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Henri-Georges DUPETIT - Mineur (1903)

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source : Base Joconde

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Hämmerwerk und Pressbau, Schmieden einer Welle unter einer 25-Tonnen-Presse

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source : deutschefotothek.de

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George Orwell - 1984 - Troisième partie, chapitre II

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    Dieu, c’est le pouvoir. Mais actuellement, le pouvoir, pour autant qu’il vous concerne, n’est pour vous qu’un mot. Il est temps que vous ayez une idée de ce que signifie ce mot pouvoir. Vous devez premièrement réaliser que le pouvoir est collectif. L’individu n’a de pouvoir qu’autant qu’il cesse d’être un individu. Vous connaissez le slogan du Parti : « La liberté, c’est l’esclavage. » Vous êtes-vous jamais rendu compte qu’il était réversible ? « L’esclavage, c’est la liberté. » Seul, libre, l’être humain est toujours vaincu. Il doit en être ainsi, puisque le destin de tout être humain est de mourir, ce qui est le plus grand de tous les échecs. Mais s’il peut se soumettre complètement et entièrement, s’il peut échapper à son identité, s’il peut plonger dans le parti jusqu’à être le Parti, il est alors tout-puissant et immortel.

George Orwell, 1984
Troisième partie, chapitre II

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Franz Kafka - Devant la loi

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    Devant la loi se dresse le gardien de la porte. Un homme de la campagne se présente et demande à entrer dans la loi. Mais le gardien dit que pour l'instant il ne peut pas lui accorder l'entrée. L'homme réfléchit, puis demande s'il lui sera permis d'entrer plus tard. «C'est possible», dit le gardien, «mais pas maintenant». Le gardien s'efface devant la porte, ouverte comme toujours, et l'homme se baisse pour regarder à l'intérieur. Le gardien s'en aperçoit, et rit. «Si cela t'attire tellement», dit-il, «essaie donc d'entrer malgré ma défense. Mais retiens ceci: je suis puissant. Et je ne suis que le dernier des gardiens. Devant chaque salle il y a des gardiens de plus en plus puissants, je ne puis même pas supporter l'aspect du troisième après moi.» L'homme de la campagne ne s'attendait pas à de telles difficultés; la loi ne doit-elle pas être accessible à tous et toujours, mais comme il regarde maintenant de plus près le gardien dans son manteau de fourrure, avec son nez pointu, sa barbe de Tartare longue et maigre et noire, il en arrive à préférer d'attendre, jusqu'à ce qu'on lui accorde la permission d'entrer. Le gardien lui donne un tabouret et le fait asseoir auprès de la porte, un peu à l'écart. Là, il reste assis des jours, des années. Il fait de nombreuses tentatives pour être admis à l'intérieur, et fatigue le gardien de ses prières. Parfois, le gardien fait subir à l'homme de petits interrogatoires, il le questionne sur sa patrie et sur beaucoup d'autres choses, mais ce sont là questions posées avec indifférence à la manière des grands seigneurs. Et il finit par lui répéter qu'il ne peut pas encore le faire entrer. L'homme, qui s'était bien équipé pour le voyage, emploie tous les moyens, si coûteux soient-ils, afin de corrompre le gardien. Celui-ci accepte tout, c'est vrai, mais il ajoute: «J'accepte seulement afin que tu sois bien persuadé que tu n'as rien omis». Des années et des années durant, l'homme observe le gardien presque sans interruption. Il oublie les autres gardiens. Le premier lui semble être le seul obstacle. Les premières années, il maudit sa malchance sans égard et à haute voix. Plus tard, se faisant vieux, il se borne à grommeler entre les dents. Il tombe en enfance et comme, à force d'examiner le gardien pendant des années, il a fini par connaître jusqu'aux puces de sa fourrure, il prie les puces de lui venir en aide et de changer l'humeur du gardien; enfin sa vue faiblit et il ne sait vraiment pas s'il fait plus sombre autour de lui ou si ses yeux le trompent. Mais il reconnaît bien maintenant dans l'obscurité une glorieuse lueur qui jaillit éternellement de la porte de la loi. À présent, il n'a plus longtemps à vivre. Avant sa mort toutes les expériences de tant d'années, accumulées dans sa tête, vont aboutir à une question que jusqu'alors il n'a pas encore posée au gardien. Il lui fait signe, parce qu'il ne peut plus redresser son corps roidi. Le gardien de la porte doit se pencher bien bas, car la différence de taille s'est modifiée à l'entier désavantage de l'homme de la campagne. «Que veux-tu donc savoir encore?» demande le gardien. «Tu es insatiable.» «Si chacun aspire à la loi», dit l'homme, «comment se fait-il que durant toutes ces années personne autre que moi n'ait demandé à entrer?» Le gardien de la porte, sentant venir la fin de l'homme, lui rugit à l'oreille pour mieux atteindre son tympan presque inerte: «Ici nul autre que toi ne pouvait pénétrer, car cette entrée n'était faite que pour toi. Maintenant, je m'en vais et je ferme la porte.»


source : http://www.lyber-eclat.net/kafka.html

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Fernand Khnopff - Le Sablier (Die Sanduhr)

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source : wikipedia

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Le Couronnement de l'Œuvre Révélée, Cause, développement & perfectionnement de l'être, p.LXVIII

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Le Couronnement de l'OEuvre Révélée, Cause, développement & perfectionnement de l'être, p.LXVIII   Quoiqu'elles ne soient que l'excrément de notre imperfection, elles sont utiles dans notre incarnation pour nous développer les facultés indispensables à notre progrès.

Le Couronnement de l'Œuvre Révélée, Cause, développement & perfectionnement de l'être, p.LXVIII

    Et n'oublions pas que l'homme est un animal !

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Simone Weil, La condition ouvrière - Formule de fin de lettre

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    Jouissez du printemps, humez l'air et le soleil (s'il y en a), lisez de belles choses.

Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.23
source : classiques.uqac.ca

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Etty Hillesum - Tout posséder

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    Et puisque, désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m'appartient et ma richesse intérieure est immense.

Etty Hillesum, Une vie bouleversée, coll. Points, Paris, 1995, p. 23
source : wikipedia - article Etty Hillesum

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Emile Zola - Germinal - Monsieur le curé

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    Dehors, la Maheude s'étonna de voir que le vent ne soufflait plus. C'était un dégel brusque, le ciel couleur de terre, les murs gluants d'une humidité verdâtre, les routes empoissées de boue, une boue spéciale au pays du charbon, noire comme de la suie délayée, épaisse et collante à y laisser ses sabots. Tout de suite, elle dut gifler Lénore, parce que la petite s'amusait à ramasser la crotte sur ses galoches, ainsi que sur le bout d'une pelle. En quittant le coron, elle avait longé le terri et suivi le chemin du canal, coupant, pour raccourcir, par les rues défoncées, au milieu de terrains vagues, fermés de palissades moussues. Des hangars se succédaient, de longs bâtiments d'usine, de hautes cheminées crachant de la suie, salissant cette campagne ravagée de faubourg industriel. Derrière un bouquet de peupliers, la vieille fosse Réquillart montrait l'écroulement de son beffroi, dont les grosses charpentes restaient seules debout. Et, tournant à droite, la Maheude se trouva sur la grande route.
    — Attends! attends! sale cochon! cria-t-elle, je vas te faire rouler des boulettes!
    Maintenant, c'était Henri qui avait pris une poignée de boue et qui la pétrissait. Les deux enfants, giflés sans préférence, rentrèrent dans l'ordre, en louchant pour voir les patards qu'ils faisaient au milieu des tas. Ils pataugeaient, déjà éreintés de leurs efforts pour décoller leurs semelles, à chaque enjambée.
    Du côté de Marchiennes, la route déroulait ses deux lieues de pavé, qui filaient droit comme un ruban trempé de cambouis, entre les terres rougeâtres. Mais, de l'autre côté, elle descendait en lacet au travers de Montsou, bâti sur la pente d'une large ondulation de la plaine. Ces routes du Nord, tirées au cordeau entre des villes manufacturières, allant avec des courbes douces, des montées lentes, se bâtissent peu à peu, tendent à ne faire d'un département qu'une cité travailleuse. Les petites maisons de briques, peinturlurées pour égayer le climat, les unes jaunes, les autres bleues, d'autres noires, celles-ci sans doute afin d'arriver tout tout de suite au noir final, dévalaient à droite et à gauche, en serpentant, jusqu'au bas de la pente. Quelques grands pavillons à deux étages, des habitations de chefs d'usine, trouaient, la ligne pressée des étroites façades. Une église, également en briques, ressemblait à un nouveau modèle de haut fourneau, avec son clocher carré, sali déjà par les poussières volantes du charbon. Et, parmi les sucreries, les corderies, les minoteries, ce qui dominait, c'étaient les bals, les estaminets, les débits de bière, si nombreux, que, sur mille maisons, il y avait plus de cinq cents cabarets.
    Comme elle approchait des Chantiers de la Compagnie, une vaste série de magasins et d'ateliers, la Maheude se décida à prendre Henri et Lénore par la main, l'un à droite, l'autre à gauche. Au delà, se trouvait l'hôtel du directeur, M. Hennebeau, une sorte de vaste chalet séparé de la route par une grille, suivi d'un jardin où végétaient des arbres maigres.
[...]
    Elle avait pris à gauche le chemin de Joiselle. La Régie, était, là, dans l'angle de la roule, un véritable palais de briques, où les gros messieurs de Paris, et des princes, et, des généraux, et des personnages du gouvernement, venaient chaque automne donner de grands dîners. Elle, tout en marchant, dépensait déjà les cent sous: d'abord
du pain, puis du café; ensuite, un quart de beurre, un boisseau de pommes de terre, pour la soupe du matin et la ratatouille du soir; enfin, peut-être un peu de fromage de cochon, car le père avait besoin de viande.
    Le curé de Montsou, l'abbé Joire, passait en retroussant sa soutane, avec des délicatesses de gros chat bien nourri, qui craint de mouiller sa robe. Il était doux, il affectait de ne s'occuper de rien, pour ne fâcher ni les ouvriers ni les patrons.
    — Bonjour, Monsieur le curé.
    Il ne s'arrêta pas, sourit aux enfants, et la laissa plantée au milieu de la roule. Elle n'avait point de religion, mais elle s'était imaginé brusquement que ce prêtre allait lui donner quelque chose.
    Et la course recommença, dans la boue noire et collante. Il y avait encore deux kilomètres, les petits se faisaient tirer davantage, ne s'amusant, plus, consternés. A droite et à gauche du chemin, se déroulaient les mêmes terrains vagues clos de palissades moussues, les mêmes corps de fabriques, salis de fumée, hérissé de cheminées hautes. Puis, en pleins champs, les terres plates s'étalèrent immenses, pareilles à un océan de mottes brunes, sans la mâture d'un arbre, jusqu'à la ligne violâtre de la forêt de Vandame.
    — Porte-moi, maman.
    Elle les porta l'un après l'autre. Des flaques trouaient la chaussée, elle se retroussait, avec la peur d'arriver trop sale. Trois fois, elle faillit tomber, tant ce sacré pavé était gras. Et, comme ils débouchaient enfin devant le perron, deux chiens énormes se jetèrent, sur eux, en aboyant si fort, que les petits hurlaient de peur. Il avait fallu que le cocher prît un fouet.
    — Laissez vos sabots, entrez, répétait Honorine.
    Dans la salle à manger, la mère et les enfants se tinrent immobiles, étourdis par la brusque chaleur, très gênés des regards de ce vieux monsieur et de cette vieille dame, qui s'allongeaient dans leurs fauteuils.
    — Ma fille, dit cette dernière, remplis ton petit office.
    Les Grégoire chargeaient Cécile de leurs aumônes. Cela rentrait dans leur idée d'une belle éducation. Il fallait être charitable, ils disaient eux-mêmes que leur maison était la maison du bon Dieu. Du reste, ils se flattaient de faire la charité avec intelligence, travaillés de la continuelle crainte d'être trompés et d'encourager le vice. Ainsi, ils ne donnaient jamais d'argent, jamais! pas dix sous, pas deux sous, car c'était un fait connu, dès qu'un pauvre avait deux sous, il les buvait. Leurs aumônes étaient donc toujours en nature, surtout en vêtements chauds, distribués pendant l'hiver aux enfants indigents.
    — Oh! les pauvres mignons! s'écria Cécile, sont-ils pâlots d'être allés au froid!... Honorine, va donc chercher le paquet, dans l'armoire.
    Les bonnes, elles aussi, regardaient, ces misérables, avec l'apitoyement et la pointe d'inquiétude de filles qui n'étaient pas en peine de leur dîner. Pendant que la femme de chambre montait, la cuisinière s'oubliait, reposait, le reste de la brioche sur la table, pour demeurer là, les mains ballantes.
    — Justement, continuait Cécile, j'ai encore deux robes de laine et, des fichus... Vous allez voir, ils auront chaud, les pauvres mignons!
    La Maheude, alors, retrouva sa langue, bégayant :
    — Merci bien, mademoiselle,.. Vous êtes tous bien bons...
    Des larmes lui avaient, empli les yeux, elle se croyait, sûre des cent sous, elle se préoccupait seulement de la façon dont elle les demanderait, si on ne les lui offrait pas. La femme de chambre ne reparaissait plus, il y eut un moment de silence embarrassé. Dans les jupes de leur mère, les petits ouvraient de grands yeux et contemplaient, la brioche.

Emile Zola, Germinal
Deuxième partie, chapitre II, p.83

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Comment nos sens nous trompent - les cylindres

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Et pourtant ils tournent !

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