Comment nos sens nous trompent - peinture effectuée sur le plafond d'un local fumeurs
Simone Weil - notre pensée est faite pour dominer le temps
D'ailleurs il n'est rien de grand sur cette terre, dans aucun domaine, sans une part de monotonie et d'ennui. Il y a plus de monotonie dans une messe en chant grégorien ou dans un concerto de Bach que dans une opérette. Ce monde où nous sommes tombés existe réellement ; nous sommes réellement chair ; nous avons été jetés hors de l'éternité ; et nous devons réellement traverser le temps, avec peine, minute après minute. Cette peine est notre partage, et la monotonie du travail en est seulement une forme. Mais il n'est pas moins vrai que notre pensée est faite pour dominer le temps, et que cette vocation doit être préservée intacte en tout être humain. La succession absolument uniforme en même temps que variée et continuellement surprenante des jours, des mois, des saisons et des années convient exactement à notre peine et à notre grandeur. Tout ce qui parmi les choses humaines est à quelque degré beau et bon reproduit à quelque degré ce mélange d'uniformité et de variété ; tout ce qui en diffère est mauvais et dégradant.
Simone Weil, La condition ouvrière, p.213
source : classiques.uqac.ca
Emile Zola, Comment on meurt - Charlot Morisseau
Janvier a été dur. Pas de travail, pas de pain et pas de feu à la maison. Les Morisseau ont crevé la misère. La femme est blanchisseuse, le mari est maçon. Ils habitent aux Batignolles, rue Cardinet, dans une maison noire, qui empoisonne le quartier. Leur chambre, au cinquième, est si délabrée, que la pluie entre par les fentes du plafond. Encore ne se plaindraient-ils pas, si leur petit Charlot, un gamin de dix ans, n’avait besoin d’une bonne nourriture pour devenir un homme.
L’enfant est chétif, un rien le met sur le flanc. Lorsqu’il allait à l’école, s’il s’appliquait en voulant tout apprendre d’un coup, il revenait malade. Avec ça, très intelligent, un crapaud trop gentil,
qui a une conversation au-dessus de son âge. Les jours où ils n’ont pas de pain à lui donner, les parents pleurent comme des bêtes. D’autant plus que les enfants meurent ainsi que des mouches du haut en bas de la maison, tant c’est malsain.
On casse la glace dans les rues. Même le père a pu se faire embaucher ; il déblaie les ruisseaux à coups de pioche, et le soir il rapporte quarante sous. En attendant que la bâtisse reprenne, c’est toujours de quoi ne pas mourir de faim.
Mais, un jour, l’homme en rentrant trouve Charlot couché. La mère ne sait ce qu’il a. Elle l’avait envoyé à Courcelles, chez sa tante, qui est fripière, voir s’il ne trouverait pas une veste plus chaude que sa blouse de toile, dans laquelle il grelotte. Sa tante n’avait que de vieux paletots d’homme trop larges, et le petit est rentré tout frissonnant, l’air ivre, comme s’il avait bu. Maintenant, il est très rouge sur l’oreiller, il dit des bêtises, il croit qu’il joue aux billes et il chante des chansons.
La mère a pendu un lambeau de châle devant la fenêtre, pour boucher un carreau cassé; en haut, il ne reste que deux vitres libres, qui laissent pénétrer le gris livide du ciel. La misère a vidé la commode, tout le linge est au Mont-de-Piété. Un soir, on a vendu une table et deux chaises. Charlot couchait par terre ; mais, depuis qu’il est malade, on lui a donné le lit, et encore y est-il très mal, car on a porté poignée à poignée la laine du matelas chez une brocanteuse, des demi-livres à la fois, pour quatre ou cinq sous. À cette heure, ce sont le père et la mère qui couchent dans un coin, sur une paillasse dont les chiens ne voudraient pas.
Cependant, tous deux regardent Charlot sauter dans le lit. Qu’a-t-il donc, ce mioche, à battre la campagne ? Peut-être bien qu’une bête l’a mordu ou qu’on lui a fait boire quelque chose de mauvais. Une voisine, Mme Bonnet, est entrée; et, après avoir flairé le petit, elle prétend que c’est un froid et chaud. Elle s’y connaît, elle a perdu son mari dans une maladie pareille.
La mère pleure en serrant Charlot entre ses bras. Le père sort comme un fou et court chercher un médecin. Il en ramène un, très grand, l’air pincé, qui écoute dans le dos de l’enfant, lui tape sur la poitrine, sans dire une parole. Puis, il faut que Mme Bonnet aille prendre chez elle un crayon et du papier, pour qu’il puisse écrire son ordonnance. Quand il se retire, toujours muet, la mère l’interroge d’une voix étranglée :
— Qu’est-ce que c’est, monsieur ?
— Une pleurésie, répond-il d’un ton bref, sans explication.
Puis, il demande à son tour :
— Êtes-vous inscrits au bureau de bienfaisance ?
— Non, monsieur… Nous étions à notre aise, l’été dernier. C’est l’hiver qui nous a tués.
— Tant pis ! tant pis !
Et il promet de revenir. Mme Bonnet prête vingt sous pour aller chez le pharmacien. Avec les quarante sous de Morisseau, on a acheté deux livres de boeuf, du charbon de terre et de la chandelle. Cette première nuit se passe bien. On entretient le feu. Le malade, comme endormi par la grosse chaleur, ne cause plus. Ses petites mains brûlent. En le voyant écrasé sous la fièvre, les parents se tranquillisent; et, le lendemain, ils restent hébétés, repris d’épouvante, lorsque le médecin hoche la tête devant le lit, avec la grimace d’un homme qui n’a plus d’espoir.
Pendant cinq jours, aucun changement ne se produit. Charlot dort, assommé sur l’oreiller. Dans la chambre, la misère qui souffle plus fort, semble entrer avec le vent, par les trous de la toiture et de la fenêtre. Le deuxième soir, on a vendu la dernière chemise de la mère; le troisième, il a fallu retirer encore des poignées de laine, sous le malade, pour payer le pharmacien. Puis, tout a manqué, il n’y a plus rien eu.
Morisseau casse toujours la glace; seulement, ses quarante sous ne suffisent pas. Comme ce froid rigoureux peut tuer Charlot, il souhaite le dégel, tout en le redoutant. Quand il part au travail, il est heureux de voir les rues blanches; puis, il songe au petit qui agonise là-haut, et il demande ardemment un rayon de soleil, une tiédeur de printemps balayant la neige. S’ils étaient seulement inscrits au bureau de bienfaisance, ils auraient le médecin et les remèdes pour rien. La mère s’est présentée à la mairie, mais on lui a répondu que les demandes étaient trop nombreuses, qu’elle devait attendre. Pourtant, elle a obtenu quelques bons de pain ; une dame charitable lui a donné cinq francs. Ensuite, la misère a recommencé.
Le cinquième jour, Morisseau apporte sa dernière pièce de quarante sous. Le dégel est venu, on l’a remercié. Alors, c’est la fin de tout : le poêle reste froid, le pain manque, on ne descend plus les ordonnances chez le pharmacien. Dans la chambre ruisselante d’humidité, le père et la mère grelottent, en face du petit qui râle. Mme Bonnet n’entre plus les voir, parce qu’elle est sensible et que ça lui fait trop de peine. Les gens de la maison passent vite devant leur porte. Par moments, la mère, prise d’une crise de larmes, se jette sur le lit, embrasse l’enfant, comme pour le soulager et le guérir. Le père, imbécile, reste des heures devant la fenêtre, soulevant le vieux châle, regardant le dégel ruisseler, l’eau tomber des toits, à grosses gouttes, et noircir la rue. Peut-être ça fait-il du bien à Charlot.
Un matin, le médecin déclare qu’il ne reviendra pas. L’enfant est perdu.
— C’est ce temps humide qui l’a achevé, dit-il.
Morisseau montre le poing au ciel. Tous les temps font donc crever le pauvre monde ! Il gelait, et cela ne valait rien; il dégèle, et cela est pis encore. Si la femme voulait, ils allumeraient un boisseau de charbon, ils s’en iraient tous les trois ensemble. Ce serait plus vite fini.
Pourtant, la mère est retournée à la mairie ; on a promis de leur envoyer des secours, et ils attendent. Quelle affreuse journée ! Un froid noir tombe du plafond; dans un coin, la pluie coule; il faut mettre un seau, pour recevoir les gouttes. Depuis la veille, ils n’ont rien mangé, l’enfant a bu seulement une tasse de tisane, que la concierge a montée. Le père, assis devant la table, la tête dans les mains, demeure stupide, les oreilles bourdonnantes. À chaque bruit de pas, la mère court à la porte, croit que ce sont enfin les secours promis. Six heures sonnent, rien n’est venu. Le crépuscule est boueux, lent et sinistre comme une agonie.
Brusquement, dans la nuit qui augmente, Charlot balbutie des paroles entrecoupées :
— Maman… maman…
La mère s’approche, reçoit au visage un souffle fort. Et elle n’entend plus rien ; elle distingue vaguement l’enfant, la tête renversée, le cou raidi. Elle crie, affolée, suppliante :
— De la lumière ! vite, de la lumière !… Mon Charlot, parle-moi!
Il n’y a plus de chandelle. Dans sa hâte, elle frotte des allumettes, les casse entre ses doigts. Puis, de ses mains tremblantes, elle tâte le visage de l’enfant.
— Ah ! mon Dieu ! il est mort !… Dis donc, Morisseau, il est mort !
Le père lève la tête, aveuglé par les ténèbres.
— Eh bien ! que veux-tu ? il est mort… Ça vaut mieux.
Aux sanglots de la mère, Mme Bonnet s’est décidée à paraître avec sa lampe. Alors, comme les deux femmes arrangent proprement Charlot, on frappe : ce sont les secours qui arrivent, dix francs, des bons de pain et de viande. Morisseau rit d’un air imbécile, en disant qu’ils manquent toujours le train, au bureau de bienfaisance.
Et quel pauvre cadavre d’enfant, maigre, léger comme une plume! On aurait couché sur le matelas un moineau tué par la neige et ramassé dans la rue, qu’il ne ferait pas un tas plus petit.
Pourtant, Mme Bonnet, qui est redevenue très obligeante, explique que ça ne ressuscitera pas Charlot, de jeûner à côté de lui. Elle offre d’aller chercher du pain et de la viande, en ajoutant qu’elle rapportera aussi de la chandelle. Ils la laissent faire. Quand elle rentre, elle met la table, sert des saucisses toutes chaudes. Et les Morisseau, affamés, mangent gloutonnement près du mort, dont on aperçoit dans l’ombre la petite figure blanche. Le poêle ronfle, on est très bien. Par moments, les yeux de la mère se mouillent. De grosses larmes tombent sur son pain. Comme Charlot aurait chaud ! comme il mangerait volontiers de la saucisse !
Mme Bonnet veut veiller à toute force. Vers une heure, lorsque Morisseau a fini par s’endormir, la tête posée sur le pied du lit, les deux femmes font du café. Une autre voisine, une couturière de dix-huit ans, est invitée; et elle apporte un fond de bouteille d'eau-de-vie, pour payer quelque chose. Alors, les trois femmes boivent leur café à petits coups, en parlant tout bas, en se contant des histoires de morts extraordinaires; peu à peu, leurs voix s’élèvent, leurs cancans s’élargissent, elles causent de la maison, du quartier, d’un crime qu’on a commis rue Nollet. Et, parfois, la mère se lève, vient regarder Charlot, comme pour s’assurer qu’il n’a pas remué.
La déclaration n’ayant pas été faite le soir, il leur faut garder le petit le lendemain, toute la journée. Ils n’ont qu’une chambre, ils vivent avec Charlot, mangent et dorment avec lui. Par instants, ils l’oublient; puis, quand ils le retrouvent, c’est comme s’ils le perdaient une fois encore.
Enfin, le surlendemain, on apporte la bière, pas plus grande qu’une boîte à joujoux, quatre planches mal rabotées, fournies gratuitement par l’administration, sur le certificat d’indigence. Et, en route! on se rend à l’église en courant. Derrière Charlot, il y a le père avec deux camarades rencontrés en chemin, puis la mère, Mme Bonnet et l’autre voisine, la couturière. Ce monde patauge dans la crotte jusqu’à mi-jambe. Il ne pleut pas, mais le brouillard est si mouillé qu’il trempe les vêtements. À l’église, on expédie la cérémonie. Et la course reprend sur le pavé gras.
Le cimetière est au diable, en dehors des fortifications. On descend l’avenue de Saint-Ouen, on passe la barrière, enfin on arrive. C’est un vaste enclos, un terrain vague, fermé de murailles blanches. Des herbes y poussent, la terre remuée fait des bosses, tandis qu’au fond il y a une rangée d’arbres maigres, salissant le ciel de leurs branches noires.
Lentement, le convoi avance dans la terre molle. Maintenant, il pleut; et il faut attendre sous l’averse un vieux prêtre, qui se décide à sortir d’une petite chapelle. Charlot va dormir au fond de la fosse commune. Le champ est semé de croix renversées par le vent, de couronnes pourries par la pluie, un champ de misère et de deuil, dévasté, piétiné, suant cet encombrement de cadavres qu’entassent la faim et le froid des faubourgs.
C’est fini. La terre coule, Charlot est au fond du trou, et les parents s’en vont, sans avoir pu s’agenouiller, dans la boue liquide où ils enfoncent. Dehors, comme il pleut toujours, Morisseau, qui a encore trois francs sur les dix francs du bureau de bienfaisance, invite les camarades et les voisines à prendre quelque chose, chez un marchand de vin. On s’attable, on boit deux litres, on mange un morceau de fromage de Brie. Puis, les camarades, à leur tour, paient deux autres litres. Quand la société rentre dans Paris, elle est très gaie.
Emile Zola, Comment on meurt, chapitre IV
source : www.leboucher.com
Daphné du Maurier - Le Bouc émissaire
Un mot, un regard, un sourire, un froncement de sourcils, affectaient un autre être, éveillant un accord ou une aversion, et une toile se tissait sans commencement et sans fin, s'étendait à l'extérieur et à l'intérieur aussi entremêlant, nouant, et la vie de chacun était liée à la vie des autres.
Daphné du Maurier, Le Bouc émissaire
André Gide - La vie peut être plus belle que ne la consentent les hommes
La vie peut être plus belle que ne la consentent les hommes. La sagesse n’est pas dans la raison, mais dans l’amour. Ah ! j’ai vécu trop prudemment jusqu’à ce jour. Il faut être sans lois pour écouter la loi nouvelle. Ô délivrance ! Ô liberté ! Jusqu’où mon désir peut s’étendre, là j’irai. Ô toi que j’aime, viens avec moi ; je te porterai jusque-là ; que tu puisses plus loin encore.
André Gide, Nouvelles nourritures terrestres (1935), p.10
source : www.ebooksgratuits.com
Aimée Blech - A ceux qui souffrent... Quelques points de l'enseignement théosophique - La prière
« Que faites-vous de la prière ? Croire au karma, c'est nier le pouvoir de la prière. »
Pourquoi ?... Si la prière est un besoin, une source de force, si elle nous rafraîchit et nous fortifie il faut prier... Prier, c'est ouvrir son âme toute grande aux influences divines, c'est se baigner dans une atmosphère spirituelle.
Mais il s'agit de bien s'entendre sur le terme de
prière.
Prier — comme il faut prier — est-ce demander les biens de la terre, les consolations faciles, la santé de ceux que nous aimons, est-ce demander le bonheur, ce mirage éternel provoqué par l'ignorance
humaine ?
Non !.., pour nous, théosophes, prier, c'est donner autant que recevoir. Prier, c'est une aspiration intense vers Dieu... qu'il s'agisse du Dieu en nous ou hors de nous, c'est le don de soi-même à la Volonté divine, c'est la contemplation d'un Idéal suprême, c'est l'action de grâce qui surgit d'un coeur reconnaissant. Prier, cela peut être encore l'appel à une aide spirituelle dans les jours d'épreuve.
Il y a loin de cette prière à la prière inférieure, à celle qui demande des biens matériels et n'est ni utile, ni bienfaisante. Elle n'est pas bienfaisante, car elle est égoïste en soi ; elle n'est pas utile, car elle ne sera exaucée qu'avec la permission de la loi, et, en pareil cas, un désir ardent pourrait avoir le même résultat. Car une prière-demande de biens matériels ne peut monter dans les hautes sphères : elle vient de la terre, aussi reste-t-elle dans notre atmosphère, en quête de quelque argent ou de quelque circonstance favorable à sa réalisation.
A quoi bon demander, du reste ? Le Christ n'a-t-il pas dit : « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez... »
Ignorants que nous sommes de la loi, ignorants que nous sommes de notre destinée, de notre avenir, sommes-nous bien sûrs que nos demandes, exaucées, n'iraient pas à l'encontre de notre bien, de notre
développement moral ?
Le moi personnel est si peureux de la souffrance qu'il opterait volontiers pour une existence calme et douce, exemple de troubles, alors que le Moi véritable, l'Ego sait bien, de par son expérience, que c'est dans une vie douloureuse, dans la tourmente sauvage ou dans les combats intérieurs si poignants, que le progrès le plus rapide est réalisé.
Ici j'entends une découragée qui soupire.
— Comment! nous n'aurions même pas le droit de demander à Dieu de nous enlever une épreuve ?
— Il ne s'agit pas de droit, ma soeur. Vous pouvez prendre ce droit, si voulez. Mais peut-être ne le ferez-vous plus, si vous m'avez comprise, et vous contenterez-vous de prier afin que la force de supporter l'épreuve vous soit donnée. Car vous saurez que cette épreuve — celle-là même — est l'acquittement d'une dette et une précieuse occasion de progrès.
Pour le théosophe, la prière la plus belle, la plus conforme à ses idées est celle-ci : Fiat voluntas lua.
Dans ces trois mots, héritage du Christ, réside une force bienfaisante et calme que seuls auront sentie ceux qui les ont prononcés avec foi, ou avec une confiance profonde.
Avec une jeune huguenote des temps passés vous pouvez encore répéter : « Mon Dieu !... ce que tu veux, comme tu le veux, quand tu le veux. » Car dans les sphères suprêmes Dieu et la Loi c'est un.
Le Karma n'est-il pas l'expression de la Volonté divine ?
Nouvelle question de mon interlocutrice :
— Mais ne peut-on prier pour les autres ?
Certainement, vous pouvez prier pour les autres. Demandez l'aide nécessaire à ceux qui souffrent, le secours spirituel, la bénédiction qui réconforte... ; mais ne retombez pas dans la prière inférieure, même s'il s'agit de vos frères.
Un grand nombre de théosophes ne prient pas. Mais ils donnent chaque jour, à heure fixe, si cela est possible, un temps donné à la méditation. Cette méthode est plus difficile, plus abstraite que la prière,... car c'est une méthode ; — mais elle mène à un résultat plus précis, à un développement plus rapide et plus harmonieux. Pendant ce quart d'heure ou cette demi-heure de méditation la concentration de la pensée est pratiquée avec plus ou moins de persévérance et selon que cette concentration mentale se porte sur tel objet, sur telle pensée ou sur telle qualité, elle développe en nous des facultés intellectuelles, réceptives ou morales. Enfin si elle se porte sur l'Ame divine, elle fait appel à la Source de toute vie, de toute force et de toute paix — elle fait appel au « Dieu en nous »,
Aimée Blech, A ceux qui souffrent... Quelques points de l'enseignement théosophique (1917), p.56
source : gallica
La Bible - Malachie 2:10

הֲלוֹא אָב אֶחָד לְכֻלָּנוּ, הֲלוֹא אֵל אֶחָד בְּרָאָנוּ
(Malachie 2:10, sur la synagogue de Liège)
vue d'ensemble du temple
le village de Moha vers 1830
MOHA, commune du canton de Héron ; bornée au N. par Hucorgne, N.E. par Vinalmont, S.E. par Wanze, S. par Bas-Oha, O. par Couthuin.
A 1/2 l. de Wanze, 3/4 de Vinalmont et Bas-Oha, et 1 N.O. de Huy.
L'aspect du territoire est varié, sa surface en partie élevée et en partie basse, entrecoupée de collines. Le terrain est sablonneux, argileux, marécageux, rocailleux. La profondeur de la couche végétale varie de 15 à 35 centim. On trouve en cette localité du plomb sulfuré octaèdre, cubo-octaèdre et laminaire. La Méhaigne traverse la commune et la divise en deux sections. Il y a divers petits ruisseaux, qui ont leurs sources dans la commune, et dont le principal est celui de Fosseroul, qui prend naissance vers Héron. Tous ces ruisseaux se jettent dans la Méhaigne.
Il y a 183 maisons et chaumières ; la plupart construites en pierres et quelques-unes en briques ; couvertes en chaume, sauf quelques-unes en ardoises. On y remarque les ruines de l'ancien château de Moha, situé sur un roc, à proximité du centre de la commune, vers le N. C'était autrefois la résidence d'un seigneur puissant et illustre, mais ce n'est aujourd'hui qu'un monceau de masures, qui n'ont rien de remarquable que leur situation. — 1 église, dédiée à St.-Sauveur, rebâtie en 1791.
On y cultive le froment, le seigle, l'orge, etc. Fourrages, lègumes et fruits. Les espèces de bois qui dominent sont le chêne, le hêtre, le saule. — 20 chevaux, 100 bêtes à cornes. On y élève des abeilles. La Méhaigne nourrit des anguilles, brochets, écrevisses. — 1 tuilerie, plusieurs carrières de pierres à paver ; 2 moulins à farine, 2 à battre le chanvre, et 1 à huile, mus par eau ; 1 brasserie, dont la bierre est excellente. On y exploite de la terre houille. On y a exploité du plomb.
Population : 1100 habitans.
Superficie : 55O h. 80 a. 49 c.
Moha était autrefois un baillage du pays de Liège (comté de Moha).
Histoire : L'an 882, le duc de Lorraine vint assiéger le château de Moha, mais il fut repoussé par le comte de Moha, le comte de Huy et l'évêque de Liège. En 1209, Albert, dernier comte de Moha, dont les deux fils se tuèrent dans la campagne des Croix, où un tilleul fut planté, fit don de son aleu de Moha et de Waleffe à l'église de Liège, à condition qu'il en retiendrait pendant sa vie la jouissance libre et indépendante, et que s'il lui survenait des enfans, ils en auraient aussi la possession, mais à titre de fief, et à la charge d'en faire hommage à l'église de Liège. Gertrude, fille du comte, étant morte sans postérité, en 1225, l'évêque de Liège, Hugues de Pierrepont, occupa aussitôt les châteaux de Moha et de Waleffe, avec leurs dépendances. Cette acquisition fut cause que le duc de Brabant, qui avait des prétentions sur ces fiefs, surprit Liège, le jour de l'Ascension, et s'y empara de tous les trésors des églises. — Les évêques de Liège entretinrent dans la forteresse de Moha, pendant 150 ans, une garnison qui sut s'y maintenir pendant tout ce temps contre toutes les attaques du dehors. — Les Hutois s'emparèrent du château en 1376, et le rasèrent pour se délivrer d'une garnison dont le voisinage les incommodait, lorsqu'ils avaient quelques différends avec les évêques de Liège.
Dictionnaire géographique et statistique de la province de Liège (Henri Joseph Barthélemi Del Vaux) - 1835