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Robert Vivier, Délivrez-nous du mal - critique de la Revue des lectures 15 janvier 1936

Publié le par antoiniste

Robert Vivier Délivrez-nous du mal - critique de la Revue des lectures 15 janvier 1936

Robert VIVIER, Délivrez-nous du mal, Antoine le guérisseur, in-12 de 376 p., Grasset, 1936, 15 fr.

    Histoire romancée, par Un antoiniste, de l'antoinisme et d'Antoine « le guérisseur ».
    L'auteur, qui a déjà publié des poèmes et des romans, y fait preuve d'un incontestable talent. Mais autant son livre possède de mérite littéraire, autant il laisse à désirer du point de vue proprement historique, et plus il doit être sujet à caution pour les lecteurs catholiques.
    Tous les détails un peu gênants pour les adeptes du « culte » sont habilement déformés, maquillés ou même escamotés.
    D'observances superstitieuses, on tâche à tisser une auréole de surnaturel autour du héros du récit. Dans une chandelle qui s'éteint, on veut, voir un signe providentiel. L'affaire du soldat tué par Antoine est agencée au gré de l'imagination la plus complaisante. La rixe, avec Denis Collon, son beau-frère, les coups, la condamnation, sont pudiquement enveloppés d'une ombré qui ressemble fort à un camouflage.
    La même pudeur eût été, de mise, lorsqu'il s'agit de la séduction par Antoine de sa fiancée. On en a profité, au contraire, pour monter une petite scène un peu trop suggestive, mais qui, du moins, offre l'avantage de donner au lecteur impartial un aperçu des tolérances morales de l'antoinisme, tolérances qui n'ont pas dû nuire à son succès.
    Quant aux guérisons, l'auteur a l'air de les compter par milliers, par centaines de mille. Antoine, dans un accès de lyrisme, les faisait monter jusqu'à plusieurs millions. Un organe de l'antoinisme n'hésitait pas à les comparer à celles de Lourdes.
    On oublie de nous dire que jamais aucune d'entre elles, si tant est qu'il y en eût vraiment, n'a fait l'objet d'un examen médical, qu'aucun diagnostic n'a été porté par d'autres que les intéressés, qu'aucune des maladies prétendument guéries n'a été décrite avec précision même dans les écrits de la secte, que si certains médecins ont admis la réalité des guérisons opérées grâce à la suggestion, d'autres les ont contestées, pour ce qui est d'Antoine, de la manière la plus absolue.
    La moralité de toute cette histoire de l'antoinisme, où foisonne l'absurdité, elle a été tirée, il y a près d'une quinzaine d'années, par le pasteur protestant Paul Wyss (De l'Antoinisme, Bruxelles, 1923, p. 4) : « Les libres-penseurs irréligieux contempleront, avec nous, les résultats de leurs campagnes antichrétiennes pendant un demi-siècle : puissent-ils voir, avec La Réveillière, membre du Directoire, « que le peuple veut une religion et que, quand on ne donne pas au peuple une religion, il s'en fait une ».
    Il y a aussi un mot terrible du saint curé d'Ars. Il est assez connu pour que nous n'ayons pas à le citer.

Revue des lectures du 15 janvier 1936 (p.364-65)
source : gallica

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La domination patronale

Publié le par antoiniste

    Aux salaires infimes, à l'insalubrité de la profession, viennent s'ajouter d'autres facteurs de misère. Le chômage, l'intrusion des ouvriers étrangers (Belges), une domination patronale qui s'exerce même en dehors de l'usine et qui aboutit à l'asservissement religieux le plus tyrannique. [...]
    Une discipline de fer règne sous l'égide de Notre-Dame de l'Usine. A Tourcoing, dans nombre d'établissements, ouvriers et ouvrières, avant de commencer leur travail, font la prière, par ordre. L'un d'eux récite à haute voix et tous murmurent les litanies. Des surveillantes qui sont des « soeurs laïcisées » passent, et malheur à l'ouvrier dont les lèvres restent immobiles durant le pieux exercice. Il sera d'abord averti, puis impitoyablement congédié. La fréquentation régulière de l'église est obligatoire, le dimanche. Certains industriels accordent même à leurs ouvrières l'autorisation hebdomadaire d'aller au confessionnal durant les heures de travail. [...]
    Dans d'autres usines, les ouvriers sont tenus d'acheter les journaux catholiques qui sont portés à l'usine et placés à côté de chaque métier. La main mise patronale est complète et l'on peut dire sans exagération que les droits du patron sur l'ouvrier du Nord sont plus lourds que ne l'étaient au Moyen Age ceux du seigneur féodal sur le manant.

M. & L. Bonneff - Vie tragique des travailleurs - L'Enfer des Tisseurs (1908), p.27-29
source : gallica

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Des maires sont contraints de démolir leurs églises (Figaro - 2007)

Publié le par antoiniste

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Destruction de l'église de La Bassée.Charlet/AFP

Destruction de l'église de La Bassée.
Charlet/AFP

Pas moins de 2.800 des 15.000 églises rurales sont en péril selon un rapport rédigé par le Sénat.

De moins en moins fréquentées, les églises coûtent cher à entretenir et les maires s'interrogent. Faut-il les préserver ou doit-on les démolir ? Pas de doute, de gros nuages noirs surplombent désormais les petits clochers ruraux. Comme si le tabou de leur destruction commençait à se lever. Béatrice de Andia, à la tête du nouvel Observatoire du patrimoine religieux, affirme que, sur la base d'un rapport du Sénat, « 2 800 des 15 000 églises rurales protégées » seraient « en situation de péril ». « Ce qui laisse augurer, explique cette ancienne responsable de l'action artistique de la Ville de Paris, que les bâtiments non classés, qui ne sont pas une priorité pour l'État, ont un sombre avenir devant eux. » Christian Prunier, créateur en 2003 du site clochers.org, destiné aux gé­néalogistes, reconnaît, lui, que « pour se débarrasser d'un bâtiment, il suffit de le laisser pourrir 20 ans, de l'entourer ensuite de bandes rouges pour signifier son danger puis de faire établir un arrêté de péril. La démolition n'est alors plus une honte. Elle est conseillée ». Les Français sont pourtant « viscéralement attachés » à leurs églises, dit Alain Guinberteau, créateur de 40000clochers.com, qui a lancé un concours photos couronnant le meilleur chasseur de clochers.

 

Dans la région historique des guerres de Vendée, où les chapelles ont fleuri au XIXe siècle, de plus en plus d'édiles ont franchi le pas et commencent à détruire leur clocher faute de moyens pour les entretenir.

 

DE L'HERBE folle a poussé entre les tas de pierres, de vieux carrelages et d'ardoises brisées. Un angle de mur est encore vaguement debout et des tiges de fer rouillées pointent vers le ciel. En cet endroit désolé, il y a moins d'un an, se dressait encore une église dominant toute cette région, théâtre des guerres de Vendée. Bâtie en 1870 sur un point culminant du Maine-et-Loire, à 200 mètres d'altitude, l'église paroissiale du village de Saint-Georges-des-Gardes a été démolie en août dernier. « Déconstruite », précise le maire, Gabriel Lahaye, qui, sans être un adepte du philosophe Jacques Derrida, a choisi ce terme pour son image moins violente, « plus respectueuse ».

 

La commune de 1 500 habitants possède une autre église et, ne pouvait pas supporter les charges d'une réhabilitation : bien au-delà du million d'euros. Les églises construites avant 1905 sont, en effet, à la charge des collectivités locales. « On m'a­vait dit : tu le regretteras ! Mais il n'y a rien à regretter », assure Gabriel Lahaye. Un habitant, Gérald Eloire, a bien tenté de s'opposer à la démolition avec une lettre ouverte au maire, la création d'une association, la mobilisation des médias. En vain. Cet athée convaincu, qui avait choisi de s'installer dans ce village justement pour le charme de son église, n'a entraîné qu'une poignée d'habitants derrière lui. Et récolté beaucoup d'hostilité.

 

Le maire, qui va faire construire un petit oratoire de style contemporain sur le site de l'ancienne église, assure que « d'au­tres communes s'apprêtent à franchir ce pas ». La région est en effet pleine d'églises construites au XIXe siècle pour accueillir une population très pratiquante et en pleine croissance, en « réparation » aussi de la Révolution, quitte alors à détruire des églises trop petites ou trop abîmées qui avaient pourtant, elles, une réelle valeur architecturale. À 18 km de cette colline des Gardes, en effet, Bernard Briodeau, maire « plutôt centriste » de Valanjou, affirme avoir tourné les plans, les expertises, les aides régionales ou départementales et les comptes communaux dans tous les sens avant de se rendre à l'évidence : l'église Saint-Martin de son village est aussi vouée à la disparition. À terme, il espère ne conserver qu'une tour défensive du XVe siècle contre laquelle avait été édifié le bâtiment au XIXe.

 

« Acte sacrilège »

 

Pour l'instant, la démolition ne concerne que le clocher et la chambre des cloches. Comme à Saint-Georges-des-Gardes, le clergé, affectataire des lieux, n'a pas bronché. La messe est célébrée dans une autre église de cette petite commune blottie dans les chemins creux et qui ne compte pas moins d'une cinquantaine de chapelles, oratoires ou calvaires. « La pratique a nettement chuté ces dix dernières années, souligne le maire, et les catholiques pratiquants acceptent la décision. Ils savent leur foi plus forte que des vieilles pierres sans valeur. La priorité de l'Église, aujourd'hui, ce sont les pierres vivantes ! » En revanche, Bernard Briodeau a reçu des lettres de personnes parfois extérieures à la commune, anonymes ou non, lui promettant « le feu de l'enfer » s'il commettait « cet acte sacrilège ». « Je sais, admet-il, que dans cette région, on ne touche pas à une église, même si la messe est un lointain souvenir. C'est historique et viscéral. Mais que puis-je faire ? »

 

Maire de Gesté, à 45 km de là, Michel Baron dit lui aussi avoir cherché d'autres solutions. D'au­tant que l'église, très vaste, dont le conseil municipal vient de voter la démolition, est la seule de la commune de 2 500 habitants. La messe y est encore célébrée. À la place, le maire promet de construire « une salle de 500 places, susceptible d'être divisée en deux, moderne, facile à chauffer, attirante pour les jeunes... » Le curé de la paroisse, Pierre Pouplart, reste sur la réserve. « Ce sont les affaires de la commune, esquisse-t-il, je comprends qu'elle s'interroge sur le coût de l'entretien. » Responsable de l'art sacré pour ce diocèse d'Angers, le père André Boudier observe : « Les églises de qualité doivent être sauvegardées. Pour les autres, il faudra accepter de les détruire et de construire à la place des édifices mieux adaptés aux besoins d'aujourd'hui... »

 

 

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André Thérive - Sans âme - illustrations de Germaine Estival - Temple Antoiniste de Paris

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André Thérive - Sans âme - illustrations de Germaine Estival - intérieur du temple antoiniste

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André Thérive - Sans âme - illustrations de Germaine Estival - intérieur du temple antoiniste

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