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Le 13e anniversaire de la mort du Père Antoine (La Dernière Heure, 26 juin 1925)(Belgicapress)

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Le 13e anniversaire de la mort du Père Antoine (La Dernière Heure, 26 juin 1925)(Belgicapress)LE MYSTICISME
CONTEMPORAIN

UNE ÉTRANGE CÉRÉMONIE
A JEMEPPE-SUR-MEUSE

LE 13e ANNIVERSAIRE
DE LA MORT DU PÈRE ANTOINE

(De notre envoyé spécial)

    Liége, 25 juin. – En ce siècle d'incrédulité, qui a vu s'émousser des croyances séculaires et se fondre les superstitions médiévales, on a pourtant vu naître un nouveau culte : celui d'Antoine le Guérisseur.
    L'Antoinisme compte, à l'heure actuelle, 25,000 adhérents qui ont déjà édifié 29 temples. La moyenne partie de ceux-ci se trouve au pays de Liége et en Belgique ; mais il y en a à Paris, à Lyon et à Monaco. Il y en a déjà un à Forest dans l'agglomération bruxelloise et l'on va en inaugurer un à Schaerbeek.

                  ANTOINE LE GUERISSEUR
    C'est une étrange figure que celle du père Antoine, le fondateur de la nouvelle religion. Il naquit à Mons-Crotteux. Il était d'humble extraction. Dans sa famille on était mineur de père en fils. Rien ne le signalait à l'attention de ses concitoyens, si ce n'est la ferveur de ses prières.
    Les panégyristes d'Antoine vous diront qu'il fut jusqu'à l'âge de 42 ans, un catholique convaincu, puis qu'il s'adonna au spiritisme. Son incursion dans le domaine du psychisme fit qu'il entreprit de guérir les malades.
    Antoine avait une méthode bien à lui. Ce n'était pas un rebouteux. Il ne se livrait point à la confection de philtres. Il n'imposait point les mains. Il agissait par auto-suggestion.
    La foi engendre des merveilles. Des malades guérirent et les bonnes gens de la vallée mosane crièrent au miracle. Les trompettes de la renommée portèrent le nom du guérisseur aux quatre points cardinaux et des maladies vinrent de loin pour demander au père Antoine la guérison de leurs maux.
    Cet apostolat dura 22 ans et ne prit fin qu'avec sa mort ou plutôt sa désincarnation, car les Antoinistes croient à l'immortalité de l'âme.
    Le vieux portier nous a dit que son maître avait un jour reçu 1,060 personnes.
    Ceux qui furent guéris vouèrent au père Antoine une reconnaissance telle que celui-ci se fit le protagoniste d'une religion nouvelle. Il rêva de régénérer la religion du Christ par la foi.
    En 1906, il eut un temple à Jemeppe-sur-Meuse où il s'offrit à la vénération de ceux qu'il avait soulagés.
    Il continua de guérir, mais à sa mort, en 1912 – il avait 66 ans – il léguait une œuvre volumineuse dont on fait chaque dimanche la lecture dans les temples antoinistes.
    Au physique, Antoine le Guérisseur était un grand vieillard à la barbe de patriarche qui parlait solennellement et en imposait par sa simplicité.

                  LA NOUVELLE RELIGION
    Tout le fonds de la religion d'Antoine le Guérisseur est l'éducation de la volonté vers le bien vouloir.
    – Fais ce que tu peux et je ferai le reste, disait-il.
    Selon lui, le doute doit être banni. Nous devons obéir à la première impulsion de ce que nous sommes. On ne doit rien devoir qu'à soi-même. Son seul but était de faire des hommes forts ne doutant de rien, mais il se défendait de prêcher une morale.
    – La morale ne se prêche pas, on la donne en exemple, affirmait-il. La foi sans les œuvres est une foi morte.

                  LA GRANDE OPERATION
    Le père Antoine est mort le 25 juin 1912. Pour commémorer le 13me anniversaire de sa désincarnation, la mère a fait, jeudi, la grande opération. Dès le matin, des autos luxueuses, des autocars, des camionnettes, des chars à bancs, des tramways et des trains ont déversé à Jemeppe-sur-Meuse le flot des pèlerins.
    Parmi la foule bigarrée, nombreux étaient les adeptes en uniforme noir, les hommes en demi-buse et redingote rigide, les femmes avec leurs bonnets de tulle tuyauté et leurs voiles.
    Dès les premières heures du matin, la foule a envahi le temple. On voit des faces d'incurables et des bébés transis dans leurs langes. Le temple, avec sa galerie, ressemble à une salle de spectacle de campagne avec la seule différence que la scène est remplacée par un mur tout noir sur lequel s'inscrit en lettres blanches : Un seul remède peut guérir l'humanité : c'est la foi.
    C'est de la foi que naît l'amour, l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour et nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir.
    C'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité.
    Au bas du mur, il y a une estrade avec un emblème : c'est l'arbre de science.

                  LA CEREMONIE
    La cérémonie commence. Des sonnettes tintent. Les chuchotements cessent. On n'entend plus vagir que des nouveau-nés ou geindre des bébés que le silence étreint. La foule se recueille. Les mains jointes et crispées, le frère président – un ouvrier mineur – dit, au nom du père Antoine :
    La mère va faire la grande opération. Ceux qui ont foi au père seront guéris.
    Alors, la mère paraît sur l'estrade, devant la foule hypnotisée. C'est une illettrée. Elle a 75 ans. Elle s'avance à pas pressés et menus, toute courbée par l'âge, mais face à la foule qui halète, elle se redresse, joint les mains avec un mysticisme intense.
    Elle marmonne des paroles inintelligibles. Elle paraît hallucinée. Elle étend les bras pour appeler sur les fidèles l'esprit du père et sa mimique se termine par un geste qui semble vouloir bénir.
    Elle se retire aussi vite qu'elle est venue. La grande opération est faite. Le frère secrétaire – un professeur d'athénée – lit les dix principes de la nouvelle religion et la cérémonie est terminée.

                  LA FOULE
    Mais le temple est trop petit. Au dehors il y a des milliers de personnes qui attendent, entravant toute circulation. Sous les averses, la foule forme une houle de parapluies luisants ; mais il y a des gens aux fenêtres des maisons voisines, il y en a dans les corniches et sur le faîte des murs. Pour toute cette foule qui attend, anxieuse, la mère renouvelle, du haut d'une tribune improvisée, au seuil du temple, la grande opération.

                  LES PELERINS MYSTIQUES
    Alors, un cortège se forme. En tête marchent les porteurs d'emblèmes représentant l'arbre de la science et une ceinture grossière. Ils vont évoquant l'esprit consolateur, une sorte de Christ penché vers des infortunés, puis vient la mère dans ses vêtements endeuillés marchant comme inspirée, une main levée vers le ciel et les adeptes en uniforme à la queue leu leu, les hommes à droite et les femmes à gauche, puis la foule suivant en cohue.
    Les pèlerins, par les corons populeux, sont allés se recueillir sur la tombe du père Antoine.
    L'après-midi, d'autres, par les moyens de locomotion les plus divers, ont fait un pèlerinage de six lieues. Ils sont allés aux Quatre-Bras, dans la campagne condruzienne, endroit où dans ses dernières années, le prophète de la foi nouvelle allait méditer.
    Ainsi s'est terminée une des plus étranges et des plus populaires manifestations du mysticisme contemporain.

                                                                           R. Hennumont

La Dernière Heure, 26 juin 1925 (source : Belgicapress)

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The ''Antoinists'' Meet (The Paris Times, 26 juin 1924)

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The ''Antoinists'' Meet (The Paris Times, 26 juin 1924)The ''Antoinists'' Meet

CURIOUS HEALING CULT

    One of the most curious cults of modern times and one of the least-known is that of the followers of “Antoine le Guerisseur,” or “Anthony the Healer,” who yesterday made their annual pilgrimage to Paris on the anniversary of the founder's death.
    More than 5,000 persons, most of them of humble station, gathered in the quiet Rue Vergniaud, in the Glacière quarter of the city, near the Gentilly gate, before the “temple” set up there to “The Healer.”

From Every Region.

    They came from every region in France and Belgium. Among them were scores of the lame, the halt, and the blind, for fundamental tenet of their faith, as laid down by the founder is that the ills of the flesh can be cured by the believer through prayer and meditation. Many marvellous cures are claimed.
    Antoine, a poor Belgian miner, founded the religion which bears his name in 1906, when he gave up working underground to convert his fellow-men to his belief.
    At Jemeppe-sur-Meuse, his native village, he easily made a number of disciples, and these disciples, with him, displayed such zeal for proselytising that at the death of Antoine, in 1912, thousands of converts had been made to the new faith.

Number Over 1,000,000.

    At the present time, it is estimated, there are more than 1,000,000 “Antoinistes” in France and Belgium together, and the cult has some fifteen “temples” in the two countries. These are located in such cities outside of Paris as Vervins, Tours, Vichy, Lyons, and Aix-les-Bains. There is one in the Principality of Monaco.
    “La Mère Antoine,” widow of “The Healer,” conducted the ceremonies yesterday in the little building in the Rue Vergniaud. They consisted principally of silent prayer in which all present joined and of an enunciation of the moral principles, laid down by “Le Père Antoine.”
    One of these, not the least curious, by sets forth: “Let not yourselves be mastered by your intelligence.”

The Paris Times, 26 juin 1924

 

Traduction :

Les ''Antoinistes'' se rencontrent

UN CURIEUX CULTE DE GUÉRISSEURS

    L'un des cultes les plus curieux des temps modernes et l'un des moins connus est celui des adeptes d'"Antoine le Guerisseur", qui ont fait hier leur pèlerinage annuel à Paris à l'occasion de l'anniversaire de la mort du fondateur.
    Plus de 5.000 personnes, la plupart de condition modeste, se sont rassemblées dans la tranquille rue Vergniaud, dans le quartier de la Glacière, près de la porte de Gentilly, devant le "temple" érigé là au nom du "Guérisseur".

De toutes les régions.

    Ils sont venus de toutes les régions de France et de Belgique. Parmi eux, des dizaines de boiteux, d'invalides et d'aveugles, car le principe fondamental de leur foi, tel qu'énoncé par le fondateur, est que les maux de la chair peuvent être guéris par le croyant par la prière et la méditation. De nombreuses guérisons merveilleuses sont revendiquées.
    Antoine, un pauvre mineur belge, a fondé la religion qui porte son nom en 1906, lorsqu'il a renoncé à travailler sous terre pour convertir ses semblables à sa croyance.
    A Jemeppe-sur-Meuse, son village natal, il se fit facilement un certain nombre de disciples, et ces disciples, avec lui, déployèrent un tel zèle pour le prosélytisme qu'à la mort d'Antoine, en 1912, des milliers de convertis à la nouvelle foi avaient été faits.

Un nombre supérieur à 1.000.000.

    A l'heure actuelle, on estime qu'il y a plus de 1.000.000 d'Antoinistes en France et en Belgique réunies, et que la secte compte une quinzaine de "temples" dans les deux pays. Ceux-ci sont situés dans des villes hors de la région parisienne telles que Vervins, Tours, Vichy, Lyon et Aix-les-Bains. Il y en a un dans la principauté de Monaco.
    "La Mère Antoine", veuve du "Guérisseur", a dirigé les cérémonies hier dans le petit bâtiment de la rue Vergniaud. Elles ont consisté principalement en une prière silencieuse à laquelle se sont joints tous les assistants et en l'énoncé des principes moraux, laissés par "Le Père Antoine".
    L'un d'entre eux, et non le moins curieux, dit : "Ne vous laissez pas dominer par votre intelligence."

The Paris Times, 26 juin 1924

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Seances of the Antoinists (The Sun, New York, August 3, 1913)

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Seances of the Antoinists (The Sun, New York, August 3, 1913)

SEANCES OF THE ANTOINISTS.

Belgian Pilgrimage of “Miracle Worker’s” Followers.

    PARIS, July 19. – The Antoinists of Europe have been holding high celebration at Jemeppe-sur-Meuse, Belgium, on the occasion of the first anniversary of the death of Antoine, known to his followers as “The Healer.” Antoine, it will be remembered, had all the appearance of a prophet of ancient Israel, and he was said to possess the power of revelation, while miraculous cures of all kinds were attributed to him. He had an enormous following among the poorer classes, which did not crumble away, however, on his “disincarnation” last year, but transferred its allegiance to bis widow, to whom, it was stated, his power had been passed on.
    To celebrate the anniversary of the healer’s death the Mother, as the new healer is called, summoned the Antoinists of the world to the temple which has been raised at Jemeppe. She announced incidentally that sick people would obtain wonderful cures.
    Antoinists to the number of many thousands answered her call. The majority came from Belgium, the Netherlands and certain of the northern provinces of France, while Paris herself supplied a little company of no fewer than fifty-five pilgrims. The most zealous of them followed Father Antoine’s sumptuary code to the letter. In obedience to his instructions they were garbed in extraordinary garments of black serge and as headgear wore “gibus,” which recall the hats fancied by our great-grandfathers.
    In the temple where the “operations” were to take place two tribunes had been erected, on the most prominent of which a tree of life had been painted in white on a black ground. In the less important tribune sat Brother Deregnaucourt, the Antoinist crown prince, so to speak.
    After a wait of some time the tinkling of a bell announced the arrival of the Mother, who, garbed in black, took her stand in the chief tribune. For five minutes she remained there, her clenched fists quivering as if she was undergoing a great strain and her gaze fixed on the ceiling. Then she retired. The “operation” was over and the congregation withdrew. Five times the Mother gave a fresh seance, each time before 500 or 600 people.
    As for the cures, says the correspondent of the Matin, “those I saw enter lame came out lame and the rheumaticky did not appear to me any brisker after the operation than before. The cures will take place later, doubtless.”
    After the operations the Antoinists made a pious pilgrimage to the garden, where Father Antoine felt his vocation come to him as he was transplanting lettuce and picking caterpillars of his cabbages.

The Sun, New York, August 3, 1913

 

Traduction :

LES SEANCES DES ANTOINISTES.

Pèlerinage belge des adeptes de l’"ouvrier miracle".

    PARIS, 19 juillet. - Les antoinistes d'Europe ont organisé une grande fête à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique, à l'occasion du premier anniversaire de la mort d'Antoine, connu par ses adeptes comme "le Guérisseur". Antoine, on s'en souvient, avait tout d'un prophète de l'ancien Israël, et on disait qu'il possédait le pouvoir de révélation, tandis que des guérisons miraculeuses de toutes sortes lui étaient attribuées. Il avait une énorme clientèle parmi les classes pauvres, qui ne s'est pas effondrée lors de sa "désincarnation" l'année dernière, mais a transféré son allégeance à sa veuve, à qui, disait-on, son pouvoir avait été transmis.
    Pour célébrer l'anniversaire de la mort du guérisseur, la Mère, comme on appelle le nouveau guérisseur, a convoqué les Antoinistes du monde entier au temple qui a été élevé à Jemeppe. Elle annonce incidemment que les malades obtiendront de merveilleuses guérisons.
    Des milliers d'antoinistes ont répondu à son appel. La plupart venaient de Belgique, des Pays-Bas et de certaines provinces du nord de la France, tandis que Paris même fournissait une petite compagnie de pas moins de cinquante-cinq pèlerins. Les plus zélés d'entre eux suivaient à la lettre le code somptuaire du Père Antoine. Pour obéir à ses instructions, ils étaient vêtus d'extraordinaires habits de serge noire et portaient comme couvre-chef des "gibus", qui rappellent les chapeaux appréciés de nos arrière-grands-pères.
    Dans le temple où devaient se dérouler les "opérations", deux tribunes avaient été érigées, sur la plus importante desquelles un arbre de vie avait été peint en blanc sur un fond noir. Dans la tribune la moins importante était assis le frère Deregnaucourt, le prince héritier antoiniste, pour ainsi dire.
    Après un certain temps d'attente, le tintement d'une cloche annonça l'arrivée de la Mère, qui, vêtue de noir, prit place dans la tribune principale. Pendant cinq minutes, elle reste là, les poings serrés frémissant comme si elle était soumise à un grand effort et le regard fixé sur le plafond. Puis elle se retire. L'"opération" est terminée et la congrégation se retire. Cinq fois, la Mère donna une nouvelle séance, chaque fois devant 500 ou 600 personnes.
    Quant aux guérisons, dit le correspondant du Matin, "ceux que j'ai vu entrer boiteux sont sortis boiteux et les rhumatisants ne m'ont pas paru plus vifs après l'opération qu'avant. Les cures auront lieu plus tard, sans doute."
    Après les opérations, les Antoinistes ont fait un pieux pèlerinage au jardin, où le père Antoine a senti sa vocation lui venir alors qu'il repiquait des laitues et qu'il arrachait les chenilles de ses choux.

The Sun, New York, 3 août 1913

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Défilé antoiniste avec l'Esprit Consolateur (photo 12x8.5)

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Montegnée - défilé antoiniste avec l'Esprit Consolateur (photo 12x8.5)

la carte est indiquée comme provenant de Grâce-Berleur (Montegnée, Saint-Nicolas), mais elle a été prise en descendant l'Avenue Guillaume Lambert, à Jemeppe. L'entrée du cimetière avec la tombe des Antoine est derrière la maison et le bus.

pour en savoir plus sur le panneau de l'Esprit Consolateur, voir le billet suivant.

Généralement, ou dans le temps, le panneau était accompagné par un autre :
PERE ANTOINE, le grand guérisseur de l'humanité pour celui qui a la foi

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Panneau annonçant la Fête de Mère (le 3 novembre)

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Fête de Mère. Le 3 novembre (Tweet @culteantoiniste)

source : Tweet @culteantoiniste

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Une curieuse cérémonie au temple antoiniste (La Liberté, 26 juin 1925)

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Une curieuse cérémonie au temple antoiniste (La Liberté, 26 juin 1925)

 L'ANNIVERSAIRE DU “ GRAND GUÉRISSEUR ”

 Une curieuse cérémonie
au temple antoiniste

     Les adeptes du culte antoiniste célébraient ce matin l'anniversaire de son fondateur, le Père Antoine, cet ouvrier mineur, presque illettré, que ses fidèles appellent le grand guérisseur de l'humanité. Ils étaient venus là, plus d'un millier, dans le lointain quartier de la Glacière, non pas seulement de Paris, mais des quatre coins de la France, réunis, malgré la pluie autour du petit temple de la rue Vergniaud, plus austère, plus modeste que la plus humble des églises de campagne. Hommes et femmes, en vêtements noirs, s'abordent en échangeant l'évangélique salutation : « Bonjour, frère. ­ – Bonjour, sœur », et se quittent en prononçant la formule d'adieu rituelle : « De bonnes pensées. »
    Nombreux sont les frères et les sœurs qui ont revêtu le costume des fidèles : longue lévite noire, boutonnée jusqu'en haut, chapeau de feutre dur, à la forme évasée, aux bords plats pour les hommes ; robe noire, sans ornement, voile de béguine pour les femmes. Tenue toute de simplicité, d'austérité, comme la doctrine.

Un enseignement d'amour

    Comment rendre intelligible, avec des mots, une telle doctrine qui professe pour l'intelligence et l'imagination, ces deux maîtresses d'erreur, le plus profond mépris ? Foi dans le libre arbitre, effort toujours plus sincère pour écouter la voix de la conscience, élans de l'âme, effusions, méditations, voilà ce que les antoinistes appellent leur culte, qui ne comporte ni pompes, ni liturgies, ni chants, ni prières rituelles. La nudité complète de leur temple symbolise ce dédain pour tout ce qui est extérieur, pour tout ce qui s'adresse aux sens. L'idée de Dieu, pour eux, doit demeurer tout intérieure, et ne s'exprimer par rien autre qu'un amour toujours plus actif et plus épuré.
    Sur les murs, des inscriptions le disent : « L'enseignement du Père Antoine est basé sur l'amour, la foi et le désintéressement. Nous ne sommes divisés que par l'intérêt. Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi. C'est de la foi que naît l'amour, l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir. C'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »

Un cortège pacifique

    Tous parapluies ouverts, une procession silencieuse fait le tour du temple. En tête, porté par un frère, l'emblème du culte : l'arbre de la science de la vue du mal. Les fidèles suivent, sans mot dire, figures extatiques ou douloureuses, visages placides, enfants aux yeux graves. Les vagues et flottantes formules de l'enseignement du Père parlent-elles vraiment à ces esprits qui cherchent, plus encore que la vérité, une raison de croire et d'espérer, une consolation ?

La Liberté, 26 juin 1925

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Cortège pour la Fête de Père à Jemeppe

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Cortège pour la Fête de Père à Jemeppe (doc Jean-Marie Rouveroy sur FaceBook)

Procession des Antoinistes vers le cimetière

La maison en brique forme le coin de la Rue des Housseux et de l'Avenue Guillaume Lambert.
À droite, l'ancienne ligne de chemin de fer (à nouveau maintenant) s'appelait le Limbourgeois parce dans l'histoire de l'industrie le train amenait des travailleurs venant du Limbourg flamand. Au fond, Le Bois de Cochon.
L'agent de Police est Romain Ottenborgs (né le 21/12/1914, décédé le 12/02/2011 à l'âge de 96 ans). Avant d'être dans la police, il était Maraîcher et avait un magasin de fruits et légumes qu'il tenait avec sa femme, rue du Bois de Mont, mais partait aussi faire sa tournée avec son cheval Gamin et sa charrette.

Document de Jean-Marie Rouveroy sur FaceBook

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Quand les Antoinistes fêtent leur saint patron (La Revue hebdomadaire, 26 juin 1932)

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Quand les Antoinistes fêtent leur saint patron (La Revue hebdomadaire, 26 juin 1932)Quand les antoinistes
fêtent leur saint patron...

     Jamais peut-être les messies n'ont été moins rares qu'en notre siècle de peu de foi. Comme si le besoin s'en faisait sentir, on invente chaque jour des religions nouvelles. Parmi celles qui ont percé définitivement, une des plus connues est sans doute l'antoinisme, qu'on prétend fertile en miracles...
    L'antoinisme groupe en France et en Belgique des milliers d'adeptes, parmi lesquels on peut citer un auteur dramatique fameux, M. André de Lorde [sic], et un savant chimiste, M. Jolly.
    Les antoinistes de Paris, auxquels s'étaient joints plusieurs de leurs coreligionnaires de province, célébraient hier la fête du « Père » Antoine, à l'occasion de l'anniversaire de sa « désincarnation », survenue le 25 juin 1912.
    Rue Vergniaud, dans un temple au fin clocheton, qui évoque une chapelle gallicane, se serrait un public modeste. Beaucoup de vieilles personnes, mais aussi quelques mamans, portant leur bébé dans leurs bras. Cependant, à la porte, quelques étincelantes limousines attestaient que l'antoinisme n'a pas converti que des pauvres.
    Ce sanctuaire, que d'humbles vitraux baignent d'une clarté verte, est vraiment minuscule. Au fond, devant une chaire toute nue, se dressait une sorte de bannière figurant un arbre dont la racine plonge dans un cartouche où se lit l'inscription : « Arbre de la Science de la vue du Mal ». A côté, un portrait du père Antoine et de son épouse, le Père avec de longues moustaches, une longue barbe, de longs cheveux...
    Au-dessus de la chaire, de saintes inscriptions blanches sur fond bleu :
    « L'auréole de la conscience... Un seul remède peut guérir l'humanité : la foi... Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu... »
    En avant, priaient des fidèles en costume : les « sœurs », tout de noir vêtues, avec, sur leur chevelure bien tirée, une coiffe agrémentée d'un ruché ; les « frères », gainés d'une hermétique redingote noire, et chapeautés d'un petit tromblon qui faisait songer au sombre Javert...
    L'assistance, mains croisées, était sage et recueillie. Des pancartes, d'ailleurs, lui adressaient cette injonction superflue : « On ne doit pas parler dans le temple. »
    Les offices antoinistes sont toujours fort simples. En ce jour anniversaire même, on ne dérogea pas aux usages. Un frère fit, d'une voix dépouillée, la lecture de l'un des textes sacrés laissés par le père, puis, après un instant de méditation, tout le monde se leva.
    Alors s'organisa une procession bizarre. « Frères » et « sœurs » en costume prirent la tête, portant l'arbre de Science et l'effigie du Père et de la Mère Antoine. Suivis des autres fidèles, ils sortirent en silence sur le parvis étroit. Après un lent défilé de quelques mètres dans la rue Vergniaud, la procession rentra dans le petit temple par une porte latérale chargée de verdure nouvelle.
    Ainsi fut célébrée la fête d'un homme de bien qui se plut à prêcher l'amour, la bonté, le désintéressement. En cette ère où le scepticisme mine non seulement la foi religieuse, mais encore la foi tout court, je n'ai pas trouvé cela si ridicule. – Romain Roussel.

La Revue hebdomadaire, 26 juin 1932

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Les Antoinistes ont fêté hier le Guérisseur (L'Œuvre, 26 juin 1924)

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Les Antoinistes ont fêté hier le Guérisseur (L'Œuvre, 26 juin 1924)Les Antoinistes
ont fêté hier
le Guérisseur

    Hier matin, devant ce temple en miniature, perdu dans les scieries de la rue Vergniaud, ils arrivèrent en groupes compacts : frères serrés dans des redingotes haut boutonnées de clergymen et coiffés de chapeaux cylindriques demi-hauts, sœurs aux robes noires et aux voiles d'uniforme.
    C'était le 25 juin, anniversaire de la « désincarnation » du Père Antoine « grand guérisseur de l'humanité pour ceux qui ont la foi ».
    On s'écrasa sur les bancs minuscules, entre les quatre murs couverts de maximes philosophico-thérapeutiques, pour écouter « l'enseignement » légué par la mineur de Jemeppe.
    Puis, trois officiants, moustachus, debout à la place de l'autel, levèrent une sorte de pancarte comme on en promène dans les manifestations : « culte antoiniste ». Et les adeptes, silencieux, se recueillirent.
    A la porte, le contingent habituel d'aveugles, de goutteux et de paralytiques était là. Ils venaient déposer leurs enveloppes adressées « au Père et à la Mère Antoine ». Car, bien qu'un des frères en uniforme portât en bandoulière une très ecclésiastique sacoche, la cérémonie ne comportait pas de quête. Chez les Antoinistes, l'offrande est anonyme.
    Après l'« opération », frères et sœurs s'attardèrent sur le parvis à deviser des petites affaires du culte. Et l'on apprit ainsi qu'il existe à Vervins, à Tours, à Vichy, à Lyon, à Aix-les-Bains, à Caudry et à Monaco, d'autres temples antoinistes, et que le nombre des fidèles s'élève en Belgique et en France à un million.
    Il était midi, et il faisait chaud. On vit alors des frères se découvrir et, avec beaucoup de simplicité, retirer de leur chapeau un mouchoir pour éponger leur front.
    L'uniforme antoiniste ne comporte, paraît-il, qu'un nombre fort limité de poches.

L'Œuvre, 26 juin 1924

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Derniers Echos des Fêtes Antoinistes (Le Fraterniste, 15 août 1913)

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Derniers Echos des Fêtes Antoinistes (Le Fraterniste 15 août 1913)

Derniers Echos des
                          Fêtes Antoinistes

    Disons encore quelques mots, pour en terminer, des fêtes Antoinistes qui viennent d'être célébrées avec tant d'éclat à la fin du mois de juin.
    L'une de nos meilleures abonnées parisiennes, qui est une Antoiniste pratiquante et qui a pris part au pèlerinage, nous a transmis les renseignements inédits suivants :

*
**

    Permettez-moi, tout d'abord, Monsieur le Directeur de vous présenter les remerciements des Antoinistes belges pour l'amabilité que vous avez eue de faire passer le communiqué touchant le pieux pèlerinage.
    Les fêtes antoinistes ont été belles et touchantes dans leur simplicité.
    Le mercredi 25 juin, près de 12.000 personnes assistaient à l'opération de 10 heures du matin. Il est bien entendu que le Temple étant restreint, on opéra par groupes.
    Quant au cortège du dimanche 29, on peut le comparer à celui qui eut lieu à l'enterrement du Père vénéré, avec un recueillement plus grand encore. Il y avait un beaucoup plus grand nombre d'adeptes, hommes et femmes, en costume, et tous, ainsi que les assistants en civil, étaient profondément pénétrés du devoir sacré les réunissant à la Mère dans l'Amour pur que le Père leur a enseigné et fait connaître, afin de continuer à marcher dans cette belle route si bien tracée par Lui. Nulle police. Ordre parfait.
    A 1 heure et demie, le cortège se formait devant le Temple. A 2 heures, les emblèmes se rangeaient de chaque côté de la porte du Temple pour encadrer Mère qui, avant de prendre la tête du cortège, venait prendre place sur un estrade au milieu de la foule et faisait une opération générale sur tous les assistants recueillis.
    Il est impossible de décrire de telles impressions. Presque tous les assistants étaient touchés jusqu'aux larmes. Il faut avoir vécu ces inoubliables moments, il faut avoir bu à cette coupe, pour comprendre le devoir envers ses prochains, l'amour pour ses ennemis, et sentir enfin que quelque chose de nous existe en dehors de l'enveloppe charnelle qui nous assujettit.
    Ces journées vécues au sein de tels fluides compteront dans la vie de tous les assistants, car tous ont été touchés au tréfonds de leur âme.
    Je vous remercie, cher fraterniste, de bien vouloir accorder à ces quelques lignes l'hospitalité de vos colonnes. Je suis persuadée d'avance que notre bon Père vous en sera reconnaissant et viendra vous aider dans la sublime tâche de rénovation morale et sociale que vous avez entreprise et que vous menez à bonne fin avec un si bel et si louable enthousiasme.

                                                                                                A. de P...

Le Fraterniste, 15 août 1913

    Les initiales sont celles de A. de Poncey, 23 boulevard de Picpus, Paris.

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