Reims - 13, Rue du Docteur Thomas

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La volonté affichée par Mère de diviniser le Père conduit à un rapport plus immédiat au divin. Ainsi, l’introduction de la photo de Père, au sein des Temples, va servir à visualiser la figure divine qu’est censée incarner Louis Antoine. Ces changements n’ont pas toujours été bien compris par les fidèles car, comme le souligne B. Narinx, « bon nombre d’antoinistes ne savent pas très bien s’ils doivent prier Dieu, appelé le Père, dont Antoine est le prophète ou bien si Antoine est Dieu lui-même, comme le Christ était Dieu ». L’instauration de rituels tels que le baptême, la communion et le mariage, rituels où le desservant transmet le « bon fluide du Père », vise à inscrire le parcours des antoinistes dans un rapport au sacré. Quant à l’organisation de la fête du Père, le 25 juin, date de son décès, elle est l’occasion de rappeler sa présence au sein de chaque Temple, présence symbolisée par la manifestation de « fluides ». Par ailleurs, il faut indiquer que l’œuvre de Mère se caractérise par la multiplication de pratiques magiques (cf. déposer la robe antoiniste sur le lit d’un malade pour le couper de mauvais fluides) où la réforme du comportement importe moins que la recherche de bénéfices immédiats.
Les différentes modifications apportées par Mère avaient pour objectif de contrôler toute appropriation illégitime du charisme du Père Antoine par les desservants ou les guérisseurs en place. Elles ont ainsi permis d’éviter une crise de succession suite au décès de Louis Antoine sans toutefois être complètement légitimées de part et d’autre de la frontière franco-belge. Ainsi, au lendemain de la mort de Mère, en novembre 1940, la cultuelle antoiniste belge décide d’en revenir à un culte plus dépouillé, celui mis en place par Louis Antoine avant sa mort. Les Temples belges vont être débarrassés des tableaux où figurent Père et Mère pour ne conserver que l’emblème antoiniste, « L’arbre de la Science de la vue du mal ». Quant à la principale cérémonie religieuse, l’Opération, elle n’est donnée que les quatre premiers jours de la semaine, et non du dimanche au vendredi comme cela se pratique en France.
La cultuelle antoiniste française s’inscrit dans la lignée de Mère. Il existe cependant une distinction majeure entre les écrits de L. Antoine et les « pensées » de Mère. Analphabète, Mère n’a pas pu rédiger les modifications qu’elle a apportées au culte antoiniste. Des fidèles s’en sont chargés. L’ensemble de ces modifications ainsi que diverses indications et prescriptions sont consignées dans les Tomes. Ces ouvrages sont présents dans chaque Temple mais inaccessibles aux fidèles ne portant pas le costume antoiniste. Circonscrite à un cercle d’initiés, l’œuvre de Mère ne peut prétendre à la même légitimité que celle de son mari (les livres du Père sont en vente dans le porche de chaque Temple). Alors que les écrits de Louis Antoine sont connus et reconnus par tous, ceux de Mère sont accessibles seulement à quelques-uns, les costumés. Dès lors, deux types de questions se posent. D’une part, quelle place occupe l’œuvre de Mère au sein de l’antoinisme français ? D’autre part, dans quelle mesure cette œuvre n’escamote-t-elle pas la dimension éthique préconisée par Louis Antoine ?
Anne-Cécile Bégot, « Les Mutations de la représentation du divin au sein d’un groupe à vocation thérapeutique », Archives de sciences sociales des religions, 111 (2000) - Varia, [En ligne], mis en ligne le 19 août 2009. URL : http://assr.revues.org/index20222.html. Consulté le 11 janvier 2010.
ANTOINE Louis dit "Le guérisseur"
Flemalle-Grande 8 juin 1846
Jemeppe-sur-Meuse 25 juin 1912
Père Antoine, Antoine le guérisseur.
Epoux de Catherine COLLON "La Mère".
Fils cadet d'une famille de 11 enfants, il s'intéresse d'abord au spiritisme, il est ensuite le fondateur, en 1910 d'une religion présente en Belgique (58 temples), en France (36 temples) et en d'autres régions du monde:
le culte Antoiniste.
Merci à Joseph BEAUJEAN pour ces photos
source : http://www.lescimetieres.com/Photos/ailleurs/jemeppe/ANTOINE.htm
Jean Leplat, de Seraing lui parle d'un article de la Meuse, "où l'on disait que la main d'oeuvre se faisait rare dans la région du Rhin et de la Roer : les Prussiens avaient eu trop de leurs ouvriers pris pour la guerre, et c'était au point qu'ils faisaient travailler des prisonniers français dans leurs fabriques."
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.86
"Cela n'avait pas été difficile. On demandait justement des hommes pour aller à Ruhrort, en Prusse rhénane, où il y avait des usines de la société Cockerill."
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.94
D'ailleurs il n'est rien de grand sur cette terre, dans aucun domaine, sans une part de monotonie et d'ennui. Il y a plus de monotonie dans une messe en chant grégorien ou dans un concerto de Bach que dans une opérette. Ce monde où nous sommes tombés existe réellement ; nous sommes réellement chair ; nous avons été jetés hors de l'éternité ; et nous devons réellement traverser le temps, avec peine, minute après minute. Cette peine est notre partage, et la monotonie du travail en est seulement une forme. Mais il n'est pas moins vrai que notre pensée est faite pour dominer le temps, et que cette vocation doit être préservée intacte en tout être humain. La succession absolument uniforme en même temps que variée et continuellement surprenante des jours, des mois, des saisons et des années convient exactement à notre peine et à notre grandeur. Tout ce qui parmi les choses humaines est à quelque degré beau et bon reproduit à quelque degré ce mélange d'uniformité et de variété ; tout ce qui en diffère est mauvais et dégradant.
Simone Weil, La condition ouvrière, p.213
source : classiques.uqac.ca