• L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme (Le Messager, 1er sept. & 15 oct. 1901)

    A propos de l'enquête de M. J. Bois (Le Messager, 1er sept. 1901)A propos de l'enquête de M. J. Bois

        M. de Komar, dans le Spiritualisme moderne (n° du 10 août 1901) dit entr'autres, au sujet de M. Jules Bois et de ses articles publiés dans le Matin, de Paris :

        » Le temps est passé où le Spiritisme faisait hausser les épaules.
        Voici les organes quotidiens de la presse qui s'arrêtent devant « l'Inconnu » « l'Invisible » et se font le propagateur de phénomènes relégués jusqu'ici par eux aux loges de concierge ou aux chambres d'enfants.
       » Dirons-nous que M. Jules Bois traite le sujet dans l'esprit d'impartialité voulue ? – Nous devons confesser qu'il n'est pas encore l'investigateur rêvé, dépourvu de tout préjugé et de tout dédain. Ou bien se croit-il obligé de faire quelques concessions au public, en jetant une teinte de ridicule sur ces « braves spirites » qu'il s'est mis en devoir d'étudier, et qui confiants, vont à lui, cœurs ouverts, mains tendues ?
        » Le caractère de simple grandeur qui se dégage des récits de M. Jules Bois lui échapperait-il à lui-même qu'il ne trouve pas un mot ému à l'égard du thaumaturge de Jemeppe-sur-Meuse, pour ne citer que lui, Louis Antoine, qui dans sa Foi trouve la force de guérir et qui prodigue sans compter et sans relâche sa force vitale avec un désintéressement digne des temps antiques de la chrétienté naissante.
        » Cette « Foi » qui arrive à produire des « espèces de miracles », comme dit l'auteur, ne mériterait-elle pas qu'on s'y arrêtât quelque peu ? que l'on remontât aux raisons, aux causes qui rendent le miracle possible ?
        » ... Nous voudrions pouvoir dégager dès ce jour des articles de l'éminent publiciste un enseignement et cet enseignement manque.
        » Il est probable que la lecture de ces écrits n'éveillera dans l'ignorant qu'un sourire de commisération, surtout s'il n'arrive pas à reconnaître de lui-même que cette « naïveté » qui caractérise les spirites, frôle de très près la « simplicité » que le Christ demande à ceux qui veulent être « initiés » aux « Mystères » du royaume de Dieu.
        » Dans des questions d'un ordre aussi élevé par le fond, quelle qu'en soit la forme extérieure, l'investigateur sérieux doit appeler à la rescousse non pas son ironie, mais la science qu'il possède pour éclairer le public et lui démontrer que ce qui paraît peut-être grotesque au premier abord s'explique par des théories très assises et que M. Jules Bois semble le dernier à ignorer. »

    Le Messager, 1er septembre 1901

     

    L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme (Le Messager, 15 oct. 1901)L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme

        On rencontre rarement la bonne foi toute simple. Je n'en veux pour preuve que l'enquête de J. Bois, publié dans le journal français le Matin.
        De même qu'il existe plusieurs espèces de partisans de la philosophie spirite, des ardents, des honteux, des quelconques, nous avons aussi plusieurs sortes d'adversaires : les uns combattant, flamberge au vent, à visage découvert, d'autres dans l'ombre, par un travail de taupe, d'autres enfin caressant la doctrine pour mieux l'étrangler, comme le loup du petit Chaperon Rouge.
        Jules Bois est journaliste, il en fait métier, et ses articles du Matin sont payés : parfait, il n'y a pas crime, mais s'il était payé pour faire son enquête, ce n'était pas là une raison suffisante d'élaborer tout un roman, d'autant plus dangereux que la vérité s'y mêle à l'erreur ; or, l'erreur est manifeste en maint endroit. Nous, qui sommes du pays de Poulseur, nous savons notamment, ainsi du reste que M. Foccroulle l'a fait ressortir déjà dans un article que la Meuse a refusé d'insérer, malgré le droit de réponse, et paru ensuite dans le Messager, nous savons, dis-je, combien la relation concernant le voyage du chroniqueur en notre région est volontairement mensonger.
        La prétendue séance spirite avec le médium Mme L... est inventée de toute pièce. Au lieu d'invoquer les morts, Jules Bois escamote même des vivants, et l'on peut lui dire, comme dans je ne sais quelle pièce : « Les gens que vous tuez se portent assez bien. On a remarqué le même sans-gêne, la même fantaisie dans le récit de son excursion à Jemeppe-sur-Meuse, chez le magnétiseur-guérisseur M. Antoine, et de ce qui s'y passe.
        Dans sa propre localité, chacun a donc pu constater, toucher du doigt ou, mieux, de l'œil et de l'oreille, la légèreté du reporter en une matière qui ne se prête pas à tant de désinvolture. On peut en inférer que l'enquête toute entière, dans les faits et les appréciations, n'a qu'une valeur très relative et plus que douteuse.
        L'auteur a gagné son argent, le journal a satisfait des lecteurs profanes, avides de nouveautés (?!) qui deviennent à la mode, le public est berné et le tour est joué : mais le spiritisme ne s'en porte pas plus mal, ni les savants qui y sont ralliés de cœur et de raison et contre la sincérité et l'indéfectible obstination desquels viennent se briser, follement, les assertions audacieuses d'un écrivain de talent, qui ne craint pas le ridicule en affirmant que pas un homme de science n'a fait acte d'adhésion au spiritualisme moderne !!!
        Il est superflu de rappeler ici, pour la millième fois, après tant d'autres, les noms des sommités (pas toutes officielles par exemple), élite intellectuelle de tous pays, qui s'y sont ralliés ou en ont contrôlé et reconnu les phénomènes. D'ailleurs, rien d'étonnant que le savant officiel, spirite, soit rara avis : il y a des raisons pour cela, puisqu'on le désofficiellise dès qu'il fait mine d'indépendance. Le fait seul de dénier au spiritisme des adhésions scientifiques, suffit, aux yeux de ceux qui ont étudié la question, pour enlever toute valeur à l'enquête de Jules Bois, simple dilettante de l'Invisible, qui semble s'être donné pour mission d'amuser la galerie en exécutant des cabrioles fantastiques de pince-sans-rire sur un plancher truqué.
        Ceux des lecteurs du Matin, chez lesquels ses articles auront éveillé la curiosité d'étudier plus à fond la philosophie spirite et les phénomènes qui l'ont fondée, deviendront des convaincus quand même et, tout en souriant de leur scepticisme passé, ils pardonneront largement à l'auteur journaliste, parce qu'il leur aura fourni l'occasion, même par des sornettes mielleusement hostiles, de se convaincre, d'autre part, d'une vérité inébranlable comme un roc.

    VICTOR HORION. Villers-aux-Tours, 1er octobre 1901.

    Le Messager, 15 octobre 1901


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