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En son âme et conscience

Publié le par antoiniste

    En mon âme et conscience, Sur mon âme, Forme de serment, d'affirmation, Sur mon honneur, sur ma vie. On dit de même: Jurer, affirmer, décider en son âme et conscience.

En néerlandais : naar eer en geweten
En allemand : auf Ehre und Gewissen
En anglais : in her/his soul and conscience

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Claire Lejeune - Les mots qui guérissent le mal

Publié le par antoiniste

    Les seuls mots qui font acte, qui opèrent sur le corps de la mémoire ; les mots qui guérissent le mal par leur connaissance intime du mal, sont ceux qui parlent sa langue, ceux qui disent les fleurs et les fruits vénéneux du mal, non pas tel qu'on en parle à tort et à travers, mais tel qu'il se sent et se ressent. Tel qu'il s'éprouve. Tel qu'il s'épouse. Tel qu'il s'incarne : Je suis le mal que j'ai. Je suis l'âme du mal que j'ai. Il s'écrie par ma bouche. S'écrit par ma main.
[...]
    Où trouverions-nous les mots qui disent la vérité du mal, si ce n'est dans l'expérience que nous faisons des tourments à la fois charnels et psychiques de l'enfer ? Et comment saurions-nous ce qu'est l'enfer si nous n'avions pas connu le paradis? Si nous n'avions jamais goûté au fruit défendu ?

Claire Lejeune, Des mots pour franchir l'abîme entre dire et sentir
source : Balises, Archives & Musée de la littérature asbl

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Antoinisme et socialisme

Publié le par antoiniste

Introduction :
Une idéologie socialiste
«Nul doute que tout spirite devrait avoir une mentalité socialiste, en considérant les graves problèmes économiques et sociaux qui affligent le monde contemporain. Le spiritualisme spirite est la conception idéologique la plus sûre pour développer une interprétation idéaliste exacte de l’homme et de l’histoire. Car tout ce qui est dit pour rendre compte des processus économiques de l’histoire, demeurera insuffisant si cela ne repose sur des faits spirituels évidents.»
Tiré de «Parapsychologie et matérialisme historique», Humberto Mariotti, Buenos Aires
source : http://www.allankardecparis.com/cercle_spirite_allan_kardec_les_pionniers_suite.htm


    Robert Vivier semble distancier son héros du socialisme. Cf. p.172 (Ah ! fit Antoine avec malice, on voit bien que vous êtes socialiste, Gony. Le suffrage universel, voyez-vous, c'est bon pour la politique mais ça n'a rien à faire avec le spiritisme) et cité par Claudine Gothot-Mersch, p.366 : "Aucun souci politique chez le guérisseur : la rencontre d'un socialiste se déroule dans l'ignorance (qu'est-ce que c'est socialiste ?) et dans la réticence (Est-ce que les hommes ont à décider de la justice ? Dieu seul est juste) ; d'ailleurs, les socialistes sont violents, cela suffit à les rendre suspects.
    Il y avait d'ailleurs une défiance des deux côtés, car Jules Bois, dans le Miracle Moderne, finit son chapitre par "la spirituelle parole du socialiste belge, M. Demblon, "Le mysticisme naît la plupart du temps dans les villes où il y a trop de fumée." (Pierre Debouxthay, p.69),
    Cependant certaines idées, certes dans l'air du temps, son proche entre cette doctrine politique et cette autre spirituelle.

    L'approche du concept de justice de Platon chercha a montrer que celle-ci était au profit des plus faibles, se rapprochant ainsi d'utopies sociales, de certains mouvements religieux ou laïcs antérieurs à 1789. D'autres le dateront à l'apparition de manifestations concrètes d'un mouvement identifié comme socialiste.
     Du point de vue idéologique, l’analyse matérialiste situe le socialisme dans une perspective historique de volonté de la suppression du rapport « dominé / exploiteur », et se place dans la lignée de la plupart des luttes d'émancipation depuis l'Antiquité.
    Du point de vue historique, ce mouvement nouveau a ainsi fait son apparition à l'époque des Révolutions industrielles du XIXe siècle et a trouvé un terrain de lutte intimement lié à la société moderne de classes (par opposition à la société des ordres), et notamment à la classe ouvrière. Le penseur principal de cette seconde phase est Karl Marx.
    Le socialisme est né aussi dans les années 1820-1830 avec des penseurs – les précurseurs – comme Saint-Simon qui s'inscrivit dans la lignée de l'école des idéologues. L'héritage de Saint-Simon sera multiple. Ses écrits ont été repris après sa mort en 1825 par Barthélemy Prosper Enfantin (polytechnicien), pour engendrer le courant du saint-simonisme (qu'on a évoqué ici dans la partie Les Utopies).
    Maintenant, de la pensée la plus proche à la plus éloigné de l'antoinisme :
- Le socialisme utopique, à l'image du Saint-Simonisme, a décliné après 1870 lorsque le marxisme s'est imposé comme la pensée majeure du socialisme. Il s'est cependant poursuivi à travers le mouvement coopératif et de nombreuses expériences communautaires auxquelles on doit rattacher les "milieux libres" libertaires, plus ou moins durables, plus ou moins organisées autour du travail, de l'épanouissement personnel (Les Rencontres du Contadour de Jean Giono), de valeurs morales (Les Communautés de l'Arche, etc. Et j'ajouterai ici l'Antoinisme.
- Le socialisme utopique prône la transformation sociale et l'édification d'une société idéale, fondée sur l'abondance et l'égalité. Le socialisme utopique repose sur une vision très optimiste de l'homme : l'homme est bon par nature, ce qui implique qu'on peut faire confiance en sa raison pour faire évoluer la société et aboutir à une civilisation de la Raison et du bien-être. Le socialisme utopique diffère d'autres socialisme par sa méthode. Il ne prône généralement pas de révolution, et ne fait pas confiance en l'action de l'État.
- Le socialisme chrétien tire sa source du message de Jésus Christ dans les évangiles, en particulier le sermon sur la montagne. Il se base sur l’idée d’égalité entre hommes (égalité des âmes), la fraternité entre hommes (tous frères car « fils de Dieu ») et la dignité humaine (les hommes sont faits « à l’image de Dieu »). Il prône en particulier un certain détachement personnel des richesses et plaisirs matériels (accusés de détourner l’homme du Bien) et l’aide aux plus pauvres et persécutés.
- Le socialisme marxiste est une théorie politique basée sur la conception matérialiste de l’Histoire, et caractérisée par l’objectif de la mise en commun des moyens de production et d'échanges ainsi que par la répartition des biens équitablement à tous. Ce courant a été principalement marqué par la pensée de Karl Marx, d'où le terme « marxisme ». Il lutte pour un monde sans classes sociales et sans oppression.

Quelques citations de Jean Jaurès :
Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.
      Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, 1903, à Albi, dans Anthologie de Jean Jaurès, Louis Lévy, Calmann-Lévy, paru en 1983, ISBN 2826605771, p. 273.

Mais dans l’ordre prochain, dans l’ordre socialiste, c’est bien la liberté qui sera souveraine. Le socialisme est l’affirmation suprême du droit individuel. Rien n’est au-dessus de l’individu.
      « Socialisme et liberté » (1898), dans Œuvres, Jean Jaurès, éd. Rieder, 1931, vol. 6, p. 87

«Quel que soit l'être de chair et de sang qui vient à la vie, s'il a figure d'homme, il porte en lui le droit humain.»

«La cruauté est un geste de servitude : car elle atteste que la barbarie du régime oppresseur est encore présente en nous.»

«La République c'est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, à avoir sa part de la souveraineté.»

«Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience.»

«Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir.»

«L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création.»

«Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire.»


    Dans l'ouvrage de Louis-Auguste Blanqui, L'Éternité par les astres (1872), élaboré il est vrai sur la fin de sa vie alors qu’il subit une fois de plus la prison, il expose que la combinaison d'atomes dont nous résultons se reproduit un nombre infini de fois (dans l'infinité de l'espace et du temps) de sorte que chacun de nous a une infinité de sosies.

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Conférence Caudry - article de l'Observateur du Cambrésis de 2000

Publié le par antoiniste

mise à la disposition du public lors de la conférence de Régis Dericquebourg à Cambrai

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De la Belgique à Caudry (Conférence de Régis Dericquebourg du 12 nov.09)

Publié le par antoiniste

Jeudi 12 Novembre 2009
De la Belgique à Caudry :
l'Antoiniste, une religion de guérison

par Régis Dericquebourg,
Maître de conférence

à la Maison Falleur (Photothèque de Cambrai), Salon jaune
Rue Saint-Georges, Cambrai

Sont exposés :
- le livre du conférencier, Les Antoinistes (Ed. Brépols)
- un article de l'Observateur du Cambrésis du mercredi 31 mai 2000 ''Rencontre avec des Antoinistes Caudrésiens, la force de l'âme''
- un faire-part de décès de la Voix du Nord d'un membre de la famille Musin

    Dans le cadre du programme Une heure, une oeuvre, après les Irvingiens (ou catholiques-apostoliques) de Montigny-en-Cambrésis (où se trouve un des leurs trois lieux de culte français), Régis Dericquebourg présente les Antoinistes à Caudry.
    L'exposé est illustré par des diapositives (temple de Caudry, photo de Louis Antoine, reproduction des illustrations finissant l'ouvrage du conférencier).

    Après avoir signalé que l'Antoinisme est une "petite religion" (on sait que les spécialistes ont du mal à trouver un consensus quant à trouvé un nom à ce que l'on appelle communément dans la presse "secte"), Régis Dericquebourg, habitué en tant que Maître de conférence à Lille 3 à s'adresser à un public, rappelle les grands événements de la vie de Louis Antoine, fondateur du mouvement : le travail, la vie sociale, les lectures, les voyages, et le spiritisme, moment important de son parcours, et la rencontre avec Léon Denis (qui se définit comme socialiste-spirite), successeur d'Allan Kardec, qui fit des conférences dans le Nord de la France et en Belgique.

    On évoque Ferdinand Delcroix, professeur d'Athénée, guérit par le prophète-guérisseur d'une laryngite qui l'empêchée de travailler.
    Après le développement de la nouvelle religion, avec les nouveaux temples et l'héritage de Mère (les sociologues remarquent l'importance du rite de passage que certains adeptes réclamaient, avec qui Mère du composer, en rappelant qu'elle nouait le ruban du bonnet sous le menton de la mariée), on évoque brièvement et obscurément la pensée antoiniste (on sent que ce n'est plus le sujet de prédilection du locuteur).

    Le temps courant, on passa à l'histoire de l'antoinisme à Caudry.
    Le temple vit le jour en 1922 à Caudry (et non Cambrai ou Le Cateau, question justement posée par un auditeur) sur l'initiative d'un adepte (ce qui est courant pour la plupart des Temples), notamment grâce à un membre des dirigeants des entreprises de dentelleries.
    La construction se poursuit jusqu'en 1925. Les premiers desservants furent Soeur Goffin, aidée de sa mère et d'une soeur. Les adeptes viennent notamment de la région de Valenciennes jusqu'à la construction de son temple en 1932. Puis c'est sa fille qui pendra la suite, avec son mari, M. Bodson jusqu'en 1940.
    C'est actuellement frère Aimé et soeur Muguette Mousin qui en ont la charge (on fait leur connaissance grâce à un article de l'Observateur du Cambrésis).
    Les adeptes sont une trentaine pour ce petit temple, et viennent de Saint-Quentin (où il y eut une salle de lecture pendant un temps), Le Cateau-Cambrésis, et les environs en général.

    La conférence se termina par les questions et le concours des auditeurs, dont on remarqua la présence du fils des desservants pendant plus de 30 ans, M. Bodson, ainsi que d'autres habitués du temple de Caudry. Bien évidemment une question sur le fait sectaire, démenti par le conférencier, rappelant que Benoît Narinx, autre connaisseur de la question, fut étonné de voir sortir le médecin du temple alor qu'il commençait son enquête, ou qu'une desservante de Lille était infirmière et aide-radiologue, etc.
    Une auditrice, permit de corriger quelques erreurs du conférencier, et rappela qu'il y eut une salle de lecture à Hazebroucq et précisa qu'il était prévu du côté français de se consacrer à la rénovation des temples existants (et donc que les constructions de nouveaux temples après Toulouse en 1993 seront mises en attente).
    Un auditeur évoqua des amis antoinistes, qu'il conduisit à Valenciennes pour la désincarnation d'une de leurs connaissances.
    Puis M. Bodson rappela une anecdote, évoquée très brièvement il me semble par Pierre Debouxhtay, lors du procès du Père : le juge, assez sceptique sur les pouvoirs de guérisseur, se vit répondre par Louis Antoine : "je sais que vous êtes hémiplégique, mais je peux vous dire que vous êtes maintenant guérit". Et cela était vrai, le juge put se lever par la suite sans problème. Régis Dericquebourg rappela que beaucoup de preuves de guérison n'ont jamais été compilées et ne sont plus vérifiables (c'est d'ailleurs la critique la plus courante entre autres, contre l'antoinisme).

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Patrick Burensteinas - émission de la Radio Ici et Maintenant du 12 juin 2009 - L'alchimie et la fusion froide

Publié le par antoiniste

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André Thérive - Les observances héroïques

Publié le par antoiniste

    Notre hôte improvisé habitait un simple lieu-dit ; sa demeure avait l'aspect d'une cave voûté, derrière une espèce de treille où pendait un bidon d'essence troué qui servait aux ablutions rituelles, et aussi à la toilette des mécréants. Il n'y  avait rien à manger, que des oeufs et un peu de fromage rance, rien à boire qu'une eau-de-vie fort âpre et un café délicieux. Les murs étaient curieusement ornés de vieilles affiches grecques, italiennes, françaises même, dont seule l'enluminure comptait ; et parmi elles s'étalait un étonnant placard donnant l'horaire d'autocars américains dans je ne sais quel Etat de l'Ouest. Quelque démarcheur de Chevrolet avait dû l'apposer là en souvenir de son passage.
    On pouvait, à la rigueur, coucher sur la terre battue ou sur un grabat de peaux de bique ; mais dès trois heures du matin le patron, devenu muezzin, montait sur son balcon de bois branlant et criait la vérité d'Allah au bétail qui paissait dans les prairie voisines. Les deux soldats, en piteuses tuniques réformées de l'armée italienne, se levaient à ce signal et saluaient Dieu avec le jour. Je songeais au Père de Foucault, seul dans son coin d'Afrique, qui tenait à sonner la cloche six fois par jour pour des fidèles absents. Je songeais à la mission de Sabatier, dans les marais du Bahr-el-Ghazal, où l'on obligeait un clairon sénégalais à toutes les sonneries de la caserne française Je songeais à ces ingénieurs norvégiens du Spitzberg qui passent un smoking le dimanche soir pour dîner dans leur baraque sous la neige. Il n'est rien de plus beau que ces observances héroïques.

ANDRÉ THÉRIVE, Visite aux Musulmans d'Europe
La Revue de Paris 15 décembre 1937, p.892-93
source : gallica

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Autre époque, autre lieu, autres moeurs...

Publié le par antoiniste

    On m'a montré à Tiranë une villa fort banale, encadrée de figuiers. C'est, paraît-il, celle d'un M. Bétiseg, bourgeois des plus honorables, qui s'est donné la mort, ce printemps, parce qu'un décret du Roi interdisait aux femmes le port du voile. Il aurait pu supporter une jalousie de mari, mais non pas un scandale de croyant... Non loin du lieu où j'avais repassé la frontière serbe, se trouvait le village où un gendarme, un petit soldat gris-vert, analogue à mon convoyeur, eut mission naguère de faire dévoiler les dames sur la place, en exécution des règlements nouveaux. Un fermier du lieu assassina le gendarme, et cela fit une petite émeute dans la contrée.

ANDRÉ THÉRIVE, Visite aux Musulmans d'Europe
La Revue de Paris 15 décembre 1937, p.894
source : gallica

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André Thérive - Sans âme à lire en feuilleton sur gallica

Publié le par antoiniste

LIVRAISON DU 15 OCTOBRE 1927

La Revue de Paris
La Revue de Paris
Source: Bibliothèque nationale de France

 

LIVRAISON DU 1er NOVEMBRE 1927
LIVRAISON DU 15 NOVEMBRE 1927
LIVRAISON DU 1er DÉCEMBRE 1927
LIVRAISON DU 15 DÉCEMBRE 1927

La Revue de Paris
La Revue de Paris
Source: Bibliothèque nationale de France

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La fabrication du fer

Publié le par antoiniste

LA FABRICATION DU FER
On fabrique le fer en retirant à la fonte la totalité presque absolue de son carbone. La transformation s'effectue dans les fours de puddlage. Ces fours sont divisés en deux parties. Le petit four où l'on verse la fonte en fusion par petite quantité : de 200 à 300 kgr. et le grand four où s'opère la combustion du carbone et le brassage au ringard de la pâte métallique, le puddlage, l'un des plus fours travaux de la sidérurgie. Réchauffée, la fonte passe du petit four dans le grand four. Armé d'une longue barre d'acier : le ringard, le puddleur se tient à la porte du four. Il jette son outil bien sec — mouillé, le ringard pourrait provoquer une explosion — dans la fonte liquide. Il triture cette pâte. Il la soulève, la laisse fuser le long de sa barre d'acier, la reprend, la rejette, arc-bouté des deux mains au ringard, le torse nu, la sueur coulant en fontaine de son corps. Car le four dont la lueur l'illumine, le flambe tout vif. Et les gaz que dégage la combustion du carbone le suffoquent. Après quelques minutes, ses forces l'abandonnent, un autre puddleur le remplace. A mesure que le métal s'épaissit, le travail devient plus pénible, il faut des efforts inouïs pour ébranler la fonte, la plier, la retourner, l'exposer au feu sur toutes ses parties. Et plus le travail s'avance, plus le puddleur doit se rapprocher du four. Ses seuls efforts sont impuissants vers la fin pour brasser le métal qui a presque atteint la consistance de la pierre ; alors, deux, trois, puddleurs s'arc-boutent sur le ringard et tirent de toutes leurs forces, les muscles tendus sur les bras nus, les torses bombés, les visages congestionnés par l'effort et le feu.
Enfin, après trente minutes de puddlage, l'ouvrier plié à la gueule du brasier, lie la masse  métallique en un bloc, la loupe ; il la saisit à bout de bras dans les tenailles et la jette sur le chariot. C'est à ce moment que l'hémorragie cérébrale assomme généralement les puddleurs. La loupe est portée au marteau-pilon qui va la cingler. Les cinq mille kilos du marteau s'abattent sur la boule de fer toute rouge; la loupe s'écrase comme la boule de glaise sous le doigt du modeleur ; on la retourne, le pilon remonte, retombe, un bruit sourd et la loupe aplatie sur une autre face, crache en grêle ses scories. Les étincelles, les paillettes volent, si abondantes qu'il faut élever autour du pilon des cloisons protectrices en tôle pour empêcher les ouvriers d'être grièvement brûlés, à vingt mètres de distance. Quant aux cingleurs, ils semblent vêtus de pièces détachées d'une armure : des gantelets et des brassards de fer protègent leurs mains et leurs bras, des masques en treillis de cuivre gardent leur visage.

M. & L. Bonneff, Vie tragique des travailleurs, p.122-24
Les Travailleurs du Fer (1908)
source : gallica

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