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Serge Gainsbourg - Ce grand méchant vous (musique de Francis Claude)

Publié le par antoiniste

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

J'ai peur, j'ai peur du grand méchant vous
Ah ! la vilaine bête que ce vous !
Mais je ne sais comment j'arriverai à chasser
Pour toujours ce grand méchant vous de mes pensées

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

Je me suis mis dans la gueule du vous !
Ah ! quel enragé que ce vous !
Combien de nuits ce grand méchant vous m'a sauté
À la gorge, comme j'allais le caresser

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

Je ne sais hurler avec le vous
Ah ! quel animal que ce vous !
Mais comment savoir dans cette rivalité
Qui de l'homme ou du vous l'emporte en cruauté ?

Promenons-nous dans le moi
Pendant qu'le vous n'y est pas
Car si le vous y était
Sûr'ment il nous mangerait

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Simone Weil - de véritable utilité et de plaisirs purs

Publié le par antoiniste

    On parle sans cesse, actuellement, de la production. Pour consommer, il faut d'abord produire, et pour produire il faut travailler. Voilà ce que, depuis juin 1936, on entend répéter partout, du Temps jusqu'aux organes de la C. G. T., et ce qu'on n'entend, bien entendu, contester nulle part, sinon par ceux que font rêver les formes modernes du mythe du mouvement perpétuel. C'est là, en effet, un obstacle au développement général du bien-être et des loisirs et qui tient à la nature des choses. Mais par lui-même il n'est pas aussi grand qu'on l'imagine d'ordinaire. Car seul est nécessaire à produire ce qu'il est nécessaire de consommer ; ajoutons-y encore l'utile et l'agréable, à condition qu'il s'agisse de véritable utilité et de plaisirs purs.

Simone Weil, La condition ouvrière, p.198
source : classiques.uqac.ca

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Simone Weil - comme Dieu dans la Genèse

Publié le par antoiniste

    Il est naturel à l'homme et il lui convient de s'arrêter quand il a fait quelque chose, fût-ce l'espace d'un éclair, pour en prendre conscience, comme Dieu dans la Genèse ; cet éclair de pensée, d'immobilité et d'équilibre, c'est ce qu'il faut apprendre à supprimer entièrement dans l'usine, quand on y travaille. Les manoeuvres sur machines n'atteignent la cadence exigée que si les gestes d'une seconde se succèdent d'une manière ininterrompue et presque comme le tic-tac d'une horloge, sans rien qui marque jamais que quelque chose est fini et qu'autre chose commence. Ce tic-tac dont on ne peut supporter d'écouter longtemps la morne monotonie, eux doivent presque le reproduire avec leur corps.

Simone Weil, La condition ouvrière, p.207
source : classiques.uqac.ca

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Maxence van der Meersch, Corps et âmes - Il n'y a pas de maladie, il n'y a que des malades

Publié le par antoiniste

    " Il faut tout voir, disait-il. Une maladie des rein, ça réagit sur le coeur, le foie, et le cerveau. La belle affaire, d'avoir un rein en main ! Il n'y a pas de maladie locale ! Et même, il n'y a pas de maladie, il n'y a que des malades. Vos manuels vous donnent des listes de symptômes pour chaque maladie : c'est de la blague. On ne trouve jamais tous les symptômes, et on trouve toujours d'autres symptômes étrangers à côté. Vous verrez ça avec l'expérience, Doutreval. Et c'est pourquoi il y a bien des médecins médiocres : ils se sont fiés aux manuels. Je prétends que tout étudiant en médecine devrait au moins avoir été externe dans un hôpital. L'externe a vu des malades, les a surveillés lui-même longtemps, soigneusement, à son aise, sans avoir derrière le dos un professeur ni des camarades. Il a pu s'intéresser. Il a "pratiqué". Avec les systèmes actuels trop d'étudiants deviennent médecins sans avoir guère vu de patients ! Rares, oui, assez rares somme toute sont ceux qui ont la possibilité de faire de longs séjours dans les hôpitaux, d'étudier les hommes, les cas... "

Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.257
Le Livre de Poche, Paris, 1943

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Maxence van der Meersch, Corps et âmes - Alimentation malsaine, toxique, irritante

Publié le par antoiniste

    Il faut l'épuisement, l'affaiblissement du sujet, pour que le microbe puisse se greffer sur lui.
    Cet affaiblissement des défenses naturelles, de nos jours, est le plus souvent causé par une alimentation malsaine, toxique, irritante (viande, charcuterie, sucre, alcool), qui surexcite un moment, fait croire à un surcroît de force, mais gaspille les énergies du sujet, l'acidifie, le désarme devant le bacille de la tuberculose, comme devant tout autre microbe (typhoïde, diphtérie, septicémies).

Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.276
Le Livre de Poche, Paris, 1943

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Louis Antoine et la matière

Publié le par antoiniste

    Concernant la médicament, le Père s'en prive si il sent que le malade a assez de foi pour se soigner seul. Mais il lui arrive d'envoyer le malade au médecin si il ressent le contraire.
    Il n'y a avait que lui qui pouvait le faire. Et si vous vous sentez la possibilité de le faire, faites-le... mais à vos risques et périls : le Père aussi a affronter les tribunaux.
    En effet, le Père pouvait lui-même instiguer à recourir à la matière. Lire ou relire le paragraphe concernant la question de P. (p.90 de la Révélation) :

    P. — Nous ne devons jamais voir le mal, avez-vous dit. A ce propos permettez-moi d'aborder une question matérielle. Comment dois-je comprendre l'enseignement, si je suis propriétaire et que mes locataires ne me paient pas ? Si je le tolère, ne leur rendrai-je pas un mauvais service et ne pourront-ils en abuser ?
    Le Père. — Tout effet a une cause, nous le savons. Les personnes qui laissent des arriérés ne sont pas d'accord avec la justice. Mais si le propriétaire endure cette épreuve, c'est qu'il a une imperfection et qu'il lui faut ce genre d'épreuve pour la surmonter ; s'il s'imagine être dans la vérité, peut-il permettre à ses locataires de ne pas payer ? Non, mais il doit chercher la cause de leur retard. C'est peut-être la maladie du chef de famille ou un accident qui les empêche de s'acquitter de leur devoir. Dans ce cas, nous pouvons tolérer et exercer la charité, avoir pitié d'eux, loin de les persécuter et de les forcer ; rappelons-nous que rien ne se perd, qu'on obtient plus par la patience et la résignation que par la vengeance et nous aurons un double paiement, à la fois matériel et moral. Si, au contraire l'arriéré provient de la négligence, de la paresse ou d'autres défauts, comme d'excès dans le boire ou le manger, nous devons nous montrer justes, fermes, plus encore pour être utiles à ces malheureux que pour avoir ce qui nous est dû. Pas n'est besoin de se mettre en colère ou de recourir à des arguments peu honnêtes, car nous perdrions notre droit si nous voulions nous venger. Il est vrai que ce serait aussi se baser sur l'effet.
    Agissons avec amour le plus possible, pour leur remettre en mémoire qu'ils ont vis-à-vis de nous un devoir à remplir, pour que la pensée puisse le leur rappeler ; laissons leur la faculté de fixer la date où ils pourront s'acquitter envers nous. Mais s'ils ne respectent pas la loi qu'ils auront volontairement établie, nous pouvons les traduire en justice ; il est même de notre devoir de le faire pour ne pas leur rendre de mauvais services. En agissant ainsi, nous serons d'accord avec la loi divine autant qu'avec la loi humaine.


    Ainsi le Père conseillait de recourir à la justice en certains cas, lui-même n'étant pas juriste, avocat, ou juge. Ainsi on peut être sûr qu'un desservant nous conseille d'aller voir le médecin s'il ne se considère pas guérisseur dans la cas soumis à lui.

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Langue des anges

Publié le par antoiniste

La langue des anges est évoquée par Saint Paul dans le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens :

    « Quand je parlerai les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. »

Les anges, étant de purs esprits, n'ont pas besoin de langage pour communiquer les uns avec les autres. Les êtres humains communiquent avec des mots, qui sont des représentations symboliques de la pensée. Les êtres purement spirituels peuvent transmettre leurs pensées dans un état pur, sans besoin de médiation ou de signes (Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, I. Frédérique Von Lama: Les Anges).

Dans la tradition islamique, et selon Ahmed Moubarek, dit 'Abd al-'Aziz al-Dabbagh, grand soufi illettré qui vécut à Fès à la fin du XVIe et au début du XVIIe, dans le Kitab-Al-Ibriz (traduction : Le Livre d'or pur), il existe une langue des anges et nommée langue « siryanîte », proche de la langue des oiseaux. Selon le poète soufi marocain, elle existe dans chaque langue et consiste en un autre sens que celui communiqué, le sens réel étant donné dans sa prononciation et non dans son écriture. C’est également la langue des grands saints. D'après une légende islamique, il y a des inscriptions en siryanî sur le tronc du ‘Arsh et sur la porte du Paradis, qui ont également le pouvoir de parler aux défunts dans la langue divine.Pour Ahmed Moubarek, le siryanî se trouve également dans les « lettres isolées » qui ouvrent les sourates du Coran et dont aucun théologien musulman n'a donné d'explication à ce jour, comme par exemple « Alif - Lâm - Mîm » qui ouvrent la sourate 2 « la Vache » (Al Baquara). Dans le Coran en effet le terme aç-çāffātest évoqué, désignant littéralement les oiseaux, mais comme s’appliquant symboliquement aux anges (al-malā’ikah) par proximité phonétique.

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ange_%28religion%29#Langue_des_anges

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La source de Père et Mère dans le bois d'Esneux

Publié le par antoiniste

    La forêt avait retrouvé son aspect figé. Seules les hautes fougères et quelques cimes oscillaient doucement sous le vent.
    Il emprunta une sorte de raidillon strié de filets d’eau. Tout au fond, un étroit passage traversait des fourrés mais il fallait se courber et progresser dans la trouée à l’aveuglette jusqu’à un amphithéâtre naturel où s’écoulait une source parsemée de pierres recouvertes de mousse. Antoine remplit son bidon et pria :
   - Je sais que mes souffrances ne sont que le résultat de mes actes, Père Eternel, mais qu’ai-je fait de mal pour que mon unique enfant soit ainsi plongé dans la douleur… ? Puissé-je prendre sa souffrance dans la mienne – il referma ensuite le bouchon et porta le bidon contre son front – accordez-lui la guérison, ô Dieu tout puissant, pitié !
[...]
    La voiture s’arrêta un bref moment à l’orée du bois de la Vecquée puis obliqua vers un petit coupe-feu. Il se découpait dans l’ombre des frondaisons comme une porte lumineuse ouverte sur la forêt. L’Oldsmobile avançait en cahotant sur le chemin de terre pour disparaître bientôt comme absorbée dans cette embrasure lumineuse.
    Il faisait un temps superbe. Un vent tiède agitait doucement les cimes.
    Un frère quitta le véhicule en premier afin d’ouvrir la portière à Antoine.
    Il aspira goulûment cet air qui lui manquait tant puis demanda à entrer dans la clairière.
Les deux frères l’aidèrent à s’asseoir sur une souche non loin d’un filet d’eau.
    Catherine demeura silencieuse à ses côtés. Le soleil venait de disparaître derrière les nuages. Le vent se leva dans un frémissement d’herbe et de feuillages. Les deux frères s’étaient éloignés par respect pour leur intimité. Après de longues minutes, Antoine leva les yeux vers le ciel observant les nuages qui se formaient en visages furtifs puis s’étiraient en s’effilochant.
    - Rien ne dure, pensa-t-il en observant de jeunes pousses et des digitales. Il les effleura de la main, et pourtant la vie est éternelle.
    A ce moment, un frisson lui parcourut le corps.
    - Rentrons, dit tristement Catherine …
    Le chauffeur ôta son caban et le déposa sur les épaules du Père en tapotant doucement ses épaules, comme pour y faire entrer un peu de chaleur.
Quelques instants plus tard, l’automobile quittait le bois et reprenait la route. Antoine demanda à s’arrêter plusieurs fois pour admirer les bois et les champs de seigle qui s’étendaient à perte de vue.
    - Mes enfants, dit-il sur un ton plaintif en posant sa main sur l’épaule de Catherine, j’ai froid…
Roland A E Collignon, La Vie tourmentée de Louis Antoine


    Ce jour-là, pour le service des ateliers, on l'envoya à La Neuville, qui est un bourg sur le plateau du Condroz. Pour y aller, il faut traverser de grands bois. Tout le temps qu'il fut dans les bois, Antoine pensa à une seule chose : comme c'était malheureux pour Catherine et lui d'avoir leur fils malade à la maison, et comme c'était malheureux surtout pour le garçon, à cet âge où l'on pense qu'à vivre, à avoir des camarades, à aimer : en septembre, il aurait ses vingt ans... Antoine avait l'impression que tout cela pouvait durer des mois encore. Il portait sur son coeur la fatigue que finit par nous donner un long souci. Mais, à vrai dire, il n'avait pas ce qu'on peut appeler de la crainte. Il se disait : "Nous, les Antoine, nous sommes une famille où l'on s'est toujours bien porté." Et ce lui était une grande assurance que de se répéter que Martin et Tatène avaient largement passé les nonante ans.
    Occupé à ces pensées, il s'était à peine aperçu que le temps était doux, quoique gris, et qu'avril verdissait la lisière des bois.
    A La Neuville, il fit la ommission dont il était chargé, puis, comme il avait soif, il alla boire une limonade dans un estaminet. Il y avait des gens, debout au comptoir, qui parlaient entre eux de la maladie du bétail. Ils avaient l'air soucieux et résigné. L'intérieur de ce café était obscur, à cause du jour gris.
    Au retour, Antoine eut l'impression, tandis qu'il marchait dans les bois, que quelque chose de meilleur était survenu. Il ralentit le pas, il observa comme tout était gonflé de sève. Les taillis de jeunes chênes avaient encore leurs feuilles rousses de l'autre année, mais la mousse et l'herbe commençaient à montrer leur fraîche couleur. Doucement, sans éclat, la nature reprenait le cours de sa vie. Avec une confiance incroyable et tranquille, des arbustes, çà et là, laissaient pointer de petits bourgeons verts. Ainsi, pensa Antoine, nos âmes revivront avec la même confiance tranquille et sans surprise dans le printemps de l'au-delà. Il éprouva subitement une grande hâte de connaître ce printemps de l'autre vie, d'y déposer doucement tout la fatigue de son coeur. Il souhaita aussi que son fils fût ici, dans ces beaux bois de La Neuville, - et soudain il eut peur d'être mal compris, et que l'on crût qu'il souhaitait pour son Louis les bois de l'au-delà, le printemps de l'autre vie. Avec désespoir, il cherchait à formuler une prière efficace et explicite, qui ne laissât aucune place à la confusion. Mais il ne trouva pas la prière. Sans doute s'était-il trop laissé distraire par les choses qui frappaient ses yeux, et la faveur de l'invisible s'était détournée de son coeur.
    Il sortit des bois, traversa les prairies des Biens-Communaux. Par un chemin en pente raide, il descendit vers Seraing.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.186

    - Ils vous tirent le mal du corps avec leurs mains, et ils n'ont même pas besoin de vous toucher. On ne voudrait jamais le croire, si les gens ne le disaient pas.
    - Antoine, je l'ai vu dans le bois de Seraing, l'autre jour. Il regardait tout droit devant lui, avec des yeux... Il est passé tout près, à me toucher, et je jure qu'il ne m'a pas plus remarqué que si j'avais été un arbre. Alors, tout d'un coup, voilà qu'il a commencé à faire ses gestes autour de la tête dans tous les sens, comme s'il avait eu une grosse mouche après lui. Il paraît que c'est comme cela qu'il chasse les mauvais esprits qui donnent les maladies.
    - Bien sûr, il regardait quelque chose que vous ne pouvez pas voir.
    - Cet homme-là ? Je vais vous dire, moi : il voit à travers les murs.
    - Il a toujours été comme ça ?
    - Pas du tout, il était comme tout le monde, mais c'est depuis que leur fils est mort. On prétend qu'ils ne veulent plus s'occuper que des esprits, maintenant qu'ils n'ont plus leur enfant.
    - Mais non, vous vous tromper, c'est en Russie qu'ils ont changé. De ces côtés-là on rencontre toutes sortes de gens, et il a appris leurs manières. Avant, il aimait de rire tout aussi bien qu'un autre.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.205

    On le vit plus d'une fois errer dans les bois à la recherche du silence et des fluides.
    Un jour, le docteur Delville l'y rencontra. C'était l'automne. Antoine marchait dans le chemin couvert de feuilles jaunes, et par moments il faisait de grands gestes de côté et d'autre pour attirer à lui les forces invisibles. Le docteur Delville connaissait bien Antoine : il l'avait soigné, il avait soigné les siens.
    - Que faites-vous par ici ? lui demanda-t-il.
    - Je cherche les esprits, répondit Antoine.
    Il ajouta :
    - Moi, je travaille avec les esprits.
    - On dit que vous me faites concurrence, observa le médecin.
    Antoine hocha la tête :
    - C'est parfois l'âme qui est malade, murmura-t-il d'un ton distrait et absorbé.
    Le docteur le regarda s'éloigner d'un pas saccadé, rapide. Avant le tournant, il avait repris ses grands gestes. Des feuilles attardées, quittant les branches d'un arbre, voletèrent autour de lui. Le docteur haussa les épaules et poursuivit son chemin.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.245

    C'est pourquoi aussi, une fois ou deux, dans une auto de louage, le Père fit avec Mère une promenade sur les hauteurs, par la route qui traverse les bois, vers La Neuville et Nandrin.
    Le 8 de juin, ils partirent encore une fois de ce côté-là, accompagnés de deux adeptes, Nihoul et Deregnaucourt. Bientôt ils furent sur la hauteur. L'auto roulait lentement à travers les bois. Le ciel était gris.
    C'étaient ces bois où il était passé souvent, où il était venu méditer pendant les années du spiritisme. Alors son oeuvre ne lui apparaissait pas nettement, - il ne savait pas encore quelle sérénité l'attendait au-delà de la région des épreuves.
    Tandis que le moteur trépidait à petit bruit, Antoine laissait errer ses yeux sur l'horizon de la forêt. [...]
    L'air était un peu lourd, comme il arrive au mois de juin, et le vieillard avait de la peine à respirer. Il demanda qu'on s'arrêtât. Les deux adeptes l'aidèrent à descendre. Il but de l'eau d'une fontaine qui était là. Puis il s'assit sur un tronc d'arbre.
    Comme on était tranquille, ici. Les chants des oiseaux, actifs, paisibles, intarissables, détaillaient sans le blesser le silence du jour. Au sortir de son tuyau rouillé, le filet d'eau de la fontaine glougloutait doucement, et s'apaisait dans un petit bassin sombre. Alentour, l'herbe était lustrée. Les arbres immobiles semblaient couverts depuis l'éternité par l'épaisseur de leurs feuilles. A leur pied se balançaient imperceptiblement, sur leurs hampes droites, des digitales, mystérieuses.
Robert Vivier, Délivrez-nous du mal, p.342

    L'Antoinisme est encore à son aurore et déjà l'intelligence est en mouvement pour déformer la réalité. Dernièrement, on me fit part d'un pèlerinage antoiniste au lieu dit : Quatre-Bras, endroit où le Père affaibli s'est rendu en voiture un peu avant sa désincarnation afin de respirer un peu d'air pur; là, deux adeptes soutenaient le vénérable vieillard pour L'aider à marcher, Mère suivait en silence, résignée dans cette grande épreuve et combien recueillie ! Ah ! ne faisons pas de ce lieu de souffrance un lieu de réunion, si nous voulons faire revivre des instants d'épreuves, partons seuls ou en communion, silencieux et respectueux ! Certains ont découvert que le Père s'est rendu dans ces bois quatorze fois, qu'Il y a fait quatorze stations ! Je suis allé aux informations et quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par les personnes qui ont accompagné le Père dans ses pénibles promenades, que le Père avait été à cet endroit une ou deux fois. Voilà comment débutent les pèlerinages, ils sortent en entier de l'imagination du peuple, voilà comment naissent les légendes, nous avons pour devoir de les extirper à leur naissance afin d'éviter pour l'avenir le mensonge et l'erreur.
L'Unitif, nov. 1913, p.10-11,
in Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.225

    Sortant de sa chambre un jour de mai 1912, il s'en va, en compagnie de la Mère et de deux ou trois adeptes proches, se promener en voiture dans les bois situés près de Neuville-en-Condroz. Là, avant de rentrer, il boit une gorgé d’eau fraîche à une source qui existe encore et où certains adeptes vont chercher de l'eau qu'ils considèrent comme étant un remède, et qui sert même parfois, à certains "d'eau bénite" pour exorciser (!) alors que le Culte lui-même ne lui reconnaît ni une valeur thérapeutique, ni aucun pouvoir que se soit. Cependant, aujourd'hui encore, des personnes superstitieuses se servent du buis bénit attaché au crucifix, pour asperger les mûrs de leur maison de cette eau de Neuville, disant en patois "Diâles è macrales, fout'chal!" ("Diables et sorcières, dehors!")
Jacques Cécius, Une religion de guérison, l'Antoinisme, p.34

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Frédéric Beigbeder - le rêve

Publié le par antoiniste

    Très souvent nous voudrions que notre vie ne soit qu'un rêve. Nous aimerions nous réveiller, comme dans les mauvais films, et résoudre tous nos problèmes par ce subterfuge. Dès qu'un personnage se noie au cinéma, youpi, il reprend conscience. Combien de fois avons-nous vu ça sur l'écran : le héros attaqué par un monstre gluant et carnivore, acculé au fond d'une impasse, qui, au moment où la terrifiante bestiole va la dévorer, paf, se redresse en sueur dans son plumard ? Pourquoi ça ne nous arrive jamais dans la vie ? Hein ?
    Comment on peut se réveiller quand on ne dort pas ?

Frédéric Beigbeder, 99 francs, p.180
Folio, Paris, 2000

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François-Vincent Raspail

Publié le par antoiniste

Illustration : Le n° 5 de la rue de Sévigné, à Paris. L'inscription indique : "Dans cette maison François-Vincent Raspail, promoteur du suffrage universel [...] donna gratuitement ses soins aux malades de 1840 à 1848 ". (© Photo : Serge. Jodra, 2009).

Raspail (François-Vincent). - Chimiste et homme politique français, né à Carpentras le 24 janvier 1794, mort à Arcueil le 7 janvier 1878; fut élevé pour la carrière ecclésiastique, où il refusa d'entrer; vint à Paris, où il mena une vie précaire comme simple répétiteur et préparateur au baccalauréat, et se livra avec passion à l'étude des sciences physiques; publia dans les Annales des sciences naturelles et autres recueils du même genre, de nombreux mémoires sur la botanique, la zoologie, la paléontologie, la médecine légale : il y fit preuve d'une grande puissance d'expérimentation, mais il fit des ennemis par ses diatribes contre les corps savants.

De bonne heure partisan déclaré de la République, il combattit et fut blessé dans les journées de juillet 1830; écrivit dans les feuilles républicaines du temps, et s'attira plusieurs procès de presse et plusieurs condamnations ; composa, pendant ses séjours réitérés dans les prisons, divers ouvrages de science (Essai de chimie microscopique, 1831; Cours élémentaire d'agriculture et d'économie rurale, 1831; Nouveau système de chimie organique, 1833; Nouveau système de physiologie végétale et botanique, 1837); se fit une notoriété bruyante à l'occasion du procès de Mme La Farge, où il critiqua vivement l'expertise du docteur Orfila.

Raspail a rendu son nom populaire, surtout dans les classes pauvres, par son Manuel de la santé (1842 et suiv.), sorte d'encyclopédie usuelle de thérapeutique, où il préconise le camphre comme une sorte de panacée universelle, et par le Fermier vétérinaire, manuel destiné au traitement des animaux domestiques, d'après la même médication. Il a exposé plus amplement son système, à l'adresse des savants dans une Histoire naturelle de la santé et de la maladie, 1843, 8 vol. in-8; et dans la Revue élémentaire de médecine et de pharmacie domestique, 2 vol. in-8, 1855, etc. 

Éloigné de la politique depuis plusieurs année, il y rentra en 1848, rédigea un journal révolutionnaire, l'Ami du peuple, présida un club, figura parmi les émeutiers qui envahirent l'assemblée nationale le 15 mai, et fut, pour ce fait, condamné à cinq ans de prison. Il devint, aux élections de décembre 1851, le candidat du parti le plus avancé à la présidence de la République; et, après la chute de l'Empire; siégea à l'extrême gauche de l'Assemblée nationale et de la Chambre des députés.

source : http://www.cosmovisions.com/Raspail.htm

 

Anecdotiquement, on peut dire que le temple de Croix est situé dans la rue Raspail, certainement en honneur de François-Vincent Raspail ou quelqu'un de la même famille (cf. la page wikipedia)

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