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antoinisme francais

Antoinism Spreads (The Niagara Falls Gazette, Thursday, July 5, 1928)

Publié le par antoiniste

ANTOINISM SPREADS

Religions Cult Teaching illness and Matter Unreal Has Over 100 Churches.

    PARIS, July 5. – (AP) – Antoinism, a religious cult that deals with mental and bodily ills, is to have a second church in Paris.
    The announcement caused Parisians to learn that this sect, only a generation old, has a hundred churches throughout the world ruled from the the town of Jemeppe-sur-Meuse, in Belgium, where "The Mother," widow of Antoine, founder and "The Father," still presides over the services.
    It is a tenet of the cult that illness and matter are unreal.

 

The Niagara Falls Gazette, Thursday, July 5, 1928
source : fultonhistory.com

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Dieux en marge (Le Petit Parisien, 22 fév. 1937 - Numéro 21909)

Publié le par antoiniste

Nos échos   -   A travers la vie
               Dieux en marge
    Un modeste religieux vient de mourir aux environs de Montréal. Un million de personnes, venues de toutes les régions du Canada et de plusieurs provinces des Etats-Unis, assistèrent, nous dit-on, à ses funérailles. Il s'appelait Frère André et opéra - dit-on également - de milliers de guérison. Les Canadiens ont demandé sa canonisation. Je ne m'aventurerai aucunement sur la parcelle du terrain miraculeux détenue désormais par le prêtre canadien. Je préfère déambuler sur une autre parcelle du-dit terrain, celle qui est occupée par le Père Antoine, dont plus de sept cent mille zélateurs et vingt-deux temples dans le monde (en France : à Paris, à Lyon, à Tours, à Vichy, à Caudry...) attestent la « divinité ». A proprement parler, Antoine, ancien ouvrier mineur, surnommé Antoine le Généreux, après avoir, lui aussi, accompli des milliers de guérisons, devint après sa mort, de par l'effusion de ses adorateurs, non point exactement dieu, mais « Successeur du Christ, second Révélateur, deuxième incarnation de l'Esprit Consolateur ». Le don de guérison et les prodigieuses conséquences de ce don poussèrent l'ex-mineur à rédiger un évangile, dont je possède un exemplaire primitif. J'en extrais ceci :
DIX PRINCIPES REVELES
EN PROSE
par
ANTOINE LE GENEREUX
DIEU PARLE :
PREMIER PRINCIPE
Si vous m'aimez,
Vous ne l'enseignerez à personne.
Puisque vous savez que je ne réside
Qu'au sein de l'homme.
Vous ne pouvez témoigner qu'il n'existe
Une suprême bonté
Alors que du prochain vous m'isolez

SIXIEME PRINCIPE
Quand vous voudrez connaître la cause
De vos souffrances
Que vous endurez toujours avec raison,
Vous la trouverez en l'incompatibilité
De l'intelligence avec la conscience.

    Il y a, vous dis-je, vingt-deux temples antoinistes...
    Quand le Père mourut, l'avis suivant fut affiché aur les murs de ses temples :
         « Frères,
    « Le conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance que le Père vient de se désincarner... Avant de quitter son corps, Il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que la Mère le remplacera dans sa mission... Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine, à dix heures... »
    J'assistai à l'inauguration du temple antoiniste de Paris, rue Vergniaud, dans le XIIIe. Une foule énorme était là. Il y avait des malades et des gens qui marchaient avec des béquilles, comme à Lourdes. La Mère était venue. Elle monta dans une chaire, joignit les mains et pria en silence. Tandis qu'elle priait, je voyais la foule des fidèles ; les yeux étaient tendus vers elle avec une expression d'amour et de ferveur indicibles. Quand elle eut fini de prier, elle s'en alla. Elle n'avait pas dit un mot. La foule s'écoula. Des malades affirmèrent qu'ils étaient guéris. Un porteur de béquilles se redressa et envoya promener ses béquilles.
                André Arnyvelde

Le Petit Parisien 22 fév. 1937 (Numéro 21909)
source : gallica

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Germaine Lievens, antoinistes de Marly-le-Roi

Publié le par antoiniste

Illustration : Germaine Lievens en habit antoiniste avec sa fille Eve-Marie, dans leur jardin de la maison de la Rue de la Montagne à Marly-le-Roi
En médaillon : André Baillon à Marly-le-Roi (source : www.andrebaillon.net)

    Germaine Lievens était la compagne du grand et malheureux écrivain André Baillon. Pianiste de renom en Belgique et en France dans les années 20, elle est encensée par la critique, désignée, pour son interprétation de la Suite nocturne de Paul Gilson, par la revue bruxelloises L'Art Libre, comme "une de nos meilleurs pianistes" au "style parfait".
    C'est à elle que l'écrivain dédie la plupart de ses livres : En sabots (1922), Zonzon Pépette, fille de Londres (1923, en travaillant cet ouvrage, il s'identifie si bien à son héros, un criminel, que Germaine, victime à son tour d'une grave dépression, le quitte fin 1918), Un homme si simple (1925), Chalet 1 (1926), Le perce-oreille du Luxembourg (1928) et surtout Histoire d'une Marie, parut en 1921, qui s'inspire de Marie Vandenberghe, sa première épouse, une ancienne prostituée flamande, avec qui il essaya un ménage à trois avec Germaine (Germaine Levine dans le roman ; elle devient parfois "Claire" dans d'autres oeuvres semi-autobiographique de Baillon dont Un homme si simple).

    Dans son enfance orpheline, André Baillon fut à la charge de sa tante Louise (Mademoiselle Autorité), dévouée mais bigote et peu sensible. En 1882, il entre en pension chez les soeurs de Saint-Vincent-de-Paul à Ixelles. Il est ensuite confié aux Jésuites de Turnhout, puis à ceux d’Alost. Il termine ses études secondaires chez les Joséphites, à Louvain. De ses années, lui reste des sentences latines qu'il sème dans ses ouvrages et ses dédicaces à Germaine. Dans Histoire d'une Marie et En sabots, il se montre admiratif de la vie mystique et communautaire des frères Trappites ("Leur chant fait pénitence. Il ne pense pas à soi : il prie. A la fois très triste et très doux, il appelle le Maître et n'ose monter jusqu'à Lui. Un malheureux s'est égaré sous la terre, il appelle ; il voudrait qu'on l'entende ; il craint cependant qu'on l'entende." ; "Je ne serais pas ce que je suis, si, sachant comment vivent les Trappistes, je ne voulais vivre quelque peu comme les Trappistes." (En Sabots, 1923, p.203 & p.227) ; "Vous pensez : « Ces hommes qui font le mort pourrait être des hommes qui font la vie ».  [...] Le voyez-vous, Henry Boulant [André Baillon], la tête rasée, enfermé dans son manteau, mort parmi ces morts, simples parmi ces simples et humbles, oh ! beaucoup plus humbles que ces frères qui sont déjà si humbles !" (Histoire d'une Marie, Labor, 1997, p.210)").
    Il rencontre Germaine Lievens en 1912 (alors qu'il est marié avec Marie depuis 1902), "il espère trouver en elle une spiritualité que n’a pas son épouse" d'après Pie Tshibanda (http://users.skynet.be/pie.tshibanda/baillon.doc). :
    "La porte bâillait un peu... Oui.. c'était du Bach... ou peut-être du Beethoven, il ne savait pas au juste, mais en tout cas, quelque chose de beau, puisque celle qui en jouait était une grande artiste. Il écoutait comme on respire un bon parfum. Il regardait aussi. Ces cuivres, ces plâtres, il pendait là de ces objets qu'on aime à revoir parce qu'on ne les trouve pas chez les bourgeois. Au fond, ces deux grandes ailes : une Victoire. Autrefois, lui aussi, cette Victoire... Bast ! qu'était-il maintenant ?
    Il sonna. Il la regarda venir. Oh ! pas une Marie ! Drapée dans du rouge à grands plis, un nez découpé « Je veux », des yeux qui pensent, un air à l'appeler « Impéria » et aussi « la Madone » (Histoire d'une Marie, Labor, 1997, p.245).
    C'est avec elle qu'il vivait quand il fit un séjour psychiatrique à l'Hôpital de la Salpêtrière en 1923 (après une relation compliquée et ambiguë avec sa belle-fille, Eve-Marie, fille de Germaine, âgée de seize ans, il sombre moralement et reste interné trois mois : "Il sera parmi ses frères, « les pauvres et les humbles ».", Chalet 1, Cambourakis, 2009, p.175) et tenta plusieurs fois de se suicider et il y réussit : il meurt le 10 avril à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, où Germaine Lievens l’a fait transporter.

    Dans une lettre de 1949 à Robert Hankart elle déclare : "Moi aussi j'ai des occupations auxquelles je ne puis me soustraire et je crois utile de vous en faire part pour une prochaine réunion. Je suis guérisseuse antoiniste et tous les lundis, je fais mon travail au temple de Paris. Je le fais aussi chez moi tous les 2e et 4ème dimanches du mois. Ce sont donc des jours où je ne puis recevoir personne d'autre que des malades... et je vous espère en excellente santé !". Elle continue également de proposer des leçons de pianos.
    A la page 324 de la biographie romancée d'André Baillon, on lit : "Dans le temple parisien du groupe, elle célèbre des messes et guérit des malades par imposition des mains. Elle ne se montre que vêtue d'un long habit et de voiles noirs. Au début des années cinquante, Germaine est persuadée que Baillon était le diable en personne; il n'aura pas trop de plusieurs vies pour expier ses crimes. Elle prie Robert Hankart de venir au plus vite la trouver et d'emporter jusqu'au dernier bout de papier qui a appartenu à Baillon." (Frans Denissen, André Baillon. Le Gigolo d’Irma Idéal, Bruxelles, Labor, Archives du futur, 2001).

    "Comme d'autres ont la religion de Dieu, elle a la religion de l'Art" (A.Baillon, Un homme si simple, Cambourakis, 2009, p.55). Mais cette religion ne lui a pas suffit après ses épreuves avec l'écrivain. Devenir guérisseuse antoiniste semble l'avoir sauvé de son "démon" :
   On lit une de ses lettres dans Chalet 1 :
    " Mon Dieu, je prends sur mes faibles épaules toutes les peines des Hommes.
    Je prends, Seigneur, sur mes faibles épaules, la peine des pauvres petits Enfants.
    Je prends, Seigneur, sur mes faibles épaules, la peine des pauvres petites Mamans.
    Je prends, Seigneur, sur mes faibles épaules, la peine des pauvres petits grands Artistes qui ne savent pas le mal qu'ils font.
    Je prends ces peines, parce que telle est ma Volonté, plus forte que la Vôtre, Seigneur, en son implacable Sérénité.
    Mon Dieu, je prends sur mes faibles épaules... " (Chalet 1, Cambourakis, 2009, p.175).

    On lit dans Un homme si simple :
    "Qu'ai-je fais de cette Claire [Germaine dans l'oeuvre] ?
    Elle se plaignait quelquefois :
    - Je suis morte.
    Je la blaguais :
    - Voyons ! Ces beaux yeux, ces belles joues, ces... Tu es une morte bien vivante.
    Et pourtant si ! Oh ! je ne l'ai pas tuée le premier. A l'âge qu'atteint maintenant sa fille, elle a aimé quelqu'un, un peintre [Henry de Groux avec qui elle conçoit Eve-Marie]." (idem, p.55)

    Frans Denissen écrit : "Si je me souviens bien, c'est même à cause de cet engouement religieux qu'elle a décidé de se débarasser de tout ce qui avait à voir avec Baillon, en contactant Robert Hankart. Et c'est donc indirectement à son antoinisme que nous devons le Fonds Hankart."
    C'est ainsi grâce à Germaine Lievens qu'on doit la constitution en 1956 du fonds André Baillon aux Archives et Musée de la Littérature de Bruxelles qui conserve entre autres les quelques 300 lettres d'amour entre André et Germaine entre 1913 et 1930.



    Germaine Lievens a 84 ans lorsqu'elle succombe des suites d'une chute dans son jardin à Saint-Germain-en-Laye, en 1964.
    Quand à Eve-Marie, elle semble bien avoir suivi le mysticisme de sa mère. Ses rêves artistiques, qui changeaient sans cesse, ne se sont jamais réalisés. A cinquante ans, elle habite toujours chez Germaine, elle travaille comme dactylo pour un bureau d'assurances parisien et chaque matin, avant de partir, elle demande à sa mère de lui tracer une croix sur le front.
Frans Denissen, André Baillon. Le Gigolo d’Irma Idéal, Bruxelles, Labor, Archives du futur, 2001, p.322

sources :
http://www.andrebaillon.net/
http://fr.wikipedia.org/wiki/André_Baillon
Merci à :
Maria-Chiara Gnocchi, auteure avec F. Denissen et E. Loobuyck de Bibliographie de et sur André Baillon 1898-2004 ;
Frans Denissen, auteur de André Baillon. Le Gigolo d’Irma Idéal et traducteur en néerlandais de huit des romans de Baillon ;
Eric Loobuyck, Président de Présence d'André Baillon asbl.

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Spiritisme - Origine historique de l'autel spirituel

Publié le par antoiniste

    L’autel spirituel est un élément syncrétique qui a été adopté par les santeros pendant les dernières décennies du XIXème siècle. Le spiritisme scientifique crée par Allan Kardec  a été complètement accepté, à cette époque, par les blancs cubains et leurs pratiques très largement diffusées sont devenues une espèce de jeu de salon.
    Ces pratiques étaient vues par les noirs chez les blancs et elles ont attiré profondément leur attention. Petit à petit les afro-américains les ont adoptées dans leurs rituels religieux. Le déclenchement de ce fait, fut peut-être, la disparition progressive, chez les adeptes de la santeria, d’une figure fondamentale dans la vénération des eguns ou défunts, les prêtres appelés egungunes, qui étaient consacrés au culte des morts. Leur fonction était de s’occuper des cérémonies funéraires et l’ultérieure attention qu’on doit offrir aux défunts. Ils possédaient tous les secrets de l’adoration à egun selon les traditions africaines mais ce sont très peu d’entre eux qui sont arrivés à Cuba et encore moins ceux qui ont appris le métier une fois sur l’île.
    On disait que la réalisation de ces cérémonies avait des conséquences néfastes car si celles-ci ne se faisaient pas correctement, l’officiant prenait des risques pour sa vie. Peut-être pour cela, seulement quelques santeros qui sont nés à Cuba ont appris le métier et dans une courte période de temps, les egungunes ont disparu complètement. L’absence de ces personnages a crée un grand vide dans le culte à egun dans la santeria et il a été plus facile d’assimiler les pratiques de ce qu’on appelait le spiritisme scientifique, qui était très à la mode en ce moment, parce qu’elles n’impliquaient aucun risque pour les personnes qui servaient de médium.
    A cette époque là, les afro-américains et leurs descendants se mélangeaient aux cubains blancs et beaucoup d’entre eux s’étaient rapprochés de la santeria de façon active. Ainsi les pratiques du spiritisme scientifique, mais pas sa doctrine, ont été assimilées par la santeria. L’adoption de l’autel spirituel, chez les afro-américains cubains, fut assez simple car beaucoup d’esclaves et leurs descendants avaient acquis l’ancienne habitude catholique de s’occuper de leurs défunts en mettant un verre d’eau et une bougie et donc, l’intégration de l’autel avec plusieurs verres d’eau n’a posé aucun problème. La diffusion de l’usage de l’autel et de la messe spirituelle a continué et aujourd’hui c’est devenu un élément rituel d’une grande signification.
    Le mot espagnol pour désigner l’autel était « bóveda espiritual » et il a été adopté parce qu’il y a longtemps  les morts étaient enterrés dans les cryptes des églises qui avaient un toit en forme de voûte, « bóveda » en espagnol.
    L’utilisation de l’eau dans des verres ou des coupes pour vénérer les défunts est une pratique qui fut récupérée par Allan Kardec au moment d’appliquer l’autel au spiritisme scientifique et qui fut aussi adoptée par d’autres courants spirituels. Elle est connue comme « donner à boire au défunt ».

source : http://www.santeria.fr/index.php/Origine-historique-de-lautel-spirituel/34/

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Henri Desmettre - Un Chrétien devant l'Antoinisme (1949)

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Henri Desmettre - Un Chrétien devant l'Antoinisme (1949)

Auteur :     Abbé Henri Desmettre
Titre :     Un chrétien devant l'Antoinisme
Editeurs :    Nos Quartiers, Lille, 1949

    Maurice Colinon nous dit que "l'abbé Henri Desmettre, qui a eu le rare mérite d'analyser la « foi » antoiniste dans une feuille à très large diffusion résume le phénomène en uns formule parfaitement juste : « L'Antoinisme croit au Père Antoine parce que le Père Antoine guérit. Mais le Père Antoine guérit parce qu'on croit en lui... » Et, poursuivant son raisonnement, il conclut : « Antoine a fait Dieu à son image. Voilà pourquoi le dieu des antoinistes, c'est le Père Antoine. » Syllogisme ? Rapprochement ironique ? Certes, non. C'est le raisonnement même des antoinistes qui prend ce haut relief, dès qu'on le résume à l'usage courant" (Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui, p.116).
    Maurice Colinon rapporte encore que "l'abbé Desmettre note avec raison que « puisqu'il célèbrent, conformément à leur doctrine, la désincarnation du Père Antoine au lieu de célébrer l'Incarnation et la Résurrection du Christ, les antoinistes ne peuvent pas avoir de sacrements » (p.119-120).

    Le Père H.-Ch. Chéry s'est servi de ce tract pour écrire son Offensive des sectes en 1954. L'abbé Henri Desmettre est également l'auteur dans le même journal Nos Quartiers, de Lille (1949), de Un Chrétien devant les Témoins de Jéhovah et d'une volumineuse thèse de doctorat (non imprimée) sur Towianski et le messianisme polonais (Facultés Catholiques de Lille, 1947).

Henri Desmettre - Un Chrétien devant l'Antoinisme (1949)

 


Auteur :    P.H. Desmettre
Titre :     L'Antoinisme
Editeurs :    Chronique Sociale de France Cahiers 5 et 6, n°60, Novembre-Décembre 1952, pp.522-524

    Cette deuxième référence, du même auteur, est citée en bibliographie par A.G. Vicente. Il m'est impossible de dire si c'est le même texte qui a été réédité quelques années plus tard sous un autre titre.

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Les salles de lectures en 1978

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    Jean-Marie Leduc et Didier de Plaige nous renseignent sur les salles de lecture qui existaient en 1978 :
- Bois-Colombes, 22, rue Armand-Lépine qui existait encore jusqu'il y a peu.
- Bourges, 49, rue Proudhon, qui faillit devenir également un temple car le propriétaire en avait amélioré l'intérieur pour le culte (nous dit Régis Dericquebourg), mais les adeptes se sont certainement regroupés à Orléans (un temple y a été construit en 1957). Le Père Chéry nous signale que les adeptes réclamaient un temple en 1954, comme à Orléans.
- Le Mans, 19, rue Traversière-des-Acacias, que le propriétaire avait changé en salle de lecture pour le léguer au culte (nous renseigne Régis Dericquebourg).
- Meaux, 76, rue Jean-Jaurès qui existe toujours aujourd'hui tenu par frère Octavien : accueil les 2° et 4° dimanches de chaque mois à 15 heures.

    Les auteurs signalent aussi celle de Buxerolles datant de 1963, de Saulnes transformé en temple en 1986 et celles de Toulouse transformé en temple en 1993 (actuellement le dernier en date). Selon toute vraisemblance, Meaux ou Buxerolles seront les prochaines villes à voir l'ouverture d'un temple antoiniste.

    A.G. Vicente, en 1967, cite le nombre de moins de 10 salles de lecture en Belgique et d'environ une centaine dans le monde, selon information reçue à Liège.

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L'antoinisme, enfant perdu du spiritisme (Le Petit Journal, 22 mai 1927)

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L'« ANTOINISME »
enfant perdu du spiritisme
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Comment, des révélations d'une table tournante, naquit une véritable religion
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    Un dépêche du Petit Journal, relatait il y a quelque temps l'arrestation à Nivange (1), en Lorraine, d'un aubergiste Antoiniste-Guérisseur luxembourgeois, du nom de Nicolas Wagner, accusé d'exercice illégal de la médecine. Notre information ajoutait qu'une délégation d'Antoinistes du groupe d'Esch, était arrivée le lendemain même en automobile à Metz, pour demander instamment à M. Pagniez, juge d'instruction, la mise en liberté immédiate du guérisseur. « L'absence prolongée de Nicolas Wagner, dit le trésorier du groupe, risque de causer les plus grands malheurs. Plusieurs dizaines de malades, privés de ses soins, sont actuellement en danger de mort. » (2)
    Quel est donc cet Antoinisme qui, si ses vertus médicales se trouvent fort bousculées par les pouvoirs publics, inspire par contre une telle ferveur à ses adeptes ?
    C'est un véritable culte religieux, issu, par voie de ricochet, du spiritisme, et nourri d'un certain nombre de principe philosophique, assez singulièrement digérés. Il fut fondé, en 1906 (3), à Jemeppe-sur-Meuse, par un ancien ouvrier mineur, le « Père » Antoine. Depuis lors, des temples ont été ouverts à Paris et à Monaco. L'an dernier enfin, Mme Antoine, héritière de la toute puissance de son défunt époux, inaugurait en tête de quatre cents adeptes, le temple antoiniste d'Orange, en Provence.
    Antoine, vous ai-je dit, était ouvrier mineur à Jemeppe-sur-Meuse. La révélation lui vint un jour, à cinquante ans (4), à la suite de la mort de son fils, âgé de vingt ans. Une séance de spiritisme marqua cette date.
    - Ton fils est réincarné ! Il est établi pharmacien ! dit péremptoirement un pied de guéridon inspiré.
    En foi de quoi, fiers de cette élévation bourgeoise (5), le père et la mère Antoine fondèrent sans plus tarder une manière de bureau surnaturel des renseignements, véritable central téléphonique de l'au-delà, où les héritiers affligés venaient entendre la voix de leurs chers morts. Et l'affaire prospéra...
    Elle prospéra si bien que le Père Antoine résolut bientôt d'annexer au bureau de renseignements un cabinet « pour le soulagement de toutes les maladies, afflictions morales et physiques. »
    Une liqueur baptisée « Courre », qu'il vendait 5 francs le flacon (6), lui ayant valu condamnation pour exercice illégal de la médecine, Antoine remplaça sans hésiter par de l'eau (H 2 O :) qu'il couvrait de passes magnétiques. Puis, souvieux - c'est là, si l'on y réfléchit la marque des esprits supérieux - d'une simplification plus grande encore, il eut un trait de génie, il remplaça son eau par du papier... La santé, le bonheur, la vertu, la sagesse, dispensés comme de vulgaires timbres-poste, par retour du courrier, quel beau rêve !
    Naturellement, depuis belle lurette, le « Père » Antoine avait envoyé promener les tables tournantes et les évocations du spiritisme. Il traitait désormais avec une confiante familiarité de l'inconnaissable. Il standardisait l'au delà.
    Entre le guérisseur inspiré et l'apôtre, il n'y a guère plus de différence qu'un régiment, entre l'adjudant et d'adjudant-chef. En quelques mois, dans l'esprit de ses disciples, Antoine était promu ! Je n'essaierai pas, dans ce court article, de résumer sa doctrine. D'autant qu'elle est fort sibylline. Aux questions qui l'embarassaient, le bonhomme répondait, par exemple, sans hésiter : « Vous ne voyez que l'effet, cherchez la cause ! »
    Evidemment, avec des arguments de cette force-là...
    Toujours est-il que quand il mourut, le culte nouveau était magnifiquement prospère. Avec un bel esprit de famille, Mme Antoine, la « Bonne Mère », reprit le flambeau de ses mains. Et l'Antoinisme continue aujourd'hui, paraît-il, de faire « merveille »...
    En notre époque de machinisme et de science exacte, ne trouvez-vous pas cela tout à fait curieux ?   -   J. Lefebvre.

Le Petit Journal N°23502 du 22 mai 1927
source : Gallica

Notes :
(1) Il doit s'agir de Nilvange, petite commune française près de Thionville, à quelques kilomètres de Esch-sur-Alzette au Luxembourg.
(2) Mère n'a eut de cesse d'essayer que la guérison ne soit pas le fait du guérisseur par la foi au Père. Cependant, elle a eu beaucoup de mal à arriver à faire respecter cela des adeptes. De plus, si ce Nicolas Wagner a eu maille à partir avec la justice c'est qu'il devait utiliser des remèdes, ce que le Père avait abandonné lui-même. Cela aussi fut courant dans l'histoire de l'antoinisme du début.
(3) La source de cette article semble être Lucien Roure. Il dit "à partir de 1906, l'enseignement moral l'emporte de plus en plus". Mais le culte même a été fondé en 1910.
(4) Louis Antoine a 47 ans à la mort de son fils.
(5) Louis Antoine était déjà considéré comme bourgeois en rentrant de Varsovie, ayant pu construire plusieurs maisons ouvrières.
(6) Il s'agit de la liqueur Koene. On ne sait d'où les journalistes savent le prix que demandait Louis Antoine. Chez Debouxhtay, on lit : "dont le flacon de 125 gr. coûte dix francs" "et souvent Antoine lui-même en paie le montant pour les malades qui sont trop pauvres" (p.81).

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Dissidence du Frère Hanoul à Angleur en 1943 racontée par Pierre Debouxhtay (L'Antoinisme)

Publié le par antoiniste

    Dans ses dernières volontés, Antoine avait désigné sa femme pour le remplacer ; celle-ci est morte le 4 novembre 1940, agée de nonante ans (erreur de Pierre Debouxhtay, elle s'est désincarnée en fait le 3 novembre). Son successeur, le représentant du Père, est le chef de la religion antoiniste, il en a la direction religieuse et morale ; la gestion des affaires matérielles est confiée à un conseil d'administration. Le frère Nihoul a été choisi comme Représentant du Père ad intérim. Après la guerre, lorsque les communications seront pus faciles, les adeptes éliront, à la simple majorité, le chef du culte.
    Après la mort de la Mère Antoine, j'ai été étonné de voir enlever les images du Père et de la Mère dans les temples en Belgique où il ne reste plus que l'emblème, l'arbre de la science de la vue du mal. Si je suis bien renseigné, les temples français, moins iconophobes, ont maintenu les portraits des fondateurs. Dans mon livre (p.294), j'écrivais que la mort de la Mère pourrait être pour l'antoinisme une épreuve plus dangereuse que la désincarnation du fondateur lui-même. Ces prévisions se réaliseraient-elles ? Verrons-nous un iconoclasme antoinisme ?

Dissidence du Frère Hanoul à Angleur en 1943


    Ces pages ont été écrites au début de 1943. Jemeppe ayant modifié les règlements pour les temples et pour les desservants, le différend s'aggrava : Le 1er avril 1943, un groupe dissident, se proclamant fidèle à la véritable tradition antoiniste, ouvrait un temple à Angleur, rue de Tilff, 84. Dans ce temple, qui contient cent et dix places assises et où le portrait du Père Antoine surmonte la tribune, les offices sont célébrés en semaine et le dimanche, jour où la salle est d'ordinaire comble. Alors que tous les temples, sauf celui de Jemeppe, sont fermés le 25 juin, le temple d'Angleur est resté ouvert et on y a célébré la fête du Père.
Pierre Debouxhtay, L'Antoinisme, 1945, p.5 et p.27

    Le Moniteur belge signale qu'Émile Hanoul à Angleur comme désigné pour recevoir la Croix de prisonnier politique 1940-1945.

    Le frère Émile Hanoul décède en 1949. Il ne reste plus de traces actuellement de ce temple.

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La Semaine de Paris, 24 mars 1933

Publié le par antoiniste

L'Action Bonne (8, r. Jean-Goujon) 20 h 45 : 
« L'Antoinisme et la doctrine du P. Antoine »,
par H. Bodin (gratuit).

source : gallica

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Maurice Colinon - Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui (1953)

Publié le par antoiniste

Titre        Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui
Auteur        Maurice Colinon
Éditeur        Plon, Paris, 1953, 280 pages

    Après des années de recherche, il publie en 1953 son premier « vrai » livre, comme il l'appelait : « Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui », chez Plon. Lui succèdent ensuite : « L'Eglise en face de la Franc-Maçonnerie » (1955, Fayard), « Esprit es-tu là ? », un essai sur le. spiritisme, en 1956, « Les Guérisseurs » (1957, Grasset), « Le phénomène des sectes au XXe siècle » (chez Fayard, en 1959, traduit en six langues) et « Pionniers en Soutane » (1960) qui fut couronné par le prix Juteau-Duvigneau de l'Académie Française.
Nécrologie par Marie-Christine Colinon,
Monde Gitan, 1979, p.4

 

Recension dans Etudes d’octobre 1953 :

Maurice Colinon - Faux prophètes et sectes d'aujourd'hui (1953)(Études oct.1953)

    Maurice COLINON. — Faux prophètes et Sectes d’aujourd’hui. Plon (Collection Présence), 1953, in-12, 280 pages.

    Voici un livre d’inspiration Catholique dont la nécessité se faisait sentir : Il présente une série d’études rapides et bien informées sur les sectes diverses, qui se propagent actuellement en France et, qu’on confond trop souvent avec le protestantisme auquel, en fait, elles sont étrangères ou dont elles sont une excroissance pathologique : Antoinisme, Christian Science, Adventisms (avec ses rejetons : Amis de l’Homme et Témoins de Jéhovah), etc... De ces sectes M. Colinon rapproche, avec raison, des phénomènes sociologiques analogues : le spiritisme qui est une véritable religion, la théosophie, et aussi l’inquiétante armée des voyantes, des fakirs, des industriels de l’horoscope qui pullulent aujourd’hui. 
    Toutes les sectes ont des traits communs. Elles naissent des fabulations extravagantes, sincères sans doute, de mythomanes. Ces élucubrations, qui prétendent généralement être des interprétations pu des prolongements de la révélation biblique, sont, à proprement parler, insensées ; il est humiliant de constater que, dans notre époque de pensée grégaire, elles séduisent des millions d’hommes. Elles consistent essentiellement en rêves de paradis sur terre, de triomphe immédiat du mal physique. Ces rêves sont une réaction contre le rationalisme mortel de notre temps, une réaction contre le désespoir que fait naître notre civilisation ; ils traduisent, de manière folle et aveugle, le refus de l’humanité au néant. Le succès des sectes est dû, enfin, comme le note Daniel-Rops dans une excellente préface, à ce que leurs assemblées de culte constituent de petits groupes à taille humaine où se pratique une réelle charité fraternelle.
    Le volume se termine par une utile bibliographie à laquelle on ajoutera le cahier de novembre 1952 de la Chronique Sociale et l'article du P. Chéry, Les Sectes, dans Lumière et Vie d'octobre 1952
                                          Robert ROUQUETTE. 

 

Table des matières :
Préface, par Daniel-Rops

Première partie : Les sorciers et leurs pratiques
I. - Les superstitions
II. - Les voyantes
III. - Les fakirs
IV. - L'horoscope

Deuxième partie : Les prophètes et leurs sectes
I. - Allan Kardec et le spiritisme
II. - Lê-Van-Trung et le Caodaïsme
III. - « H. P. B., » Annie Besant et la théosophie
IV. - Le « Père Antoine » et l'Antoinisme
V. - Mary Baker-Eddy et la Science chrétienne
VI. - William Miller et l'Adventisme
VII. - Alexandre Freytag et les Amis de l'Homme
VIII. - Charles Russell et les Témoins de Jéhovah
IX. - Joseph Smith et les Mormons
X. - George Fox et les Quakers

Troisième partie : Documents annexes
I. - Lexique des sectes et petites religions de France
II. - Les superstitions les plus répandues
III. - Quelques exemples de clairvoyance contrôlée
IV. - Une séance d'hypnotisme décisive
V. - L'Eglise catholique et le spiritisme
VI. - Un exemple d'illusion spirite : Interim
VII. - L'Eglise catholique et la théosophie
VIII. - Les « Dix Principes » de l'Antoinisme
IX. - « Articles de foi » de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Mormons)
X. - Bibliographie sommaire


    Dans la préface de Daniel-Rops, on peut lire :
    " Maurice Colinon, qui a pris la peine d'aller lui-même rendre visite à toutes les sectes dont il parle, ne cache pas qu'il a été impressionné par la sincérité évidente des adeptes de toutes ces « petites religions », et tout autant par leur touchante fraternité. Alors que les athées matérialistes ne nous proposent qu'un monde terrible, administratif et rigide, où le contact d'homme à homme est presque nul, alors que, il faut oser le dire, trop de chrétiens ont perdu le sens de la charité du Christ et vivent dans l'égoïsme de leur foi comme un bastion, des croyants « antoinistes », ou des « quakers » donnent l'exemple d'une vie religieuse infiniment fraternelle, et humaine. Cette aspiration de tant d'hommes à se fondre dans une âme collective, qui, détournée de son élan spirituel, aboutit à la néantisation de l'homme dans les systèmes totalitaires, cette aspiration que trop de chrétiens ne savent pas satisfaire dans le cœur de leurs frères, c'est à elle que répondent les « petites religions » et les sectes nouvelles. Cela n'est pas sans signification. " (p.III-IV)
    Un petit feuillé de propagande (appelons-le comme ça, car il promet à la fin de sa description que "nous avons là un livre extrêmement intéressant, auquel on peut prédire le plus grand succès"), nous rappelle encore que "l'ouvrage [est] parfaitement documenté".

    Étonnons-nous tout d'abord de voir le livre commencer par Les Sorciers et leurs pratiques. La réponse peut peut-être se trouver à la page 11 où on lit : il y a "un fait que nous devons avoir à l'esprit si nous voulons comprendre quelque chose au mysticisme élémentaire qui anime nos contemporains : il y a, en France, plus de 50 000 devins de toute espèce".  Nous voilà bien dans le ton du livre : hors Jésus-Christ et son Église, point de salut. Page 21 on lit par exemple : "il n'est pas sûr que l'auréole scientifique dont les devins modernes pourront bientôt se parer n'augmente pas encore leur emprise sur des millions d'êtres qui, après avoir quitté la foi de leurs pères, cherchent désespérément une mystique de remplacement qu'ils s'efforcent de concilier avec les progrès de la science."
    En effet, dans cette première partie, l'auteur déclare : "notre grand espoir est donc que la science, en en déterminant prochainement les lois, ôte l'attrait du merveilleux à des phénomènes parfaitement naturels" (p.18). Cependant Maurice Colinon ne pense pas à demander le même fondement scientifique afin de déterminer les lois régissant le prophétisme.
    Le chapitre concernant le « Père Antoine » et l'Antoinisme commence avec un extrait du huitième principe : "Ne vous laissez pas maîtriser par votre intelligence...". Bien sûr l'auteur ne citera pas la suite, notamment "elle foule aux pieds la conscience". Ce sont ces deux éléments (et uniquement ces deux l'un avec l'autre) qui constituent une partie de la morale antoiniste, mais l'auteur n'en a cure.
    Sa biographie n'est pas des plus neutres : "instable et perpétuellement insatisfait ; un fils (malheureusement anormal) ; de plus en plus inquiet, insatisfait et rêveur ; révélation qui va transformer sa vie : il se découvre médium. Sous ses doigts, les tables valsent éperdument ; vie obscure et terriblement quotidienne ; on nomme un conseil d'administration, on se distribue des titres honorifiques...". Ensuite signalons que l'auteur appelle Louis Antoine, "Antoine Louis" (p.112 et p.113). L'erreur vient certainement du fait que l'auteur "a pris la peine d'aller lui-même rendre visite à toutes les sectes dont il parle" et que l'ouvrage est "parfaitement documenté", ou plus sérieusement, selon l'habitude des moines de prendre un prénom de saint et de le faire précéder de Frère ou Père.

    Un point est intéressant : "il est difficile de savoir si c'est Antoine qui va lancer l'Antoinisme, ou l'inverse" (p.114). Mais ce n'est pas pour durer, on lit qu'à la mort de Mère, "des difficultés ont surgi. D'abord entre les temples qui prétendaient à peu près diviniser le Père et ceux qui s'y refusaient. Ensuite entre le propre neveu d'Antoine (le Père Dor), qui s'installa à son compte - si l'on ose dire - dans le Hainaut, et un nommé Jousselin, établi à Verviers. Enfin, entre les antoinistes belges, qui professent que les guérisons doivent se pratiquer collectivement lors du culte dominical et leurs collègues français, qui tiennent pour les « Opérations » strictement individuelles" (p.115).
    On sait donc maintenant d'où vient l'erreur du Père Chéry dans son Offensive des sectes qui sera publié l'année suivante en 1954. Signalons d'autres erreurs : la dissidence du neveu ne pouvait faire de l'ombre à l'antoinisme, car elle avait disparu pratiquement à la mort du Père Dor en 1947. Et concernant Jousselin, le fait qu'on ne sache rien de lui, semble indiquer clairement, qu'il ne réussit pas à faire école. Enfin, les dissensions entre la Belgique et la France ne sont pas si "graves". De plus, la compréhension du culte n'est pas le fort de Maurice Colinon, puisque, encore une fois, c'est pendant l'Opération que "ceux qui ont la foi seront guéris ou soulagés", la consultation est une intercession plus personnelle pour y parvenir.

    La doctrine est également écorchée : "la maladie n'existe pas, seul le péché rend infirme" (p.114) : hors, la maladie n'est pas imputée au péché, mais à la vue du mal.. De plus Régis Dericquebourg et Jacques Cécius précise que la notion de péché n'existe pas dans l'Antoinisme.
    "C'est la « foi qui sauve ». Mais la foi en qui ? En Antoine, dont l'enseignement est la seule, l'unique véritable Révélation. Ce qui justifierait, en bonne logique, les antoinistes « extrémistes » qui divinisèrent le concierge et portèrent son image sur leurs autels" (p.116). On peut dire que c'est la foi qui guérit, et non qui sauve. Ensuite, les choses ne sont plus aussi tranchées maintenant (et peut-être déjà en 1953), puisque le libre arbitre est laissé à chacun. Pour la même raison, la Révélation du Père n'est pas 'la seule', puisque "la vérité n'est que relative et ce qui est aujourd'hui la lumière sera demain l'obscurité".
    On continue dans la dentelle : "Les antoinistes professent ouvertement le plus souverain mépris pour l'intelligence [René Guénon dit presque mot pour mot la même chose, on sait donc maintenant qu'elle a été la source de Maurice Colinon]. (Comme on les comprend !). Parce que, selon Antoine, ce n'est jamais l'intelligence, mais l'intuition qui porte en elle la vérité". Encore une fois, c'est mal comprendre l'Enseignement, et même simplement ne pas l'avoir lu : "C'est la preuve que l'intelligence nous rend un grand service ; elle nous est donc indispensable dans notre incarnation, mais efforçons-nous de lui faire respecter la conscience au lieu de la dominer, car elle est si envieuse qu'elle voudrait empêcher les autres de faire le bien naturellement ; elle nous égarerait tout en croyant nous ramener dans le bon chemin." (p.192) et "J'ai révélé qu'on fat erreur en accusant Adam d'être la cause de nos souffrances, qu'il nous a montré plutôt le véritable chemin du bonheur, que nous devions au contraire lui rendre hommage et bénir sa défaillance. Nous devons considérer l'intelligence de la même façon et autant la revendiquer que j'ai paru l'incriminer dans mes révélations." (p.LIV). Maurice Colinon continue : "Et pour mieux communiquer avec le monde astral, vous magnétiserez vos organes, afin de « leur donner la même longueur d'ondes que celle d'un Esprit-guide »". On ne sait pas où l'auteur a été chercher cette phrase, mais elle n'est pas dans l'Enseignement. Puisqu'il parle du spiritisme kardéciste qui a été "revu par Antoine et les siens, et adapté convenablement à la pratique des guérisons", on peut penser que l'auteur est allé chercher des réponses à ses questions dans les œuvres de spirites. Comme si j'allais chercher des réponses à mes questions sur le christianisme en lisant les œuvres des Hassidiques.
     Et on continue d'écorcher l'Enseignement, en racontant n'importe quoi, histoire de bien faire rire le lecteur (et parfois ça fonctionne) : "Adam était une un grand spirite, doué de l'universelle connaissance par un fluide extraordinairement puissant. Séduit par Eve, il y perdit ses « dons » de médium et dut se contenter, en échange, de l'intelligence, source de tant de maux ! C'est depuis lors que l'homme s'imagine que le mal existe. Mais l'antoinisme, heureusement, vient lui prouver le contraire". Inutile de corriger quoi que ce soit : tout est faux !
    La suite est plus dans le vrai : "L'homme est donc bon naturellement". C'est presque ça : un homme ne peut être plus mauvais qu'il ne l'ait.

    L'auteur, "qui a pris la peine d'aller lui-même rendre visite à toutes les sectes dont il parle", rappelons-le (c'est la préface qui le dit) a du se tromper dans ses fiches, car d'après lui pendant l'Opération, "l'officiant commence par lever les bras vers le ciel en silence, et cette méditation collective dure quelques minutes" (p.119). Je n'ai jamais entendu cette façon de faire. Mère pendant les années 30 procédé de façon similaire. Mais il ne me semble pas que cela fut reproduit par les autres desservants de temple, ni en France, ni en Belgique. Cela dit, même si l'auteur a remarqué que "le rite de guérison avait déjà été l'occasion d'une scission entre antoinistes belges et français, les premiers ne tenant l'opération pour valable que si elle s'effectue au cours d'un culte collectif, les seconds s'étant spécialisés dans les guérisons individuelles", il avoue qu'il n'a "pas eu de contacts avec les adeptes étrangers" (p.120). Voilà qui est honnête. En même temps, vu que la plupart des choses qu'il raconte sur ce qu'il croit être l'antoiniste français est faux, il aurait été juste de raconter aussi n'importe quoi sur la pratique de l'antoinisme en Belgique.
    Pour l'auteur, "l'antoinisme n'existe et ne se propage que comme une vaste entreprise de guérison mystique, largement aidée dans son essor par la propagande extraordinaire faite actuellement par la presse et le livre à la gloire des guérisseurs de toute espèce" (p.120). L'auteur évoque-t-il Les Guérisons miraculeuses modernes de Noël Bayon édité en l'année précédente ? En tout cas, il pensait peut-être que la propagande s'était épuisé en 1957, car lui-même publiera chez Grasset Les Guérisseurs.
    Mais peut-être l'auteur pourrait nous apprendre quelques chose : "Il y a quelque années encore, il y avait des heures fixes pour la réception des malades et des jours entiers où le temple était rigoureusement fermé. Ces moments étaient en principe, ceux réservés aux « frères » et aux « sœurs » pour recharger leurs accus en fluides. Actuellement, toutes ces règles ont été abolies chez nous. On reçoit à toute heure et n'importe quel jour quiconque désire se faire soigner car (nous écrit une personne qui appartient à l'Antoinisme depuis vingt années) : « On s'agrandit ; il faut bien évoluer... »" (p.120). Est-ce encore une extrapolation de l'auteur, où vraiment un changement dans les horaires d'ouverture des temples ? Cela concerne-t-il tous les temples ou seulement celui de la personnes adeptes depuis vingt ans ?
    Concernant le nombre d'Antoinistes, l'auteur accorde le chiffre de 450 000 "comme proche de la réalité. En Belgique, ils possèdent 28 tempes, dont 2 à Bruxelles ; en France, 18, dont 2 à Paris (rue Vergniaud et rue des Grands-Augustins)." Hors, d'après les dates de consécrations, en 1953, il y avait, en Belgique 29 temples, et en France 22 temples. Mais on comprend, pourquoi maintenant il peut y avoir tant d'erreurs chez cet auteur, et mon hypothèse se vérifie : s'il s'est rendue dans la rue des Grands-Augustins (dans le 6e arrondissement), il n'a pas du assister à une Opération ou rencontrer des Antoinistes, le deuxième temple parisien étant dans la rue du Pré-Saint-Gervais. Le 3e temple ouvrira au Passage Roux dans le 17e arrondissement (ces deux temples sont distants de 5 kilomètres de la rue des Grands-Augustins). Est-ce à dire qu'il y avait une salle de lecture dans cette rue ? Possible ? Mais alors là, il ne pouvait y avoir d'Opération. A quoi à donc assisté l'auteur dans la rue des Grands-Augustins : Mystère !
    En tout s'il dit honnêtement ne pas avoir été en contact avec les adeptes étrangers (Belgique, mais d'après lui bon nombre de fidèles serait en Allemagne et dans les pays anglo-saxons), il n'a pas du aller ailleurs qu'à Paris, car d'après lui "la plupart des temples de provinces sont de simples maisons particulières" (p.121). Or, si ce ne sont pas des églises avec clocher, les temples de provinces sont bien des temples, et non de simples maisons.

    Mais laissons conclure l'auteur lui-même, et adoptons sa façon d'étudier le mouvement, à force de 'sic' et de remarques amusantes (j'utilise les crochets pour les signaler) :
    "Partout, ce sont les plus humbles, les plus déshérités [sic], les plus crédules [re-sic] qui se tournent vers cette religion sans fastes et « si utiles quand on a quelque chose qui ne va pas » (comme nous disait l'un d'eux) dont les formules grandiloquentes [on n'a pas peur de se contredire dans la même phrase : 'religion sans fastes avec des formules grandiloquentes'] leur paraissent merveilleuses, et qui leur impose aussi peu d'obligations que possible [notamment pas de quête, d'aumône, ou de récolte de fonds]. L'Antoinisme peut être considéré comme la religion qui, proportionnellement au nombre de fidèles, compte le plus grand nombre d'ouvriers, notamment métallurgistes et mineurs [et donc ? Qu'est-ce que c'est que ça pour une remarque]. Il n'est que juste de faire la part - dans ce succès - du dévouement des « frères » et des « sœurs » dont la sincérité ne paraît pas contestable, quelque jugement qu'on puisse porter sur les mobiles et les aspects douteux de leur action" (p.121-122).
    Nous voilà rassuré : ils sont bizarres, mais ils ne sont pas comme nous, faisons-nous une raison, en attendons qu'ils veuillent bien retourner dans la Vérité du Christ né d'une Vierge et d'un Charpentier, mort et ressuscité, etc., etc., etc.

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