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eternite

Carrel et Le coeur de Poulet

Publié le par antoiniste

Le prix Nobel de médecine 1912 Alexis Carrel réussit à maintenir vivant in vitro un cœur de poulet pendant une durée dont les estimations varient, selon les sources, de 28 ans à 37 ans. Or la durée de vie typique d'une poule est de 5 ans. Cette expérience a amené à se demander si la longévité d'un organisme n'était vraiment limitée que par celle de ses composants ou s'il fallait rechercher une autre cause, interne, au processus de mortalité.

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Immortalit%C3%A9

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Claire Lejeune - Déplacement catastrophique de Dieu dans la mentalité

Publié le par antoiniste

    Assurée de se savoir inconditionnellement aimée par la Mère-nature, légitimée par la Vie elle-même, la différence du Fils en quête de sa langue à soi, se souciera, comme d'une guigne, de la caution, de la bénédiction et du pardon de Dieu le Père. Désormais inutile, Dieu mourra de sa belle mort. Refermée, la parenthèse patriarcale où l'humain s'initie à la connaissance du lien transfini qu'il incarne entre le fini et l'infini, s'enfouira dans sa mémoire, à la juste place qui lui revient.
    Déplacement catastrophique de Dieu dans la mentalité. De Créateur de la nature, il est devenu sa créature. Fin devenue le grand moyen. Au lieu d'être l'Impensable penseur du commencement et de la fin des temps, l'UN transcendantal se retrouve Objet d'expérience intérieure, Objet de connaissance, Objet pensé dans sa duplicité: à la fois bénéfique et maléfique, lieu commun du bien et du mal; advenu en ce lieu précis de la mémoire où s'ouvre la faille entre l'orient et l'occident, à l'instant même de notre chute dans la béance historique. Dieu très exactement cerné, repéré par la pensée à la charnière sanglante de la nature et de la culture, sur les lieux du meurtre de la Mère et de l'Enfant solaires, meurtre qui fonde en même temps la civilisation du Livre et la fatalité de la guerre. Localisé dans l'espace et dans le temps, Dieu perd le mystère qui perpétuait son règne et celui de l'Histoire. Par sa destitution, l'utopique communauté des enfants du soleil devient imaginable et réalisable.

Claire Lejeune, Des mots pour franchir l'abîme entre dire et sentir
source : Balises, Archives & Musée de la littérature asbl

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Emile Verhaeren - Celui qui n'a rien dit

Publié le par antoiniste

CHANSON DE FOU

Celui qui n'a rien dit
Est mort, le coeur muet,
lorsque la nuit
Sonnait
Ses douze coups
Au coeur des minuits fous.

— Serrez-le vite en un linceul de paille.
Les poings noués, et qu'il s'en aille.

Celui qui n'a rien dit
M'a pris mon âme et mon esprit.

Il a sculpté mon crâne
En navet creux, dont les chandelles
Sont mes prunelles.

— Nouez-le donc, nouez le mort,
Rageusement, en son linceul de paille.

Celui qui n'a rien dit
Dormait, sous le rameau bénit,
Avec sa femme, en un grand lit,
Quand j'ai tapé comme une bête
Avec une pierre, contre sa tête.

Derrière le mur de son front
Battait mon cerveau noir,
Matin et soir, je l'entendais
Et le voyais qui m'invoquait
D'un rythme lourd comme un hoquet ;
Il se plaignait de tant souffrir
Et d'être là, hors de moi-même, et d'y pourrir
Comme les loques d'une viande
Pendue au clou, au fond d'un trou.

Celui qui n'a rien dit, même des yeux.
Qu'on lui coupe le coeur en deux,
Et qu'il s'en aille
En son linceul de paille.

Que sa femme qui le réclame
Et hurle après son âme,
Ainsi qu'une chienne, la nuit,
Se taise ou bien s'en aille aussi
Comme servante ou bien vassale.
Moi je veux être
Le maître
D'une cervelle colossale.

— Nouez le mort en de la paille
Comme un paquet de ronces;
Et qu'on piétine et qu'on travaille
La terre où il s'enfonce.
Je suis le fou des longues plaines
Infiniment, que bat le vent
A grands coups d'ailes,
Comme les peines éternelles ;
Le fou qui veut rester debout,
Avec sa tête jusqu'au bout
Des temps futurs, où Jésus-Christ
Viendra juger l'âme et l'esprit.
Comme il est dit.
Ainsi soit-il.

Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires,
précédées des Campagnes hallucinées
(1920)(p.49)
source : archive.org

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Simone Weil, La condition ouvrière - Dire la souffrance

Publié le par antoiniste

    Ceux qui souffrent ne peuvent pas se plaindre, dans cette vie-là. Seraient incompris des autres, moqués peut-être de ceux qui ne souffrent pas, considérés comme des ennuyeux par ceux qui, souffrant, ont bien assez de leur propre souffrance. Partout la même dureté que de la part des chefs, à de rares exceptions près.

Simone Weil, La condition ouvrière (p.75)

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Catulle Mendès - La Dernière âme

Publié le par antoiniste

Le ciel était sans dieux, la terre sans autels.
Nul réveil ne suivait les existences brèves.
L'homme ne connaissait, déchu des anciens rêves.
Que la Peur et l'Ennui qui fussent immortels.

Le seul chacal hantait le sépulcre de pierre.
Où, mains jointes, dormit longtemps l'aïeul sculpté ;
Et, le marbre des bras s'étant émietté,
Le tombeau même avait désappris la prière.

Qui donc se souvenait qu'une âme eût dit : Je crois !
L'antique oubli couvrait les divines légendes.
Dans les marchés publics on suspendait les viandes
A des poteaux sanglants faits en forme de croix.

Le vieux soleil errant dans l'espace incolore
Était las d'éclairer d'insipides destins...
Un homme qui venait de pays très lointains,
Me dit : « Dans ma patrie il est un temple encore.

« Antique survivant des siècles révolus,
« Il s'écroule parmi le roc, le lierre et l'herbe,
« Et garde, encor sacré dans sa chute superbe,
« Le souvenir d'un Dieu de qui le nom n'est plus. »

Alors j'abandonnai les villes sans église
Et les cœurs sans élan d'espérance ou d'amour
En qui le doute même était mort sans retour
Et que tranquillisait la certitude acquise.

Les jours après les jours s'écoulèrent. J'allais.
Près de fleuves taris dormaient des cités mortes ;
Le vent seul visitait, engouffré sous les portes,
La Solitude assise au fond des vieux palais.

Ma jeunesse, au départ, marchait d'un pied robuste.
Mais j'achevai la route avec des pas tremblants ;
Ma tempe desséchée avait des cheveux blancs
Quand j'atteignis le seuil de la ruine auguste.

Déchiré, haletant, accablé, radieux,
Je dressai vers l'autel mon front que l'âge écrase,
Et mon âme exhalée en un grand cri d'extase
Monta, dernier encens, vers le dernier des dieux !


source : wikisource

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Maurice Maeterlinck - Le trésor des humbles (1902)

Publié le par antoiniste

     Contemporain des grandes pièces symbolistes, Le Trésor des humbles fut, dès sa parution en 1896, un grand succès de librairie. Maeterlinck explore dans ce recueil d'essais quelques-uns des thèmes qui inspirent sa dramaturgie: le silence et l'indicible, le dialogue des âmes, le tragique quotidien... Il consacre également son attention aux figures spirituelles qui l'ont marqué profondément, comme Novalis ou Ruysbroeck l'Admirable. S'il aide à mieux comprendre la pensée de Maeterlinck et le courant symboliste, Le trésor des humbles, parce qu'il interroge l'inépuisable question de l'être, peut se révéler riche encore d'un secret précieux.

    Ce recueil reprend les essais : le trésor des humbles, le silence, le réveil de l'âme, les avertis, la morale mystique, sur les femmes, Ruysbroeck l'admirable, Emerson, Novalis, le tragique quotidien, l'étoile, la bonté invisible, la vie profonde et la beauté intérieure.

    Extrait :
    N'est-ce pas dans l'amour que se trouvent les plus purs éléments de beauté que nous puissions offrir à l'âme ? Il existe des êtres qui s'aiment ainsi dans la beauté. Aimer ainsi, c'est perdre peu à peu le sens de la laideur ; c'est devenir aveugle à toutes les petites choses et ne plus entrevoir que la fraîcheur et la virginité des âmes les plus humbles. Aimer ainsi, c'est ne plus même avoir besoin de pardonner. Aimer ainsi, c'est ne plus rien pouvoir cacher parce qu'il n'y a plus rien que l'âme toujours présente ne transforme en beauté. Aimer ainsi c'est ne plus voir le mal que pour purifier l'indulgence et pour apprendre à ne plus confondre le pécheur avec son péché. Aimer ainsi, c'est élever en soi tous ceux, qui nous entourent sur des hauteurs où ils ne peuvent plus faillir et d'où une action basse doit tomber de si haut qu'en rencontrant la terre elle livre malgré elle son âme de diamant. Aimer ainsi, c'est transformer sans qu'on le sache, en mouvements illimités, les intentions les plus petites qui veillent autour de nous. Aimer ainsi, c'est appeler tout ce qu'il y de beau sur la terre, dans le ciel et dans l'âme au festin de l'amour. Aimer ainsi c'est exister devant un être tel qu'on existe devant Dieu. Aimer ainsi c'est évoquer au moindre geste la présence de son âme et de tous ses trésors. Il ne faut plus la mort, des malheurs ou des larmes pour que l'âme apparaisse ; il suffit d'un sourire. Aimer ainsi, c'est entrevoir la vérité dans le bonheur aussi profondément que quelques héros l'entrevirent aux clartés des plus grandes douleurs. Aimer ainsi, c'est ne plus distinguer la beauté qui se change en amour de l'amour qui se change en beauté. Aimer ainsi, c'est ne plus pouvoir dire où finit le rayon d'une étoile et où commence le baiser d'une pensée commune. Aimer ainsi, c'est arriver si près de Dieu que les anges vous possèdent. Aimer ainsi, c'est embellir ensemble la même âme qui devient peu à peu l'ange unique dont parle Swedenborg. Aimer ainsi, c'est découvrir chaque jour une beauté nouvelle en cet ange mystérieux, et c'est marcher ensemble dans une bonté de plus en plus vivante, et de plus en plus haute. — Car il y a aussi une bonté morte qui n'est faite que de passé ; mais l'amour véritable rend inutile le passé et crée à son approche un inépuisable avenir de bonté sans malheurs et sans larmes. Aimer ainsi, c'est délivrer son âme et devenir aussi beau que son âme délivrée. « Si dans l'émotion que doit te causer ce spectacle, dit à propos de choses analogues le grand Plotin qui de toutes les intelligences que je connais est celle qui s'approcha le plus près de la divinité, si dans l'émotion que doit te causer ce spectacle tu ne proclames pas qu'il est beau, et si, plongeant ton regard en toi-même, tu n'éprouves pas alors le charme de la beauté, c'est en vain que dans une pareille disposition tu chercherais la beauté intelligible ; car tu ne la chercherais qu'avec ce qui est impur et laid. Voilà pourquoi, les discours que nous tenons ici ne s'adressent pas à tous les hommes. Mais si tu as reconnu en toi la beauté, élève-toi à la réminiscence de la beauté intelligible... »

Maurice Maeterlinck, Le trésor des humbles (1902)
source : archive.org

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Maurice Maeterlinck - Pour pardonner ou pour mieux regarder en soi-même

Publié le par antoiniste

    On se trompe toujours lorsqu'on ne ferme pas les yeux pour pardonner ou pour mieux regarder en soi-même.

Maurice Maeterlinck, Pelléas et Mélisande
Acte Premier, Scène III

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Mary Shelley - Frankenstein - Bonheur

Publié le par antoiniste

    La lumière, le toucher, la conscience passeront ; et c'est en cette condition que je trouverai mon bonheur.

Mary Shelley, Frankenstein (p.319)
Flammarion, Paris

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Simone Weil, La condition ouvrière - Ne plus penser

Publié le par antoiniste

    D'une manière générale, la tentation la plus difficile à repousser, dans une pareille vie, c'est celle de renoncer tout à fait à penser : on sent si bien que c'est l'unique moyen de ne plus souffrir !

Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.14
source : classiques.uqac.ca

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Maxence Van der Meersch, Masque de chair - Quelle ignorance de nous-mêmes

Publié le par antoiniste

    Si nous pouvions mieux nous connaître ! Quelle ignorance de nous-mêmes, dans notre dureté envers les autres. Le Christ n'aimait pas l'homme content de soi. Comme je le comprends !

Maxence Van der Meersch, Masque de chair
Albin Michel, Paris, 1958 (p.24)

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