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L.L. Zamenhof - Hilelismo (1901) et Homaranismo (1906)

Publié le par antoiniste

De cette brochure publié en 1901 et qu'il intitula L'hillélisme comme solution à la question juive, Zamenhof hésita sur la manière de concrétiser son projet car, disait-il, cette pensée devait-elle s'adresser en premier lieu aux juifs, auxquels il pouvait convenir davantage.
Son idée était très simple: à partir de la Règle d'Or définie par Hillel ("Ce qui t'es odieux, ne l'inflige pas aux autres hommes. Voici toute la Torah, le reste n'est qu'une illustration de ce principe. Maintenant, va et apprends." (Chabbat 31a) ou encore "Aime toutes les créatures." (Avot 1,12)), Zamenhof voulait transcender les différences ethniques et nationales pour que chaque homme devienne un membre de la famille humaine à laquelle il avait donné un instrument d'unité ou du moins, de dialogue, l'espéranto, et auquel il voulait ajouter une nouvelle forme spirituelle dont un des éléments fondamentaux aurait été de faire ressortir la loi essentielle de toutes les religions.
Selon Cherpillod, Zamenhof voulait faire de l'hillélisme, un pont entre les juifs et de l'homanarisme, un pont entre tous les hommes; cette seule distinction aurait motivé le changement d'appellation.

Certaines notes écrites de Zamenhof publiées dans les Oeuvres complètes, prévoyaient la fondation de temples situés en Suisse et la création de cultes que le fondateur voulaient neutres. L'homanarisme prit des formes tout à fait différen­tes lorsque Zamenhof constata que l'introduction d'une autre religion pouvait être la cause de divisions au sein de la famille humaine. Ainsi, il se serait tourné vers la libre-pensée ou encore, plus exactement, vers une forme de "libre-croyance" (libercredo) à laquelle, il voulait donner un nom, des fêtes, une morale et un calendrier neutres.

L'homanarisme est un projet qui comprenait une langue commune (l'espéranto), une politique et une philoso­phie que Zamenhof lui-même qualifiait de religion; il utilisait ce terme dans son sens générique latin religare qui veut dire relier ou encore de relegere qui signifie recueillir, rassembler.L'opposition de certaines églises le fit reculer sur l'aspect du double culte mais il n'en restait pas moins très ferme quant à l'analyse qu'il faisait de cette hypocrisie involontaire de gens qui, lorsqu'ils pratiquaient une religion sous ses seuls rites (baptême, mariage, funérailles, etc.), précipitaient les générations suivantes à rejeter toutes religions et spiritualités ou pire encore, à revenir à ces prati­ques sans foi. L'homanarisme devenait donc, pour lui, ce lieu privilégié où chacun pou­vait bénéficier des sagesses et de toutes les formes de spiritualités existantes et qui res­pecteraient la Règle d'Hillel.

Van Kleef considère que les princi­paux fondements de l'homanarisme seraient les thèses socio-politiques du philosophe français Auguste Comte (1798-1857) et celle du prophète bah'aie Bahâ'u'llah (1817-1892) et surtout de son fils ainé, Abd-al-Bahâ (1844-1921) que Zamenhof admirait tout particulièrement.

Plusieurs biographes et historiens s'entendent pour affirmer que c'est sous l'influence de ces travaux et de l'éducation reçue que Lidia, fille cadette de la famille Zamenhof, adhéra à la religion Bahaïe.

source : http://www.er.uqam.ca/nobel/k33440/premierdocument.html


Preĝo sub la verda standardo
Al Vi, ho potenca senkorpa mistero,
fortego, la mondon reganta,
al Vi, granda fonto de l' amo kaj vero
kaj fonto de vivo konstanta,
al Vi, kiun ĉiuj malsame prezentas,
sed ĉiuj egale en koro Vin sentas,
al Vi, kiu kreas, al Vi, kiu reĝas,
hodiau ni preĝas.

Al Vi ni ne venas kun kredo nacia,
kun dogmoj de blinda fervoro:
silentas nun ĉiu disput' religia
kaj regas nun kredo de koro.
Kun ĝi, kiu estas ĉe ĉiuj egala,
kun ĝi, la plej vera, sen trudo batala,
ni staras nun, filoj de l' tuta homaro
ĉe Via altaro.

Homaron Vi kreis perfekte kaj bele,
sed ĝi sin dividis batale;
popolo popolon atakas kruele,
frat' fraton atakas ŝakale.
Ho, kiu ajn estas Vi, forto mistera,
aŭskultu la voĉon de l' preĝo sincera,
redonu la pacon al la infanaro
de l' granda homaro!

Ni ĵuris labori, ni ĵuris batali,
por reunuigi l' homaron.
Subtenu nin Forto, ne lasu nin fali,
sed lasu nin venki la baron;
donacu Vi benon al nia laboro,
donacu Vi forton al nia fervoro,
ke ĉiam ni kontraŭ atakoj sovaĝaj
nin tenu kuraĝaj.

La verdan standardon tre alte ni tenos;
ĝi signas la bonon kaj belon.
La Forto mistera de l' mondo nin benos,
kaj nian atingos ni celon.
Ni inter popoloj la murojn detruos,
kaj ili ekkrakos kaj ili ekbruos
kaj falos por ĉiam, kaj amo kaj vero
ekregos sur tero.

Kuniĝu la fratoj, plektiĝu la manoj,
antaŭen kun pacaj armiloj!
Kristanoj, hebreoj aŭ mahometanoj
ni ĉiuj de Di' estas filoj.
Ni ĉiam memoru pri bon' de l' homaro,
kaj malgraŭ malhelpoj, sen halto kaj staro
al frata la celo ni iru obstine
        antaŭen, senfine.

source : http://www.esperanto.mv.ru/Kolekto/Pregxo.html

Pour la Deklaracio pri homaranismo (1913), voir http://www.homaranismo.info/DeklaracioH.htm

 

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Oomoto, secte shinto japonaise

Publié le par antoiniste

Un beau jour de 1892 au Japon, Deguchi Nao (1836-1918), une femme habituellement paisible, se trouve soudainement saisie, tel un médium, par l'esprit du Kami* Konjin (Voir Konkokyo).

Sa famille la croyant dérangée mentalement, l'enferma dans une chambre. Deguchi parvint malgré cela à inscrire sur un mur avec un ongle les messages du Kami*. C'est ainsi que débuta la rédaction de l'Ofudesaki que Nao transcrivit en transe médiumnique jusqu'à la fin de ses jours, alors qu'elle était quasiment illettrée. Deguchi Onisaburo (1871-1948), né sous le nom d'Ueda kisaburo, fut adopté à l'âge adulte par la famille Deguchi. Lui aussi spirite, il réécrivit l'Ofudesaki dans un japonais littéraire intitulé Omoto Shinyu. Il transmettra aussi oralement le récit de ses expériences mystiques et les enseignements spirituels relatifs au monde des esprits. Les écrivains d'Omoto prendront note de ses enseignements et les publieront au travers d'une série de 81 volumes, le Reikai Monogatari (Histoire du monde spirituel). Ce sont là tous les écrits sacrés d'Omoto. Ces messages célestes enseignent qu'il est impératif de réformer le monde visible. Cette doctrine se heurta au gouvernement japonais d'avant-guerre. En 1921, les dirigeants d'Omoto furent arrêtés, pour être ensuite libérés à l'occasion de l'amnistie générale lorsque l'Empereur Showa accéda au pouvoir en 1926. En 1935, les dirigeants d'Omoto furent à nouveau emprisonnés, leurs lieux de cultes détruits, leurs biens saisis et leur organisation dissoute. Un certain nombre de ceux qui étaient adeptes ou sympathisants d'Omoto proclamèrent avoir reçu de nouvelles révélations du monde spirituel, et certains fondèrent de nouveaux mouvements, dont parmi les plus importants étaient : ANANAIKYO*, BYAKKO SHINKOKAI*, SAICHO NO IE* et SEKAI KYUSEIKYO*.

Grâce aux écrits d'Onisaburo, à sa spiritualité et à son habile sens de l'organisation, des gens de toutes les couches sociales rallièrent Omoto.

Actuellement, il y aurait plus de 180 000 membres d'Omoto, dont le quartier général est situé à Kameoka près de Kyoto. La succession a été assurée jusqu'à nos jours par des femmes de la lignée de Deguchi.

source : http://www.info-sectes.org/gemppi/japon.htm


Le mouvement Ōmoto (大本教, Ōmoto-kyō) a été fondé au Japon en 1892 par Nao Deguchi, sur le culte du dieu Konjin (il tend cependant vers une reconnaissance des kamis). Le leader le plus charismatique en fut le gendre de Nao, l'excentrique Deguchi Onisaburo. Depuis 2001, le mouvement est dirigé par Kurenai Deguchi (le 5e leader de son histoire).

De 1925 jusqu'en 1933, le mouvement envoya des missionnaires en Europe pour recruter des adeptes en disant que Deguchi Inisaburo serait le Messie qui unifierait le monde.

Le mouvement reconnaît d'autres dieux comme Ookunitokotachi, Ushitora et Hitsujisaru. Le mouvement considère aussi Ludwik Lejzer Zamenhof, le fondateur de l'esperanto comme un Dieu. Cependant tous ces dieux seraient les différentes aspects d'un seul (cf. le commentaire à ce billet).

Le sympathisant le plus connu de la secte est le fondateur de l'aïkido, Morihei Ueshiba.

Les deux principaux complexes religieux du mouvement sont le Baisho-en à Ayabe et le Ten'on-kyo à Kameoka.

source : wikipedia

Q-Quelle est la base de la doctrine Oomoto ?
R-Dieu est l'esprit qui imprègne l'univers tout entier, et l'homme est au centre du fonctionnement du ciel et de la terre. Quand Dieu et l'homme deviennent UN, une puissance infinie deviendra manifeste.
Q-Quelle est l'essence des croyances Oomoto ?
R-Dieu, avec l'aide de l'homme, s'emploie à purifier et à reconstruire le monde. Lorsque cette tâche est accomplie, Dieu, l'homme, et tous de la nature existent en paix sur terre et dans le monde spirituel.

source : http://www.oomoto.or.jp/English/enDokt/dokt-en.html

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Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique - Iambulus

Publié le par antoiniste

[2,55] Nous allons maintenant donner quelques détails sur les merveilles d'une île découverte dans l'Océan méridional, en commençant par l'origine de cette découverte. Iambulus était, dès son enfance, curieux de s'instruire; à la mort de son père, qui était marchand, il se livra au commerce. Passant par l'Arabie pour se rendre dans la contrée d'où viennent les aromates, il fut, avec ses compagnons de voyage, saisi par des brigands. Il fut d'abord employé à garder les troupeaux avec un de ses compagnons. Ils tombèrent ensuite tous deux entre les mains de quelques brigands éthiopiens, qui les emmenèrent dans la partie maritime de l'Ethiopie. Ainsi enlevés, ils furent, comme étrangers, destinés à la pratique d'une cérémonie expiatoire pour purifier le pays. Cette cérémonie, dont l'usage est établi parmi ces Éthiopiens depuis un temps immémorial et sanctionné par des oracles, s'accomplit toutes les vingt générations ou tous les six cents ans, en comptant trente ans par génération. A cet effet, on emploie deux hommes pour lesquels on équipe un navire de dimensions proportionnées, capable de résister aux tempêtes et d'être aisément conduit par deux rameurs. Ils l'approvisionnent de vivres pour six mois, y font entrer les deux hommes désignés, et leur ordonnent, conformément à l'oracle, de se diriger vers le midi. En même temps, ces deux hommes reçoivent l'assurance qu'ils arriveront dans une île fortunée, habitée par une race d'hommes doux, parmi lesquels ils passeront une vie heureuse. On déclare aussi aux voyageurs que s'ils arrivent sains et saufs dans cette île, l'Ethiopie jouira, penclant six cents ans, d'une paix et d'un bonheur continuels; mais que si, effrayés de l'immensité de l'Océan , ils ramenaient leur navire en arrière, ils s'exposeraient, comme des impies et comme des hommes funestes à l'État, aux plus terribles châtiments. Les Éthiopiens célébrèrent donc cette fête solennelle sur les bords de la mer, et après avoir brûlé des sacrifices pompeux, ils couronnèrent de fleurs les deux hommes chargés du salut de la nation, et les embarquèrent. Après avoir navigué pendant quatre mois, et lutté contre les tempêtes, ils abordèrent dans l'île désignée, qui est de figure ronde et qui a jusqu'à cinq mille stades de circonférence.

[2,56] En s'approchant de cette île, ils virent quelques naturels venir à leur rencontre pour tirer leur barque à terre. Tous les insulaires accoururent et admirèrent l'entreprise des deux étrangers, qui furent bien accueillis et pourvus de toutes les choses nécessaires. Ces insulaires diffèrent beaucoup des habitants de nos contrées par les particularités de leurs corps et leurs moeurs. Ils ont tous à peu près la même conformation, et leur taille est au delà de quatre coudées. Leurs os peuvent se courber et se redresser, comme des cordes élastiques. Leurs corps paraissent extrêmement faibles, mais ils sont beaucoup plus vigoureux que les nôtres ; car lorsqu'ils saisissent quelque chose dans leurs mains, personne ne peut le leur arracher. Ils n'ont de poils que sur la tête, aux sourcils, aux paupières et à la barbe; tout le reste du corps est si lisse qu'on n'y aperçoit pas le moindre duvet. Leur physionomie est belle, et toutes les parties du corps sont bien proportionnées. Leurs narines sont beaucoup plus ouvertes que les nôtres, et on y voit pendre une excroissance semblable à une languette Leur langue a aussi quelque chose de particulier, en partie naturelle, en partie artificielle : elle est fendue dans sa longueur de manière à paraître double jusqu'à la racine. Cette disposition leur donne la faculté de produire une grande variété de sons, d'imiter non seulement tous les dialectes, mais encore les chants de divers oiseaux, en un mot, tous les sons imaginables. Ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est que le même homme peut causer avec deux personnes à la fois, leur répondre et soutenir la conversation, en se servant d'une moitié de la langue pour parler au premier, et de l'autre moitié pour parler au second. Le climat y est très tempéré, parce que l'île est située sous la ligne équinoxiale ; les habitants ne souffrent ni de trop de chaleur ni de trop de froid. Il y règne un automne perpétuel, et comme dit le poète : "La poire mûrit près de la poire, la pomme près de la pomme, la grappe succède à la grappe, la figue à la figue". Les jours sont constamment égaux aux nuits, et à midi les objets ne jettent point l'ombre, parce que le soleil se trouve alors perpendiculairement sur la tête.

[2,57] Les habitants sont distribués en familles ou en tribus, dont chacune ne se compose que de quatre cents personnes au plus. Ils vivent dans des prairies, où ils trouvent tout ce qui est nécessaire à l'entretien de la vie, car la bonté du sol et la température du climat produisent, plus de fruits qu'il ne leur en faut. Il croît surtout dans cette île une multitude de roseaux portant un fruit semblable à l'orobe blanche. Les habitants le recueillent et le laissent macérer dans l'eau chaude jusqu'à ce qu'il acquière la grosseur d'un oeuf de pigeon ; après l'avoir moulu et pétri avec leurs mains, ils en cuisent des pains d'une saveur très douce. On y trouve aussi beaucoup de sources dont les unes, chaudes, sont employées pour les bains de délassement; les autres, froides, agréables à boire, sont propres à entretenir la santé. Les insulaires s'appliquent à toutes les sciences, et particulièrement à l'astrologie ; leur alphabet se compose de sept caractères, mais dont la valeur équivaut à vingt-huit lettres, chaque caractère primitif étant modifié de quatre manières différentes. Les habitants vivent très longtemps ; ils parviennent ordinairement jusqu'à l'âge de cent cinquante ans et sans avoir éprouvé de maladies. Une loi sévère condamne à mourir tous ceux qui sont contrefaits ou estropiés. Leur écriture consiste à tracer les signes, non pas comme nous transversalement, mais perpendiculairement de haut en bas. Lorsque les habitants sont arrivés à l'âge indiqué, ils se donnent volontairement la mort par un procédé particulier. Il croît dans ce pays une plante fort singulière : lorsqu'on s'y couche, on tombe dans un sommeil profond, et l'on meurt.

[2,58] Le mariage n'est point en usage parmi eux; les femmes et les enfants sont entretenus et élevés à frais communs et avec une égale affection. Les enfants encore à la mamelle sont souvent changés de nourrices, afin que les mères ne reconnaissent pas ceux qui leur appartiennent. Comme il ne peut y avoir ni jalousie ni ambition, les habitants vivent entre eux dans la plus parfaite harmonie. Leur île renferme une espèce d'animaux de petite taille, dont le corps et le sang présentent des propriétés fort singulières. Ces animaux sont de forme arrondie, parfaitement semblables aux tortues; leur dos est marqué de deux raies jaunes, disposées en forme de X : aux extrémités de chaque raie se trouve un œil et une bouche, de manière que l'individu a quatre yeux pour voir, et autant de bouches pour introduire les aliments dans un seul gosier qui les porte tous dans un estomac unique. Les intestins, ainsi que les autres viscères, sont également simples. Les pieds, disposés circulairement, donnent à cet animal la faculté de marcher là où l'instinct le conduit; son sang a une propriété fort extraordinaire : il agglutine sur-le-champ un membre coupé en deux, tel que la main ou toute autre partie du corps, pourvu que la coupure soit récente, et qu'elle n'intéresse pas des organes essentiels à la vie. Chaque tribu d'insulaires nourrit une espèce particulière de très grands oiseaux qui servent à découvrir les dispositions naturelles de leurs enfants. A cet effet ils mettent les enfants sur le dos de ces oiseaux, qui les enlèvent aussitôt dans les airs ; les enfants qui supportent cette manière de voyager sont conservés, et on les élève, tandis que ceux auxquels ce voyage aérien donne le mal de mer et qui se laissent choir de frayeur, sont abandonnés comme n'étant pas destinés à vivre longtemps et comme dépourvus des bonnes qualités de l'âme. Le plus âgé est le chef de chaque tribu ; il a l'autorité d'un roi auquel tous les autres obéissent; lorsqu'il atteint cent cinquante ans, il renonce, suivant la loi, volontairement à la vie, et le plus ancien le remplace immédiatement dans sa dignité. La mer qui environne cette île est orageuse, et a des flux et des reflux considérables ; mais ses eaux sont douces. Les constellations des deux Ourses, ainsi que beaucoup d'autres astres que l'on ne voit que chez nous, y sont invisibles. On compte sept îles de ce genre, toutes de même grandeur et séparées par des intervalles égaux, et qui sont toutes régies par les mêmes moeurs et les mêmes lois.

[2,59] Quoique le sol fournisse à tous les habitants des vivres en abondance et sans exiger aucun travail, ils n'en usent point d'une manière désordonnée ; ils ne prennent que ce qui est nécessaire, et vivent dans une grande frugalité. Ils mangent de la viande et d'autres aliments, rôtis ou cuits dans l'eau ; mais ils ne connaissent point les sauces recherchées ni les épices de nos cuisiniers. Ils vénèrent comme des divinités la voûte de l'univers, le soleil, et en général tous les corps célestes. La pêche leur procure toutes sortes de poissons, et la chasse un grand nombre d'oiseaux. Parmi les arbres fruitiers sauvages, on remarque l'olivier et la vigne, qui fournissent de l'huile et du vin en abondance. On y trouve aussi des serpents énormes qui ne font aucun mal à l'homme; leur chair est bonne à manger et d'un excellent goût. Les vêtements de ces insulaires sont fabriqués avec certains joncs qui renferment au milieu un duvet brillant et doux; on recueille ce duvet, et en le mêlant avec des coquillages marins pilés, on en retire des toiles de pourpre admirables. Les animaux qu'on trouve dans ces îles ont tous des formes extraordinaires et incroyables. La manière de vivre des habitants est soumise à des règles fixes, et on ne se sert pas tous les jours des mêmes aliments. Il y a des jours déterminés d'avance pour manger du poisson, de la volaille ou de la chair d'animaux terrestres; enfin, il y a des jours où l'on ne mange que des olives ou d'autres aliments très simples. Les emplois sont partagés les uns vont à la chasse, les autres se livrent à quelques métiers mécaniques; d'autres s'occupent d'autres travaux utiles ; enfin, à l'exception des vieillards, ils exercent tous, alternativement et pendant un certain temps, les fonctions publiques. Dans les fêtes et les grandes solennités, ils récitent et chantent des hymnes et des louanges en l'honneur des dieux, et particulièrement en honneur du soleil auquel ils ont consacré leurs îles et leurs personnes. Ils enterrent leurs morts dans le sable au moment de la marée basse, afin que la mer, pendant le reflux, leur élève en quelque sorte leur tombeau. Ils prétendent que les roseaux, dont ils tirent en partie leur nourriture et qui sont de l'épaisseur d'une couronne, se remplissent à l'époque de la pleine lune, et diminuent pendant son déclin. L'eau douce et salutaire des sources chaudes, qui existent dans ces îles, conserve constamment le même degré de chaleur ; elle ne se refroidit même pas lorsqu'on la mélange avec de l'eau ou du vin froids.

[2,60] Après un séjour de sept ans dans ces îles, Iambulus et son compagnon de voyage en furent expulsés comme des hommes méchants et de mauvaises habitudes. Ils furent donc forcés d'équiper de nouveau leur barque, et de l'approvisionner pour le retour. Au bout de plus de quatre mois de navigation, ils échouèrent, du côté de l'Inde, sur des sables et des bas-fonds. L'un périt dans ce naufrage; l'autre, Iambulus, se traîna jusqu'à un village; les habitants le conduisirent devant le roi, résidant dans la ville de Palibothra, éloignée de la mer de plusieurs journées. Ce roi, aimant les Grecs et l'instruction, lui fit un très bon accueil, et finit par lui donner une escorte chargée de le conduire jusqu'en Perse. De là Iambulus gagna la Grèce sans accident. Tel est le récit que lambulus a consigné lui-même dans son histoire, où il donne sur l'Inde des renseignements ailleurs inconnus. Ayant ainsi rempli la promesse que nous avions donnée au commencement, nous terminons ici le second livre.

Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique (Diodori Bibliotheca historica), livre II, Chapitre 55 - Iambulus

source : http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/diodore_02/lecture/56.htm

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Dicton ''Faire contre mauvaise fortune, bon coeur''

Publié le par antoiniste

Louis Antoine aime à rappeler des dictons populaires dans son Enseignement. Ceux-ci sont souvent pleins de bon-sens, mais on tend à les oublier.

    En voici encore un qui aurait pu plaire au Père : Faire contre mauvaise fortune, bon coeur.
Ses différentes significations sont :
   1. Ne pas se laisser décourager par les difficultés.
   2. Savoir se contenter de ce qu'on a, ne pas trop en vouloir.
   3. Accepter un compromis.

Il serait une variante moderne de l'expression d'origine latine : "Faire contre mauvaise Fortune bon coeur est un soutien." Cette dernière est extraite de la comédie Les Prisonniers de Plaute (IIème s. av. J.-C.).

Le style de cette locution proverbiale (complément direct rejeté au bout, pas d'article) est archaïque.
La fortune a l'ancienne signification de la chance, de la réussite, la mauvaise fortune étant les difficultés, les revers.
Si, dans les expressions, le coeur désigne souvent le courage, ici il est plus employé à la place de l'esprit, la mémoire (comme dans 'par coeur') ou la raison. C'est même cette dernière signification qui est la plus présente dans les différents emplois où pour lutter contre la mauvaise fortune, il est important d'être raisonnable.

On trouve des équivalents en :
    * allemand : Gute Miene zum bösen Spiel machen (Faire bonne mine à mauvais jeu)
    * anglais : To take up arms against a sea of sorrows (Prendre les armes contre un océan de chagrins) ou To make the best of a bad hand (Faire/tirer le meilleur d'une mauvaise main)
    * espagnol : Poner a mal tiempo buena cara (Mettre au mauvais temps un bon visage) ou Al mal tiempo, buena cara (Au mauvais temps, il faut faire face avec une bonne mine)
    * italien : Fare buon viso a cattivo gioco (Faire bon visage à méchant jeu)
    * polonais : Robić dobrą minę do złej gry (Faire bonne mine à mauvais jeu)

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H. Darin-Drabkin, Le Kibboutz, société différente

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Le communisme primitif n'est pas très loin derrière nous, et pourtant, des Esséniens aux fourriéristes, on n'a jamais pu le faire revivre longtemps. Le kibboutz a-t-il plus de chance de réussir ?
    Il y vit au peu moins de cent mille personnes, mais leur rayonnement est infiniment supérieur à leur importance démographique. Les kibboutzim sont la réserve morale d'Israël. Le genre de vie qu'ils pratiquent est presque unique au monde. Propriété collective, égalité absolue, gestion démocratique, self-employment, etc : tous ces principes, qu'on prétend utopiques, sont appliqués ici dans la réalité quotidienne, et il semble bien que cette vie, malgré le renoncement qu'elle suppose, soit d'une qualité supérieure à celle de la société ordinaire. Enfants, femmes et vieillards y trouvent en particulier de grands avantages.
    Contrairement à une opinion répandue, les kibboutzim ne sont pas sur le déclin. Mais il est difficile de développer des communautés dans un milieu où le capitalisme et la consommation modèlent de plus en plus l'échelle des valeurs. Les kibboutzim ont aidé à sauver la nation, mais ont-ils changé l'homme ? Certes la réalité israélienne s'est beaucoup éloignée de l'idéal kibboutzique, mais la supériorité intellectuelle et morale des kibboutzim, leur dynamisme sont tels que l'auteur garde confiance dans leur avenir et y voit l'une des rares chances de renouveler le socialisme par l'exercice de la démocratie directe.

H. Darin-Drabkin, Le Kibboutz, société différente
Ed. du Seuil, Collections Esprit "La Société Prochaine", 1970

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H. Darin-Drabkin, Le Kibboutz, société différente, Les Principes de base

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    Le kibboutz est une société librement constituée dans laquelle on partage la propriété, la production, le travail, ainsi que la consommation et les services. En d'autres termes, la communauté du kibboutz doit satisfaire les besoins de ses membres. "De chacun selon sa capacité à chacun selon ses besoins", suivant les moyens de la communauté. Ce principe sous-tend la forme socio-économique originale que l'on appelle le kibboutz, qui est fondamentalement différent de toute entreprise coopérative, en Israël et dans le monde.
    Le caractère unique du kibboutz tient surtout à con collectivisme absolu : aucune propriété privée, aucune activité économique privée ne son autorisées. Sont communes aussi bien les activités culturelles, sociales et éducatives que les différents aspects de la vie économique.
    Cependant, ce collectivisme total n'est pas le fruit d'une démarche dogmatique rigide ; cette forme d'organisation ne découle pas d'affirmations théoriques ni même d'expériences de laboratoire. Elle est née et s'est développée au fur et à mesure des besoins concrets et des exigences de la colonisation juive en Israël ; le cadre de l'organisation s'est élaboré par la pratique, empiriquement, à travers une recherche continue et les leçons tirées des erreurs successives. La structure actuelle du kibboutz est issue de son propre développement dynamique, à la suit d'expériences et de discussions incessantes.

H. Darin-Drabkin, Le Kibboutz, société différente,
II La structure de la société kibboutzique, III Les principes de base, introduction
Ed. du Seuil, Collections Esprit "La Société Prochaine", 1970, p.77

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E.M. Cioran - Ebauches de vertige - p.21

Publié le par antoiniste

La mort est un état de perfection, le seul à la portée d'un mortel.

E.M. Cioran, Ebauches de vertige
Folio - 2E, p.21

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Michèle Fabien - Charlotte (p.53)

Publié le par antoiniste

CHARLOTTE 1
  Ecrivons.

CHARLOTTE 2
  Laeken, 1868, il ne répond pas.
  Napoléon III, je vous hais.

CHARLOTTE 1
  Non. Trop facile. Il faut réfléchir, questionner, s'interroger, se méfier de la haine.
  Si on dit le contraire : Napoléon III, je vous aime, on comprend mieux. on comprend tout. Votre silence m'oblige à me voir autrement. Vous voulez me tester, me connaître ? C'est une épreuve, n'est-ce pas ? Un rite d'initiation.

CHARLOTTE 2
  L'Histoire nous abandonne...

CHARLOTTE 1
  Laissons-là nous aussi.

CHARLOTTE 2
  Et entrons dans le Mythe.

CHARLOTTE 1
  L'Histoire est trop petite, aveuglée par l'argent, par les hommes et par le profit, elle ne peut pas comprendre, le Mythe sait, et toujours il a su. Et puis, le Mythe n'a pas l'appât du gain.

Michèle Fabien, Charlotte
Editions Labor - Espace Nord, p.53

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Jacques Sternberg - L'employé

Publié le par antoiniste

Ce roman fait exploser la réalité quotidienne.
En mêlant ce qui existe péniblement au jour le jour et ce qui est impossible, il met à mal tous les principes. En allongeant, puis en rétrécissant le temps, en élargissant puis en compressant l'espace, il provoque un vertige qui trouble même les chiffres et les mots : en perturbant les repères et les normes, il impose une (in) certitude nouvelle et provisoire : "je change donc je suis". Mais qui est-il donc, cet employé ? Il n'arrête pas de se le demander, pendant l'énorme minute qui sépare dix heures cinq de six heures six.

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Les Rastafariens et le mouvement rastafari

Publié le par antoiniste

Le mouvement rastafari est un mouvement religieux dont le nom provient de l'amharique Ras Tafari de ras, tête (mais ici « leader, seigneur »), et Tafari, « Celui qui sera Craint ». Tafari est le prénom de naissance donné à Hailé Sélassié Ier, (de Haile, « puissance » et Selassie, « trinité », en amharique) empereur d'Éthiopie de 1930 à 1974. Il est ainsi considéré comme un personnage sacré du fait de son ascendance qui remonterait aux rois bibliques Salomon et David selon la tradition éthiopienne, mais également par la signification de son nom de naissance, comme de celui choisi par les prêtres de l'église orthodoxe éthiopienne pour son sacrement. Le choix et la signification des noms ont en effet une importance primordiale dans la culture africaine.

Le mouvement rastafari est assimilé par certains à une religion, par d'autres à une philosophie, voire à une idéologie ou un syncrétisme pour ses emprunts à la Bible. Les rastas, eux, le conçoivent comme un mode de vie, une façon de concevoir le monde et tout ce qui le constitue depuis sa création. Les croyants de ce mouvement sont des rastafariens, souvent appelés par le diminutif « rastas ».

Les positions des individus se réclamant rastas vont du racisme le plus primaire issu de la lutte contre l'esclavage et le colonialisme, ou d'un ethnocentrisme noiriste militant, garveyiste à outrance, parfois teinté de racisme, jusqu'à une philosophie universaliste profonde, où la recherche de sa propre identité, de son acceptation, de la tolérance et de la nature humaine rejoint les philosophies et ascèses orientales.

Les rastas vont ainsi inventer un grand nombre de mots qui reflètent leur façon de voir le monde, par exemple : Inity au lieu de Unity, le pronom « you » marquant l'exclusion. Mais aussi « I » comme « high », élevé, subtil.

source : wikipedia

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