Vendeur avec charette à cheval à Jemeppe
Liège - Place Cockerill - marché aux légumes (1901)
Couillet - Route de Châtelet (Coron) -1926
Robert Vivier - Délivrez-nous du mal - Légumier
Au printemps, il sut qu'un homme de Mons voulait vendre une petite charrette et un cheval. Le cheval ne payait pas de mine, mais il était solide. Il avait une queue et une crinière bourrue, entre le roux et le gris. Ayant examiné le cheval et la charrette, Antoine dit à l'homme : "Ça va, je les prendrai !" Le temps était doux et couvert. Dans la cour de la ferme, un corbeau apprivoisé sautillait, à la fois comme un enfant et comme un veillard, en secouant ses ailes rognées.
Antoine ne retourna plus aux Kessales, mais il se mit à courir les rues et les corons avec le cheval et la petite charrette, vendant les légumes de son jardin.
Robert Vivier - Délivrez-nous du mal
Ed. Labor - Espace Nord, p.121
Jemeppe - Dictionnaire géographique de la province de Liége (Philippe Vandermaelen-1833)
Commune du canton et à 1 lieue S.E. de Hollogne-aux-Pierres, de l'arrondissement et à 1 lieue 1/2 S.O. de Liège.
Bornée au N. par la commune de Grace-Montegnée, à l'E. par celle de Tilleur, au S. par la Meuse, et à l'O. par les communes de Flémalle (Grande) et Mons.
Ses dépendances sont : Bois-de-Mont, Boutor, Jace, Laveux, Haut-Laveux, Malotte, Paisay, Quatre-Ruelles, Rieux, le Tilleul, Toutes-Voyes, Puits-en-Melvelle.
Hydrographie : La Meuse qui sépare cette commune de celle de Seraing, longe son territoire au S. Le ruisseau de Hollogne-aux-Pierres l'arrose du N.O. au S.
Sol : Une petite partie de ce terroir est situé dans le bassin de la Meuse et offre une surface assez unie ; le reste présente des terrains montueux dont les pentes sont plus ou moins rapides. Au S. s'élève un coteau où l'on cultive la vigne. Le sol est argileux, glaiseux et schisteux. La couche végétales des meilleures terres a 20 pouces de profondeur.
Agriculture : Cette commune produit froment, seigle, orge, épeautre, avoine, trèfle ; pommes de terre ; houblon et quelques plantes oléagineuses. Les prés occupent des terrains d'alluvion le long de la Meuse. La culture des jardins légumiers est bien entendue ; on en vend le produit au marché de Liége. On cultive aussi la vigne et les chardons à carder. Un sixième environ du territoire est planté de bois taillis, essence de chêne, hêtre, bouleau et charmille, aménagés à 12 ans. - Peu de jachères. - Elèves de chevaux et de bêtes à cornes ; 1 troupeau de moutons. - Fréquentation du marché de Liége.
Population : 1 948 habitants.
Habitations : le chef-lieu contient environ 280 maisons régulièrement bâties : leur agglomération donne à cette commune l'aspect d'une petite ville. Il y a une école de géométrie industrielle et une école d'enseignement mutuel.
Commerce et industrie : L'agriculture, l'exploitation du bois et du charbon de terre, forment les principales branches d'industrie. La proximité des établissments de M. John Cockerill est très-avantageuse au commerce intérieur de cette commune, où plusieurs étrangers ont fixé leur séjour. - 4 moulins à farine et 2 brasseries.
Routes et chemins : La route de Liége à Namur traverse la commune du N.E. au S.O. 33 chemins vicinaux biens entretenus et praticables en toute saison.
source : GoogleBooks
Jemeppe-sur-Meuse - La Houillère des Kessales
Jemeppe-sur-Meuse - Groupe d'ouvriers au charbonnage des Kessales
Robert Vivier - Délivrez-nous du mal - Jemeppe
L'enfant avait trois ans quand Louis et Catherine revinrent au pays. Ils avaient amassé sou par sou, et ils avaient maintenant quelque chose devant eux.
Ils louèrent une petite maison à Jemeppe, tout en haut de la rue Bois-de-Mont.
C'était une rue nouvelle qu'on avait faite depuis peu, et qui montait en tournant, au-delà de la voie ferrée. A la vérité, il n'y avait pas encore beaucoup de maisons dans cette rue, qui remplaçait le vieux et doux chemin bordé de talus et de buissons. Surtout vers le haut, ce n'étaient guère que des prairies. Les bonnes femmes de Jemeppe y venaient l'après-midi avec leurs hauts paniers d'osier, peints en noir, couper de l'herbe et du pissenlit pour les lapins.
Les Antoine avaient un petit terrain autour de leur maisonnette. Il y plantèrent des légumes. Chaque soir, il y eut de quoi s'occuper jusqu'à la nuit close.
Louis avait trouvé, peu après son retour, une place de machiniste au charbonnage des Kessales.
Robert Vivier - Délivrez-nous du mal
Ed. Labor - Espace Nord, p.114-15
architecture des Temples antoinistes
Le Centre du culte antoiniste est l'Enseignement. On pourrait penser alors que les temples auraient adopté un plan carré, avec la tribune au centre, comme c'est le cas pour les synagogues.
Cependant, il n'en est rien. Si pour les synagogues c'est le Temple de Salomon qui fut une référence pour trouver un style propre à l'architecture des synagogues, ce fut le Temple de Jemeppe qui fut la référence pour les autres temples. Or le Temple de Jemeppe servit d'abord à des séances spirites, puis à l'énoncé de l'Enseignement devant un public. Au début de l'antoinisme, c'était la personne de Louis Antoine qui était au centre, et pas encore son Enseignement. De plus, l'influence de l'architecture chrétienne est sensible, plus protestante que catholique d'ailleurs, par l'épure qui se retrouve à la fois dans les temples protestants et encore plus dans les temples antoinistes.
Par ailleurs, la similitude avec les synagogues est ailleurs : les Juifs voulaient un monument, à l'époque de l'Emancipation, qui puisse rivaliser de beauté et de grandeur avec les Eglises et Temples, mais sans pour autant leur ressembler dans leur forme. Ainsi, le style romano-byzantin fut prédominant. Puis, les Juifs orthodoxes, voulant marquer leur éloignement du Consistoire, choisirent de s'élever une synagogue de style Art-Nouveau, la synagogue de la rue Pavée, dont l'architecte est Hector Guimard, le maître du style végétale.
Les Temples antoinistes ont été édifiés à la même époque. Et pour marquer la différence avec le catholicisme, c'est aussi l'Art-Nouveau qui fut choisi à Jemeppe, de façon discrète, mais marqué quand même. De plus, ce style permettait l'utilisation des nouvelles matières comme le béton et le fer pour les piliers des tribunes, plus économes. Mais aussi proche des ouvriers qui se retrouvaient au Temple pour entendre l'enseignement.
La voix était tracée : les autres temples, dans leur majorité et encore actuellement s'édifient dans un style d'inspiration Art-Nouveau puis Art-Déco (voir Bordeaux), en brique ou en béton, avec un pignon triangulaire pour marquer la fonction de l'édifice.
Par contre, un fait étonnant est parfois la place du Temple dans le tissu urbain : il est souvent sur un coin, au croisement de plusieurs rues. Fait étonnant pour une religion très minoritaire, quand on sait qu'en France, même aucune synagogue ne put avoir ce privilège (c'est le cas de quelques temples protestants, comme à Lille). Ce fait s'explique par le quartier choisi pour édifier le temple antoiniste : le quartier ouvrier. Or celui-ci est souvent loin du centre de la ville. De plus, on se souvient que le Temple original est aussi au coin des rues Rousseaux et des Tomballes.
Le Temple antoiniste était souvent un des premiers bâtiments construits dans la rue : on le sait de source sûre de celui de Schaerbeek, Huy, Orange, Schoten, Vervins, Aix-les-Bains, dans une moindre mesure Tourcoing, Monaco, etc.
Ainsi le temple put s'édifier au centre des habitations de la population la plus touchée par l'Enseignement : la population ouvrière.