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religion

Georges Eekhoud - La petite Blandine

Publié le par antoiniste

    La petite Blandine présentait dès rage le plus tendre un composé étrange d'exaltation et d'intelligence, de sentiment et de raison. Elle avait été élevée dans la religion catholique, mais, dès le catéchisme, elle répugnait à la lettre étroite pour ne s'en tenir qu'à l'esprit qui vivifie tout. A mesure qu'elle avança en âge, elle confondit !'idée de Dieu avec la conscience. C'est assez dire qu'aussi longtemps qu'elle se crut la foi, sa religion n'eut rien de celle des bigotes et des cafards, mais fut une religion généreuse et chevaleresque. Les dispositions poétiques, la fantaisie, se conciliaient chez Blandine avec un large et probe sens de la vie.

Georges Eekhoud, Escal-Vigor, chap.IV (p.54)

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Baisse du nombre d'antoinistes, réponse d'un catholique en 1938

Publié le par antoiniste

La vraie lutte commence là

par

François MAURIAC

27 novembre 1938

 

La menace qui pèse sur les Églises et dont nous avons si peu conscience, nul ne l’a mieux exprimée que M. Denis de Rougemont dans ces quelques lignes cruelles de son Journal d’Allemagne : « Chrétiens, retournez aux Catacombes. Votre « religion » est vaincue, vos cérémonies modestes, vos petites assemblées, vos chants traînants, tout cela sera balayé. Il ne vous restera que la Foi. Mais la vraie lutte commence là. »

Ce n’est pas que nous tenions pour assurée la ruine de cette façade auguste dressée par l’Église au-dessus du monde. Les cultes, les liturgies correspondent à une exigence qu’aucune révolution n’a pu tout à fait réduire : elles ont toujours fini par rouvrir les temples. La messe d’un prêtre réfractaire, dans un grenier ou dans une cave, cette bougie, ce livre éclairé, ces chuchotements, ce petit troupeau qui risque sa vie tandis qu’un homme fait le guet et que les paroles sacrées, se détachant du silence, livrent une fois de plus l’Agneau de Dieu à ceux qui l’aiment, ce drame dépouillé de tout ornement et réduit à quelques mots, à quelques gestes, garde sur les cœurs une séduction moins visible mais autrement puissante que le spectacle machiné qui fait se lever à la fois des milliers de poings fermés ou de mains ouvertes.

On l’a souvent noté : les grandes manifestations collectives conviennent à un âge de la vie, l’adolescence, une certaine adolescence et qui a la passion d’admirer, de servir et de ne penser à rien ensemble. Au delà de vingt-cinq ans, les garçons d’outre-Rhin n’éprouvent-ils quelque lassitude à crier et à acclamer en mesure ? Et, puis l’humanité entière ne tient pas dans sa jeunesse virile. Les peuples de demi-dieux n’existent pas. Dans chaque pays souffre une foule immense de créatures blessées, traquées par la maladie, par la faim, par les exigences féroces de l’État, par la misère secrète de toute vie, par le remords ; et beaucoup d’autres qui ne sont ni blessées ni traquées ont simplement le désir de Dieu et le cherchent : « J’ai faim de Vous, ô joie sans ombre, faim de Dieu... » C’est un vers de notre Jammes.

Il ne faut point s’étonner de ce que l’effort des chefs, en pays totalitaire, qu’ils l’avouent ou non, porte sur ce dernier retrait où la Grâce pénètre seule. La substitution de la Race au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob exige le don de l’homme intérieur à l’idole ; et le dialogue muet entre la créature et son Créateur devient criminel parce qu’il échappe à la police.

Le dictateur, pour atteindre au secret des cœurs, s’attaque donc d’abord à l’armature visible, aux œuvres sociales, aux groupes de jeunesse, à la hiérarchie. Dans cette première bataille, comment ne serait-il le plus fort ? Lorsque le sort du monde dépend de quelques affranchis, d’une bande qui campe par delà le bien et le mal et qui a partie liée avec des millions de petits hommes jaunes pour lesquels notre foi et notre espérance sont comme si elles n’avaient jamais été, la ruine matérielle des Églises s’insère alors dans un avenir prévisible et une parole que le Christ s’adressait à lui-même, brille soudain d’un éclat tragique – une de ces paroles qu’à ma connaissance, aucun prédicateur ne commente jamais : « Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il encore de la foi sur la terre ? »

Qu’est-ce donc que croire ? De quoi parlons-nous quand nous parlons de notre foi ? Rougemont nous aide à poser la question dans le concret : la question de savoir combien d’hommes seraient prêts à mourir pour une vérité abattue, dépouillée de son apparence auguste. Que subsisterait-il de notre fidélité à des rites abolis, de nos habitudes chrétiennes, le jour où leur objet n’apparaîtrait plus ? Et pourtant la vraie lutte commence là, en effet, au pied de trois gibets dressés à la porte d’une ville où trois condamnés de droit commun, trois Juifs agonisent, et lorsque tout est consommé et que tout semble fini de l’aventure chrétienne. La vraie lutte commence à ce néant. Le sort du christianisme est suspendu, peut-être, à la foi de quelques fidèles des diverses Églises qui, dans la ruine de tout ce qui, en les séparant les uns des autres, leur avait été occasion d’hérésie ou de schisme, croiront d’un même cœur, d’un même esprit, à une vérité écrasée et comme effacée du monde visible et, les yeux levés, attendront qu’apparaisse au zénith le signe du Fils de l’Homme.

 

François MAURIAC.

Paru dans Le Figaro du 27 novembre 1938
et recueilli dans Suites françaises
(New York, Brentano’s, 1945)
par Léon Cotnareanu.

source : www.biblisem.net

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Liberté de religion et liberté de conscience

Publié le par antoiniste

La liberté de religion désigne le droit subjectif fondamental des personnes de choisir et de pratiquer une religion donnée et l'évaluation du respect de ce droit. Par extension, elle fait référence aux textes de droit, déclarations, pactes, conventions, lois, textes constitutionnels divers qui permettent d'affirmer, défendre, étendre ou limiter ce droit. La liberté de religion est un aspect de la liberté de conscience.

La liberté de conscience, voisine de la liberté de religion mais qui ne doit pas être confondue avec elle, désigne le choix, par un individu et dans le cadre de la loi, des valeurs ou des principes qui vont conduire son existence.
La liberté de conscience contient donc la liberté de religion parmi ses possibilités. Mais l’athéisme est une autre forme revendiquée de la liberté de conscience.
En France, la Commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité dans la République parle de la liberté de conscience comme du « second pilier de la laïcité ».
Dans l'Église catholique, la place de la liberté de conscience vis-à-vis du magistère et de l'autorité cléricale a historiquement fait l'objet de polémiques, étant initialement dénoncée dans l'encyclique Mirari Vos au XIXe siècle, avant d'être finalement acceptée par le concile Vatican II (déclaration Dignitatis Humanae)

source : wikipedia

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Symbolique mythique des gargouilles (cathédrale de Tongres)

Publié le par antoiniste

Le Mal représentant le « pire ennemi » dans la religion chrétienne, il fallait un moyen d'éloigner celui-ci des églises, Maisons de Dieu. Les gargouilles ont ce but appréciable de faire fuir tout esprit malin ou être démoniaque, selon l'époque. Les gargouilles étaient donc les gardiens du Bien, et par extension des églises. Leur aspect terrifiant n'était visible en fait que pour rappeler à l'hérétique, au non-chrétien, aux ennemis de Dieu dans leur ensemble que la protection divine était déjà sur le bâtiment. La légende raconte que les gargouilles hurlaient à l'approche du Mal, qu'il soit visible (sorciers, magiciens, démons incarné) ou invisible. Le vent sifflant dans les arches des Églises ?

source : wikipedia

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L'occultisme, la médecine et la justice (Le Figaro, 12 janvier 1922 - Numéro 29)

Publié le par antoiniste

Le Figaro - 29-01-1922 (Numéro 29)L'occultisme, la médecine et la justice

    Occultisme ! Hypnotisme ! Sorcellerie ! Passes magnétiques ! Incantations !
    Tout cet attirail diabolique, scientifique, ou niais - les distinctions ne sont peut-être qu'une affaire de milieu et de degré - envahit tous les mondes. L'actualité en est comme saturée.
    Il y a un mois, les farces d'une petite fille, dans un coin perdu de la Bretagne, causaient la terreur de tout un village, à l'entour d'une maison hantée. La police intervint et découvrit le mystère.
    Hier, toujours en Bretagne, une famille, en proie au mauvais sort, fait appeler une tzigane pour le conjurer. On ne sait pas si les incantations de la bohémienne réussirent à redresser le destin. Mais son apparition dans la famille coïncida avec la disparition de quelque pécule.
    La famille volée s'adressa, cette fois, à la justice, et le tribunal de Lorient condamna la romanichelle, qui n'avait sans doute pas prévu cette fin, ni su conjurer à son bénéfice le mauvais sort.
    Dans l'Agenois, un drame sinistre, renouvelé d'on ne sait quel moyen âge, d'on ne sait quelle paysanne Cour des miracles, nous transporte dans la nécromancie. Un sieur Paget, sorcier de son état, fait assassiner un métayer par sa famille, sous prétexte que ce métayer avait le mauvais oeil et portait malheur aux siens, tout en contrariant l'influence du magicien.
    A Tulle, un juge d'instruction fait appel à l'hypnotisme pour découvrir l'auteur de lettres anonymes. Le ministre le frappe d'une peine disciplinaire pour lui apprendre que le code d'instruction criminelle ne prévoit pas ce moyen d'investigation et de découverte.
    Au Sénat, une interpellation se greffe sur l'aventure. L'interpellateur ne peut pas admettre que de telles pratiques pénètrent dans les cabinets des juges d'instruction. Il a raison.
    Il ne trouve pas ces pratiques capables de faire découvrir les criminels. Mais il reconnaît que l'occultisme est arrivé peut-être, s'empresse-t-il d'atténuer sur certains points, à des résultats scientifiquement contrôlés au point de vue de la guérison de certaines maladies.
    Les médecins, du moins ceux d'une certaine école, ne se font pas faute de recourir à l'hypnotisme, à l'occultisme, à l'autosuggestion, à toute' cette prétendue science, pour traiter les malades.
    Au surplus, le monopole de l'exercice de la médecine, ou, si l'on préfère, de l'art de soigner les gens de cette manière, n'appartient pas au corps médical.
    Vous n'ignorez pas que l'exercice légal de la médecine exige un diplôme, à défaut duquel celui qui essaie de guérir les malades se rend coupable du délit d'exercice illégal de la médecine, qui comporte des pénalités correctionnelles.
    Or, justement, l'occultisme, l'incantation et les passes magnétiques, ainsi que le magnétisme, appliqués par n'importe qui au traitement des maladies, ne constituent pas le délit d'exercice illégal de la médecine. Illégal, c'est-à-dire sans diplôme.
    La Cour de cassation admet en principe que ne commet pas le délit d'exercice illégal de la médecine celui qui, sans ordonner aucun remède, sans faire aucune prescription, sans donner aucune direction aux malades, se borne, quelle que soit la nature du mal, à placer pendant un certain temps une de ses mains sur le siège de la douleur, en adressant une invocation mentale à un esprit dont il se croit le pouvoir de provoquer l'intervention favorable.
    Et cette solution est logique. Si ce principe n'était pas reconnu, on serait entraîné, comme conséquence, à poursuivre et à persécuter n'importe quelle religion pour exercice illégal, de la médecine. Les prières en faveur des malades seraient un délit.
    Le Tribunal correctionnel de Villefranche-de-Rouergue a acquitté dernièrement un guérisseur non docteur en médecine qui avait conseillé à deux malades de s'abstenir de médicaments « de fiole » et de ne pas employer de gouttière, considérant que ce n'était pas un conseil d'abstention assez caractérisé pour constituer une véritable prescription médicale.
    Ce guérisseur, à part ces deux cas - et il a huit mille clients, dit le jugement - se borne, quelle que soit la nature de la maladie, à promener ses mains, à les imposer sur le siège du mal tout en prononçant une invocation a une puissance mystérieuse et bienfaisante ; il dit qu'il communique ainsi au malade une force extérieure à lui-même, dont il prétend n'être que l'agent conducteur, force dont il ignore la nature, mais dont il a vérifié, dit-il, les vertus curatives.
    Les juges ont déclaré que les découvertes récentes de forces nouvelles dont la nature, la puissance et le degré d'utilisation sont encore mal définis, commandent une grande circonspection dans la négation comme dans l'affirmation de phénomènes a priori inadmissibles, mais qui ne nous apparaissent peut-être comme tels que parce qu'ils bouleversent la quiétude de nos connaissances et de nos habitudes.
    De nombreux témoins avaient affirmé, avec des accents de certitude troublants, la vertu curative des pratiques du guérisseur. Sans doute.
    « Il y a, dit Hamlet à Horatio, plus de choses dans le ciel et sur la terre que n'en rêve notre philosophie. »
                 Daniel Massé.

Le Figaro, 12 janvier 1922 (Numéro 29)
source : gallica

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Les Quakers de Congéniès

Publié le par antoiniste

    Ils se distinguent par une grande douceur et des moeurs essentiellement paisibles, et c'est pour conserver et perpétuer ces qualités précieuses qu'ils ont pris un nom qui les engage, aux yeux du monde, à une constante et inviolables fraternité. Comme tous les autres chrétiens réformés, il sivent pour règle de foila Bible seule, accompanée des secours de l'esprit de Dieu ; mais ils prennent, la plupart, des ordonnances qui y sont prescrites dans leur sens spirituel. Leurs pasteurs, choisis parmi les hommes d'une piété reconnue et d'une expérience consommée, ne reçoivent aucun salaire, et peuvent vaquer à des travaux étrangers à leur ministère, pour subvenir aux besoins de leur famille. Comme ils ont tout spiritualité, on ne célèbre chez eux aucune érémonie extérieur ; c'est ainsi qu'ils s'abstiennent du baptême et de la communion. Dans leurs assebmléées qui se tiennent le dimanche et souvent aussi le mercredi, ils gardent un profond silence, chacun est plongé dans es propres méditations : eles ne sont interrompues que par les prières ou les exhortations des ministres, qui ne prennent la parole qu'autant qu'ils s'y trouvent disposés par une conviction intime. Les femmes reçoivent aussi le titre de ministre, et peuvent parler en public.

Les Quakers de Congéniès, p.138
Tableau pittoresque, scientifique et moral de Nismes... 1-par É.-B.-D. Frossard (1835)
Source : gallica

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L'Église vieille-catholique

Publié le par antoiniste

L'Église vieille-catholique reste ancrée dans la tradition catholique. Elle connaît par exemple les mêmes sacrements que l'Église catholique romaine et tire d'ailleurs son origine apostolique de la même Église catholique romaine par Monseigneur Dominique Marie Varlet. Ses pratiques se sont cependant éloignées de celles de l'Église romaine sur plusieurs plans et cela à différents degrés selon les pays.

Ainsi, en Suisse, Pays-Bas, Autriche, Belgique et en Allemagne, cette Église admet les prêtres mariés, l'ordination des femmes, les remariages après divorce, la contraception artificielle et même (localement) les bénédictions de couples homosexuels. Ce sont des choses que l'Église catholique romaine rejette (excepté le mariage des prêtres: dans certaines communautés orientales, ou dans le cas de prêtres anglicans ou orthodoxes mariés qui se convertissent au catholicisme, et qui conservent leur sacerdoce et leur mariage).

Beaucoup de ses prêtres et évêques actuels sont issus de l'Église romaine. De ce point de vue, l'Église dite vieille-catholique se présente comme une alternative à l'Église de Rome.

La Mission vieille-catholique en France se trouve sous l'autorité de l'évêque catholique-chrétien de Suisse en tant que délégué de la Conférence internationale des évêques de l'Union d'Utrecht (de l'IBK).

L'Église vieille-catholique est en inter-communion avec les Églises de la communion anglicane. À ce titre, les ministres ont capacité à servir l'une ou l'autre communauté selon les circonstances. Elle est aussi membre fondateur du Conseil œcuménique des Églises.

L'Église vieille-catholique est active dans une vingtaine de pays et compte environ 500 000 fidèles. Le primat d'honneur est l'archevêque d'Utrecht. Une conférence épiscopale internationale se tient tous les deux ans.

site : http://evangile.numeriblog.fr/la_petite_eglise_apostoli/

source : wikipedia

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Emile Zola - Germinal - Monsieur le curé

Publié le par antoiniste

    Dehors, la Maheude s'étonna de voir que le vent ne soufflait plus. C'était un dégel brusque, le ciel couleur de terre, les murs gluants d'une humidité verdâtre, les routes empoissées de boue, une boue spéciale au pays du charbon, noire comme de la suie délayée, épaisse et collante à y laisser ses sabots. Tout de suite, elle dut gifler Lénore, parce que la petite s'amusait à ramasser la crotte sur ses galoches, ainsi que sur le bout d'une pelle. En quittant le coron, elle avait longé le terri et suivi le chemin du canal, coupant, pour raccourcir, par les rues défoncées, au milieu de terrains vagues, fermés de palissades moussues. Des hangars se succédaient, de longs bâtiments d'usine, de hautes cheminées crachant de la suie, salissant cette campagne ravagée de faubourg industriel. Derrière un bouquet de peupliers, la vieille fosse Réquillart montrait l'écroulement de son beffroi, dont les grosses charpentes restaient seules debout. Et, tournant à droite, la Maheude se trouva sur la grande route.
    — Attends! attends! sale cochon! cria-t-elle, je vas te faire rouler des boulettes!
    Maintenant, c'était Henri qui avait pris une poignée de boue et qui la pétrissait. Les deux enfants, giflés sans préférence, rentrèrent dans l'ordre, en louchant pour voir les patards qu'ils faisaient au milieu des tas. Ils pataugeaient, déjà éreintés de leurs efforts pour décoller leurs semelles, à chaque enjambée.
    Du côté de Marchiennes, la route déroulait ses deux lieues de pavé, qui filaient droit comme un ruban trempé de cambouis, entre les terres rougeâtres. Mais, de l'autre côté, elle descendait en lacet au travers de Montsou, bâti sur la pente d'une large ondulation de la plaine. Ces routes du Nord, tirées au cordeau entre des villes manufacturières, allant avec des courbes douces, des montées lentes, se bâtissent peu à peu, tendent à ne faire d'un département qu'une cité travailleuse. Les petites maisons de briques, peinturlurées pour égayer le climat, les unes jaunes, les autres bleues, d'autres noires, celles-ci sans doute afin d'arriver tout tout de suite au noir final, dévalaient à droite et à gauche, en serpentant, jusqu'au bas de la pente. Quelques grands pavillons à deux étages, des habitations de chefs d'usine, trouaient, la ligne pressée des étroites façades. Une église, également en briques, ressemblait à un nouveau modèle de haut fourneau, avec son clocher carré, sali déjà par les poussières volantes du charbon. Et, parmi les sucreries, les corderies, les minoteries, ce qui dominait, c'étaient les bals, les estaminets, les débits de bière, si nombreux, que, sur mille maisons, il y avait plus de cinq cents cabarets.
    Comme elle approchait des Chantiers de la Compagnie, une vaste série de magasins et d'ateliers, la Maheude se décida à prendre Henri et Lénore par la main, l'un à droite, l'autre à gauche. Au delà, se trouvait l'hôtel du directeur, M. Hennebeau, une sorte de vaste chalet séparé de la route par une grille, suivi d'un jardin où végétaient des arbres maigres.
[...]
    Elle avait pris à gauche le chemin de Joiselle. La Régie, était, là, dans l'angle de la roule, un véritable palais de briques, où les gros messieurs de Paris, et des princes, et, des généraux, et des personnages du gouvernement, venaient chaque automne donner de grands dîners. Elle, tout en marchant, dépensait déjà les cent sous: d'abord
du pain, puis du café; ensuite, un quart de beurre, un boisseau de pommes de terre, pour la soupe du matin et la ratatouille du soir; enfin, peut-être un peu de fromage de cochon, car le père avait besoin de viande.
    Le curé de Montsou, l'abbé Joire, passait en retroussant sa soutane, avec des délicatesses de gros chat bien nourri, qui craint de mouiller sa robe. Il était doux, il affectait de ne s'occuper de rien, pour ne fâcher ni les ouvriers ni les patrons.
    — Bonjour, Monsieur le curé.
    Il ne s'arrêta pas, sourit aux enfants, et la laissa plantée au milieu de la roule. Elle n'avait point de religion, mais elle s'était imaginé brusquement que ce prêtre allait lui donner quelque chose.
    Et la course recommença, dans la boue noire et collante. Il y avait encore deux kilomètres, les petits se faisaient tirer davantage, ne s'amusant, plus, consternés. A droite et à gauche du chemin, se déroulaient les mêmes terrains vagues clos de palissades moussues, les mêmes corps de fabriques, salis de fumée, hérissé de cheminées hautes. Puis, en pleins champs, les terres plates s'étalèrent immenses, pareilles à un océan de mottes brunes, sans la mâture d'un arbre, jusqu'à la ligne violâtre de la forêt de Vandame.
    — Porte-moi, maman.
    Elle les porta l'un après l'autre. Des flaques trouaient la chaussée, elle se retroussait, avec la peur d'arriver trop sale. Trois fois, elle faillit tomber, tant ce sacré pavé était gras. Et, comme ils débouchaient enfin devant le perron, deux chiens énormes se jetèrent, sur eux, en aboyant si fort, que les petits hurlaient de peur. Il avait fallu que le cocher prît un fouet.
    — Laissez vos sabots, entrez, répétait Honorine.
    Dans la salle à manger, la mère et les enfants se tinrent immobiles, étourdis par la brusque chaleur, très gênés des regards de ce vieux monsieur et de cette vieille dame, qui s'allongeaient dans leurs fauteuils.
    — Ma fille, dit cette dernière, remplis ton petit office.
    Les Grégoire chargeaient Cécile de leurs aumônes. Cela rentrait dans leur idée d'une belle éducation. Il fallait être charitable, ils disaient eux-mêmes que leur maison était la maison du bon Dieu. Du reste, ils se flattaient de faire la charité avec intelligence, travaillés de la continuelle crainte d'être trompés et d'encourager le vice. Ainsi, ils ne donnaient jamais d'argent, jamais! pas dix sous, pas deux sous, car c'était un fait connu, dès qu'un pauvre avait deux sous, il les buvait. Leurs aumônes étaient donc toujours en nature, surtout en vêtements chauds, distribués pendant l'hiver aux enfants indigents.
    — Oh! les pauvres mignons! s'écria Cécile, sont-ils pâlots d'être allés au froid!... Honorine, va donc chercher le paquet, dans l'armoire.
    Les bonnes, elles aussi, regardaient, ces misérables, avec l'apitoyement et la pointe d'inquiétude de filles qui n'étaient pas en peine de leur dîner. Pendant que la femme de chambre montait, la cuisinière s'oubliait, reposait, le reste de la brioche sur la table, pour demeurer là, les mains ballantes.
    — Justement, continuait Cécile, j'ai encore deux robes de laine et, des fichus... Vous allez voir, ils auront chaud, les pauvres mignons!
    La Maheude, alors, retrouva sa langue, bégayant :
    — Merci bien, mademoiselle,.. Vous êtes tous bien bons...
    Des larmes lui avaient, empli les yeux, elle se croyait, sûre des cent sous, elle se préoccupait seulement de la façon dont elle les demanderait, si on ne les lui offrait pas. La femme de chambre ne reparaissait plus, il y eut un moment de silence embarrassé. Dans les jupes de leur mère, les petits ouvraient de grands yeux et contemplaient, la brioche.

Emile Zola, Germinal
Deuxième partie, chapitre II, p.83

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Un fondateur de relgion (Le Figaro, 26 juin 1912)

Publié le par antoiniste

Figaro en Belgique

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UN FONDATEUR DE RELIGION
                       Bruxelles, 25 juin.

    Louis Antoine, un ancien ouvrier d'usine, devenu guérisseur, est mort à Jemeppe, près de Liège, où il avait édifié un temple, fondé une véritable religion. Le Parlement belge reçut, l'an dernier, une immense pétition demandant la reconnaissance officielle du culte nouveau, qui compte de nombreux adeptes en France.
    Originaire du pays de Liège, Antoine avait soixante-six ans. On dit que sa femme continuera son oeuvre. - HARRY.

Le Figaro - 26-06-1912 (Numéro 178)
source : gallica

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Fan Noli et l'église orthodoxe albanaise

Publié le par antoiniste

illustration sonore : Bible orthodoxe en albanais - Lluka 1 (www.shqiptarortodoks.com)

Theofan (Fan) Stilian Noli (pron. "Fann Nolyi", Qyteza, 6 janvier 1882 - Fort Lauderdale, 13 mars 1965) était un évêque orthodoxe et un homme politique albanais qui fut Premier Ministre et régent d'Albanie en 1924.

Le 9 février 1908 à Brooklyn, à l'âge de 26 ans, Fan Noli est fait diacre. Et le 8 mars, Platon, évêque orthodoxe russe de New York, l'ordonne prêtre. Deux semaines plus tard, le 22 mars 1908, Noli célèbre pour la première fois la liturgie en albanais dans le Knights of Honor Hall de Boston, transformée en Église Orthodoxe Albanaise de Saint Georges (seuls les Croates pouvaient alors, dire la messe dans leur langue propre). Deux ans plus tard, il devint le premier évêque de cette nouvelle église.

Le 1er août 1911, Noli part pour trois mois en Europe, inaugurer la célébration des messes en albanais dans les communautés de Kichinev, Odessa, Bucarest et Sofia.

Le 12 avril 1937, le patriarche de Constantinople reconnaît officiellement son Eglise.

source : wikipedia

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