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croyance

La foi juive (emouna) comme confiance

Publié le par antoiniste

    La foi juive (emouna) doit d’abord et avant tout s’entendre dans le sens de confiance dans la justice et l’amour divin.

    "Le contraire de la négation de Dieu est la foi. Mais de même que nous constatons que la première n’est pas négation de l’existence de Dieu mais rejet de Sa providence, de même la croyance en Dieu n’est pas seulement reconnaissance de Son existence mais confiance en Lui. " (Ephraïm Urbach, Les sages d'Israël, p 37).

    Avoir foi en Dieu, signifie avoir confiance en Sa parole et en particulier en la possibilité de transformer le monde et le rendre meilleur, qu'il s'agisse de la venu du Roi Messie qui restaurera la royauté de David en terre d'Israël pour les juifs les plus religieux, ou simplement d'améliorer la condition des êtres humains quels qu'ils soient. C'est ainsi que de nombreux juifs américains, dont le Rabbin Abraham Joshua Heschel, se sont engagés aux côtés des Noirs américains dans les années 1960 pour qu'ils obtiennent l'égalité des droits civiques. Dans les deux cas, il y a un optimisme fondamentalement juif que le monde tel qu'il est n'est pas tel qu'il devrait être et qu'il faut avoir confiance dans son amélioration. Cette idée se trouve dans toute la Bible, mais également dans la pensée rabbinique jusqu'aux courants modernes, qu'ils soient Haredi ou laïques.

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9e_juive#La_foi_juive_comme_confiance

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Spiritualité d'origine des antoinistes

Publié le par antoiniste

    Quelques auteurs ont souvent dit que Louis Antoine avait choisis les dates catholiques pour "récupérer" les personnes de cette obédience. Ainsi Régis Dericquebourg nous dit : "Peut-être [Louis Antoine] voulait-il aussi satisfaire un public essentiellement d'origine catholique qui aurait souffert de l'absence de célébration dans un contexte où elle se déroulaient." Et Alain Lallemand dénonce même : "Pour mémoire, citons l'autre grande fête antoiniste : le 15 août, anniversaire de la consécration du premier temple, celui de Jemeppe. Mais tous les Liégeois savent que le 15 août est traditionnellement jour de fête mariale, fête qu'un culte de souche mosane se devait de récupérer."
    On peut voir cependant que les adeptes étaient plutôt déchristianisés et que, de plus, Louis Antoine n'empêcha jamais ses adeptes de pratiquer une autre religion. Par ailleurs, on peut penser que c'est pas simple commodité, les ouvriers étant libérés de leur obligation ces jours-là pouvaient donc célébrer la fête comme ils l'entendaient.
    Voici une liste d'origine des adeptes :
- spirites : en fondant le Nouveau spiritualisme, il gagne des adeptes d'un côté mais il en perd aussi, certains désirant rester fidèles à Allan Kardec (cf. Dericquebourg, p.19 & p.119, Debouxhtay, p.124).
- chrétiens déchristianisés : en effet, Dericquebourg dit que l'antoinisme ne se propagea que difficillement en Flandre, du fait de la force du catholicisme dans la région, ainsi s'il fonctionna si bien dans le Sud du pays, c'est que la population était déjà déchristianisée (p.137).
- catholiques et protestants : évoquant les mises en garde éditées à l'époque du développement de l'antoinisme, abbés, prêtres, aumôniers, et pasteurs écrivaient des diatribes contre Louis Antoine. On peut penser donc que certaines personnes appartenaient à l'origine à ces religions (Dericquebourg, p.144 et Debouxhtay, p.281-86). Plus récemment, Anne-Cécile Bégot fit une enquête entre 1994 et 1997 et signale que "le public antoiniste est constitué d’une population âgée, pour une grande part issue du catholicisme" (Les Mutations de la représentation du divin au sein d’un groupe à vocation thérapeutique). Le même article signale que certains adeptes antoinistes, parfois costumés, continuent de fréquenter l’Église catholique.
- juifs : concernant la virgule dans l'inscription morale complétant l'Auréole de la conscience qui fut apposer par Mère, "L'Enseignement du Père, c'est l'Enseignement du Christ, révélé à cette époque par la foi". La virgule disparu dans l'Unitif de décembre 1912. Régis Dericquebourg signale que la virgule semble indiquer que le Père serait un continuateur de Jésus et que l'antoinisme est une différenciation chrétienne. "Cette dernière version aurait provoqué des protestations chez les Antoinistes de confession juive" (p.130).
- musulmans : Régis Dericquebourg évoquait, lors de la conférence sur l'antoinisme à Caudry, le cas d'un couple d'origine maghrébine, la femme portant le voile, venant consulter pour veiller à ce qu'une opération se passe bien. La desservante du temple lui dit cependant qu'aucune personne de cette origine ne s'engageait dans le mouvement.
- animiste ou autres : on peut voir, notamment à Paris, des adeptes de couleur, cependant ils peuvent également être catholique. Jacques Cécius rappelle que l'antoinisme est parfois dénommé le bouddhisme occidental. Certains adeptes sont parfois aussi bouddistes (cf. l'article d'Anne-Cécile Bégot).

    Pendant le XXe siècle, les gens sont venus nombreux, d'abord à Jemeppe et après dans les Temples qui se construisaient partout à l'époque. Très peu de ces personnes s'intéressaient à l'Enseignement, la plupart est venue chercher la guérison physique, à la fin du siècle beaucoup venaient pour connaître leur avenir.
    Ils ont été satisfaits ; ils ont trouvé, dans les temples, tout ce qu'ils croyaient pouvoir faire leur bonheur. Et les temples se sont vidés !
    Maintenant, l'Enseignement du Père est de nouveau maître à Jemeppe. Il n'y a plus ni voyance ni croyance. Les adeptes, moins nombreux, essayent de faire consciencieusement le travail moral. On y sent un sang neuf, on a l'impression d'être au début ; on sent que ces seulement maintenant que vons se récolter les fruits de ce qui a été semé par le Père.
Démonstrations n°2, signé Ch.P., p.38-39

    L’absence d’instance de contrôle des croyances et pratiques des adeptes favorise le pluralisme du croire. Ainsi, on observe que le recours à des croyances issues d’autres traditions religieuses ou spirituelles, notamment le catholicisme et le New Age, est fréquent parmi les adeptes. On peut aussi remarquer certains guérisseurs antoinistes porter la croix du Christ autour du cou ou recourir à des prières catholiques lors de leurs consultations. D’autres adeptes, notamment ceux qui ne portent pas le costume, font des stages de reiki, de yoga, de taï chi ou consultent des cartomanciennes. De la même façon, les enseignements antoinistes sont (ré)interprétés à partir d’autres référents religieux ; le « fluide » antoiniste devient « énergie » ou « chakra », des emprunts aux livres de Paco Rabane servent à comprendre des passages de l’enseignement antoiniste,...
Anne-Cécile Bégot, La construction sociale de l’efficacité thérapeutique au sein de groupes religieux (ethnographiques.org - numéro 15 - février 2008)

    Il faut indiquer que ces pratiques magiques ont parfois été favorisées par Mère, la femme de Louis Antoine. Ayant été nommée par son mari pour lui succéder et ayant un déficit de légitimité auprès des adeptes, elle s’est imposée auprès de ces derniers en « magifiant » certaines pratiques et en divinisant le Père Antoine (Anne-Cécile Bégot, Les Mutations de la représentation du divin au sein d’un groupe à vocation thérapeutique, 2000).
Anne-Cécile Bégot, La construction sociale de l’efficacité thérapeutique au sein de groupes religieux, note 20 (ethnographiques.org - numéro 15 - février 2008)

    Il y a aussi les personnes qui croient être victimes d'un ensorcellement. Il y a peut-être ceux qui craignent le médecin et ceux qui ont en tête un mobile moins avouable comme celui d'envoyer un maléfice à quelqu'un. Cette dernière demande doit être déclarée inacceptable car l'antoinisme ne pratique pas la magie.
Régis Dericquebourg, GSRL CNRS, Université Charles De Gaulle, Lille3 (halshs.archives-ouvertes.fr-00348718, version 1 - 21 Dec 2008)

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Maxence van der Meersch, Corps et âmes - Alimentation malsaine, toxique, irritante

Publié le par antoiniste

    Il faut l'épuisement, l'affaiblissement du sujet, pour que le microbe puisse se greffer sur lui.
    Cet affaiblissement des défenses naturelles, de nos jours, est le plus souvent causé par une alimentation malsaine, toxique, irritante (viande, charcuterie, sucre, alcool), qui surexcite un moment, fait croire à un surcroît de force, mais gaspille les énergies du sujet, l'acidifie, le désarme devant le bacille de la tuberculose, comme devant tout autre microbe (typhoïde, diphtérie, septicémies).

Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.276
Le Livre de Poche, Paris, 1943

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Langue des anges

Publié le par antoiniste

La langue des anges est évoquée par Saint Paul dans le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens :

    « Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. »

Les anges, étant de purs esprits, n'ont pas besoin de langage pour communiquer les uns avec les autres. Les êtres humains communiquent avec des mots, qui sont des représentations symboliques de la pensée. Les êtres purement spirituels peuvent transmettre leurs pensées dans un état pur, sans besoin de médiation ou de signes (Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, I. Frédérique Von Lama: Les Anges).

Dans la tradition islamique, et selon Ahmed Moubarek, dit 'Abd al-'Aziz al-Dabbagh, grand soufi illettré qui vécut à Fès à la fin du XVIe et au début du XVIIe, dans le Kitab-Al-Ibriz (traduction : Le Livre d'or pur), il existe une langue des anges et nommée langue « siryanîte », proche de la langue des oiseaux. Selon le poète soufi marocain, elle existe dans chaque langue et consiste en un autre sens que celui communiqué, le sens réel étant donné dans sa prononciation et non dans son écriture. C’est également la langue des grands saints. D'après une légende islamique, il y a des inscriptions en siryanî sur le tronc du ‘Arsh et sur la porte du Paradis, qui ont également le pouvoir de parler aux défunts dans la langue divine.Pour Ahmed Moubarek, le siryanî se trouve également dans les « lettres isolées » qui ouvrent les sourates du Coran et dont aucun théologien musulman n'a donné d'explication à ce jour, comme par exemple « Alif - Lâm - Mîm » qui ouvrent la sourate 2 « la Vache » (Al Baquara). Dans le Coran en effet le terme aç-çāffātest évoqué, désignant littéralement les oiseaux, mais comme s’appliquant symboliquement aux anges (al-malā’ikah) par proximité phonétique.

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ange_%28religion%29#Langue_des_anges

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La source de Père et Mère dans le bois d'Esneux

Publié le par antoiniste

    La forêt avait retrouvé son aspect figé. Seules les hautes fougères et quelques cimes oscillaient doucement sous le vent.
    Il emprunta une sorte de raidillon strié de filets d’eau. Tout au fond, un étroit passage traversait des fourrés mais il fallait se courber et progresser dans la trouée à l’aveuglette jusqu’à un amphithéâtre naturel où s’écoulait une source parsemée de pierres recouvertes de mousse. Antoine remplit son bidon et pria :
   - Je sais que mes souffrances ne sont que le résultat de mes actes, Père Eternel, mais qu’ai-je fait de mal pour que mon unique enfant soit ainsi plongé dans la douleur… ? Puissé-je prendre sa souffrance dans la mienne – il referma ensuite le bouchon et porta le bidon contre son front – accordez-lui la guérison, ô Dieu tout puissant, pitié !
[...]
    La voiture s’arrêta un bref moment à l’orée du bois de la Vecquée puis obliqua vers un petit coupe-feu. Il se découpait dans l’ombre des frondaisons comme une porte lumineuse ouverte sur la forêt. L’Oldsmobile avançait en cahotant sur le chemin de terre pour disparaître bientôt comme absorbée dans cette embrasure lumineuse.
    Il faisait un temps superbe. Un vent tiède agitait doucement les cimes.
    Un frère quitta le véhicule en premier afin d’ouvrir la portière à Antoine.
    Il aspira goulûment cet air qui lui manquait tant puis demanda à entrer dans la clairière.
Les deux frères l’aidèrent à s’asseoir sur une souche non loin d’un filet d’eau.
    Catherine demeura silencieuse à ses côtés. Le soleil venait de disparaître derrière les nuages. Le vent se leva dans un frémissement d’herbe et de feuillages. Les deux frères s’étaient éloignés par respect pour leur intimité. Après de longues minutes, Antoine leva les yeux vers le ciel observant les nuages qui se formaient en visages furtifs puis s’étiraient en s’effilochant.
    - Rien ne dure, pensa-t-il en observant de jeunes pousses et des digitales. Il les effleura de la main, et pourtant la vie est éternelle.
    A ce moment, un frisson lui parcourut le corps.
    - Rentrons, dit tristement Catherine …
    Le chauffeur ôta son caban et le déposa sur les épaules du Père en tapotant doucement ses épaules, comme pour y faire entrer un peu de chaleur.
Quelques instants plus tard, l’automobile quittait le bois et reprenait la route. Antoine demanda à s’arrêter plusieurs fois pour admirer les bois et les champs de seigle qui s’étendaient à perte de vue.
    - Mes enfants, dit-il sur un ton plaintif en posant sa main sur l’épaule de Catherine, j’ai froid…
Roland A E Collignon, La Vie tourmentée de Louis Antoine


    Ce jour-là, pour le service des ateliers, on l'envoya à La Neuville, qui est un bourg sur le plateau du Condroz. Pour y aller, il faut traverser de grands bois. Tout le temps qu'il fut dans les bois, Antoine pensa à une seule chose : comme c'était malheureux pour Catherine et lui d'avoir leur fils malade à la maison, et comme c'était malheureux surtout pour le garçon, à cet âge où l'on pense qu'à vivre, à avoir des camarades, à aimer : en septembre, il aurait ses vingt ans... Antoine avait l'impression que tout cela pouvait durer des mois encore. Il portait sur son coeur la fatigue que finit par nous donner un long souci. Mais, à vrai dire, il n'avait pas ce qu'on peut appeler de la crainte. Il se disait : "Nous, les Antoine, nous sommes une famille où l'on s'est toujours bien porté." Et ce lui était une grande assurance que de se répéter que Martin et Tatène avaient largement passé les nonante ans.
    Occupé à ces pensées, il s'était à peine aperçu que le temps était doux, quoique gris, et qu'avril verdissait la lisière des bois.
    A La Neuville, il fit la ommission dont il était chargé, puis, comme il avait soif, il alla boire une limonade dans un estaminet. Il y avait des gens, debout au comptoir, qui parlaient entre eux de la maladie du bétail. Ils avaient l'air soucieux et résigné. L'intérieur de ce café était obscur, à cause du jour gris.
    Au retour, Antoine eut l'impression, tandis qu'il marchait dans les bois, que quelque chose de meilleur était survenu. Il ralentit le pas, il observa comme tout était gonflé de sève. Les taillis de jeunes chênes avaient encore leurs feuilles rousses de l'autre année, mais la mousse et l'herbe commençaient à montrer leur fraîche couleur. Doucement, sans éclat, la nature reprenait le cours de sa vie. Avec une confiance incroyable et tranquille, des arbustes, çà et là, laissaient pointer de petits bourgeons verts. Ainsi, pensa Antoine, nos âmes revivront avec la même confiance tranquille et sans surprise dans le printemps de l'au-delà. Il éprouva subitement une grande hâte de connaître ce printemps de l'autre vie, d'y déposer doucement tout la fatigue de son coeur. Il souhaita aussi que son fils fût ici, dans ces beaux bois de La Neuville, - et soudain il eut peur d'être mal compris, et que l'on crût qu'il souhaitait pour son Louis les bois de l'au-delà, le printemps de l'autre vie. Avec désespoir, il cherchait à formuler une prière efficace et explicite, qui ne laissât aucune place à la confusion. Mais il ne trouva pas la prière. Sans doute s'était-il trop laissé distraire par les choses qui frappaient ses yeux, et la faveur de l'invisible s'était détournée de son coeur.
    Il sortit des bois, traversa les prairies des Biens-Communaux. Par un chemin en pente raide, il descendit vers Seraing.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.186

    - Ils vous tirent le mal du corps avec leurs mains, et ils n'ont même pas besoin de vous toucher. On ne voudrait jamais le croire, si les gens ne le disaient pas.
    - Antoine, je l'ai vu dans le bois de Seraing, l'autre jour. Il regardait tout droit devant lui, avec des yeux... Il est passé tout près, à me toucher, et je jure qu'il ne m'a pas plus remarqué que si j'avais été un arbre. Alors, tout d'un coup, voilà qu'il a commencé à faire ses gestes autour de la tête dans tous les sens, comme s'il avait eu une grosse mouche après lui. Il paraît que c'est comme cela qu'il chasse les mauvais esprits qui donnent les maladies.
    - Bien sûr, il regardait quelque chose que vous ne pouvez pas voir.
    - Cet homme-là ? Je vais vous dire, moi : il voit à travers les murs.
    - Il a toujours été comme ça ?
    - Pas du tout, il était comme tout le monde, mais c'est depuis que leur fils est mort. On prétend qu'ils ne veulent plus s'occuper que des esprits, maintenant qu'ils n'ont plus leur enfant.
    - Mais non, vous vous tromper, c'est en Russie qu'ils ont changé. De ces côtés-là on rencontre toutes sortes de gens, et il a appris leurs manières. Avant, il aimait de rire tout aussi bien qu'un autre.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.205

    On le vit plus d'une fois errer dans les bois à la recherche du silence et des fluides.
    Un jour, le docteur Delville l'y rencontra. C'était l'automne. Antoine marchait dans le chemin couvert de feuilles jaunes, et par moments il faisait de grands gestes de côté et d'autre pour attirer à lui les forces invisibles. Le docteur Delville connaissait bien Antoine : il l'avait soigné, il avait soigné les siens.
    - Que faites-vous par ici ? lui demanda-t-il.
    - Je cherche les esprits, répondit Antoine.
    Il ajouta :
    - Moi, je travaille avec les esprits.
    - On dit que vous me faites concurrence, observa le médecin.
    Antoine hocha la tête :
    - C'est parfois l'âme qui est malade, murmura-t-il d'un ton distrait et absorbé.
    Le docteur le regarda s'éloigner d'un pas saccadé, rapide. Avant le tournant, il avait repris ses grands gestes. Des feuilles attardées, quittant les branches d'un arbre, voletèrent autour de lui. Le docteur haussa les épaules et poursuivit son chemin.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.245

    C'est pourquoi aussi, une fois ou deux, dans une auto de louage, le Père fit avec Mère une promenade sur les hauteurs, par la route qui traverse les bois, vers La Neuville et Nandrin.
    Le 8 de juin, ils partirent encore une fois de ce côté-là, accompagnés de deux adeptes, Nihoul et Deregnaucourt. Bientôt ils furent sur la hauteur. L'auto roulait lentement à travers les bois. Le ciel était gris.
    C'étaient ces bois où il était passé souvent, où il était venu méditer pendant les années du spiritisme. Alors son oeuvre ne lui apparaissait pas nettement, - il ne savait pas encore quelle sérénité l'attendait au-delà de la région des épreuves.
    Tandis que le moteur trépidait à petit bruit, Antoine laissait errer ses yeux sur l'horizon de la forêt. [...]
    L'air était un peu lourd, comme il arrive au mois de juin, et le vieillard avait de la peine à respirer. Il demanda qu'on s'arrêtât. Les deux adeptes l'aidèrent à descendre. Il but de l'eau d'une fontaine qui était là. Puis il s'assit sur un tronc d'arbre.
    Comme on était tranquille, ici. Les chants des oiseaux, actifs, paisibles, intarissables, détaillaient sans le blesser le silence du jour. Au sortir de son tuyau rouillé, le filet d'eau de la fontaine glougloutait doucement, et s'apaisait dans un petit bassin sombre. Alentour, l'herbe était lustrée. Les arbres immobiles semblaient couverts depuis l'éternité par l'épaisseur de leurs feuilles. A leur pied se balançaient imperceptiblement, sur leurs hampes droites, des digitales, mystérieuses.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.342

    L'Antoinisme est encore à son aurore et déjà l'intelligence est en mouvement pour déformer la réalité. Dernièrement, on me fit part d'un pèlerinage antoiniste au lieu dit : Quatre-Bras, endroit où le Père affaibli s'est rendu en voiture un peu avant sa désincarnation afin de respirer un peu d'air pur; là, deux adeptes soutenaient le vénérable vieillard pour L'aider à marcher, Mère suivait en silence, résignée dans cette grande épreuve et combien recueillie ! Ah ! ne faisons pas de ce lieu de souffrance un lieu de réunion, si nous voulons faire revivre des instants d'épreuves, partons seuls ou en communion, silencieux et respectueux ! Certains ont découvert que le Père s'est rendu dans ces bois quatorze fois, qu'Il y a fait quatorze stations ! Je suis allé aux informations et quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par les personnes qui ont accompagné le Père dans ses pénibles promenades, que le Père avait été à cet endroit une ou deux fois. Voilà comment débutent les pèlerinages, ils sortent en entier de l'imagination du peuple, voilà comment naissent les légendes, nous avons pour devoir de les extirper à leur naissance afin d'éviter pour l'avenir le mensonge et l'erreur.
L'Unitif, nov. 1913, p.10-11,
in Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.225

    Sortant de sa chambre un jour de mai 1912, il s'en va, en compagnie de la Mère et de deux ou trois adeptes proches, se promener en voiture dans les bois situés près de Neuville-en-Condroz. Là, avant de rentrer, il boit une gorgé d’eau fraîche à une source qui existe encore et où certains adeptes vont chercher de l'eau qu'ils considèrent comme étant un remède, et qui sert même parfois, à certains "d'eau bénite" pour exorciser (!) alors que le Culte lui-même ne lui reconnaît ni une valeur thérapeutique, ni aucun pouvoir que se soit. Cependant, aujourd'hui encore, des personnes superstitieuses se servent du buis bénit attaché au crucifix, pour asperger les mûrs de leur maison de cette eau de Neuville, disant en patois "Diâles è macrales, fout'chal!" ("Diables et sorcières, dehors!")
Jacques Cécius, Une religion de guérison, l'Antoinisme, p.34

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influence de la théosophie sur l'antoinisme

Publié le par antoiniste

    L'influence de la théosophie sur l'antoinisme est claire concernant les doctrines : sens la prière, Dieu en nous, réincarnation, loi d'évolution, importance des pensées...
    Mais la Révélation de Louis Antoine n'en reste pas moins une Révélation : "le Couronnement est à Lui seul tout l'enseignement", et celui-ci nous enseigne quoi : voyons les titres des chapitres et ce qui relève de l'innovation ou des influences :
- L'arbre de la science de la vue du mal (innovation de L. Antoine) ;
- Le libre arbitre (Spiritisme, Théosophie) ;
- Unité individuelle de l'ensemble (Théosophie) ;
- C'est Adam et Eve qui forment la base des termes de comparaisons (innovation de L. Antoine) ;
- Apparence de la réalité (innovation de L. Antoine) ;
- Réincarnation (Spiritisme, Théosophie) ;
- Intelligence (innovation de L. Antoine) ;
- L'étude de l'enseignement moral (Théosophie) ;
- Le mystère : amour, intelligence et conscience (innovation de L. Antoine) ;
- La croyance et la foi (innovation de L. Antoine) ;
- Le vrai bonheur ne résulte que du malheur (Spiritisme, Théosophie) ;
- Nous n'acquerrons la vérité que par notre erreur (Spiritisme, Théosophie) ;
- Un dernier mot de cette révélation (innovation de L. Antoine) ;
- Cause, développement et perfectionnement de l'être (Spiritisme, Théosophie).
    Sur 14 chapitres, 7 sujets sont uniquement présent chez Louis Antoine. La moitié. On peut aussi préciser que les sources de Louis Antoine viennent de la Théosophie, mais aussi du spiritisme. Par ailleurs, signalons qu'il serait avéré que les textes de H.P.Blavatsky serait des plagiats d'une centaines de livres occultes divers (http://www.blavatskyarchives.com/colemansources1895.htm). On peut donc dire que la doctrine de Louis Antoine reflète bien les idées de l'époque. Cependant, les différentes pratiques de l'antoinisme sont, il me semble, des innovations de Louis Antoine ou sa femme : prière silencieuse, mains jointes, pensées silencieuses...

    Par ailleurs la Théosophie évoque le Karma, l'astral (pour L. Antoine, il faut se défaire du monde pour se purifier, pour la Théosophie, à sa mort, l'âme rejoint l'astral où la matière n'a plus la même prégnance sur notre âme, mais où l'on garde sa personnalité ou individualité), l'Esprit ou Âme divine, l'Ego... et ne laisse guère de possibilité de comprendre le monde autrement que comme H.-P. Blavatsky ou Annie Besant (l'Homme et ses Corps d'Annie Besant est un exemple frappant de théorie invérifiable et sans contredit possible), ou d'autres le comprennent, alors que la Révélation nous demande de comprendre ou de ne pas comprendre le monde, mais simplement de l'accepter.
    Le point de vue de la Théosophie par rapport au spiritisme est plus dure que celle de L. Antoine : pour L. Antoine, elle n'est qu'expérience, et en cela science, donc matériel. Pour la théosophie, les évocations spirites causent du tort aux corps astraux des désincarnés. Dans la théosophie, on peut rejoindre les désincarnés par la méditation et le progrès moral sans pour cela que la communication ne soit possible, les théosophes doivent même l'accepter si les esprits veulent venir à nous au moyen d'un médium. Ils expliquent aussi que les communications se déroulent avec des esprits de la nature et non des esprits des morts. Pour L. Antoine, on peut simplement "ressentir" les désincarnés par les fluides.
    Considérant le spiritisme comme scientifique, la théosophie n'en a pas moins un grand respect pour la science. Ainsi expériences sur des médiums, conférences d'érudits, magnétisme, télépathie sont pratiquées dans les débuts de la théosophie. La complexité des œuvres d'Annie Besant, notamment son Etude sur la conscience en témoignent encore (à lire et télécharger sur Gallica). Voir aussi l'article Initiation de Wikipedia [http://fr.wikipedia.org/wiki/Initiation_%28Th%C3%A9osophie%29]
    Le point de vue sur l'intelligence est très particulière à l'Antoinisme : sans complètement l'incriminer, car elle a son utilité, L. Antoine appelle à s'en méfier pour atteindre ce qui est le monde astral dans la théosophie. Dans la théosophie même, lors de sa deuxième mort (après la mort terrestre on atteint le monde astral, où l'on meurt encore), on peut même retrouver les satisfactions intellectuelles, de l'art, de la dévotion, etc. que l'on a aimé dans le monde terrestre. Lors de sa deuxième mort, on se retrouve dans le Ciel selon la Théosophie, et seulement pour quelques siècles avant de retomber dans une incarnation terrestre. On y meurt donc aussi, mais la souffrance n'y existe pas, car on y aura créé une illusion de notre bonheur : joie matérielle et gens aimées. D'après L. Antoine, à sa mort terrestre, on retrouve l'Unité de l'Ensemble, ou on se réincarne, "soit sur la terre ou dans un autre monde" (Développement, p.114).
    Un point commun est par contre le fait que l'on peut être théosophe et chrétien, ou bouddhiste, ou juif... comme dans l'antoinisme. Par contre, on parle rarement dans la théosophie de l'incroyance.

    Concernant les dissidences : lors d'une entrevue, un membre de la Société Théosophique a conclu que "la Société Théosophique a donné l'enseignement et ils l'ont tous repris en l'amalgamant avec toute sorte d'autres choses. Sincèrement, on ne peut appeler cela des mouvements dissidents parce qu'on doit dire que ce sont des gens qui désiraient avoir la première place quelque part, qui avaient des idées propres. Ils en ont donc profité pour faire leur propre mouvement, en y injectant beaucoup de théosophie. Ils reprennent la même terminologie qui a été créée par les auteurs théosophiques, et qui n'existait pas en occident avant". Le regard porté sur les dissidents semble être d'une même trempe que celui de Guénon sur la Société Théosophique (mélange d'ésotérisme, de religions orientales (occidentalisées) et de spiritisme)(source : www.oeildusphinx.com/MdI3_theos.html). Par ailleurs la succession dans le mouvement théosophique a été beaucoup plus houleux que dans l'antoinisme.

    Signalons encore que la théosophie avait aussi mis en place des salles de lecture : au siège de la Société théosophique de France, 4, Square Rapp, à Paris (en 1917), se trouve une salle de lecture, une bibliothèque et s'y déroulent les réunions. Le Siège de la Société était ouvert tous les jours de la semaine de 3 à 6 heures sauf le 2e et le 4e dimanche.
    Les buts de la Société étaient :
1° Former un noyau de fraternité dans l'humanité, sans distinction de sexe, de race, de rang ou de croyance.
2° Encourager l'étude des religions comparées, de la philosophie et de la science.
3° Etudier les lois inexpliquées de la nature et les pouvoirs latents dans l'homme.
    L'adhésion au premier de ces buts est seule exigée de ceux qui veulent faire partie de la Société.

influence de la théosophie sur l'antoinismeinfluence de la théosophie sur l'antoinisme

Liège, Société Théosophique (Place Vivegnis 10)


    La section de Liège, la "Branche Annie Besant" de la Société Théosophique a ses locaux au 10, place Vivegnis, dans le vieux Liège. A Bruxelles, le siège de la Société Théosophique (ST) Belge A.S.B.L. est établi au 51, rue du commerce, 1040 Bruxelles.

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Frédéric Beigbeder - le rêve

Publié le par antoiniste

    Très souvent nous voudrions que notre vie ne soit qu'un rêve. Nous aimerions nous réveiller, comme dans les mauvais films, et résoudre tous nos problèmes par ce subterfuge. Dès qu'un personnage se noie au cinéma, youpi, il reprend conscience. Combien de fois avons-nous vu ça sur l'écran : le héros attaqué par un monstre gluant et carnivore, acculé au fond d'une impasse, qui, au moment où la terrifiante bestiole va la dévorer, paf, se redresse en sueur dans son plumard ? Pourquoi ça ne nous arrive jamais dans la vie ? Hein ?
    Comment on peut se réveiller quand on ne dort pas ?

Frédéric Beigbeder, 99 francs, p.180
Folio, Paris, 2000

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L'Antoinisme est une métaphysique

Publié le par antoiniste

C'est exactement ce qui s'est produit lorsque la philosophie est née et tout au long de sa tumultueuse histoire. Les différents systèmes métaphysiques ont remis en question les croyances de leurs époques, puis furent ensuite eux-mêmes contestés. Les vérités fondamentales des systèmes métaphysiques sont adoptées moins parce qu'elles sont conformes aux faits que parce qu'elles plaisent à la raison. Platon est un bon exemple de cela, lorsqu'il affirme que les sphères célestes (les astres et les planètes) doivent être distancées proportionnellement à la longueur des cordes des harmonies musicales. Les idées métaphysiques ne reposent que très peu sur des observations, mais paraissent vraisemblables d'un certain point de vue. On les décrète alors vraies, car possibles! Cette méthode est très inventive et elle a donné naissance à de nombreuses philosophies très intéressantes, mais douteuses.Par conséquent, cette méthode consiste à s'attacher aux théories qui paraissent les "plus agréables à la raison".

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fixation_de_la_croyance_selon_Peirce > La méthode « a priori »

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L'Antoinisme est un New Age

Publié le par antoiniste

Une des origines de la pensée magique dans le New Age est la croyance que ni la nature, ni Dieu ne sont créateurs du monde, que nous en serions les créateurs mais que nous nous serions perdus dans notre propre création, oubliant notre statut originel (sans pour autant perdre le pouvoir de « créer sa propre réalité »). Nous aurions choisi les circonstances de notre « incarnation » et évoluerions donc dans un univers qui est parfois considéré comme un rêve dont nous serions les rêveurs. Le New Age, où cette conception de l'esprit en relation avec le monde est très prégnante, peut utiliser des principes scientifiques, comme le principe holographique, pour illustrer ses thèses.
[...]
La pensée magique est une expression qui désigne la croyance que certaines pensées pourraient, d'une manière paranormale, provoquer l'accomplissement des désirs ou empêcher des événements ou des problèmes. Ce type de pensée est traité par la médecine comme un symptôme d'immaturité (ce type de pensées existe dans l'enfance) ou de déséquilibre psychologique. La pensée magique est souvent associée aux croyances religieuses et très présente dans le courant du New Age.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9e_magique

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La religion et ses nouvelles formes

Publié le par antoiniste

 

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