Une pierre et une motte de terre tombèrent ensemble dans la mer, nous dit une histoire arabe. La pierre, en tombant au fond de l'eau, gémissait : - Je suis noyée ! Je suis perdue ! Seul le fond de la mer écoutera mes plaintes ! La motte s'anéantit. Personne ne sait ce qu'elle devint. Mais on dit que, sans langue, elle parla, et que certaines oreilles très fines entendirent ceci : - Il ne reste plus rien de moi dans les deux mondes, rien, pas la moindre parcelle. On ne verra plus mon corps, on ne verra même plus mon âme. Tous deux sont fondus dans la mer qui, elle, est clairement visible.
Jean-Claude Carrière, Le cercle des menteurs, Contes philosophiques du monde entier France Loisirs, Paris, 1998 (p.398)
Mi-ombre, mi-lumière, muy hombre, muy mujer, sourde rose assombrie dont le goût de folie, de folie et de mort, n'a décidément rien de pareil sur la terre.
Je songe qu'elle seule, soleil de pauvreté, corolle de clarté et rose épanouie de mon coeur vieillissant me donne encore envie, envie d'être vivant.
Paul Neuhuys, On a beau dire Clair-Obscur, Editions Labor - Espace Nord, p.169
- Il me semble, Tad, que tu regardes toutes ces personnes avec au moins autant de préjugés que tu leur en attribues. On peut en faire autant avec la nature elle-même, trouver que les oiseaux ont l'air bête, que les chiens sont ignobles parce qu'ils se lèchent le derrière et qu'il n'y a rien de plus idiot que les abeilles, depuis le temps qu'elles font leur miel pour les autres. Méfie-toi. Il y a d'abord cette façon de regarder et puis cela devient une manière de vivre. A force de tout tordre, on voit tordu.
Romain Gary, Les cerfs-volants Folio, Paris, 2008 (p.63)
Jaloux des exploits astronautiques des Américains et des Russes, les Belges ont proposé d'aller se poser sur le soleil. Quand on leur a dit que c'était impossible à cause de la chaleur, ils ont répondu qu'ils iraient de nuit.
L'Invention de l'Europe est un essai d'Emmanuel Todd, paru en 1990 aux éditions du Seuil.
Présentation
Dans cet essai, Todd tente d'expliquer globalement les événements qui ont secoué l'Europe depuis 1500. En voici les principales lignes de force :
* l'alphabétisation de masse s'est étendue en Europe par contagion à partir de régions dominées par la famille souche, à savoir un axe Suisse alémanique-Suède ; ce type familial a en effet un potentiel culturel particulièrement élevé (cf. l'alphabétisation précoce du Japon) ; * l'alphabétisation de ces régions a entraîné dans son sillage l'expression sur le plan religieux des valeurs de ce type familial, à travers la Réforme (inégalité et autorité : doctrine de la prédestination et négation du libre-arbitre) ; la famille nucléaire absolue s'est aussi montrée sensible à la traduction sur le plan religeux de la valeur d'inégalité ; * le XVIIIe siècle voit la déchristianisation des régions dominées par la famille nucléaire égalitaire (l'autorité de Dieu, comme celle des parents a toujours été faible dans ces régions) ; * la déchristianisation, si elle s'accompagne de l'alphabétisation, entraîne l'idéologisation ; ce phénomène aboutit d'abord dans le nord de la France à la fin du XVIIIe siècle et traduit alors les valeurs de la famille nucléaire égalitaire (Révolution française) ; le caractère égalitaire et de grande liberté de la structure familiale du Bassin parisien aurait influencé l'universalisme de la Révolution (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, propagation du Code civil français en Europe) ; * le XIXe siècle voit la déchristianisation des régions protestantes d'Europe, fruit des découvertes scientifiques et principalement du darwinisme, qui contredit la Bible, pilier du protestantisme ; * idéologisation à partir du milieu du XIXe siècle de l'Allemagne protestante, selon ses valeurs d'inégalité et d'autorité (social-démocratie et nationalisme ethnocentrique), de l'Angleterre (travaillisme et national-isolationnisme) ; * déchristianisation tardive des régions catholiques dominées par la famille souche (Belgique, Allemagne du Sud, Irlande, sud de la France et nord de l'Espagne) vers le milieu du XXe siècle ; entre-temps s'était développé dans ces régions une « contre-idéologie », la démocratie chrétienne.
On doit cette recherche, datant de 1968, à Zajonc.
L’auteur expose les Sujets à différentes cartes sur lesquelles étaient inscrites des mots turcs. Les sujets ignoraient la signification de ces mots.
Les sujets de l'expérience sont divisés en cinq groupes :
Groupe 1
Les sujets de ce groupe voyaient une seule fois une carte où était inscrit un mot turc
Groupe 2
Les sujets de ce groupe voyaient deux fois une même carte où était inscrit un mot turc
Groupe 3
Les sujets de ce groupe voyaient cinq fois une même carte où était inscrit un mot turc
Groupe 4
Les sujets de ce groupe voyaient dix fois une même carte où était inscrit un mot turc
Groupe 5
Les sujets de ce groupe voyaient vingt-cinq fois une même carte où était inscrit un mot turc
Les sujets devaient ensuite indiquer si les mots ainsi vu désignaient, selon eux, des objets plutôt négatifs ou plutôt positifs.
Les résultats sont les suivants :
Les sujets ayant vu un grand nombre de fois les mêmes mots avaient une vision positive de ces mots. Ils imaginaient qu’ils avaient une signification positive et aimaient les regarder. A l’inverse, les sujets du premier et du second groupe qui avaient été exposé un faible nombre de fois aux mêmes mots les jugeaient moins sympathiques et attrayants.