
Titre L'homme est-il maître ou victime de son destin ?
Illustrations hors texte
Auteurs P. Thivollier (M. Pignal, R. Duval-Bresson)
Éditeur Editions de l'Oasis, 1959
Longueur 224 pages
Livre traitant de l'occultisme : La divination (cartomancie, chiromancie, astrologie), la voyance, la superstition, la magie et la sorcellerie (sorts et envoutements), les guérisseurs (hypnotisme, radiesthésie), le spiritisme, les revenants et les maisons hantées, enfin, la possession diabolique.
Source : GoogleBooks
P. THIVOLLIER (d'après les travaux de R. DUVAL-BRESSON). — L'homme est-il maître ou victime de son destin ? Missions ouvrières paroissiales. Issy-les-Moulineaux (Seine), impasse Cloquet. 1954. 18 x 14 cm. 220 pages.
Sous un titre qui annonce mal le sujet traité mais que précise heureusement la frise entourant la couverture, le P. Thivollier, dont on sait le remarquable effort de vulgarisation religieuse, nous présente, avec l'aide de la documentation fournie par M. Duval-Bresson, une somme, accessible à tous, des fausses sciences, dont le renouveau inquiétant est paradoxal au siècle de la science et de la technique. Tour à tour sont présentés et jugés la divination (cartomancie, chiromancie, astrologie), la voyance, la superstition, les rêves, les sorts, les envoûtements ; l'hypnotisme, la radiesthésie, les revenants et les maisons hantées, la possession diabolique, le spiritisme. Ce dernier sujet fait l'objet des développements les plus complets. L'orientation générale de ce livre nous paraît assez heureuse. Fraude, abus de confiance et supercherie qui accompagnent si souvent ces pratiques sont dénoncées avec énergie ; la possibilité de phénomènes « parapsychiques » est réservée avec prudence. Sur ce point, le P. Thivollier à raison d'être moins radical que Noël Bayon (le spécialiste des guérisseurs, dont nous nous étonnons de ne pas voir cités les ouvrages sérieux, vivants et accessibles) ; on aurait cependant souhaité plus d'explications. L'unique page consacrée à la radiesthésie est trop sommaire : elle risque de laisser croire à des possibilités d'investigation en un domaine qui, jusqu'ici, ne semble pas en avoir apporté quelque fondement.
Étude judicieuse, riche de faits, et d'une lecture facile, qui rendra service.
François Russo.
Source : Études (revue fondée en 1856 par des Pères de la Compagnie de Jésus, avril 1955 (Gallica)
On peut en lire des extraits sur gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3337917p).
Dans le chapitre sur les Guérisseurs, on lit plusieurs références, généralement fausses, sur le père Antoine, par exemple que "le malade consultant est souvent invité à réciter la formule avec son guérisseur... et même à en porter sur lui le texte écrit comme une talisman. La récitation de la « prière qui guérit » est accompagnée de gestes variés. Ainsi procédait le fameux « Père Antoine ». [...] Partant des images saintes et vénérables places sur le mur, le Père Antoine faisait des gestes très spectaculaires d'apporter les « fluides » jusqu'au malade. Il procédait aussi par imposition d'images, de tuniques, de linges ayant appartenu à de puissants personnages... (p.149-50)
Encore plus loin : "De la foi au pouvoir du guérisseur à la foi en la guérison, il n'y a qu’un pas.
"Un exemple fort éclairant, à ce sujet, est, semble-t-il, celui du célèbre Père Antoine, le fameux guérisseur de Jemeppes, en Belgique... et dont la secte compte encore aujourd'hui quelque 500.000 adeptes. Il exigeait de ses malades une foi absolue excluant tout acte d'intelligence, tout raisonnement. A l'entendre, le mal n'existait pas..., mais la croyance au mal, était précisément l'origine de la maladie... Celui qui mettait sa foi dans le Père Antoine et qui donc pensait comme lui, à savoir que le mal n'existait pas, celui-là était sur le chemin de la guérison. L'emblème du Père Antoine – et aujourd'hui encore de ses disciples – c'était un arbre noir : l'Arbre de la Science de la Vue du Mal... Avoir cette science que le mal n'existait pas, voir que le mal n'existait pas, c'était le secret de guérir... Les passes « magnétiques » du Père Antoine, qui prétendait capter les fluides transmis par les Esprits répandus dans l'Univers, faisaient le reste... On ne peut donner meilleur exemple de suggestion… C’était vraiment « la foi qui sauve ». Comme l'a dit quelqu'un : « On croyait au Père Antoine parce qu'il guérissait et le Père Antoine guérissait parce qu'on croyait en lui. »"
Evoque l'antoinisme encore à la page 187 dans le chapitre sur le Spiritisme. Le passage est court citons-le in extenso :
Un dérivé du Spiritisme, c'est l'Antoinisme, religion fondée par le Père Antoine, de son nom Antoine Louis, né en 1846 d'une famille de mineurs à Mons-Crotteux, en Belgique. A Jemeppes-sur-Meuse, où il était concierge d'une usine de tôlerie, il s'initia au Spiritisme. Doué pour faire tourner les tables il se découvrit soudainement médium… et chargé de la mission de faire connaître au monde les vérités que les Esprits lui révélaient par les tables… Déjà, il avait de nombreux admirateurs, quand son fils unique mourut… Accablé de douleur, il se sentit appelé à soulager les maux de l'Humanité… Des « esprits guérisseurs » lui donnèrent la science voulue et « l'esprit » de son fils, réincarné en un pharmacien de Paris, lui révéla des remèdes… Il devint bientôt un guérisseur de renom et les foules se pressaient vers lui pour qu'il leur imposât les mains… Le Père Antoine, vieillard à grande barbe blanche, déclarait, en imposant les mains selon un rite spécial, qu'un fluide guérisseur émanait de lui et de ses paroles… Il distribuait aussi des étoffes dites « magnétisées »… Et il prêchait une religion inspirée du Spiritisme d'Allan Kardec… Passant pour un saint, il se fit un nombre d'adeptes considérables, principalement parmi les gens du peuple… On éleva de son vivant un temple à Jemeppes… et il en existe une cinquantaine ailleurs… Encore aujourd'hui, 500.000 personnes se recommandent de lui. A sa mort (disons sa « désincarnation », puisque nous sommes en religion spirite), en 1912, sa femme devint pontife de la nouvelle religion : c'était la « Mère Antoine », vénérée presque à l'égal de son mari jusqu'à sa mort, en 1941…
"Le gros succès du « Père Antoine » est dû aux guérisons qu'on lui attribue (voir à ce sujet le chapitre des guérisseurs, page 153), car les dix principes de la religion antoinisme sont très imprécis et très obscurs… Il s'agissait selon lui — et c'est encore aujourd'hui le cas pour ceux qui prient et guérissent en son nom — de capter « les fluides magnétiques » épars dans l'Univers et que les Esprits peuvent transmettre aux hommes qui entrent en communication avec eux… On le voit, l'Antoinisme s'apparente au Spiritisme."
À lire cette partie, on comprend, par le nombre des …, qu'il s'agit d'un résumé… malheureusement « très imprécis et très obscurs ». Je vous laisse vous-mêmes chercher les erreurs, elles sont nombreuses, vous n'aurez pas de mal à en trouver. Bien sûr, l'Antoinisme, très proche du Spiritisme, est condamné au même titre que la « religion » d'Allan Kardec : « Si la pratique du Spiritisme est pernicieuse au point de vue spirituel, ajoutons qu'elle est également désastreuse sur le plan purement humain. » (p.188).
Il est sûr qu'avec comme étude ce raccourci, on ne peut que pas comprendre ce qu'est l'Antoinisme. Pourtant en lisant certains autres passages, on aurait attendu plus d'indulgence du P. Thivollier pour ce mouvement. Par exemple, dans le chapitre sur la voyance (les conclusions de chaque chapitre sont presque identiques), évoque une solution rationnelle à l'origine de la croyance : L'important, c'est donc « d'avoir du flair ». Nul doute que l'habitude de recevoir des confidences ne donne une grande expérience du « métier » !… Mais on voit qu'il n'est pas nécessaire pour cela de s'afficher « mage », « fakir », « voyante extra-lucide »… Le chef du personnel d'une grande usine qui voit défiler des centaines d'ouvriers à son bureau d'embauche… l'avocat, le notaire, le médecin… le prêtre qui a un peu l'habitude du confessionnal et de la direction des âmes, sont bien placés pour « lire », pour « voir » dans la vie passée, présente et même future de ceux qui s'adressent à eux… Ils pourraient aussi prédire à celui-ci ou à celui-là ce qui lui arrivera s'il continue à marcher dans la ligne qu'il s'est tracée jusque-là. Et la mère de famille, éveillée à son rôle d'éducatrice et douée de psychologie, peut souvent, mieux que personne, lire dans l'attitude de son enfant, dans son regard et ses manières, l'idée qu'il poursuit et la fredaine qu'il vient de commettre. Combien de parents ont prédit à tel ou tel de leur fils ce qui n'a pas manqué de leur arriver à leurs vingt ans !… (p.70)
Un autre passage fait apercevoir les rapprochements qu'aurait pu tracer l'auteur avec la vraie voie du Christ, la seule à ses yeux qui vaille (cf. p.67 : Il n'est pas question ici du cas des Saints, de ces « Voyants de Dieu » qui reçoivent un don de clairvoyance extraordinaire, par une grâce toute spéciale.), s'il avait étudié réellement l'Antoinisme : Il n'est pas question d'engager ici un débat sur le problème de la liberté. Disons simplement ceci sur le sujet qui nous occupe. L'homme est maître de son destin. Bien sûr, il subit de grosses influences : tempérament, hérédité, éducation, milieu social... événements de la vie : maladies, épreuves, guerres, etc. Tout travaille à le façonner, à le modeler. Quand on connaît les circonstances dans lesquelles s'est déroulée une existence, on s'explique bien des choses. (p.69)
Mais, non ! encore une fois, l'on doit se contenter d'un Professeur catholique d'une étude bâclée et étroite d'esprit. Dommage, mais tellement courant de la part de la religion du pardon... Pourtant, chose incroyable, il affirme p.71 : La célèbre Eusapia Palladino, qui fut soumise à de nombreux contrôles et dont le don de voyance fut reconnu, s'efforçait d'être loyale devant ceux qui l'observaient ; elle s'écria un jour : « Tenez-moi bien, je sens que je vais tricher ! ». Que le Père Antoine procédait de la même façon pour ses guérisons et ses révélations, le Professeur n'en a cure.
L'auteur écrit encore : Il reste bien vrai que le Démon se trouve là même où nous sommes assis, dans ces tréfonds de notre âme où vivent la lâcheté, la paresse, l'appétit de vengeance, la sensualité, la passion du gain et du pouvoir, etc. Le Mal, il est dans le cœur humain. (139) Le Père ne dit pas autre chose, mais de manière différente... Dans le même chapitre sur les sorts et envoûtements, il écrit en conclusion que "celui qui nourrit des pensées de haine, même justifiées, contre son ennemi, celui qui entretient en lui des désirs de représailles alimente, qu'il le veuille ou non, les flammes de l'enfer" et que "les prières les plus communes et les plus ordinaires sont les plus efficaces, quand elles s'accompagnent d'un véritable amour de Dieu et du prochain et d'une résolution sérieuse de mener une meilleure vie" (p.141), ce qui, outre ce prêchi-prêcha classique, est très proche de ce que dit le Père.