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L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme (Le Messager, 1er sept. & 15 oct. 1901)

Publié le par antoiniste

A propos de l'enquête de M. J. Bois (Le Messager, 1er sept. 1901)A propos de l'enquête de M. J. Bois

    M. de Komar, dans le Spiritualisme moderne (n° du 10 août 1901) dit entr'autres, au sujet de M. Jules Bois et de ses articles publiés dans le Matin, de Paris :

    » Le temps est passé où le Spiritisme faisait hausser les épaules.
    Voici les organes quotidiens de la presse qui s'arrêtent devant « l'Inconnu » « l'Invisible » et se font le propagateur de phénomènes relégués jusqu'ici par eux aux loges de concierge ou aux chambres d'enfants.
   » Dirons-nous que M. Jules Bois traite le sujet dans l'esprit d'impartialité voulue ? – Nous devons confesser qu'il n'est pas encore l'investigateur rêvé, dépourvu de tout préjugé et de tout dédain. Ou bien se croit-il obligé de faire quelques concessions au public, en jetant une teinte de ridicule sur ces « braves spirites » qu'il s'est mis en devoir d'étudier, et qui confiants, vont à lui, cœurs ouverts, mains tendues ?
    » Le caractère de simple grandeur qui se dégage des récits de M. Jules Bois lui échapperait-il à lui-même qu'il ne trouve pas un mot ému à l'égard du thaumaturge de Jemeppe-sur-Meuse, pour ne citer que lui, Louis Antoine, qui dans sa Foi trouve la force de guérir et qui prodigue sans compter et sans relâche sa force vitale avec un désintéressement digne des temps antiques de la chrétienté naissante.
    » Cette « Foi » qui arrive à produire des « espèces de miracles », comme dit l'auteur, ne mériterait-elle pas qu'on s'y arrêtât quelque peu ? que l'on remontât aux raisons, aux causes qui rendent le miracle possible ?
    » ... Nous voudrions pouvoir dégager dès ce jour des articles de l'éminent publiciste un enseignement et cet enseignement manque.
    » Il est probable que la lecture de ces écrits n'éveillera dans l'ignorant qu'un sourire de commisération, surtout s'il n'arrive pas à reconnaître de lui-même que cette « naïveté » qui caractérise les spirites, frôle de très près la « simplicité » que le Christ demande à ceux qui veulent être « initiés » aux « Mystères » du royaume de Dieu.
    » Dans des questions d'un ordre aussi élevé par le fond, quelle qu'en soit la forme extérieure, l'investigateur sérieux doit appeler à la rescousse non pas son ironie, mais la science qu'il possède pour éclairer le public et lui démontrer que ce qui paraît peut-être grotesque au premier abord s'explique par des théories très assises et que M. Jules Bois semble le dernier à ignorer. »

Le Messager, 1er septembre 1901

 

L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme (Le Messager, 15 oct. 1901)L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme

    On rencontre rarement la bonne foi toute simple. Je n'en veux pour preuve que l'enquête de J. Bois, publié dans le journal français le Matin.
    De même qu'il existe plusieurs espèces de partisans de la philosophie spirite, des ardents, des honteux, des quelconques, nous avons aussi plusieurs sortes d'adversaires : les uns combattant, flamberge au vent, à visage découvert, d'autres dans l'ombre, par un travail de taupe, d'autres enfin caressant la doctrine pour mieux l'étrangler, comme le loup du petit Chaperon Rouge.
    Jules Bois est journaliste, il en fait métier, et ses articles du Matin sont payés : parfait, il n'y a pas crime, mais s'il était payé pour faire son enquête, ce n'était pas là une raison suffisante d'élaborer tout un roman, d'autant plus dangereux que la vérité s'y mêle à l'erreur ; or, l'erreur est manifeste en maint endroit. Nous, qui sommes du pays de Poulseur, nous savons notamment, ainsi du reste que M. Foccroulle l'a fait ressortir déjà dans un article que la Meuse a refusé d'insérer, malgré le droit de réponse, et paru ensuite dans le Messager, nous savons, dis-je, combien la relation concernant le voyage du chroniqueur en notre région est volontairement mensonger.
    La prétendue séance spirite avec le médium Mme L... est inventée de toute pièce. Au lieu d'invoquer les morts, Jules Bois escamote même des vivants, et l'on peut lui dire, comme dans je ne sais quelle pièce : « Les gens que vous tuez se portent assez bien. On a remarqué le même sans-gêne, la même fantaisie dans le récit de son excursion à Jemeppe-sur-Meuse, chez le magnétiseur-guérisseur M. Antoine, et de ce qui s'y passe.
    Dans sa propre localité, chacun a donc pu constater, toucher du doigt ou, mieux, de l'œil et de l'oreille, la légèreté du reporter en une matière qui ne se prête pas à tant de désinvolture. On peut en inférer que l'enquête toute entière, dans les faits et les appréciations, n'a qu'une valeur très relative et plus que douteuse.
    L'auteur a gagné son argent, le journal a satisfait des lecteurs profanes, avides de nouveautés (?!) qui deviennent à la mode, le public est berné et le tour est joué : mais le spiritisme ne s'en porte pas plus mal, ni les savants qui y sont ralliés de cœur et de raison et contre la sincérité et l'indéfectible obstination desquels viennent se briser, follement, les assertions audacieuses d'un écrivain de talent, qui ne craint pas le ridicule en affirmant que pas un homme de science n'a fait acte d'adhésion au spiritualisme moderne !!!
    Il est superflu de rappeler ici, pour la millième fois, après tant d'autres, les noms des sommités (pas toutes officielles par exemple), élite intellectuelle de tous pays, qui s'y sont ralliés ou en ont contrôlé et reconnu les phénomènes. D'ailleurs, rien d'étonnant que le savant officiel, spirite, soit rara avis : il y a des raisons pour cela, puisqu'on le désofficiellise dès qu'il fait mine d'indépendance. Le fait seul de dénier au spiritisme des adhésions scientifiques, suffit, aux yeux de ceux qui ont étudié la question, pour enlever toute valeur à l'enquête de Jules Bois, simple dilettante de l'Invisible, qui semble s'être donné pour mission d'amuser la galerie en exécutant des cabrioles fantastiques de pince-sans-rire sur un plancher truqué.
    Ceux des lecteurs du Matin, chez lesquels ses articles auront éveillé la curiosité d'étudier plus à fond la philosophie spirite et les phénomènes qui l'ont fondée, deviendront des convaincus quand même et, tout en souriant de leur scepticisme passé, ils pardonneront largement à l'auteur journaliste, parce qu'il leur aura fourni l'occasion, même par des sornettes mielleusement hostiles, de se convaincre, d'autre part, d'une vérité inébranlable comme un roc.

VICTOR HORION. Villers-aux-Tours, 1er octobre 1901.

Le Messager, 15 octobre 1901

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L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme (Le Messager, 1er sept. & 15 oct. 1901)

Publié le par antoiniste

A propos de l'enquête de M. J. Bois (Le Messager, 1er sept. 1901)A propos de l'enquête de M. J. Bois

    M. de Komar, dans le Spiritualisme moderne (n° du 10 août 1901) dit entr'autres, au sujet de M. Jules Bois et de ses articles publiés dans le Matin, de Paris :

    » Le temps est passé où le Spiritisme faisait hausser les épaules.
    Voici les organes quotidiens de la presse qui s'arrêtent devant « l'Inconnu » « l'Invisible » et se font le propagateur de phénomènes relégués jusqu'ici par eux aux loges de concierge ou aux chambres d'enfants.
   » Dirons-nous que M. Jules Bois traite le sujet dans l'esprit d'impartialité voulue ? – Nous devons confesser qu'il n'est pas encore l'investigateur rêvé, dépourvu de tout préjugé et de tout dédain. Ou bien se croit-il obligé de faire quelques concessions au public, en jetant une teinte de ridicule sur ces « braves spirites » qu'il s'est mis en devoir d'étudier, et qui confiants, vont à lui, cœurs ouverts, mains tendues ?
    » Le caractère de simple grandeur qui se dégage des récits de M. Jules Bois lui échapperait-il à lui-même qu'il ne trouve pas un mot ému à l'égard du thaumaturge de Jemeppe-sur-Meuse, pour ne citer que lui, Louis Antoine, qui dans sa Foi trouve la force de guérir et qui prodigue sans compter et sans relâche sa force vitale avec un désintéressement digne des temps antiques de la chrétienté naissante.
    » Cette « Foi » qui arrive à produire des « espèces de miracles », comme dit l'auteur, ne mériterait-elle pas qu'on s'y arrêtât quelque peu ? que l'on remontât aux raisons, aux causes qui rendent le miracle possible ?
    » ... Nous voudrions pouvoir dégager dès ce jour des articles de l'éminent publiciste un enseignement et cet enseignement manque.
    » Il est probable que la lecture de ces écrits n'éveillera dans l'ignorant qu'un sourire de commisération, surtout s'il n'arrive pas à reconnaître de lui-même que cette « naïveté » qui caractérise les spirites, frôle de très près la « simplicité » que le Christ demande à ceux qui veulent être « initiés » aux « Mystères » du royaume de Dieu.
    » Dans des questions d'un ordre aussi élevé par le fond, quelle qu'en soit la forme extérieure, l'investigateur sérieux doit appeler à la rescousse non pas son ironie, mais la science qu'il possède pour éclairer le public et lui démontrer que ce qui paraît peut-être grotesque au premier abord s'explique par des théories très assises et que M. Jules Bois semble le dernier à ignorer. »

Le Messager, 1er septembre 1901

 

L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme (Le Messager, 15 oct. 1901)L'enquête de Jules Bois sur le Spiritisme

    On rencontre rarement la bonne foi toute simple. Je n'en veux pour preuve que l'enquête de J. Bois, publié dans le journal français le Matin.
    De même qu'il existe plusieurs espèces de partisans de la philosophie spirite, des ardents, des honteux, des quelconques, nous avons aussi plusieurs sortes d'adversaires : les uns combattant, flamberge au vent, à visage découvert, d'autres dans l'ombre, par un travail de taupe, d'autres enfin caressant la doctrine pour mieux l'étrangler, comme le loup du petit Chaperon Rouge.
    Jules Bois est journaliste, il en fait métier, et ses articles du Matin sont payés : parfait, il n'y a pas crime, mais s'il était payé pour faire son enquête, ce n'était pas là une raison suffisante d'élaborer tout un roman, d'autant plus dangereux que la vérité s'y mêle à l'erreur ; or, l'erreur est manifeste en maint endroit. Nous, qui sommes du pays de Poulseur, nous savons notamment, ainsi du reste que M. Foccroulle l'a fait ressortir déjà dans un article que la Meuse a refusé d'insérer, malgré le droit de réponse, et paru ensuite dans le Messager, nous savons, dis-je, combien la relation concernant le voyage du chroniqueur en notre région est volontairement mensonger.
    La prétendue séance spirite avec le médium Mme L... est inventée de toute pièce. Au lieu d'invoquer les morts, Jules Bois escamote même des vivants, et l'on peut lui dire, comme dans je ne sais quelle pièce : « Les gens que vous tuez se portent assez bien. On a remarqué le même sans-gêne, la même fantaisie dans le récit de son excursion à Jemeppe-sur-Meuse, chez le magnétiseur-guérisseur M. Antoine, et de ce qui s'y passe.
    Dans sa propre localité, chacun a donc pu constater, toucher du doigt ou, mieux, de l'œil et de l'oreille, la légèreté du reporter en une matière qui ne se prête pas à tant de désinvolture. On peut en inférer que l'enquête toute entière, dans les faits et les appréciations, n'a qu'une valeur très relative et plus que douteuse.
    L'auteur a gagné son argent, le journal a satisfait des lecteurs profanes, avides de nouveautés (?!) qui deviennent à la mode, le public est berné et le tour est joué : mais le spiritisme ne s'en porte pas plus mal, ni les savants qui y sont ralliés de cœur et de raison et contre la sincérité et l'indéfectible obstination desquels viennent se briser, follement, les assertions audacieuses d'un écrivain de talent, qui ne craint pas le ridicule en affirmant que pas un homme de science n'a fait acte d'adhésion au spiritualisme moderne !!!
    Il est superflu de rappeler ici, pour la millième fois, après tant d'autres, les noms des sommités (pas toutes officielles par exemple), élite intellectuelle de tous pays, qui s'y sont ralliés ou en ont contrôlé et reconnu les phénomènes. D'ailleurs, rien d'étonnant que le savant officiel, spirite, soit rara avis : il y a des raisons pour cela, puisqu'on le désofficiellise dès qu'il fait mine d'indépendance. Le fait seul de dénier au spiritisme des adhésions scientifiques, suffit, aux yeux de ceux qui ont étudié la question, pour enlever toute valeur à l'enquête de Jules Bois, simple dilettante de l'Invisible, qui semble s'être donné pour mission d'amuser la galerie en exécutant des cabrioles fantastiques de pince-sans-rire sur un plancher truqué.
    Ceux des lecteurs du Matin, chez lesquels ses articles auront éveillé la curiosité d'étudier plus à fond la philosophie spirite et les phénomènes qui l'ont fondée, deviendront des convaincus quand même et, tout en souriant de leur scepticisme passé, ils pardonneront largement à l'auteur journaliste, parce qu'il leur aura fourni l'occasion, même par des sornettes mielleusement hostiles, de se convaincre, d'autre part, d'une vérité inébranlable comme un roc.

VICTOR HORION. Villers-aux-Tours, 1er octobre 1901.

Le Messager, 15 octobre 1901

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La Foire aux Religions (V, Magazine, 5 mars 1950)

Publié le par antoiniste

La Foire aux Religions (V, Magazine, 5 mars 1950, p.3)

La Foire aux Religions (V, Magazine, 5 mars 1950, p.3)

 

Titre : La Foire aux Religions, Il n’y a que la foi qui sauve
Éditions : V, Magazine, 5 mars 1950

    Un article sur quelques-unes des petites religions, comme les nommaient Jules Bois, c’est-à-dire les Messagers de Jehova, la Chevalerie du Christ, les Pentecôtistes, le culte du Petit Oignon, les Raskolnikistes, le Catharisme, et sur… Les Costumes de l’Antoinisme :

    « L’inspirateur de cette croyance est comme son nom l’indique un certain Père Antoine qui se prétendait  au milieu du siècle dernier le quatrième Messie universel, après Adam, Moïse et Jésus-Christ bien entendu. Il existe en France et en Belgique 48 temples antoinistes dont deux à Paris. 3.000 Frères et Sœurs sont spécialement chargés de diffuser et de propager de par le monde la doctrine du nouveau Messie.
    « Ces pèlerins revêtus d’une robe noire, beaucoup plus ample que la soutane et sans insigne, veulent qu’on les appelle les « costumés ». Leur zèle et l’éloquence de leur prêche valent à l’Antoinisme de multiples fidèles. On en dénombre actuellement plus de 150.000.
    « Né en Belgique en 1845, mort en 1912, le Père Antoine fut, paraît-il, avant tout, un guérisseur. Ses disciples, tout en prêchant son évangile, soignent gratuitement les malades du corps et les affligés de l’esprit. Pour mener à bien son apostolat, il importe que le costumé ait une certaine fortune personnelle ou du moins quelque titre de pension, car le Père Antoine dans son désintéressement oublia de prévoir pour ses adeptes le moindre denier du culte.
    « Une fondation Antoiniste d’érige dans le voisinage du Pré Saint-Gervais. C’est une banale maison de briques à deux étages. Mais on y trouve à l’intérieur la silencieuse majesté des trappes, indispensable à la médecine des âmes. Il paraît que les corps y trouvent aussi fort largement leur compte et que les guérisons miraculeuses y sont monnaie courante. Des infirmes y ont laissé leurs béquilles en guise d’ex-voto. Elles témoignent de l’authenticité des miracles et de la reconnaissance des fidèles. »

La Foire aux Religions (V, Magazine, 5 mars 1950)

La Foire aux Religions (V, Magazine, 5 mars 1950, p.4 et 5)

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Associations spirites belges en 1895 (Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896)

Publié le par antoiniste

Association spirite belge en 1895 (Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896)(iapsop.com)

source : Die Übersinnliche Welt, v3-4, 1895-1896 (iapsop.com)

    La Fédération Spirite de la Région de Charleroi a été décrite par Léon Souguenet.
    L'Espérance de Poulseur a eu ensuite comme président M. Léon Foccroule, et le groupe a été décrit par Jules Bois. De l'Union Spirite de Seraing, on connaît Gustave Gony pour avoir été un ami de Louis Antoine.

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Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)

Publié le par antoiniste

L'AU-DELA
ET LES FORCES INCONNUES
III. LE GUÉRISSEUR LOUIS ANTOINE 

    Dans tout le Condroz, on me disait : « Allez voir Louis Antoine, c'est le plus grand guérisseur de la Belgique. Il fait des miracles comme les thaumaturges les plus fameux. Il n'a aucune science, sauf celle qui vient de son instinct ou, comme, disent les spirites, de son guide. » J'ai, pour ma part, une certaine faiblesse pour les guérisseurs. Ils sont généralement persécutés par les médecins, leurs rivaux, font souvent autant de bien qu'eux et, n'ayant pas de diplôme, sont moins pédants et plus pittoresques. J'ai beaucoup connu le zouave Jacob, qui eut des moments de gloire étourdissante. J'ai récemment assisté, à Lyon, aux exercices magnétiques de M. Bouvier, à qui il arrive de soigner des centaines de malades par jour, et, il y a deux ans, à Paris, je me faisais initier à l'art d'un bizarre Américain portant le pseudonyme de Saint-Paul et dont la main, réduite à trois doigts, laissait couler des torrents fluidiques. 
   Je me rappelle un discours de William Crooks, le grand chimiste, à l'Académie royale de Londres : « Quels que soient les mérites, disait-il, de la médecine actuelle, tout ce qu'elle peut faire, c'est de réveiller dans le malade, ce que j'appellerais le vis medicatrix, c'est-à-dire la force de se guérir, ou mieux, la volonté de vivre. Personne donc ne guérit personne, mais le malade se guérit lui-même et le médecin n'a été qu'un aide, celui qui a réveillé le vis medicatrix assoupi. » 
   Cette théorie, due à un savant remarquable, me paraît la bonne ; elle réhabilite en plus ces prétendus charlatans qui, renonçant à la pharmacie et à la chimie, s'adressent directement à la force vitale, l'appellent, l'exaltent et, en influençant l'élément psychique, commandent à la matière et à ses infirmités.
    Quand je descendis à la petite station de Jemeppes-sur-Meuse, je demandai au chef de gare : « Connaissez-vous Louis Antoine ? -  Si je le connais ! dit-il, on parle de lui dans toute la Belgique : il habite à deux cents mètres d'ici et cet après-midi vous le trouverez au milieu de ses consultants. » 
    Derrière la barrière j'aperçus Léon Foccroule, le président des spirites de Poulseur. Je n'avais donc plus à chercher un cicerone. Foccroule est un ami de Louis Antoine. Ses yeux ronds, sous ses paupières plissées, brillaient de finesse et de bienveillance. Louis Antoine est pour lui une sorte de saint, un curé d'Ars laïque qui travaille avec un désintéressement absolu pour le bonheur de l'humanité. Je compris aussitôt que Foccroule espérait que je serais non seulement étonné mais converti à leur évangile. C'est que les spirites sont, là-bas, des apôtres et que conquérir une âme leur donne certainement .autant de joie que de gagner le gros lot. J'étais ce jour-là le gros lot. Nous marchâmes dans la fumée des fabriques, au milieu des rails de trams à vapeur, sur une terre noire, le long de rues populeuses parfois passaient des femmes lentes avec, sur leurs épaules, une gaule d'où pendent contre leurs hanches de grands seaux. Le soleil s'était voilé, les cheminées d'usine augmentaient la tristesse et le brouillard. La spirituelle parole du socialiste belge, M. Demblon, me revint à l'esprit : « Le mysticisme, m'avait-il dit, naît la plupart du temps dans les villes où il y a trop de fumée. » Voilà pourquoi cette Belgique si pratique, passablement sensuelle, voit son borinage infecté de fantômes. 

Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)

    Au coin d'une traverse, une maison d'aspect presque officiel rappelant une clinique ou une petite mairie. La porte est ouverte. Foccroule cause en wallon avec quelques hommes attablés à un estaminet adjacent. La gueuze-lambic permet aux nombreux pèlerins d'attendre paisiblement l'heure où chacun, à son tour, ils seront reçus. Dans la salle d'attente, une multitude de femmes. Les clientes accusent les types les plus différents, depuis la femme du contre-maître, déjà bourgeoise et en chapeau, avec, sous la robe, un corset qui s'accuse comme une armure, jusqu'aux plus humbles ouvrières avec leurs châles à gros pois, leurs sabots, leurs cheveux filasse dont le manque d'éclat atteste les longues privations. Elles serrent contre leur poitrine flétrie par l'allaitement des chiffons secoués par les palpitations de la vie. Elles viennent là, moins pour elles-mêmes que pour leurs petits. Sans doute le médecin a désespéré où il demande trop cher, ou il n'a pas inspiré confiance ; alors elles sont allées vers celui que ses adversaires nomment le Charlatan, que la foule appelle le Guérisseur. Elles sont venues, portées par leur foi, exaltées par l'amour maternel, suppliant le Dieu des mères, de toute leur âme. Le silence n'est même pas troublé par le cri des enfants ; quelques vieilles se sont endormies sur leur parapluie, réveillées en sursaut quand la porte du fond s'ouvre pour laisser sortir quelque miraculé et entrer un autre douloureux. 
    J'ai passé par les coulisses de l'officine magnétique. C'est un corridor étroit où il y a, pour tout ornement, un tonneau à épluchures. 
   Ce corridor conduit à la hutte où habite Louis Antoine, une chambre seulement, bien pauvre et bien nue, où sa femme prépare le repas du soir. 
   Le thaumaturge a l'appréhension de la gloire, il n'aime point que s'établisse autour de lui une autre rumeur que celle, des guérisons accomplies. Foccroule lui a dit sans doute une phrase bien sentie dans leur patois car il m'accueille avec sympathie. Et puis, que quelqu'un soit venu de ce grand Paris pour le voir, cela le flatte secrètement. 
   J'ai deviné que Foccroule m'avait présenté comme un quasi-adepte. Voilà donc Louis Antoine. C'est un microcéphale, les cheveux coupés très ras, une barbe de la veille, et je ne sais quelle teinte grisâtre sur toute sa personne, provenant sans doute de l'âge, qui a décoloré ses cheveux et ses regards, de cette fumée aussi qui remplit tout Jemeppes, habille les êtres et les choses. Il parle avec une certaine difficulté, soit que le français ne soit pas sa langue habituelle, soit que sa nervosité, toujours en éveil, fasse trembler ses paroles. 
   - Faites excuse, me dit-il, je ne pourrais vous répondre qu'après L'avoir consulté. Je ne fais rien sans Lui. 
   Louis Antoine parlait ainsi mystérieusement de ce guide dont il ne sait pas très bien le nom, qui est tantôt pour lui l'âme du curé d'Ars ou cette du docteur Demeure, dont les portraits au crayon sont pendus aux murs de la salle d'attente, à côté de placards contre l'alcoolisme. Cet « esprit » ne me fut sans doute pas hostile, car presqu'aussitôt le guérisseur, sachant-que j'avais à prendre le train suivant, me reçut dans la chambre des miracles. 
   - Il m'apparaît, me dit-il, comme un nuage lumineux lorsque je dois réussir ma cure ; mais quand ceux qui viennent à moi n'ont pas la foi, mon guide s'en va, je deviens seul ; je puis si peu de chose par moi-même. 
   - Vous n'êtes donc pas magnétiseur ? 
   - Si ; mais je ne suis devenu vraiment Louis Antoine que lorsque je « m'ai acquis » la foi. C'est la foi qui guérit. Si nous croyons que nous allons cesser d'être malade, la maladie s'en va. Nous sommes guéris selon notre foi. | Plus j'ai réussi, plus j'ai eu confiance, plus j'ai réussi encore. Louis Antoine m'explique qu'il était ouvrier lamineur. Le feu où dansent les païennes salamandres, la fumée qui forme la corporalité des fantômes influencèrent lentement cette âme ignorante mais en correspondance avec l'universelle nature qui aime de chuchoter des simples des secrets. Il me conta la chose de sa voix grise aussi, voilée, avec des arrêts brusques et des intermittences. 
   - Quand on rentrait chez soi en revenant de la forge, on avait quelquefois le souvenir de toutes ces étincelles dans les yeux. Pendant la nuit, en dormant, elles ressemblaient à des étoiles. Ces étoiles me disaient : « Ecoute bien, Louis Antoine et comprends. Le feu de la forge rend le fer malléable et alors l'homme en fait tout ce qu'il veut. Ton âme est un feu aussi. Nous lui donnerons le pouvoir de repétrir la matière, la chair des autres, et les sourds entendront et les boiteux marcheront. » 
   Une mère et son enfant entrèrent. Le petit avait les jambes torses, le corps couvert de taches rouges. Un chétif résultat d'une existence sans hygiène et d'ancêtres dégénérés. 
   Louis Antoine pose sur ces membres déformés sa main rédemptrice : le petit tressaute de temps en temps comme sous une brûlure. Puis le thaumaturge lui ordonne de marcher, de courir même. Il marche, il court en effet avec ses misérables jambes convulsées. Réellement il va mieux, il rit, il saute dans les bras d'Antoine par cette sorte de reconnaissance instinctive qu'ont les enfants pour ce qui leur fait du bien. Il n'est pas guéri, certes, mais électrisé. Sa mère pleure de joie. L'atmosphère est propice au miracle entre ce thaumaturge qui affirme : « il guarira, savez-vous, il courra comme un lapin », cette femme en larmes et cet enfant galvanisé par la volonté de l'opérateur et la foi vague des tout petits qui ne comprennent pas l'existence de leur mal. 
   Vient une consultation sur la nourriture â donner au boiteux. Antoine défend le porc, ne permet qu'une pomme de terre avec du beurre, sans graisse. Ces détails culinaires sont écoutés avec religion, comme s'ils tombaient de la bouche d'un dieu. 
   Maintenant c'est le tour d'une vieille. Louis Antoine lui touche le front. Je vais assister à une des prérogatives du thaumaturge. Il lirait les maladies dans les corps, par intuition. Celle-là a la foi totale. Sous la coiffe noire, le visage s'accentue, à la fois têtu et docile, crédule. Au bout d'une minute, Louis Antoine profère son diagnostic. Ce qu'il a bien découvert, ce sont les souffrances de la brave femme et leur emplacement. Celle-ci en est tout émue ; chaque fois que le guérisseur lui découvre quelque infirmité, son enthousiasme grandit et elle s'écrie avec son accent rude de paysanne : « C'est ben comme ça, c'est ben comme ça ! » Mais Louis Antoine insiste : « Il faut dire la vérité, si c'est bien là ce que vous sentez. Nous ne devons pas propager le mensonge… la vérité nous soutient. » 
   Le train de banlieue qui doit me ramener de Jemeppes-sur-Meuse à Liège siffle déjà au loin ; il faut finir. Je demande à Louis Antoine ce qu'il pense des médecins, ses grands confrères et ennemis. Il ne m'en dit aucun mal. Ce magnétiseur a l'âme chrétienne : « Dans les maladies, ils soignent les effets ; moi, je m'attache aux causes », dit-il avec une certaine fierté. Louis Antoine est un philosophe. « Ils ont signé à cent cinquante une pétition contre moi : ma mission les gêne. Je n'ai été condamné pourtant qu'à quelques francs et conditionnellement encore. On sait que je ne demande pas d'argent, et comme je ne donne pas de remède, que peut-on me reprocher ? » 
   La vieille a jeté quelques sous dans la tirelire sur la cheminée. C'est tout ce qu'accepte ce philanthrope mystique. 
   - Avant de partir, prenez mon journal. 
   Louis Antoine est allé dans la chambre basse et obscure où sa femme prépare le repas du soir. De nouveau, je suis dans le corridor étroit, encombré par le tonneau d'épluchures. Le thaumaturge revient avec un imprimé qui a comme titre : Connais-toi. Je jette un regard sur ce papier rempli de ces phrases ampoulées dont les doctrinaires spiritualistes ont le secret. Ce ne doit pas être là une élucubration de Louis Antoine. Je le soupçonne d'écrire comme il parle, c'est-à-dire difficilement. Ses gestes, son milieu, son attitude, ses paroles, voilà ce qui m'a plu en lui. Une grande simplicité, de la naïveté même et de l'illuminisme, mais un brave homme, un brave homme vraiment, qui a la double chance d'être à la fois un ignorant et un croyant. 
   C'est peut-être pour cela qu'il fait des espèces de miracles. 
   Me revoici dans les rues fumeuses de Jemeppes, sur les chaussées noires. Léon Foccroule me jette un regard désolé. Il avait rêvé un long après-midi apostolique, où il m'aurait professé la philosophie d'Allan Kardec. 
   Le train siffle de nouveau, je lui serre la main en hâte, ses bons yeux sont émus. Il m'a fallu aller dans d'obscurs villages de Belgique pour trouver cette foi. Et je me dis que Louis Antoine dispose d'une force incalculable. Charcot, à la fin de sa vie, comprit les limites de cet hypnotisme qu'il avait, en quelque sorte, fait sien, et il écrivit, dans une revue anglaise, une étude devenue fameuse, intitulée The faith healing - la foi qui guérit. Ce génial observateur, quoique matérialiste, envoyait à Lourdes des malades désespérés, en qui il découvrait cette faculté de « croire » qui est vraiment un don surnaturel, car il n'y a pas de méthode pour l'acquérir. La désirer, la vouloir même, ne suffit pas : elle est un cadeau du Mystère. La foi ne soulève pas que les montagnes, elle peut rendre la santé étant elle-même une source secrète de la vie. 

Jules BOIS. Le Matin, 3 août 1901 (Reparu dans Le Miracle moderne en 1907 et dans Le Figaro, Supplément littéraire du dimanche 17 décembre 1910, mais non dans le livre L'Au-delà et les forces inconnues, 1902)

Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)Jules Bois - Le Guérisseur Louis Antoine (1901)

 

 

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Jules Bois - Un village spirite (1903)

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Poulseur - Maison du peuple    L'AU-DELA
ET LES FORCES INCONNUES
UN VILLAGE SPIRITE 

    Toutes les négations, toutes les railleries des matérialistes se briseront à des faits. L'orgueil scientifique, qui ne permet plus que de croire en ses dogmes, souvent précaires et changeants, trouvera de vives résistances dans la naïveté populaire ; elle construira d'autres temples avec les ruines des précédents. Là où le, catholicisme faiblit, le spiritisme se lève. 
   C'est une « leçon de choses » qui vient de m'être donnée et que je veux rapporter ici, en tête de cette enquête. Il existe en Belgique, ou mieux en Wallonie, tout près de Liège, un village d'ouvriers carriers qui est en grande partie spirite. Ces travailleurs, qui ont échappé à la tutelle de l'Eglise, n'ont pu se contenter de la libre-pensée et de l'athéisme pur et simple, et ils ont reconstitué, au début de notre vingtième siècle, ce culte des morts qui fut, d'après Fustel de Coulanges, l'auteur de la Cité antique, la première religion de l'humanité. 
   Dimanche, étant à Liège, je fus rendre visite au citoyen Foccroule, directeur du Messager, journal spirite. C'est un brave homme, sans prétentions, qui a été et est encore, malgré son âge, un excellent mécanicien. Il gagne sa vie avec ses mains et il ne rougit pas d'être du peuple. En ceci il se rencontre avec Tolstoï qui, quoique grand seigneur, préfère a la vie oisive le métier de cordonnier. Je crois bien qu'il est aussi socialiste, et il a l'amitié de M. Demblon, un des leaders de ce parti. Je serrai sa main ronde avec plaisir : j'appréciai sa mine d'honnête homme encadrée d'une barbe blanchissante. 
   - Puisque vous êtes curieux de nos phénomènes, venez donc avec moi à Poulseur. Aujourd'hui je me repose, et je crois que vous ne perdrez pas votre temps en voyant un village spirite et en assistant à ses cérémonies. Seulement pressons-nous, car il faut prendre notre train à Guillemins tout de suite afin d'arriver avant neuf heures. C'est alors que les esprits se manifestent et que tous les nôtres vont au temple. 
   En route, le citoyen Foccroule m'édifia sur les progrès de la religion des morts dont il est, en Wallonie, un des pontifes. 
    - « Le quart à peu près de la population de Liège est spirite. Ah ne croyez pas que nos fidèles soient capables, comme nos premiers chrétiens, de mourir pour leur foi ni même de l'avouer. Les Liégeois sont avant tout prudents. Par exemple, j'ignore le nom d'un bon nombre de mes abonnés ils se font adresser poste restante, sous des initiales, notre journal. Etant des avocats, des juges, des personnages officiels ou encore des colonels ou des généraux, ils n'osent se compromettre devant la majorité bien-pensante, conservatrice, catholique qui nous gouverne. N'empêche que, lorsque Léon Denis ou Gabriel Delanne viennent chez nous donner des conférences, nous réunissons plus d'un millier d'assistants. Récemment même, Léon Denis, le grand apôtre spiritualiste, a parlé dans l'élégante salle de l'Emulation, et il a eu assez de succès pour que le président lui fît l'honneur de le raccompagner presque chez lui. Ah ! monsieur, c'est que nous travaillons pour les idées, sans intérêt personnel. Ma femme écrit elle-même les bandes des invitations et ma fille empaquette les livres de propagande. Tout ça pour la cause. Il en est de même chez les gens simples que vous allez voir. Ils ont souffert pour leur croyance aux esprits ; mais la persécution ne fait qu'augmenter le zèle des personnes sincères. 
    Je regardai par la portière le délicieux paysage, pittoresque sans âpreté, les rives de l'Ourthe, les vallons frais, les collines auprès desquelles les villages se groupent. Maisons blanches et propres sous leur toit d'ardoise, petites rues placides où des groupes endimanchés causent sans fracas. 
   - Je suis né ici, me dit le citoyen spirite avec une naïve fierté. C'est là que près de la terre, au bruit des sources, j'ai écouté les petites voix de la nature qui m'ont appris que rien ne meurt. 
   Enfin les carrières de Montfort dressent leurs cimes horizontales et nues le grès apparaît sur leur versant, les entrailles de la terre se révèlent. Ces pierres rempliront les wagons de la gare pour devenir les pavés, des grandes villes. Malgré moi, je songe aux vieilles légendes du paganisme. Avant que Jésus n'eût tué le dieu Pan, les peuples croyaient que des esprits' habitaient dans les cavernes naturelles et dans celles que creuse la main des hommes. C'étaient de petits dieux qui se vengeaient d'être dérangés de leurs silencieux domaines par des espiègleries de gnomes et de follets Maintenant ils sont devenus les esprits. 
   Nous voilà attablés à la petite auberge du village, devant une pinte de bière de saison. Le liquide inoffensif mousse dans nos verres. C'est la cousine du citoyen, une spirite naturellement, qui tient l'estaminet. A elle, vint se joindre une femme en tablier, aux yeux intelligents et aux joues émaciées que, Foccroule me présenta comme la plus ardente spirite du pays. C'est la veuve de Joseph Leruth qui, avec le cousin de Foccroule, importa le culte des esprits chez les carriers de Poulseur. Tout de suite je sentis que j'avais affaire à une apôtre elle en avait la familiarité, la parole abondante, le geste expressif. 
   - Vous tombez bien, monsieur : nous allons commencer la cérémonie tout à l'heure, pendant que « les autres » seront à la messe. Nous avons choisi la même heure pour leur tenir tête. Venez chez moi, vous allez voir le drapeau. 
  Nous entrons dans une maisonnette bien modeste, mais tenue avec cette propreté stricte qui est le luxe des pauvres. Le portrait d'Allan Kardec s'étale au-dessus de la cheminée, bien en évidence. Contre le mur, un travail de femme, gauche, et touchant sur un carton, des fils de couleur entrelacés représentent une masure, comme il y en a tant en ce village, et l'habitant est une tête d'enfant avec des ailes. Au-dessous il est écrit : « Moi et ma maison nous servirons l'Eternel. » 
   L'horloge de l'église sonne neuf heures. Sur la porte, des familles de carriers attendent que le drapeau soit sorti de sa boîte pour former le cortège. La fille des Mme Leruth, une vraie « demoiselle de la ville » en corsage clair, aide sa mère à sortir l'enseigne. L'étoffe noire se déploie avec ses devises dorées. J'y lis : « La mort n'est que la fin d'une de nos étapes vers le mieux. » Et encore : « Craindre la mort, c'est la méconnaître. » La mère adapte à la hampe l'écusson, où est peinte une main qui tient un flambeau. « Vers Dieu -par la science et la charité » y est-il écrit. Elle-même lève la bannière, et me voilà mêlé au cortège, sous la garde du mécanicien Foccroule. Je suis entouré de femmes d'enfants et d'ouvriers en bourgeron bleu repassé pour la circonstance manœuvres qui travaillent loin du soleil, dans tes abîmes du grès ; épinceurs, qui ont laissé à la maison leur marteau ; appareilleurs, en tenue presque de bourgeois, comme des contre-maîtres. Nous sommes bien une centaine.
    - J'ai été une fameuse catholique avant de devenir spirite, m'avoua la bonne Mme Leruth ; mais maintenant, comme on dit chez nous, c'est « malé », c'est fini ! La rupture a eu lieu avec le curé, le jour de la Sainte-Barbe. Nous étions tous les spirites ensemble dans l'église ; alors, le curé mit la main sur l'épaulé de mon mari, qui était le premier, comme toujours, et lui dit : « Leruth et votre compagnie, je ne peux pas vous confesser. »  – « Ne me touchez pas ! » qu'il dit. Et nous sommes sortis tous et nous ne sommes jamais revenus depuis. 
   Nous passions en ce moment devant l'église. D'autres habitants de Poulseur s'y rendaient, Les deux troupes se jetaient des regards de côté, mais il n'y eut aucune provocation, car l'habitude arrondit les angles du fanatisme. 
    Le temple spirite est tout près de là, un peu plus haut, sur le versant d'une colline verdoyante de sapins, que domine un vieux château écroulé, palais, d'après la légende, de Charlemagne et des quatre fils Aymond. Il est situé entre le cimetière et la Maison du Peuple, C'est un édifice plus élevé que les autres, avec un toit d'ardoise très aigu qui simule un clocher. Dans l'angle du sommet, un œil rayonne ; deux devises y convergent, partant de la base du toit et suivant l'ardoise. L'une dit : « Il n'y a de foi inébranlable que celle qui peut regarder la raison face à face dans tous les âges de l'humanité. » L'autre dit la phrase fameuse qui résume l'évangile d'Allan Kardec, et que j'ai lue aussi sur sa tombe au Père-Lachaise : « Naître, mourir, renaître, progresser sans cesse, telle est la loi. » Au centre, deux mains en plâtre se joignent et, au-dessus, une frise de vigne en fleur atteste la renaissance de ce paganisme antique et du culte de Dymisos dans les mystères… Le spiritisme est bien la renaissance du dieu Pan.
    Le président prend place dans l'unique fauteuil : c'est Léon Foccroule, le cousin de mon mécanicien et le propriétaire du terrain où est bâti le temple. « Prions », dit-il. La demoiselle au corsage clair ouvre un petit livre noirci comme un grimoire et lit une invocation au « Dieu clément et miséricordieux qui permet le commerce avec le monde spirituel pour notre avancement ». Et elle le supplie de sa voix chantante pour qu'il « éloigne les esprits légers et moqueurs ». 
   Maintenant, on parle à voix basse, comme dans une véritable église j'examine la salle. Elle est ornée de devises encore ! Décidément ces braves carriers les aiment. Elles affichent une libre pensée, sœur du protestantisme. Il est dit, par exemple, que « la conscience ne doit ses comptes qu'à Dieu et que « son domaine est interdit à tous les tyrans ». Une carte astronomique, un poêle, une table de bois, une clochette, des pliants forment tout le mobilier. Le mécanicien me chuchote à l'oreille :
    - Nous avions autrefois un crucifix au-dessus du buste d'Allan Kardec, mais depuis nous l'avons remplacé par un Jésus magnétiseur. 
   En effet, je distingue dans la demi-obscurité une chromo, représentant le Christ qui guérit le paralytique. 
   Un « chut» énergique rétablit le silence. Mme Leruth pâlit encore elle a fermé les yeux et il me semble que ses joues émaciées ont un rayonnement. 
   - C'est un cantique que les esprits eux-mêmes nous ont donné… et tout entier, musique et paroles. 
   La médium prélude en effet : ce chant est d'une lenteur énervante et les vers pourraient être signés par un maître d'école devenu décadent. L'impression n'en est pas moins profonde. Ces fronts, recueillis, creusés par de longues rides, ces mains noircies de prolétaires, ces visages émerveilles et anémiques d'enfants, ces beaux yeux pâles d'ouvrières, dans cette pénombre de catacombe, reportent à des époques mystiques, alors que les premiers chrétiens, aussi simples que ces pauvres, célébraient leur rite secret. La foi y est ardente, presque visible, réellement comme un fluide épars.
Heureux celui qui croit,
Heureux qui marche droit 
   Dans tes chemins. 

Aussi toujours, Seigneur,
Règne dans notre cœur,
Car notre vrai bonheur
Est dans tes mains ! 

Pour toi rien n'est couvert :
Lis dans le livre ouvert 
   De notre cœur. 

Donn' nous l'amour, la foi,
Et l'espérance en toi
Avec la charité
Envers l'humanité. 

Mais un grand jour viendra
Que tous on s'aimera (sic)
En véritables frères…
L'épreuve du malheur,
Rend tous les hommes frères. 

    Je ne souris même pas à ces couplets crédules et puérils. La voix faiblit, comme mourante, Je sens tout le rêva que peuvent fournir ces cerveaux, à planer dans l'air. Plusieurs fillettes tombent en transes : l'une change de personnalité, prend une frêle voix plaintive pour raconter l'aventure d'une pauvre enfant perdue dans les bois, en attendant sa mère qui était allée mendier pour elle et qui est morte de faim. 
   - Elle vient souvent dans nos séances, m'explique le mécanicien ; cette désincarnée recommence sans cesse chez nous, dans le corps du médium, la douloureuse aventure qui précéda son abandon et son dernier soupir. 
   Et les plaintes reprenaient… « J'ai faim, j'ai faim ! disait la voix. Petite fille, n'avez-vous pas vu ma mère ? Elle est habillée en noir' avec un fichu rose dans son cou. Je cherche après depuis hier soir. Petite fille, dites-lui qu'elle m'apporte à manger… » 
  Dans le corps d'une autre enfant tombée en extase, un autre esprit raconte l'histoire d'une noble dame emmurée dans son château : une séquestrée romantique !
    D'autres fillettes, médiums-écrivains, sont agitées d'un délire graphomane. Leurs mains crispées au crayon bondissent sur un papier grossier pris à l'épicier, et c'est la détresse racontée des pauvres femmes qui furent, pendant leur vie, battues par des maris ivrognes, ou des conseils, des principes de morale d'esprits anonymes. Alors, c'est comme une trouée dans l'au-delà. 
   - On serait trop malheureux, s'il n'y avait que cette vie, me disait Mme Leruth. 
   Et je m'explique l'attention pieuse de ces ignorants qui pensent écouter à travers les crises de leurs propres « éfants » ils ne sauraient les tromper, pourtant –  la voix des morts qui, comme eux, autrefois, souffrirent quand ils vécurent, et goûtent enfin le repos tant attendu, le long dimanche éternel…
    L'heure passe, en ce trouble qui tient à la fois de la religion et du magnétisme. Une nouvelle prière pour les « esprits souffrants » clôture la séance. La porte s'ouvre, une bouffée d'air nouveau arrive l'oppression qui me tenait s'allège. Mme Leruth reprend son drapeau ; elle est redevenue parleuse et les fantômes se sont dissipés :
    - Joseph est venu me parlait aujourd'hui encore ; les morts ne sont pas des absents, mais des invisibles. Il m'a expliqué ce qui se passait quand on s'en va. « Il semble, m'a-t-il dit, qu'on s'endort dans une chambre et qu'on se réveille dans une autre. C'est pas plus malin que ça !» Vous ne voulez pas voir le drap mortuaire et le brancard où nous mettons nos défunts ? Ces jours-là sont de grandes cérémonies spirites. Ah ! les esprits, nous leur devons tout. Quelquefois les patrons nous font la guerre à cause d'eux, mais ils finissent toujours par arranger nos affaires. Ainsi tenez, ma grande fille, elle est venue au monde un jour de séance. A peine née, on l'a portée dans le temple, et les esprits l'ont bénie ; aussi c'est le seul enfant que je n'ai pas perdu. Et c'est d'elle – ils me l'avaient bien dit – que me vient tout mon bonheur. 
   Cependant le cortège s'est reformé derrière le drapeau dont la mère Leruth est si fière, et les poitrines réconfortées par le souffle de l'Invisible entonnent avec une ardeur nouvelle le long des rues du village de Poulseur où quelques Vierges restent encore dans leur niche au-dessus des portes – le chant des résurrections :
    Nous mourrons mais pour renaître : 
   La vie n'est qu'un doux sommeil. 

Jules Bois. Le Matin, 26 juillet 1901.

Jules Bois - Un village spirite (1903) Jules Bois - Un village spirite (1903)

 

Reparu dans Le monde invisible en 1902. On constate peu de changement. Les deux derniers vers deviennent cependant :

    Nous mourrons mais pour renaître : 
    La mort n'est qu'un doux réveil. 

Suit une note que voici : M. Lanne, pasteur au consistoire de la Mothe-Saint-Hervey [correction manuelle : la Mothe-Saint-Héray, près de Niort, Deux-Sèvres], frappé de certaines ressenblances entre sa religion et certaines formules spirites, m’écrivit lorsque ce chapitre eût paru dans le Matin pour me demander si le spiritisme de Poulseur et même le spiritisme en tant que doctrine n’étaient pas les fils prodigues de la religion réformée. Je lui répondis que dans le cas présent il se pouvait que quelques cantiques protestants aient été adoptés par les spirites, sans doute sous l’influence du temple, qui, à Sprimont, village très voisin de Poulseur, réunit un groupe assez considérable de fidèles, et encore, plus je pense, par une  opposition commune contre le catholicisme. Mais comme les protestants n’ont pas de prières pour les morts et pensent qu’après le jugement qui suit le dernier soupir, il ne reste plus rien à faire pour l’âme, j’imagine qu’il y a un abîme entre le christianisme réformé et le nouveau spiritualisme.

Note 5 (paru en complément dans Le monde invisible, 1902)

L'église spirite.
    Après avoir visité Poulseur et Jemmeppe-sur-Meuse, je m'assurai qu'ils n'étaient point en Belgique des cas isolés et que deux autres agglomérations importantes pratiquaient aussi l'évangile d'Allan Kardec : Chapelle-les-Herlaimont, près de Morlanwez, et Gohissard. Mais il suffisait d'esquisser le type de village spirite. A Poulseur, les spirites, d'accord avec les socialistes, gouvernent la commune et sont échevins. C'est là un cas spécial, mais je puis dire, sans exagération, que dans chaque ville de Belgique, de France, d'Italie, de Hollande, d'Angleterre (je parle des pays qu'en Europe j'ai plus particulièrement visités), il existe des groupes spirites. En dehors et à côté se forme une petite élite qui est occultiste ou théosophe. 
   En tout cas occultistes, théosophes, spirites sont certainement en France, à eux tous, bien plus nombreux que les israélites et les protestants réunis.
    Ces groupes croient tous à l'existence de Dieu et de la survie et pensent en avoir des preuves expérimentales.

NÉCROLOGIE 

M. LÉON FOCCROULLE 

Un de nos frères en croyance les plus dévoués, M. LÉON FOCÇROULLE, Vice-Président de la Fédération spirite Liégeoise, s'est désincarné à Poulseur (Belgique), le 4 avril dernier (1903), à l'âge de 63 ans. 

Le 6 avril, au seuil du modeste temple spirite élevé à Poulseur par nos amis, M. Oscar Henrion a dit « la prière à Dieu pour ceux qui viennent de quitter la terre ». Puis, il a prononcé le discours que nous reproduisons ci-après : 

       Discours de M. Oscar Henrion. 

 

Mesdames, Messieurs, f. et s. en croyance, 

    La mort vient encore de ravir à notre affection un de nos plus anciens et des plus dévoués frères en croyance, l'enlevant en même temps, à la reconnaissance de ses nombreux amis et à la cause du spiritisme. En effet, notre ami Léon Foccroulle, depuis plus de 30 ans, appartenait à cette phalange de la première heure, dont les rangs s'éclaircissent chaque jour, des propagateurs de la consolante Doctrine à laquelle il avait consacré tous les instants de sa vie depuis le jour où, avec son regretté ami Joseph Leruth, il lui avait été donné d'en comprendre les bienfaits. Sans cesse sur la brèche pour la répandre, il ne recula jamais devant aucune peine, ne s'effraya jamais devant aucun sacrifice pour faire partager aux autres les convictions qui étaient sa force et sa consolation. C'est de lui surtout, Frères et Sœurs, Mesdames et Messieurs, qu'il est permis de dire qu'il a passé en faisant le bien, et je ne crains pas d'affirmer que sa mémoire vivra longtemps encore dans le cœur de ceux qu'il a réconfortés par sa parole, relevés par sa charité. Quoique ne jouissant que d'une modeste fortune, il ne refusa jamais son obole lorsqu'il s'agit d'une œuvre de propagande ou d'une action charitable. Sa bourse était comme son cœur, toujours ouverte à ceux que le sort avait frappé, et son désir le plus ardent était de voir tous ceux qui l'entouraient partager sa confiance en Dieu et sa certitude d'une autre vie. N'est-ce pas dans ce but qu'il bâtit dans cette commune la première et la seule salle de réunion spirite, propriété aujourd'hui de son groupe à qui il l'a léguée par testament ? N'est-ce pas par ses soins que tant de conférences ont été données dans ce milieu, que son groupe a pu faire face aux dépenses nécessitées par les funérailles de ses membres ? Modeste à l'excès, jamais Léon Foccroulle ne voulut accepter dans le mouvement spirite que des fonctions secondaires, et c'est malgré lui qu'il fut nommé Président de l'ancienne Fédération et Vice-Président de la Fédération actuelle. Son jugement sain, sa raison éclairée n'étaient jamais consultés en vain par ses frères en croyance des différents comités dont il fit partie, de même que jamais il ne fut vainement fait appel à son dévoûment pour tout ce qui concernait la diffusion du Spiritisme. La perte de son ami Leruth fut pour lui une grande affliction, mais il sut la supporter en véritable croyant, et de nombreuses communications qu'il en obtint depuis sa désincarnation n'ont fait que fortifier sa foi et grandir son espérance. 

    Que de regrets il va laisser dans les cœurs qu'il consolait par sa parole et dans les milieux où sa charité s'exerçait sous les formes les plus bienveillantes et les plus discrètes ! Si son esprit, dégagé de ses liens matériels, plane en ce moment au-dessus de sa dépouille, qu'il doit être heureux de voir l'affliction causée par sa disparition, et que de vœux ne doit-il pas former pour que ses successeurs continuent l'œuvre à laquelle il avait voué sa vie ! 

    Vous qui l'avez connu, vous qui l'avez aimé, ne le pleurez donc pas, car nous avons la certitude que la vie dans laquelle il vient d'entrer sera pour lui la récompense de ses travaux, de ses sentiments si conformes à sa foi. 

    Hors la Charité, pas de Salut, telle fut sa devise, et à aucun moment de sa vie ses actes n'ont été en opposition avec elle. Aussi, Frères et Sœurs, avons-nous la ferme confiance, la certitude absolue dirai-je, que dès ce moment il se trouve dans la compagnie de nos bons guides et prend en pitié les misères de la vie terrestre. Sachant qu'il nous entend, je ne veux pas blesser davantage sa modestie en m'étendant sur son caractère et ses œuvres, je me contenterai donc de terminer cet éloge funèbre par l'expression de toute la sympathie qu'il nous avait inspirée et en lui disant l'espoir que nous avons qu'il nous continuera, du monde spirituel où il est, son concours fraternel. 

    Ami Léon, au nom des Spirites Liégeois en général et particulièrement au nom du Cercle Liégeois d'Etudes Spirites, reçois l'assurance que ton nom et tes œuvres vivront dans nos cœurs, lit maintenant, ami, que tu n'es plus emprisonné dans le lourd vêtement de la chair, nous te disons non pas adieu, mais au revoir. 

    « Après ce discours, dit le Messager de Liège, le cortège se forme, drapeau spirite et de sociétés diverses en tête, précédant le cercueil recouvert du beau drap du cercle de Poulseur. La fanfare joue ses airs funèbres, et là-haut, vers le sommet de la côte pittoresque souvent décrite par les touristes de la vallée de l'Ourthe, au milieu d'un cadre magnifique de hauts rochers qui reverdissent çà et là, notre ami Léon Foccroulle voit s'acheminer ce qui fut son enveloppe terrestre. Sa tombe est là, et, autour d'elle, chacun a pu entendre les bonnes paroles élogieuses tour à tour prononcées par MM. Nuss, Horion. Cl. Leruth et Casterman. 

    « Le meilleur souvenir restera dans le cœur de tous ceux qui ont pu assister à cette touchante cérémonie. » 

Le Progrès spirite : organe de la Fédération spirite universelle, 20 mai 1903, p.78-79

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Les Antoinistes rue Christine

Publié le par antoiniste

    Les Antoinistes rue Christine. - La rue Christine ne manque pas de titres de gloire. On sait que, tracée depuis le XVIIème siècle sur une partie de l'emplacement de l'Hôtel et des jardins du Collège de Saint-Denys, elle porte le nom d'une fille de Henri IV. C'est bien au souvenir de cette fille royale qu'allusionne bien sûr, la somptueuse enseigne de fer forgé au coin de la rue, du côté de la rue des Grands-Augustins. Encore que surgisse dans l'esprit, à l'appel de ce nom, la mémoire d'une autre Christine, cette étonnnante Christine de Stommeln, à laquelle J.-K. consacre de nombreuses lignes du chapitre XIV de "la Cathédrale". Dans ce même coin (soit la grande salle actuelle) à un temple Antoiniste, lequel à son tour avant la deuxième guerre, fut remplacé par le restaurant actuel. Depuis 1948, les fidèles de Huymans y célèbrent, chaque 1er jeudi du mois, leur auteur de dilection. Le jeudi 7 janvier dernier, notre éminent ami André Thérive a fait un petit historique fort savoureux sur ce coin de la rue Christine, un lieu où, rappelait-il, a « soufflé l'esprit ». Et où il souffle toujours, car, c'est dans cette même salle, où s'assemblaient les fidèles Antoinistes pour écouter les prêches du Père, et recevoir le fluide envoyé de Jemmeppes-sur-Meuse, que les huysmansiens tiennent leurs réunions. Ce Culte Antoiniste est une sorte de néo-gnosticisme, précisa André Thérive et a toujours de nombreuses chapelles. Paris en comptait trois : rues Vergniaud, du Château, du Pré-Saint-Gervais. Seul le temple rue Vergniaud subsiste. Il en existe en province : Nice, Chambéry, Lyon, Valenciennes, Reims, Tours, Vichy, Monaco, et la Belgique compte vingt-sept temples.
    André Thérive fit lecture de nombreuses pages de son roman "Sans Ame", consacré à cette petite religion. Ce roman qui parut en 1927 à la Revue de Paris, et fut édité en 1928, chez Grasset, puis en 1933 chez Ferenczi, pourrait être placé sur un rayon déjà chargé, non loin des "Petites Religions de Paris" de Jules Bois.
    Notre ami remporta le plus grand succès.
                                      G.-U.-L.

Bulletin de la Société J.-K. Huysmans
n° 27 (27e année) - 1954, p.111

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