Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

angleur

L'Antoinisme après la Mère

Publié le par antoiniste

    L'histoire ultérieure du culte antoiniste est très calme. En Belgique, Joseph Nihoul, le président du Conseil antoiniste, puis ses successeurs, dirigent la religion jusqu'à leur mort, aux côtés des membres composant ce conseil.
    L'autorité de Catherine est cependant remise en question juste après sa mort par la branche belge du culte, qui enlève alors les changements qu'elle avait apportés : suppression des photographies dans les temples, du baptême, du mariage et de la communion, opposition à la traduction des œuvres d'Antoine, etc. Un Numéro spécial de l'Unitif est édité à cette occasion en Juillet 1941Frère Baptistin Pastorelli de Paris le soutien dans cette démarche. La fille adoptive de Père et Mère Antoine lui répond dans une lettre en critiquant vertement Frère Nihoul.
    Néanmoins, un groupe de fidèles belges, affirmant suivre la véritable tradition antoiniste, ouvre le 1er avril 1943 à Angleur un temple dans lequel il préfère conserver les portraits des époux Antoine. Durant un temps, des adeptes favorables à laisser les portraits manifesteront devant le temple de Jemeppe pour que le Conseil revienne sur la décision de Frère Nihoul.
    En France, les antoinistes voulurent, en majorité, rester fidèles à toutes les exigences apportées par le couple fondateur. Mais cela n'a pas non plus été sans heurts. Trois temples firent dissidence. Un groupe à Tours créa même une autre cultuelle "traditionaliste" détachée de l'Union cultuelle antoiniste après que Frère Albert Jeannin pris connaissance de la dissidence et régla le problème.

    Malgré ces différences, les deux branches se montrent mutuellement de l'aide et de la tolérance. Ainsi, après la mort de Catherine, deux formes de culte antoiniste sont apparues, lesquelles restent légèrement différentes : l'une en Belgique, l'autre en France.
    En Belgique, la croissance de la religion a commencé rapidement à stagner, voire à décliner, preuve en est le fait que plus aucun temple n'y a été construit depuis 1968 et que plusieurs parmi les édifices existants sont actuellement inusités à cause d'un manque d'argent et/ou de membres costumés, voire vendus.
    En France, la construction de temples s'est en revanche poursuivie jusqu'en 1993.

source : wikipedia.org/wiki/Antoinisme

    Le culte antoiniste sera alors peu étudié et peu relaté dans les journaux, hormis lors de consécration de nouveaux temples. Notons l'étude de Pierre Debouxhtay (faisant suite à son livre Antoine le guérisseur et l'Antoinisme de 1934) appelé simplement L'Antoinisme et publié en 1945. L'Antoinisme a du attendre 1993 pour qu'il soit étudié par le sociologue Régis Dericquebourg. Ajoutons une nouvelle biographie romancée de Louis Antoine par Roland AE Collignon.
    Le culte belge éditera à partir de 2003 un petit Historique et des Démonstrations.

    En 1970, pour le 60e anniversaire de la consécration du culte, le Conseil antoiniste belge décident de mettre le temple comme il est en France : les portraits sont replacés dans les temples. On en revient aux formules anciennes annonçant l'opération, laquelle est rétablie le dimanche. La lecture des "Dix Principes", elle aussi, est rétablie après les Opérations en semaine. Tout cela sous l'impulsion du frère Lucien Miot, « Secrétaire moral du Culte », qui crée une revue mensuelle le "Journal d'Information Morales", qui disparaît quelques années plus tard.

    Jemeppe revient, avec Soeur Ghislaine Dumont aux pratiques d’avant la réconciliation en 1985. Il est cependant permis aux desservants des autres temples de garder le rituel français. En 2000, une École du Nouveau Spiritualisme est créé au temple de Jupille alors inoccupé. En 2010, une solidarité des groupes est créée pour faire des lectures dans les temples qui n'ont plus de desservants. Beaucoup a donc été entrepris pour retrouver des adeptes prêts à s'investir dans le Culte, sans grand succès, la Wallonie ayant connu une désindustrialisation importante et un chamboulement social très dur. Internet et les médias sociaux amènent maintenant à quelques personnes de découvrir le Culte (qui se refuse toujours à tout prosélytisme) et s'engagent pour certains.
    Lors du centenaire du Culte Antoiniste, de nombreux adeptes belges et français se rendent à Jemeppe le 15 août 2010 pour les 4 Opérations répétées dans le Temple qui eurent lieu à cette occasion. Soeur Marie-Thérèse van Loo, desservante du Temple de Jemeppe est à la grande tribune.

Voir les commentaires

Dissidence du Temple d'Angleur

Publié le par antoiniste

Voir les commentaires

Antoinistes pendant la 2e Guerre mondiale (La Meuse, 7 juin 1945)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Antoinistes pendant la 2e Guerre mondiale (La Meuse, 7 juin 1945)(Belgicapress)

Un récit comme tant d'autres

UNE PRISONNIERE POLITIQUE LIEGEOISE
NOUS FAIT VIVRE SON CALVAIRE

    Au temple du culte antoiniste d'Embourg, quelques patriotes se livraient à une action que les Allemands finirent, hélas, par connaître !
    Plusieurs arrestations furent opérées : celle du docteur Tilkin, de Grivegnée, dont on est sans nouvelle, de Mme Hanoul et de M. Jeanne Disty, rentrées depuis quelques jours et toutes deux alitées.

    « Je pesais près de quatre-vingt-dix kg. au moment de mon arrestation, le 8 juin 43, nous dit Mme Disty. Ma fiche de l'hôpital en accuse 44. Elle date d'hier.

    » Après trois mois de séjour au secret à St-Léonard, nous partions sans jugement pour l'Allemagne. Nous fîmes un premier séjour de 3 semaines à Ravensbruck, dans d'épouvantables conditions d'hygiène et de nourriture. Nous couchions sous un hangard, à tous vents, sans couverture. J'avais trouvé un vieux papier gris dans lequel je m'emballais les jambes. Ma gardienne, une S. S. me l'arracha aussitôt qu'elle s'en aperçut et un S. S. m'infligea à coups de bâton, une correction qui m'ôta l'envie de tricher encore. L'appel à la cour durait entre 2 et 4 h., quel que soit le temps et nous n'avions qu'un peu de pain et une soupe légère comme de l'eau.
    » Nous partîmes pour les usines Bertrix, dans la vallée de la Sprée, où nous faisions 12 heures de travail sans jamais un jour de repos.
    » Je ne vous dis rien du transport en wagon à bestiaux, sans rien à manger ni à boire.
    » Les gardiennes S. S étaient d'une inconcevable brutalité. Les coups pleuvaient sans la moindre raison. Au camp, nous touchions un pain pour cinq détenues et un litre de soupe infâme. Un soir, le camp fut bombardé et les baraquements prirent feu. On nous y avait naturellement enfermées et personne ne vint nous ouvrir. Nous dûmes unir ce qui nous restait de force pour défoncer les portes et nous sauver dans l'enceinte où les S. S. réapparurent tout danger passé pour remettre de l'ordre et apaiser l'affolement selon leur méthode. Certains regrettèrent que nous n'ayons pas été « grillées comme des cochons ». Le lieu étant inlogeable, on nous rangea et nous partîmes à pied pour Koepenick.

    » La plupart des nôtres étaient à pieds nus. Plus personne n'avait de gamelle. On prenait sa soupe dans de vieilles boîte à conserves dont les bords en dent de scie coupaient les lèvres. On recevait un pain par sept détenues. En arrivant, nous fûmes contraintes à une longue pause, dans la cour, entièrement dévêtues, pour recevoir une nouvelle chemise.

    » On nous mit au creusement de tranchées.

    » Bientôt l'avance des Russes imposa un nouveau déménagement vers Orianenburg. Nous partîmes à pieds par étapes de 35 km. Personne n'avait le droit de s'arrêter : qui tombait était achevé sur place. Plus de pain : quatre ou cinq pommes de terre à moitié cuites.

    » Je suis là. Le mauvais rêve est passé. Mes amis m'apportent des fleurs. Puissent-elles effacer les visions terribles dont nos yeux ont peine de se détourner. Une seule chose nous en guérira. C'est d'apprendre que nos tortionnaires ont été punis comme ils le méritent et que, dans tous les pays leurs amis, leurs aides n'ont pas échappé au juste châtiment. Sans cela, les honneurs... »

                                                                                  René LOUETTE.

La Meuse, 7 juin 1945 (source : Belgicapress)

    Il s’agit certainement d’une salle de lecture, la ville d’Embourg ne possédant pas de temple.

    On connait le couple Hanoul pour avoir créé un temple avec photo à Angleur après que le Premier représentant du Père de Belgique décida leur retrait dans les temples après la désincarnation de Mère qui en avait instauré la tradition.
    On apprend par la presse que le docteur Tilkin mourra en Allemagne vers 1947 en tant que déporté politique. Sportif invétéré, on créera en son honneur la ceinture Tilkin, décerné aux non professionnels dans les années directes d’après-guerre.

    Des personnes se souviennent que Frère José et Sœur Marie du Temple d’Herstal auront caché et protégé des familles juives pendant la Deuxième Guerre mondiale, et au Temple de Huy, deux ou trois ménages ont été accueillis et hébergés par le desservant et son épouse.

    On sait également que des Antoinistes en France ont participé à la résistance : Angèle et Suzanne Marseille, déclaré par Israël comme « Justes parmi les Nations », le frère André Levasseur du temple de la rue du Pré Saint-Gervais…

    René Guenon, dans son livre sur Le Théosophisme dit pour sa part (mais il ne cite pas ses sources et on le sait de parti-pris) : « Depuis cette époque [reconnaissance du culte et soutien de sénateurs francs-maçons], on a raconté des choses singulières sur le respect tout spécial témoigné par les Allemands à l’égard des temples antoinistes, et que les adhérents de la secte attribuèrent à la protection posthume du « Père ». » (p.259)
    On ne sait pas s’il parle de la première ou de la deuxième guerre mondiale. On sait par ailleurs, qu’après la première guerre mondiale, des temples ont été réparés aux frais de l’état pour dommage de guerre, notamment celui de Jupille et d’Angleur, mais même celui de Jemeppe.

Voir les commentaires

Faire-part - Veuve Joseph Swerts (La Wallonie, 12 mai 1937)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Faire-part - Veuve Joseph Swerts (La Wallonie, 12 mai 1937)(Belgicapress)

    KINKEMPOIS-ANGLEUR. – On nous prie d'annoncer la mort de Madame
                                  Veuve Joseph SWERTS,
 
                                                                    Née Félicie HALLOY
 
                                          Mère de Mme Bleuart, accoucheuse,
          
                              Belle-mère du citoyen Victor Merian,
décédée à l'âge de 77 ans.
    L'enterrement sous le rite antoiniste aura lieu jeudi 13 courant, à 15 heures.
    Réunion à la maison mortuaire, rue Joseph De Munck, 2 à 1 minute du pont du Val Benoit.
    Cet avis tient lieu de lettre de faire part.

La Wallonie, 12 mai 1937 (source : Belgicapress)

Voir les commentaires

Emile et Sybilla Hanoul médaillés (Le Soir, 14 janvier 1949)

Publié le par antoiniste

Emile et Sybilla Hanoul médaillés (Le Soir, 14 janvier 1949)

    L'ambassade des Etats-Unis annonce que la Medal of Freedom (médaille de la Liberté) a été décernée par l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique, à un groupe de citoyens belges qui rendirent de valeureux services à la cause des armés alliées durant la guerre. La médaille a été remise aux décorés ou aux proches parents au cours de cérémonies privées qui se sont déroulées à l'ambassade les 11, 12 et 13 janvier.
    [...]
    Ont reçu la Médaille de la Liberté : Emile Hanoul, Mme Sybille Hanoul-Bovy

Le Soir, 14 janvier 1949 (source : Belgicapress)

Voir les commentaires

Emile Hanoul, désincarnation (La Wallonie, 17 novembre 1949)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Emile Hanoul, désincarnation (La Wallonie, 17 novembre 1949)(Belgicapress)Nécrologie

Les familles HANOUL-HALLEUX et
leurs enfants nous prient d’annoncer la mort de

Monsieur Emile HANOUL

Desservant du Temple Antoiniste d’Angleur
Epoux de Sybilla BOVY « Sœur Madeleine ».
Décoré de la Croix du Prisonnier Politique avec étoile ;
de la Médaille Commémorative de la Guerre 1940/45 ;
de la Médaille de gratitude américaine pour services aux prisonniers alliés,

survenue à Angleur, à l’âge de 80 ans, des suites de mauvais traitement subis en captivité.

L’enterrement suivi de l’inhumation au cimetière des Sarts, aura lieu le vendredi 18 novembre, à 10 h. Réunion à la mortuaire, 84, r. de Tilff, Angleur.
    Cet avis tient lieu de faire-part.

----------------

POMPES FUNEBRES ANGLEUROISES
DECUYPERE ET FILS.

La Wallonie, 17 novembre 1949 (source : Belgicapress)

 

    Remarquons que l’on retrouve les noms Bovy (nom d'un membre de Crotteux guéri par le Père, ainsi que comme un membre de la salle de lecture de Velroux) et de Halleux (nom de la femme d’Armand Gohy, initiateur du temple de Stembert).

Emile Hanoul, désincarnation (La Wallonie, 17 novembre 1949)(Belgicapress)

La Wallonie, 22 novembre 1949 (source : Belgicapress)

Voir les commentaires

Groupe Antoiniste - 244, rue Gilles Magnée - Ans (Liège)

Publié le par antoiniste

Groupe Antoiniste - 244, rue Gilles Magnée - Ans (Liège)

Groupe Antoiniste - 244, rue Gilles Magnée - Ans (Liège)

    Trouvé sur internet, une photo d'un "groupe antoiniste", à Ans (extrême Nord-Ouest de Liège).
    Mère décide de fermer les salles de lectures en Belgique en 1932 de peur de voir les guérisseurs prêcher autre chose que la Révélation du Père. C'est pourquoi on annonce ici l'existence d'un Groupe Antoiniste. S'agit-il d'un tentative de dissidence faisant suite à celle d'Angleur après le décès du frère Hanoul ou précédent la construction du temple de Retinne ?
    S'étant retirée en 1931 des affaires françaises, la France continua à ouvrir des salles de lectures.


    Entretemps, le Frère Pierre Beaujean précise que "jusque dans les années 1990, a existé un "Temple" à ANS. Mais s'agissait d'une initiative d'une sœur. Ce "Temple" n'a jamais figuré dans la liste des Temples. Il était situé Rue Magnée."

    Il ajoute : "J'ai découvert ce "Temple" fin des années 1980. Je crois que cela a existé jusque +/1995. La "desservante" a, selon ce que la sœur Germaine de Bierset m'a dit, avait cessé après son mariage. Bien que non reconnu comme "temple", il avait quand même reçu une plaque normale. Et, je n'ai jamais entendu parler de problèmes particuliers avec Jemeppe. Il parait qu'elle vouait une dévotion particulière au fils du Père ANTOINE."

    Frère Pierre Dock indique encore : "Alors, voici les infos recueillies ce jour d'une ancienne desservante de 88 ans.
    Le couple qui a fondé cette salle de lecture était desservant au Temple de Forest, lorsque le Conseil les a forcé à enlever les photos, ils ont quitté Forest, sont revenus à Ans, on fait des travaux dans ce qui était un fournil et ont créé cette salle de lecture où le travail de Mère était respecté à la lettre et où il y avait beaucoup de monde et effectivement elle a cessé ses activités en 1990.
    Frère Emile et Sœur Mimi, fondateurs de Retinne, faisaient du service là-bas, avant la construction de Retinne.
    PS: Particularité : un système astucieux de poulies qui permettait l'aération du Temple lors des fortes chaleurs et les jours d'affluence."

Voir les commentaires

Dissidence racontée par Alain Lallemand (Les sectes en Belgique et au Luxembourg)

Publié le par antoiniste

    Le desservant du temple situé quai des Ardennes, à Liège, devait ouvrir à Angleur un temple où il se proposait de revenir au 'culte antoiniste primitif'. H., non autrement désigné (le frère Hanoul certainement), sera assigné en 1949 devant le tribunal correctionnel, et le dossier ira en appel : les antoinistes auraient voulu qu'il soit condamné à fermer son temple, ce qui fut refusé en instance et en appel. Par contre, la Cour lui fit défense d'apposer l'enseigne 'culte antoiniste', le souhait d'induire une confusion entre les deux cultes étant évident.

Alain Lallemand, Les sectes en Belgique et au Luxembourg, 1994, p.58
source : GoogleBooks

Voir les commentaires

Dissidence racontée par Régis Dericquebourg (Les Antoinistes)

Publié le par antoiniste

    Seul le temple de Retinne s'est distingué mais il ne s'agit pas d'une vraie dissidence. La desservante et les adeptes se sont simplement ralliés au rituel français qui est considéré dans l'antoinisme comme une tendance et non comme un schisme. Il en va de même de la fondation du temple d'Angleur par Hanoul qui voulait exposer les portraits des fondateurs. Cette absence de fragmentation du mouvement après la mort du prophète mérite d'être signalée. Est-ce à cause du type d'organisation que la compagne de Louis Antoine avait mis en place ou le doit-on au fait que type de religion apparut comme dépassé au point que personne ne crut vraiment en l'avenir d'une dissidence ?

Régis Dericquebourg, Les Antoinistes, 1993, p.33

Voir les commentaires

Dissidence à Angleur par le Fr. Hanoul (Journal des tribunaux, 27 avril 1947)

Publié le par antoiniste

Dissidence à Angleur par le Fr. Hanoul (Journal des tribunaux 27 avril 1947)

Dissidence à Angleur par le Fr. Hanoul (Journal des tribunaux 27 avril 1947)

Liège (1re ch.), 9 janvier 1947.

Siég. : M. Cloos, vice-prés.
Min. publ. : M. VAN DEN BOSSCHE.
Plaid.: MM PENNINCK, GRAULICH et Théo COLLIGNON.

(Culte Antoiniste c. Hanoul.)

    LIBERTE DES CULTES. - Droit constitutionnel absolu. — Inopérance de l'approbation donnée à des statuts d'un établissement public. Liberté de l'inscription qualifiant un culte religieux. - Absence de droit privatif.

    L'ordre judiciaire de fermer un temple prétendu dissident et le dessaisissement de son desservant serait contraire å l'article 14 de la Constitution qui garantit de la façon la plus large la liberté des cultes.
    L'approbation gouvernementale des statuts d'un culte constitué en établissement d'utilité publique conformément à la loi du 27 juin 1921 ne saurait garantir l'orthodoxie des idées défendues par le dit établissement, ni lui accorder le monopole exclusif de son culte.
    La dénomination statutaire d'un établissement d'utilité publique doit être suffisamment spécifique pour faire l'objet d'un droit privatif. La liberté des cultes appelle le droit à la libre qualification des cultes.
            Dans le droit :
    Vu le jugement du 11 juillet 1946 ;
    Attendu que l'action est recevable telle qu'elle est intentée ;
    Attendu que le défendeur Hanoul est un disciple de la première heure de Louis Joseph Antoine, mieux connu sous le nom de « Père Antoine » comme fondateur de la secte religieuse dite « Antoinisme » ;
    Attendu qu'après la désincarnation du Père Antoine qui se situe le 25 juin 1912, Hanoul fut désigné en qualité de desservant du temple antoiniste du quai des Ardennes à Liège ;
    Qu'en mars 1943, à la suite d'un différend au sujet d'une question de liturgie, Hanoul fut démis de ses fonctions de desservant ; que les demandeurs obtinrent en justice son expulsion du temple du quai des Ardennes et des locaux adjacents affectés à son habitation ;
    Attendu que le défendeur ne voulant pas s'incliner devant les mesures dont il était l'objet, s'installa rue de Tilf, n° 84 à Angleur où il ouvrit un temple et y mit en pratique ce qu'il prétend être la doctrine du père Antoine dans toute sa pureté, primitive ; que sur la porte de ce temple, il apposa un écriteau avec cette mention « Culte Antoiniste » ;
    Attendu que conformément à la loi du 27 juin 1921 la veuve du « père Antoine » créa sous le nom de culte Antoiniste un établissement d'utilité publique dont les statuts furent fixés suivant acte avenu devant Maître Lapierre, notaire à Jemeppe sur Meuse et approuvés par A. R. du 3 octobre 1922 ;
    Attendu que le dit établissement par l'organe de son conseil d'administration fait citer Hanoul aux fins qu'il lui soit interdit d'utiliser la dénomination « Culte Antoiniste » ; qu'il soit condamné à fermer son temple de la rue de Tilf à Angleur et qu'il lui soit fait défense de se présenter et d'agir en qualité de desservant d'un temple antoiniste ;
    Attendu que parmi les avantages précieux que leur apporte la constitution, les belges trouvent la garantie de diverses libertés dont celle des cultes leur est assurée par l'article 14 ;
    Attendu que faire droit à la demande de fermeture du temple et d'interdiction d'agir comme desservant du culte antoiniste serait aller à l'encontre du but de cette disposition et sortir du cadre juridique de la compétence des tribunaux ;
    Attendu que l'article 2 des statuts approuvés par l'A. R. du 3 octobre 1922, répond au prescrit de l'article 30 1° de la loi du 27 juin 1921 en indiquant les objets en vue desquels l'institution a été créée, à savoir la propagation de la religion antoiniste et l'administration des biens temporels présents et à venir de l'établissement ;
    Attendu que l'approbation des statuts d'un établissement d'utilité publique par le gouvernement n'a eu, ni pour but, ni pour effet de violer la Constitution ; qu'elle n'entend ni garantir l'orthodoxie des idées défendues par les dirigeants de cette institution, ni assurer à ceux-ci l'exclusivité de la pratique de la religion antoiniste ;
    Que les articles 40 et 41 de la loi du 27 juin 1921 donnent au Ministère public un droit de surveillance sur la façon dont les administrateurs réalisent l'objet pour lequel l'établissement a été créé ; mais c'est en vue de veiller à ce que les biens de l'institution soient réellement affectés à cette destination et non à ce que la doctrine soit respectée par les adhérents ou par les étrangers ;
    Que rien n'empêche donc le défendeur de pratiquer la religion antoiniste suivant la formule qu'il estime la meilleure, soit parce qu'il la croit conforme à la doctrine intégrale du fondateur, soit qu'il veuille la modifier quitte à l'établissement demandeur à mettre ses adeptes en garde contre le danger que présenterait l'enseignement du défendeur dissident ; qu'il y a lieu d'ailleurs de remarquer que l'établissement d'utilité publique « Culte Antoiniste » n'a pas été créé par le « Père Antoine », mais après sa mort ;
    Attendu quant à l'inscription « Culte Antoiniste » apposée sur la porte du temple d'Angleur, que la dénomination adoptée dans les statuts de l'institution demanderesse n'a rien de spécifique et que rien ne permet de déceler si c'est cette dénomination comme telle qui figure sur cette porte ou simplement les mots : « Culte Antoiniste » qui existent avant la fondation demanderesse et sont en quelque sorte l'équivalent de religion antoiniste ; que dans ces conditions la dite mention ne pourrait faire l'objet d'un droit privatif ;
    Qu'on ne pourrait d'ailleurs voir une intention malveillante ou déloyale dans le choix de cette mention puisque le défendeur aurait tout intérêt à choisir une autre appellation que celle adoptée par les tenants d'une secte qu'il réprouve ;

            Par ces motifs :

            Le Tribunal, Statuant contradictoirement, rejetant toutes autres conclusions plus amples ou contraires ;
    Ouï en son avis conforme donné en langue française, M. Van Den Bossche, Juge suppléant, ff. de Ministère public ;
    Dit l'action recevable, mais non fondée, en déboute l'établissement demandeur et le condamne aux dépens.

    OBSERVATIONS. — Le jugement rapporté a donné au tribunal l'occasion de mettre en lumière un aspect nouveau de la liberté des cultes. La logique de notre droit constitutionnel postule le droit à l'hérésie, le croit au schisme. La séparation de l'Etat et des Cultes, l'indifférence juridique de la cité moderne aux convictions philosophiques et confessionnelles se traduisent dans l'article 14 de notre loi fondamentale, qui affirme le droit de chacun d'avoir, de pratiquer et de manifester telles opinions religieuses qu'il voudra, sous la seule réserve de la répression des atteintes à l'ordre social érigées en infractions par la loi.
    Ce principe s'oppose à ce que l'Etat prête la sanction du Bras Séculier pour faire échec à une dissidence qui se serait déclarée au sein d'un culte. Il est certain qu'en ordonnant à la satisfaction du culte demandeur la fermeture du temple dissident d'Angleur, et en dessaisissant son desservant, le tribunal aurait méconnu le principe constitutionnel de la libre interprétation des dogmes et des disciplines religieux.
    Le jugement rappelle la portée de l'approbation gouvernementale des statuts d'un culte érigé en établissement d'utilité publique. Quand les statuts mentionnent parmi les buts institutionnels la propagation du culte, leur ratification ne saurait emporter à l'établissement approuvé l'attribution d'un monopole dogmatique ou disciplinaire : la constitution s'y oppose.
    D'autre part, la surveillance des établissements d'utilité publique n'a été organisée par les articles 40 et 41 de la loi du 27 juin 1921 que pour sauvegarder le principe de la spécialité de la personne morale : le Ministère public est chargé de contrôler la conformité de l'affectation des biens de la fondation à son objet institutionnel. L'interprétation fidèle des doctrines religieuses échappe constitutionnellement à l'appréciation de l'Etat.
    Le tribunal a également refusé de reconnaître à l'établissement demandeur un droit privatif sur la dénominations culte antoiniste qu'il s'est donnée statutairement. Le jugement ne met pas en doute le principe que la personne morale a un nom et qu'elle peut le défendre contre les usurpations de tiers (Michoud, Théorie de la personnalité morale, 1932, t. II, p. 96). S'il permet au dissident d'utiliser l'appellation « culte antoiniste », c'est que sa généralité empêche de déceler si c'est la dénomination institutionnelle de l'établissement demandeur que le dissident a reprise ou bien l'expression courante, équivalent à « religion antoiniste » et employée par le public pour désigner le fait social de l'Antoinisme.
    Il semble que le tribunal ait ainsi dégagé la condition nécessaire de l'appropriation privative d'une dénomination sociale par l'être juridique qui l'adopte, à savoir son caractère spécifique. Le nom est le signe de la personne, son attribut distinctif ; il individualise à l'égard des tiers l'être physique ou moral qu'il signale. Pour avoir cette vertu discriminatoire et participer de la personnalité de son sujet, la dénomination doit revêtir un caractère spécifique.
    (Sur les litiges relatifs au droit à la dénomination sociale des personnes morales, créées en conformité de la loi du 27 juin 1921, on consultera avec intérêt l'arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles du 15 avril 1931 confirmant le jugement du IO juin 1930, reproduit dans la Revue Pratique des Sociétés, 1931, pp. 258 et s., avec une note d'observation de M. Goedseels.)
    A vrai dire, le tribunal aurait pu trouver dans la liberté des cultes elle-même un fondement suffisant à ce dernier débouté. En condamnant Hanoul à effacer de la porte de son temple l'inscription « culte Antoiniste », sous le prétexte du droit privatif de la fondation demanderesse sur sa dénomination, le tribunal aurait implicitement contesté la liberté de qualification d'un culte religieux, qui est un nouvel aspect de la liberté des cultes.

                                           P. Van Coppenolle.

Voir les commentaires

1 2 3 > >>