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religion

Le positivisme et l'antoinisme

Publié le par antoiniste

    En place de l'extrême-onction catholique, les mourants reçoivent un dernier sacrement qui est la Transformation : par celui-ci, ils sont doucement prévenus de leur entrée au sein du Grand Être, et l'on peut croire qu'il en seront consolés ou flattés... [...]
    Quand aux accessoires et ornements du culte, ce que M. Comte appelait des "indices extérieurs et permanents", le vert y domine, provenant du drapeau positiviste et du symbole connu de l'expérance. Les prêtres, dans l'expercice de leur fonctions, portent au milieu du bras droit un ruban vert. Comte lui-même officia déjà avec ces insignes. Il faut savoir qu'à ses yeux le drapeau vert remontait à la Révolution : le jour où l'on prit la Bastille, Camille Desmoulins distribua aux émeutiers, en guise de cocardes, des feuilles arrachées aux arbres, aux arbres du Palais-Royal dont quelques-uns virent passer, trente ans plus tard, Caroline Massin parmi d'autres nymphes, pratiquant le plus vieux métier du monde...
    Le brassard vert peut et doit être arboré par tous les positivistes, mais au bras gauche, chaque fois qu'ils veulent professer leur foi, mais à condition de n'usurper point la qualité sacerdotale. A noter que le drapeau vert est devenu aussi, vers 1910, celui d'une secte d'illuminés et guérisseurs belges, les antoinistes, laquelle subsiste encore et à même essaimé en France. Mais surtout, il a été promu drapeau national des Etats-Unis du Brésil, où, sur fond vert, le globe terrestre est entouré d'une banderole qui porte la devise comtiste "Ordre et progrès" : ordem e progresso...
    Quand on prononce une allocution sacrée, on doit se tenir debout au coin gauche de l'autel. On s'adresse avec fidèles en ces termes : "Mesdames et messieurs, très vénérées soeurs et très chers frères en l'Humanité", ce qui permet de songer que le fondateur du culte avait appartenu à une loge maçonnique.
    Mais on a rien découvert sur les relations de Comte avec le Grand Orient... [...]
    Lorsqu'on mentionne Comte ou Clotilde, on ne les qualifie jamais de "frère" ou de "soeur" mais "nos très saonts parents spirituels". Paris devient "la Très Sainte Métropole", bien qu'il soit le siège d'une simple légation occidentale entretenue par l'Apostolat-positiviste-universel, lequel ne saurait être contralisé en aucun point de la terre ni loger dans aucun Vatican. [...]
    Le prédicateur débute par une invocation au Grand Être, c'es-à-dire à l'Humanité collective, et récite devant l'effigie de celle qui fut Mme de Vaux les formules italienne et latine que ous connaissons, empruntées à Dante et à l'Imitation, que l'inconsolable amoureux a décidé de rendre obligatoires :
    Vergine madre, figlia del tuo figlio,
    Amem te plus quam me, nec me nisi propter te.
    Ô Vierge-Mère, fille de ton propre fils,
    Je veux m'aimer plus que moi, ne m'aimer que pour toi. [...]

    Son philosophe, comme elle disait avec une douce irnonie, avait, outre le génie naturel, le génie qu'inspirent les grandes passions : il a donc senti que l'homme possède un seul moyen de se défendre contre le néant où il baigne, où sa raison le condamne, d'où il vient et où il retourne après un éclair de conscience et l'illusion d'avoir vécu. Ce moyen, c'est de le nier par la pensée, de prolonger d'un être à l'autre la vie spirituelle, le souvenir. Une chaîne éternelle relie ainsi ces vivants éphémères, et les unit vraiment dans un Grand Être. Cette illusion héroïque ne se soutient qu'à force de naïveté, de sainteté, mais elle nourrit une foi pure, sans espoir, sans égoïsme, créée de rien, que les sages peuvent appeler folle, un des plus grands défis que l'esprit ait jamais lancés à l'univers aveugle. La déesse qui mourut le 5 avril 1846 à l'âge de trente et un ans n'est vivante que pour quelques personnes, l'Eglise positiviste rassemblée ne peuplerait sans doute qu'une petite ville parmi les grandes nations de la terre. Il est possible que dans quelques siècles, seuls les dictionnaires en conservent le souvenir. Mais le Grand Être lui-même est destiné à s'éteindre : qu'est-ce que des chiffres, petits ou grands, dans la chronologie des étoiles et des nébuleuses ?
    Et malgré tout, le culte d'une pauvre femme, institué par un pauvre homme qui ne lui arracha jamais que des pensées, des larmes et des sourires, aura offert quelques aspects d'éternité. Il enseigne une vérité constante et d'ailleurs effroyable : c'est que l'esprit humain ni le coeur n'ont de prise sur les vivants : notions perçues ou êtres aimés, ils ne se livrent à nous qu'une fois morts. En ce sens, on pourrait dire qu'à l'exemple de Clotilde de Vaux, toute la création résiste à son Créateur et ne lui sera soumise qu'en cessant d'être, pour se réintrégrer en lui.

André Thérive, Clotilde de Vaux, ou la déesse morte,
Chap. XXII Avec le brassard vert,
p.148, p.253-54, p.256, p.257, p.259-60
Albin Michel, Paris, 1957

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La raison et l'imagination de certains hommes

Publié le par antoiniste

    La raison n'a été donnée à certains hommes que pour justifier la folie de leur imagination et les écarts de leur sensibilité.

Eugène Gascoin, Les religions inconnues, p.121
Gallimard, Les documents bleus N°41, Paris, 1928

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Johannische Kirche et Joseph Weissenberg

Publié le par antoiniste

illustration : Johannische Kirche - Der Gottesdienstaltar der Gemeinde Leipzig (Foto gleip)(joseph-weissenberg.de)

    La Johannische Kirche (Eglise johannite) est une communauté religieuse fondée en 1926 par le réformateur religieux et social Joseph Weißenberg ou Weissenberg (24 août 1855 – 6 mars 1941).
    La base de leur foi sont les enseignements et les révélations de Weissenberg ainsi que de la théologie de la tradition chrétienne et formes de croyance, d'après la propre compréhension et interprétations de Weissenberg.
    L'Eglise Johannite se considère comme une église chrétienne. A Berlin et dans le Brandenbourg, elle a le statut d'un "organisme public" (Körperschaft des öffentlichen Rechts). En 1934, la communauté comptait 100.000 adeptes dans 400 communautés avec de nombreux ministres, des associations et leur propre lotissement privé à Trebbin. Actuellement, dans les pays germanophones, elle compte 3000 membres.
    En 1903, Joseph Weissenberg fonde l'Association chrétienne des sérieux chercheurs du monde et de l'Au-delà et des véritables adeptes (Christliche Vereinigung ernster Forscher von Diesseits nach Jenseits, wahrer Anhänger der Christlichen Kirchen). Il quitte son travail de maçon et se consacre à aider son prochain. Depuis 1870, il n'avait exercé son activité de guérisseur que de façon complémentaire, et devenait peu à peu connue au-delà des limites de la ville. Bien que ce groupe se voyait lui-même comme un mouvement interconfessionnel, il semblait partisans de la communauté chrétienne, notamment de l'Eglise évangélique luthérienne. Weissenberg, en raison de ses capacités prophétiques, proposait des critiques violentes envers les élises traditionnelles. Lui et ses adeptes ont tout d'abord essayaient d’entamer une Réforme au sein de l'Eglise luthérienne. Ce qui semblait, dans les années 20, se réalisait. Mais en 1925, plusieurs disciples de Weissenberg se portent candidats à l'élection pour le Conseil des Eglises. Deux Weissenbergiens ont été élus. Toutefois, ces candidats vont refuser le poste. En raison de cet évènement, Weissenberg se retira de l'Eglise évangélique et fonde le 15 avril 1926 l'Eglise Evangélique-Johannite d'après l'Apocalypse de Saint-Jean. Depuis 1975, l'Eglise porte de nom de Eglise Johannite (Johannische Kirche).

Doctrine Johannite
    La doctrine est marqué par une sens de la spiritualité en forte proximité de l'au-delà avec le monde spirituel. Dans un "discours des Esprits-amis" (Geistfreundreden), un "Ange de lumière" (Engel des Lichts) se manifeste au moyen des mediums de la communauté. Lors de ces séances, la décision est prise pour un "Troisième Testament", perçu comme un supplément et une suite de l'Ancien et du Nouveau Testament. Les Discours des Esprits-amis se déroulent tous les quinze jours en présence du dirigeant (actuellement Josephine Müller, petite-fille de Joseph Weissenberg), à Berlin et seront principalement publiés régulièrement dans le journal hebdomadaire accessible à tous "Weg und Ziel" (Chemin et But).
    La doctrine de Joseph Weissenberg comprend son propre enseignement de la réincarnation ("Les âmes peuvent avoir vécues déjà plusieurs fois dans les hommes de cette terre, afin de mûrir dans l'esprit de Dieu", citation tirée de "Wir glauben", "Nous croyons").
    A l'époque de Weissenberg, les guérisons qu'il obtint en 1903 à Berlin comme guérisseur-magnétiseur, jouèrent un rôle crucial dans la fondation de la religion. On lui a également attribué des résurrection, des exorcismes et des cardiognosies (connaissance intime du cœur, le pouvoir de lire dans les cœurs). D'après le crédo de l'Eglise Johannite, "Joseph Weissenberg est, selon notre foi, le Consolateur et l'Esprit de Vérité promis par Jésus", dans lequel Weissenberg est compris comme incarnation du Saint-Esprit.

Foi Johannite
    Pour une majorité, la soirée de Fêtes de l'Esprit (Feierstunde des Geistes) durant l'office religieux se déroulant le dimanche a une place importante. A ce moment, les membres prient seuls ou en groupes, conformément à un règlement de Joseph Weissenberg, par deux Notre Père ("un pour soi-même, la seconde pour la famille, les connaissances et les défunts"), le Premier Psaume et par la lecture d'un hymne ainsi que d'un passage de la Bible.
    Dans toutes les communautés, le service religieux se déroule comme suit :
    - ouverture
    - Notre Père (récité ensemble)
    - chant
    - lecture et sermon ou discours de l'esprit-ami sous la direction du dirigeant de l'Eglise
    - chant
    - prière de clôture (généralement pour les malades, les disparus ou la paix)
    - bénédiction
    Tous sont les bienvenus. Il est demandé de venir une dizaine de minutes avant l'office afin que tous puissent puisse commencer par une prière silencieuse.
    Les prédicateurs et prêcheurs ne reçoivent pas de formations théologiques et occupent en majorité une activité professionnelle. Avec la plupart des aumôniers bénévoles, ils s'occupent des personnes jeunes, vieilles, malades ou en bonnes santés, ils administrent les sacrements et donnent confort et organisation.
    Les classes de religions et de confirmations, les groupes de jeunes et les rencontres entre adultes sont une partie importante du travail de la communauté. En outre, il existe de nombreux groupes d'intérêts et d'évènements culturels.
    La possibilité de participer à l'oeuvre sociale Johannite et la construction de la Friedensstadt Joseph Weissenberg (Ville de la Paix Joseph Weissenberg, à Trebbin plus précisément à Glau, fondée en 1920, puis propriété de la République Démocratique d'Allemagne abritant une garnison soviétique, puis rétrocédée à la communauté en 1994) est destiné à servir l'individu et la collectivité.

Profession de foi

    Ich glaube an Gott den Vater, ich glaube an Gott den Sohn, ich glaube an Gott den Heiligen Geist und an Gottes Offenbarungen durch Moses, Jesus Christus und Joseph Weißenberg.
    Je crois en Dieu le Père, je crois en Dieu le Fils, je crois en Dieu le Saint-Esprit et en la révélation de Dieu par Moïse, Jésus-Christ et Joseph Weissenberg.
   
Sacrements
    L'Eglise Johannite donne quatre sacrements : sacrement du baptême (généralement pour les enfants), sacrement de l'eucharistie (compris comme la plus grande source de force spirituelle et se déroulant une fois l'an), sacrement de la guérison spirituelle (avec imposition des mains, donné comme une source de force pour le corps et l'esprit, basé sur les enseignements de Jésus-Christ) et sacrement funéraire. Selon la compréhension de la foi, l'Eglise Johannite doit transmettre, au moyen du sacrement, les flux de puissance dans l'autre monde.

    Bete so, dass es Gott gefällt, und arbeite so, dass du deinem Nächsten nutzen kannst.
    Priez de façon à ce que cela plaise à Dieu, et travaillez de façon à ce que cela puisse être utile à autrui.

source : http://de.wikipedia.org/wiki/Johannische_Kirche
http://de.wikipedia.org/wiki/Joseph_Weißenberg
http://de.wikipedia.org/wiki/Friedensstadt_(Glau)

site de la communauté : www.johannische-kirche.org
sur le sacrement de la guérison spirituelle :
http://www.johannische-kirche.org/de/03_lebenshilfe/02_sakramente/sakrament_geistiges_heilen.php

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Antoinisme & Protestantisme - multitudinisme et antoinistes culturels

Publié le par antoiniste

    Multitudiniste, adj. Se dit des dénominations qui pratiquent le baptême des nourrissons et qui considèrent comme faisant partie de l'Eglise tous les habitants d'un lieu di chrétien.
Martin R. Gabriel, Le dictionnaire du christianisme, Editions Publibook, 2007
source : GoogleBooks

    Si le terme "multitudinisme" peut aussi qualifier une hérésie peu connue du XIIe siècle donnant à l'opinion de la multitude le pas sur la dictrine enseignée par la hiérarchie, sa principale acception nous vient d'Alexandre Vinet qui, en 1842, a forgé ce mot à partir d'une réminiscence biblique (les "multitudes" dont Jésus avait compassion, Matth. 15, 32) pour désigner l'attitude et le statut d'une Eglise protestante qui ne serait plus une Eglise d'Etat, mais n'en aurait pas moins pour mission de s'occuper spirituellement de l'ensemble d'une population. La transformation progressive des Eglises d'Etat en Eglises territoriales (en allemand Landeskirchen) ouvertes à tous a abouti à en faire des bastions du multitudinisme, tandis que les Eglises libres, revendiquant leur complète indépendance envers l'Etat, ont souvent incarné le principe professant : on en devient membre par choix personnel et en adhérant à une profession de foi. Plusieurs Eglises protestantes séparées de l'Etat n'en demeurent pas moins multitudinistes dans leur manière de concevoir leur présence au sein de la société où elles vivent. Tandis que la notion allemande de Volkskirche, chargée d'ambiguïtés par l'usage qu'en firent les "Chrétiens Allemands", insiste sur un contat de situation ecclésiologique majoritaire, celle de multitudinisme, en usage également en contexte de diaspora, met surtout l'accent sur la visée d'une mission pastorale et évangélisatrice. Mais une Eglise qui perd le contact avec les multitudes est-elle encore multitudiniste ? On comprend que le terme prête aujourd'hui à discussion.
Bernard Reymond, in Église, par André Birmelé, 2001, p.85-86
source : GoogleBooks

    Vinet est toujours resté fidèle au modèle d'une Eglise qui, sans être assujettie ni à la dictature de l'Etat ni à celle du grand nombre, demeure dépendant l'Eglise du pays, ouverte à tous, veillant à assurer le service pastoral de tous, - en bref, une Eglise ouverte qui, comme Jésus, aix "compassion des multitudes". Un mot manquait pour exprimer cette idée. Vinet l'a créé en 1840, pour les besoins de la cause : il s'est mis à parler d'Eglise multitudiniste. Le substantif ne devait pas tarder à voir le jour : le multitudinisme est devenu un terme d'usage courant parmi les protestants d'expression française pour désigner les Eglises qui, par souci d'ouverture aux "multitudes", refusent d'imposer à leurs membres l'adhésion à une profession de foi.
Bernard Reymond, A la Redécouverte d’Alexandre Vinet, p.99


    En ce sens premier, l'antoinisme est une église multitudiniste. De même, on peut reprendre la définition d'antoinistes culturels, comme on parle de protestants culturels "qui ne relèvent d'aucune administration d'église. A ce sujet, il est intéressant de noter que le sociologue français J.P. Willaime constate un décalage entre le nombre de protestants qu'il y aurait en France selon que ce nombre est recensé par les Eglises elles-mêmes (900.000 dans ce cas) et celui auquel on arrive si l'on se réfère à différents sondages d'opinion nationaux (SOFRES) qui laissent toujours voir un pourcentage plus élevé de protestants. Ceci l'amène à penser que si l'on tient compte des protestants "culturels" non rattachés à une Eglise, on arrive pour la France à un total non pas de 900.000 mais bien de 1.500.000 protestants (J.P. Willaime, 1984). Si l'on applique le même raisonnement en Belgique et que l'on tient compte de ce que les critères pour évaluer la population catholique sont eux aussi très larges, alors on peut dire qu'estimer les protestants en Belgique à 100.000 est une appréciation beaucoup trop faible. Mais certes, si l'on décide de ne considérer que ceux qui ont opté pour une participation engagée, alors 50.000 semble un chiffre maximal."
Jos Dhooghe, Le protestantisme en Belgique, p.333
in La Belgique et ses dieux, églises, mouvements religieux et laïques, Cabay, 1985

    Si l'on applique le même raisonnement pour l'antoinisme, on peut également opter pour un nombre minime de participants engagés (portant le costume ou non), et un nombre bien supérieur d'antoinistes culturels. Une difficulté de plus apparaît cependant pour l'antoinisme, celui-ci étant défini comme "secte", ce qui n'est plus le cas du protestantisme. Et on imagine qu'il n'est pas facile de s'avouer membre d'une secte, par peur de conséquence...

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Francis Kinet - Que deviennent-ils ? (1980)

Publié le par antoiniste

Titre :     Que deviennent-ils ?
Auteur :    Francis Kinet
Editions :    Francis Kinet Editeur, 120 pages, 1980

Table des matières :
Avant-propos
Préface
Les révélateurs :
    Les indiens
    Les Egyptiens
    Moïse
    Bouddha
    Jésus
    Antoine
Ils ont des yeux...
Des religions
Des lois
De la mort
Comment on falsifie
Réflexions
Epilogue
Petit lexique

    Comme nous le dit l'avant-propos, ce petit livre nous propose de savoir ce que deviennent les enseignements, tant moraux que spirituels qui furent donnés à l'Humanité, et également, comme on les a souvent falsifiés, en se concentrant pour ce chapitre, sur l'antoinisme.
    On apprend ainsi, ce qui, d'après l'auteur, a dénaturé l'enseignement du Père en s'appuyant sur son Enseignement et en le comparant aux Unitifs publiés après sa désincarnation. C'est donc un livre qui se veut un plaidoyer pour l'antoinisme tel qu'il se pratique en Belgique. Cependant, je dois dire qu'on ne doit pas confondre Enseignement et pratique cultuelle. Et l'Enseignement a toujours été pratiqué de la même façon des deux côtés de la frontière. Ensuite, concernant la pratique cultuelle, du côté belge on dira que le travail de Mère a eu sa raison d'être, alors que du côté français, on dit qu'il a toujours sa raison d'être en quelque sorte. On ne rejoindra donc pas l'auteur sur tout.
    Concernant son point de vue sur l'islam, sans être raciste, je le trouve pourtant par trop eurocentré et généralisateur, ce qui est dommage quand le reste du récit est clairement pacifiste et réunificateur.

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Jean-Marie Leduc & Didier de Plaige - Les Nouveaux Prophètes (1978)

Publié le par antoiniste

Auteurs :     Jean-Marie Leduc & Didier de Plaige
Titre :     Les Nouveaux Prophètes
Editions :     Buchet/Chastel, Paris, 1978, 365 p.

Table des matières :
Introduction (p.7-44)
    A la recherche du dieu perdu
    Dieu et les Dieux
    La tentation matérialiste
Les nouveaux prophètes (p.47-340)
    des Aventistes du 7e jour et Mrs White à Zen
Postface (p.341-342)
    « Ici et Maintenant »
Annexe (p.343-356)
    La « Déprogrammation » professionnelle ou les sommets de l'intolérance
Liste complémentaire (p.357-365)


    Les auteurs sont journalistes : Didier de Plaige à ce qui s'apellait alors Antenne 2, et Jean-Marie Leduc dans la presse musicale et producteur à la télévision. Didier de Plaige est également enseignant de yoga, et on imagine que c'est lui qui apporta la documentation. Cependant c'est peut-être Jean-Marie Leduc, qui par ces références musicales, apporte la petite chose qui fait de se livre quelque chose de différent (on le verra même dans l'antoinisme).
    Tout d'abord, on est en droit de se demander si c'est un livre sur les sectes ? En effet, le titre est Les nouveaux prophètes et les auteurs nous préviennent dans l'introduction : "Pour les sociologues, l'Eglise se distingue par ce qu'elle est « une communauté religieuse se donnant pour but de réunir l'humanité entière sous une seule règle de foi, un groupement comprenant aussi bien des pécheurs que des saints ». Cette définition ne lui seyant plus aujourd'hui, l'Eglise mérite bien désormais l'épithète de sectaire au sens propre comme au sens péjoratif". (p.29-30).
    Ensuite, on lit pour chaque mouvement une description neutre de la doctrine et des pratiques. Mais quand cela s'avère nécessaire, les auteur pointent les dérives sectaires qui ont été ou devraient être punis par la loi ou pour lesquelles le chercheur de voie devraient se méfier.
    Quelques exemples : pour la Méditation transcendantale et Maharishi Mahesh Yogi, on lit : 
    Pratique : « Vingt minutes de méditation matin et soir, à l'aide d'un mantra personnalisé, peuvent éclairer graduellement toutes les régions de l'esprit... La pratique s'effectue sans effort, tranquillement assis et les yeux fermés... » (hormis les yeux fermés, c'est ce que font les Antoinistes dans les temples).
    Le docteur Benson ajoute : « Des recherches et des tests effectués au Thorndike Memorial Laboratory de Harvard ont montré qu'il n'était pas nécessaire d'utiliser la méthode spécifique et le "secret" spécifique (le "son" personnel donné séparément à chaque élève) de la M.T., pour parvenir aux mêmes résultats ». (Question de, n°19, juillet-août 1977)".
    Cependant de nombreux observateurs s'interrogent sur la nécessité de réclamer un prix particulièrement élevé pour les nouveaux programmes de six mois... (environ 15 000 F pour le séminaire de développement des « Siddhis »).

    Concernant Georges Ivanovitch Gurdjieff, les auteurs citent Louis Pauwels (« C'est merveilleux d'avoir connu le démon... ») et Alexandre de Salzmann (« Je suis heureux de partir car je vaix enfin savoir, de l'autre côté, si c'était un Maître ou un démon ».).

    Ainsi, devant ce qui a été considéré comme une secte ou non, on constate deux caractéristiques dans la description : neutralité et pointage des dérives sectaires.
    C'est sur les Enfants de Dieu (The Children of God) et David Brandt Berg qu'on peut constater cette neutralité. Mais on lit aussi les dérives sectaires qui ne sont pas occultées (« Et pour tous, sans juger de l'engagement authentique de nombreux Enfants de Dieu qui cherchent une Nouvelle Compagnie de Jésus, l'idée que David Moïse se fait de ses "Bébés" actuels et futurs, et le climat dans lequel il les plonge, sont trop éloquents »).
    Concernant le Christ de Montfavet et l'Eglise Chrétienne Universelle de Georges Roux, on lit : « Le 21 juin 1968, à la suite de plaintes pour non-assistance à personne en danger et exercice illégal de la médecine, et devant l'attitude des journaux, Georges-Christ s'est volontairement retiré dans sa propriété près d'Avignon... ».
    Le traitement est le même pour tous, ainsi on peut lire, dans le chapitre concernant Moon et l'A.U.C.M. : «S'il est clair que les pouvoirs établis et les appareils politiques sont sur la défensive face à l'AUCM et aux Nouveaux Prophètes, et que la loi française n'a toujours pas prévu les cas de conditionnement psychique et les méthodes de lavage de cerveau, les particuliers touchés personnellement à travers leurs enfants, se sont rapidement organisés. [...] Il s'agit pour l'ADFI de "dénoncer les activités de certaines sectes dont le prétexte religieux ne sert que des finalités peu avouables". Il est à noter que plusieurs groupes de "défenses" contre les sectes émanent précisément de ces groupements politico-religieux qu'il s'agit ici de mettre en lumière, et qui ont trouvé là un excellent moyen de tromper leur monde. (Il convient par conséquent d'examiner avec beaucoup de soin leurs statuts et leurs actions, ainsi que l'identité de leurs responsables avant de s'en remettre à elles...) ». C'était en 1978, travaillant maintenant avec l'Etat, il est certainement clair que le cas ne se présente plus actuellement et l'on peut faire confiance à l'ADFI sans trop de crainte. Mais la mise en garde est valable pour tous. Concernant Moon : « Retenons enfin l'aspect temporel de la croisade de Moon qui, manifestement, ne partage pas l'idée répandue par le Christ pour qui le Royaume n'est pas de ce monde. [...] L'Unification mené par le Father Moon, en particulier dans les pays avancés depuis 1970, a le mérite d'introduire entre le matérialisme capitaliste et marxiste, une nouvelle voie. Mais elle cache mal, ou au contraire trop bien, son ambition temporelle. S'il est clair qu'ils veulent parfaire l'oeuvre commencée par le Christ, Moon et l'AUCM ont, de fait, une ambition puissante, en quête de richesse et de pouvoir. »

    Pour la Soka Gakkaï : « Les faits tendent à prouver que le climat instauré au sein de la S.G. est intolérant, xénophobe (anti-yankee surtout) et militant. [...] La Soka Gakkaï tira parti grâce à des méthodes para-totalitaires et avec une volonté d'hégémonie évidente, de la crise culturelle du Japon moderne. »

    Constatons qu'il aura fallu aux organismes français sur les sectes pas moins d'une dizaine de rapport et une trentaine d'années pour en arrivé au même point que les journalistes (Alain Woodrow en 1977, Jean-Marie Leduc & Didier de Plaige en 1978, Françoise d'Eaubonne en 1982), alors que la bonne méthode était déjà dans ce livre dès 1978 soit bien avant le premier rapport d'Alain Vivien de 1983.

    Venons-en maintenant à « Les Antoinistes et le Père Antoine ».
    Origine : Louis Antoine, né en 1846 près de Liège, en Belgique, accompagne son père et l'un de ses frères à la mine dès l'âge de douze ans. Puis il devient ouvrier métallurgiste. Il témoigne d'une ferveur religieuse exceptionnelle et précoce : quittant furtivement le travail pendant quelques instants, s'isolant dans quelque coin pour mieux prier...
    Après plusieurs séjours en Allemagne et en Pologne, il se fixe à Jemeppe sur Meuse. Il vient alors d'épouser Jeanne-Catherine Collon qui va devenir La Mère. Tous deux dispensent la Bonne Parole et viennent en aide aux pauvres, car ils ont déjà compris le sens de leur vie : « Leur conscience les sollicitait, sans trêve ni merci, d'aller de l'avant dans cette voie. »
    Le Père Antoine professe la religion catholique jusqu'à l'âge de quarante-deux ans, puis il s'applique à la pratique du spiritisme et développe ses qualités morales. Il fonde une première mission christique : Les Vignerons du Seigneur (1).
    C'est en 1906 que commence sa mission de Révélateur, de Prophète : Il crée le Nouveau Spiritisme (2), et obtient d'innombrables guérisons pour ses fidèles. Le Père Antoine est bientôt appelé le Régénérateur de l'Humanité. Ses fidèles introduisent une demande de reconnaissance de leur culte, considérant que le Père n'est en fait rien de moins que l'égal d'Adam, de Moïse et de Jésus.
    Les premiers Temples antoinistes sont déjàs apparus quand, le 25 juin 1912, le Père se désincarne... La Mère quittera ce monde en 1920 (3).

    Pratique et enseignement : Les Antoinistes pratiquent tous les matins l'Opération au nom du Père (sauf le samedi) et le dimanche, l'Enseignement du Père. Les Fêtes principales sont le 25 juin, la Fête du Père, et le 3 novembre, la Fête de la Mère (4).
    L'Enseignement du Père, « c'est l'enseignement du Christ révélé à cette époque par la Foi. Dans cet enseignement, le Père Antoine révèle le but de la vie, la Loi morale, les moyens d'arriver au Bonheur Suprême ; il raisonne l'âme, depuis son origine jusqu'au but qui lui est fixé ; il démontre l'incarnation et sa cause, l'intelligence et les fluides qui donnent la pensée ». Enfin sa révélation nous instruit sur l'histoire d'Adam et sur sa défaillance, sur la façon dont nous pouvons apprécier le rôle de Dieu, sa bonté, son amour.
    Le Culte est ouvert à TOUS : « On vient demander assistance en dehors de toute idée de religion... » L'Enseignement du Père est un modèle de tolérance, incorporant dans sa sagesse et de manière probablement non concertée, des éléments du christianisme et l'essence même du bouddhisme :
    « La moindre souffrance est due à votre intelligence, qui veut toujours plus posséder... On ne souffre pas à cause d'autrui ; nous sommes les seuls auteurs de nos souffrances... Souvenez-vous qu'il vous a été dit : je suis dans le Connais-Toi. »
    Le Père Antoine se réfère en permanence à une vision fluidique du monde et de notre fonctionnement psychique ; non seulement ce vocabulaire n'est pas contraire à nos connaissances scientifiques actuelles, mais il est proche de l'expérience vibratoire psychédélique, qui affirme : on perçoit le monde selon ce que l'on est..., ou encore à la manière de Cat Stevens : « La laideur est dans l'oeil... »

    Message : Voici selon le Père Antoine comment comprendre que le mal n'existe pas :
    « Telle est la pensée, tel est le fluide qui nous entoure. Ce fluide forme autour de nous une atmosphère par laquelle nous recevons toutes les sensations, qui diffère selon les actes que nous accomplissons. Les bonnes pensées l'éthérisent, les mauvaises l'épaississent. L'imagination du mal tente à accomplir de mauvais actes ; mais on ne peut toucher que ceux qui la possèdent également. Plus d'imagination avons-nous, plus voyons-nous le mal dans les autres et autant donne-t-il prise sur nous ; nous sommes autant insupportables que nous ne pouvons supporter les autres. Voilà la raison pour laquelle il y a des victimes... » (5)

    Implantation : Il y a actuellement de par le monde 59 temples antoinistes et 150 salles de lectures (les futurs temples) en France, Belgique, Hollande, Suisse, Italie, Algérie, Congo, Brésil, Guadeloupe, Etats-Unis, Grande-Bretagne, etc... Les Antoinistes sont près de 20 000, dont 2 000 frères et soeurs habillés de noir dans l'exercice de leur fonction.
    Chez les Antoinistes, nous est donné l'exemple d'un culte qui existe depuis trois quarts de siècle, à partir du message révélé en toute humilité par un homme pratiquement illettré : aujourd'hui encore, l'impulsion donnée par la Foi du « Grand Guérisseur de l'Humanité » permet à ses adeptes de faire quotidiennement l'Opération (prière et imposition des mains(6)) pour de nombreux malades.
    Autour des Antoinistes, cependant, gravitent quelques groupes certes moins recommandables...

    Bibliographie :
    L'Enseignement, par Antoine le Guérisseur (1905), Ed. Antoinistes.
    Révélation, par Antoine le Généreux (1910), Ed. Antoinistes.
    Le Couronnement de l'Oeuvre Révélée (1910), Ed. Antoinistes.

    Révélation des dix principes de Dieu par le Père [suivent les dix principes in extenso. Une image du Père est également présente en illustration].

Adresses [suivent les adresses des temples et salles de lectures en France et en Belgique].


(1) Je ne sais pas en quoi il qualifie les Vignerons du Seigneur comme une mission  christique.
(2) Il s'agit du Nouveau Spiritualisme.
(3) La Mère meurt en 1940, autre erreur dont je ne sais pas l'origine.
(4) Les auteurs oublient le 15 août, Fête de sanctification du culte et de la Consécration du Temple de Jemeppe.
(5) Ce texte diffère en quelques points du texte de la Révélation. Les auteurs n'ont-ils lus qu'une brochure ?
(6) Il n'y a pas d'imposition des mains comme chez les Néo-Apostoliques, les Adventistes, les membres d'IVI ou de la Johannische Kirche de Joseph Weißenberg, ni du haut de la tribune, ni dans le cabinet de consultation.

    Didier de Plaige étant enseignant de yoga a réussi à faire ressortir les points communs avec le bouddhisme. Comme le disait Françoise d'Eaubonne, qui cite abondamment ce livre dans son Dossier S comme Secte : « Sans entrer dans les détails, Didier Deplaige, producteur à Antenne 2 et J.-M. Leduc, journaliste et musicien, qui respectent cet insolite mystique, affirment qu'aujourd'hui "autour des Antoinistes gravitent d'autres groupes certes moins recommandables". On peut en effet supposer qu'une secte si fort axée sur la guérison en dehors de la médecine peut s'ouvrir à toutes sortes de charlatans qui abusent de la crédulité et vivent de la pathologie des naïfs » (p.150).

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Henri Constant - Le Christ, le christianisme et la religion de l'avenir - étude philosophique (1905)

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Henri Constant - Le Christ, le christianisme et la religion de l'avenir - étude philosophique (1905)

Auteur :     Henri Constant
Titre :     Le Christ, le christianisme et la religion de l'avenir : étude philosophique
Editeurs :    Schneider frères et Mary (Levallois-Perret), 1905, 685 pages (gallica)

 

Recension :

Henri Constant - Le Christ, le christianisme et la religion de l'avenir - étude philosophique (1905)

    Le Christ, le Christianisme et la Religion de l’Avenir est dû à la plume d’une haute personnalité militaire qui signe Henri Constant. C’est un excellent ouvrage, original par endroits, intéressant toujours. 
    M. Constant fait deux parts dans l’enseignement du Christ : l’une permanente, philosophique et morale, l’autre accidentelle, inspirée par les passions et les besoins du moment. Ces deux enseignements montrent que Jésus fut premièrement un rédempteur pacifique, secondement un conspirateur, un, réformateur agressif. Il réussit, par ce dernier moyen, à entraîner à sa suite une grande multitude d’hommes, de femmes et d’enfants. Mais comme il tenta alors de se faire passer pour le fils de Dieu, la plupart de ses disciples l’abandonnèrent. Il ne put reculer. C’était trop tard. Il fut pris. Les Juifs le condamnèrent comme blasphémateur, et Pilate, comme insurgé. 
    Dans la seconde partie de l’ouvrage M. Constant oppose les divers évangiles, pour en faire ressortir les contradictions, résume rapidement l’histoire du christianisme, en insistant plus particulièrement sur l’une de ses formes, le catholicisme, et cherche à démontrer qu’il n’y a rien de commun entre 
celui-ci et les enseignements du Christ et des apôtres. 
    Dans la troisième, il dit ce que sera – à son point de vue qui est également celui de la plupart des spirites – la Religion de l’avenir et en définit les divers objets Dieu, l’âme, le périsprit, l’évolution, les vies progressives et la prière. 
    Un nombre considérable de notes historiques et critiques doublent son ouvrage. Elles Étayent puissamment ses affirmations et ses déductions, les éclairent et les commentent. Ce sont des blocs de faits dont il accable le catholicisme. 
    Sur bon nombre de points, nous ne sommes pas de son avis. Nous ne les énumérerons pas, mais nous nous permettrons de recommander à M. Constant, la lecture de la Loi de l’Histoire, de la Religion de la Science et de l’esprit pur et de Jésus et l’Ere de la Science par Strada. Ces ouvrages lui fourniront de nouveaux arguments pour la défense de ses idées et modifieront sans nul doute, sa manière de voir sur bien des questions.
    Cette remarque n’enlève rien à la valeur du livre de M. Constant. C’est une œuvre substantielle et d’assainissement moral et religieux. 

Mercure de France, janvier 1900 (T33, N121)

 

Henri Constant - Le Christ, le christianisme et la religion de l'avenir - étude philosophique (1905)

Le Réformiste 1906 (A10,N141)-(A10,N148),
rédigé dans une orthographe réformée proposée par son directeur, M. Jean-S. Barès


    Evoque Louis Antoine à la page 400 :

    Jemeppe-sur-Meuse, un grand village aux environs de Liège (Belgique), possède actuellement (nous sommes au milieu de 1902) un médium guérisseur stupéfiant, M. Antoine. Rien n'est comparable au succès qu'il obtient ; il reçoit chez lui douze cents malades chaque semaine. Le chemin de fer du Nord, les vicinaux, les bateaux à vapeur, les voitures de luxe et autres transportent vers Jemeppe une quantité de gens de toute classe, venant de l'étranger même réclamer ses soins entièrement gratuits... N'en soulagerait-il, n'en guérirait-il que la dixième partie, que sa renommée se justifierait absolument !
    Ah ! qu'une plume autorisée, qu'un écrivain humoristique surtout nous décrive un jour la physionomie de cinq messieurs du parquet liégeois qui, en septembre 1901, se sont assis dans le cabinet où ont passé, à ce jour, plus de cent vingt mille personnes pour assister, pendant deux heures, aux magnétisations (considérées comme illicites) du médium guérisseur Antoine, et qui sont retournés chez eux emportant la conviction qu'il existe des choses que l'on n'enseigne ni dans les académies, ni dans les universités ! C'est bien là la réflexion que ces Messieurs ont dû se faire qu'Antoine était réellement doué d'une faculté que des lois qui se respectent ne peuvent atteindre dans son exercice humanitaire.

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Gérard Dagon - Petites Églises et grandes sectes en France aujourd'hui (1961)

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Auteur :     Gérard Dagon
Titre :     Petites Églises et grandes sectes en France aujourd'hui
Editions :     SCE, Paris, 1961, 127 p.

    Gérard Dagon (né à Strasbourg le 04 avril 1936) effectue des recherches sur les sectes depuis 55 ans. Auteur de nombreux ouvrages épuisés comme «Les sectes en France» ou «Les sectes à visage découvert», il enseigne également dans quatre écoles bibliques.
    Gérard Dagon a été pasteur pendant 25 ans dans l’Eglise Réformée d’Alsace et de Lorraine, pendant 17 ans dans l’Union des Eglises Chrétiennes Evangéliques (ex-Chrischona). Depuis 2001, il poursuit son ministère dans une église baptiste indépendante en Moselle. Il enseigne depuis plus de 30 ans à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs et a été président de la Société évangélique de France. Il préside aussi l'organisation Vigi-sectes depuis sa création en 1998.
    Autant le Père Chéry était le spécialiste des sectes du point de vue catholique, autant le pasteur Dagon en est le spécialiste du côté protestant. Son point de vue est donc intéressant, et c'est en tout cas une des rares personnes à pouvoir s'y retrouver dans le pullulement des dissidences et schismes de la réforme.

    Malheureusement, il n'a pas grand chose à dire sur l'antoinisme, secte qu'il classe parmi les principales en France (savoir celles qui ont fait le plus parler d'elles, ou celles qui sont les plus actives sur notre territoire). Son premier chapitre le concernant est la copie d'"un tract offert aux visiteurs". En effet, concernant les autres "sectes", ils se contentent en général de voir leurs erreurs commises par rapport à la seule Vérité, la Bible et Jésus.
    Explorons ensemble les chapitres : Le fondateur, le Résumé sommaire de la doctrine, le Culte et lieux de culte, enfin la Diffusion.
    Même si l'auteur nous épargne de tout jugement (ce qui est déjà un grand pas dans ce genres d'ouvrages sur les sectes), on trouve quand même des erreurs qui montre la non-neutralité de l'auteur : toujours cette histoire de "longs voyages en Allemagne, en Pologne et en Russie" (cette dernière destination n'est que supposition). On nous dit qu'il "sera ouvrier-métallurgiste en Allemagne et contremaître en Pologne", précisons que c'est là le seul but de ces voyages, y travailler. Un ouvrier comme Louis Antoine n'avait pas le loisir de voyager juste pour voir du pays... Il "épouse en 1873 un Jeanne-Catherine Collin. De ce mariage naîtra un fils anormal qui mourra en 1893". Il 'épouse en 1873 Jeanne-Catherine Collon, et de ce mariage naîtra un fils qui mourra en 1893' me semble plus correcte.
    "Malade de l'estomac, Antoine Louis lit le Livre des Esprits d'Allan Kardec, le grand réformateur français du Spiritisme. Cette lecture le guérit". A ma connaissance le Père n'a jamais vraiment connu de soulagement, hormis par l'adoption du régime végétarien.
    "Antoine Louis a écrit ses révélations en français, en dictant les 'Révélations de l'auréole de la conscience' à ses disciples Madame Desart et F. Deregnaucourt". Si quelqu'un comprend le sens de cette phrase qu'il veuille bien la corriger pour moi... Merci.
    "L'enseignement du Père est résumé dans les Dix principes de Dieu, écrit par le fondateur en vers libres, c'est un enseignement altruiste, moral et très sentimental". Les Dix principes ne résument pas vraiment l'Enseignement. Ils en font partis mais son aussi à part. 'Sentimental' est certainement à comprendre ici dans le sens qu'ils flattent les sentiments, comme cela se fait dans beaucoup de sectes. Cependant, je ne vois pas en quoi, les Dix principes le sont.
    "En 1910, on en [des disciples antoinistes] compte déjà 148.300." Je ne sais pas d'où sort ce chiffre.
    "La femme du fondateur, Mère Antoine, survit à son mari jusqu'au 3 novembre 1941. Elle dirigea la secte de 1910 à 1940." La Mère dirigea le culte jusqu'à sa mort le 3 novembre 1940.
    Concernant le sommaire de la doctrine, on lit que l'"antoinisme est un vaste mélange de spiritisme, d'occultisme, de théosophie, de végétarisme et de christianisme". Admettons. Cependant, l'auteur se contredira en disant pour finir que "ce moralisme mystique parle peu de Jésus-Christ et n'a aucune notion des doctrines fondamentales du péché, de la grâce et de la rédemption". Si ces notions sont fondamentales pour Gérard Dagon, elles ne l'étaient pas pour Louis Antoine. On voit bien que ce livre sur les sectes est écrit d'un point de vue protestant. On lit aussi dans ce chapitre que "Le Père Antoine est une sorte d'incarnation de Dieu sur la terre (c'est l'auteur qui le dit, ce n'est pas l'avis de tous les antoinistes). Les Révélations d'Antoine constituent la seule Vérité (c'est pour ça qu'on lit dans la Révélation que Gérard Dagon n'a pas lu que "Si nous voulons être dans la vérité, croyons toujours que nous n'y sommes pas, c'est ainsi que nous y serons réellement, car j'ai révélé, nous ne la possédons que lorsque nous ne prétendons pas l'avoir.", Le Développement de l'Oeuvre Révélée, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.292). La secte exige la foi à la captation des fluides magnétiques émanant du Père (la secte n'exige rien du tout). Elle enseigne la négation du mal, de la matière, de la mort et de la maladie. La réincarnation bouddhiste joue un grand rôle, ainsi que la foi en Antoine."
    Dans le chapitre Culte et lieux de culte, on apprend que notre emblème est "l'Arbre de la Science et de la Vue du Mal", alors qu'il s'agit de l'Arbre de la Science de la vue du mal. "Les enterrements constituent un culte spécial mais les fêtes chrétiennes n'ont plus aucun sens." (N'en ont-elles jamais eu ?). "Les guérisons ont lieu dans les sacristies, derrière un paravent". (Il semblerait que l'auteur a pris comme source le Père Chéry qui écrivait également l'Arbre de la Science et de la vue du Mal et que les malades désirant la guérison se rendaient à la sacristie ou derrière un paravent.) "On compterait 50.000 guéris par an, dans certains temples !" (Là encore, d'où vient ce chiffre ?).
    "Ceux qui fréquentent les cultes antoinistes sont d'origine catholique ou même musulmane. On y compte quatre fois plus de femmes que d'hommes (encore une fois, sur quoi se base l'auteur pour avancer cette proportion, surtout qu'il dit plus loin qu'il "est impossible de connaître le nombre d'adeptes fréquentant les assemblées antoinistes"...). Les simples ouvriers, mineurs en particulier, aiment cette religion sans faste. Les adeptes, peu sectaires, larges d'esprit, recueillis, silencieux, ne font qu'une propagande discrète".
    "Vingt-trois temples rassemblent ces membres, ainsi qu'une centaine de salles de lecture, embryons de futurs temples, beaux édifices, lieux de culte en pleine activité. Le temple du 10, Impasse Roux à Paris 17e, belle construction qui date de 1955, montre, avec son presbytère, que la secte est loin de mourir, comme l'affirment certains".

    L'auteur aura l'occasion de s'intéresser aux sectes et notamment aux Antoinistes en 1995 et 1997 dans Les sectes à visage découvert (les Antoinistes sont dans le Tome 2).

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Fin de vie d'Auguste Comte

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    Dans ces dernières années, Auguste Comte s'était, on l'a vu, condamné à un régime sévère, que certains croient dicté parle désir de ménage son estomac et de conjurer la vieillesse : un bol de lait le matin, chaud l'hiver, froid l'été, avec soixante grammes de sucre et autant de pain. A six heures de relevée, cent grammes contrôlés de viande et des légumes. Pas de vin, sauf en cas de faiblesse déclarée. Mais d'autres, et ce sont les plus véridiques, assurent qu'il s'imposait ces restrictions pour participer aux privations que subit, sur cette triste planète, la foule innombrable des pauvres. Certains riches, comme les Goncourt, ont troué cela ridicule...

    Bien qu'on le trouvât vieux, il n'avait pas atteint la soixantaine. Il endura près de trois mois sa dernière maladie dont on discute si ce fut une affection du foie ou quelque tumeur maligne. Pour se soigner, comme pour soigner Clotilde, il avait encore prétendu, en raison de ses études de jeunesse et de son omniscience naturelle, suppléer les médecins. Il tomba un soir au pied du fauteuil de Clotilde et ne se releva point du minuscule canapé où l'on avait étendu son petit corps.

    Auguste Comte conclut [son testament] sur cette profession de foi, dont le lecteur jugera si elle n'exprime point, avec un détraquement sublime de l'esprit, une fidélité poignante du coeur, plus forte que la mort :
    " L'ensemble de [mes] espérances me paraît déjà confirmé par un sensible accroissement de l'harmonie sans exemple que mon éternelle compagne établit entre ma vie privée et ma vie publique, également concentrées vers l'Ange méconnu. Mon existence étant ainsi devenue plus semblable à la sienne, je sens diminuer la distance résultée de mon objectivité (cela veut dire : de mon maintien en vie sur la terre), qui seule empêche les âmes vulgaires de voir le double fondateur du positivisme comme le verra la postérité. Notre parfaite identification deviendra la meilleure récompense de tous mes services, peut-être même avant que la bannière universelle vienne solennellement s'incliner sur notre commun cercueil.
    " Terminé le jeudi 11 Bichat 67 (13 décembre 1855). " (Cachet sacerdotale).

André Thérive, Clotilde de Vaux, ou la déesse morte,
Chap. XXIII Où s'en va toute chair, p.265-66, p.270, p.274
Albin Michel, Paris, 1957

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déchristianisation - l'esprit du philosophisme

Publié le par antoiniste

    Les habitans du rivage de la Meuse dans le rayon de plusieurs lieues de Seraing, emportés par les progrès et l'action incessante de l'industrie, sembloient avoir mis au second rang les intérêts de la religion ; les grands sentimens de la foi paraissoient affoiblis au milieu d'eux et l'esprit du philosophisme gagner rapidement dans la classe ouvrière.
    Cependant là comme ailleurs on reconnoit toujours la Belgique, essentiellement catholique et toujours sentant ses sympathies se réveiller à l'aspect de la religion et de ses ministres.

lettre du 25 août 1837
signé
M.-L.-J. COLLARD, curé de Flémalle-Haute,
L.-J. DEFOSSE, curé de Flémalle-Grande,
L.-T.-J. STIENNON, curé de Jemeppe,
P.-H.-J. DELVAUX, chapelain de Mons.

Journal historique et littéraire, Volume 4, p.254
source : Google Books

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