Celui qui s'émerveille des performances technologiques est déjà un homme perdu pour les vraies connaissances, vertigineuses, celles auxquelles nous invite le mystère humain, charnel, spirituel, ces abîmes dont l'exploration fut à peine commencée et resta en l'état, par excès de raison, d'humanisme, par haine de la folie.
Marcel Moreau, Monstre (1986), p.15 - Les Abîmes Luneau Ascot Editeurs, Paris
L'univers ainsi mis au jour eût pu être une fête pour l'esprit, une promesse dionysiaque si la lucidité ne s'était évertuée à le corrompre pour toujours.
Marcel Moreau, Monstre (1986), p.12 - Une fête pour l'esprit Luneau Ascot Editeurs, Paris
« Tartufe ? » Non. Ce doit être là tout l'homme, double, complexe. inexplicable mélange de bien et de mal, de roueries et de sincérité. Détruisant ce qu'il voulait servir, rêvant de bien et faisant le mal, infiniment retors, compliqué et misérable, parce que conscient de sa duplicité. Et souvent incapable d'être autre chose ! Empoisonné par lui-même !
Maxence Van der Meersch, Masque de chair Albin Michel, Paris, 1958 (p.155)
Car la réalité de la vie, ce n'est pas la sensation, c'est l'activité – j'entends l'activité et dans la pensée et dans l'action. Ceux qui vivent de sensations ne sont, matériellement et moralement, que des parasites par rapport aux hommes travailleurs et créateurs, qui seuls sont des hommes.
Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.21 source : classiques.uqac.ca
Comment peut-on être double à ce point ? J'ai peine dix-huit ans. Et je peux dire que je suis allé jusqu'au bout de la science du mal. J'en suis venu à accepter sans révolte, sans dégoût, presque avec plaisir, le cortège des misères sordides dont s'accompagne un vice comme le mien. J'en suis venu presque à les aimer. Un gibier avancé donne la nausée un enfant. Mais il vient un temps où l'on parvient à tolérer et finalement à rechercher la puanteur de la charogne...
Maxence Van der Meersch, Masque de chair Albin Michel, Paris, 1958 (p.44)
Ce besoin de perfection était tel d'ailleurs qu'il l'a empêchée d'entrer dans l'Église qui, étant l'oeuvre des hommes, porte les stigmates de l'imperfection.
Albertine Thévenon, p.12 in Simone Weil, La condition ouvrière (1951) source : classiques.uqac.ca