Mais, en celui qui la réfléchit, l'Idée-vive de Dieu n'apparaît qu'au degré seul où la foi du voyant peut l'évoquer. Dieu, comme toute pensée, n'est dans l'Homme que selon l'individu. Nul ne sait où commence l'Illusion, ni en quoi consiste la Réalité. Or, Dieu étant la plus sublime conception possible et toute conception n'ayant sa réalité que selon le vouloir et les yeux intellectuels particuliers à chaque vivant, il s'ensuit qu'écarter de ses pensées l'idée d'un Dieu ne signifie pas autre chose que se décapiter gratuitement l'esprit.
Auguste Villiers de l'Isle-Adam, L'Eve future (1886) Livre I, Chapitre IX source : http://www.gutenberg.org/files/26681/26681-h/26681-h.htm
Donneuse de voix : Clotilde B. | Durée : 13min | Genre : Philosophie
Pseudo-Denys l’Aréopagite est l’auteur de traités mystiques chrétiens d’inspiration néo-platonicienne, rédigés en langue grecque. Il a vécu du Ve au VIe siècle. « Quant à toi, mon cher Timothée, exerce-toi sans relâche aux contemplations mystiques, abandonne toutes sensations et jusqu’aux spéculations de l’intelligence, laisse tout le sensible, tout l’intelligible, tout l’être et le non-être ; ainsi, autant que tu en es capable, tu seras surélevé par la voie de l’inconnaissance jusqu’à ne plus faire qu’un avec Celui qui est au-delà de toute essence et de toute connaissance. [...] »
"Ma sensibilité à l'état brut, aidés de noires énergies mystiques, moins promptes à parler de l'éternel qu'à éterniser le Verbe, c'est par elle que je fis œuvre inactuelle, en ce monde si français, du divorcé d'avec lui-même. Oeuvre rythmée de magies, de fascination, de transes, de remous biologiques aussi ardents que la foi des anciens, créatrice d'une seule idole en ses métamorphoses : l'écriture comme un défi aux idoles d'aujourd'hui, tout ce que vous aimez, gens sans âme, excréments du passé et déjà de l'avenir."
Il se montre alors de plus près qu'autrefois, car suivant sa promesse il écrira sa loi dans notre coeur, et nous donnera sa crainte et son esprit au dedans de nous. Dès lors les signes, les images et les emblêmes disparurent ; la lumière qui commençait à lui, ayant fait voir leur peu d'efficacité à purifier la conscience, puisqu'ils ne pouvaient atteindre à l'intérieur du vase, et toutes cérémonies extérieures finirent en lui et par lui qui était la réalité même.
William Penn, Histoire abrégée de l'origine et de la formation de la société dite des Quakers (1839), p.7 source : Google Books
Dieu c'est l'amour et c'est cette force que nous puisons en Lui, en raison de notre désir du progrès, de notre résistance à l'assouvissement de nos faiblesses, résistance parfois bien pénible et bien douloureuse.
La Révélation, La foi sauvegarde contre la mauvaise pensée, p.60
Nous devons voir en Dieu plus de bonté et plus d'amour, il n'est pas possible qu'Il ait imposé des conditions pour aller à Lui, sachant que notre faiblesse est incapable de les respecter ; imparfaits, matériels comme nous le sommes, nous ne serions pas coupables en les enfreignant. Disons plutôt que Dieu nous a donné la faculté de créer des lois nous-mêmes au fur et à mesure que notre intelligence se développe.
Ainsi le sentiment de notre dépendance sert à notre consolation... quelque malheureux que soient les mortels, quand ils ont invoqué les Dieux, ils sont plus tranquilles... Mais cette injuste confiance trompe ceux qui font des voeux insensés.
d'après Charles Schmidt, Essai sur les mystiques du quatorzième siècle (1836)(GoogleBooks)
- Saint-Augustin d'Hippone (354-430) : Dieu, lumière intérieure à laquelle il faut accéder. - Pseudo-Denys l'Aréopagite (Ve siècle) : Dieu est bon, tout est de lui, par lui, en lui. La matière nous en éloigne. - Jean Scot Érigène (IXe siècle) : le monde est une théophanie, le mal est sans cause (incausale), le pêché est un abus des forces de notre intelligence. - Hugues de Saint-Victor (1096-1141) : la foi doit nous faire dépasser l'intelligence pour toucher Dieu. - Richard de Saint-Victor (1110-1162) : reprend la formule platonicienne : connais-toi toi-même, ainsi tu toucheras Dieu. Idée de conciliation de l'imagination avec l'amour par le connais-toi toi-même. On touche l'amour par son semblable. - Bonaventure de Bagnorea (vers 1218-1274) : tous peuvent atteindre Dieu.
Puis, durant la Moyen-Âge, l'église considère comme hérétique toutes formes de mysticismes (cf. les béguins, les cathares, les bogomiles...). Le mysticisme ne se révélera possible qu'à la fin du XVIIIe siècle, quand l'église perd de son pouvoir.
On voit que Louis Antoine a une démarche semblable et veut la faire partager à ses semblables, chose rare dans le mysticisme. A cette pensée, il ajoute l'importance de l'introspection silencieuse, et le recueillement. Il pense également que par la foi, on arrive à toute chose.