Photo du groupe spirite Les Vignerons du Seigneur (Archives du Temple de Retinne)
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Pour plus d'informations à propos de ce groupe, voir ce billet
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Sociétés et Groupes spirites de la région de Liége :
L'Union Spiritualiste (Café Provincial, place Saint-Lambert, Liége). Fondée en 1878.
Réunion tous les dimanches, à 3 1/2 heures.
Bibliothèque publique : 300 ouvrages.
L'Union Spirite (Café National, place St-Lambert, Liége)
Réunion tous les dimanches à 3 heures.
Bibliothèque publique.
Le Cercle liégeois d'Études spirites (Café du Centre, place Cockerill)
Réunion tous les dimanches à 3 heures.
Le Cercle privé d'études des phénomènes psychiques (15, quai de Maestricht, à Liége) ;
La Société Spirite Antoine, à Jemeppe-s/Meuse ;
La Société Spirite, de Poulseur ; fondée en 1878.
La Concorde, de Moulin-sous-Fléron ;
Groupes Spirites d'Oupeye, Herstal, Vivegnis, Grivegnée, Trooz, Beaufays, etc.
Le Messager, 15 mars 1902
On en retrouve certaines dans la liste donnée par Le Fraterniste en 1912.
Nouvelles
Nous avons signalé dernièrement le Petit Catéchisme Spirite publié par la Société spirite de Jemeppe sur Meuse, instructions par l'Esprit de vérité.
Le journal spirite La Irradiation de Madrid, vient de publier une traduction en espagnol de cette petite brochure destinée à l'instruction des enfants mais pouvant servir aussi, par sa simplicité, aux personnes qui n'ont aucune idée de notre doctrine.
Le Messager, 15 octobre 1897
Petit Catéchisme Spirite, pour servir à l'instruction des enfants et des personnes ne connaissant pas le spiritisme, publié par la Société spirite : les Vignerons du Seigneur, de Jemeppe-sur-Meuse près Liége. Instructions par l'Esprit de Vérité, Esprit Consolateur. Prix fr. 0-15. S'adresser à M. Louis Antoine, rue du Bois-de Mont, à Jemeppe-sur-Meuse.
Cette petite brochure de 40 pages est recommandable à tous ceux de nos frères en croyance qui sont désireux de répandre la saine et consolante doctrine spirite. Dans les campagnes où l'ignorance domine, la propagande est hautement utile et il faut louer sans réserves M. L. Antoine et ses collaborateurs, que rien n'arrête dans leur tâche de diffusion ; ils vont courageusement en des milieux divers jeter la bonne semence, en organisant des groupes, en donnant des conférences, en distribuant la petite brochure aux personnes qu'ils croient aptes à saisir l'idée philosophique. Ce catéchisme spirite contient un résumé de la doctrine bien conçu et nul doute qu'il ne soit lu avec intérêt par ceux-mêmes qui se déclarent indifférents aux idées spirites. Imprimé à un grand nombre d'exemplaires, il est fourni par douzaines au prix coûtant. Nos frères à qui la fortune a souri saisiront l'occasion d'encourager M. L. Antoine et ses amis dans leur œuvre de méthodique propagande, ils voudront posséder bon nombre d'exemplaires toujours disponibles pour un envoi par la poste ou pour une distribution manuelle. Que tous se souviennent que la propagande quelle qu'elle soit, s'impose à ceux qui ont compris les grandes vérités éternelles. Se soustraire à ce devoir, c'est se déclarer inconscient, se délivrer un brevet d'inintelligence.
Au surplus sachons nous rappeler ce vers du poète :
La foi qui n'agit pas, est-ce une foi sincère !
Le Messager, 15 juin 1896
L'initiative éclairée du médium-guérisseur Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse (Liége), porte ses fruits bienfaisants. Elle lui a valu jusqu'à ce jour un succès que nous croyons sans précédent dans les annales spirites. Cent-vingt personnes au moins assistent régulièrement tous les dimanches à 10 heures du matin, à des lectures commentées suivies de prières et d'évocations. Des assistants sympathiques et désireux de s'instruire se trouvent dans l'assemblée mêlés aux fidèles croyants et un recueillement presqu'absolu permet d'obtenir par une dizaine de médiums des communications de l'Au-delà en général d'esprits souffrants ou ignorants. Chacun est libre de faire inscrire pour une séance prochaine une demande de prières pour un cher disparu. C'est là une préparation jugée indispensable pour faciliter la communication.
Le Messager, 1er février 1902
Adolphe Joseph Servais, né à Naninne (province de Namur) le 28 janvier 1838, était un médium et spirite célèbre dans les environs de Seraing. Il fit partie du premier groupe spirite liégeois et un des membres fondateurs de la Société Spiritualiste de Seraing. Il était également "religieux et libre penseur dans le sens le plus élevé du mot, puisque tout en affirmant les convictions religieuses qu'il avit librement acquises, il tenait à garder toute l'indépendance de sa pensée" précise son frère en croyance Jouffreau lors de son discours funéraire. Il était négociant de métier et habitait rue du Bac, à Seraing. Il était marié à Isabelle Joseph Adèle Comblet.
Il meurt à son domicile, à Seraing le 15 juillet 1885, à l'âge de 47 ans et "ses dernières années n'ont été qu'un long et douloureux martyre." Ce sont ses voisins qui déclarèrent son décès en mairie.
Acte de décès du 15 juillet 1885
Nécrologie pour Adolphe Servais dans Le Messager, 1er août 1885 (cliquez pour agrandir)
Tombe des époux Houart-Daloze - vue d'ensemble (Cimetière de Seraing, Biens communaux)
PROPAGANDE SPIRITE
Les nombreux adeptes de notre saine philosophie qui ont assisté aux funérailles de notre sœur en croyance, Mme Saive, ont pu admirer au cimetière de Seraing deux tombes portant des inscriptions spirites.
L'un de ces monuments funéraires est remarquable par son travail artistique. Sur une surface de six mètres carrés deux blocs de granit superposés en pente douce recouvrent un caveau spacieux.
Tout en haut repose un petit cercueil en pierre sculptée portant le Triomphe de la vie sur la mort, représenté par une élégante statuette d'enfant en marbre blanc, de grandeur naturelle. Elle tient d'une main un flambeau (la lumière), de l'autre une couronne d'immortelles.
Sur le long côté du petit cercueil se trouve gravé en lettres dorées :
Naître, mourir, renaître encore et progresser sans
cesse. ALLAN KARDEC.
Sur le granit sont aussi gravés ces mots :
Vers Dieu par le Progrès et la Charité.
Plus bas en relief, grandeur naturelle, le beau dessin sculpté (le cep de Vigne) qui se trouve à la page XLI du Livre des Esprits (1), et ensuite :
Sépulture de la famille
O. C. HOUART.
(1) « Tu mettras en tête du livre le cep de vigne que nous t'avons dessiné parce qu'il est l'emblème du travail du Créateur, tous les principes matériels qui peuvent le mieux représenter le corps et l'esprit s'y trouvent réunis : le corps c'est le cep ; l'esprit c'est la liqueur ; l'âme ou l'esprit uni à la matière, c'est le grain. L'homme quintessencie l'esprit par le travail et tu sais que ce n'est que par le travail du corps que l'esprit acquiert des connaissances. » (Livre des Esprits, page XLII.)
Le Messager, 1er octobre 1889
L'inscription de la citation d'Allan Kardec est maintenant presque illisible. La statuette dont parle l'article a quant à elle complètement disparu.
1 Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron.
2 Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. (Jean - chapitre 15)
" Tu mettras en tête du livre le cep de vigne que nous t'avons dessiné, parce qu'il est l'emblème du travail du Créateur ; tous les principes matériels qui peuvent le mieux représenter le corps et l'esprit s'y trouvent réunis : le corps, c'est le cep ; l'esprit, c'est la liqueur ; l'âme, ou l'esprit unis à la matière, c'est le grain. L'homme quintessencie l'esprit par le travail, et tu sais que ce n'est que par le travail du corps que l'esprit acquiert des connaissances." (Allan Kardec, Le Livre des Esprits - Prolégomènes)
SOCIETE SPIRITE DE SERAING
Nos frères de Seraing nous informent qu'ils sont en possession d'un beau et vaste local où se donnent des conférences le premier dimanche de chaque mois, à quatre heures. Les conférences qui ont eu lieu jusqu'à présent ont été très-suivies et très-fructueuses ; nul doute qu'elles ne le soient davantage encore par la suite.
En terminant, disent nos amis de Seraing, la relation du début d'une œuvre qui réalise un point de notre programme, nous faisons, par l'organe du Messager, un appel chaleureux à tous nos coreligionnaires qui peuvent nous donner quelques instructions, les priant de bien vouloir se faire inscrire au siége de la Société, rue des Mineurs, 94, Seraing, pour une ou plusieurs conférences. C'est avec la plus légitime satisfaction que nous verrions notre œuvre honorée de leur concours fraternel.
Le Messager, 1er novembre 1879
IV. SOCRATE ET PLATON
PRECURSEURS DE L'IDEE CHRETIENNE ET DU SPIRITISME
De ce que Jésus a dû connaître la secte des Esséniens, on aurait tort d'en conclure qu'il y a puisé sa doctrine, et que, s'il eût vécu dans un autre milieu, il eût professé d'autres principes. Les grandes idées n'éclatent jamais subitement ; celles qui ont pour base la vérité ont toujours des précurseurs qui en préparent partiellement les voies ; puis, quand le temps est venu, Dieu envoie un homme avec mission de résumer, coordonner et compléter ces éléments épars, et d'en former un corps ; de cette façon l'idée, n'arrivant pas brusquement, trouve, à son apparition, des esprits tout disposés à l'accepter. Ainsi en a-t-il été de l'idée chrétienne, qui a été pressentie plusieurs siècles avant Jésus et les Esséniens, et dont Socrate et Platon ont été les principaux précurseurs.
Socrate, de même que Christ, n'a rien écrit, ou du moins n'a laissé aucun écrit ; comme lui, il est mort de la mort des criminels, victime du fanatisme, pour avoir attaqué les croyances reçues, et mis la vertu réelle au-dessus de l'hypocrisie et du simulacre des formes, en un mot pour avoir combattu les préjugés religieux. Comme Jésus fut accusé par les Pharisiens de corrompre le peuple par ses enseignements, lui aussi fut accusé par les Pharisiens de son temps, car il y en a eu à toutes les époques, de corrompre la jeunesse, en proclamant le dogme de l'unité de Dieu, de l'immortalité de l'âme et de la vie future. De même encore que nous ne connaissons la doctrine de Jésus que par les écrits de ses disciples, nous ne connaissons celle de Socrate que par les écrits de son disciple Platon. Nous croyons utile d'en résumer ici les points les plus saillants pour en montrer la concordance avec les principes du christianisme.
A ceux qui regarderaient ce parallèle comme une profanation, et prétendraient qu'il ne peut y avoir de parité entre la doctrine d'un païen et celle du Christ, nous répondrons que la doctrine de Socrate n'était pas païenne, puisqu'elle avait pour but de combattre le paganisme ; que la doctrine de Jésus, plus complète et plus épurée que celle de Socrate, n'a rien à perdre à la comparaison ; que la grandeur de la mission divine du Christ n'en saurait être amoindrie ; que d'ailleurs c'est de l'histoire qui ne peut être étouffée. L'homme est arrivé à un point où la lumière sort d'elle-même de dessous le boisseau ; il est mûr pour la regarder en face ; tant pis pour ceux qui n'osent ouvrir les yeux. Le temps est venu d'envisager les choses largement et d'en haut, et non plus au point de vue mesquin et rétréci des intérêts de sectes et de castes.
Ces citations prouveront en outre que, si Socrate et Platon ont pressenti l'idée chrétienne, on trouve également dans leur doctrine les principes fondamentaux du Spiritisme.
Résumé de la doctrine de Socrate et de Platon
I. L'homme est une âme incarnée. Avant son incarnation, elle existait unie aux types primordiaux, aux idées du vrai, du bien et du beau ; elle s'en sépare en s'incarnant, et, se rappelant son passé, elle est plus ou moins tourmentée par le désir d'y revenir.
On ne peut énoncer plus clairement la distinction et l'indépendance du principe intelligent et du principe matériel ; c'est en outre la doctrine de la préexistence de l'âme ; de la vague intuition qu'elle conserve d'un autre monde auquel elle aspire, de sa survivance au corps, de sa sortie du monde spirituel pour s'incarner, et de sa rentrée dans ce même monde après la mort ; c'est enfin le germe de la doctrine des Anges déchus.
II. L'âme s'égare et se trouble quand elle se sert du corps pour considérer quelque objet ; elle a des vertiges comme si elle était ivre, parce qu'elle s'attache à des choses qui sont, de leur nature, sujettes à des changements ; au lieu que, lorsqu'elle contemple sa propre essence, elle se porte vers ce qui est pur, éternel, immortel, et, étant de même nature, elle y demeure attachée aussi longtemps qu'elle le peut ; alors ses égarements cessent, car elle est unie à ce qui est immuable, et cet état de l'âme est ce qu'on appelle sagesse.
Ainsi l'homme qui considère les choses d'en bas, terre à terre, au point de vue matériel, se fait illusion ; pour les apprécier avec justesse, il faut les voir d'en haut, c'est-à-dire du point de vue spirituel. Le vrai sage doit donc en quelque sorte isoler l'âme du corps, pour voir avec les yeux de l'esprit. C'est ce qu'enseigne le Spiritisme. (Ch. II, nº 5.)
III. Tant que nous aurons notre corps et que l'âme se trouvera plongée dans cette corruption, jamais nous ne posséderons l'objet de nos désirs : la vérité. En effet, le corps nous suscite mille obstacles par la nécessité où nous sommes d'en prendre soin ; de plus, il nous remplit de désirs, d'appétits, de craintes, de mille chimères et de mille sottises, de manière qu'avec lui il est impossible d'être sage un instant. Mais, s'il est possible de rien connaître purement pendant que l'âme est unie au corps, il faut de deux choses l'une, ou que l'on ne connaisse jamais la vérité, ou qu'on la connaisse après la mort. Affranchis de la folie du corps, nous converserons alors, il y a lieu de l'espérer, avec des hommes également libres, et nous connaîtrons par nous-mêmes l'essence des choses. C'est pourquoi les véritables philosophes s'exercent à mourir, et la mort ne leur parait nullement redoutable. (Ciel et Enfer, 1° partie, ch. II ; 2° partie, ch. I.)
C'est là le principe des facultés de l'âme obscurcies par l'intermédiaire des organes corporels, et de l'expansion de ces facultés après la mort. Mais il ne s'agit ici que des âmes d'élite, déjà épurées ; il n'en est pas de même des âmes impures.
IV. L'âme impure, en cet état, est appesantie et entraînée de nouveau vers le monde visible par l'horreur de ce qui est invisible et immatériel ; elle erre alors, dit-on, autour des monuments et des tombeaux, auprès desquels on a vu parfois des fantômes ténébreux, comme doivent être les images des âmes qui ont quitté le corps sans être entièrement pures, et qui retiennent quelque chose de la forme matérielle, ce qui fait que l'œil peut les apercevoir. Ce ne sont pas les âmes des bons, mais des méchants, qui sont forcées d'errer dans ces lieux, où elles portent la peine de leur première vie, et où elles continuent d'errer jusqu'à ce que les appétits inhérents à la forme matérielle qu'elles se sont donnée les ramènent dans un corps ; et alors elles reprennent sans doute les mêmes mœurs qui, pendant leur première vie, étaient l'objet de leurs prédilections.
Non seulement le principe de la réincarnation est ici clairement exprimé, mais l'état des âmes qui sont encore sous l'empire de la matière, est décrit tel que le Spiritisme le montre dans les évocations. Il y a plus, c'est qu'il est dit que la réincarnation dans un corps matériel est une conséquence de l'impureté de l'âme, tandis que les âmes purifiées en sont affranchies. Le Spiritisme ne dit pas autre chose ; seulement il ajoute que l'âme qui a pris de bonnes résolutions dans l'erraticité, et qui a des connaissances acquises, apporte en renaissant moins de défauts, plus de vertus, et plus d'idées intuitives qu'elle n'en avait dans sa précédente existence ; et qu'ainsi chaque existence marque pour elle un progrès intellectuel et moral. (Ciel et Enfer, 2°, partie : Exemples.)
V. Après notre mort, le génie (daïmon, démon) qui nous avait été assigné pendant notre vie nous mène dans un lieu où se réunissent tous ceux qui doivent être conduits dans le Hadès pour y être jugés. Les âmes, après avoir séjourné dans le Hadès le temps nécessaire, sont ramenées à cette vie dans de nombreuses et longues périodes.
C'est la doctrine des Anges gardiens ou Esprits protecteurs, et des réincarnations successives après des intervalles plus ou moins longs d'erraticité.
VI. Les démons remplissent l'intervalle qui sépare le ciel de la terre ; ils sont le lien qui unit le Grand Tout avec lui-même. La divinité n'entrant jamais en communication directe avec l'homme, c'est par l'intermédiaire des démons que les dieux commercent et s'entretiennent avec lui, soit pendant la veille, soit pendant le sommeil.
Le mot daïmon, dont on a fait démon, n'était pas pris en mauvaise part dans l'antiquité comme chez les modernes ; il ne se disait point exclusivement des êtres malfaisants, mais de tous les Esprits en général, parmi lesquels on distinguait les Esprits supérieurs appelés les dieux, et les Esprits moins élevés, ou démons proprement dits, qui communiquaient directement avec les hommes. Le Spiritisme dit aussi que les Esprits peuplent l'espace ; que Dieu ne se communique aux hommes que par l'intermédiaire des purs Esprits chargés de transmettre ses volontés ; que les Esprits se communiquent à eux pendant la veille et pendant le sommeil. Au mot démon substituez le mot Esprit, et vous aurez la doctrine spirite ; mettez le mot ange, et vous aurez la doctrine chrétienne.
VII. La préoccupation constante du philosophe (tel que le comprenaient Socrate et Platon) est de prendre le plus grand soin de l'âme, moins pour cette vie, qui n'est qu'un instant, qu'en vue de l'éternité. Si l'âme est immortelle, n'est-il pas sage de vivre en vue de l'éternité ?
Le christianisme et le Spiritisme enseignent la même chose.
VIII. Si l'âme est immatérielle, elle doit se rendre, après cette vie, dans un monde également invisible et immatériel, de même que le corps, en se décomposant, retourne à la matière. Seulement il importe de bien distinguer l'âme pure, vraiment immatérielle, qui se nourrit, comme Dieu, de science et de pensées, de l'âme plus ou moins entachée d'impuretés matérielles qui l'empêchent de s'élever vers le divin, et la retiennent dans les lieux de son séjour terrestre.
Socrate et Platon, comme on le voit, comprenaient parfaitement les différents degrés de dématérialisation de l'âme ; ils insistent sur la différence de situation qui résulte pour elles de leur plus ou moins de pureté. Ce qu'ils disaient par intuition, le Spiritisme le prouve par les nombreux exemples qu'il met sous nos yeux. (Ciel et Enfer, 2° partie.)
IX. Si la mort était la dissolution de l'homme tout entier, ce serait un grand gain pour les méchants, après leur mort, d'être délivrés en même temps de leur corps, de leur âme et de leurs vices. Celui qui a orné son âme, non d'une parure étrangère, mais de celle qui lui est propre, celui-là seul pourra attendre tranquillement l'heure de son départ pour l'autre monde.
En d'autres termes, c'est dire que le matérialisme, qui proclame le néant après la mort, serait l'annulation de toute responsabilité morale ultérieure, et par conséquent un excitant au mal ; que le méchant a tout à gagner au néant ; que l'homme qui s'est dépouillé de ses vices et s'est enrichi de vertus peut seul attendre tranquillement le réveil dans l'autre vie. Le spiritisme nous montre, par les exemples qu'il met journellement sous nos yeux, combien est pénible pour le méchant le passage d'une vie à l'autre, et l'entrée dans la vie future (Ciel et Enfer, 2° partie, ch. I.)
X. Le corps conserve les vestiges bien marqués des soins qu'on a pris de lui ou des accidents qu'il a éprouvés ; il en est de même de l'âme ; quand elle est dépouillée du corps, elle porte les traces évidentes de son caractère, de ses affections et les empreintes que chacun des actes de sa vie y a laissées. Ainsi le plus grand malheur qui puisse arriver à l'homme, c'est d'aller dans l'autre monde avec une âme chargée de crimes. Tu vois, Calliclès, que ni toi, ni Polus, ni Gorgias, vous ne sauriez prouver qu'on doive mener une autre vie qui nous sera utile quand nous serons là-bas. De tant d'opinions diverses, la seule qui demeure inébranlable, c'est qu'il vaut mieux recevoir que commettre une injustice, et qu'avant toutes choses on doit s'appliquer, non à paraître homme de bien, mais à l'être. (Entretiens de Socrate avec ses disciples dans sa prison.)
Ici on retrouve cet autre point capital, confirmé aujourd'hui par l'expérience, que l'âme non épurée conserve les idées, les tendances, le caractère et les passions qu'elle avait sur la terre. Cette maxime : Il vaut mieux recevoir que commettre une injustice, n'est-elle pas toute chrétienne ? C'est la même pensée que Jésus exprime par cette figure : « Si quelqu'un vous frappe sur une joue, tendez-lui encore l'autre. » (Ch. XII, n° 7, 8.)
XI. De deux choses l'une : ou la mort est une destruction absolue, ou elle est le passage d'une âme dans un autre lieu. Si tout doit s'éteindre, la mort sera comme une de ces rares nuits que nous passons sans rêve et sans aucune conscience de nous-mêmes. Mais si la mort n'est qu'un changement de séjour, le passage dans un lieu où les morts doivent se réunir, quel bonheur d'y rencontrer ceux qu'on a connus ! Mon plus grand plaisir serait d'examiner de près les habitants de ce séjour et d'y distinguer, comme ici, ceux qui sont sages de ceux qui croient l'être et ne le sont pas. Mais il est temps de nous quitter, moi pour mourir, vous pour vivre. (Socrate à ses juges.)
Selon Socrate, les hommes qui ont vécu sur la terre se retrouvent après la mort, et se reconnaissent. Le Spiritisme nous les montre continuant les rapports qu'ils ont eus, de telle sorte que la mort n'est ni une interruption, ni une cessation de la vie, mais une transformation, sans solution de continuité.
Socrate et Platon auraient connu les enseignements que le Christ donna cinq cents ans plus tard, et ceux que donnent maintenant les Esprits, qu'ils n'auraient pas parlé autrement. En cela il n'est rien qui doive surprendre, si l'on considère que les grandes vérités sont éternelles, et que les Esprits avancés ont dû les connaître avant de venir sur la terre, où ils les ont apportées ; que Socrate, Platon et les grands philosophes de leur temps ont pu être, plus tard, du nombre de ceux qui ont secondé Christ dans sa divine mission, et qu'ils ont été choisis précisément parce qu'ils étaient plus que d'autres à même de comprendre ses sublimes enseignements ; qu'ils peuvent enfin faire aujourd'hui partie de la pléiade des Esprits chargés de venir enseigner aux hommes les mêmes vérités.
XII. Il ne faut jamais rendre injustice pour injustice, ni faire de mal à personne, quelque tort qu'on nous ait fait. Peu de personnes, cependant, admettront ce principe, et les gens qui sont divisés là-dessus ne doivent que se mépriser les uns les autres.
N'est-ce pas là le principe de la charité qui nous enseigne de ne point rendre le mal pour le mal, et de pardonner à nos ennemis ?
XIII. C'est aux fruits qu'on reconnaît l'arbre. Il faut qualifier chaque action selon ce qu'elle produit : l'appeler mauvaise quand il en provient du mal, bonne quand il en naît du bien.
Cette maxime : « C'est aux fruits qu'on reconnaît l'arbre, » se trouve textuellement répétée plusieurs fois dans l'Evangile.
XIV. La richesse est un grand danger. Tout homme qui aime la richesse n'aime ni lui ni ce qui est à lui, mais une chose qui lui est encore plus étrangère que ce qui est à lui. (Ch. XVI.)
XV. Les plus belles prières et les plus beaux sacrifices plaisent moins à la Divinité qu'une âme vertueuse qui s'efforce de lui ressembler. Ce serait une chose grave que les dieux eussent plus d'égards à nos offrandes qu'à notre âme ; par ce moyen, les plus coupables pourraient se les rendre propices. Mais non, il n'y a de vraiment justes et sages que ceux qui, par leurs paroles et par leurs actes, s'acquittent de ce qu'ils doivent aux dieux et aux hommes. (Ch. X, n° 7, 8.)
XVI. J'appelle homme vicieux cet amant vulgaire qui aime le corps plutôt que l'âme. L'amour est partout dans la nature qui nous invite à exercer notre intelligence ; on le retrouve jusque dans le mouvement des astres. C'est l'amour qui orne la nature de ses riches tapis ; il se pare et fixe sa demeure là où il trouve des fleurs et des parfums. C'est encore l'amour qui donne la paix aux hommes, le calme à la mer, le silence aux vents et le sommeil à la douleur.
L'amour, qui doit unir les hommes par un lien fraternel, est une conséquence de cette théorie de Platon sur l'amour universel comme loi de nature. Socrate ayant dit que « l'amour n'est ni un dieu ni un mortel, mais un grand démon, » c'est-à-dire un grand Esprit présidant à l'amour universel, cette parole lui fut surtout imputée à crime.
XVII. La vertu ne peut pas s'enseigner ; elle vient par un don de Dieu à ceux qui la possèdent.
C'est à peu près la doctrine chrétienne sur la grâce ; mais si la vertu est un don de Dieu, c'est une faveur, et l'on peut demander pourquoi elle n'est pas accordée à tout le monde ; d'un autre côté, si c'est un don, elle est sans mérite pour celui qui la possède. Le Spiritisme est plus explicite ; il dit que celui qui possède la vertu l'a acquise par ses efforts dans ses existences successives en se dépouillant peu à peu de ses imperfections. La grâce est la force dont Dieu favorise tout homme de bonne volonté pour se dépouiller du mal et pour faire le bien.
XVIII. Il est une disposition naturelle à chacun de nous, c'est de s'apercevoir bien moins de nos défauts que de ceux d'autrui.
L'Evangile dit : « Vous voyez la paille dans l'œil de votre voisin, et vous ne voyez pas la poutre qui est dans le vôtre. » (Ch. X, n° 9, 10.)
XIX. Si les médecins échouent dans la plupart des maladies, c'est qu'ils traitent le corps sans l'âme, et que, le tout n'étant pas en bon état, il est impossible que la partie se porte bien.
Le Spiritisme donne la clef des rapports qui existent entre l'âme et le corps, et prouve qu'il y a réaction incessante de l'un sur l'autre. Il ouvre ainsi une nouvelle voie à la science ; en lui montrant la véritable cause de certaines affections, il lui donne les moyens de les combattre. Quand elle tiendra compte de l'action de l'élément spirituel dans l'économie, elle échouera moins souvent.
XX. Tous les hommes, à commencer depuis l'enfance, font beaucoup plus de mal que de bien.
Cette parole de Socrate touche à la grave question la prédominance du mal sur la terre, question insoluble sans la connaissance de la pluralité des mondes et de la destination de la terre, où n'habite qu'une très petite fraction de l'humanité. Le Spiritisme seul en donne la solution, qui est développée ci-après dans les chapitres II, III et V.
XXI. Il y a de la sagesse à ne pas croire savoir ce que tu ne sais pas.
Ceci va à l'adresse des gens qui critiquent ce dont souvent ils ne savent pas le premier mot. Platon complète cette pensée de Socrate en disant : « Essayons de les rendre d'abord, si c'est possible, plus honnêtes en paroles ; sinon, ne nous soucions pas d'eux, et ne cherchons que la vérité. Tâchons de nous instruire, mais ne nous injurions pas. » C'est ainsi que doivent agir les spirites à l'égard de leurs contradicteurs de bonne ou de mauvaise foi. Platon revivrait aujourd'hui, qu'il trouverait les choses à peu près comme de son temps, et pourrait tenir le même langage ; Socrate aussi trouverait des gens pour se moquer de sa croyance aux Esprits, et le traiter de fou, ainsi que son disciple Platon.
C'est pour avoir professé ces principes que Socrate fut d'abord tourné en ridicule, puis accusé d'impiété, et condamné à boire de ciguë ; tant il est vrai que les grandes vérités nouvelles, soulevant contre elles les intérêts et les préjugés qu'elles froissent, ne peuvent s'établir sans lutte et sans faire des martyrs.
Allan Kardec, L'Évangile selon le spiritisme : contenant l'explication des maximes morales du Christ, leur concordance avec le spiritisme et leur application aux diverses positions de vie (Introduction)