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imagination de la matiere

Le phénix d'Hérodote

Publié le par antoiniste

LXXIII. On range aussi dans la même classe un autre oiseau qu'on appelle phénix (φοῖνιξ). Je ne l'ai vu qu'en peinture ; on le voit rarement ; et, si l'on en croit les Héliopolitains, il ne se montre dans leur pays que tous les cinq cents ans, lorsque son père vient à mourir. S'il ressemble à son portrait, ses ailes sont en partie dorées et en partie rouges, et il est entièrement conforme à l'aigle quant à la figure et à la description détaillée. On en rapporte une particularité qui me paraît incroyable. Il part, disent les Égyptiens, de l'Arabie, se rend au temple du Soleil avec le corps de son père, qu'il porte enveloppé dans de la myrrhe, et lui donne la sépulture dans ce temple. Voici de quelle manière : il fait avec de la myrrhe une masse en forme d'œuf, du poids qu'il se croit capable de porter, la soulève, et essaye si elle n'est pas trop pesante ; ensuite, lorsqu'il a fini ces essais, il creuse cet œuf, y introduit son père, puis il bouche l'ouverture avec de la myrrhe : cet œuf est alors de même poids que lorsque la masse était entière. Lorsqu'il l'a, dis-je, renfermé, il le porte en Égypte dans le temple du Soleil.

note : On ne croyait point encore, du temps d'Hérodote, que le phénix renaquit de ses cendres. Cette opinion s'accrédita dans la suite. Suidas assure, au mot foÛnij, que lorsque cet oiseau s'est brûlé, il naît de ses cendres un ver qui se change en phénix. Les Pères de l'Église grecque et latine ajoutèrent foi à cette fable, et ne manquèrent pas de la citer comme une preuve solide de la résurrection. (L.)

Histoire d'HÉRODOTE, LIVRE II. EUTERPE
Trad. du grec par Larcher ; avec des notes de Bochard, Wesseling, Scaliger, Casaudon, Berthélemy, Bellanger, Larcher, etc.
Paris : Charpentier, 1850.

source : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/herodote/euterpe.htm

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Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique - Iambulus

Publié le par antoiniste

[2,55] Nous allons maintenant donner quelques détails sur les merveilles d'une île découverte dans l'Océan méridional, en commençant par l'origine de cette découverte. Iambulus était, dès son enfance, curieux de s'instruire; à la mort de son père, qui était marchand, il se livra au commerce. Passant par l'Arabie pour se rendre dans la contrée d'où viennent les aromates, il fut, avec ses compagnons de voyage, saisi par des brigands. Il fut d'abord employé à garder les troupeaux avec un de ses compagnons. Ils tombèrent ensuite tous deux entre les mains de quelques brigands éthiopiens, qui les emmenèrent dans la partie maritime de l'Ethiopie. Ainsi enlevés, ils furent, comme étrangers, destinés à la pratique d'une cérémonie expiatoire pour purifier le pays. Cette cérémonie, dont l'usage est établi parmi ces Éthiopiens depuis un temps immémorial et sanctionné par des oracles, s'accomplit toutes les vingt générations ou tous les six cents ans, en comptant trente ans par génération. A cet effet, on emploie deux hommes pour lesquels on équipe un navire de dimensions proportionnées, capable de résister aux tempêtes et d'être aisément conduit par deux rameurs. Ils l'approvisionnent de vivres pour six mois, y font entrer les deux hommes désignés, et leur ordonnent, conformément à l'oracle, de se diriger vers le midi. En même temps, ces deux hommes reçoivent l'assurance qu'ils arriveront dans une île fortunée, habitée par une race d'hommes doux, parmi lesquels ils passeront une vie heureuse. On déclare aussi aux voyageurs que s'ils arrivent sains et saufs dans cette île, l'Ethiopie jouira, penclant six cents ans, d'une paix et d'un bonheur continuels; mais que si, effrayés de l'immensité de l'Océan , ils ramenaient leur navire en arrière, ils s'exposeraient, comme des impies et comme des hommes funestes à l'État, aux plus terribles châtiments. Les Éthiopiens célébrèrent donc cette fête solennelle sur les bords de la mer, et après avoir brûlé des sacrifices pompeux, ils couronnèrent de fleurs les deux hommes chargés du salut de la nation, et les embarquèrent. Après avoir navigué pendant quatre mois, et lutté contre les tempêtes, ils abordèrent dans l'île désignée, qui est de figure ronde et qui a jusqu'à cinq mille stades de circonférence.

[2,56] En s'approchant de cette île, ils virent quelques naturels venir à leur rencontre pour tirer leur barque à terre. Tous les insulaires accoururent et admirèrent l'entreprise des deux étrangers, qui furent bien accueillis et pourvus de toutes les choses nécessaires. Ces insulaires diffèrent beaucoup des habitants de nos contrées par les particularités de leurs corps et leurs moeurs. Ils ont tous à peu près la même conformation, et leur taille est au delà de quatre coudées. Leurs os peuvent se courber et se redresser, comme des cordes élastiques. Leurs corps paraissent extrêmement faibles, mais ils sont beaucoup plus vigoureux que les nôtres ; car lorsqu'ils saisissent quelque chose dans leurs mains, personne ne peut le leur arracher. Ils n'ont de poils que sur la tête, aux sourcils, aux paupières et à la barbe; tout le reste du corps est si lisse qu'on n'y aperçoit pas le moindre duvet. Leur physionomie est belle, et toutes les parties du corps sont bien proportionnées. Leurs narines sont beaucoup plus ouvertes que les nôtres, et on y voit pendre une excroissance semblable à une languette Leur langue a aussi quelque chose de particulier, en partie naturelle, en partie artificielle : elle est fendue dans sa longueur de manière à paraître double jusqu'à la racine. Cette disposition leur donne la faculté de produire une grande variété de sons, d'imiter non seulement tous les dialectes, mais encore les chants de divers oiseaux, en un mot, tous les sons imaginables. Ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est que le même homme peut causer avec deux personnes à la fois, leur répondre et soutenir la conversation, en se servant d'une moitié de la langue pour parler au premier, et de l'autre moitié pour parler au second. Le climat y est très tempéré, parce que l'île est située sous la ligne équinoxiale ; les habitants ne souffrent ni de trop de chaleur ni de trop de froid. Il y règne un automne perpétuel, et comme dit le poète : "La poire mûrit près de la poire, la pomme près de la pomme, la grappe succède à la grappe, la figue à la figue". Les jours sont constamment égaux aux nuits, et à midi les objets ne jettent point l'ombre, parce que le soleil se trouve alors perpendiculairement sur la tête.

[2,57] Les habitants sont distribués en familles ou en tribus, dont chacune ne se compose que de quatre cents personnes au plus. Ils vivent dans des prairies, où ils trouvent tout ce qui est nécessaire à l'entretien de la vie, car la bonté du sol et la température du climat produisent, plus de fruits qu'il ne leur en faut. Il croît surtout dans cette île une multitude de roseaux portant un fruit semblable à l'orobe blanche. Les habitants le recueillent et le laissent macérer dans l'eau chaude jusqu'à ce qu'il acquière la grosseur d'un oeuf de pigeon ; après l'avoir moulu et pétri avec leurs mains, ils en cuisent des pains d'une saveur très douce. On y trouve aussi beaucoup de sources dont les unes, chaudes, sont employées pour les bains de délassement; les autres, froides, agréables à boire, sont propres à entretenir la santé. Les insulaires s'appliquent à toutes les sciences, et particulièrement à l'astrologie ; leur alphabet se compose de sept caractères, mais dont la valeur équivaut à vingt-huit lettres, chaque caractère primitif étant modifié de quatre manières différentes. Les habitants vivent très longtemps ; ils parviennent ordinairement jusqu'à l'âge de cent cinquante ans et sans avoir éprouvé de maladies. Une loi sévère condamne à mourir tous ceux qui sont contrefaits ou estropiés. Leur écriture consiste à tracer les signes, non pas comme nous transversalement, mais perpendiculairement de haut en bas. Lorsque les habitants sont arrivés à l'âge indiqué, ils se donnent volontairement la mort par un procédé particulier. Il croît dans ce pays une plante fort singulière : lorsqu'on s'y couche, on tombe dans un sommeil profond, et l'on meurt.

[2,58] Le mariage n'est point en usage parmi eux; les femmes et les enfants sont entretenus et élevés à frais communs et avec une égale affection. Les enfants encore à la mamelle sont souvent changés de nourrices, afin que les mères ne reconnaissent pas ceux qui leur appartiennent. Comme il ne peut y avoir ni jalousie ni ambition, les habitants vivent entre eux dans la plus parfaite harmonie. Leur île renferme une espèce d'animaux de petite taille, dont le corps et le sang présentent des propriétés fort singulières. Ces animaux sont de forme arrondie, parfaitement semblables aux tortues; leur dos est marqué de deux raies jaunes, disposées en forme de X : aux extrémités de chaque raie se trouve un œil et une bouche, de manière que l'individu a quatre yeux pour voir, et autant de bouches pour introduire les aliments dans un seul gosier qui les porte tous dans un estomac unique. Les intestins, ainsi que les autres viscères, sont également simples. Les pieds, disposés circulairement, donnent à cet animal la faculté de marcher là où l'instinct le conduit; son sang a une propriété fort extraordinaire : il agglutine sur-le-champ un membre coupé en deux, tel que la main ou toute autre partie du corps, pourvu que la coupure soit récente, et qu'elle n'intéresse pas des organes essentiels à la vie. Chaque tribu d'insulaires nourrit une espèce particulière de très grands oiseaux qui servent à découvrir les dispositions naturelles de leurs enfants. A cet effet ils mettent les enfants sur le dos de ces oiseaux, qui les enlèvent aussitôt dans les airs ; les enfants qui supportent cette manière de voyager sont conservés, et on les élève, tandis que ceux auxquels ce voyage aérien donne le mal de mer et qui se laissent choir de frayeur, sont abandonnés comme n'étant pas destinés à vivre longtemps et comme dépourvus des bonnes qualités de l'âme. Le plus âgé est le chef de chaque tribu ; il a l'autorité d'un roi auquel tous les autres obéissent; lorsqu'il atteint cent cinquante ans, il renonce, suivant la loi, volontairement à la vie, et le plus ancien le remplace immédiatement dans sa dignité. La mer qui environne cette île est orageuse, et a des flux et des reflux considérables ; mais ses eaux sont douces. Les constellations des deux Ourses, ainsi que beaucoup d'autres astres que l'on ne voit que chez nous, y sont invisibles. On compte sept îles de ce genre, toutes de même grandeur et séparées par des intervalles égaux, et qui sont toutes régies par les mêmes moeurs et les mêmes lois.

[2,59] Quoique le sol fournisse à tous les habitants des vivres en abondance et sans exiger aucun travail, ils n'en usent point d'une manière désordonnée ; ils ne prennent que ce qui est nécessaire, et vivent dans une grande frugalité. Ils mangent de la viande et d'autres aliments, rôtis ou cuits dans l'eau ; mais ils ne connaissent point les sauces recherchées ni les épices de nos cuisiniers. Ils vénèrent comme des divinités la voûte de l'univers, le soleil, et en général tous les corps célestes. La pêche leur procure toutes sortes de poissons, et la chasse un grand nombre d'oiseaux. Parmi les arbres fruitiers sauvages, on remarque l'olivier et la vigne, qui fournissent de l'huile et du vin en abondance. On y trouve aussi des serpents énormes qui ne font aucun mal à l'homme; leur chair est bonne à manger et d'un excellent goût. Les vêtements de ces insulaires sont fabriqués avec certains joncs qui renferment au milieu un duvet brillant et doux; on recueille ce duvet, et en le mêlant avec des coquillages marins pilés, on en retire des toiles de pourpre admirables. Les animaux qu'on trouve dans ces îles ont tous des formes extraordinaires et incroyables. La manière de vivre des habitants est soumise à des règles fixes, et on ne se sert pas tous les jours des mêmes aliments. Il y a des jours déterminés d'avance pour manger du poisson, de la volaille ou de la chair d'animaux terrestres; enfin, il y a des jours où l'on ne mange que des olives ou d'autres aliments très simples. Les emplois sont partagés les uns vont à la chasse, les autres se livrent à quelques métiers mécaniques; d'autres s'occupent d'autres travaux utiles ; enfin, à l'exception des vieillards, ils exercent tous, alternativement et pendant un certain temps, les fonctions publiques. Dans les fêtes et les grandes solennités, ils récitent et chantent des hymnes et des louanges en l'honneur des dieux, et particulièrement en honneur du soleil auquel ils ont consacré leurs îles et leurs personnes. Ils enterrent leurs morts dans le sable au moment de la marée basse, afin que la mer, pendant le reflux, leur élève en quelque sorte leur tombeau. Ils prétendent que les roseaux, dont ils tirent en partie leur nourriture et qui sont de l'épaisseur d'une couronne, se remplissent à l'époque de la pleine lune, et diminuent pendant son déclin. L'eau douce et salutaire des sources chaudes, qui existent dans ces îles, conserve constamment le même degré de chaleur ; elle ne se refroidit même pas lorsqu'on la mélange avec de l'eau ou du vin froids.

[2,60] Après un séjour de sept ans dans ces îles, Iambulus et son compagnon de voyage en furent expulsés comme des hommes méchants et de mauvaises habitudes. Ils furent donc forcés d'équiper de nouveau leur barque, et de l'approvisionner pour le retour. Au bout de plus de quatre mois de navigation, ils échouèrent, du côté de l'Inde, sur des sables et des bas-fonds. L'un périt dans ce naufrage; l'autre, Iambulus, se traîna jusqu'à un village; les habitants le conduisirent devant le roi, résidant dans la ville de Palibothra, éloignée de la mer de plusieurs journées. Ce roi, aimant les Grecs et l'instruction, lui fit un très bon accueil, et finit par lui donner une escorte chargée de le conduire jusqu'en Perse. De là Iambulus gagna la Grèce sans accident. Tel est le récit que lambulus a consigné lui-même dans son histoire, où il donne sur l'Inde des renseignements ailleurs inconnus. Ayant ainsi rempli la promesse que nous avions donnée au commencement, nous terminons ici le second livre.

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique (Diodori Bibliotheca historica), livre II, Chapitre 55 - Iambulus

source : http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/diodore_02/lecture/56.htm

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Homo Sovieticus

Publié le par antoiniste

Homo Sovieticus (pseudo Latin for "Soviet Man (human)", in Russian Совок, formed on советский and in the common language dustpan) is a sarcastic and critical reference to a category of people with a specific mindset that were allegedly created by the governments of the Eastern Bloc. The term was coined by well-known Soviet writer and sociologist Aleksandr Zinovyev as the title of his book of the same name.[1] A similar term in Russian slang is sovok (совок), which is derived from Soviet but also means scoop.

The idea that the Soviet system would create a new, better kind of person was first postulated by the advocates of the Soviet system; they called it the "New Soviet man". Homo Sovieticus, however, was a term with negative connotations, invented by opponents to describe what they said was the real result of Soviet policies. In many ways it meant the opposite of the New Soviet man, someone characterized by the following:

    * Indifference to the results of his labour (as expressed in the saying "They pretend they are paying us, and we pretend we are working"), and lack of initiative.
    * Indifference to common property and petty theft from the workplace, both for personal use and for profit. A line from a popular song, "Everything belongs to kolkhoz, everything belongs to me" ("все теперь колхозное, все теперь мое"), meaning that people on collective farms treasured all common property as their own, was sometimes used ironically to refer to instances of petty theft. The Law of Spikelets, which made stealing from the collective punishable by ten years' imprisonment, was a failed attempt to break this attitude.
    * Isolation from world culture, created by the Soviet Union's restrictions on travel abroad and strict censorship of information in the media (as well as the abundance of propaganda). The intent was to insulate the Soviet people from Western influence; instead, "exotic" Western culture became more interesting precisely because it was forbidden. Soviet officials called this fascination "Western idolatry" (идолопоклонничество перед Западом).
    * Obedience or passive acceptance of everything that government imposes on them (see authoritarianism). Avoidance of taking any individual responsibility on anything.

Following the collapse of the Soviet Union, many social and economic problems in Russia were blamed on Homo Sovieticus' alleged failure to adapt to a capitalist society.

source : wikipedia

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Comment nos sens nous trompent 3 - blanc identique

Publié le par antoiniste

 Le centre de l'image vous semble constituer un halo. En fait, le blanc y est le même que sur le reste de l'image.

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Le nom et le pronom personnel

Publié le par antoiniste

Le nom personnel n'apparaît pas tout d'abord. L'importance du moi est telle et si omniprésente, qu'il peut demeurer un certain temps inexprimé.
    L'enfant reconnaît très tôt son nom et réagit à l'appel de son nom. Mais souvent il possède déjà un vocabulaire d'un certain nombre de mots avant de se nommer soi-même. Il dit qu'il veut écrire, qu'il veut manger, sans se nommer à ce propos.
    Le pronom personnel apparaît souvent en réponse à la question : "comment t'appelles-tu ?" Ou bien, quand il y a plusieurs enfants : "qui veut ceci ? qui aura cela ?" C'est aussi la question qui déclenche l'apparition du pronom personnel moi.
    On dit parfois à tort que l'apparition du pronom personnel je ou moi marquait l'apparition de la conscience claire de soi ; et l'on sait que Fichte voulait dater la naissance spirituelle de son fils du jour où il avait dit je.
    Il ne semble pas qu'il en soit ainsi. Le sentiment vif de soi ne manque pas à l'enfant. Ce qui est vrai, c'est que le mot moi apparaît assez tard et en général comme réponse affective. Je crois que chez l'enfant français le moi précède de beaucoup le je et précisément parce qu'il est plus personnel. Le je n'est qu'un outil grammatical.
    Le maniement des pronoms est difficile et ne peut s'apprendre par simple répétition, comme les substantifs. Car les pronoms sont interchangeables ; tout le monde dit je en parlant, et le je n'est à personne, et le je qui parle devient le tu, quand on lui parle, ou le il, quand on parle de lui. Un effort d'attention et d'analyse est nécessaire (1). Stern a fait cette remarque que le nom propre généralement précède ; mais quand il s'agit d'enfants qui viennent après d'autres, le pronom personnel Ich apparaît souvent en même temps que le nom ; non pas comme instrument grammatical, mais sous la forme primitive et volontaire du moi. Quand la mère demande : "qui aura cela ?" les enfants répondent, avec une joyeuse émulation : Ich ! et les plus jeunes en apprennent ainsi l'usage.

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    L'apprentissage de la langue maternelle semble se faire très aisément et parfaitement réussir. Et pourtant l'enfant lutte contre toute espèce de difficultés : difficultés sensorielles, motrices, intellectuelles. Il n'est pas inévitablement prédisposé au langage, et il est fort occupé, car il a tout à apprendre. Mais ce qu'il doit apprendre repose en grande partie sur le langage. L'enfant baigne, pour ainsi dire, dans le langage, qui est pour lui, la plupart du temps, une sollicitation de tous les instants. Ce ne sont pas seulement ses intérêts intellectuels, ce sont ses besoins personnels et sociaux qui se satisfont par le langage. La trame du langage recouvre la trame de la vie. Le mot paraît en même temps que l'émotion et que le fait. Toute la puissance de la vie passe dans le langage.


(1) Un enfant sourd-muet, étudié par Mlle Degand, Arch. de Psych., X, 1911, p.387, ne parvenait pas à employer le pronom je, pour se désigner, bien que certains des exercices scolaires eussent ce but ; il employait toujours son nom : Je O. être sage (je vais être sage) ; O. a j'ai un papa (j'ai un papa). Ce n'est que vers l'âge de douze ans (il parlait assez facilement dès sept ans) qu'il a nettement employé je, d'une façon spontanée.

Henri Delacroix, Le langage et la pensée, p.310 (1924)
source : gallica2

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René Magritte - La Condition humaine, 1933

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Le Couronnement de l'Œuvre Révélée, Cause, développement & perfectionnement de l'être (p.LXVIII)

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    Je le répète, nous ne sommes ici que l'ombre de nous-mêmes, le reflet de notre réalité.

Le Couronnement de l'Œuvre Révélée, Cause, développement & perfectionnement de l'être, p.LXVIII

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L'exploration inversée - Le tour de France de deux Papous

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Réalisé par Marc Dozier et Jean-Marie Barrère
Avec Marc Dozier, Mudeya Kepanga et Polobi Palia
Produit par Yves Darondeau, Christophe Lioud et Emmanuel Priou pour Bonne Pioche avec la participation de CANAL+

Deux Papous plein d'humour et animés d'une curiosité insatiable quittent un matin leur village de Papouasie-Nouvelle-Guinée, direction la France. Commence alors l'exploration inversée.

Depuis les profondeurs du métro parisien jusqu'aux sommets enneigés des Alpes, ces voyageurs du bout du monde se retrouvent confrontés à d'autres réalités : le pouvoir, le travail, les femmes, le cochon... Décidément, chez les Français, ça ne tourne pas rond !

 

source : www.canalplus.fr

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Publicité pour un théâtre parisien - Alice de Lewis Carroll

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    Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?

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Libre arbitre et immortalité de l'âme chez Berkeley

Publié le par antoiniste

"Il m'est évident, écrit-il dans Alciphron, en gros et concrètement, que je suis un agent libre. Il ne sert à rien de dire : la volonté est gouvernée par le jugement ou déterminée par l'objet, pendant que, dans chaque cas ordinaire et soudain, je ne puis discerner ni abstraire le décret du jugement, du commandement de la volonté, pendant que je sais que l'objet sensible est absolument un être actif, qui peux me déterminer moi-même et me détermine. Si je pouvais supposer que les choses spirituelles sont corporelles, ou raffiner les choses actuelles ou réelles en actions générales abstraites, ou par habileté métaphysique réduire les choses simples et individuelles en partie multiples, je ne sais ce qui suivrait. J'en appelle au sens commun de l'humanité. Je sais que j'agis; et ce que je fais, j'en suis responsable. I know I act; and what I act I am accountable for. Et, si ceci est vrai, le fondement de la religion et de la moralité demeure inébranlé... un homme est dit être libre, aussi loin qu'il peut faire ce qu'il veut". Dire qu'il peut vouloir comme il veut (he can will as he wills), est inintelligible. Les notions de culpabilité et de démérite, de justice et de récompense, sont dans l'esprit des hommes antérieurement à toutes les recherches métaphysiques. Mais si nous commençons par les généralités et posons nos fondements dans les idées abstraites, nous serons arrêtés et perdus dans  un labyrinthe de notre propre construction. Les athées tiennent pour assuré que l'esprit est inactif et que les idées agissent sur lui. Il faut dire le contraire. La simple réflexion nous donne les notions de liberté, d'agent, d'action. Les athées font une ignoratio elenchi, en attendant des démonstrations là où nous ne pouvons prétendre qu'à la foi. La fin de la libre pensée est πάντα  ὑπόληψις, le scepticisme universel.
    L'immortalité des âmes est évidente : elle suit de l'incorruptabilité, conséquence de l'indivisibilité, de l'incorporéité et de l'inextension. "Si je ne croyais pas en l'immortalité, déclare Berkeley dans un article du Guardian, j'aimerais mieux être huître qu'homme."
     Dans le Discours sur l'obéissance passive, le seul écrit politique que nous ayons de lui, il soutient qu'il faut obéir au pouvoir établi, parce que voulu de Dieu. La vraie sagesse est de vivre selon l'ordre naturel et selon l'ordre civil. Ce jacobiste conclut à un utilitarisme théologique.

       Jean Didier, Berkeley, VIII, La religion et la morale

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