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medecine

Le petit-fils de Raspoutine est guérisseur à Castelginest

Publié le par antoiniste

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Publié le 27/05/2001 | LaDepeche.fr
Le petit-fils de Raspoutine est guérisseur à Castelginest
GRAND SUD : Il serait le descendant du sulfureux conseiller des tsars

D'un côté une image du Christ, de l'autre une statuette de Bouddha. Fixées au mur dans leur cadre, deux photos: l'une représente Raspoutine, moine russe paillard, conseiller de la tsarine Alexandra et que l'on disait doté de pouvoirs surnaturels; l'autre, forcément plus récente, montre Jean-Louis Raspoutine, son petit-fils.

Même carrure, même barbe rebelle, même regard sombre. Inquiétant chez l'ancêtre, bienveillant celui qui se dit son descendant direct. « C'était mon grand- père », affirme Jean-Louis, 57 ans, guérisseur-magnétiseur installé depuis une vingtaine d'années à Castelginest (1). Après l'assassinat de l'ancêtre en 1916 à Saint-Petersbourg (lire en encadré), le fils de Raspoutine, prénommé Gregori, aurait fui la révolution russe à l'adolescence pour se réfugier en France, dans les Alpes-de- Haute-Provence.
En héritage

Son père lui a laissé pour tout héritage un nom - en fait un sobriquet - lourd à porter et surtout un don: celui de soulager, sinon de guérir par l'imposition des mains. Gregori Raspoutine fils fera de ce don un métier qu'il exercera à Arles-sur-Rhône, jusqu'à sa retraite. Entre-temps, il épouse une autre immigrée russe, Annaïssa, qui lui donnera un fils. Ainsi naît en 1944 Jean-Louis, lequel, parvenu à l'âge adulte sera d'abord électricien avant de s'installer, lui aussi héritier du don familial, comme guérisseur-magnétiseur.

Tel est le récit de Jean-Louis Raspoutine qui ne tient pas plus que ça à son arbre généalogique. Son cabinet de consultation est pourtant un véritable bric-à-brac ésotérique et oecuménique au sein duquel se mélangent symboles chrétiens, figurines bouddhistes, masques égyptiens et poupées russes gigognes... Mais il ne faut pas se fier aux apparences. « Je ne suis ni un gourou, ni un magicien », prévient-il d'une voix grave enjolivée d'un bel accent provençal. « Ni médecin », ajoute-t-il en montrant l'affichette qui précise: « Je ne saurais vous conseiller d'interrompre le traitement prescrit par votre médecin. » Il détient pourtant le don, vivement contesté par l'ordre des médecins, d'apaiser différentes formes de souffrance. « C'est difficile à expliquer. J'ai en moi la volonté de ne plus voir les gens souffrir. J'appellerais ça la rage de guérir », explique-t-il en se bornant à constater: « Les gens disent que ça leur fait du bien... » Coût de la séance: 200 F.

Sa première évaluation lui serait fournie par « l'aura » qui émane de ses patients, du jaune au violine en passant par le vert et le rouge. Mais c'est bien l'imposition des mains qui apporte au patient le soulagement espéré. Jean-Louis Raspoutine s'est « spécialisé dans l'accompagnement de personnes atteintes de graves maladies », mais il a également le célèbre et mystérieux don « d'enlever le feu » par l'association de l'imposition des mains et d'une prière qu'on se transmet de génération en génération.
En échange de la douleur

Qu'on « y croie » ou non, son livre d'or regorge de témoignages: apaisement de la douleur d'une femme atteinte d'un cancer du sein, d'une autre souffrant d'un zona ou de telle autre guérie d'un psoriasis. Ou encore l'histoire de ce jeune homme, Christophe, sorti du coma dans lequel l'avait plongé un terrible accident de la route.

Comme tous ses confrères, Jean-Louis Raspoutine ne peut fournir aucune explication rationnelle. « J'envoie une énergie à quelqu'un et en échange je prends sa douleur. » Tandis que le conseil de l'ordre des médecins considère qu'il s'agit d' « exercice illégal de la médecine », de nombreux praticiens se montrent moins rigoristes.

« J'ai observé, par exemple, que certains guérisseurs arrêtent la sensation de brûlure du zona plus vite que les médicaments », confirme un généraliste toulousain qui tient à rester anonyme mais affirme: « Je crois que des gens ont cette capacité inexpliquée d'apporter un soulagement aux autres. » En ajoutant aussitôt qu'il faut tout de même « se méfier des charlatans. »

Un praticien ira-t-il jusqu'à envoyer ses patients chez cet étrange collègue? « Beaucoup de patients me sont envoyés par des médecins », affirme Jean- Louis Raspoutine. Information invérifiable, mais divers témoignages confirment que des guérisseurs interviennent dans des services hospitaliers, y compris auprès de cancéreux ou de grands brûlés. A la demande des familles, certes, mais sous le regard neutre d'infirmiers et de médecins qui admettent implicitement ne pas tout savoir des mystères de la souffrance humaine.

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(1) En Haute-Garonne, une cinquantaine de personnes sont inscrites sous la rubrique « Magnétiseurs » dans les pages jaunes de l'annuaire

René GRANDO

Ni le poison, ni les balles...

Né en Russie en 1864, Grigori Iefimovitch Raspoutine, fils de paysan et analphabète, était doué d'un pouvoir de guérisseur qui le fit considérer par les uns comme un saint homme, par les autres comme l'incarnation du diable. Accueilli à la cour du tsar Nicolas II, il sauva à trois reprises la vie du tsarévitch Alexis atteint d'hémophilie. Ses succès lui attirent le respect du tsar et surtout la vénération de l'impératrice Alexandra. Sa paillardise insolente, ses débauches et son influence occulte sur la famille impériale lui vaudront la haine de l'aristocratie russe. Trois membres de la noblesse organisent son assassinat dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916 à Saint- Petersbourg. Il est alors âgé de 53 ans et il a déjà survécu au coup de poignard d'une prostituée dans un bordel sibérien. Selon le récit du prince Youssoupov, principal exécuteur du complot, Raspoutine absorba ce soir-là, quasiment sans broncher, une dose de cyanure propre à tuer un boeuf, le poison étant mélangé à du vin et des gâteaux. Youssoupov tirera quatre balles de revolver et s'acharnera sur lui à coups de matraque pour en venir à bout. La victime sera jetée du haut d'un pont dans les eaux glacées de la Neva. Selon l'autopsie pratiquée ensuite sur le corps de Raspoutine, celui-ci n'était pas mort lorqu'il a été jeté dans le fleuve. Ses poumons contenaient de l'eau, la preuve qu'il respirait encore en dépit du cyanure et des balles tirées sur lui.

R. G.

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Allan Kardec, La Genèse selon le spiritisme - Guérisons

Publié le par antoiniste

Guérisons

31.- Le fluide universel est, comme on l'a vu, l'élément primitif du corps charnel et du périsprit, qui n'en sont que des transformations. Par l'identité de sa nature, ce fluide, condensé dans le périsprit, peut fournir au corps les principes réparateurs ; l'agent propulseur est l'Esprit, incarné ou désincarné, qui infiltre dans un corps détérioré une partie de la substance de son enveloppe fluidique. La guérison s'opère par la substitution d'une molécule saine à une molécule malsaine. La puissance guérissante sera donc en raison de la pureté de la substance inoculée ; elle dépend encore de l'énergie de la volonté, qui provoque une émission fluidique plus abondante et donne au fluide une plus grande force de pénétration ; enfin, des intentions qui animent celui qui veut guérir, qu'il soit homme ou Esprit. Les fluides qui émanent d'une source impure sont comme des substances médicales altérées.
32.- Les effets de l'action fluidique sur les malades sont extrêmement variés, selon les circonstances ; cette action est quelquefois lente et réclame un traitement suivi, comme dans le magnétisme ordinaire ; d'autres fois, elle est rapide comme un courant électrique. Il est des personnes douées d'une puissance telle, qu'elles opèrent sur certains malades des guérisons instantanées par la seule imposition des mains, ou même par un seul acte de la volonté. Entre les deux pôles extrêmes de cette faculté, il y a des nuances à l'infini. Toutes les guérisons de ce genre sont des variétés du magnétisme et ne diffèrent que par la puissance et la rapidité de l'action. Le principe est toujours le même : c'est le fluide qui joue le rôle d'agent thérapeutique, et dont l'effet est subordonné à sa qualité et à des circonstances spéciales.
33.- L'action magnétique peut se produire de plusieurs manières :
1° Par le fluide même du magnétiseur ; c'est le magnétisme proprement dit, ou magnétisme humain, dont l'action est subordonnée à la puissance et surtout à la qualité du fluide ;
2° Par le fluide des Esprits agissant directement et sans intermédiaire sur un incarné, soit pour guérir ou calmer une souffrance, soit pour provoquer le sommeil somnambulique spontané, soit pour exercer sur l'individu une influence physique ou morale quelconque. C'est le magnétisme spirituel, dont la qualité est en raison des qualités de l'Esprit ;
3° Par le fluide que les Esprits déversent sur le magnétiseur et auquel celui-ci sert de conducteur. C'est le magnétisme mixte, semi-spirituel ou, si l'on veut, humano-spirituel. Le fluide spirituel, combiné avec le fluide humain, donne à ce dernier les qualités qui lui manquent. Le concours des Esprits, en pareille circonstance, est parfois spontané, mais le plus souvent il est provoqué par l'appel du magnétiseur.
34.- La faculté de guérir par l'influence fluidique est très commune, et peut se développer par l'exercice ; mais celle de guérir instantanément par l'imposition des mains est plus rare, et son apogée peut être considéré comme exceptionnel. Cependant on a vu à diverses époques, et presque chez tous les peuples, des individus qui la possédaient à un degré éminent. En ces derniers temps, on en a vu plusieurs exemples remarquables, dont l'authenticité ne peut être contestée. Puisque ces sortes de guérisons reposent sur un principe naturel, et que le pouvoir de les opérer n'est pas un privilège, c'est qu'elles ne sortent pas de la nature et qu'elles n'ont de miraculeux que l'apparence.

Allan Kardec, La Genèse selon le spiritisme (1868)
CHAPITRE XIV - Les Fluides
source : http://spirite.free.fr/ouvrages/genese/genese15.htm#lien9

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L'évolution des croyances et pratiques thérapeutiques des adeptes antoinistes

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    L'évolution des croyances et pratiques thérapeutiques des adeptes antoinistes.

    Contrairement aux propos de Louis Antoine et aux témoignages de guérison donnés à cette époque par ses adeptes, les antoinistes d'aujourd'hui recourent à la médecine allopathique, et pour certains d'entre eux, de manière régulière, notamment lorsqu'il s'agit d'une maladie chronique.
    Toutefois, il faut apporter des nuances à cette assertion :
- tout d'abord parce que les adeptes continuent à croire que les médicaments ne soignent pas la cause réelle de la maladie, à savoir l'âme, mais ses effets : le corps. Les adeptes justifient alors leur recours à la médication par leurs croyance en la réincarnation ; ils estiment qu'ils ont encore besoin d'un traitement médical parce que leur évolution spirituelle n'est pas suffisante et qu'elle ne leur permet pas de se dégager de ce qu'ils appellent la "matière" ;
- ensuite, il faut souligner que le recourt à un traitement médicamenteux peut s'accompagner d'un traitement spirituel ; les fidèles ne jugent pas ces pratiques incompatibles mais complémentaires ;
- enfin, il faut mentionner que le recours à la médecine allopathique est un cas de figure parmi d'autres. En effet, certains adeptes peuvent utiliser ce que F. Laplantine appelle les "médecines parallèles" (homéopathie, acupuncture, chiropraxie, etc.), d'autres recourront à l'automédication et quelques-uns, ceux que l'on peut désigner comme des "puristes", envisageront la prière comme le seul et unique recours thérapeutique efficace.
    Comment interpréter cette évolution des pratiques de guérison ? Nous pensons qu'elle constitue une critique de l'institution médicale, certes euphémisée, mais qui souligne les excès (cf. la surmédicalisation, et, pour reprendre les termes de E. Zarifian, "la médicalisation de l'existentiel"), et les limites de l'institution médicale tel le maintien des inégalités sociales devant l'accès aux soins de santé, et ce malgré la création de la sécurité sociale et le principe du droit pour tous à être malade, ce qui pour la population antoiniste, issue avant tout des classes populaire et moyenne, est important.

Anne-Cécile Begot (École pratique des Hautes Études - Paris), La guérison spirituelle, son évolution face aux changements sociaux et culturels - Études comparée de la science chrétienne et de l'antoinisme
in Croyances et sociétés (1998)
source : Google Books

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René Magritte - Le Thérapeute

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Ivan Illich - L'auscultation remplace l'écoute

Publié le par antoiniste

LE diagnostic, dans une perspective historique, a eu pendant des siècles une fonction éminemment thérapeutique. L'essentiel de la rencontre entre médecin et malade était verbal. Encore au commencement du XVIIIe siècle, la visite médicale était une conversation. Le patient racontait, s'attendant à une écoute privilégiée de la part du médecin; il savait encore parler de ce qu'il ressentait, un déséquilibre de ses humeurs, une altération de ses flux, une désorientation de ses sens et de terrifiantes coagulations. Quand je lis le journal de tel ou tel médecin de l'âge baroque (XVIe et XVIIe siècles), chaque annotation évoque une tragédie grecque. L'art médical était celui de l'écoute. Il assumait le comportement qu'Aristote, dans sa Poétique, exige du public au théâtre, différant sur ce point de son maître Platon. Aristote est tragique par ses inflexions de voix, sa mélodie, ses gestes, et non pas seulement par les mots. C'est ainsi que le médecin répond mimétiquement au patient. Pour le patient, ce diagnostic mimétique avait une fonction thérapeutique.
Cette résonance disparaît bientôt, l'auscultation remplace l'écoute. L'ordre donné cède la place à l'ordre construit, et cela pas seulement dans la médecine. L'éthique des valeurs déplace celle du bien et du mal, la sécurité du savoir déclasse la vérité. Pour la musique, la consonance écoutée, qui pouvait révéler l'harmonie cosmique, disparaît sous l'effet de l'acoustique, une science qui enseigne comment faire sentir les courbes sinusoïdales dans le médium.
Cette transformation du médecin qui écoute une plainte en médecin qui attribue une pathologie arrive à son point culminant après 1945. On pousse le patient à se regarder à travers la grille médicale, à se soumettre à une autopsie dans le sens littéral de ce mot: à se voir de ses propres yeux. Par cette auto-visualisation, il renonce à se sentir. Les radiographies, les tomographies et même l'échographie des années 70 l'aident à s'identifier aux planches anatomiques pendues, dans son enfance, aux murs des classes. La visite médicale sert ainsi à la désincarnation de l'ego.
Il serait impossible de procéder à l'analyse de la santé et de la maladie en tant que métaphores sociales, à l'approche de l'an 2000, sans comprendre que cette auto- abstraction imaginaire par le rituel médical appartient, elle aussi, au passé. Le diagnostic ne donne plus une image qui se veut réaliste, mais un enchevêtrement de courbes de probabilités organisées en profil.
Le diagnostic ne s'adresse plus au sens de la vue. Désormais, il exige du patient un froid calcul. Dans leur majorité, les éléments du diagnostic ne mesurent plus cet individu concret; chaque observation place son cas dans une «population» différente et indique une éventualité sans pouvoir désigner le sujet. La médecine s'est mise hors d'état de choisir le bien pour un patient concret. Pour décider des services qu'on lui rendra, elle oblige le diagnostiqué à jouer son sort au poker.

Ivan Illich, L'obsession de la santé parfaite

source : http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/illich/sante-parfaite.htm

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Maxence van der Meersch, Corps et âmes (p.36)

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    Tout cette foule, engoncée dans des bonnets de laine verts et rouges, tirés sur les oreilles, des cache-nez marron ou bleu marine, des pardessus gris-vert, des tabliers azur, des fichus jaune ou blanc-sale, de vieux manteaux lie-de-vin, violine ou bruns, faisait au long des bancs un bariolage de couleurs agressives, heurtées et crues. A tout instant de nouveaux arrivants pénétraient dans la salle, venaient s'asseoir parmi les autres. On parlait peu. On regardait vers la porte du fond, vers la pièce où le gros Belladan, le chef de clinique du professeur de chirurgie infantile, opérait les amygdales et les polypes. Toutes les trois minutes, cette porte s'ouvrait : quatre, cinq mamans, des femmes du peuple voûtées et terrifiées, dans leurs hardes flottantes et délavées, sortaient, chacune portant sur ses bras un poupon, un enfant livide ou pourpre, le nez et la bouche ensanglantés, et qui hurlait. Elles revenaient à leur place, un interne leur apportait un morceau de glace à faire sucer.
    "A d'autres !" appelait le gros Belladan.
    Cinq autres femmes se levaient, s'avançaient vers le fond avec leurs gosses glacés de peur. La porte se refermait sur elles. Des cris affreux. La porte se rouvrait. Nouveau retour des enfants à la bouche sanglante.
    "A d'autres !"
    Cela allait prodigieusement vite. Comme à la chaîne. Il le fallait bien, d'ailleurs. Chaque matin, au dispensaire, on avait à arracher gratis des centaines d'amygdales ou de polypes. Michel alla jeter un coup d'oeil dans la petite salle d'opération, et serrer la main à Belladan. Une fois de plus, il s'étonna de la virtuosité du chef de clinique. Un infirmier empoignait un gosse, le ligotait sur une chaise, ou simplement le maintenait vigoureusement dans ses bras solides. Un projecteur sur roulettes, approché à un mètre du visage du gosse, aveuglait l'enfant. On ouvrait la bouche du petit, le plus souvent de force, parce qu'il ne voulait pas. Un interne lui passait entre les dents l'ouvre-bouche, lui ouvrait démesurément les mâchoires. Belladan plongeait l'abaisse-langue, écrasait la langue, empêchait l'effort de vomissement désespéré du patient, enfonçait très vite une curette, loin derrière le voile du palais, la remontait haut, vers la base du crâne, agitait, raclait, grattait. Le sang coulait. Des hurlements. Des quintes. Des haut-le-coeur. L'enfant, étouffé, ligoté, fou de souffrance et d'épouvante, avalait, s'étranglait, vomissait, crachait souvent en pleine figure de Belladan les débris sanglants arrachés à sa gorge. C'était fini. On le délivrait. La mère l'emportait en sanglotant. Et Belladan s'essuyait le visage avec un tampon de ouate, en faisant signe de ligoter le suivant.
    " Il faudrait endormir, évidemment, disait-il à Michel, tout en épongeant un crachat vermeil dans ses sourcils. On ne peut pas. A peine une légère anesthésie locale, quand j'ai le temps. Mais c'est rare ! Ils sont trop. Tu vois l'encombrement ! Il n'y a vraiment pas moyen. Reste à savoir si la chirurgie doit s'adapter aux nécessités du dispensaire, ou si plutôt ça ne serait pas au dispensaire à s'adapter aux nécessités de la chirurgie. Médecine d'administration, déjà, mon vieux, médecine étatisée... Ça nous promet du joli pour plus tard. Je plains les malades de ce temps à venir ! Et je plains le médecin aussi : Parce que tu verras : ce ne sera pas l'administration qui sera au service de la médecine. Ce sera le médecin qui devra s'accommoder des exigences de l'administration ! Et on rigolera ! Ça y est ? Il est prêt ? Allons, mon petit père, du courage... "

Maxence van der Meersch, Corps et âmes, p.36-37
Livre de Poche, Tome 1, Chapitre troisième

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Nécromancie et Nécromant

Publié le par antoiniste

Divination par l'évocation des morts. Rien de plus terrible et de plus lugubre que ce fantôme [Samuel, dans la Pythonisse de Salvator Rosa] arraché au tombeau par les formules de la nécromancie (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.111). Ainsi évoquées, les âmes des morts sortent en foule de la terre (...). Cette brutalité ne contribue pas peu au sentiment de rudesse répandu sur toute cette scène de nécromancie (A. France, Vie littér., 1892, p.194).
- P. métaph. Tout regard habituel est une nécromancie et chaque visage qu'on aime, le miroir du passé (Proust, Guermantes 2, 1921, p.140).
REM. 1.
Nécromance, subst. fém., forme anc. [Une attest. chez Barrès qui le prend dans un sens partic.] Il ne subsiste rien du culte des animaux [en Égypte]. À la vie future, oui, on y croit. Beaucoup de nécromances (livre des morts, soit) mais de tous les pays, de tous les temps (Cahiers, t.6, 1907, p.222).
2.
Nécromantique, adj. Qui est relatif à la nécromancie. Le magnétisme animal sort à peine de sa coque nécromantique (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p.38). Le procédé nécromantique doit certainement être classé parmi les plus anciens modes divinatoires (Divin. 1964).

source : http://www.cnrtl.fr/lexicographie/n%C3%A9cromancie



dérivé : nécromant

Personne qui pratique la nécromancie. [Virgile] était nécromancien, et l'on montre encore, en une certaine ville d'Italie, le miroir dans lequel il faisait apparaître les morts (A. France, Île ping., 1908, p.157):
. ... tous les devins, les nécromants qui avaient endossé ces défroques maudites, toutes les âmes qu'on avait enfermées dans ces calebasses, tous ces cheveux morts qu'on avait glissés dans des sachets à incantations, revivaient, faisaient signe...
Morand, Magie noire, 1930, p.127.
? P.métaph. L'historien n'est pas ce nécromant que nous imaginions, évoquant l'ombre du passé par des procédés incantatoires (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p.68).
- P.ext. Personne qui se livre aux sciences occultes, pratique la magie. Madeleine [à Zaphara]: (...) Dites-moi, mon père (...) vous êtes physicien et nécromant; vous vendez des produits chimiques, et vous dites la bonne aventure? (Feuillet, Scènes et prov., 1851, p.119).
- En emploi adj. [sous la forme nécromancien, -ienne] Qui est propre à un(e) nécromancien(ne), ou qui en est digne. Elle [la bonne Alberthe] (...) a toujours eu du goût pour cet appareil nécromancien, même dans le temps où sa beauté était sa plus véritable magie (Delacroix, Journal, 1853, p.117). Je me défendais obscurément contre les caresses mortelles, contre cette volupté nécromancienne (Arnoux, Gentilsh. ceinture, 1928, p.193).
Rem. 1. La forme nécromant est vieillie. 2. La forme anc. négroman(t) (v. étymol.) se trouve encore att. au xixe s.: Le sabre du prophète s'est courbé comme une couleuvre de bruyère. Sur sa lame, un négroman (...) a gravé des mots magiques (Quinet, Ahasvérus, 1833, 3e journée, p.209).

source : http://www.cnrtl.fr/definition/n%C3%A9cromant

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Robert Ettinger - La salle d'attente cryologique

Publié le par antoiniste

En 1964, Robert Ettinger publie son livre L’homme est-il immortel ?.

Ce livre contient quatorze expériences de pensée sur le thème de l’identité. Sa préoccupation est de cerner quelles sont les transformations d’un individu qui nous paraissent acceptables (cryogénisation comprise) pour considérer qu’il est toujours lui-même. La question se pose avec une acuité plus grande encore si on crée (expérience de pensée) une copie à distance d’un individu : peut-on alors sans problème de conscience détruire l’original et considérer que l’individu a simplement été téléporté ?

Les idées d'Ettinger ont donné naissance à des sociétés assurant la conservation d'organismes - parfois de simples cerveaux - humains par la cryogénie. Un article de 1986 des professeurs Goldanskii et Vitalii, laisse craindre toutefois que même à la température de l'azote liquide des réactions chimiques par effet tunnel continuent à se produire au fil des mois, endommageant de plus en plus les organismes concernés.

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Immortalit%C3%A9

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Claire Lejeune - Les mots qui guérissent le mal

Publié le par antoiniste

    Les seuls mots qui font acte, qui opèrent sur le corps de la mémoire ; les mots qui guérissent le mal par leur connaissance intime du mal, sont ceux qui parlent sa langue, ceux qui disent les fleurs et les fruits vénéneux du mal, non pas tel qu'on en parle à tort et à travers, mais tel qu'il se sent et se ressent. Tel qu'il s'éprouve. Tel qu'il s'épouse. Tel qu'il s'incarne : Je suis le mal que j'ai. Je suis l'âme du mal que j'ai. Il s'écrie par ma bouche. S'écrit par ma main.
[...]
    Où trouverions-nous les mots qui disent la vérité du mal, si ce n'est dans l'expérience que nous faisons des tourments à la fois charnels et psychiques de l'enfer ? Et comment saurions-nous ce qu'est l'enfer si nous n'avions pas connu le paradis? Si nous n'avions jamais goûté au fruit défendu ?

Claire Lejeune, Des mots pour franchir l'abîme entre dire et sentir
source : Balises, Archives & Musée de la littérature asbl

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Emile Verhaeren - La fièvre

Publié le par antoiniste

La fièvre,
Elle est celle qui marche,
Sournoisement, courbée en arche,
Et personne n'entend son pas.
Si la poterne des fermes ne s'ouvre pas,
Si la fenêtre est close,
Elle pénètre quand même et se repose,
Sur la chaise des vieux que les ans ploient.
Dans les berceaux où les petits larmoient
El quelquefois elle se couche
Aux lits profonds où Ton fait souche.
Avec ses vieilles mains dans l'âtre encor rougeâtre.
Elle attise les maladies
Non éteintes, quoique engourdies;
Elle se mêle au pain qu'on mange
A l'eau morne changée en fange ;
Elle monte jusqu'aux greniers,
Dort dans les sacs et les paniers
Et, comme une impalpable cendre.
Sans rien voir, on sent d'elle la mort descendra.

Emile Verhaeren, Les villes tentaculaires,
précédées des Campagnes hallucinées
(1920)(p.45)
source : archive.org

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