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Maison des Blanc-Talon à Aix, Les Hauts de Marlioz (patrimoine.auvergnerhonealpes.fr)

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Maison des Blanc-Talon à Aix, Les Hauts de Marlioz (patrimoine.auvergnerhonealpes.fr)

Commune : Aix-les-Bains
Lieu-dit : Les Hauts de Marlioz
Adresse : 33 chemin des Burnet
Cadastre : 1879 E 871 p. ; 2004 AV 113 

Paul Yvroud fait bâtir une maison en 1903, agrandie dès 1904. En 1924, celle-ci est signalée comme villa dans les matrices cadastrales. L'architecture extérieure du bâtiment a depuis fait l'objet de modifications.

Liste des propriétaires :
1903 : Yvroud Paul, à Chambéry
1911 : Blanc-Talon Ernest, cultivateur
1912 : Yvroud Paul
1918 : Yvroud Louise, la veuve
1921 : Perillat François
...

source : https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/maison/9ca07149-1ff2-4448-acd4-a5b7c610c7d2

 

    S'agit-il de cette maison dont parle Henri Cossira dans Sciences et Voyages en 1919 :
    Convertissant la plus grande pièce de sa maison en temple, il y plaça l'Arbre de la Science de la Vue du Mal, et le tableau sur lequel on lit le précepte fondamental de l'antoinisme :
    « Un seul remède peut guérir l'humanité : la Foi ; c'est de la Foi que nait l'Amour : l'Amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même ; ne pas aimer ces ennemis c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'Amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir ; c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
    Et revêtu de la lévite noire de l'antoiniste, Ernest Blanc-Talon, se croyant nanti d'une procuration de la Mère, se mit à opérer. 

    Ou encore cette article de L'Abeille de la Nouvelle-Orléans de 1912 :
    Autour d'une grange, qui leur sert de temple, les fidèles de la religion belge viennent écouter la parole de leur prêtre improvisé. 
   "Seulement, comme la grange de Marlioz était trop peu pratique, je fis parqueter un local qui étai libre chez moi ; j'y fis disposer des bans et des chaises. C'est là que tous les dimanches à 3 heures, une trentaine de prosélytes ayant sous les yeux "l'arbre de la Science de la Vue du Mal" viennent écouter la lecture que je leur fais."

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Les guérisseurs (Informations sociales, août 1956)

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Titre : Les guérisseurs
Éditions : Informations sociales, bulletin mensuel à l'usage des services sociaux
Union nationale des caisses d'allocations familiales, août 1956

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François Ouellet - Les possibilités de l’âme (sur André Thérive)

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Les possibilités de l’âme

[C]e que j’ai mal à l’âme !
— Joris-Karl Huysmans, En route1


    Sans âme donne à lire la question religieuse sur deux plans, mais d’inégales valeurs aussi bien en ce qui a trait à l’évolution du héros qu’à l’élaboration de l’intrigue. Je parlerais ici d’une ambiance mystique, toile de fond d’un drame à l’avant-scène duquel se pose la question de l’âme.
    Julien Lepers, trente ans, est préparateur au Laboratoire de Physiologie des religions. À vrai dire, on l’y voit assez peu, et chaque fois moins pour travailler que pour bavarder avec le directeur, qui y accumule et étudie diverses expériences mystiques. Outre son travail, d’autres événements placent Julien en contact avec des manifestations religieuses, sans qu’il montre un très grand intérêt. Quand M. Pardoux, son propriétaire et voisin de palier, amateur d’ouvrages mystiques, l’invite à l’accompagner « à notre petite Fraternité », Julien refuse, mais s’y rend ensuite en catimini, mû par la simple curiosité et le désir de « surprendre des âmes2 ». Julien n’en tire guère de profit, mais soupçonne peut-être une vérité moins fortifiante que ce qu’il attendait en ne reconnaissant pas M. Pardoux, « ce fidèle insolite qui plongeait sa tête dans ses bras et donnait l’aspect d’une soumission anéantie à une lassitude amère, à une torpeur désolée, proche du désespoir3 ». Il interroge aussi Mme Lormier, la tante antoiniste de Lydia Lemège, une danseuse dont Julien va s’éprendre peu à peu ; mais encore une fois Julien n’agit que par curiosité, sans jamais penser qu’il pourrait en tirer profit pour son propre compte, lui qui n’a guère d’âme. Aussi Henri Martineau n’a-t-il pas tout à fait tort lorsqu’il ironise :

Dans son dernier roman [Sans âme] on rencontre ainsi à chaque page des Antoinistes. En comptez-vous beaucoup parmi vos relations ? M. Thérive, lui, ne peut remuer un pied sans marcher sur eux. C’est donc qu’il a buté dans un guêpier : pas du tout, ces différents Antoinistes ne se connaissent pas du tout entre eux et surgissent par le seul effet du hasard. […] Je ne chicanerais même pas du tout l’auteur sur l’arrivée de ses Antoinistes s’ils avaient une part véritable à l’action de son livre. Mais ils ne sont là que pour enjoliver un peu, si l’on peut dire, la toile de fond4.

En effet, le discours autour de l’antoinisme constitue finalement une sorte de décor, les traces de mysticisme ou d’occultisme étant disséminées un peu partout dans le texte sans arriver à prendre une forme réellement consistante. Le Laboratoire, l’antoinisme, la présence de M. Pardoux installent une ambiance qui sans doute relève de ces déviations de la mystique dont parlait Charpentier au sujet du Troupeau galeux5, mais que Thérive souhaite néanmoins placer en résonance avec la question de l’âme. C’est cette question qui fait le pont entre les deux « plans religieux » du roman, question par laquelle, par ailleurs, Sans âme croise En route.
    Dans En route, au moment de l’une de ses nombreuses crises qui le trouvent insatisfait aussi bien de lui-même que des ecclésiastiques, dont il déplore l’ignorance et la médiocrité, Durtal rappelle à quel point la mystique du Moyen Âge est en « parfait désaccord » avec le modernisme6. Mais Durtal, par l’entremise de l’art, parvient à combler cet écart : « Enfin Durtal avait été ramené à la religion par l’art. Plus que son dégoût de la vie même, l’art avait été l’irrésistible aimant qui l’avait attiré vers Dieu7 ». Or, cet intermédiaire, qu’il fût sous la forme de l’art ou d’autre chose, fait défaut chez Thérive. Ici, Dieu n’est accessible d’aucune manière ; et les déviations de l’occultisme que donnent à voir les antoinistes ne prouvent pas Dieu, ils seraient au contraire les signes les plus évidents de la dégénérescence de la foi, de la déliquescence de la valeur et de la grandeur religieuses. Dans cet univers sans âme, Julien ne saurait d’aucune façon faire ce pas que réalise Durtal vers l’Église, cet « hôpital des âmes8 », et ne pourrait encore moins envisager « une cure d’âme dans une Trappe9 », ce à quoi Durtal consentira dans la deuxième partie d’En route.
    Le populisme de Sans âme ne reconduit donc pas En route ; on ne refait pas davantage du Huysmans que du Zola trente ans plus tard. Mais dans l’esprit de Thérive et de Lemonnier, la fiction contemporaine maintient un lien plus évident avec l’auteur d’En route qu’avec celui de L’Assommoir, précisément parce que le vacillement du sentiment religieux ou la perte de la foi, qui contribue de manière décisive au « mal du siècle10 » et à « l’inquiétude11 » de l’après-guerre, trouve, dans le romanesque de la modernité qui s’impose à la fin du XIXe siècle, son exemple le plus convaincant chez Huysmans. Le but de la mystique, selon Durtal, est de rendre Dieu « visible, presque palpable12 ». Dans le roman de Thérive, c’est ce rôle que joue, en somme, le Laboratoire de Physiologie des religions. Or, cette « discipline nouvelle », dont les travaux se rattachent au Collège de France, est évidemment une bouffonnerie qui vise peut-être, dans l’esprit de Thérive, à caricaturer les travaux positivistes dont se réclamait Zola13. Le « roman expérimental » ne serait pas plus sérieux que les expériences du Laboratoire ou encore les croyances de pacotille des antoinistes.
    De la sorte, substituer Huysmans à Zola comme maître du populisme était pour Thérive la meilleure façon de circonscrire la spécificité du roman moderne. Dans cet essai de redéfinition, qui conduit Thérive vers la « théorie » populiste, Sans âme se trouve à problématiser l’écriture du roman moderne en approfondissant l’écart entre Durtal et Julien Lepers, héros tourmenté et impuissant à faire entrer la foi dans la vie. Cet approfondissement, Thérive y parvient au moyen de la trame amoureuse qui traverse le roman, et qui permet d’aménager une certaine forme de spiritualité, fût-elle désespérée. C’est sur cette base que s’élabore le second plan du roman.
    Julien entretient une relation avec Lucette Fauvel, dont il fait la connaissance à la sortie d’un cinéma. Mais peu à peu il se désintéresse de celle-ci au profit de la jeune Lydia, cousine de Lucette. Lydia provoque en lui un sentiment nouveau, une forme de jalousie qui engendre chez Julien « une mélancolie, un désespoir abattu, un dégoût de vivre ; c’était comme la menace d’une solitude, moins cuisante, mais plus durable que la menace d’une atteinte à sa personnalité14 ». Cette représentation que Julien se fait de Lydia introduit entre eux une émotion qui, lui semble-t-il, leur offre une âme en partage, qui à tout le moins le place dans des dispositions à la fois charnelles et existentielles qu’il n’a jamais connues auparavant. Un jour qu’il surprend Lydia « au meilleur moment de la mélancolie, de la misère15 », et peut-être parce que, comme le dirait Durtal, il est inapte à orienter vers l’Église « les affections refoulées par le célibat16 », il la force à se donner à lui. En revanche, elle a exigé qu’il disparaisse de sa vie pour toujours. Néanmoins, un an plus tard, Julien cherche à revoir Lydia, sans savoir si ce qui le guide est « la jalousie du présent, ou le remords du passé17 ». Il la trouve chez elle sur le point de mourir des suites d’un avortement qu’elle s’est imposé. Il comprend aussi, à ce moment-là, que Lydia l’avait aimé et qu’il était passé à côté d’un amour qui aurait pu donner un sens à sa vie.
    La mort de Lydia agit profondément sur Julien ; elle lui donne enfin ce qu’il ne savait trouver, ce qu’il avait cherché en vain et à tort auprès de l’expérience des religions populaires : une âme. Cette âme lui permet dès lors de rejoindre l’humanité souffrante : « Jamais il ne s’était senti moins seul ; une présence universelle l’entourait, la conscience d’une souffrance humble et nécessaire, qui rachetait l’ignominie et l’aveuglément des gens heureux18 ». La leçon à laquelle conduit le parcours de Julien est donc tragique : il aura fallu la honte de soi et l’ignominie de son propre comportement assassin pour rendre à l’être humain un peu de sa propre vérité. Cette leçon paraît sans rémission, puisque seule la responsabilité de la mort de l’autre, et donc la souffrance que cette situation engendre, conduisent à l’âme. Julien Lepers apprend ainsi, brutalement et dans la douleur, que les possibilités de l’âme ne sont pas plus du côté de la bourgeoisie que dans l’ésotérisme ou l’antoinisme, « une religion faite pour les pauvres et les infirmes19 », mais qu’elles seront plutôt à saisir dans une attitude humble envers la vie, dans une disposition d’esprit qui témoigne que seule la souffrance, dans un monde sans amour, peut venger les humiliés de l’existence. C’est ce que Julien découvre au terme d’une aventure qui l’a mené à une sorte de renoncement définitif et de pessimisme intégral. C’est par ce déplacement de l’âme religieuse (Huysmans) vers l’âme de cœur, si l’on peut dire, et qui n’est accessible qu’à la conscience souffrante, que Thérive fait du roman populiste. Mais ce populisme est profondément désespéré, comme on l’a souligné20.

François Ouellet, Le « naturalisme interne » d’André Thérive
Études littéraires – Volume 44 No 2 – Été 2013, 19–36.
https://doi.org/10.7202/1023748ar

 

1. Joris-Karl Huysmans, En route, Paris, Plon, 1947 [1895], p. 153.
2. Ibid., p. 139.
3. Ibid., p. 140.
4. Henri Martineau, « André Thérive : Sans âme », Le Divan, 1928, p. 132. Même commentaire de François Le Grix dans La Revue hebdomadaire : « N’est-ce pas en vertu d’un hasard étonnant, et même arbitraire, que Julien Lepers, où qu’il se tourne, se cogne à des antoinistes, comme si c’était, en notre temps, la seule forme de l’aberration religieuse ? » (« Sans âme, par André Thérive », op. cit., p. 632).
5. « Son livre est une réussite, et non seulement par le style qui reproduit à s’y méprendre celui du XVIIe siècle, mais par l’intelligence d’une des époques de notre histoire où l’inquiétude religieuse se manifesta avec tant d’âpreté. Cette inquiétude M. Thérive la partage-t-il ? Il n’y paraît pas, encore que l’on sache quel intérêt il porte à l’hérésie, en général, et singulièrement aux déviations de la mystique » (John Charpentier, « André Thérive : Le Troupeau galeux », Mercure de France, 15 décembre 1934, p. 578).
6.
Joris-Karl Huysmans, En route, op. cit., p. 45.
7. Ibid., p. 29.
8. Id.
9. Ibid., p. 163.
10. Voir le fameux texte de Marcel Arland, « Sur un nouveau mal du siècle » : « Mais un esprit où cette destruction de Dieu est accomplie, où le problème divin n’est plus débattu, par quoi comblera-t-il le vide laissé en lui et que maintient béant la puissance des siècles et des instincts ? » (« Sur un nouveau mal du siècle », La Nouvelle revue française, février 1924, p. 157).
11. Voir les essais de Daniel-Rops (Notre inquiétude, 1927) et de Benjamin Crémieux (Inquiétude et reconstruction, 1931). Crémieux fait cette distinction intéressante : alors que les jeunes gens de 1825 étaient des « inadaptés sociaux », ceux de 1920 sont des « inadaptés métaphysiques » (Inquiétude et reconstruction, Paris, Gallimard (Les Cahiers de la NRF), 2011, p. 90-91).
12. Joris-Karl Huysmans, En route, op. cit., p. 93.
13. Davidou, un ami et collègue de Julien au Laboratoire, expose ainsi le paradoxe de leur situation : « Moi je trouve ça grotesque ; nous autres qui avons la formation positive, nous devons étudier les formes religieuses qui ont de la spiritualité, qui recouvrent des approximations du réel social » (André Thérive, Sans âme, Paris, Grasset, 1928, p. 123).
14. Ibid., p. 109-110
15. Ibid., p. 149
16. Joris-Karl Huysmans, En route, op. cit., p. 73.
17. André Thérive, Sans âme, op. cit., p. 160.
18. Ibid., p. 189.
19. Ibid., p. 97.
20. « La fleur se dégage ici du fumier, peut-être pas avec assez d’élan, à mon gré ; et l’on reste, le livre de M. Thérive fermé, sur une impression bien pessimiste — je dirais même désespéré » (John Charpentier, « André Thérive : Sans âme », Mercure de France, 1er avril 1928, p. 147). Sans âme révèle « le nihilisme de l’écrivain qui porta Schopenhauer dans sa musette pendant quatre années de guerre » (Henri Clouard, Histoire de la littérature française, Du symbolisme à nos jours, Paris, Albin Michel, 1949, t. 2, p. 388).

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Les Antoinistes fêtent la désincarnation du Père Antoine (L'Intransigeant, 26 juin 1924)

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Les Antoinistes fêtent la désincarnation (L'Intransigeant 26 juin 1924)

   Les « Antoinistes » fêtent
    la « désincarnation » du
  ==== Père Antoine ====

    Ici et là, parmi la foule, des hommes tout habillés de noir en redingote et coiffés d'un demi haut de forme à la manière de feu Duval. Des croque-morts ? Non, des « frères ». Quelle affluence, ce matin, sur le « parvis » de cette église : le temple de la rue Vergniaud – le temple antoiniste de Paris !
    Aujourd'hui, 25 juin, à l'occasion de l'anniversaire de la mort – pardon, de la désincarnation du père Antoine, les fidèles, les adeptes se réunissent dans la salle froide et nue. Ni prières, ni sermon. Seulement, un lecteur qui lit « l'enseignement du père Antoine » et puis, c'est le silence, le culte, c'est-à-dire le recueillement. Et les profanes qui se mêlent à cette foule (car il y a foule) se découvrent...
    Depuis 1913 que cette église est construite, d'autres temples se sont élevés : Monaco, Tours, Vichy, Lyon, Vervins, Aix-les-Bains, Caudry.
    – Grâce à quel concours ? ai-je risqué.
    Et le « frère », qui ne se refusa pas à l'interview, me répondit, les bras croisés :
    – Mais aux dons anonymes des adeptes ! Dites-bien : anonymes ! En France et en Belgique, on compte déjà un million d'antoinistes...
    Et, sans doute, le frère voulait-il en recruter de nouveaux car il me fit, pour les lecteurs de l'Intransigeant, un cours de morale antoiniste...
    Car Antoine, cet ouvrier mineur de Jemmapes, cet illettré, a créé une religion nouvelle, et une morale. – R. D.

L'Intransigeant, 26 juin 1924

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Les Antoinistes à Paris - illustration (Le Journal, 27 octobre 1913)

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Les Antoinistes à Paris - illustration (Le Journal 27 octobre 1913)

CHEZ LES ANTOINISTES. – 1. On transporte une malade. – 2. La mère Antoine.
3. Deux fidèles du culte antoiniste. – 4. Le temple dans la rue Vergniaud.
5. Une miraculée.

Le Journal, 27 octobre 1913

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Les Antoinistes à Paris (Le Journal, 27 octobre 1913)

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Les Antoinistes à Paris (Le Journal 27 octobre 1913)

           LES ANTOINISTES A PARIS

La "Mère" consacre le Temple du nouveau culte

    Les Antoinistes ont maintenant leur temple à Paris. Leur « mère » l'a consacré hier. Ce fut une cérémonie d'une banalité lamentable, mais d'une délicieuse candeur.
    On connaît les Antoinistes. Ce sont les adeptes d'un brave ouvrier belge qui s'imagina un jour être le représentant du Christ, un représentant suffisamment qualifié pour prodiguer la parole divine et dispenser les bienfaits célestes. Le nouveau « Messie » se fit bientôt appeler « le Grand Guérisseur de l'Humanité pour celui qui a la Foi ». On crut en sa mission, on vint à lui. Par sa seule volonté des malades retrouvèrent la santé, des paralytiques purent de nouveau se servir de membres endormis depuis longtemps. Du moins c'est ce qu'on dit...
    En tout cas, ce qui est indiscutable, c'est que le père Antoine se vit bientôt entouré d'un nombreux troupeau d'adeptes, qu'il fonda le culte antoiniste et que, lorsqu'il adressa au Parlement de son pays une pétition demandant que la religion qu'il venait de créer fût reconnue officiellement, plus de deux cent mille signatures accompagnaient la sienne. Néanmoins les députés belges ne tinrent point compte de la supplique de leur prophète, qui mourut sans avoir la satisfaction de voir ses commandements enseignés avec l'approbation officielle.
    Mais avant de nous quitter il chargea sa femme, « la mère Antoine », de continuer son œuvre, et il faut convenir qu'elle suit au mieux les instructions de feu son époux, puisque les fervents de l'Antoinisme ne cessent d'augmenter, et que les temples où l'on peut entrer en relations avec le père Antoine se développent rapidement.
    Il y a en effet, en Belgique, cinq temples où l'on pratique le culte antoiniste, et, depuis hier, nous en avons un à Paris. Il a été édifié rue Vergniaud. C'est un modeste bâtiment sans style, d'une tristesse infinie. L'intérieur se compose d'une nef minuscule, réservée aux malades, et de deux galeries. Point d'autel, point de tableaux symboliques : une estrade et une chaire basse et très simple ornent seulement ce sanctuaire, sur les murs duquel on peut toutefois lire cette inscription :
    « Un seul remède peut guérir l'Humanité : la Foi. C'est de la Foi que nait l'Amour, l'Amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'Amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir : c'est le seul Amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
    Pour la consécration de ce temple, la mère Antoine avait daigné se déplacer. Un train spécial l'avait amenée avant-hier à Paris avec quatre-cents Antoinistes belges convaincus, qui se retrouvaient tous hier matin rue Vergniaud. Bientôt de temple, qui ne peut guère contenir plus de deux cents personnes, fut comble. Une grande partie des partisans du nouveau culte durent donc stationner dans la rue sous une pluie perfide. La plupart des hommes étaient revêtus d'une lévite sévèrement boutonnée jusqu'au col et coiffés d'un chapeau de forme assez haute et à bords plats. Les femmes portaient des robes noires recouvertes d'un voile, de même couleur, Dans la nef, quelques frères Antoinistes, gantés de blanc, stationnaient au milieu des malades, en majorité des vieilles femmes quasi impotentes qui attendaient avec un calme admirable la venue de la mère Antoine.
    A dix heures, elle fit son entrée. Un coup de sonnette l'avait annoncée. La veuve du Messie est une femme d'une soixantaine d'années, à la physionomie insignifiante. Elle pénétra dans le temple en conservant les yeux baissés : lentement elle gravit la chaire et, dès qu'elle fut parvenue, ses yeux se fixèrent sur la voûte du bâtiment. Durant quelques secondes, ses lèvres remuèrent imperceptiblement : elle étendit ensuite le bras droit, fit un grand geste circulaire comme pour bénir l'assemblée, puis ses deux mains se joignirent et la mère Antoine quitta la chaire et sortit. Je m'attendais à ce que M. Derégnancourt, le grand-prêtre de l'Antoinisme, qui avait pris place sur l'estrade, près d'un desservant portant une pancarte avec cette inscription : « L'Arbre de science de la vue du Mal», prit la parole, mais, tout comme la mère Antoine, M. Derégnancourt resta muet. La cérémonie était achevée.
     Comme je me trouvais à côté du frère Noël, qui va administrer le temple, je lui demandai :
    – La mère Antoine ne parle-t-elle jamais davantage ?
    – Mère, me répondit-il, ne parle jamais en public...
    Et il ajouta :
    – Mère se recueille pour atteindre au fluide éthéré de l'amour divin et en réconforter les fidèles suivant le degré de leur foi.
     » Ce n'est peut-être pas très clair, poursuivit le frère, mais vous comprenez, n'est-ce pas ? »
    – Naturellement, eus-je l'audace de répondre, et vite je m'enquis si la mère Antoine allait séjourner à Paris ?
    – Non, me déclara M. Noël : mère repart ce soir pour la Belgique. Elle est venue à Paris seulement pour consacrer le temple.
    Et, après un instant de réflexion, le frère continua :
    – Mère, voyez-vous, n'est que l'interprète du père Antoine.
    – C'est à sa mort que le père Antoine l'a chargée de poursuivre son œuvre ?
    – Le père Antoine n'est pas mort, me fit remarquer sévèrement mon interlocuteur : il s'est seulement « désincarné ».
    – Ah ! pardon, fis-je.
    – Oui, et mère, qui est dépositaire de son pouvoir spirituel, n'est que son exécutrice.
    – Est-ce que le père Antoine a guéri beaucoup de malades ?
    – Des milliers.
    – Et comment procédait-il ?
    – Il se contentait de regarder ceux qui venaient à lui et guérissait ainsi les malades ayant la foi. Ceux qui ne l'avaient pas suffisamment devaient revenir le voir.
    Et voilà ! J'en savais assez et pris congé du frère Noël, mais avant de pouvoir quitter le temple, je dus attendre la sortie des vieilles femmes impotentes qui étaient venues chercher un remède à leur mal et qui éprouvaient autant de difficulté à descendre les degrés conduisant au sanctuaire qu'elles en avaient eu à les gravir. Le geste de la mère Antoine de leur avait servi de rien.
    Elles parlaient tout de même ravies. Moi aussi... – parce que la pluie qui tombait depuis le jour venait de cesser.

                                                                          Paul Erio.

Le Journal, 27 octobre 1913

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Le Culte Antoiniste (La Liberté, 4 déc 1910)

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Le Culte Antoiniste (La Liberté, 4 déc 1910)

                 Le culte antoiniste

                   (DE NOTRE CORRESPONDANT)

                                               Bruxelles, 3 décembre.

    Une curieuse pétition vient de parvenir à la Chambre des représentants. Plus de 160.000 Belges l'ont signée. Jamais, même pour le suffrage universel et pour l'instruction obligatoire, on n'était parvenu à réunir autant de signatures. Cette pétition est accompagnée d'une lettre du Comité du « Culte antoiniste » ; elle est signée par M. de Regnancourt, propriétaire à Jemeppe-sur-Meuse, président ; M. F. Delcroix, professeur à l'Athénée de Liège, secrétaire ; M. C. Delannoy, lieutenant d'infanterie, trésorier. Les pétitionnaires réclament la reconnaissance légale de leur culte.
    « La religion antoiniste, disent-ils, est fondée sur le désintéressement le plus complet et Antoine le Guérisseur et les membres de son culte ne peuvent recevoir ni subside ni rémunération, mais ils veulent assurer l'existence de leur temple.
    » Le temple de Jemeppe-sur-Meuse a coûté 100.000 francs. D'autres temples vont être érigés aux frais des adeptes ; la reconnaissance du culte aura pour effet de transférer la propriété des temples aux fabriques ou consistoires qui en auront la gestion matérielle ; leur existence légale sera ainsi assurée. »
    Antoine, le fondateur de la nouvelle religion, est un magnétiseur qui a opéré quantité de guérisons et ses adeptes le considèrent comme « un des plus grands bienfaiteurs dont l'humanité puisse se glorifier. » – M.

La Liberté, 4 décembre 1910

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Homiletic review, v.61 (1911)

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Homiletic review, an international magazine of... v.61 1911

                     A New Cult in Belgium

    ANTOINISM is the appellation bestowed on a new religion which has been officially "discovered" in Belgium, one of the busiest industrial countries in Europe, but one abounding in superstition. The discovery has been made by the presentation of a petition to Parliament for the granting of a legal status for the so-called new religion. A few years ago a coal-miner, Louis Antoine, inaugurated the system which has brought him a host of disciples, who style him Antoine the Healer. His followers are said to number not fewer than 150,000, of whom 300 are adepts. They adulate their leader and ascribe to him the faculty of boundless knowledge and the power to work miraculous cures. He has built a church in which the daily services are among the simplest ever heard of. At nine in the morning one of the adepts takes his place on the platform and sits perfectly still for an hour, staring silently before him, the congregation waiting passively. At the stroke of ten he rises and remarks that every one whose faith is sufficiently strong must be cured, and the people silently depart. Antoine is a kind of hermit, for he speaks to no one, and there is nothing to pay for cures. Some Americans are among those who declare that they have been cured.

Homiletic review; an international magazine of religion, theology and philosophy, v.61 (1911)

 

Traduction :

                     Un nouveau culte en Belgique

    ANTOINISME est l'appellation d'une nouvelle religion qui a été officiellement "découverte" en Belgique, l'un des pays industriels les plus industrieux d'Europe, mais qui regorge de superstitions. On l'a découvert par la présentation d'une pétition au Parlement pour l'octroi d'un statut légal pour la soi-disant nouvelle religion. Il y a quelques années, un mineur de charbon, Louis Antoine, a inauguré le système qui lui a apporté une foule de disciples, qui l'appellent Antoine le Guérisseur. On dit que ses disciples ne sont pas moins de 150 000, dont 300 sont des adeptes. Ils adorent leur chef et lui attribuent la faculté d'une connaissance illimitée et le pouvoir de faire des guérisons miraculeuses. Il a construit une église dans laquelle les services quotidiens sont parmi les plus simples jamais entendus. A neuf heures du matin, l'un des adeptes prend place sur la plate-forme et reste parfaitement immobile pendant une heure, le regard silencieux devant lui, l'assemblée attendant passivement. A dix heures tapantes, il se lève et fait remarquer que tous ceux dont la foi est suffisamment forte doivent être guéris, et la foule s'en va en silence. Antoine est une sorte d'ermite, car il ne parle à personne, et il n'y a rien à payer pour guérir. Certains Américains font partie de ceux qui déclarent avoir été guéris.

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Don d'antoinistes (Le Matin, 28 novembre 1929)

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Don d'antoinistes (Le Matin, 28 nov 1929)

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Consécration temple Paris (La Gazette, 27 octobre 1913)

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Consécration temple Paris (La Gazette 27 octobre 1913)

 

   Le zouave Jacob s'en va, la mère Antoine arrive...
    On sait que le père Antoine, ancien meunier de Jemeppe, prétendait guérir les malades à la façon de Jacob, moins le trombone. Il est mort, mais il a, parait-il, légué ses dons de thaumaturge à sa veuve, la mère Antoine.
    Le culte antoiniste – […] c'est un culte avec ses rites et sa chapelle – va avoir une succursale à Paris, qui s'ouvre aujourd'hui.
    Pendant la journée d'hier, quantité d'Antoinistes, les hommes en longues lévites, les femmes en robes et bonnets noirs sont arrivés de Belgique, pour entourer la mère Antoine. Ils distribuaient des prospectus, que les Parisiens parcouraient avec une certaine nuance d'ironie.

            Frères,
    Mère Antoine consacrera au nom du Père le nouveau temple antoiniste de Paris, rue Vergniaud (XIIIe).
    La cérémonie aura lieu demain 26 octobre à dix heures. A cette occasion, Mère recevra les malades tous réunis dans le temple comme Elle le fait à Jemeppe-sur-Meuse.
    Recevez, chers frères, toutes nos bonnes pensées.
                                     Le Conseil d'administration du culte
                                                                antoiniste.

    Illuminés ou roublards, les Antoinistes se trompent. Paris, pour de pareils extravagants, n'a que des petites chapelles.
    (Autrefois il y avait les Petites Maisons).
    Un temple c'est trop...

La Gazette, 27 octobre 1913

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