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Léon Foccroule, spirite à Poulseur
Illustration : Groupe spirite l'Espérance, rue du Vieux-Château (source : André Marchal - Souvenirs de Poulseur - Regard sur le passé)
Il est peu évoqué, et pour cause, il ne sera jamais antoiniste, mais restera certainement spirite, à Poulseur, à 20km au sud de Liège. Il assista cependant au premier procès contre Antoine.
L'ouvrage [Petit Catéchisme Spirite, des Vignerons du Seigneur] eut un grand succès dans les cercles spirites. A Poulseur, où Léon Foccroule le porta, des réunions furent organisées pour les enfants, tout à fait comme lorsqu'on prépare les garçons et les filles à la première communion. (Robert Vivier, p.223)
Dans le n°3 de la Revue Spirite, journal bi-mensuel d'études psychologiques, du 1 février 1888, on lit que "M. Leruth est l'un des plus énergiques propagateurs du spiritisme, à Poulseur, et dans cette localité, avec une ami, il a créé une belle salle de conférence dont la Revue a parlé longuement."
M. V. Leruth était président du groupe Spirite l'Espérance déjà en 1883.
Le n°11 de novembre 1883, nous donne à lire une communication obtenue à Poulseur, de Jobard : La progrès dans la vérité éternelle : "Lorsque vous serez réunis en mon nom, je serai au milieu de vous ; telle est, en substance, la pensée du Christ, du rénovateur, qui, après une foule d'autres novateurs, venait apprendre aux hommes ce que c'est que la vérité..."
Jules Bois sera son invité lors de sa visite à Jemeppe raconté dans Le Matin du 3 août 1901 et repris dans le Miracle Moderne :
Quand je descendis à la petite station de Jemeppe-sur-Meuse, je demandai au chef de gare : "Connaissez-vous Louis Antoine ? - Si je le connais ! dit-il, on parle de lui dans toute la Belgique : il habite à deux cents mètres d'ici et cet après-midi vous le trouverez au milieu de ses consultants."
Derrière la barrière j'aperçus Léon Foccroule, le président des spirites de Poulseur. Je n'avais donc plus à chercher un cicérone. Foccroule est un ami de Louis Antoine. Ses yeux ronds, sous ses paupières plissées, brillaient de finesse et de bienveillance. Louis Antoine est pour lui une sorte de saint, un curé d'Ars laïque qui travaille avec un désintéressement absolu pour le bonheur de l'humanité. Je compris aussitôt que Foccroule espérait que je serais non seulement étonné mais converti à leur évangile. C'est que les spirites sont, là-bas, des apôtres et que conquérir une âme leur donne certainement autant de joie que de gagner le gros lot. Nous marchâmes dans la fumée des fabriques, au milieu de rails de trains à vapeur, sur une terre noire, le long des rues populeuses ; parfois passaient des femmes lentes, avec sur leurs épaules, une gaule d'où pendent contre leurs hanches de grands seaux. Le soleil s'était voilé, les cheminées d'usine augmentaient la tristesse et le brouillard. La spirituelle parole du socialiste belge, M. Demblon, me revint à l'esprit : "Le mysticisme, m'avait-il dit, naît la plupart du temps dans les villes où il y a trop de fumée." Voilà pourquoi cette Belgique si pratique, passablement sensuelle, voit son borinage infecté de fantômes.
Au coin d'une traverse, une maison d'aspect presque officiel rappelant une clinique ou une petite mairie. La porte est ouverte. Foccroule cause en wallon avec quelques hommes attablés à un estaminet adjacent. La gueuze-lambic permet aux nombreux pèlerins d'attendre paisiblement l'heure où chacun à son tour, ils seront reçus. Dans la salle d'attente une multitude de femme.
[...]
Le thaumaturge a l'appréhension de la gloire, il n'aime point que s'établisse atour de lui une rumeur que celle des guérison accomplies. Foccroule lui a dit sans doute une phrase bien sentie dans leur patois, car il m'accueille avec sympathie. Et puis, que quelqu'un soit venu de ce grand Paris pour le voir, cela le flatte secrètement.
J'ai deviné que Foccroule m'avait présenté comme un quasi-adepte. Voilà donc Louis Antoine. [...]
Me revoici dans les rues fumeuses de Jemeppe, sur les chaussées noires. Léon Foccroule me jette un regard désolé. Il avait rêvé un long après-midi apostolique, où il m'aurait professé la philosophie d'Allan Kardec.
Le train siffle à nouveau, je lui serre la main en hâte, ses bons yeux sont émus. il m'a fallu aller dans d'obscurs villages de Belgique pour trouver cette foi.
L'au-delà et les forces inconnues, le Guérisseur Louis Antoine (Jules Bois, Le Matin 3 août 1901)
Pierre Debouxhtay dans sa bibliographie précise que "les spirites protestèrent vivement contre le "sans-gêne" des articles de J. Bois".
P.47, note 21, il ajoute : D'après les spirites les renseignements donnés par J. Bois sont très sujets à caution. Dans Le Messager, du 15 octobre 1901, Victor Horion parle du "sans-gêne", de la "fantaisie" de Bois "dans le récit de son excursion à Jemeppe-sur-Meuse, chez le magnétiseur-guérisseur, M. Antoine". Critique analogue dans le n° du 15 avril 1901.Un certain Jacques Foccroule était le directeur du journal Le Messager de Liège. Jules Bois le dit mécanicien. Interrogé dans la Revue des études psychiques en 1904, il déclare qu'un certain Léon était son cousin, mort début 1904.
Tags : spiritisme, adepte
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Commentaires
A l'époque du groupe de Poulseur, des cercles spirites existaient un peu partout. Ce fut ensuite la désaffection. En ce début de XXIe siècle le spiritisme semble "reprendre du poil de la bête". Les dirigeants spirites ont eut l'intelligence de se servir des moyens modernes de communication afin de faire connaître leur doctrine. Ils en sont récompensés. A méditer !