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Folie du doute

Publié le par antoiniste

C’est une des formes les plus fréquentes de la dégénérescence mentale. Elle se manifeste surtout chez les femmes et chez des individus d’une culture intellectuelle un peu élevée.

Elle apparaît, souvent dès l’enfance sous forme de scrupules exagérés, au moment de la première communion surtout, de craintes puériles, non motivées. Le sujet a toujours peur de se tromper, recommence plusieurs fois ce qu’il fait, n’en est jamais content, et s’adresse toujours des reproches. Les moindres actes sont conçus avec mille précautions. Il n’est jamais sûr s’il a fait ou non une chose. Il est incapable de se décider à rien sans de nombreuses hésitations, et plus les choses sont de faible importance, plus son embarras paraît augmenter. Par contre il est souvent capable de très bien gérer des affaires importantes et dans dès moments difficiles de prendre une décision ferme et rapide.

Plus les occupations. du malade sont d’ordre intellectuel, et plus son angoisse se montre, à tout propos. Il en résulte un état général d’anxiété qui modifie son caractère et finit par le rendre quelquefois très difficile pour son entourage ; car il en arrive à douter, non seulement de ce qu’il fait, mais de ce que les autres font, et leur communique parfois ses hésitations et ses craintes perpétuelles.

Le doute est, tantôt d’ordre métaphysique et se rapporte aux problèmes de l’âme, de Dieu, de la nature, etc. ; tantôt d’ordre matériel et a pour objet les faits les plus simples de la vie journalière.

Des paroxysmes et des rémissions, de plusieurs années souvent, viennent modifier d’une façon irrégulière la marche de ces phénomènes.

Quelquefois le doute est tel qu’il cause au malade un état d’angoisse qui le fait tomber dans une sorte d’état mélancolique anxieux ou mystique, et que fréquemment apparaissent des idées de suicide qu’il met à exécution pour se débarrasser d’une existence trop pénible et d’une maladie dont il a conscience et qui n’est susceptible d’aucun traitement bien efficace.

source : http://www.psychanalyse-paris.com/+-Folie-du-doute-+.html

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Eliette Abécassis - Qumran (p.19)

Publié le par antoiniste

    C'est de la mémoire qui s'épanche dans les souvenirs vivants et les pensées insoumises à l'ordre chronologique, car l'ordre du temps ne connaît ni la méthode ni l'événement, préjugés tenaces de la science, mais il est celui du sens, c'est-à-dire de l'existence. C'est dans le présent que la mémoire trouve son élément, par l'introspection et la décomposition minutieuse, qui découvre l'absence et l'irréalité de son être, car le présent n'existe pas, n'étant que l'énonciation directe de la chose qui se passe, et passant, est déjà passée et donc du passé.
    Dans la langue que je parle (1), il n'y a pas de temps présent pour le verbe être ; pour dire "je suis", il faut employer un futur ou un passé et, pour commencer mon histoire dans votre langue, je voudrais pouvoir traduire un passé absolu, non un passé composé, qui, dans sa traîtrise, rend présent le passé en mêlant les deux temps. Et je préfère le passé simple qui est simplement révolu dans son unicité et sa belle totalité autant que dans ses sonorités fermées. C'est le vrai passé du temps passé. Le présent qui s'analyse, comme le présent qui s'énonce dans le passé, s'éconduit vers lui comme s'il découvrait sa condition, car le passé est bien la condition de toute chose. Dans la Bible que je lis, il n'y a pas de présent, et le futur et le passé presque identiques. En un sens, le passé s'exprime à travers le futur. On dit que, pour former un temps passé, on ajoute une lettre, vav, au temps futur. On l'appelle le "vav conversif". Mais cette lettre signifie aussi "et". Ainsi, pour lire un verbe conjugué, on a le choix entre, par exemple, "il fit" ou "et il fera". J'ai toujours pris la deuxième solution. Je crois que la Bible ne s'exprime qu'au futur, et qu'elle ne fait jamais qu'énoncer des événements qui n'eurent point lieu, mais qui se produiront dans les temps prochains. Car il n'y a pas de présent, et le passé est le futur.

(1) Il s'agit de l'hébreu : on laisse un vide pour exprimer le présent du verbe être : "ani David - אני דוד" veut dire "je (ani=je) [suis] David". On a le même phénomène en russe.

Eliette Abécassis, Qumran, p.18-19
Le Livre de Poche, Paris, 1996

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De la réincarnation

Publié le par antoiniste

    Une phrase de l'Enseignement peut troubler. Voici ce que l'on peut en penser. Ceci n'est qu'une interprétation personnelle destinée à aider à raisonner sur l'Enseignement. Elle n'est nullement une loi et chacun peut comprendre cette phrase de façon différente.
    Dans L'Arbre de la Science de la Vue du Bien, p.177 on lit : "Dans le commencement de notre ère, l'homme vivait beaucoup plus longtemps que de nos jours ; les cas de longévité étaient nombreux parce que les gens de cette époque, beaucoup moins intelligents que nous, avaient d'autant moins de besoins factices à satisfaire ; ils étaient infiniment plus heureux que nous ne le sommes aujourd'hui, car nos vicissitudes se sont multipliées en proportion de notre développement. Celui-ci ne s'effectue en effet que par le désir d'assouvir nos vices, voilant de plus en plus l'essence même de notre être en augmentant nos faiblesses, toujours plus exigeantes.
    "Nous ne réfléchissons pas que tous ces besoins nous sont grandement nuisibles et plus encore à l'âme qu'au corps, car ils ne sont que passion et vanité, pure imperfection."

    Ce passage est bien étonnant quand on sait que Louis Antoine vivait à une époque où on pensait déjà que l'espérance de vie était plus longue pour l'homme de maintenant qu'il y a plusieurs décennies.
    Ce passage peut nous faire réfléchir sur la réincarnation. Mais comprenons-nous bien la réincarnation. "Si Dieu cherche accès en nous, ce ne peut être pour flatter nos faiblesses mais plutôt pour les déraciner. Dieu est entré en moi à chaque épreuve que j'ai endurée mais je ne Le comprenais pas et je souffrais de la résistance de mon imperfection qui ne pouvait pas Le supporter." (p.175). On sait que notre but est la progression morale afin d'atteindre l'Unité de l'ensemble qui est Dieu. A chaque épreuve, on vient de le lire, c'est Dieu qui, pour notre progression, cherche accès en nous. C'est une sorte de réincarnation à rebours. Ce n'est pas nous qui allons à Dieu, c'est Dieu qui vient à nous.
    "Tous ces besoins nous sont grandement nuisibles et plus encore à l'âme qu'au corps" : on peut donc comprendre que l'âme ainsi subit à chaque épreuve une réincarnation. Mais non le corps. En effet, l'âme est matière. P.60 de l'Enseignement, on trouve la note de bas de page : "je dis souvent "l'âme" quand il s'agit de l'être, je devrais dire plutôt "le moi conscient," car l'âme n'est autre que l'intelligence qui ne nous sert que dans la matière".
    Ainsi, dans une vie de notre corps matériel (d'une durée d'une septantaine d'année), l'âme subit plusieurs incarnations et ne vit peut-être qu'une dizaine d'année, ou une vingtaine, une trentaine, peut-être moins, peut-être plus selon les individualités. Mais elle garde le même corps matériel.
    Interprété de cette façon, on peut comprendre la phrase : "dans le commencement de notre ère, l'homme vivait beaucoup plus longtemps que de nos jours ; les cas de longévité étaient nombreux...". L'âme subissait beaucoup moins de réincarnation que de nos jours. Si le corps matériel vivait 70 ans, l'âme vivait également 70 ans.
    On peut aussi comprendre cela dans le sens où la première âme à s'incarner dans un nouveau corps sera l'âme qui "vivra" dans le corps le plus longtemps possible. A cette hypothèse, on peut évoquer le fait que les scientifiques pensent que les premières années de l'enfance revivent les premiers millénaires de l'humanité : voir la très intéressante et suggestive étude de M. G. Stanley Hall sur les peurs, phobies et obsessions diverses, si communes dans l'enfance, qu'il explique aisément pour la plupart comme des reproductions momentanées d'états d'âmes raciaux pour ainsi dire, des réminiscences ataviques de conditions d'existence datant des premiers âges de l'humanité et même de l'animalité. (A study of fears, Americanof Psychology Journal , t. VIII (janv. 1897), p.147. (cette dernière phrase est tiré de Théodore Flournoy, Des Indes à la planète Mars (1900) où l'auteur explique comment Hélène Smith, intelligente par ailleurs, peut croire à l'existence d'une langue martienne en tout très porche au français).

    Cette conception de la réincarnation explique aussi pourquoi d'après la Révélation, une réincarnation n'est possible que dans un être humain (soit le même, par la réincarnation de l'âme dans le même corps, soit dans une autre âme quand le corps à terminer son travail), et non un animal.

    On peut aller jusqu'à penser que l'idée selon laquelle on voit défiler sa vie pendant le cours laps de temps que la mort s'empare de notre corps, c'est en fait les réincarnations et incarnations de l'âme que l'on voit.

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Comment nos sens nous trompent - les indices dans les langues

Publié le par antoiniste

    La matière n'existe pas, puisque tous les peuples ne sont pas d'accord pour nommer les choses. Voici quelques exemples frappant pris dans les langues :

- les chiffres :
    - le zéro n'existait pas pour les Romains, il est inventé par les Mésopotamiens au IIIe s. av. notre ère, défini par les Indiens au Ve s., emprunté par les Arabes au VIIIe s., et passent ensuite en Occident seulement au XIIe s.
    - le nivkh (langue de Sibérie) ont deux mots différents selon qu'on dénombre des hommes ou des animaux : 'men' ou 'mor' veut dire deux, mais l'un s'applique aux hommes et l'autre aux animaux
    - le système décimal n'est pas communs à tous : la base dix est très ancienne. Elle découle d'un choix naturel, dicté par le nombre des doigts des deux mains : 10+10=20 donc deux mains, etc. ; en français, on utilise même deux systèmes à la fois : décimal et vigésimal (sur 20) pour 80 (4x20) (influence des Celtes). Cela se disait huitante ou octante. En Suisse, il reste utilisé sporadiquement. Les Yoruba du Nigéria, entre autres, utilisent encore un système quinaire, à base 5. Le système des chiffres romains utilise une sous-base quinaire, (V, L, D) superposée sur une base décimale. Dans de nombreux langages européens, tels l'anglais, le français et l'allemand, l'usage de noms spéciaux pour 11 et 12 plutôt que leur nom représenté par le système décimal (douze, twelve, zwölf) peut faciliter le comptage en base 12. Il est beaucoup utilisé dans le commerce (douzaine, grosse, etc.). Certaines population (Moyen-Orient, principalement) connaissent ce système de longue date en comptant les phalangettes de la main en omettant celles du pouces (qui est utilisé pour compter les phalangettes des autres doigts). Ce qui donne bien le chiffre douze base de cette numération.
    - tous les peuples n'utilisent pas le même signe pour noter les chiffres : 1 s'écrit — en chinois et japonais (pour ne prendre que cette exemple).
    - Dans Assignment in Utopia de Eugene Lyons, un chapitre est intitulé « 2 + 2 = 5 » : slogan utilisé par le gouvernement de Staline pour annoncer que le plan quinquennal serait accompli sur une période de quatre ans, et qui fut pendant un moment utilisé largement à Moscou.


- les couleurs :
    - bien qu'étant l'une des trois couleurs primaires, le bleu a deux équivalents en russe : синий (proche du bleu marine) ou голубой (proche du bleu ciel)
    - en irlandais, vert se traduit par 'glas' ou 'uaine'. En breton, 'glas' veut dire bleu.
    - en Chine, le blanc symbolise la mort. La mort étant le passage obligé vers un nouveau monde, elle est considérée comme une renaissance, dont le blanc évoque la pureté.
    - il existe des noms de couleurs particulier pour la robe des chevaux : la robe « isabelle » consiste en des poils jaunâtres, des crins noirs, une peau noire et des yeux foncés. Le bas des membres, le bout du nez et le bout des oreilles sont noirs. Elle est souvent associée à la présence d'une raie de mulet et de zébrures.
    - certaines personnes sont atteintes de daltonisme, la plus fréquente étant la confusion du vert et du rouge. Les autres formes de daltonisme sont nettement plus rares, comme la confusion du bleu et du jaune, la plus rare de toutes étant la déficience totale de la perception des couleurs (achromatopsie), où le sujet ne perçoit que des nuances de gris. La xanthopsie est un trouble de la vision qui donne une teinte jaune uniforme à tous les objets.
    - la synesthésie, du grec syn (union) et aesthesis (sensation), est un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Par exemple, dans un type de synesthésie connu sous le nom de synesthésie "graphèmes-couleurs", les lettres de l'alphabet ou nombres peuvent être perçus colorés. Dans un autre type de synesthésie, appelée "synesthésie numérique" (number form synesthesia), les nombres sont automatiquement et systématiquement associés avec des positions dans l'espace. Dans un autre type de synesthésie, appelé synesthésie de personnification ordinale/linguistique, les nombres, jours de la semaine, mois de l'année évoquent des personnalités. Dans d'autres types de synesthésie, la musique et d'autres sons peuvent être perçus colorés, ou ayant une forme particulière.


- les lettres :
    - les Chinois et les Japonais ne connaissent pas le l ou le r, ils prononcent l'un pour l'autre et l'autre pour l'un indifféremment.
    - le malgache et le turc s'écrivaient d'abord en lettre arabe, puis en lettre latine. De même, le moldave est retourné à l'alphabet latin, alors qu'il utilisait l'alphabet cyrillique pendant la période soviétique. De même le mongole, qui s'écrit dans son alphabet traditionnel, qui s'écrit de gauche à droite en colonne verticale, s'est écrit en arabe, puis en caractère cyrillique. Le chinois peut s'écrire en caractères latins appelé le pinyin.
    - un dictionnaire chinois ne peut suivre l'ordre alphabétique : L'ordre de classement dans un dictionnaire de sinogrammes utilise : un classement primaire selon les « clefs » qui entrent dans la composition des sinogrammes et sont en nombre suffisamment limité — il existe une centaine de clefs courantes — pour se voir fixer un ordre de classement arbitraire ; un classement secondaire par nombre de traits composant le sinogramme.
    - la lettre W est entrée officielle dans le dictionnaire suédois qu'en 2006 : peu utilisé en suédois et souvent dans des mots empruntés à des langues étrangères, il partageait jusque-là la section dévolue au V, dont la prononciation est identique. Par contre les ch et ll espagnols ne possèdent plus, depuis 1994, leur propre entrée dans le classement alphabétique. Les accents ne jouent pas de rôle dans le classement des mots en français (pour e par exemple l'ordre alphabétique est : e é è ê ë ; pour la ligature œ (ou e dans l'o) est à considérer en français comme un o suivi d'un e (deux caractères) pour le classement alphabétique) ou en allemand, mais c'est différent en suédois (l'alphabet se termine par V, X, Y, Z, Å, Ä et Ö), danois, norvégien (l'alphabet se termine par Z, Æ, Ø et Å). En hongrois, les lettres Ö et Ü sont classées respectivement après O et U. Les voyelles longues Á, É, Í, Ó, Ú, Ő, Ű sont traitées avec leurs contreparties brèves A, E, I, O, U, Ö, Ü. Le gallois classe ainsi les mots suivants : lawr, lwcus, llong, llom, llongyfarch. Ll et ng étant considéré comme des lettres uniques, comme ch, dd, ff, ph et th. En néerlandais, la combinaison « IJ » était précédemment soit considérée comme « Y », soit classée après celle-ci, mais est à l'heure actuelle le plus souvent classées entre « II » et « IK », sauf pour les noms propres. etc. etc. etc.
    - l'odrre des ltteers dnas un mot n'a pas d'ipmrotncae, ce qui cmptoe, c'est que la pmeirère et la drenèire soeint à la bnnoe pclae.


- les mots et les choses :
    - il existe un jeu en Allemagne qui consiste à demander au gens d'inventer un mot qui n'existe pas dans la langue : il y a donc des choses qui n'ont pas de nom, par exemple en français, la "chose" qui permet de séparer ses commissions de celle du client suivant au supermarché. Mais il y a aussi des choses qui ont plusieurs noms : tuberculeux / phtisique, sardonique / sarcastique.
    - de nombreux proverbes semblent logiques en français et ne peuvent correspondre à rien pour un Japonais ou un russe par exemple.
    - quand il est une heure ici, il est deux heures ailleurs, et encore ça dépend de l'heure d'hiver qui n'est pas appliquée partout.

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La crémation dans l'antoinisme

Publié le par antoiniste

Jacques Cécius / Site web (4.5.09 17:53)
Le "Représentant du Père", la sœur Ghislaine Dumont, de Jemeppe, désincarnée il y a trois semaines environ, a été incinérée.
Au funérarium, lecture des Dix Principes. Au crématoire, lecture du chapitre "Réincarnation".


Michelle (20.8.09 11:43)
Il est extrait d'un Tome comportant des Exemples et paroles de PERE et de MERE :
"L'incinération arrache littéralement l'esprit de son corps. L'esprit reste attaché au corps tant qu'il n'est pas "reconnu", et le fait de brûler le corps, donne une grande souffrance à l'esprit."
"Le corps est matière, il doit retourner à la terre".
Ces paroles conduisent les Antoinistes de France à conseiller plutôt l'enterrement que l'incinération, mais nous respectons toutes les opinions comme l'Enseignement du PERE nous invite à le faire et lors d'une incinération, nous lisons le chapitre "REINCARNATION" avant la crémation, puis nous nous retirons.
Bonnes pensées.
 
 
source . http://antoinisme.20six.fr/antoinisme/tb/39197451/4976

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Simone Weil - notre pensée est faite pour dominer le temps

Publié le par antoiniste

    D'ailleurs il n'est rien de grand sur cette terre, dans aucun domaine, sans une part de monotonie et d'ennui. Il y a plus de monotonie dans une messe en chant grégorien ou dans un concerto de Bach que dans une opérette. Ce monde où nous sommes tombés existe réellement ; nous sommes réellement chair ; nous avons été jetés hors de l'éternité ; et nous devons réellement traverser le temps, avec peine, minute après minute. Cette peine est notre partage, et la monotonie du travail en est seulement une forme. Mais il n'est pas moins vrai que notre pensée est faite pour dominer le temps, et que cette vocation doit être préservée intacte en tout être humain. La succession absolument uniforme en même temps que variée et continuellement surprenante des jours, des mois, des saisons et des années convient exactement à notre peine et à notre grandeur. Tout ce qui parmi les choses humaines est à quelque degré beau et bon reproduit à quelque degré ce mélange d'uniformité et de variété ; tout ce qui en diffère est mauvais et dégradant.

Simone Weil, La condition ouvrière, p.213
source : classiques.uqac.ca

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Marcel Moreau - Se purifier sans cesse des encrassements temporels

Publié le par antoiniste

    Que faire d'un homme qui hait les papillonnements de l'intellect autour du mystère humain ? Et qui clame fort qu'il faudrait savoir aborder aujourd'hui notre destin avec un grand luxe de préscience sauvage, portée par les voix rauques de la vie antérieure ? Voilà pourquoi je suis un fanatique d'un genre si particulier, solitaire, sans Eglise, sans autre foi que cette foi noire pour les mots qui, de phrase en phrase, m'éloignent de l'esprit du temps. Etre fanatique, dans ce sens-là, c'est se purifier sans cesse des encrassements temporels : l'information pléthorique, enflure politique et publicitaire, le martèlement des exhortations au confort et à la consommation. C'est faire en soi une place inexpugnable au feu essentiel dévorant au-dedans, incendiaire au-dehors, un embrasement contre l'esprit du temps. Mais ce n'est pas assez : l'esprit du temps doit être torturé au moyen d'instruments doués de conscience, de lucidité, aux mains de bourreaux doués de supra-conscience, de supra-lucidité. L'esprit du temps devrait être livré livide à des races qui ne connaissent point la pitié, remontées on ne sait comment, par quel miracle de renversement des valeurs, du fond des abîmes de l'humanité et se conduisant comme des hordes.

Marcel Moreau, Monstre, p.226
Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986

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L'origine sociale des premiers antoinistes

Publié le par antoiniste

    Ces adeptes, dans quelles classes de la société se recrutent-ils ? [...]
    Lorsqu'Antoine se fut séparé des spirites, sa clientèle ne se modifia guère. Un journaliste a bien indiqué les traits caractéristiques des fidèles de l'église antoiniste "... des petits bourgeois, des artisans, de vieilles dames vêtues de noir et pauvrement endimanchées, des petits garçons et des petites filles que la douleur et la foi avaient déjà rendus pensifs... C'étaient encore des gens pareils à ceux que l'ont remarque dans ces pays industriels où la misère et le travail ont pâli et jauni les visages... Des groupes s'ajoutaient aux autres groupes ; je considérais ces faces ravagées par les rides, faces qui se décoraient pourtant d'une gravité et d'une tristesse et qui s'appariaient étrangement à ce paysage de terrils cendreux, de hauts fourneaux gigantesques" (Le Soir, 26 juin 1925).
    Déjà avant la guerre, l'Unitif s'était expliqué sur cette localisation sociale des conversions à l'antoinisme. "Nous avons entendu dire, écrivait une adepte, oh ! sans reproche, chacun croyant détenir la vérité, que la religion antoiniste s'adressait à la classe ouvrière, aux ignorants. Retournons un peu en arrière et voyons comment les choses se pratiquaient au temps de Jésus ; reprochait-Il l'intellectuel ? Il disait : "Laissez venir à moi les petits enfants car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent" et encore : "Bienheureux les pauvres d'esprit parce que le royaume des cieux est à eux." Prônait-Il la richesse Lui qui disait : "Il est plus aisé qu'un chameau passe par e trou d'une aiguille qu'il ne l'est qu'un riche entre dans le royaume de Dieu !" Ces paroles au sens caché, incomprises jusqu'à ce jour et qui renferment tout un enseignement sont aujourd'hui dépouillées de leur voile par le Père qui est venu accomplir et terminer l'oeuvre des prophètes, ses devanciers. Que la grande partie des membres faisant partie du Culte Antoiniste se recrutent chez les humbles, cela est vrai et cela doit être, parce que la souffrance cherche le remède, mais combien ils sont grands ces humbles ! à la tâche toujours : après le dur labeur de la journée ils se reposent dans le travail moral, dans la charité d'eux-mêmes, n'ayant rien à donner de matière ils sont à la disposition de ceux qui souffrent ; ils luttent à tout instant pour détruire leurs défauts, l'imperfection et acquérir les vertus, l'amour vrai ! Est-ce cela de l'ignorance ? Combien de nous plus ou moins cultivés, ayant beaucoup lu et vu, nous sommes-nous jugés ignorants de la vérité en face de ces humbles possédant la vraie intelligence dans la conscience sensibilisée."
   Dans les rangs de l'Antoinisme, on trouve des personnes instruites, p. ex. un professeur d'Athénée (décédé), une institutrice (sténographe du culte), un officier de l'armée belge, qui depuis a rompu avec l'antoinisme (Bourguet, p.36), un ancien officier de l'armée française. On pourrait en citer d'autres ; mais des conversions de ce genre restent néanmoins des exceptions. L'Enseignement (p.253) déclare que "de grands personnages tels que barons, ingénieurs, directeurs, avocats, médecins, prêtres, etc., sont heureux d'avoir recours" à Antoine. Il est très possible qu'Antoine ait reçu des gens de cette qualité, mais je doute qu'il en ait converti beaucoup à sa doctrine.
Pierre Debouxhtay, p.291 et note 100.

    Au sujet des villes d'eaux, M. E. Leroux remarque que "dans la foule qui afflue en ces villes, il y a toujours un nombre considérable de cerveaux anémiés offrant une proie facile aux prêcheurs de nouveautés, si abracadabrantes que soient celles-ci (Rev. Ecclésiastique de Liége, t.16, 1924-25, p.222).
Pierre Debouxhtay, p.288, note 86

    Grâce à ceux qui ont désormais consacré leur vie à cette oeuvre humanitaire, nous voici installés, depuis dix mois, rue Saint-Georges, 30. De jour en jour, le nombre des adeptes augmente et actuellement notre groupe est très important ; la plupart appartiennent à la meilleure bourgeoisie et parmi eux nous remarquons beaucoup d'intellectuels, professeurs, philosophes, tous, toujours assidûment fidèles, venant prendre place bien avant l'heure et attendant dans le plus grand silence.
extraits des Unitifs, Groupe de Bruxelles

   Au-delà des justifications doctrinales, les différences belgo-françaises recouvrent, selon Benoît Narinx, des réalités sociographiques différentes. En Belgique, on comptait parmi les disciples du Père des personnes d'un niveau intellectuel plus élevé en quête de règles éthiques et d'une voie spirituelle. Ces gens-ci ont pu considérer la vénération du fondateur et de son épouse comme une idolâtrie alors qu'en France, les desservants qui dirigèrent le mouvement dès qu'il prit racine dans l'Hexagone étaient plus proches des demandes d'un public populaire chez qui l'expérience religieuse passait par des manifestations tangibles.
    L'historique de l'antoinisme témoigne de son origine populaire. Une sociographie rapide fondée sur les témoignages de Vivier et de Debouxhtay montre que Louis Antoine attirait à lui des gens de condition modeste, des mineurs et des artisans bien que son cercle de disciples se soit enrichi de quelques personnes un peu plus élevées socialement. Ce public n'est pas différent de celui du spiritisme qui fut son terreau. Or, le premier fut essentiellement populaire.
Régis Dericquebourg, p.30 & 119

    Ajoutons que les trois écrivains décrivant les milieux antoinistes (Robert Vivier, André Thérive, Roland A E Collignon) baignent leurs récits dans le milieu populaire des régions liégeoise ou parisienne.

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Jules Renard - Le Cheval

Publié le par antoiniste

    Il n'est pas beau, mon cheval. Il a trop de noeuds et de salières, les côtes plates, une queue de rat et des incisives d'Anglaise. Mais il m'attendrit. Je n'en revient pas qu'il reste à mon service et se laisse, sans révolte, tourner et retourner.
    Chaque fois que je l'attelle, je m'attends qu'il me dise : non, d'un signe brusque, et détale.
    Point. Il baisse et lève sa grosse tête comme pour remettre un chapeau d'aplomb recule avec docilité entre les brancards.
    Aussi je ne lui ménage ni l'avoine ni le maïs. Je le brosse jusqu'à ce que le poil brille comme une cerise. Je peigne sa crinière, je tresse sa queue maigre. Je le flatte de la main et de la voix. J'éponge ses yeux, je cire ses pieds.
    Est-ce que ça le touche ?
    On ne sait pas.
    Il pète.
    C'est surtout quand il me promène en voiture que je l'admire. Je le fouette et il accélère son allure. Je l'arrête et il m'arrête. Je tire la guide à gauche et il oblique à gauche, au lieu d'aller à droite et de me jeter dans le fossé avec des coups de sabot quelque part.
    Il me fait peur, il me fait honte et il me fait pitié.
    Est-ce qu'il ne va pas bientôt se réveiller de son demi-sommeil, et, prenant d'autorité ma place, me réduire à la sienne ?
    A quoi pense-t-il ?
    Il pète, pète, pète.

Jules Renard, Histoires naturelles, p.34-35
Le Livre de Poche, Collection Libretti, Paris, 1995

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Une minute de plus pour l'humanité (actualité yahoo.de 15 janv 2010)

Publié le par antoiniste

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