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religion

Histoire de la reconnaissance des cultes en Belgique

Publié le par antoiniste

L’Islam et les musulmans en Belgique - Aspects historiques
    Les migrations de travail de l’après-guerre et les nouvelles migrations1 vont interpeller, de manière directe et indirecte, le mode d’organisation de l’Etat belge par rapport aux cultes. C’est ainsi que le culte orthodoxe fut reconnu en 1985 et l’islam en 1974. Cette reconnaissance n’a pas suscité de nombreux débats. Si la reconnaissance du culte musulman n’a initialement pas soulevé davantage de controverses, il en va tout autrement en ce qui concerne le processus de son institutionnalisation.
    Il faut rappeler que la Belgique s’est très tôt distinguée dans la gestion de l’Islam. La religion islamique s’est vu reconnaître officiellement au même titre que la libre pensée et les religions catholique, protestante, anglicane, orthodoxe et juive. Si cette reconnaissance n’est pas le fruit d’une mobilisation sociale mais bien de rapports interétatiques au centre desquels se trouve l’enjeu de l’approvisionnement pétrolier de la Belgique, c’est que l’immigration musulmane est à l’époque encore très peu nombreuse et très peu structurée sur le plan collectif. La reconnaissance du culte islamique par la loi du 19 juillet 1974 va tarder à produire ses effets à cause de l’extrême difficulté qu’ont éprouvé les musulmans et les autorités belges à faire émerger pour les premiers, à reconnaître pour les seconds, un interlocuteur représentatif.
    Malgré les progrès importants accomplis depuis l’élection d’un Exécutif des musulmans de Belgique en 1998, le dossier de l’institutionnalisation du culte islamique reste à ce jour un chantier inachevé.

Le cadre constitutionnel et législatif : neutralité de l’état et laïcité
    La Belgique développe une approche originale par rapport aux confessions religieuses. Pour comprendre la logique qui préside à ces relations, il importe de se reporter aux règles fondamentales mises en place dès 1830 (articles 19, 20, 21 et 181 de la Constitution). Ces dispositions instituent le principe de la liberté des cultes (art. 19), l’interdiction de contraindre autrui à la pratique d’un culte, et le principe de la séparation de l’Etat et des cultes entendu comme non-immixion dans l’organisation interne de ces derniers (art. 21). Il y a donc neutralité de l’Etat en matière religieuse. L’article 181 dispose cependant que les traitements et pensions des ministres des cultes, ainsi que ceux des délégués des organisations reconnues qui offrent une assistance morale selon une conception philosophique non confessionnelle, sont à la charge de l’Etat. La traduction juridique de ces règles constitutionnelles est régie par un texte de loi d’une grande importance, la loi du 4 mars 1870.
    Par conséquent, le principe de la laïcité en Belgique est subtil car il ne signifie pas une séparation radicale entre l’Etat et les cultes. Ces relations ne sont toutefois pas dénuées d’ambiguïté dans la mesure où la loi du 4 mars 1870, relative au financement des bâtiments et du personnel religieux (i.e. le temporel du culte), prévoit un système de reconnaissance formelle des religions. Cette loi de 1870 donne compétence au Roi, politiquement au gouvernement fédéral et à son Ministre de la Justice, pour octroyer une reconnaissance publique et une subsidiation aux cultes qui en font la demande. A ce jour, six cultes ont reçu cette reconnaissance officielle : Culte catholique (1830), Laïcité organisée (1985), Culte islamique (1974), Culte protestant (1830), Culte israélite (1832), Culte orthodoxe (1985).
    Le 26 août 2005, l'Église syriaque orthodoxe d'Antioche, a introduit une telle demande de reconnaissance. L'Union bouddhique belge a également pris des contacts avec le cabinet de Laurette Onkelinx et une délégation a été reçue pour la première fois le 10 février 2006. L'UBB a introduit le 20 mars 2006 une demande de reconnaissance officielle du bouddhisme, en vertu de la loi du 4 mars 1870 sur le temporel des cultes, comme philosophie non confessionnelle. Le Gouvernement fédéral a entamé le processus de reconnaissance le 30 mars 2007.

source :
www.icampus.ucl.ac.be
http://fr.wikipedia.org/wiki/Religion_en_Belgique

    Les autres religions sont reconnues comme ASBL (Association sans but lucratif) : Les Témoins de Jéhovah (1932), la Scientologie, les Mormons (Église des Saints du Dernier Jour)(1928), la Société Théosophique belge (1924), Antoinisme (1922), Vie et Conscience (1988)...

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H.Ch. Chéry, o.p. - L'offensive des sectes (1954)

Publié le par antoiniste

Titre :        L' offensive des sectes
Auteur :     H.-Ch. Chery.
Séries :     Rencontres, 44
Édition :     1954, 3e éd. revue et augmentée, 1959
nombre de pages : 503 p. et 520 p. pour l'édition augmentée

    Cette troisième édition revue et augmentée de la désormais classique Offensive des Sectes conserve la division primitive de l'ouvrage. Cependant les pages relatives à l'implantation des sectes région par région ont été supprimées. Par contre des fiches nouvelles ont été ajoutées concernant des 'groupements dont quelques-uns ont un caractère occultiste ou syncrétiste, tout en se réclament du christianisme" (p.14). Autre addition : un document nouveau sur Georges de Montfavet, une liste des prétendus "Christs" contemporains, une note sur l'implantation du Pentecôtisme chez les Tziganes, etc. Enfin les statistiques ont été modifiées et une place à part réservée à une étude neuve et fortement documentée sur les petites Eglises catholiques non romaines.
    AU début de cette troisième édition, le Père Chéry s'interroge (p.28-34), comme il le faisait déjà dans les deux premières, sur la typologie de son sujet et donne son adhésion à la classification de Léopold von Wiese et Howard Becker dans leur Systematic Sociology. Malheureusement il n'est plus question de cette division dans le reste de l'ouvrage. Toutes les dissidences nous sont présentées comme sectes, sauf les Eglises catholiques non romaines judicieusement rapportées en appendice dans l'ouvrage actuel. En réponse à certaines critiques déjà faites contre ce procédé, l'auteur insiste sur le caractère pastoral de son travail. Il veut simplement "fournir une documentation sur les dissidences chrétiennes à propos desquelles on peut s'interroger" (p.15). Cette fin est légitime. Mais pourquoi dès lors ne pas intituler ce livre : le non conformisme ou les dissidences religieuses en France ? Il ne resterait plus qu'à classer les différenciations en question suivant une typologie. Le point de vue pastoral lui-même gagnerait à ces clarifications.
    Cette réserve ne doit pas empêcher de reconnaître les qualités de ce bon travail. Le sociologue y trouvera un abondant matériau. S'il y a des rectifications à faire, elles sont de détail. La fiche sur l'Anabaptisme contient ainsi une erreur notable : le mouvement anabaptiste militant ne sort pas de celui, essentiellement pacifique, de Grebel et de Hutter, contrairement à l'affirmation de l'auteur (p.50-51).
    Reste à parler des statistiques. On sait les divergences qui ont opposé les différents auteurs traitant de ces questions pour notre pays. Le Père Chéry a revu ses statistiques précédentes et surtout ses principes de comptabilité. S'agissant de groupements de convertis, il adopte cette fois le nombre des membres baptisés connu officiellement comme seul normatif. Il faut se réjouir de ce progrès dans la méthode. Pour les groupements dont les statistiques ne sont pas communiquées au vulgaire, nécessairement des divergences subsistent suivant les appréciations d'un chacun. Au total, c'est-à-dire en tenant compte de la demi-douzaine de groupements nouveaux étudiés dans réédition et des progrès réalisés par certaines sectes depuis 1951 date de la première enquête du Père Chéry, on arrive à 125.000 dissidents en France. Cela représente une estimation en recul de plus de 25.000 membres sur la première. On voit donc se réduire le fossé séparant les auteurs. Ainsi l'effectif des "sectes protestantes" atteint actuellement d'après le P. C. 89.000 individus au lieu des 120.000 avancés par la précédente édition. Si l'ont tient compte de l'importante augmentation survenue ces dernières années dans les rangs des Témoins de Jéhovah et des Pentecôtistes (peut-être 25.000 en tout entre 1954 et 1959), il semble que les statistiques fournies dans la présente édition puissent être acceptées comme valables. Elles représentent vraisemblablement un maximum mais qui ne semble pas indûment gonflé.
    On le voit, l'ouvrage du Père Chéry est tout recommendable. M. Desroche le qualifiait lors de sa première édition "l'un des travaux les plus intelligents sur la question" ; la mise au point actuelle mérite au moins les mêmes compliments.
Séguy Jean, in Archives des sciences sociales des religions, Année 1960, Volume 9, pp. 176-177
source : persee.fr


    Pour notre part, on ne voit pas qu'à critiquer la typologie, on y trouve concernant l'antoinisme beaucoup d'erreur. Concernant la typologie, d'un côté dans l'introduction on aurait envie de classer l'Antoinisme parmi les Confessions, de l'autre il se retrouvera dans le corps de l'ouvrage parmi les sectes guérisseuses (avec la Christian Science, la "Soeur Gaillard" et les Disciples de Georges "Christ"). En effet, l'auteur signale que dans l'ouvrage, il utilise "le terme "Secte" comme vocable commode et court, mais sans ignorer qu'il recouvre des réalités fort diverses".
    Pour l'auteur (reprenant le travail de Léopold von Wiese et Hovard Becker, également repris par Jean Labbens) qu'est-ce qu'une confession ? :
    "La Confession ne prétend nullement rassembler en elle tous les citoyens d'un même pays, encore moins tous les hommes. Elle accepte qu'il y ait plusieurs vois d'accès auprès de Dieu, plusieurs organes chargés d'assurer la transmission de la grâce et du salut. C'est ainsi que les confessions protestantes évitent généralement d'ouvrir entre elles des controverses, préférant polémiquer contre Rome, justement parce que celle-ci ne renonce point à ses prétentions universalistes. Mais, comme l'Eglise, - et même plus que l'Eglise - la Confession admet l'ordre établi et la culture ambiante dont elle ratifie les normes."

    Régis Dericquebourg reprend le mot de Weber "cult" comme équivalent de "confession".

    La fiche signalétique signale succinctement entre autre la doctrine : mélange de spiritisme, de théosophie, de métempsychose et de christianisme (le Christ étant réduit à un rôle de médium guérisseur), - le tout orienté vers le "soulagement de l'humanité souffrante".
    Puis il parle, dans les culte et pratique, du fait qu'on "impose les mains aux malades, en public en Belgique, en privé en France". Dans la 2e partie on comprend que l'auteur déduit cela par une erreur de jugement : pour lui, les Belges ne guérissent qu'en séance publiques, au cours d'une "Opération générale" ; les Français ne guérissent que par des opérations individuelles en rencontrant le guérisseur dans la sacristie (sic). Erreur car il n'existe pas d'imposition des mains.
    Un rite important est l'enterrement, c'est en effet, le seul rite existant, les baptêmes, communions, mariages n'étant pas "célébrés".

    La deuxième partie, les Principales sectes au travail en France, nous offre un grand chapitre : p.251 à 266.
- Une "Opération" au Pré-Saint-Gervais
- Qui fut "le Père Antoine" ?
- La "doctrine" antoiniste
- Les Antoinistes en France
    Les 5 dernières pages consacrées à la carte géographique de l'Antoinisme en France. Elles nous serons utiles pour montrer l'origine des temples.
    Cette partie commence en déclarant : "Évidemment, on froisserait singulièrement les disciples de Mme Mary Baker-Eddy si on leur disait que la Christian Science est un Antoinisme pour dames distinguées, et l'Antoinisme une Christian Science pour milieu populaire. Et pourtant."
    On suit avec le Père Chéry (truffé d'erreur d'appréciations) une Opération au temple de la rue du Pré-Saint-Gervais (voir dans le thème correspondant).
    L'auteur signale que "presque tous les Antoinistes" sont des anciens catholiques qui n'ont rien trouvé dans les Eglises qui correspondît à ses aspirations. Un frère lui disant que certains fidèles iront vraisemblablement faire brûler un cierge à l'Eglise catholique. Mais les fidèles, continu le frère, viennent de toutes les religions, catholiques, mais même mahométans, etc.
    Suivent trois chapitres prenant leur source dans le livre de Pierre Debouxhtay et surtout un tract de M. l'abbé Desmettre, "Nos quartiers", Lille, 1949 : Un chrétien devant l'Antoinisme ; et le chapitre consacré à l'Antoinisme par M. Maurice Colinon dans son livre d'ensemble Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui (Plon, 1953), pp.112-122. Signalons que Jean Séguy disait à propos d'un autre ouvrage de cet auteur, Guide de la France religieuse et mystique, où il évoque également Louis Antoine que "l'à-peu-près semble avoir présidé à la rédaction de certaines notices." L'auteur s'est aussi inspiré d'un Aperçu sur l'Antoinisme (de 1953) écrit selon l'auteur par le frère Albert Jeannin, desservant du temple du Pré-Saint-Gervais. Selon d'autres sources, le fascicule est de Yves Montreuil. 

    Entre autre erreur, on apprend que le fils des Antoine, qui travaillait comme chef de gare à Jemeppe était "anormal", qu'ensuite Louis Antoine prêchera un "nouveau spiritisme". L'auteur compare sa physionomie à Karl Marx, Jemeppe est rebaptisée Jemeppes, et que le 25 juin est devenu la Pâque des Antoinistes. Pour l'auteur, nous l'avons déjà relevé, les Belges ne guérissent qu'en séance publiques, au cours d'une "Opération générale" ; les Français ne guérissent que par des opérations individuelles en rencontrant le guérisseur dans la sacristie (sic) le tout en imposant les mains (contrairement à ce qu'affirme Paul Lesourd). La Révélation aurait été sténographiée par M. E. Deregnaucourt et Mme Desart. Le frère Florian Deregnaucourt se voit donc ici rebaptiser (un prêtre en à bien le droit dans son ministère, mais dans un ouvrage pour le public) par un E., et il prend le rôle de plus du frère Ferdinand Delcroix.
    On se demande comment ce prêtre qui prétend impossible de résumer clairement les théories de l'antoinisme, s'en tire si bien dans son chapitre sur la "doctrine" antoiniste. Hormis son parti pris péjoratif, on ne découvre qu'une erreur à propos de l'éther où le corps s'évade après plusieurs incarnations, et que l'on peut "capter les messages lancés dans l'éther par un Esprit, quand on a la même longueur d'ondes que lui. Pour l'avoir, il faut magnétiser ses organes, renoncer à son intelligence pour retrouver son instinct primitif, qui est naturellement bon et altruiste, etc.".
    L'Auréole de la Conscience, livre unique pour le Père Chéry, est un indescriptible fatras, et il conseille d'avoir du temps et du courage pour le comprendre.
    Puis il plagie Pierre Debouxhtay (on comprend pourquoi il s'en tire à si bon compte) concluant que la doctrine antoiniste est "un mélange de spiritisme, de théosophie, d'occultisme, mal assimilé, mal digéré, attribué à des "révélations" d'En-Haut [...] aboutissant à une sorte de matérialisme spiritualiste - voilà l'Antoinisme".
    On apprend dans le chapitre suivant l'organisation des Antoinistes en France qu'on s'occupait de faire des traductions en quelques langues étrangères. Peut-être cela a été abandonné, ou cela est encore en court, cependant on ne trouve nul part de traduction des oeuvres de Louis Antoine.
    Les dons anonymes (ou le travail non rémunéré des adeptes) ont permis la construction des temples, par exemple celui d'Evreux en 1948 (5.500.000), celui de Rouen en 1950 (3.900.000), celui de Bernay (un peu plus de 4 millions), etc.
    Suit la carte géographique de l'Antoinisme en France qui nous servira pour recouper les informations de 1934 de Pierre Debouxhtay.

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Françoise d'Eaubonne - Dossier S comme sectes (1982)

Publié le par antoiniste

Auteur      Eaubonne, Françoise d’ (1920-2005)
Titre         Dossier S comme sectes [Texte imprimé]  / Françoise d’Eaubonne
Publication     Paris : A. Moreau, 1982
Description mat.     313 p. ; 22 cm
Collection     Collection Confrontations
ISBN         2-85209-002-3 (Br.)  : 79 F
Note générale     Bibliogr. p. 307-308
    La couv. porte en plus : "voyage chez les marchands d’absolu et d’alternatives, gourous et gouroufiés"
Mat-Collectivité
    Association internationale pour la conscience de Krishna
    Association pour l’unification du christianisme mondial
    Mission de la Lumière divine
Mat-Nom commun     Sectes -- 20e siècle
        Antoinisme
        Ecoovie (Mouvement)
        Enfants de Dieu (Mouvement)
        Longo Maï (Mouvement)
        Pentecôtistes
        Rose-croix
        Scientologie
        Sectes
        Témoins de Jéhovah
        Trois Saints Coeurs (Mouvement)

source : opac.prov-liege.be

    L'auteure semble honnête et elle l'est dans la plupart des cas. Chose rare, elle alla même enquêter sur le terrain pour diverses sectes, comme les Témoins de Jéhovah.
    Cependant elle tombe, pour l'antoinisme, dans le même travers que beaucoup d'autres qui se contente de promesse sur la 4e de couverture. Ainsi, on ne sait pas quelles sont ses sources pour la secte belge, mais les erreurs sont légions.

    4e de couverture : Après le lointain massacre de la Guyana, la cascade de procès intentés à l'Eglise de Scientologie, les scandales Moon, la mort du fils de l'écrivain Roger Ikor, le public s'est passionné et inquiété.
    Le phénomène "secte", en passe de devenir un véritable fléau social, nécessite d'autant plus une enquête approfondie que beaucoup de celles-ci ne disent pas leur nom et se cachent derrière l'apparence de communautés et de coopératives, profitant du légitime besoin d'"alternative" des jeunes pour les mystifier et les exploiter. Quand Dieu ne fait plus recette, on recourt à la vie associative et à l'écologie.
    Que ce soit la prostitution institutionnalisée des "Enfants de Dieu", la mystique de pacotille des "Hare Krishna" au prétendu orientalisme, les captations d'énormes capitaux par Moon, le néo-nazisme de la "Nouvelle Acropole" ou les électromères science-fiction des Scientologues, que ce soit la famine et la danse à la plaine lune d'Ecoovie, l'exploitation sexuelle des femmes et du travail des fugitives du Nicaragua par telle secte "guyanesque" de Provence, chacun de ses groupes est ici étudié dans son histoire, son idéologie, ses avatars, sa finance et souvent ses morts suspectes. Religieux ou non, il range sous le joug les plus divers de la grande déception gauchiste.
    Françoise d'Eaubonne fait preuve dans ce compte rendu des qualités d'analyse et de dénonciation, d'humour et d'érudition qu'on lui connaît depuis "Le féminisme, histoire et actualité" aux mêmes éditions.

    Citations générales (p.162) : Mystifiés par des gourous : voilà leur trait commun. Mais la définition est plus importante que le nom. Continuons donc à placer sous celui, désuet à notre sens, de "secte" ces groupuscules qui se caractérisent par une vie communautaire fermé, rompant les ponts entre l'adepte et tout son passé, prétendant plus ou moins à l'autarcie et se signalant par le fanatisme commun pour une idée centrale, de moins en moins religieuse - en générale un aspiration "à la mode", écologique, alternative, voire parapsychologique, néo-fasciste, ou néo-révolutionnaire émise par un gourou (qui ne dit pas son nom) et régenté par une chefferie (groupée autour de lui et, en général, s'enrichissant du travail et des dons communs.)
    Cette définition a l'avantage de réunir tous les traits qui prédisposent un groupe à devenir mystificateur, dangereux et antisocial. Cependant, nous verrons par la suite que des sectes authentiques n'y correspondent pas dans la mesure où elles se contentent de diffuser un "enseignement" (infaillblement : une idéologie, religieuse ou non, à dormir debout) sans exiger une vie communautaire rompant les liens avec l'extérieur. Ce sont, en général, les plus vieilles sectes, et les moins néfastes car moins susceptibles d'attenter à la liberté individuelle.
    L'auteure précise sa pensée à la page 243 : Les sectes déjà anciennes comme les Antoinistes, les Rose-Croix, etc., ne montrent pas ce type d'avidité. Peut-être parce qu'elles sont en perte de vitesse ?
    Remarque injustifiée car se sentant en perte de vitesse, une vraie secte, comme l'explique Jean-Yves Roy dans Le Syndrome du Berger, s'enferme dans sa croyance de détenir la vérité et va jusqu'au bout de ses moyens, même si c'est la mort qui garantira la solution et de sauver la face.

    A la page 201, l'auteure se demande si le régime giscardien était-il si favorable aux sectes, et pour quelles raisons ? En retour, on se demander si le rapport n'était pas une réponde expéditive au laxisme des gouvernements précédents ? En effet, le rapport ne sort qu'après le double mandant de Mitterand alors qu'un rapport avait déjà été réalisé sur cette question en 1983 par Alain Vivien (qui commence son travail en 1978, donc sous Giscard d'Estaing, travail qui sera interrompu par la dissolution de l’Assemblée Nationale de 1981), à la demande du premier ministre Mauroy durant lequel la France voit l'abolition de la peine de mort, l'autorisation des radios locales privées, la loi d'amnistie, qui inclut les délits homosexuels, la régularisation des immigrés sans papiers qui exercent un travail et peuvent le prouver, la création de l'impôt sur les grandes fortunes, la loi-cadre Defferre sur la décentralisation, le passage de la majorité sexuelle à 15 ans pour tous, homos et hétéros, le durcissement du contrôle des changes, la loi Roudy sur l'égalité salariale entre hommes et femmes dans les entreprises...
    Alain Vivien reviendra plus tard semble-t-il sur l'idée de légiférer contre les sectes comme en témoigne cet extrait d’interview publiée dans le Figaro le 29 avril 1992 : « Il ne faut pas créer de législation particulière au risque de faire apparaître les sectes pour des martyrs. L'arsenal dont nous disposons est tout à fait suffisant, il suffit de l'appliquer ! ». (source : wikipedia).

    Françoise d'Eaubonne donne, elle, comme moyen d'action contre les sectes, un peu les mêmes que Alain Woodrow à savoir :
- application des lois existantes (p.282);
- information (j'ajouterai information des faits avérés allant contre les lois existantes)(p.278), sinon "après avoir voulu protéger l'individu contre les sectes, il serait déplorable de livrer toute association d'individus marginalisés à l'Etat" (p.282)(c'est ce que font actuellement les rapports ministériels);
- un changement de société proposant une alternative, notamment de la société d'abondance actuelle (pp.283 & 272).
    Bref, on voit que le gouvernement de droite de Chirac n'a pas suivi l'avis de la journaliste, et ne s'est pas donner la peine de consulter des chercheurs sur la question, mais se basent sur des informations fournies par les Renseignements généraux et par des associations spécialisées, telles l'UNADFI. Le premier rapport officiel datant de 1995 a établi une liste de sectes, désormais considérée comme caduque par le rapport de 2003, nous renseigne Wikipedia (cf. http://www.prevensectes.com/mivi3.pdf). Ce dernier parle des dérives sectaires concernant les atteintes à la santé, en remontant aux années précédentes, mais on n'y lit aucune condamnation contre l'antoinisme.
    Le problème est en fait que le rapport avec la liste reste diffusé sur internet. Et on ne lit plus rien dans les précédents et suivants rapports sur l'antoinisme, même par une atténuation du rapport caduque, comme pour les Témoins de Jéhovah, qui refusent la transfusion sanguine, mais dont il est dit qu'ils restent un mouvement qui " ne peut être assimilé à une secte absolue, mais dont certains aspects du comportement sont inacceptables dans la mesure où ils remettent en cause des droits fondamentaux de la personne humaine " (source : http://www.prevensectes.com/rev0202.htm#21a) ou la Science Chrétienne, qui pour la sociologue Anne-Cécile Bégot, est proche de la secte, pointant la « rupture avec le monde environnant (...) [et la] reconnaissance et soumission à une autorité », bien qu'elle considère qu’il faille nuancer ces éléments en France car le mouvement a dû s'accommoder de la laïcité environnante. En définitive, elle estime que le groupe tendrait « vers un type d'organisation religieuse intermédiaire entre la secte et l'Église : la dénomination ». Elle considère également que le mouvement est peu prosélyte en privilégiant « la qualité de ses recrues plutôt que la quantité ». (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Science_chr%C3%A9tienne#Point_de_vue_sociologique)
   Il n'y a que le rapport belge qui dénonce : "L'établissement d'un répertoire des mouvements sectaires (cf. le rapport de la commission d’enquête française) lui [M.Nefontaine] paraît dangereux, parce que cela donnerait également une mauvaise image d’organisations tout à fait honorables (par exemple l’Ecole de la Rose-Croix d’or, l’antoinisme, les Hommes d’affaires du plein évangile)" (source : http://www.ciaosn.be/49K0313007.pdf).

    Maintenant voyons le chapitre que consacre l'auteure au mouvement religieux qui nous intéresse. Il fait partie de la Deuxième partie, sur les Petites déviations ou les Bourgeonnements du délire, avec les Pentecôtistes, les Trois Sains Coeurs (ou Les adeptes de Jason), la Mission de la lumière divine, les Rose-Croix (ou L'ésotérisme séculaire) et les Témoins de Lucifer (ou L'humour noir ?).
    Le chapitre 5 sur l'antoinisme ou la foi du guérisseur comporte pas plus de 3 pages (pp.149-151), et on s'étonne de trouver autant d'erreurs en si peu de pages. Nous consacrerons donc une petite note pour chaque phrase qui appelle un commentaire.

    Trois adresses à Paris ; vingt-cinq en provinces ; trente-deux en Belgique ; n'est-ce pas beaucoup pour une secte de vingt mille membres ? (1)
    Le fondateur, né en 1846, est un pauvre mineur, puis ouvrier métallurgiste qui n'a de remarquable, outre sa beauté physique, qu'un extraordinaire piété. Comme il est de culte catholique, ses parents pensent l'envoyer au séminaire. Mais il préfère se marier (2) ; il épouse Jeanne-Catherine Collon après avoir voyagé en Allemagne et en Pologne où il a peut-être rencontré des initiés. Le spiritisme le passionne après la quarantaine ; il sera l'auteur d'un greffon étrange du spiritisme sur le catholicisme, et fondera ainsi "Le Nouveau Spiritisme" en 1906 (3).
    Sa réputation de guérisseur s'étend si rapidement qu'on fait bientôt de lui "l'égal d'Adam, de Moïse et de Jésus". Il est le Père, et son épouse la Mère. Il mourra en 1912, et Jeanne-Catherine huit ans plus tard (4).
    Une célèbre photo du culte antoiniste le représente, majestueux, impressionnant. Déjà âgé, il rayonne, barbe fleuve et cheveux torrentiels. Leur blancheur contraste avec le noir profond du regard. Le nez est droit comme une colonne grecque. Il élève la main d'un geste emphatique. "Le Régénérateur de l'Humanité" sait tirer parti de son apparence (5).
    Ses fidèles le fêteront le 25 juin, et sa femme aura le 3 novembre. On récite des prières et on chante en leur honneur dans tous les temples antoinistes français et belges (6).
    L'enseignement de cet apôtre de l'imposition des mains (7) est surtout contenu dans une dizaine de petits poèmes libres qui s'intitulent "principes". Ses disciples les diffusent ; ils tiennent des réunions et des conférences auxquelles tous sont conviés par prospectus (8) car le culte est ouvert à tout venant. Là on recommence à prier et on tente de guérir, les mains posées sur le mal. Les guérisseurs sont vêtus de noir (9).
    Les "principes" montrent une tolérance fort estimable ; on ne doit pas prêcher, on doit respecter toutes les croyances, et aussi l'incroyance ; faire la charité n'est jamais que la faire à soi-même ; toute souffrance est due au besoin de posséder ; imposer le respect aux autres est agir selon l'intelligence, mais contre la conscience. Âme profondément charitable, Antoine niait l'existence du mal ; il avait une conception "fluidique" du monde et du fonctionnement de notre mental qui correspondait à cette époque spiritiste où tout l'inconnu était placé sous le nom fourre-tout de "fluide". Et c'est bien un fluide lumineux qui semble émaner de lui, sur la photo du culte antoiniste.
    Sans entrer dans les détails, Didier Deplaige, producteur à Antenne 2 et J.-M. Leduc, journaliste et musicien, qui respectent cet insolite mystique, affirment qu'aujourd'hui "autour des Antoinistes gravitent d'autres groupes certes moins recommandables". On peut en effet supposer qu'une secte si fort axée sur la guérison en dehors de la médecine peut s'ouvrir à toutes sortes de charlatans qui abusent de la crédulité et vivent de la pathologie des naïfs (10).
    Tel est en effet l'écueil réservé à tout ce qui, sous forme de secte, voit le jour ; y compris à celles animées des meilleures intentions. Alors que les Partis et les Eglises ont donné l'exemple d'une telle détérioration de la foi ou de l'idéologie qui leur a donné naissance, en dépit d'un si grand nombre de personnes à surveiller leur évolution et à leur rafraîchir la mémoire, comment voudrait-on que des minorités fragiles et circonscrites par un milieu global indifférent ou hostile puissent maintenir, au-delà de leurs premiers fondateurs, l'excellence de leurs objectifs ? (11)
    De nombreux exemples peuvent être produits à l'appui de cette remarque. L'antoinisme ne fait pas exception. Après l'apostolat d'un illettré qui semble avoir montré toute sa vie une vertu naïve mais solide et sincère, ce serait "miraculeux" (12) si ceux qui se réclament du "nouveau spiritisme" avaient été capables de se montrer aussi honnêtes qui lui, aussi dévoués à "régénérer l'humanité", surtout dans un domaine où abondent les marchands d'élixir et d'orviétan de toute sorte.


(1) C'est d'autant beaucoup de temples quand on en compte plus qu'il n'y en a : en Belgique il n'y a jamais eu plus de 31 temples. Par contre, en 1982, il y avait 28 temples en France. On ne sait pas quelle est la source de l'auteur pour donner le chiffre de 20.000 membres.
(2) C'est la première fois que je lis cette histoire de séminaire. En tout les cas, il a 27 ans, c'est déjà un homme quand il se mari, et n'a donc pas à demander l'autorisation de ses parents pour cela. Il se mari d'autant plus que Catherine Collon est alors enceinte.
(3) En 1906, c'est le Nouveau Spiritualisme qu'il fonde, et non le Nouveau Spiritisme. Il s'en était séparé officiellement en 1905.
(4) Ce n'est pas 8 ans, mais bien 28 ans plus tard.
(5) L'auteure insiste sur la beauté de Louis Antoine. C'est une femme. Jules Bois, cependant (certes c'est un homme) en fera un autre portrait : "C'est un microcéphale, les cheveux coupés très ras, une barbe de l'avant-veille, et je ne sais quelle teinte grisâtre sur tout sa personne, provenant sans doute de l'âge, qui a décoloré ses cheveux et ses regards, de cette fumée aussi qui remplit tout Jemeppe, habille les êtres et les choses. Il parle avec une certaine difficulté, soit que le français ne lui serve pas de langage habituel, soit que sa nervosité, toujours en éveil, donne un tremblement à ses paroles."
(6) On ne récite pas de prières et on ne chante pas dans les temples antoinistes où le silence est de rigueur, sauf pour le lecteur. L'auteure n'a donc pas pris la peine d'aller dans un temple pour vérifier ses sources, alors qu'elle le fit pour d'autres sectes bien plus dangereuses.
(7) Louis Antoine n'imposera plus les mains à partir de 1901.
(8) Je n'ai jamais eu connaissance de prospectus. Mais admettons.
(9) Il n'est pas nécessaire de prier, mais on peut le faire. Ensuite on ne tente pas de guérir dans les salles de lectures, mais uniquement dans les temples où les adeptes assistent à l'Opération Générale pour obtenir selon sa foi. De plus, on ne pose pas les mains sur le mal, ni dans les temples ni dans les cabinets de consultation, ni dans les salles de lecture. Pour finir, il faut porter le costume pour être guérisseur, mais ce n'est pas parce qu'on est guérisseur qu'on porte le costume. C'est donc par un flot d'erreur que l'auteur fini son plaidoyer contre le culte pour ensuite pendre presque la défense de Louis Antoine.
(10) C'est encore cependant mal connaître le fonctionnement du mouvement : tous dons revient au centre, Paris pour la France, Jemeppe pour la Belgique. Un charlatan ne pourrait donc pas vivre de la pathologie des naïfs, car il ne peut rien en garder pour lui. De plus, en cas de manquement au pratique du culte (qui ne va pas sur le terrain de la science, rappelons-le), l'exclusion est possible.
(11) Je trouve justement que l'Antoinisme a très bien réussi à se maintenant dans la même foi, le même amour et le même désintéressement. Même si bien sûr, il n'est pas exclu que certains adeptes aient agi contre la loi. Comme le dit le Père, les lois humaines sont alors là pour servir pour punir le contrevenant, mais pas pour autant tout le groupe.
(12) Pour les adeptes du "nouveau spiritisme", je ne sais pas, mais pour les adeptes du "nouveau spiritualisme", je témoigne encore une fois, de leur bonne foi. C'est d'ailleur la raison pour laquelle le groupe ne va pas sur le terrain de la science, et laisse le libre-arbitre à chacun de se soigner selon leur foi, en ayant recourt au médecin, au culte, ou au deux. Signalons d'ailleurs que pour l'antoinisme, il n'y a pas de miracle, il n'y a que la foi et la conscience qui compte.

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Michèle Mat-Hasquin - Les sectes contemporaines (1983)

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Auteur      Mat-Hasquin, Michèle
Titre         Les sectes contemporaines
Édition     2e éd. rev. et augm
Publication     Bruxelles : Ed. de l'Université de Bruxelles, 1983
Description mat.     119 p. ; 24 cm
Collection     Laïcité. Série "Documents" ; 1
ISBN         2-8004-0806-5
Note générale     Bibliogr. p. 114-115. Indexographique
    Index
Mat-Collectivité     Association pour l'unification du christianisme mondial
Mat-Nom commun     Antoinisme
        Sectes -- Belgique -- 20e siècle
        Sectes -- Occident -- 20e siècle

source : opac.prov-liege.be

    Il s'agit ici d'une thèse, et non d'un ouvrage à sensation d'un journaliste (même si on doit avouer sur les ouvrages d'Alain Woodrow et Françoise d'Eaubonne n'étaient pas si mauvais). Cet ouvrage sur les sectes est édité par les Editions de l'Université de Bruxelles, et fait partie de la collection Laïcité, éditée par le Centre d'Action Laïque qui comprend quatre séries : Recherches, Pédagogie, Documents, Manuels de morale. L'ouvrage est dans la série Documents.
    Nous voilà donc endin devant un ouvrage général sur les sectes (et évoquant l'antoinisme) qui ne soient pas un brûlot anti-secte, mais une étude du phénomène qui prend soin de comparer aussi ces mouvements religieux avec les Eglises établies.
    "Ni historique, ni catalogue exhaustif, cette étude tentera de mettre en évidence des structures dogmatiques et des mécanismes institutionnels, des fonctions et des formes essentielles du phénomène sectaire à partir d'exemples choisis parmi les groupes actifs aujourd'hui en Belgique et en France" (p.15). On peut dit que c'est un pari réussi.
    On comprend donc finalement que l'auteure n'a pas grand chose à dire à propos de l'antoinisme. Relevons les occurences :
- "Lieu commun dans l'histoire des religions, l'origine divine du message est souvent attesté dans le corpus doctrinal des sectes. Le nouvel Evangile de la secte des Trois Saints Coeurs rassemble les messages dactylographiés par le pape Jean, alias Roger Melchior, sous la dictée de Dieu le Père. Louis Antoine, prophète de l'Antoinisme, et Ellen White, qui a organisé le mouvement des Adventistes du Septième Jour, bénéficièrent de révélations divines" (p.22).
- "Même discrédit jeté sur la matière dans les textes doctrinaux de l'Antoinisme, assez diffus eux aussi mais tout aussi catégoriques que les écrits de la Christian Science. "La matière n'est que de l'imagination de l'esprit, lit-on dans le Développement de l'Enseignement du Père (s.l.n.d., p.109), l'obstacle qu'on doit surmonter pour arriver au vrai bonheur". Le mal, la souffrance, la mort n'ont donc pas d'existence réelle. Ils sont l'effet de notre appréciation des choses, de l'incompatibilité radicale entre la conscience et l'intelligence qui ne nous rend compte que des effets, sans nous éclairer en rien sur les causes, puisqu'elle perçoit par l'intermédiaire de la matière. Quand aux plaies du corps, "vêtement de l'âme", elles sont toujours la cause des plaies de l'âme, de ses imperfections (voir infra, pp.99-100)" (p.31-32). [les pages 99-100 citent quatre des Dix principes (le 6e, le 7e, 8e, et le 10e) et un extrait du Développement, pp.364-367].
- "De la canonisation à la divinisation, il n'y a qu'un pas et les marques de respect dont les dévots entourent la personne du leader charismatique ou son souvenir montrent qu'il est souvent franchi. Les Antoinistes et les Amis de l'Homme vénèrent avec dévotion la mémoire de leurs prophètes, Louis Antoine, le "Père", et Lydie Sartre, la "chère maman". Dans le temple de Boston, un sanctuaire, éclairé par l'étoile de Bethléem, est réservé à Mary Baker-Eddy." (p.75).

    Comme nous le disions, l'auteure inclue une critique de phénomène sectaire dans les Eglises établies. On peut lire notamment : "Il procède, comme le remarquait Jacques Ellul à propos de Harvey Cox, un des théologiens de la sécularisation, de cette assimilation entre christianisme et religion que nous avons évoqué, de la 'certitude implicite que le christianisme étant la meilleure religion, tout renouveau religieux doit forcément aboutir à un renouveau chrétien', qu''il vaut mieux un homme religieux qu'irreligieux : sa demande religieuse prépare à la foi au Christ'." (p.73). C'est un phénomène sectaire que ne connaît pas l'antoinisme qui demande de "[respecter] toute croyance & celui qui n'en a pas". La conclusion de l'ouvrage abouti à ce constat : "Légalement, la ligne de démarcation est difficile à tracer entre conversion et lavage de cerveau". Et comprenant qu'il n'est pas aisé à l'homme "d'assumer sa difficile condition dans cette société-ci", Michèle Mat-Hasquin en arrive à la conclusion que "ce n'est point par perversion que l'homme s'est fabriqué de nouveau cette gangue mythique et cette topographie sacrée. Ce n'est point par stupidité mais par l'impossibilité de vivre dans cette tension, dans ces affrontements." Et si l'on veut que cette 'gangue mythique' disparaissent, il faut, citant Jacques Ellul que "l'on apporte une réponse qui soit satisfaisante et qui en même temps éclaire. Réponse et raison de vivre qui doivent être conjugués. (p.94-95). Cela était vu et étudié par Jean-Yves Roy dans le Syndrôme du berger.

    Donc comme je le disais, l'auteure n'a pas grand chose à dire ou à critiquer à propos de l'antoinisme : le terme apparaît ) propos de l'origine divine de la Révélation (ce qui vaut pour la plupart des religions), sur les textes diffus condamnant la matière (ce qui est un point de la doctrine qui est "à prendre ou a laisser", comme le caractère divin de Jésus, Dieu s'étant fait chair ou le caractère tout aussi diffus de la Trinité), et enfin la vénération ou dévotions des adeptes envers le Père (encore une fois ce qui vaut pour le christianisme et Jésus ou l'islam et Mahomet, et le bouddhisme et Bouddha, etc., etc., etc.).

    Cependant quelque chose me gène quand même dans cette étude. On dirait que l'auteure semble prendre comme un fait établi que l'Antoinisme est une secte. En effet, les Textes en fin cite la Révélation comme des textes de l'A.U.C.M., des Enfants de Dieu, de la Mission de la lumière divine, ou des Trois Saints Coeurs. Mais pas d'extraits là de la Bible (même si on en trouve dans le corps de l'ouvrage). Le but de l'auteure, comme le prouve sa conclusion, est de comparer les Eglises établies avec les sectes. Et l'antoinisme, pour l'auteure, fait partie des sectes. Mais on ne sait pas quel moyen l'auteure est arrivé à cette conclusion, hormis le fait de suivre l'avis de H.-Ch. Chéry ou Maurice Colinon dont les compétences en ce domaine ne sont pas des plus fondées. 

    L'auteure semble donc de parti-pris, et l'antoinisme se retrouve étudié à côté de mouvements religieux dont le caractère sectaire ne fait aucun doute. C'est donc de la diffamation. On lit en effet l'expression "les textes doctrinaux de l'Antoinisme", l'expression mal choisie, car connaissant l'antoinisme, on sait que le Père dit qu'il faut en comprendre en en appliquer ce qu'on veut selon son degré de compréhension. Ensuite, parlant de la contestation de la doctrine (p.76) comme étant interdite dans la secte ou l'Eglise, on sait que le cas ne se présente pas dans l'antoinisme, puisque des temples suivent le travail moral de Mère, alors que d'autres l'on contestés et ont décidés de retirer les photos. Finalement, l'auteure ne critique même pas le fait que l'antoinisme pratique la guérison spirituelle, car elle n'a aucun procès sur lequel s'appuyer pour le condamner.
    On peut donc finalement se demander pourquoi l'antoinisme figure dans cette étude, hormis le fait qu'il soit, par parti-pris, considérer comme une secte, sans en avoir les traits caractéristiques. Et il est dommage que cela n'ait pas été spécifié, car c'est ce qu'on aurait pu attendre de ce genre d'ouvrage.

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Maurice Colinon - Guide de la France religieuse et mystique (1969)

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Titre        Guide de la France religieuse et mystique
Auteur        Maurice Colinon
Éditeur        Tchou (Centurion), 1969
Longueur    769 pages

    Evoque l'antoinisme brièvement.

    L'ouvrage pose, d'abord, un certain nombre de problèmes quant à sa description bibliographique. La couverture proclame les éditions du Centurion comme éditeur. A l'intérieur, au dos du faux-titre, la maison Tchou est associée au Centurion. De plus, on nous indique, ici encore, que "ce guide a été réalisé à l'initiative de François Caradec". Qu'est-ce qui distingue un auteur d'un initiateur ? Surtout lorsque l'auteur de la couverture confesse, toujours au dos du faux-titre : "qu'il tient à exprimer sa particulière gratitude à M. l'abbé Paulet, ... qui a bien voulu mettre à sa disposition une irremplaçable documentation, sans laquelle ce livre n'eût pas été possible"? Quelle a donc été la part de M. Colinon ?
    L'ouvrage prend un partie générale et un dictionnaire alphabétique des lieux retenus comme particulièrement intéressants et significatifs. Les pèlerinages reçoivent la part du lion. Leurs légendes sont rapportées abondamment, avec une note bibliographique de ci de là. On a du mal à formuler un jugement sur un ouvrage de cette taille, tant il y faudrait de compétences diverses. Pour nous en tenir à ce que nous connaissons, signalons l'importance donnée aux sectes, confessions et religions non-catholiques ou non-chrétiennes. Mais l'à-peu-près semble avoir présidé à la rédaction de certaines notices. Ainsi celle sur les baptistes (p.82-83), où l'on relève au moins quatre erreurs, dont l'une statistique : il n'y a pas - et de loin - 20.000 baptistes en France ! Les dix-sept lignes consacrées aux mennonites (p.89) contiennent dix erreurs ou approximations, dont l'une statistique : il n'y a pas 10.000 mennonites en France, mais quelques 2.000 baptisés (Arch., 29, n°243) représentant une population ethnique d'au plus 5.000 personnes. Les pentecôtistes, par contre, sont probablement beaucoup plus de 10.000, en dépit de l'affirmation les concernant ici (p.94). On nous assure (p.95) que les quakers ont "supprimé... le culte" ; ce qui contredit ce qui affirmé plus bas concernant leurs réunions.
    On a des surprises du même genre dans la partie alphabétique. Ainsi à l'article Cahors (p.218-220), où Jean XXII, présenté en parallèle avec Jean XXIII, semble n'exister que par ce dernier ("Jean Vingt-Trois-Moins-Un, pape" !). On oublie de nous dire que ce pape du XIVe siècle entretenait des opinions peu orthodoxes sur la vision béatifique. De même on nous signale d'Alain de Solminihac que son "heureuse influence a été comparée à celle de saint Charles Borromée". Sans doute veut-on par là suggérer que le premier avait fait du second son modèle. Enfin on n'a quasi rien dit sur Cahors "religieux et mystique" lorsqu'on a évoqué Jean XXII, Solminihac et une liste d'évêques des premiers siècles sur lesquels on ne sait pas grand-chose. Carcassonne, il est vrai, se trouve encore plus mal traîté, puisque de cette ville même il n'est pratiquement pas question dans l'article sub verbo (p.224). Sans parler du caractère anecdotique pouvant être sujet à caution, comme dans l'article Montbéliard (p.459) où l'on détecte "une colonie mennonite, la plus importante d'Europe occidentale". C'est beaucoup dire pour une Assemblée de 300 membres au maximum. Amsterdam en compte beaucoup plus ! L'A. aurait dû s'en douter, qui fait venir de Hollande les mennonites français, en réalité bernois d'origine. De même aurait-on pu s'éviter de contredire ici ce qui est dit p.89 au sujet des ministères dans les communautés mennonites, sans jamais, d'ailleurs, être exact !
    Dernière caractéristique : l'ouvrage est écrit d'un point de vue catholique. Ceci nous vaut une carte des "apparitions de la Vierge en France" (p.32), qui pourrait être intéressante. Mais en lisant le texte de la page précédente on s'aperçoit qu'il s'agit en fait d'une carte des "vingt-cinq apparitions de la Vierge en France" qui "selon les spécialistes... méritent une attention particulière". Donc même pas une représentation de toutes les apparitions tenues pour orthodoxes par l'Eglise catholique et ayant suscité un culte public ! Enfin, l'historien même catholique ressentira éventuellement une certaine gêne devant des affirmations de ce genre : "Le culte de la Vierge Marie date  des premières années du christianisme. Les Pères de l'Eglise pensent que les apôtres, qui allaient souvent prendre conseil auprès d'elle de son vivant, entourèrent de dévotion son souvenir, à défaut de ses restes charnels (puisqu'on sait qu'il est admis que Marie fut ravie au Ciel, au jour de son Assomption)" (p.68). Admis par qui ? Par les Pères de l'Eglise ? Les historiens ? Les uns et les autres ? Ou ni les uns ni les autres ? Ou encore certains parmi les uns et personne parmi les autres ?
              J.S.

Jean Séguy, in Archives des sciences sociales des religions, 1970, Volume 29, pp. 199-200
source : persee.fr

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Les Œuvres libres, Volume 70 (1964)

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Les Oeuvres libres, Volume 70 (1964)

Auteur : Eugène Gascoin
Titre : Au seuil de la vie secrète
in Les Œuvres libres, Volume 70
Publié en 1964

    Évoque l'antoinisme aux pages 279 à 285. Le texte est repris du livre Les religions inconnues (de 1928).

source : Google Books

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Jean-Pierre Bayard - Les sociétés secrètes et les sectes (1997)

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Titre        Les sociétés secrètes et les sectes
Auteur        Jean-Pierre Bayard
Éditeur        Lebaud, 1997
ISBN        2866452550, 9782866452551
Longueur    280 pages

    Evoque l'antoinisme aux pages 183 et 184 :

L’Antoinisme
   Cette secte chrétienne a été fondée par Antoine Louis, ancien mineur belge, né le 7 juin 1846 à Mons-Crotteux et mort en 1912 à Jemeppe-sur- Meuse. Il découvrit en 1888 ses dons de guérisseur et de médium en participant chez des amis à une séance de spiritisme où l’on faisait tourner les tables. Il voulut « soulager l’humanité souffrante », devint un guérisseur réputé : en 1901 il fut condamné pour exercice illégal de la médecine. Antoine affirma alors que la maladie n’existait pas, que nos troubles étaient occasionnés par le péché. II proscrivit tout médicament. Pour avoir une santé parfaite, il suffisait d’être pur. Il fonda ainsi, vers 1905, un groupe spiritualiste « Les Vignerons du Seigneur » ; ses fidèles le nommèrent le Père.   Le culte, fondé sur la foi profonde et désintéressée, pratiquant l’amour du prochain, respectait toutes les croyances. La prière apportait la guérison, transmise par l’imposition des mains. L'homme étant bon naturellement, il devait suivre son intuition et sa conscience. Antoine enseignait aussi que la réincarnation était la loi d’évolution normale de tout être.
    Lorsque Antoine se fut désincarné, le 25 juin 1912, on pouvait penser que le culte disparaîtrait. Sa veuve, la Mère, continua cependant, jusqu’à sa mort, en 1941, à y donner de l’extension. A sa mort, le neveu d’Antoine, le père Dor, l’ayant remplacé, des dissensions apparurent. Le père s’installa dans le Hainaut, tandis qu’un autre Antoiniste, Jousselin, pratiquait à Verviers. Certains voulurent diviniser le père Antoine, d’autres s’y refusèrent.
    La guérison demeure une des activités importantes du groupe. Mais alors que les Antoinistes belges considèrent qu’elle ne peut se réaliser qu’en assemblée réunie pour le culte dominical, les Antoinistes français pensent qu’il s’agit d’un acte strictement individuel.
    S’il y eut près de 500 000 fidèles, il semble qu’aujourd’hui le mouvement connaisse une grande désaffection. Il reste encore en Belgique plus de trente temples, presque autant en France, et à peu près 150 000 membres. Les temples de Paris sont situés rue des Grands-Augustins, dans le 6e arrondissement, et au 34 rue Vergniaud, dans le 13e arrondissement.

Adresse : Antoiniste, 49 rue du Président-Gervais, 75019 Paris.

source : Google Books

Recension :
    Un même ouvrage peut-il rassembler des associations aussi différentes que la Franc-Maçonnerie, l'Eglise de Scientologie ou les Adorateurs de l'Oignon ? Sans aucune doute, si son but - comme dans le cas présent - est d'étudier l'ensemble des sociétés à caractère initiatique en y discernant la part du spirituel et du mercantilisme, de la sagesse et des errements.
    Jean-Pierre Bayard a mené une enquête rigoureuse, mais sans hostilité préconçue ni complaisance, en distinguant les sociétés secrètes de type traditionnel fondée sur la transmission d'une connaissance spirituelle et les sectes qui prennent le sens d'embrigadement et d'intolérance.
    En accordant une large place à des avis opposés, tels ceux émis dans le Rapport sur les sectes de l'Assemblée Nationale ou dans le débat sur le rapport initié par le Centre d'Études  sur les Nouvelles Religions, il présente l'historique des mouvements, leurs buts, leurs recherches, et révèle les rites de passage et d'initiation.
    Plus de 300 sociétés secrètes sont présentées et analysées : les ordres de chevalerie (Malte, Toison d'Or, Prieuré de Sion, ...), les ordres maçonniques, les Roses-Croix, les Cathares, les sociétés mystiques occidentales (Quakers, Mormons, Adventistes, ...) ou orientales (Zen, Krishnamurti, Tantrisme, ...), et des sectes diverses dans leurs origines, leurs buts et leurs activités.
    Jean-Pierre Bayard, docteur ès lettres, spécialiste du monde secret, ésotérique et légendaire, est l'auteur de nombreux ouvrages dont La Symbolique de la Rose-Croix, Le Compagnonnage en France, La Spiritualité de la Franc-Maçonnerie.

source : http://www.prevensectes.com/bayard.htm

    Richard Seiwerath déconseille "fortement d'utiliser cet ouvrage" (p.7) pour plusieurs raisons : présence de plusieurs fautes et erreurs (date du décès de la Mère, sur le neveu Père Dor, nombre d'antoinistes...), l'auteur ne donne pas de sources (il se base sur un nombre restreint d'ouvrages).

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Carl Havelange - Les figures de la guérison, XVIIIe-XIXe siècles (1990)

Publié le par antoiniste

Carl Havelange - Les figures de la guérison, XVIIIe-XIXe siècles (1990)Titre        Les figures de la guérison, XVIIIe-XIXe siècles: une histoire sociale et culturelle des professions médicales au pays de Liège
Volume 255 de Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, Université Liège Faculté de Philosophie et Lettres
Auteur        Carl Havelange
Éditeur        Librairie Droz, 1990
ISBN        2251662553, 9782251662558
Longueur    510 pages

    Evoque Louis Antoine à la page 367. L'auteur a été une référence pour Régis Dericquebourg pour mener à bien sa réflexion sur le phénomène des religions de guérisons. Il est aussi l'auteur d'un article intitulé "Quelques aspects du discours médical à Liège" (BTNG-RBHC, 16, 1985, 1-2, pp 175-211).

 

    Deux mois auparavant venait de mourir, à Jemeppe, Antoine le guérisseur, ancien mineur de fond, magnétiseur et mystique à la porte duquel se pressait, depuis plus de dix ans, une foule ininterrompue de malades et de fervents. Il avait été condamné, en 1901, à 26 francs d’amende pour exercice illégal de l’art de guérir ; en 1907, il comparaît une nouvelle fois devant le tribunal correctionnel de Liège, soutenu par “une foule grouillante, énorme, passionnée”, mais il est cette fois acquitté, les faits qui lui sont imputés n’ayant pu être établis à suffisance.
    Acquitté ou condamné, Antoine poursuit sa carrière sans trop se préoccuper des lois. Il a pour lui les forces inébranlables de ses convictions et de sa popularité. Pour les praticiens non patentés de grande envergure — aussi différents puissent-ils être les uns des autres — le passage au tribunal est plus souvent un piédestal, à la fois consécration et mesure de leur succès, qu’une épreuve dissuasive. A ces occasions, s’élève des salles d’audience toujours bondées un murmure admiratif et bienveillant : dans une société dominée par les inégalités et les conflits sociaux, celui-ci formule l’espoir toujours recommencé et l’enchantement de guérir, de comprendre le monde selon les lois de son propre désir.


Carl Havelange, Les Figures de la guérison (XVIIIe-XIXe siècles)
Quatrième partie. Enthousiasmes et résistances : le corps médical sur les chemins du pouvoir (1830-1914)
Chapitre III. A l’ombre du discours médical : récurrences et doléances
p. 345-398 
1. Au cœur du débat : la concurrence des empiriques
source : http://books.openedition.org/pulg/377?format=toc

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Les homosexuels à l'aide de l'oecuménisme religieux

Publié le par antoiniste

    La principale église homosexuelle, la Universal Fellowship of Metropolitan Community Church/ mcc a été créée en 1968 par un prédicateur pentecôtiste fondamentaliste. Cette église qui a rapidement essaimé en une quarantaine de groupes sur le territoire américain a dû prendre en compte l’hétérogénéïté religieuse des pratiquants. Ainsi dans une mcc, chaque dimanche du mois reflète un mode de culte différent : le premier dimanche connaît l’enthousiasme des groupes pentecôtistes ; le second, le culte ressemble à un office baptiste; le troisième, il est analogue à une célébration épiscopalienne ; et le quatrième, le culte ressemble à une messe catholique romaine. Quand il y a un cinquième dimanche, il y a un culte expérimental. N’est-ce pas aussi la mcc chrétienne qui a aidé un groupe juif à constituer une synagogue homosexuelle : la Métropolitan Community Temple. Ces églises constituent des lieux où les membres de différentes confessions se rencontrent dans le but d’obtenir leur reconnaissance comme croyant à part entière. En France, l’exemple en est fourni par le Centre du Christ Libérateur, créé par un pasteur baptiste ; ce centre n’existe que grâce à l’aide d’une fondation comprenant des prêtres catholiques, des pasteurs protestants hollandais et un théologien anglican. Aujourd’hui ce centre est fréquenté par des membres de diverses confessions et il a hébergé pendant un certain temps un groupe d’homosexuels juifs : le Beith Haverim. De même, le livre qui sert de référence à ce groupe chrétien : Dieu les aime tels qu’ils sont est un ensemble de contributions présentées lors d’une journée d’étude rassemblant trois cents pasteurs et prêtres, organisées conjointement par le Centre populaire protestant d’hygiène spirituelle de la Haye et le Bureau national catholique d’Utrecht. Que peut-on conclure de ces liens interconfessionnels ? L’ouvrage de Jean Séguy : Les conflits du dialogue donne des éléments d’analyse. En nous rapportant à la typologie des oecuménismes que dresse l’auteur, nous pouvons voir dans ces liens un « œcuménisme interreligieux » marqué par des relations positives au sens où « les partenaires recherchent une compréhension réciproque et, éventuellement, une union ou une unité structurelle, un minimum ou un maximum d’actions communes ». Ici, l’union naît de la volonté de réviser les perspectives traditionnelles des Églises concernant l’homosexualité et de promouvoir une pastorale pour homosexuels. Si des contacts ont lieu au grand jour, comme lors de la journée d’étude mentionnée plus haut, beaucoup de lieux sont clandestins. Il y a, en ce cas, un « œcuménisme sauvage », selon l’expression de Jean Séguy, c’est-à-dire situé en dehors des structures institutionnalisées. Il renforce la protestation de ces groupes dans la mesure où il est une initiative qui échappe aux autorités et qu’il donne certainement plus d’ardeur à chacun des interlocuteurs clandestins pour lutter à l’intérieur de leur propre église. Cette émulation apparaît nettement dans leur presse où l’on s’efforce d’indiquer que dans d’autres églises, les homosexuels « bougent aussi ».

Régis Dericquebourg, L’homosexualité comme phénomène social in  L’homosexuel(les) dans les sociétés civiles et religieuses, Strasbourg, Cerdic publication, 1985.  pp 145-163.
source : http://www.regis-dericquebourg.com/2010/02/16/lhomosexualite-comme-phenomene-social/

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A propos d'une petite phrase de la Bible

Publié le par antoiniste

Elohim et Ivhv
Le nom propre de l'Elohim de la Bible, le seul nom révélé directement par Lui à l'homme dans la liturgie du Buisson-Ardent, se compose de quatre lettres : Yod-hé-vav-hé, Ihvh. De même qu'Elohim dérive d'un mot qui signifie la Puissance, de même le "Tétragramme" dérive d'une racine qui a rapport à l'Etre. Lorsque Moïse demande à Elohim: "S'ils (les enfants d'Israël) demandent quel est ton nom, que leur répondrai-je ?", il lui est dit : "éhévé asher éhyév", "je serai qui je serai". On pourrait aussi bien traduire: "je serai : je serai", car la conjonction asher est la plus subtile des conjonctions. Il y a ici la répétition, à la première personne, du verbe être dans sa forme "inaccomplie". En hébreu, n'existe pas succession passé-présent-futur, mais la distinction sur un autre plan, entre l'accompli et l'inaccomplie est donc toujours "Celui qui vient", l"'Eternel", quoique le concept d'éternité tel que l'entend l'Occident soit foncièrement étranger
à la pensée biblique. Disons plutôt: "l'Etre qui a été, qui est, qui sera" à chaque instant.
En un mot, la Transcendance pure.

André Chouraqui, entretien avec Jean Moutappa, Nouvelles Clés

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Ehyeh Asher Ehyeh.

"Toute traduction de ces idéogrammes , même en langue hébraïque est une abomination. L'homme de la Qâbala ne peut que contempler ces quel-ques signes et s'il est vraiment un homme de la Qâbala: L'univers se précipite en lui, et tout ce qui vit et tout ce qui meurt; et ce qui existe; et ce qui n'existe pas; et ce qui a existé; et ce qu'il y aura; et ce qui n'aura jamais plus lieu; le temps et l'espace sont là et sont dissous dans l'intemporel; et le prodigieux mystère est là de tout ce qui détermine l'indéterminé; et la sanctification est là; et l'homme meurt de tant vivre."
Carlo Suarès, La Bible restituée, Editions Cohérence, Strasbourg

source : http://www.psy-spi.com/je%20suis%20ce%20que%20je%20suis.htm

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