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cherbourg-en-cotentin

Consécration du Temple de Cherbourg en 1952 (Archives du Temple de Retinne)

Publié le par antoiniste

Consécration du Temple de Cherbourg en 1952

Photo extraite d'un article d'un journal français (non identifié)

(Archives du Temple de Retinne)

Légende de la première photo: "Guérir par la foi", tel est le premier précepte de l'Eglise antoiniste. Cet infirme, escorté par sa soeur et par sa mère, n'a pu trouver place dans le Temple de Cherbourg le jour de l'inauguration. Il n'en suit pas moins l'office depuis le parvis, en attendant d'être reçu par le frère-guérisseur. Sur le visage de l'homme, l'extase mystique a déjà marqué son empreinte. Les mains se joignent et se serrent convulsivement. La prière prépare le miracle.

Une autre photo montre l'intérieur du Temple de Paris XIIIe.

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Cherbourg-en-Cotentin (1952)

Publié le par antoiniste

Cherbourg-Octeville (1952)

Adresse : 79, rue Saint-Sauveur (au sud sur les hauteurs, vers Octeville) - 50130 Cherbourg-en-Cotentin



Style : Art Roman

Panneau : Lecture de l'Enseignement du Père, le dimanche à 10 heures et tous les jours à 19 heures, excepté le samedi. Opération au nom du Père, les cinq premiers jours de la semaine à 10 heures. Le temple est ouvert du matin au soir aux personnes souffrantes. Tout le monde est reçu gratuitement

Temple avec photos

Date de consécration (par un délégué du Collège des Desservants au Nom du Père) : 13 juillet 1952

Anecdote :     Les propriétés géographiques et techniques du port de Cherbourg attirent à partir de 1847 les compagnies maritimes reliant les ports européens à la côte est des États-Unis. L'essor des Trente glorieuses entraîne la modernisation de l'économie et la féminisation de l'emploi. Sous l'impulsion du général de Gaulle, Cherbourg devient à partir de 1964 le pôle de construction des Sous-marin nucléaire lanceur d'engins, dont le premier, le Redoutable, est lancé en 1967. La métallurgie a longtemps représenté une grande source d'emploi dans l'agglomération.
    Cherbourg et son agglomération se sont urbanisés autour des ports et le long de la côte. Avec la reconstruction de l’après-guerre puis l’essor économique des Trente Glorieuses, la ville connaît une crise du logement due au boum démographique, contre laquelle on construit sur les derniers terrains vagues. En effet, un rapport de 1954 évalue à 1 000 familles les habitants vivant dans des taudis, et réclame 1 500 logements.
    Cherbourg-en-Cotentin est la ville la plus importante du département de la Manche. Elle est créée le 1er janvier 2016 par la fusion de Cherbourg-Octeville, Tourlaville, Équeurdreville-Hainneville, Querqueville et La Glacerie.
    Le temple se trouve au sud de la ville sur les hauteurs, non loin des quartiers du Roule et du Maupas, traditionnellement ouvriers.

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Temple de Cherbourg (creator.nightcafe.studio)

Publié le par antoiniste

Temple de Cherbourg (creator.nightcafe.studio)

Temple de Cherbourg-en-Cotentin

image créée avec creator.nightcafe.studio

 

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Octeville (Journal officiel de la République française 1er février 1952)

Publié le par antoiniste

Octeville (Journal officiel de la République française 1er février 1952)

4 janvier 1952. Déclaration à la sous-préfecture de Cherbourg. Association cultuelle antoiniste. But : propager l'enseignement du Père et gérer le temple d'Octeville. Siège social : 31, rue Saint-Sauveur, Octeville.

Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 4 octobre 1923

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Cherbourg, rue Saint-Sauveur en 1966, le temple sans dépendance (remonterletemps.ign.fr)

Publié le par antoiniste

Cherbourg, rue Saint-Sauveur en 1966, le temple sans dépendance (remonterletemps.ign.fr)

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Protestants en Normandie

Publié le par antoiniste

    La Normandie accueille la Réforme protestante très tôt et avec beaucoup de ferveur. Le phénomène d'adhésion à la Réforme est tout aussi rural qu'urbain. En Basse Normandie, le monde rural est fortement pénétré, tandis qu'en Haute Normandie, la Réforme est surtout l'affaire des villes.

    Au XVIe, l'Église catholique subit la plus grande crise de son histoire. Un à un, ses fidèles se convertissent au protestantisme.
    Néanmoins, le protestantisme, en seulement trente ans (1520-1550), gagne les cœurs. De façon remarquable, à peu près toutes les couches de la société, qu'elles soient riches ou pauvres, sont touchées : le clergé, les artisans, les marchands, les officiers, les étudiants… Même des nobles se convertissent.
    Si bien que des temples se dressent bientôt à Saint-Lô, Rouen, Dieppe, Caen, Le Havre et Coutances. Ils sont souvent animés par des pasteurs formés à Genève, la capitale du protestantisme. En 1560, 20 % de la population rouennaise serait protestante, plus d'un tiers à Caen, comme à Alençon.
    Pourquoi un succès si foudroyant ? Les historiens identifient une explication culturelle. Par rapport aux autres Français, les Normands semblent assez instruits. Une forte minorité sait lire et écrire. On imprime beaucoup de livres à Rouen et à Caen. Or, la nouvelle religion, parce qu'elle prône une lecture et une méditation de la Bible par chaque fidèle, trouve un terreau favorable en Normandie. Ce facteur est néanmoins insuffisant, car des couches cultivées n'adoptent pas le protestantisme pour autant. Rien n'est simple en matière religieuse.

    Au XIXe siècle, les protestants sont toujours présents en Normandie, regroupés dans les villes, dispersés à la campagne. Ils jouent un rôle important dans le développement social et économique de la région. On compte environ 10 000 protestants en Seine-Maritime et dans l'Orne et le Calvados, ils ne sont plus que 5000.
   Après la guerre de 1870, de nombreux protestants sont arrivés d'Alsace, tel Jules Siegfried (1837-1922), et se sont installés principalement au Havre.
    En Normandie au XIXe siècle le Réveil trouve un terrain favorable. Des méthodistes venus d'Angleterre y sont également très actifs. Les tensions entre protestantisme libéral et protestantisme orthodoxe s'en trouvent renforcées.
    Progressivement l'orthodoxie s'impose à nouveau. Citons les pasteurs David Maurel (1818-1839), Guillaume de Félice (1828-1839) et à Dieppe le pasteur Jean Réville (1826-1860).

    Au XXe siècle, le protestantisme est encore très vivant surtout à Rouen, au Havre et, à un moindre degré, à Caen.
    La plus importante des Églises rurales (25 % de la population) est à Luneray, où le temple a été construit au XIXe siècle.
source :
https://actu.fr/normandie/alencon_61001/histoire-quand-protestantisme-est-devenu-deuxieme-religion-normandie_15320899.html
https://www.museeprotestant.org/notice/le-protestantisme-en-normandie/

    La Normandie a été aussi plutôt réceptive à l'antoinisme, bien que tardivement, puisque c'est la région qui compte le plus grand nombre de temple après le département Nord : Évreux (1948), Bernay (1951), Rouen (1950), Caen (1991 à Cormelles-le-Royal) et Cherbourg-Octeville (1952). Mantes-la-Jolie dans les Yvelines est proche de la région Normandie.
    A Vimoutiers, les Antoinistes qui existaient avant l'arrivée des Pentecôtistes se sont ralliés à ces derniers (C.Ch. Chéry o.p., L'Offensive des sectes, 1954, p.262-63). On note une Rue du Temple à Vimoutiers, et l'Église Évangélique y a encore une maison de prières, 20 Rue du Bief. Il existait également des salles de lecture à Sotteville, Dieppe, Saint-Aubin-le-Cary. Au Havre, la salle de lecture a cessée depuis peu son activité (vers 2014).

Protestants en Normandie
Luneray - Le Temple

    Les temples protestants de la campagne normande sont ceux de :
Bolbec (1797) - 17 Rue Pasteur 76210 Bolbec (entrée monumentale construite en 1877)
Goderville (1834) - 17 Rue de la Poste 76110 Goderville (construit par un fidèle, racheté en 1889 par l'Association cultuelle de Saint-Antoine-la-Forêt, utilisé régulièrement jusqu'en 1993, désaffecté, vendu en 1999)
Criquetot-l'Esneval (1836) - Rue du Temple/Rue des Chataigners 76280 Criquetot-l'Esneval (Hameau du Temple, désaffecté, actuellement transformé en maison)
La Remuée (1806) - Rue du Temple 76430 La Remuée (désaffecté en 1874, les fidèles doivent se rendre alors à Saint-Romain-de-Colbosc)
La Trinité du Mont (1806) - désaffecté
Saint-Antoine-la-Forêt (1830) - 175 Route de Lillebonne/Rue Pomone 76170 Saint-Antoine-la-Forêt (remplacé par celui de 1897, rénové avant 2010)
Saint-Antoine-la-Forêt (1897) -  Rue du Temple 76170 Saint-Antoine-la-Forêt
Saint-Aubin-de-Crétôt (1824) - 1115 Route du Cheval Blanc 76190 Saint-Aubin-de-Crétôt (Ferme du Temple)
Saint-Romain-de-Colbosc (1874) - Rue Félix Faure 76430 Saint-Romain-de-Colbosc
Le Tréport (1877) - 7 Route d'Eu 76470 Le Tréport (vendu en 1970, désaffecté)
Varengeville-sur-Mer (1883) - 450 Route de Vastérival  76119 Varengeville-sur-Mer (construit par l'intermédiaire de vacanciers britanniques, vendu dans les années 1970, désaffecté)
Étretat (1883) - 66 Rue Guy de Maupassant 76790 Étretat (par les architectes parisiens BÉNARD et Charles LETROSNE, culte estival)
Harfleur (1948) - Boulevard du Midi 76700 Harfleur (désaffecté et vendu en 1988 à la municipalité puis détruit)
Montivilliers (1787) - Rue du Temple 76290 Montivilliers (par l'architecte Pierre Bernage, seul temple qui a été construit sous le règne de Louis XVI, sans compter l'Alsace, seul temple subsistant bâti en ovale et en forme d'hôtel particulier, mis en service le 29 novembre 1803, entouré d'un cimetière protestant, inscrit aux Monuments historiques dès 1977, projet de rénovation en cours)
Sanvic (1914) - Rue Georges Maguin/Rue Maxime Gorki 76620 Le Havre (ancienne chapelle militaire anglicane (protestante) de l'armée britannique au Havre pendant la guerre de 1914-1918, démontée et remontée à Sanvic, rue Maxime Gorki, afin de servir au culte de l'Église évangélique libre de Béthel, affiliée à la Mission Intérieure Baptiste en 1960, après le départ des derniers missionnaires suédois en 2000, rattachée à l'Église Baptiste de Rouelles jusqu'en 2003, vendue en 2007)
Luneray (1812) - Rue de la République/Square Jean Venable 76810 Luneray (construction autorisée par décret de Napoléon signé en 1807 à Varsovie, sacristie construite en 1824, transformation complète de l'intérieur et seconde dédicace en 1856, clocheton et salle de bibliothèque au premier étage ajoutés en 1892)
Le Coudray (1832) - Rue du Temple/Rue Maeterlinck (construit pour les libéraux, utilisé ensuite par les évangéliques, désaffecté, actuellement propriété privée)
Lammerville (1869) - Impasse du Temple 76730 Lammerville (désaffecté en 1960 actuellement propriété privée, sa cloche a été mise en 2007 square Jean Venable à côté du temple actuel de Luneray)
Notre-Dame-de-Gravenchon (1959) - Rue Alexandre André 76330 Notre-Dame-de-Gravenchon (chapelle des Cités (Esso), désaffectée avant 1980, elle sert de dépôt aux éditions religieuses Foi et Victoire)

Protestants en Normandie
Rouen - Temple Saint-Eloi


    Dans les villes, au temps de la Réforme, il n'est pas rare qu'une église sert aux Protestants pour en faire leur temple. Les temples actuellement en service sont ceux de :
Dieppe (1835) - 69 Rue de la Barre 76200 Dieppe (ancienne chapelle des Carmélites de 1631 détruite lors du bombardement de 1694, reconstruite entre 1735 et 1745, acquise par la ville en 1832 pour en faire le temple protestant)
Elbeuf (1851) - 17 Rue Guérot 76500 Elbeuf
Fécamp (1885) - Rue Jules Ferry 76400 Fécamp
Lillebonne (1860) - 27 Rue Victor Hugo 76170 Lillebonne (par M. Marage, architecte à Bolbec)
Le Havre (1857) - 47 Rue Anatole France (anc. Rue Napoléon, puis Rue du Lycée) 76600 Le Havre (par l'architecte Deconchy, bombardé en 1940, le clocher et la rosace ne seront pas reconstruits pour sa réhabilitation en 1953, seul édifice du Havre réunissant en un même bâtiment l'architecture XIXe siècle et l'architecture de l'école Perret)
Rouen (XVIème s.) - Temple Saint-Éloi, Place Martin Luther King 76000 Rouen (après un temple en forme de dodécagone, se situait dans la commune actuelle de Grand Quevilly, les protestants n'ayant pas le droit d'avoir un temple dans leur ville selon l'Édit de Nantes, qui a été fermé en 1685, une église de Rouan a été attribuée en 1803 par Bonaparte alors Premier Consul aux protestants, en partie détruit par les bombardements de mai 1944, les travaux de restauration n'ont été achevés qu'en 1955)

http://huguenotsinfo.free.fr/temples/departements/dep76.htm

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Olivier Maillart - Les dieux cachés (2019)

Publié le par antoiniste

Olivier Maillart - Les dieux cachés (2019)

Auteur : Olivier Maillart
Titre : Les dieux cachés
Éditions : du Rocher, Paris, 2019

4e de couverture :

    «Il fallait qu'on eût calomnié Henri R. car, lorsqu'il se réveilla le dimanche matin... »
    Dans une charmante ville côtière de la Manche, signes étranges et lettres mystérieuses se multiplient, plongeant malgré lui un honnête professeur de philosophie dans une bien ténébreuse affaire. Complots, enlèvements et sacrifices humains se succèdent à un rythme inquiétant. Avec l'aide de deux petits chiens astucieux, de quelques amis et de beaucoup d'alcool, Henri R. parviendra-t-il à résoudre les énigmes qui l'entourent, et à deviner quel drame obscur elles recouvrent ?Aux confins d'une France perdue, où chacun semble chercher sa secte, on a en effet tout à craindre du retour des dieux cachés...

 

Recension
    Écrire un roman en 2019 : il faut être courageux. Olivier Maillart relève le défi. Il y a du cartoonesque dans son roman, du Tintin parfois : on imagine bien les bulles et les dessins. C’est un roman fantaisiste, parfois surréaliste qui mélange Hergé, Agatha Christie, Flaubert et Barbey d’Aurevilly.
    Scène de la vie de province, le roman est également une étonnante tentative de réenchantement du monde. La satire et l’analyse de types psychologiques le font parfois pencher du côté du réalisme. Mais le véritable propos du livre serait plutôt celui du conte.
    Le régime esthétique du roman fait penser au « jeu sérieux » cher à la Renaissance. Ce n’est pas un roman à thèses, même si l’aspect ludique n’est pas le seul du roman. S’il fallait trouver un genre dans lequel classer ce roman, la catégorie la plus proche serait certainement celle de la sottie. Ce genre médiéval, réemployé par Gide dans Les caves du Vatican, utilise le paradoxe, le contraste comme élément comique afin de rire des ridicules de personnages-types.
    Scène de la vie de province, ce roman est également une peinture sarcastique du désordre spirituel qui règne en Europe occidentale. Il y aurait presque du Huysmans dans ce roman, tant notre début de siècle a étrangement une atmosphère fin de siècle, parcourue par cette « fin des grands récits » dont parlait Lyotard.
    Le catholicisme semble épargné dans le livre, tandis que la franc-maçonnerie, le néo-paganisme sont objets de satire. À la fin du roman, la fête de Noël semble apaiser les âmes contrairement au solstice d’hiver néo-païen présenté comme une parodie de sacré. Le propos du livre semble donc être un appel à l’humilité métaphysique, sans tomber dans le relativisme philosophique.
    Le ton du livre fait penser au début de La peau de chagrin, lorsqu’un personnage se moque des débats philosophiques sans fin et unilatéraux afin de savoir si le matérialisme ou l’idéalisme sont les conceptions les plus véridiques du monde. Le propos du roman n’est cependant jamais relativiste : le bocage parfois s’anime, tel paysage semble habité par une signification surnaturelle. Et puis les chiens parlent.
    Surtout, et c’est là certainement l’élément le plus essentiel et le plus émouvant du livre : son étonnant art du portrait. Henri R. et Henri G. renouvellent le topos du double et de la gémellité en littérature. Ni Bouvard et Pécuchet, ni Dupond et Dupont, les deux Henri forment un excellent portrait de l’amitié. Certaines pages sont bouleversantes d’empathie. Car c’est ce que semble nous dire le narrateur : plus important que les dieux cachés, il y a l’humain révélé.

source : https://skholeus.wordpress.com/2019/01/19/les-dieux-caches-olivier-maillart/

 

Olivier Maillart - Les dieux cachés (2019)

Ouest France, 1er février 2019

 

    Le livre évoque l'antoinisme :

    Bref, il pleuvait ce soir d'automne sur Hirocherbourg lorsqu'une Renault Clio bleu ciel se gara en face d'un bâtiment qui eût pu passer pour industriel, quoique deux ou trois efforts décoratifs en attestassent l'usage cultuel. Une femme d'une cinquantaine d'années en sortit, vêtue d'une large housse de la même couleur que son véhicule, la pluie battante ne permettant pas, de loin, de déceler s'il s'agissait d'une burqa ou d'un vêtement de pluie particulièrement couvrant.
    La porte du bâtiment étant malheureusement fermée de l'intérieur, on entendit la femme pester puis, alors qu'une voix lui réclamait le mot de passe, répéter à trois reprises, de plus en plus fort afin de couvrir les mugissements du vent, la formule « Ja ja so blau blau blau blüht der Enzian », avec l'entrain de Heino au temps de sa splendeur, au cours d'une fête de la saucisse particulièrement arrosée. On lui ouvrit enfin la porte, et la femme put se mettre à l'abri.
    Dans le vestibule où elle venait d'entrer s'affairait déjà une autre femme, d'une cinquantaine d'années elle aussi. Elles n'échangèrent pas un mot, se dévêtant de leur cape de pluie bleutée pour enfiler un nouveau vêtement, semblable aux aubes des prêtres catholiques, entièrement bleu. Les murs étaient nus, d'aspect vétuste avec leur peinture écaillée. Une pancarte au-dessus de la porte qui menait à la pièce principale du temple indiquait qu'il était interdit de parler de « choses matérielles » dans le vestibule. Chantal, puisque c'était elle, finit par passer dans une petite pièce mitoyenne pour y prendre un fort volume dont la couverture disait qu'il contenait les Saints écrits du père Antoine. Elle attendit un instant, le temps que soeur Bénédicte lance le disque, puis, alors qu'une musique planante à la Vangelis se répandait dans tout le bâtiment, elle entra d'un pas mesuré, plein d'une noble dignité, et remonta l'allée principale de la grande salle qui séparait deux rangées de bancs vides. Elle arriva au niveau de l'autel, se prosterna, puis monta à la chaire. Relevant les yeux, elle reconnut soeur Bénédicte, soeur Brigitte et soeur Estelle. Les autres, une fois de plus, n'étaient pas venus.

    Il est difficile de faire comprendre ce qu'est une célébration antoiniste à qui n'a jamais assisté à l'une d'entre elles. L'Église antoiniste est une religion relativement récente, née dans la seconde moitié du xixe siècle. C'est la seule religion au monde, et cela mérite d'être relevé, qui soit jamais née en Belgique (pays d'apparition récente lui-même, il est vrai). Elle fut l'ouvre du père Antoine, un honnête homme ainsi qu'un être inspiré, si l'on en croit les antoinistes du moins, principale source d'information sur la question. Le père Antoine avait pour ambition de forger une religion syncrétique qui réconcilierait, au-delà des bornes du christianisme au sein duquel il était né, toutes les spiritualités du monde. Il plaçait une foi toute particulière dans ce qu'il appelait les « fluides ». Ceux-ci se trouvent un peu partout, dans les êtres et les éléments, passant par-ci, revenant par-là, à la manière des petits lapins des dunes chassés par Ippolit et Jean-Petit. Le père Antoine se livrait-il lui-même à la chasse au lapin lorsqu'il eut l'intuition de sa religion fluidique ? Il serait difficile de l'affirmer avec certitude, sans qu'on puisse pour autant rejeter catégoriquement cette hypothèse.
    Quoi qu'il en soit, le culte antoiniste, qui possède des antennes en Belgique, en région parisienne et en Normandie, se porte modestement. Dans ses temples, on croise des personnes vêtues de bleu qui peuvent parler à certains endroits, mais pas à d'autres. Chantal y avait le grade de chanoinesse et elle remplissait avec sérieux toutes les obligations attenantes à sa fonction. Seul le recrutement peinait un peu, malgré des efforts méritoires du côté de ses collègues de lycée.

    Une fois l'oraison finie, Chantal repartit en élevant devant elle les Saints écrits du père Antoine. Les autres soeurs avaient formé une procession derrière elle et, comme le disque n'était pas encore tout à fait fini et que la musique leur plaisait bien, elles avaient encore accompli plusieurs tours de la salle de prière avant de rejoindre le vestibule pour se changer. Une fois les aubes rangées, ces dames, toujours de bleu vêtues, s'étaient mises dans le seul coin du bâtiment où il était autorisé d'échanger des propos triviaux. On quittait les fluides pour retrouver les « choses matérielles ». Estelle avait une nouvelle recette de cake aux lardons dont elle voulait faire profiter les copines. Brigitte demandait à ce qu'on organise les trajets pour la réunion d'équipe.
    « Pour l'adresse, tout le monde sait, c'est bon, mais moi je ne veux pas me retrouver en carafe !
    - Oui, pas de problème, tu monteras avec Bénédicte. Par contre, il nous manque toujours une cinquième femme, et je vous rappelle qu'il nous faut une jeune fille pour le rite.
    - Oui, oui, on sait, mais comme tu sais aussi ce n'est pas si simple d'en attraper une, ici !
    - Oui, ce n'est pas faute d'avoir essayé. - Au Temple de Saint-Lô, il paraît qu'ils y sont arrivés...
    - Mais à Saint-Lô il y a quatre hommes, alors pour attraper des jeunes filles c'est plus facile !
    - Oui, mais en attendant, au-dessus (à ce moment-là, Brigitte fit mystérieusement un signe du doigt qui désignait le plafond et, bien au-delà, comme toutes le comprirent sur-le-champ, les hautes sphères du culte antoiniste), ils s'impatientent... Ils parlent de fermer notre temple si cette année on n'arrive pas à plus de résultat !
    - On sait, Brigitte, on sait. Écoutez, les filles, ne paniquons pas, on peut encore y arriver. Et si ça se trouve, ce soir même...
    - Ce soir même, tu as vraiment la foi, Chantal !
    - Bien sûr que j'ai la foi, sinon je ne serais pas ici. Allez les filles, aux voitures, et en route ! »

    Et tandis que les beaux oiseaux bleus du culte antoiniste s'égayaient par les rues hirocherbourgeoises en entonnant en choeur « Blau blau blau blüht der Enzian », dans une autre partie de la ville tout aussi battue par la pluie et les vents, Henri G. arrivait à l'entrée de l'Igloo pour le vernissage de l'exposition « La photographie new-yorkaise des années 2000, entre luttes post-urbaines et discriminations genrées ».

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vue d'ensemble du temple dans la rue Saint-Sauveur

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vue d'ensemble du temple

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pignon du temple

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