suite.
Il vient vers moi, la main tendue. Je me présente à nouveau. Il sait, et je vois à son sourire qu'il est « fin prêt » comme disent les sportifs.
Alors, pendant que me parvient le bruit des consultants entrant dans la salle d'attente, j'ouvre le débat :
– Voilà, dis-je. Je fais une enquête sur les guérisseurs. J'ai déjà vu quelques-uns de vos confrères. Ils m'ont chacun indiqué leur façon de guérir, certains volontairement, d'autres parce que je me suis présenté chez eux comme malade...
Mon interlocuteur me fixe. Et ses yeux, qu'il a petits, semblent vouloir pénétrer, en vrille, dans les miens. Je sens qu'il appelle tout son art pour prendre le sérieux de la fonction et m'impressionner. Mais ses yeux ne me font pas peur. Et je plante les miens dedans, au risque de me retrouver tout à l'heure hypnotisé...
Amand MAHIEU.
(La suite en deuxième page)
LE GUÉRISSEUR PSYCHOSIQUE
(Suite de la première page)
Je continue :
– J'ai voulu savoir comment vous vous y preniez. J'ai lu sur le mur de votre maison une inscription : Institut psychosique. Qu'est-ce qu'un guérisseur psychosique ?
La vocation
– Le guérisseur psychosique, me répond-il, est un disciple de Paul Pillaut, de Sin-le-Noble, lequel avait, avant-guerre, fondé douze instituts comme celui-ci...
– Et il en reste ?
– Un seul, le mien ! Chaque institut comportait deux guérisseurs…
– Vous avez donc un collègue ici ?
– Non, je suis seul...
– Comment vous vint la vocation ?
– Voilà. En 1910, je souffrais d'une terrible maladie d'estomac. Les médecins n'avaient pu me guérir. J'entendis parler de Paul Pillaut, qui est aujourd'hui « désincarné » (il ne dit pas : mort). J'allai le trouver et il me purifia l'âme. Je restai en communion avec lui tous les matins par la prière. Et je fus guéri.
» Un peu plus tard, je me trouvais chez une de mes tantes dont le fils souffrait d'un abcès froid dans le cou. Précisément, la maman s'apprêtait à mettre des cataplasmes sur la partie malade. J'eus une inspiration.
» – Arrêtez, dis-je. Et, sans me soucier de l'ébahissement des personnes présentes, j'imposai les mains sur le cou. Le lendemain, il avait complètement disparu.
– Ah ! dis-je, vous « imposez » les mains ?
– Oui, comme le Christ.
– Pas moins ? Vous ne guérissez qu'à cette condition ?
– Non. Je puis guérir à distance, sans même connaître le malade.
Il ouvre alors un tiroir et me montre, comme le « gros malin » tout un lot de lettres bien classées...
– Voici des témoignages de guérison de personnes habitant le Centre et le Midi de la France, et que je n'ai jamais vues. Vous voyez que l'imposition des mains n'est pas nécessaire. D'ailleurs, au cours d'un Congrès récent de guérisseurs, plusieurs de mes collègues proposaient de la supprimer, pour éviter qu'on nous confondît avec certains escrocs... J'ai refusé en indiquant que nous devions être assez forts pour braver la critique...
Très curieux, ce Congrès de guérisseurs qui présente des vœux, vote des motions et réglemente de façon très humaine ce don de guérir qui leur viendrait de Dieu...
A distance
– Comment faites-vous pour guérir vos malades à distance ?
– Je leur fais parvenir ceci, m'indique-t-il en me remettant un prospectus imprimé sur lequel il est indiqué au malade de demander, tous les soirs, entre 8 et 9 heures, à Dieu – le père, est-il spécifié, – sa guérison sur le nom de Paul Pillaut, désincarné.
Tous ces malades, priant à la même heure, attirent sur eux l'attention du Créateur, par la « loi des infinités » !
Voilà le premier grand mot lâché. Ce ne sera pas le dernier : Pris par son sujet, mon guérisseur s'emballe. Il me sort des lieux communs, hérissés de liaisons défectueuses et d'aspirations déplacées. J'ai la nette conviction de me trouver en face d'un homme sans grande culture, sur qui les grands mots ont produit une forte impression, qui les a retenus et les sert à tout propos. Je comprends combien il peut éblouir certains esprits assez simples. Puis, la question délicate :
– Et, touchez-vous quelque chose pour vos soins ?
– Oui, je reçois l'argent des riches. Là-dessus, je donne à ma femme de quoi entretenir très simplement son ménage, la même somme que je gagnerais si j'étais encore mineur, et le reste je le remets aux pauvres.
Encore une fois, il prend dans un autre tiroir tout un monceau de lettres de remerciements, assure-t-il. Je n'ai pas le mauvais goût de demander à les voir.
Et je m'en vais après que le guérisseur m'eut assuré que ce n'était pas du « beuffle » ! (sans doute voulait-il dire du « bluff » ?)
A. M.
Le Grand écho du Nord de la France, 20 novembre 1931