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marie camus

Le Petit Haut-Marnais, 1er août et 3 août 1912

Publié le par antoiniste

Le Petit Haut-Marnais, 1er août et 3 août 1912PETITS PROPOS

Antoinisme

   Vous avez vu qu'il y a à Paris une petite chapelle, où c'est Mlle Camus, ancienne marchande de frivolités, qui dit la messe. Mlle Camus, comme tous les néophytes, est pleine de zèle. Mais, entre nous, je la crois un peu timbrée. Quand on va chez elle pour la consulter, Mlle Camus, faite aux enseignements du Père Antoine, se borne à prescrire des prières :
    — Mais, lui dit parfois une cliente que la grâce n'a pas encore visitée, mon petit a très mal au ventre. Est-ce que vous ne croyez pas qu'un bon cataplasme...
    — Le cataplasme est inutile, répond imperturbablement Mlle Camus. Bornez-vous à prier, Dieu vous exaucera.
    Le malade meurt parfois ; mais cela ne déconcerte point Mlle Camus, qui a réponse à tout :
    — Si Dieu n'a pas fait le miracle, explique-t-elle, c'est qu'il ne l'a pas jugé nécessaire. Mais nous avons, cette semaine encore, obtenu deux guérisons, ce qui prouve qu'on peut parfaitement se passer des médecins et de leurs médicaments.
    Les personnes très avares apprécieront beaucoup cette manière de raisonner, car la méthode du Père Antoine et de Mlle Camus permet des économies appréciables. Toutefois, je me permets de supposer que Mlle Camus, si elle avait un de ces jours une dent malade, n'attendrait pas de secours que de la prière pour la lui enlever. Dans une telle conjoncture, un antoiniste même orthodoxe court chez le dentiste. Après quoi, d'ailleurs, elle a congé d'expliquer que, dans la circonstance, le chirurgien n'a été que l'intermédiaire du Tout-Puissant. Je « priai, Dieu la guérit », comme disait l'autre.
    Pour le surplus, j'avoue que je n'ai jamais pu faire comprendre les beautés de l'antoinisme à un galopin de ma connaissance qui souffrait l'autre après-midi d'une violente névralgie. Ce n'est pas que je voulusse le convertir au culte du guérisseur de Jemmapes ; je pensais simplement qu'un somme d'une ou deux heures viendrait à bout de cet ennuyeux bobo. Mais le galopin avait grande envie d'aller jouer à la marelle devant la porte :
    — Donne-moi toujours un cachet de pyramidon, m'a-t-il dit.
    — Mais, mon enfant, je t'ai déjà appris que l'antoinisme....
    — Je sais... je sais... Mais, si tu le veux bien, nous reparlerons de l'antoinisme un de ces jours, — quand il s'agira de prendre mon huile de ricin, tiens !                            GRIFF.

Le Petit Haut-Marnais, 1er août 1912

 

 

 

Le Petit Haut-Marnais, 1er août et 3 août 1912

PETITS PROPOS

LA PIQURE

    Erreur en France, vérité au Japon. Notre pauvre planète est un vaste champ de contradiction.
    Vous avez lu le récit des derniers moments du mikado. Rien n'est plus touchant. Ces gens en pleurs aux portes du palais ; ce gardien qui se suicide pour apaiser les dieux ; ces bonnes femmes qui apportent des tortues parce que les tortues vivent longtemps et qu'elles pensent ainsi assurer la longévité de leur empereur ; vingt autres traits de la superstition et de l'émotion populaires composent un tableau pathétique. Mais le détail le plus curieux de l'agonie de Mutsu-Hito est assurément celui-ci : L'auguste moribond souffre atrocement. Des injections le soulageraient. Mais va-t-on les lui faire ? Impossible. La personne de l'empereur est sacrée. La moindre égratignure dont on entamerait volontairement sa peau constituerait un crime prévu et puni par la loi. On hésite longtemps. Il y a cinquante ans seulement, on eût renoncé aux injections. Mais le Japon s'est modernisé. On autorise finalement les piqûres. L'agonisant s'en trouve bien, et l'on nous laisse entendre que le médecin qui s'est servi de la seringue de Pravas ne sera pas contraint à faire harakiri. Tout va bien.
    Je parlais, il y a deux ou trois jours, à cette place, des antoinistes de Paris et de leur singulière thérapeutique. Je me demande aujourd'hui si je n'ai pas été trop sévère ou trop sceptique. La différence, en effet, n'est pas si grande entre l'antoinisme de la boutique de la rue Esquirol et l'antoinisme du palais impérial de Tokio. Ceci vaut cela. Et je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qui serait advenu s'il avait fallu, à la suite d'un accident, couper un bras ou une jambe au mikado. Eût-on, dans cette conjoncture, laissé la gangrène te déclarer plutôt que de toucher à la personne de l'empereur ? Quel argument pour Mlle Camus si on la poursuit jamais, comme elle le craint, à la requête du Syndicat des médecins !
    Il est vrai qu'on pourra lui rétorquer que nous sommes en France et non au Japon. Mais elle gardera le droit de penser que la méthode qu'on trouve bonne pour un monarque, rien n'interdit de l'appliquer à de pauvres gens qui paient d'un surcroît de souffrance leur extrême crédulité.

                                                GRIFF.

Le Petit Haut-Marnais, 3 août 1912

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L'Antoinisme (Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 9 mars 1912)

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L'Antoinisme (Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 9 mars 1912)L'Antoinisme

    Nous avons parlé longuement, dans le « Journal de Saint-Quentin », de cette religion bizarre fondée à Jemeppe, près de Liège, par le père Antoine.
    Les populations du nord de l'arrondissement de Saint-Quentin s'y précipitaient pour chercher la guérison imaginaire de maux réels et le soulagement réel de maux imaginaires.
    L'Antoinisme a gagné Paris, cela devait être et il aurait une succursale à Saint-Quentin si la police correctionnelle n'avait mis un terme aux exploits ou à l'exploitation de la famille Bar.
    A Paris, c'est une modiste qui opère. L'esprit du père Antoine est passé en elle et elle guérit comme le zouave Jacob ou Donato.
    Un rédacteur de l'« Echo du Merveilleux » est allé voir la miraculeuse modiste, et voici son récit ironique et déçu :

    Dès dix heures du matin, une queue d'une soixantaine de personnes s'allonge sous la voute et sur le trottoir. Le concierge, manifestement fier de posséder une locataire si courue, lève les bras au ciel quand on lui demande à voir Mlle Camus. Impossible, tout à fait impossible ! Il faut écrire, demander un rendez-vous, attendre une quinzaine au moins. Toutefois, au nom de l'« Echo du Merveilleux », il hésite, il faiblit et m'indique le chemin. C'est au fond de la seconde cour : l'escalier étroit est rempli de monde. Je découvre un second escalier. Une porte sur laquelle est encore fixée la plaque de modiste, s'entr'ouvre ; la figure ronde et accorte d'une sœur tourière me dévisage avec défiance. Enfin elle m'introduit : – Venez, monsieur.
    Je me faufile dans le plus sombre des corridors. En tâtonnant, la main rencontre... des corps ! des gens appuyés contre la cloison, immobiles : c'est l'avant-garde des malades. Une toute petite pièce un peu plus claire... Nous y voici.
    Vêtue de noir, la figure brune aux fortes pommettes éclairée par des yeux extrêmement vifs, la modiste thaumaturge, qui doit avoir dépassé la quarantaine, est sans vénusté.
    Debout dans sa petite chambre modestement meublée, elle me montre non sans orgueil une pile de lettres à ouvrir, une autre pile de lettres à répondre. « Il faudra que l'on vienne demain m'aider à lire tout cela, à y répondre ». Une équipe d'Antoinistes lettrés, sans doute.
    Mlle Camus nous explique (nous sommes trois à l'écouter) comment elle opère avec les malades.
    – Je pense au Père...
    – A Dieu ?
    – Non, pas tout à fait...
    (Le « pas tout à fait » n'est-il pas pas joli ?)
    – … Pas tout à fait : au père Antoine, à Antoine le Généreux. (On a surnommé ainsi Louis Antoine à cause de son désintéressement).
    – Je pense au Père et je dis au malade qu'il […] nôtre. Elle nous pénètre comme un fluide bienfaisant. Le Père puise en Dieu et moi je puise en lui : lui et moi sommes des canaux où coule vers le malade la grâce divine.
    « Autrefois je m'endormais, et les douleurs du malade venaient dans ma chair. Je les extirpais de lui pour en souffrir moi-même, et ensuite je les chassais de moi. Mais maintenant, je ne m'endors plus ; il y a trop de malades. Ce serait trop long. Je dis au malade : Regardez-moi ! Et mes yeux lui versent le fluide qui vient du Père.
    Ses yeux vifs nous dévisagent et semblent un peu irrités de ne pas discerner des marques de ferveur. Elle ajoute encore, d'un ton de défi : – Le Père est là, certainement ; il entend tout ce que nous disons...
    Je ne veux pas abuser ; je m'en vais. Dans le ténébreux corridor, par une porte à demi ouverte, on aperçoit sur le palier la cohue des malades, des bons malades patients. Pour qu'ils s'ennuient moins d'attendre, un monsieur vêtu de noir parle tout haut, fait un petit prêche. « Il faut oublier ce que l'on sait... Il faut faire taire la révolte de l'intelligence... Il faut se rendre semblable aux petits enfants pour recevoir l'esprit de Jésus ». Et, naturellement, il prononce Jésusse. La vive petite coadjutrice de Mlle Camus me reconduit. Elle est visiblement plus intelligente et plus débrouillarde que la Guérisseuse. Et, du reste, elle me confie qu'elle-même guérit aussi, par les vertus d'Antoine. C'est un autre canal par lequel coule sur Paris, la grâce miraculeuse de Jemeppe. Mais elle ne souhaite point qu'on le sache. Elle n'en tire aucun orgueil.
    Dans la rue, sous la pluie fine, l'attroupement a augmenté des curieux et des infirmes et qui viennent chercher la guérison et qu'il a portent peut-être dans leur sein, où habita l'illusion puissante.

Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 9 mars 1912

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Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)

Publié le par antoiniste

 Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)

Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)Encore une religion
qui apparaît
et qui fait des miracles
par l’intermédiaire d’une petite modiste

    Mlle Camus, dans le temporel, est modiste. Elle habite, 14, rue Milton, une humble chambrette au fond d'une cour obscure.
    Bourguignonne d'origine, voilà dix ans qu'elle quitta son village natal – Auxou, commune de Saint-Branchet, dans l'Avallonnais – pour venir s'établir à Paris. Elle compte aujourd'hui trente-huit printemps, et il y a seulement deux mois que révélation lui fut faite de ses miraculeux pouvoirs.
    Miraculeux, en effet, si l'on songe que sa présence seule apporte aux malades, fussent-ils incurables, un soulagement immédiat ; qu'au bout de trois, quatre ou cinq séances, au plus, tel, dont le rein était dévoyé, et « l'estomac descendu à dix centimètres au-dessous du nombril », s'en retourne guilleret, estomac et rein remis en place, prêt à entonner comme un chantre et dévorer comme un ogre, tel autre, grabataire depuis un mois, par suite d'un asthme aigu, reconquiert en quatre séances la bienheureuse franchise-respiratoire ; tel encore, aveugle à la suite d'une méningite depuis l’âge de deux ans, voit, à trente-cinq ans, s'épanouir progressivement ses prunelles à l'ineffable printemps de la divine clarté libératrice tel autre... mais il faudrait des colonnes pour dénombrer les stupéfiantes guérisons – plus de quarante en deux mois – accomplies par la petite modiste : des guérisons, des lettres, des témoignages sont là qui les attestent. Et les rescapés que nous interrogeâmes se répandirent en actions de grâces sur le désintéressement et les prestiges – d'aucuns vont jusqu'à dire la sainteté – de leur bienfaitrice.
    – Comment je procède ? Mon Dieu, rien n'est plus simple, nous explique au bon sourire l'assembleuse de fanfreluches. Un malade se présente-t-il ? Je lui demande de penser au Père. De mon côté, je Lui communique ma pensée. Je puise en Lui comme Il puise en Dieu. Puis je m'endors et je lis à livre ouvert dans les parties souffrantes du malade. Je souffre moi-même de sa douleur, je l'accapare, je l'extirpe petit à petit de lui pour la pulvériser, l'égrener, la disperser au dehors. Et quand la guérison approche, je la sens venir. Alors je me réveille. Je ne suis pour rien dans cette guérison. Je ne suis que l'humble servante et inspirée du Père.
    – Du Père Eternel ?
    Pas tout à lait, mais presque : du père Antoine, Antoine le Généreux, le régénérateur de l'humanité, le grand révélateur de la doctrine intégrale du Christ.
    Les lecteurs du Matin n'ont pas oublié, pour l'avoir vu retracer à maintes reprises, l'extraordinaire figure de cet humble artisan liégeois, ancien ouvrier mineur, puis compagnon forgeron, puis prophète et thaumaturge, qui, il y a dix ans, à Jemeppe-sur-Meuse, fonda le nouveau spiritualisme, autrement dit la vraie religion de Jésus, épurée, et telle Fils de l'Homme, prétendit posséder le pouvoir de galvaniser les malades sous la simple imposition de ses mains rédemptrices.
    En vain cent cinquante médecins belges, insurgés contre l'empiétant le trainèrent en justice ; ils ne purent établir l'indignité d'un homme qui ne prescrivait à ses patients ni remèdes, ni le moindre débours.
    L'antoinisme, depuis lors, a fait son chemin. Dans le temple érigé à Jemeppe – Jérusalem de la nouvelle doctrine – et qui coûta 100.000 francs à M. Deregnancourt, le bon Samaritain du jeune bien que septuagénaire Messie, c'est par milliers – huit à neuf cents en moyenne par jour – que les malades affluent. Il en vint douze mille en une fois, à Pâques dernières, et la plupart s'en retournèrent guéris.
    Enfin le 5 décembre 1910, une pétition de posée sur le bureau de la Chambre des représentants, à Bruxelles, et paraphée de 160.000 signatures de citoyens cultivés, de professeurs, voire de médecins, sollicitait des pouvoirs publics la reconnaissance officielle du culte antoiniste.
    Deux de nos départements, le Nord et l'Aisne, comptent actuellement de nombreux adeptes. Des groupes importants de fidèles se sont fondés à Tours, Vichy, Nice, Monte-Carlo, Aix-les-Bains, Grenoble, et Paris même, au siège de la Fraternelle, 183, rue Saint-Denis, où chaque dimanche de cinq à six, les Antoinistes s'assemblent pour lire et méditer en commun le Grand livre de la révélation.
    – C'est là, nous dit Mlle Camus, le 12 décembre dernier, que je reçus en plein cœur l'illumination du Père. Je ne l'ai jamais vu. J'irai lui faire visite au printemps.
   » On dit qu'il est, aujourd'hui, presque totalement dématérialisé et qu'il est la réincarnation parfaite du Christ. Voyez : la ressemblance n'est-elle pas frappante ? »
    Sourie qui voudra ; c'est chose toujours émouvante de se pencher sur le berceau d'une religion.
    Et voici qu'en deux mois de temps, la plus humble des inspirées, une obscure petite ouvrière, a obtenu quarante guérisons.

Le Matin, 22 février 1912


    Le Bourguignon du 23 février 1912 cite cet article :

Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)

 

Les grands miracles de la petite modiste morvandelle.
    [Notre confrère le Matin consacre l'amusant article qui suit, à une de nos jeunes compatriotes de l'Avallonnais, modiste à Paris].

 

L'Écho de l'Yonne, 3 mars 1912

Un article de L'Écho de l'Yonne, du 3 mars 1912, cite également cet article du Matin.

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PARIS XIII° - rue Esquirol (boutique à gauche - salle de lecture antoiniste)

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PARIS XIII° - rue Esquirol (boutique à gauche - salle de lecture antoiniste)

    Par plusieurs sources, on apprend l'existence d'une salle de lecture dans la Rue Esquirol, au n° 7, proche de la Porte d'Italie et de la Pité Salpêtrière. C'est dans cette salle de lecture notamment que se trouvait sœur Marie Camus. Mais on pense qu'elle recevait également chez elle, rue Milton.
    Elle existe déjà en 1912 au moins, car elle est cité dans des articles de journaux. Un Unitif de 1914 la cite encore.
    « J'ai franchi ce matin le seuil du numéro 7 de la rue Esquirol, où dans une coquette boutique est installé le siège de l'« antoinisme ». Siège modeste, certes, et que vous prendriez pour un quelconque magasin, si au-dessus ne s'étalait une large banderole sur laquelle on peut lire : « Culte antoiniste ». »

    Sur la carte postale ci-dessus (cliquez pour agrandir), c'est la deuxième boutique avec l'auvent située sur le gauche de la Rue Esquirol.

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Visite aux disciples d'Antoine-le-Guérisseur (L'Intransigeant, 30 juillet 1912)

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Visite aux disciples d'Antoine-le-Guérisseur (L'Intransigeant, 30 juillet 1912)       Visite aux disciples
                    d'Antoine-le-Guérisseur

    Les poursuites contre Leclerq affectent beaucoup les « antoinistes ». – L'un d'eux nous raconte les épisodes de sa conversion.

    Le chiffonnier Leclercq, l'antoiniste accusé d'avoir laissé mourir sa fillette, a été interrogé hier par le juge d'instruction.
    – C'est en lisant un journal hostile à l'antoinisme, a-t-il dit, que je me suis converti à sa doctrine.
    Et le malheureux montre à son juge une brochure, l'Unitif, dans laquelle on peut lire « Si l'on ne veut pas périr, il ne faut jamais appeler le médecin, ni prendre de remède. »
    Confiant, Leclerq n'appela pas le médecin, et sa fillette est morte, d'où les poursuites d'aujourd'hui.
    J'ai franchi ce matin le seuil du numéro 7 de la rue Esquirol, où dans une coquette boutique est installé le siège de l'« antoinisme ». Siège modeste, certes, et que vous prendriez pour un quelconque magasin, si au-dessus ne s'étalait une large banderole sur laquelle on peut lire : « Culte antoiniste ».
    – Mlle Canus (sic) ? ai-je demandé.
    Mais Mlle Canus, « mère » de l'antoinisme en France, n'était pas là.
    Cependant, un adepte est venu à moi : Polonais d'origine, ancien soldat de la légion étrangère, il voulut bien me dire toute la surprise que causent aux « antoinistes » les poursuites contre Leclerq.
    – Leclerq, me dit-il, est un homme dont l'équilibre mental est loin d'être parfait. Il a pris à la lettre le conseil : « N'appelez pas le médecin », alors que l'antoinisme, en son esprit, dit bien plutôt : « Il faut croire au Père : la foi en lui vous guérira, quand médications et remèdes seront impuissants pour assurer votre soulagement ».
    Leclerq adorait sa petite, il voulait la sauver et priait le ciel de lui accorder sa guérison. Il eût pu, sans s'exposer à notre excommunication, demander le secours de la science : notre Père, en effet, ne l'a jamais interdit.
    Et confiant, le disciple d'Antoine me narre tous les bienfaits du culte auquel il appartient :
    Comme beaucoup d'autres, me dit-il, et comme vous-même, peut-être, monsieur, je ne croyais pas à l'antoinisme : j'en riais, j'étais sceptique. Aujourd'hui vous me voyez convaincu.
    – Et quels ont été les motifs de cette conversion ?
    – J'avais, au Tonkin, contracté les fièvres, une maladie de foie et plusieurs autres maladies coloniales : j'étais un homme perdu quand le hasard mit sur ma route un homme qui de manière lumineuse m'exposa la doctrine antoiniste.
    Je l'écoutai d'une oreille complaisante, peu à peu ses enseignements me pénétrèrent et j'en compris toute la grandeur et toute la beauté.
    – Et vous avez été guéri ?
    – Non, pas immédiatement : à force d'efforts moraux, je suis parvenu à dominer mon mal : il peut me faire souffrir, me torturer, je ne le sens plus, ou plutôt la souffrance qui en résulte est pour moi une cause de sanctification – et partant de bonheur. Je ressens le bien de ce que tout autre penserait être un mal.
    L'antoinisme m'a permis de dominer les souffrances de mon corps et celles de mon esprit : dans l'adversité qui s'acharne sur moi, il m'a permis de n'en voir qu'une source de salut ; il me fait bénir celui-là même qui me combat, il me fait trouver douce toute embûche et toute hostilité.
    Et dans un mouvement qui certes n'est pas dénué de grandeur dans sa simplicité, le disciple d'Antoine ajouté à voix basse :
    – Tenez, Monsieur, vous le voyez, je suis pauvre, très pauvre : je vis de la façon la plus obscure et la plus ignorée. Il m'arrive parfois de ne pas manger à ma faim : mais je suis heureux, heureux quand même...
    Une pause et mon homme ajoute :
    – Oui, plus heureux que vous, monsieur, plus heureux que les riches, plus heureux que tous ceux qui passent à mes côtés, quels qu'ils soient. Car ma foi est une source de bonheur que seuls peuvent apprécier ceux qui croient.     AMÉDÉE GARMER.

L'Intransigeant, 30 juillet 1912

 

    Il faut lire Mlle Camus et non Canus.

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Salle de lecture au 183, rue Saint-Denis (2e arrdt)

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Salle de lecture de la rue Saint-Denis (2e arrdt)
PARIS (IIe). - Rue Saint-Denis prise de la Rue Reaumur
(au bout la Porte Saint-Denis), le N°168 est dans le dos du photographe, le N°183 sur la droite avec l'auvent

    Un article d'André Arnyvelde indique l'adresse d'une salle de lecture, dans la rue Saint-Denis (1er et 2e arrondissements) :

    Il me fut donné d'assister à la célébration de ce culte, à Paris, un dimanche dans une maison de la rue Saint-Denis. Rien à la façade de la maison n'indiquait ce qui se passait dedans. La porte cochère franchie, je me trouvai dans une vaste cour où des groupes parlaient bas, gravement. Je gagnai un petit escalier qu'on m'indiqua ; je commençai à le monter, mais bientôt je fus immobilisé derrière une foule qui se pressait sur les marches. Enfin, parvenant à me faufiler, degré à degré, avec beaucoup de peine, entre la rampe ou le mur et les gens qui faisaient la queue, serrés les uns contre les autres, j'atteignis le troisième étage.
    Là, force me fut d'abdiquer tout espoir d'avancer plus ; j'attendis bien sagement sur le palier une éclaircie dans le public compact qui encombrait la première pièce de l'appartement, et qu'on voyait par la porte laissée grande ouverte. J'entendais la voix d'un homme qui lisait des versets comme d'Evangile, dans un immense silence de l'assistance dense.
Un Dieu vient de mourir (Le Monde illustré, 13 juillet 1912)

Salle de lecture au 183, rue Saint-Denis (2e arrdt)
PARIS - La rue Saint Denis, à l'angle de la rue Saint Sauveur (n°183 indiqué au stylo) et on voit la porte cochère (cliquez pour agrandir l'image)

    On sait qu'il existait une Fraternelle de l'Institut des Forces Psychosiques en 1912 dans cette rue, au n° 168 (alors 2e arrondissement). La description faite par le journaliste et la situation actuelle du lieu peut le laisser penser.
    C'est un certain M. Fages qui s'occupait de la Fraternelle. S'agit-il du père ou d'un oncle d'Angèle et Marthe Fage (sans s), ou leur frère Émile qui fut teinturier à Paris. On sait l'attachement de la famille au culte antoiniste. Le recensement de la population n'indique plus de Fage ou de Fages en 1926 à ce numéro 168, rue Saint-Denis.

    Dans un article du Matin, on lit que Mlle Camus fit connaissance de l'Antoinisme à Paris "au siège de la Fraternelle, 183, rue Saint-Denis, où chaque dimanche de cinq à six, les Antoinistes s'assemblent pour lire et méditer en commun le Grand livre de la révélation." On y évoque donc bien une fraternelle, mais à un autre numéro de la rue (le même donné par un Unitif, n°183).

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Wonderdadige genezingen (Rotterdamsch nieuwsblad 24-02-1912)

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Wonderdadige genezingen (Rotterdamsch nieuwsblad 24-02-1912)

    Wonderdadige genezingen. Miss Dorothy Kerin, 22 jaar oud, te Herne Hill in Engeland, die na 5 jaren bedlegerig te zijn geweest, is plotseling hersteld en kan nu weer loopen. Zij heeft ook haar gezicht en haar gehoor teruggekregen, dat zij 14 dagen geleden verloor.
    De Parijsche  M a t i n  maakt melding van een vrouw te Parijs, mlle. Camus, die in de rue Wilton woont en afkomstig is uit Bourgondië, welke verscheidene wonderdadige genezingen moet hebben verricht. Zieken, die als ongeneeslijk werden beschouwd, voelden reeds verlichting, wanneer mlle. Camus alleen maar bij hen in de kamer kwam en genazen na 3, 4 à 5 bezoeken van haar. Zij beweert, dat zij tot die genezingen in staat gesteld wordt door vader Antonius, „Antoine Le Généreux”.

Rotterdamsch nieuwsblad 24-02-1912

 

Traduction :

    Guérisons miraculeuses. Mlle Dorothy Kerin, 22 ans, à Herne Hill en Angleterre, qui a été clouée au lit pendant 5 ans, s'est soudainement rétablie et peut maintenant marcher à nouveau. Elle a également retrouvé la vue et l'ouïe, qu'elle avait perdues il y a 14 jours.
    Le  M a t i n  de Paris mentionne une femme à Paris, Mlle Camus, qui habite rue Wilton et vient de Bourgogne, qui a obtenu plusieurs guérisons miraculeuses. Les personnes malades, qui étaient considérées comme incurables, se sentaient déjà soulagées, quand Mlle Camus ne les rencontre que dans une pièce et ne les a guéris qu'après 3, 4 ou 5 visites. Elle affirme qu'elle est capable de guérir grâce au père d'Antoine, "Antoine Le Généreux".

 

    Il semble que Mlle Marie Camus ait commencée à opérer au nom du Père depuis chez elle. Cependant il faut lire rue Milton (et non rue Wilton) dans le 9e arrondissement de Paris, assez éloignée des autres salles de lecture, situées rive gauche. Cependant André et Aurore di Mauro, qui habitait rue La Bruyère, à quelques minutes à pied de la rue Milton, sont connus comme étant Antoinistes.

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Leclercq - Les ''Antoinistes'' (Le Journal, 28 juillet 1912)

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Leclercq - Les ''Antoinistes'' (Le Journal 28 juillet 1912)

LES “ANTOINISTES”

ON INTERROGE LECLERQ

Sa Compagne déclare qu'elle “a soupé” de l' “Antoinisme”

    On sait comment le chiffonnier Leclercq, qui habitait rue de la Parchemimerie, avec la veuve Sautet, a laissé mourir sa fillette Antoinette, âgée de quatre mois.
    Leclercq et sa compagne ont été interrogés hier par M. Kastler, juge d'instruction, en présence de Mes Pierre Turpaud et Bigeard, leurs défenseurs.
    Le chiffonnier a tout d'abord voulu exposer au juge la beauté de la doctrine « antoiniste », d'après la Révélation, d'Antoine le Généreux, et le bulletin l'Unitif, adressé aux adeptes, qui dit notamment :
    – Il faut croire au père Antoine : la foi en ce Messie est seule capable de guérir les malades, et si l'on ne veut périr il ne faut jamais appeler de médecin ni prendre de remède. II faut seulement prier Dieu et le père Antoine.
    Questionné par M. Kastler sur la façon dont il était devenu « antoiniste », Leclercq a répondu :
    – C'est en lisant un article de journal hostile au père Antoine que je me suis senti converti à cette religion et qu'à partir de ce jour, j'ai regardé comme l'apôtre française de ce culte la sœur Marie Camus, demeurant à Paris, 7, rue Esquirol.
    – Lorsque vous avez été arrêté, a ajouté le juge, une lueur de bon sens a sans doute traversé votre esprit, car vous avez spontanément adressé au procureur de la République une plainte contre les gens qui vous avaient instruit dans votre folie.
    – Je retire cette plainte, a interrompu brusquement « l'antoiniste ».
    – Pourquoi ?
    – Dieu le veut !... Ma fille est morte !... Dieu a voulu !... J'avais pourtant composé de belles prières.
    Et il a tenu à en donner lecture à M. Kastler !
    Le magistrat a informé ensuite Leclercq que MM. les docteurs Paul et Balthazard avaient fait l'autopsie du corps de la petite Antoinette, et qu'ils avaient constaté qu'elle avait succombé à une bronchopneumonie.
    – Les médecins légistes ont déclaré également, a dit M. Kastler, que votre enfant n'avait été victime ni de sévices, ni de mauvais traitements. Je suis pourtant obligé de vous inculper : l'article 312 du Code pénal punit, en effet, des travaux forcés la privation de soins par père et mère ayant entrainé la mort. Vous auriez dû aller chercher un médecin, ainsi que vous l'aviez fait pour le premier enfant né de vos relations avec la veuve Sautet et qui mourut néanmoins, bien que soigné autrement que par des prières.
   
Le juge a passé ensuite à l’interrogatoire de la veuve Sautet. Celle-ci a déclaré hautement qu'elle était catholique et non « antoiniste », mais qu'elle n'avait pas voulu contrarier Leclercq !
    Elle a raconté ensuite que le 15 juillet, ils étaient allés au-Sacré-Cœur et que la pauvre petite Antoinette avait dû prendre là le germe du mal qui devait l'emporter.
    – J'ai voulu aller chercher un médecin, a-t-elle poursuivi, le soir où j'ai vu la petite si malade, mais mon amant s'y est opposé... Je m'étais dit : Quand il sera parti aux Halles j'irai, mais ma pauvre petite est morte avant !
    L'interrogatoire étant terminé, le juge allait donner aux gardes l'ordre de reconduire les prisonniers à la Souricière, mais Leclercq, s'adressant à M. Kastler, lui dit :
    – J'ai une prière à vous adresser, monsieur le juge ; voulez-vous demander à Mme Sautet si elle a conservé les mêmes sentiments vis-à-vis de moi et si elle veut toujours se marier avec moi.
   
Le juge se tourna vers la veuve et lui dit :
    – Vous avez entendu Leclercq ? Voulez-vous répondre à sa question ?
    Levant les bras, la compagne de Leclercq s'écria :
   – Ah ! mais mon ! Je ne marche plus ! Que Leclercq paie tout seul son guérisseur, moi « j'ai soupé » de « l'antoinisme ».
    Leclercq s'en alla atterré.

Le Journal, 28 juillet 1912

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Carta de Paris - Evocação ao Padre Antonio (O Paiz Rio de Janeiro 14 de março de 1912)

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Carta de Paris - Evocação ao Padre Antonio (O Paiz Rio de Janeiro 14 de março de 1912)

    Na rua Milton, proximo do "fauburg" Montmartre, a pouca distancia da "peste", acha-se hoje estabelecida uma concurrente da Virgem de Lourdes. E’ uma pobre costureira de olhos ladinos, sorridente e obsequiosa, que faz milagres, curando toda a custa de males, todas as doenças, todos os agonizantes, pela evocação pura e simples do espirito do "Padre Antonio", – um sento varão miraculoso da Belgica, que creou a seita religiosa do "antonismo", e que se diz ser nova ultima encarnação de Christo Deus todo o Poderoso!
    A costureirita da rua Milton tem no corpo e alma fluido milagroso do padre Antonio. E quando lhe apparece um doente, mesmo no estado o mais grave, basta-lhe fazer evocar a alma milagrosa do santarrão belga, para dar saude aos enfermos, supprimindo em poucos minutos a mais grave doença!
    E’ facto? E’ carapetão? Não sabemos, porque não acreditamos em bruxas e lobishomens. Mas o que sabemos é que ha dezenas e dezenas de pessoas que dizem ter sido completamente curadas pelos effluvios milagrosos da evocadora do padre Antonio belga.
    E nota curiosa: a rapariga curandeira não reclama dinheiro. Se lhe quizerem dar algumas moedas de cobre ou prata, aceita e agradece. Mas não pede nada. Cura pelo prazer de fazer bem.
    O culto do antonismo está cada vez mais florescente. Ha dezenas de capelas antoninas em toda a Belgica, na Hollanda, na França, na Allemanha e até na propria Inglaterra.
    E’ mistér não cofundir o antonismo com o culto de Santo Antonio de Lisboa ou Padua. Nada de mixordias entre os dois concurrentes. E a costureirita milagrosa da rua Milton só trabalha pelá gloria do seu querido Antonio belga, que ainda não ê nem mesmo "bemaventurado"!

O Paiz, Rio de Janeiro, 14 de março de 1912

 

Traduction :

    Dans la rue Milton, près du faubourg Montmartre, à courte distance de la "peste", un concurrent de la Vierge de Lourdes est maintenant établi. C'est une pauvre couturière aux yeux chargés, souriante et obséquieuse, qui fait des miracles, guérissant tout au détriment des maux, de toutes les maladies, de tous les mourants, par l'évocation pure et simple de l'esprit du "Père Antoine", un homme miraculeux de Belgique, qui créa la secte religieuse de "l'antoinisme", et qui est dit être la nouvelle dernière incarnation du Christ, le Dieu Tout-puissant !
    La couturière de la rue Milton a dans son corps et dans son âme le fluide miraculeux du Père Antoine. Et quand une personne malade lui apparaît, même dans l'état le plus grave, il lui suffit d'évoquer l'âme miraculeuse du Saint belge, pour donner la santé aux malades, supprimant en quelques minutes la maladie la plus grave !
    Et les faits ? C'est une fadaise ? Nous ne le savons pas, car nous ne croyons pas aux sorcières et aux loups-garous. Mais ce que nous savons, c'est qu'il y a des dizaines et des dizaines de personnes qui disent avoir été complètement guéries par les effets miraculeux de l'évocation du prêtre belge Antoine.
    Et fait curieux : la guérisseuse ne réclame pas d'argent. S'ils veulent lui donner des pièces de cuivre ou d'argent, elle accepte et remercie. Mais elle n'a rien demandé. Il a été guéri pour le plaisir de bien faire.
    Le culte de l'antoinisme est de plus en plus florissant. Il y a des dizaines de chapelles Antoinistes dans toute la Belgique, en Hollande, en France, en Allemagne et même en Angleterre.
    C'est un mystère de ne pas confondre l'antoinisme avec le culte de saint Antoine de Lisbonne ou de Padoue. Pas de confusion entre les deux concurrents. Et la couturière miraculeuse de la rue Milton ne travaille que pour la gloire de son bien-aimé belge Antoine, qui n'est toujours pas "béni" !

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La doctrine antoiniste (le Messin, 31 juillet 1912)

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La doctrine antoiniste    La doctrine „Antoiniste”

    L’ «antoiniste » Leclerc est poursuivi pour avoir laissé mourir son enfant malade faute de lui donner les soins nécessaires. Au juge d’instruction, M. Kastler, qui l’interrogeait hier, Leclerc a fait une profession de foi avant de répondre à toute autre question. Il s’est écrié :
    « Il faut croire au père Antoine. La foi en ce messie est seule capable de guérir les malades, et si l’on veut périr, il ne faut jamais appeler de médecin ni prendre de remèdes. Il faut seulement prier Dieu et le père Antoine le Généreux. »
    M. Kastler lui a demandé alors comment il était devenu antoiniste.
    – C’est en lisant un article de journal hostile au père Antoine que je me suis senti converti à cette religion, et à partir de ce jour, j’ai regardé comme l’apôtre française de ce culte la sœur Marie Camus demeurant A Paris, rue Esquirol, 7.
    – Vous avez eu cependant devant le cadavre de l’enfant une lueur de bon sens, car vous avez spontanément adressé au procureur de la République une plainte contre les gens qui vous avaient initié à cette doctrine.
    – Mais je relire cette plainte, répond Leclerc. Dieu le veut ! Ma fille est morte ; j’avais pourtant composé de belles prières.

Le Messin, 31 juillet 1912

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