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lucien roure

Pierre Vachet - La Pensée qui guérit (1926)

Publié le par antoiniste

Pierre Vachet - La Pensée qui guérit (1926)

Auteur : Pierre Vachet (1892-198?)
Titre : La Pensée qui guérit (L'Euphorisme, un nouvel art de vivre)
Éditions : Grasset, Paris, 1924 (276 pages)
    Plus que les microbes, c'est notre imagination qui fait de nous des malades. Mais s'il y a une imagination qui tue, le Docteur Vachet nous apprend à former notre pensée pour en faire un instrument de guérison. – Voici peut-être le secret de la santé.

Pierre Vachet - La Pensée qui guérit (1926)
    Docteur en médecine (Paris, 1915), il fut psychologue et directeur de l'École de psychologie et de la Revue de psychologie appliquée.
    Il s'intéressa à la guérison par la pensée, notamment dans la Science chrétienne, et chez les guérisseurs. Excellent praticien et maître de la vulgarisation, ses thèses se fondent largement sur des observations issues de ses riches expériences. Il est l'auteur (chez Grasset principalement) de Lourdes et ses mystères (1920, réédité sous le titre Le Mystère de Lourdes), Pensée qui guérit (1926 et réédité avec le titre complément L'Euphorisme, un nouvel art de vivre en 1960), Remède à la vie moderne (1928), La Santé du corps et de l'esprit (1929), Sur le chemin de l'optimisme et du bonheur (1959), Portez-vous bien (1980)...


    On le voit sur une carte postale avec Jean Béziat à Avignonnet.

Quatrième de couverture :
    AUJOURD'HUI plus que jamais, dans l'époque d'agitation et d'inquiétude où nous vivons, le besoin se fait impérieusement sentir d'une règle de conduite qui, éliminant la nervosité et l'angoisse, nous permette de recouvrer l'équilibre et d'entrevoir de réelles possibilités d'être heureux.
    Depuis longtemps, le docteur Pierre Vachet s'est fait l'apôtre de la Pensée qui guérit. Dans ce livre, il nous montre comment nous pouvons utiliser les forces merveilleuses que nous portons en nous et comment, dans toutes les maladies, même organiques, cette force, véritable « sérum moral », est capable de provoquer la guérison.
    Mais le docteur Pierre Vachet va plus loin. Il conclut à la nécessité urgente d'un nouvel art de vivre, à une philosophie faite de sérénité qui nous aide à surmonter les épreuves de la vie moderne.
    Aux systèmes de négation, d'abandon, il oppose un système constructif, de confiance en soi et en l'avenir, associant dans une étroite communion l'hygiène de l'esprit et celle du corps, qu'il met à la portée de chacun de nous.
    Cette philosophie, étayée par quarante années de recherches et d'expériences, le docteur Pierre Vachet l'a appelée : Euphorisme. Son aboutissement est, en effet, de réaliser en nous un état d'équilibre intellectuel, physique, nerveux et moral qui est proprement un état d'euphorie.
    Ce livre simple et direct, agréable à lire parce qu'il n'a rien de doctrinal ni de sévère, nous donne les moyens pratiques de lutter contre ce nervosisme moderne dont nous sommes, tous, plus ou moins atteints, trop souvent à notre insu.

    Recension dans La Lanterne, du 16 octobre 1927 :
Le Dr Pierre Vachet et la morale moderne
    Parmi les hommes qui sont venus à la vie publique depuis la fin de la guerre, le docteur Pierre Vachet tient une place de premier plan.
    Ce jeune médecin, travailleur consciencieux doublé d'une intelligence supérieure, esprit ouvert aux idées neuves, homme de la génération en un mot, s'est résolument débarrassé de tout le fatras des conceptions anciennes. Depuis trois ans, fruits de ses travaux, il a enrichi le domaine de la science de trois livres qui chacun marquent une étape sur la voie de la médecine nouvelle : Lourdes et ses mystères, la Pensée qui guérit, l'Inquiétude sexuelle.
    Ses deux premiers livres sont trop connus pour y revenir. Je me limiterai à rappeler seulement que la Pensée qui guérit, ouvrage de science mis à la portée de toutes les cultures, est venu réconforter une foule innombrables de malades qui désespéraient, et qu'il est aussi le bréviaire de santé de l'homme sain décidé à lutter contre le mal toujours probable, avec le seul et précieux remède de son énergie éduquée. Moins simpliste que les ouvrages du brave docteur Coué, ce livre ouvre des horizons qu'on n'entrevoyait jusqu'ici qu'avec timidité. A l'instar de Satan, archange déchu auquel France faisait dire dans La Révolte des Anges : « Nous portons Dieu en nous-même », la Pensée qui guérit démontre aux malades et aux autres qu'ils portent leur guérison en eux, et qu'il ne tient qu'à eux de la faire triompher.
    Mais le docteur Pierre Vachet a produit un livre plus récent qui s'attaque cette fois aux problèmes des sexes et à toutes les questions qui en dépendent. Avec un beau courage, et sans choquer personne, l'auteur a traité dans ce livre destiné au grand public de ce que l'on n'osait jusqu'ici évoquer que dans les cercles fermés des praticiens.

    Lucien Roure en écrira une recension très critique dans les Études (publiées par des Pères de la Compagnie de Jésus) du 1er janvier 1926.

    Il participe à des débats sur le sujet au Club du Faubourg :

Pierre Vachet - La Pensée qui guérit (1926)

 

Pierre Vachet - Guérisons et guérisseurs (L'Œuvre, 13 mars 1928)

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Spiritisme et Antoinisme (La Croix, 23 janvier 1912)

Publié le par antoiniste

Spiritisme et Antoinisme (La Croix 23 janvier 1912)

               FEUILLETON DU 23 JANVIER 1912

Spiritisme et « Antoinisme »

    « Le spiritisme, voilà l'ennemi », disait en 1901 le docteur Surbled, dans ses Notes critiques sur le spiritisme. Il concluait ainsi la réfutation d'une thèse qui venait d'être émise par le R. P. Lescœur, dans La Science et les faits surnaturels. Partant de ce principe que « les faits spirites sont démoniaques », il prétendait voir dans cette doctrine « un témoignage nouveau et précieux en faveur du surnaturel » et « la base d'une apologétique nouvelle ». Le spiritisme, on le sait, est un système qui a pour but « de nous mettre en rapport avec l'autre monde, d'établir un commerce entre nos esprits et les esprits désincarnés » de nos défunts. S'il est vrai, ne prouverait-il pas l'existence de l'au-delà ?
    D'abord, on oublie, ou plutôt on se persuade difficilement que, malgré toutes les prétentions et tous les désirs, ce problème angoissant ne peut pratiquement s'environner ici-bas de clartés essentiellement nouvelles. Et cependant, c'est l'Evangile qui nous le dit. Ne fut-il pas refusé au mauvais riche enseveli dans les flammes de d'enfer d'aller vers ses frères pour témoigner de l'existence d'une vengeance éternelle ? « S'ils n'ont pas écouté Moïse et les prophètes, ils ne croiront pas plus au témoignage d'un ressuscité », lui fut-il répondu. (Luc, xvi, 31.)
    Si le spiritisme est vrai, disions-nous. Probablement, il ne l'est pas. Pour le Dr Surbled, les faits spirites ne sont pas prouvés. La plupart d'entre eux sont supercherie, et devant ceux qui pourraient avoir quelque apparence de vérité, « il ne faut pas conclure trop vite au surnaturel ». Ils ne répugnent pas absolument à toute explication naturelle et la science n'a pas dit son dernier mot. Comment s'en assurer ? « Les spirites sont toujours dans la coulisse. »
    Ces affirmations ne constituent point un paradoxe. C'est la pensée de la Revue Thomiste, de M. Fonsegrive, du R. P. de la Barre, et les Etudes du 20 février 1898, louant justement cette attitude de l'auteur, remarquent très judicieusement que « ce sont deux excès également funestes à la science que de voir partout l'action sensible du diable ou l'intervention extraordinaire de Dieu et de ne les apercevoir nulle part ». Ne serait-il pas plus vrai de dire que « le diable ne se trouve pas dans les tours », mais « dans la doctrine » qu'il répand toujours, on en conviendra, par l'intermédiaire de médiums, sujets « d'une organisation faible et sensible », et « dans les infâmes et ténébreuses menées des spirites » qui les croient par principe en communication avec lui. En voici une preuve.
    Si un jour vous voyagez en Belgique, aux environs de Liége, peut-être rencontrerez-vous un de ces commis qui se dira très honoré de vous faire connaitre un certain Louis Antoine, une célébrité déjà et qui mérite d'être plus connue. Quoi d'étonnant ? « Il prétend avoir découvert le remède à tous les maux du corps et de l'âme. » Mais vous ne vous y tromperez pas, et vous ne serez pas étonné en apprenant que M. Antoine fut un adepte du spiritisme. Le métier de guérisseur est aussi vieux que le monde. Les faits répandus par cette secte, l'évocation des morts, l'engouement populaire pour des panacées de toutes sortes était et est encore en pleine vogue au sein des nations païennes. Mais depuis l'origine, à quel chiffre s'élève le nombre des soi-disant « miraculés » ? Tout en esquissant un geste de défiance, satisfaisons un peu une légitime curiosité, car un travail paru récemment dans la Tribune apologétique (1911, nos 35, 36, 37, 38) nous permet de voir l'original à l'œuvre.
    Rien de saillant ne caractérisa la jeunesse d'Antoine. Cependant, remarque d'une certaine importance quand il s'agit d'un extravagant, il fut accablé d'une maladie d'estomac après son mariage, et jusqu'à quarante-deux ans il resta un catholique pieux qui « aimait à se recueillir profondément et à élever son cœur vers Dieu ». Après la mort de son fils unique, âgé de vingt ans, M. Antoine apprit « que le spiritisme fournissait aux vivants le moyen de converser avec les morts ». Une telle perspective ne manquait pas de charme. Il fréquente donc les séances et, en effet, il entend la voix du cher disparu lui apprendre « qu'il était devenu pharmacien à Paris ». M. Antoine connaissait le premier dogme du spiritisme : la réincarnation des esprits. Cette révélation l'orienta dans une voie nouvelle.
    Ainsi, nous trouvons bientôt M. Antoine à la tête des « Vignerons du Seigneur ». Déjà « il édite un catéchisme spirite ». Sa maison devient un centre où, « à 10 heures du matin ou à 15 heures de l'après-midi », il évoque les âmes des morts « errantes autour de nous » et peuplant l'atmosphère. Certes, M. Antoine et les médiums formés par lui n'étaient pas des évocateurs de dernier ordre. Ainsi, par leur intermédiaire, on put converser avec Mgr Doutreloux, évêque de Liége, et avec le Pape Léon XIII qui, dit-on, « parlait un français négligé avec un fort accent wallon ».
    Le fils de M. Antoine, devenu pharmacien à Paris, s'était-il, durant sa vie errante, concilié les esprits de médecins célèbres, en faveur de son père ? Cela est très possible. Nous voyons en effet celui-ci en relation avec « un certain docteur Carita qui lui aussi faisait ses ordonnances en wallon », et bientôt instruit de « tous les secrets de la médecine », il publie dans son prospectus répandu jusque dans les villes d'eau comme Vichy, Nice, Monaco, qu'on trouve chez lui « le soulagement de toutes les maladies, afflictions morales ou physiques ».
    Mais, semble-t-il, un travail secret se produisit dans le cerveau de M. Antoine. « Il se persuade un jour qu'il pouvait se substituer au docteur Carita, émettre des prescriptions, formuler des conseils d'hygiène combinés avec des recommandations morales. Les femmes du peuple ne purent renoncer à expérimenter ses remèdes sur leurs enfants ; et il ne fallut rien moins que sa vie retirée, charitable, son régime de végétarien nécessité par sa maladie d'estomac pour lui créer une réputation de saint. Voyant son autorité grandir aussi rapidement, « le guérisseur crut pouvoir dorénavant se passer de l'aide des esprits. Peut-être connaissait-il mieux que ses « frères et sœurs en humanité » la valeur du docteur Carita et des autres messieurs qui, à son appel, surgissaient de dessous les guéridons et rendaient des oracles ». M. Antoine se sépare donc du spiritisme classique qui fulmine sur lui l'excommunication. « Vers 1906, il ébaucha « le nouveau spiritualisme », qui remplace les esprits par les fluides. » A l'exemple d'Allan Kardec, dont il connaissait la vie et les doctrines, il se sentit l'audace de fonder aussi une école, en se proposant « de guérir les corps et d'endoctriner les intelligences par ses propres moyens ». Etait-il sincère ? Pourquoi pas ? au moins au point de vue des motifs qui l'éloignaient du spiritisme. Pourquoi prendre la peine d'invoquer les esprits pour tromper, puisque des forces de la nature jadis inconnues peuvent rendre raison des faits merveilleux qu'il produit. S'il en avait l'occasion peut-être M. Antoine, à titre de confidence, donnera-t-il raison au docteur Surbled.
    Notre guérisseur possédait-il cette force ? Qu'importe. Il n'avait plus à douter de la crédulité populaire. Tout lui était permis. « L'Antoinisme se dessinait : » Son auteur pouvait désormais se ménager et simplifier son moyen d'action. C'est ce qu'il fit. Se souvenant que, d'après le sentiment populaire, « un médecin est un homme qui ordonne des bouteilles », il répand la liqueur Coune découverte chez un pharmacien. La justice le condamna « pour exercice illégal de la médecine ». C'en était assez pour que le peuple, soupçonnant la jalousie « des docteurs diplômés », se rapprochât d'Antoine qui remplace cette liqueur par des bouteilles d'eau magnétisée et dosée « d'après les dispositions du patient ». Il fallut bientôt tout un personnel pour aller puiser de l'eau et se relayer. C'était trop de peine que d'avoir à faire sortir de son être, au moyen de contorsions et devant chaque bouteille, les effluves du fluide générateur. De petits morceaux de papier sont magnétisés à l'avance, il suffit de les plonger dans un verre d'eau. « Mais la médication de M. Antoine se spiritualise de plus en plus. Il élabore une vague théorie de la foi et des fluides. » « Tout guérisseur quelque peu expérimenté sent la foi du malade et peut lui dire : « Vous êtes guéri. » Il coupe littéralement le fluide qui le terrassait, c'est-à-dire son imagination ; il ne va pas directement au mal, mais à la cause. »
    La clientèle du guérisseur se développe, car il est obligé « d'imposer les mains à plus de cinquante personnes par heure ». Sa générosité lui élève un vrai temple. C'est là que chaque dimanche le « bon Père », après s'être recueilli dans la prière, apparaît au milieu d'une tribune. En se composant « une tête hiératique » et « un air inspiré », il étend les bras, remue les doigts pour répandre sur la foule des fidèles « tout le fluide qu'il a emmagasiné par sa prière ». Ceux qui ont la foi sont guéris. Telle est la dernière phase des évolutions d'Antoine le Guérisseur. A vrai dire, M. Antoine n'a jamais réussi qu'à relever le courage des malades et souvent à les condamner à une mort prématurée en remplaçant le médecin par la foi en sa personne. M. Antoine s'efforça inutilement de ressusciter un mort. Un fait également certain, c'est que les brochures antoinistes ne mentionnent aucun cas de guérison.
    M. Antoine aime à se croire « le Messie du XXe siècle, venu en mission pour régénérer l'humanité ». Aussi, pour faire des progrès, faut-il ne pas douter de lui et recevoir les révélations pleines d'incohérences et de blasphèmes qu'il « confectionne » en son nom propre. Ce n'est pas Dieu qui est créateur, mais Adam. Parcelles de Dieu, nous ne lui devons aucun culte. Mais nos adorations doivent aller au démon, notre « mère », « le mauvais génie cause de tous les maux, parce qu'il abrège nos souffrances ». On ne s'étonnera pas alors de sa morale qui n'accepte aucune loi divine, ni l'existence du mal, celui-ci n'étant « qu'un aspect de l'évolution des êtres », selon leur nature, et une condition de progrès.
    En voilà assez pour juger M. Antoine. Il n'a pas de morale. Oui, « le diable n'est pas dans les tours, il est dans la doctrine ». Et, pour s'être séparé des esprits, notre prophète ne subit pas moins l'influence du démon. Elle n'est pas étrange cette influence de Satan sur la pensée des hommes. Elle est du ressort de sa puissance naturelle. C'est ce qu'a heureusement montré M. Irmin Sylvan dans son livre paru récemment Le Monde des esprits (1), où, « dans un style consciencieux et clair, il s'est donné pour mission de faire connaître au grand public les hôtes de l'invisible ». Nous aurions aimé y rencontrer une étude rapide de l'âme séparée ; elle eût été très utile pour la lecture de la seconde partie du livre consacrée à un examen de l'hypnotisme et du spiritisme d'après les meilleurs documents. Quoi qu'il en soit, nous nous faisons un devoir de recommander cette lecture à tous ceux qu'intéressent les questions d'occultisme.
    M. Antoine est un prophète ; plusieurs fois, il a annoncé le jour de sa mort, mais il était toujours vivant le lendemain. Cependant, il décline et songe sérieusement à transmettre ses pouvoirs à des sujets aptes à manier les fluides. Désormais, « il va s'appeler Antoine le Généreux ». Ses successeurs auront-ils son succès ? On peut en douter, car ils n'ont point connu le spiritisme. Si M. Antoine était de bonne foi, seront-ils de même ? S'il était un mystificateur, comme lui, iront-ils jusqu'au bout ? Nous pouvons toujours affirmer qu'au terme de la mission d'Antoine le Guérisseur, l'humanité n'est point encore régénérée, que rien n'est changé en elle. Aussi souhaiterions-nous pour son bien, qu'à la veille de mourir M. Antoine, devenu le Généreux, suive l'exemple de l'illustre Home et déclare qu'il n'a été toute sa vie qu'un « vulgaire charlatan ».

                                                                                       C. GIRY.

(1) Le Monde des esprits, par IRMIN SYLVAN. H. Daragon, éditeur, 1 vol. in-18 de 309 pages, 3 fr. 50.

La Croix, 23 janvier 1912

 

    Voici le lien pour accéder au livre Le monde des esprits : pneumatologie traditionnelle et scientifique, par Irmin Sylvan, Éditions H. Daragon (Paris), 1911. En le parcourant rapidement, on comprendra vite que l’auteur entend les thèses d’Allan Kardec, qui y est rebaptisé Léon-Hippolyte-Denizard Rinail (sic.), uniquement que comme un succédané de la réforme protestante et, donc, en cela déjà condamnable par principe (cf. les livres de René Guenon sur le sujet L'Erreur spirite et le Théosophisme, de Lucien Roure, ou encore l’article de Jean Revel dans le même journal qui conclut : « Par la voie du protestantisme, nous sommes amenés au satanisme. Et c'est ce qu'on nous appelle... le nouveau spiritualisme ? »).

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A.Girard - Théosophie et théosophisme (Revue apologétique, 15 mars 1922)

Publié le par antoiniste

Auteur : A. Girard
Titre : Théosophie et théosophisme
Éditions : Revue apologétique - doctrine et faits religieux, 15 mars 1922 (p.737)

 
     Pour atteindre les milieux ouvriers, le théosophisme a dû même entrer en concurrence avec le Spiritisme proprement dit et cela évidemment en se servant de procédés analogues; il a dû (tout en se distinguant avec soin de lui) témoigner sa sympathie à l'« Antoinisme 1 », cette pseudo-religion du « Père Antoine ", florissante en Belgique en 1913 et qui entendait rénover l'enseignement de Jésus, trop matérialisé par les religions qui se réclament de Lui; on affirmait que la morale antoiniste et la morale théosophique présentent entre elles de nombreux points de contact. Notons aussi qu'Antoine était un « guérisseur », que parmi les spirites, il y a beaucoup de « guérisseurs », que la secte américaine « Christian Science 2 », qui chercha à s'implanter chez nous à la fin de la guerre, était une secte de ce genre. Quel rapport exact existe entre ces associations spirito-protestantes et le théosophisme, il est difficile de le préciser ; souvenons-nous toutefois de quel esprit d'adaptation An. Besant a doté sa société !
 
1. Etudes, 20 janvier 1921 ; L. ROURE, Un Prophète contemporain ; Antoine le Guérisseur.
2. Revue pratique d'Apologétique, 1er avril 1918. OLLION, Christian Science.

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Dictionnaire pratique des connaissances religieuses (1927)

Publié le par antoiniste

Dictionnaire pratique des connaissances religieuses (1927)DICTIONNAIRE PRATIQUE DES CONNAISSANCES RELIGIEUSES

sous la direction de J. Bricout, 1927

Tome cinquième : Nazareth - Révolution

Article Occultisme, III. Appendice : L'Antoinisme

pp.72-73

 

I. APPENDICE : L'ANTOINISME. - On peut voir dans l'Antoinisme une application aux masses populaires de la Christian Science et de l'occultisme. 

    Son fondateur, Louis Antoine, naquit à Flemalle-Grande, à quelques kilomètres de Liège, en 1946. A douze ans, il commence à descendre dans la mille. Mais il se lasse vite de ce métier et se fait ouvrier métallurgiste. A vingt-quatre ans, il quitte la Belgique, travaille en Allemagne, puis près de Varsovie, revient, entre temps, épouser au pays Jeanne-Catherine Collon, et s'établit définitivement, avec son petit pécule, à Jemeppe-sur-Meuse. Il se convertit au spiritisme et donne des séances où l'on accourt. Bientôt il joint à ses évocations des consultations médicales, mêlées de recommandations morales. Son autorité personnelle l'amène à penser qu'il peut se passer des esprits : il s'établit guérisseur. Il a recours d'abord à l'eau magnétisée, puis au papier magnétisé qu'on trempait dans l'eau, puis aux passes. Finalement, il abandonne tous ces procédés et demande à la seule foi du malade le secret de toute guérison. Il devient Antoine le Guérisseur. 

    La guérison par la foi a fait le succès de l'Antoinisme. Mais cette foi est d'une nature spéciale. Antoine ne dit pas : « Vous êtes malade par imagination ; écartez cette imagination, vous guérirez. » Il dit : « La matière est mauvaise, la maladie est un fruit de la matière. Mais la matière n'existe pas réellement; elle est un fantôme créé par l'intelligence. Croyez que la matière n'existe pas, et vous tuerez la racine même de la maladie. » Cela est répété à satiété, au milieu de développements incohérents, de logomachies effarantes, de mots qui se suivent sans signification possible, de puérilités et d'incorrections de langage. Le Père Antoine se vantait d'ailleurs de son ignorance. 

    Le Père Antoine prêche la solidarité et l'amour du prochain. Mais Dieu c'est chacun de nous : « Dieu s'efface » en notre faveur. Le mal n'existe pas, donc non plus le bien, puisque le bien est corrélatif du mal. Il faut suivre la nature : « nous déformons les enfants en prétendant les discipliner. » 

    Puis dans ses écrits apparaît çà et là un courant trouble qui charrie les rêveries malsaines du Talmud et de l'hermétisme : l'amour d'Adam pour le serpent, Ève être essentiellement mauvais et simple apparence, toute vérité nous venant de « l'Arbre de la science de la vue du mal », Lucifer proposé aux hommages des hommes. Enseignements réservés sans doute aux initiés. 

    Le prophète est mort a Jemeppe en 1912. La Mère a succédé au Père avec toutes ses prérogatives, le droit a la foi absolue, le droit au culte des croyants. 

    On assure qu'en Belgique la religion antoiniste compterait jusqu'à 18000 adeptes fervents. A l'étranger, il y a des salles de culte à Paris, à Vichy, à Nice, à Nantes, à Tours, à Monaco. 

    Le succès, l'existence seule de cette religion grossière n'atteste que trop l'ignorance religieuse des foules. 

   Lucien Roure, Au Pays de l'occultisme, C. I, IV, Paris, 1925 ; La légende des grands initiés, Paris, 1926. 

 

                                               Lucien ROURE.

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Lucien Roure visite le Temple de Liège (1921)

Publié le par antoiniste

    Quand l'étranger qui visite Liége arrive dans les hauts quartiers au delà de la place Saint-Lambert, vers la citadelle, il s'arrête avec curiosité devant un temple de dimensions modestes, à l'architecture vaguement byzantine, dominé par une petite coupole. Sur la porte d'entrée, il lit cette inscription :
    Lecture de l'Enseignement du Père Antoine
    le Dimanche à 10 heures et tous les jours à 7 h. 1/2 du soir,
        excepté le Samedi.
    Recueillement à 10 h.
    les quatre premiers jours de la Semaine.
    Le Temple est ouvert jour et nuit
    aux personnes souffrantes.
    Tout le monde est reçu gratuitement.

    Sur la porte intérieure :
        Le Père Antoine le Grand Guérisseur pour celui qui a la Foi.

    On pénètre dans une salle assez spacieuse, garnie de bancs. Les murs de droite et de gauche sont blancs et nus. Celui du fond est occupé par un grand tableau noir. Il porte ces mots :
            L'Enseignement du Père Antoine,
            C'est l'enseignement du Christ
            révélé à cette époque par la Foi.
            L'Auréole de la Conscience.
                    ___________
        Un seul remède peut guérir l'humanité : la Foi.
        C'est de la Foi que naît l'amour :
        l'Amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ;
        Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu,
        car c'est l'Amour que nous avons pour nos ennemis
        qui nous rend dignes de le servir, c'est le seul amour
        qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité.

    Devant ce tableau se dresse une tribune, une sorte de comptoir. A droite un emblème étrange dessiné sur un verre mat. De quatre fortes racines sort un tronc épais et court qui s'épanouit en quatre ou cinq feuilles raides, disposées symétriquement. C'est l'Arbre de la Science de la vue du mal. Le soir, on allume derrière le verre une lampe.

Lucien Roure, Un prophète contemporain, Antoine le Guérisseur
(Les Etudes, Volume 166 - 20 janvier 1921)

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Lucien Roure - Au pays de l'occultisme ou par delà le catholicisme (1925)(recension)

Publié le par antoiniste

Auteur :  Lucien Roure
Titre :    Un Prophète contemporain, Antoine le Guérisseur
Editions :    Les Etudes, Volume 166 ; 20 janvier 1921 ; pp.177-189
    reproduite dans le volume Au Pays de l'Occultisme, Paris, G. Beauchesne, 1925

à lire sur la site Gallica :

Études (1897)
Études (1897)
Source: Bibliothèque nationale de France


    Après ses récentes études sur Le merveilleux spirite (Beauchesne, 1922) et Le spiritisme d'aujourd'hui (Beauchesne, 1923), le P. Lucien Roure présente au public un nouvel ouvrage sur l'Occultisme, domaine souvent confondu avec le précédent, mais qui en diffère plus ou moins profondément.
    Exactement, ce livre parle de l'histoire, de la doctrine, du sens de l'Occultisme et des mouvements divers qui s'y rapportent.
    L'auteur a tenu à donner, d'ailleurs sans étalage d'érudition, mais avec l'indication précise des références, les sources historiques et l'évolution des doctrines, la vie et le caractère des personnages qui créèrent et répandirent ces doctrines : courtes biographies qui présentent souvent un intérêt fort piquant.
    Il esquisse ensuite les grandes lignes des diverses doctrines, en clarifiant parfois, reconnaît-il, les expositions flottantes ou obscures. Puis il caractérise brièvement le sens de chaque mouvement étudié, le juge à la lumière des craies données de la science, de l'Ecriture Sainte ou même des religions orientales, dont ces mouvements occultistes se réclament.
    Le P. Roure suit ce plan, assez librement d'ailleurs, dans une suite de chapitres traitant : de l'Occultisme moderne ; du Théosophisme ; de la Christian Science, avec quelques pages sur E. Coué ; du prophète contemporain, Antoine le Guérisseur, l'ancien mineur de Liège ; des Amitiés spirituelles de Sédir ; de la Philosophie cosmique ; des Adventistes du septième jour ; du Panfreudianisme ; un Appendice parle des Superstitions du Front de guerre 1914-1918.
    L'énoncé des chapitres suffit à montrer l'intérêt d'actualité que présente le livre du P. Roure. Dans sa préface et sa Conclusion, l'auteur destine son travail aux "explorateurs" ; aux âmes avides de savoir, de remplir le vide d'une existence douloureuse, à ces âmes qui croient trouver en l'Occultisme un remède de leurs maux. Reconstituer objectivement l'échafaudage parfois à la divinité, rien n'est aussi propre à dissiper le mirage.
    On s'étonnerait de voir rapprochés les noms d'Antoine le Guérisseur et du Dr Freud. Mais on rendra justice au P. Roure en reconnaissant qu'il a soigneusement fait valoir le côté scientifique du Freudisme et qu'il a distingué le caractère outrancier de ce qu'il appelle le "Panfreudianisme".
    Disons enfin que l'on aime à voir dans ce livre nouveau, avec la clarté et la bonne ordonnance de la composition, les marques d'un esprit judicieux et pondéré : qualités précieuses avec un objet d'étude comme l'Occultisme.
       Et.[ienne] Pialat
Revue néo-scolastique de philosophie, Année 1926, Volume 28, Numéro 9, pp. 82-83 (source : persee.f)

    Note : Le même auteur évoque également l'antoinisme dans Le merveilleux spirite.

Lucien Roure - Au pays de l'occultisme ou par delà le catholicisme (1925)(recension)

Recension dans La Croix 30 janvier 1921


    Voyons si, concernant l'antoinisme, l'esprit est "judicieux et pondéré" ?
    L'auteur commence avec une description du temple de Liège, et précise qu'il y en a d'autres à Jemeppe (banlieue de Liège), à Monaco et qu'il y a une vingtaine de salles de culte en Belgique et à l'étranger (Bruxelles, Spa, Stavelot, Verviers, Paris, Vichy, Nice, Nantes, Tours. "La religion antoiniste compterait jusqu'à 18000 adeptes fervents, sans parler de ceux qui subissent l'action de l'esprit antoiniste" (p.178).
    Suit une biographie courte et neutre, sauf quand à évoquer le fils des Antoine qui est décrit comme s'étant "toujours montré maladif et bizarre, et dont les parents s'étaient peu occupés." Pierre Debouxhtay réfute cela, "de santé chétive", il précise d'un côté le témoignage de Bourguet (curé de Saint-Antoine à Liège) qui va dans se sens et d'un ingénieur T.D. qui a connu à l'école primaire, le jeune Antoine, qui était un bon élève (p.59, note 17). Il suivi des cours à l'Ecole Moyenne de Seraing, puis devint employé à la Société des Chemins de Fer du Nord Belge. Puis Lucien Roure précise qu'il fit savoir à ses parents "après sa désincarnation qu'il était devenu pharmacien à Paris." Pierre Debouxhtay dit qu'il "est certain que [les antoinistes] y ont cru jadis". En 1934, "les Antoinistes disent ignorer cette réincarnation" (p.59).
    Lucien Roure se demande ensuite pourquoi avoir donné à la Société spirite d'Antoine le nom des Vignerons du Seigneur "dans une pays qui ne se distingue guère par la culture de la vigne" (p.179). Premièrement on peut prendre cette expression dans un sens figuré, deuxièmement, Pierre Debouxhtay racontera comme la culture de la vigne était encore en cours à l'époque de Louis Antoine sur les hauteurs le long de la Meuse, donc à Jemeppe.
    L'auteur pense qu'à partir du moment où la santé de Louis Antoine déclina, on changea le nom de Guérisseur par Généreux (qui, précise-t-il, "ne signifie rien. On n'y peut guère voir qu'un effort maladroit pour remplacer le nom de guérisseur par un autre de consonance analogue qui dissimulât le changement". "Peut-être voulait-on éviter de laisser croire que l'antoinisme était tout entier dans le don de guérir et que ce don allait disparaître avec Louis Antoine ? Au surplus, à partir de 1906, l'enseignement moral l'emporte de plus en plus. Antoine prend toujours davantage conscience de sa mission de Révélateur." (p.179-80). On ne peut qu'abonder en ce sens, cela corroboré par de nombreux témoignages dans l'Unitif. Cependant le don de guérir est resté, jusqu'à faire dire à Régis Dericquebourg que "bien qu'il prétende oeuvrer à l'évolution morale de l'humanité, l'antoinisme maintient la thérapie religieuse au premier plan de ses activités et ses responsables sont fondamentalement des guérisseurs" (p.43, conclusion pour l'Antoinisme, dans Religions de guérison, Cerf & Fides).
    Lucien Roure dit ensuite que "la littérature antoiniste est abondante plutôt que riche". On ne cherchera pas à savoir ce qu'il a voulu dire par là. En tout cas, il précise en disant qu'on aurait tort "de chercher en tout cela un ordre, un développement doctrinal. Tout est jeté pêle-mêle, et on se répète indéfiniment" (p.180). Certainement l'auteur trouve-t-il que la Bible est bien agencée comme il faut dans un ordre doctrinal correct et que les Evangiles ne se répètent pas indéfiniment.
    La description du Père est loin d'être neutre : "toute la gaucherie de pensée et de langage qu'on rencontre chez l'homme du peuple sans cultre aucune - Antoine se glorifie de n'avoir jamais étudié - et qui se mêle de dogmatiser" (p.181).
    Suivent les points importants de l'enseignement selon l'auteur : Guérison par la foi (étonnant que cela vienne en premier lieu, alors qu'il disait que ce point n'était plus le centre de l'enseignement moral du Père), Amour du prochain, Solidarité, Morale sans Dieu (en préciser "amour du prochain, solidarité acceptée, voilà les deux grands principes de la morale antoiniste"), Intelligence et Conscience, Fluides, La Matière n'existe pas, Notion de Dieu (où il est dit que de vouloir se prétendre être Dieu serait "un délire d'orgueil ou de niaiserie"), Nihilisme moral ("Tandis qu'elle présente aux esprits simples un certain aliment moral, elle tient en réserve pour les adeptes plus curieux ou plus dociles des griseries malsaines", encore une fois, l'auteur se contredit car il parlait plus haut de "ceux qui subissent l'action de l'esprit antoiniste". Il rapproche ce point de la pensée tolstoïenne dont "est sorti le bolchévisme", "doctrine d'anarchie et d'amoralité"), Occultisme ("courant trouble d'occultisme, doctrines hermétistes, emprunts faits à la Kabbale et au Talmud" avec comme preuve l'histoire d'Adam que l'auteur relate).
    Sur l'Enseignement en général, Lucien Roure dit que "les théories reçues subissent un certain filtrage avant de passer en acte. Et cependant on peut soupçonner les ravages que doivent exercer dans des esprits crédules et dociles de pareils enseignements. Ceux qui ont vu de près les antoinistes convaincus disent leur obstination farouche en leur foi. Ils s'y enferment, inaccessibles à toute pénétration du dehors" (p.185). Là encore on peut rapprocher ce comportement à celui des Chrétiens dont l'auteur fait parti. Les protestants savent ce qu'est l'obstination catholique.
    Par un crescendo, l'auteur conclu en disant : "Toutes ces révélations - délire d'un cerveau malade - sont proposées avec le plus grand sérieux, expliquées, commentées, c'est-à-dire embrouillées à plaisir par le Père. Quel effet de désagrégation tout ce fatras incohérent ne devait-il pas produire sur des esprits incultes ? A coup sûr, il devait avilir en eux l'idée du mariage - idée si haute dans la Bible - et l'idée de la femme, rangée du côté de la matière essentiellement mauvaise". On voit que l'auteur n'a rien compris. Tout d'abord l'idée de mariage n'était déjà plus si haute à l'époque du fait de la déchristianisation de la société, dont l'antoinisme n'est pour rien. Ensuite la femme n'est pas "rangée du côté de la matière",  au contraire, l'Enseignement nous apprend que
    "Dupes des apparences, nous croyons que le sexe existe, mais en nous acquérant progressivement l'amour, nous surmonterons cette fausse vue, puisqu'elle résulte seulement de la matière, toujours plus convaincus que chacun de nous fait partie de l'individualité d'Adam qui constitue l'humanité entière." (p.LVII) et "L'histoire d'Adam a été dénaturée, contrefait par ceux qui ont voulu se pénétrer de la réalité et qui l'ont imaginée telle qu'elle est dans les livres sacrés.
    C'est cette contrefaçon qui sert de base à l'éducation de l'humanité. Elle fait perdre à la femme tous ses droits matériels, la considérant comme n'étant pas réelle parce qu'elle est du sexe opposé à celui d'Adam. C'est ce qui nous fait dire que Adam est le moi conscient parce qu'il représente le côté réel, celui de Dieu, tandis que Ève représente l'erreur qui résulte de l'amour de bestialité." (p.LXIII)
    Puis disant que "l'Arbre symbolise le matière et le mal", et que c'est le "principal emblème du culte" des Antoinistes, il en conclut tout naturellement que "leurs hommages comme leurs pensées se concentrent autour du Principe mauvais" (p.187). Citant les pages XXXVII à XXXIX du Couronnement de l'Oeuvre révélé, il nous dit : ""voilà le culte luciférien expressément formulé" en souhaitant que "la masse des Antoinistes ne va pas à ces excès, qu'elle s'arrête à l'enseignement moral du Père, - et quel enseignement moral ! - sous l'apparence d'un amour universel, le nihilisme. Dans le fouillis de l'Antoinisme, il y a des recoins plus malsains, il y a des doctrines dont la totale explication est réservée aux initiés et d'où se répand sur tout l'ensemble une odeur de perversité. L'Antoinisme est sorti du spiritisme, et l'on sait que le démon erre dans les parages où le spiritisme fréquente" (p.187-188).
    En effet, selon lui "les seules cérémonies un peu marquantes semblent être celles des funérailles : autour du corps se réunissent les adeptes. Ils portent la robe noire plus ou moins longue, selon le degré d'initiation". L'auteur n'aura donc pas lu la réponse du Père publiée dans le Développement, p.217-218 (donc 10 ans avant son texte) : "Revenons aux personnes qui voudraient voir apporter des modifications à la robe, croyant qu'elles en obtiendraient une plus grande satisfaction. N'est-ce pas attacher plus d'importance à l'effet qu'à la cause qu'elles ont toutes ces pensées ? C'est la preuve qu'elles ignorent pourquoi la robe nous a été révélée. Sachons qu'elle ne peut nous être profitable que pour autant que nous respectons sa révélation. Le fluide qui en découle opère de toutes façons, suivant ce que nous en faisons, car si nous en abusons, la robe peut nous être autant nuisible qu'elle nous est efficace quand nous la revêtons pour être d'accord avec sa raison d'être."
    Il explique ensuite le succès de l'antoinisme par le succès des guérisons obtenues et "l'incohérence même et l'absurdité de l'Enseignement, qui procurent aux simples l'illusion de la profondeur et du mystère. Il y a le besoin de crédulité, nulle part si intense que chez les incrédules. Il y a surtout l'ignorance religieuse des masses. Sur cette ignorance, le succès d'une religion telle que l'Antoinisme jette un jour lamentable. Concluons : il est besoin de rendre le Christ au peuple."
    L'auteur répond donc à l'origine de l'ignorance religieuse des masses : l'Eglise même, qui, dit-il, devrait maintenant, face aux succès des sectes, rendre le Christ au peuple...
    Et pour rassurer Lucien Roure, disont que Pierre Debouxhtay déclarait dans l'Antoinisme, en 1945 que "dans l'ensemble les adeptes sont de fort braves gens, très charitables et très serviables" (p.29).

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