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Fourier et le socialisme

Publié le par antoiniste

    Croire que Dieu est bon, croire que l'homme est bon, croire que la forme sociale est vicieuse, croire qu'il faut corriger la société et non pas la nature de l'homme.

Auguste Pinloche, Fourier et le socialisme (1933), p.30
source : gallica

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Auguste Villiers de l'Isle-Adam - Dieu, comme toute pensée, n'est dans l'Homme que selon l'individu

Publié le par antoiniste

    Mais, en celui qui la réfléchit, l'Idée-vive de Dieu n'apparaît qu'au degré seul où la foi du voyant peut l'évoquer. Dieu, comme toute pensée, n'est dans l'Homme que selon l'individu. Nul ne sait où commence l'Illusion, ni en quoi consiste la Réalité. Or, Dieu étant la plus sublime conception possible et toute conception n'ayant sa réalité que selon le vouloir et les yeux intellectuels particuliers à chaque vivant, il s'ensuit qu'écarter de ses pensées l'idée d'un Dieu ne signifie pas autre chose que se décapiter gratuitement l'esprit.

Auguste Villiers de l'Isle-Adam, L'Eve future (1886)
Livre I, Chapitre IX
source : http://www.gutenberg.org/files/26681/26681-h/26681-h.htm

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André Thérive, Sans âme (critique par René Jolivet)

Publié le par antoiniste

André Thérive, Sans âme (critique par René Jolivet)

Les lettres Françaises et Etrangères

par René JOLIVET

André THERIVE : Sans Ame

    Parmi les diverses formules du roman naturaliste qui, entre Emile Zola, et les Goncourt, peuvent trouver une place assez large, il semble qu'André Thérive en ait choisie une particulière dans laquelle, en quelques années, il s'est développé, fortifié, nourri et où il a pris ses grades jusqu'il la maîtrise totale de son talent. Cette place, pourtant, n'était pas facilement définissable avant la publication du dernier romande l'auteur des Souffrances perdues, Sans Ame, qui est en quelque sorte l'expression totale d'une pensée remarquablement pénétrante et éminemment créatrice.
    Bien qu'à aucun moment, depuis L'Expatrié, la première en date de ses oeuvres de romancier, André Thérive ne se soit cherché, n'ait avancé à tâtons, on subit en lisant la puissante et sobre évocation de la vie sentimentale des humbles héros de Sans Ame, une impression neuve. Sa personnalité que l'on voudrait définitive tant elle satisfait parce qu'elle offre d'original, s'est dégagée des influences qui la rendaient moins précise, en particulier de celle d'Huysmans dont la sensibilité assez voisine de celle d'André Thérive, se retrouve seulement dans la manière d'éclairer d'un jour triste et inquiétant les passions assez simples, en somme qui animent les personnages. Peut être sont-ce simplement ces décors de faubourgs sous la pluie, ces bars déserts, mal éclairés, emplis seulement de la voix crachotante d'un phonographe ; peut-être sont-ce ces hôtels lépreux où l'auteur cache les amours de ses héros ou ces misérables bâtisses dans lesquelles il réunit les adeptes de la religion Antoiniste, qui rappellent les émouvantes descriptions dès sinistres paysages de banlieue où le génie d'Huysmans savait éclore, quoiqu'il en soit, malgré cette similitude d'atmosphère, André Thérive n'en est pas moins un écrivain personnel. Son effort de romancier l'a porté comme, Pierre Benoit — le plus célèbre de sa génération — vers la recherche d'affabulations particulièrement nouvelles, ou comme Roland Dorgelés vers le drame d'action. Il se plaît à mettre en conflit dans un être des sentiments normaux, naturels et à observer, pour nous les transmettre les réactions qu'il note, non en psychologue froid, insensible, mais un peu aussi en poète qui sait s'attendrir et qui veut faire passer dans l'âme de ses lecteurs toute sa compassion et sa pitié envers les victimes de la vie.
    Ainsi, lorsque Julien Lepers, dit Verhaege, préparateur du Laboratoire de Physiologie des religions, dans une curieuse annexe du Collège de France, le héros de Sans Ame qui hésité entre deux femmes dont l'une, ouvrière d'usine est sa maîtresse, et l'autre une petite danseuse, malade, chétive, vient surprendre cette dernière dans les coulisses d'un grand Music-Hall, toute la sensibilité émue de l'auteur se concentre dans révocation de l'existence misérable des petits artistes qu'il décrit avec soin et qu'il devine à travers les multiples détails, touchants et si vrais, que son cruel regard d'observateur ne laisse pas échapper. Plus tard, la mort de cette pauvre Lydia dans une chambre d'hôtel, glacée, auprès du malheureux Lepers, fournit au romancier les pages les plus douloureusement fortes du livre. Il y a mis toute l'âpreté de son talent de réaliste, mais, en plus — et c'est en cela qu'il se rattache à la grande lignée des naturalistes — un lyrisme sourd, sans fausse éloquence, dont les vibrations atteignent directement le lecteur.
    Il serait curieux, tout en analysant les romans d'André Thérive d'examiner quelle importance a pris la forme chez un écrivain par excellence, critique et grammairien, successeur vraisemblablement d'Abel Hermant et dont les « Consultations grammaticales » des Nouvelles Littéraires sont lues chaque semaine par les « défenseurs et illustrateurs de la langue française » de notre époque. On arriverait sans doute à reprocher à l'auteur de tant d'ouvrages composés avec soin, une liberté d'expression trop grande dans le dialogue. Que les personnages s'expriment mal, comme ils l'eussent fait réellement dans la vie, qu'ils emploient un argot de bonne source, cela ne peut qu'ajouter de la vraisemblance au récit. Néanmoins, il est toujours convenable de choisir — puisqu'en somme l'art est dans le choix — et de ramener les propos réels, en leur conservant leur caractère propre, à une forme qui laisse à l'ensemble Une tenue toujours égale. André Thérive semble craindre au plus haut point la préciosité et cette crainte le pousse à l'excès contraire.
    Même en tenant compte de cette légère critique, il n'en reste pas moins que Sans Ame est une oeuvre de premier plan, poignante, riche de documents humains, une oeuvre de nuance et d'exaltation sincère. Elle est, parmi les plus puissantes que le lauréat du Grand-Prix Balzac nous a données, comme le Plus grand péché, les Souffrances perdues, le Voyage de M.Renan, celle qui, dans le cadre du roman moderne semble rattacher le mieux à celles des maîtres de la fin du XIXe siècle. Puisée dans ce fonds commun, la vie, elle en a toutes les qualités et tout le charme.

René JOLIVET.

Annales africaines. Revue hebdomadaire de l'Afrique du Nord
Alger, 15 décembre 1928
source : gallica

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Robert Vivier, Délivrez-nous du mal (critique de L'Astrosophie)

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Délivrez-nous du Mal

Robert VIVIER

(Editions Bernard Grasset, Paris — 18 francs)

    Ce livre est une biographie du Père Antoine le Guérisseur, fondateur du culte des Antoinistes, une branche du mouvement spirite. Tout honneur à l'auteur ! Il avait une tâche ingrate : décrire une vie à la fois simple et remarquable, en gardant le ton naturel et pourtant en faisant valoir des pouvoirs presque miraculeux qui se sont développés dans un pauvre ouvrier par les méthodes spirites. Il ne sied pas ici de discuter les méthodes Antoinistes, l'hypothèse spirite, ni la nature de la guérison spirituelle. Les faits parlent. Dans son traitement du Père Antoine, écrit comme un roman de grande envergure, M. Vivier nous a montré que la bonté simple et la beauté d'esprit suffisent à rendre un être digne de devenir un messager du Guérisseur de Nazareth. Plus de 300.000 Belges et Français suivent, de nos jours, l'enseignement simple et spirituel du Père Antoine.

L'Astrosophie.
Revue d'astrologie ésotérique et exotérique ["puis" mensuelle d'astrologie] et des sciences psychiques et occultes

1936/05 (VOL14,N5).
source : gallica

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Marcel Moreau, Monstre - Rupture de l'homme d'avec lui-même

Publié le par antoiniste

    C'est pour avoir séparé l'intelligence des instincts, et avoir permis à la première, seule, de se dévolopper jusqu'à l'invention des instruments de sa propre mort que s'est produite l'irréparable rupture : la rupture de l'homme d'avec lui-même.

Marcel Moreau, Monstre (p.85)
Luneau Ascot Editeurs, Paris, 1986

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Octave Mirbeau, Dans le ciel - A mort la famille

Publié le par antoiniste

    Tout être à peu près bien constitué naît avec des facultés dominantes, des forces individuelles, qui correspondent exactement à un besoin ou à un agrément de la vie. Au lieu de veiller à leur développement, dans un sens normal, la famille a bien vite fait de les déprimer et de les anéantir. Elle ne produit que des déclassés, des révoltés, des déséquilibrés, des malheureux, en les rejetant, avec un merveilleux instinct, hors de leur moi ; en leur imposant, de par son autorité légale, des goûts, des fonctions, des actions qui ne sont pas les leurs, et qui deviennent non plus une joie, ce qu’ils devraient être, mais un intolérable supplice. Combien rencontrez-vous dans la vie de gens adéquats à eux-mêmes ?

Octave Mirbeau, Dans le ciel (p.58)
source : www.scribd.com

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Simone Weil, La condition ouvrière

Publié le par antoiniste

    Jeudi 10. – (Éveillée à 3 h 1/2 du matin par une vive douleur à l'oreille, avec frissons, sentiment de fièvre ...)

    7 h-10 h 40 : continué – rythme rapide, malgré malaise. Effort, mais aussi après quelque temps sorte de bonheur machinal, plutôt avilissant – une pièce loupée (pas d'engueulade). Vers la fin, incident bureaucratique : 10 rondelles manquantes.

Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.41
source : classiques.uqac.ca

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Paris - Affaire Leclerc - Le Figaro - 22-07-1912 (Numéro 204)

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Nouvelles Diverses

          PARIS

FANATISME MEURTRIER

    M. Mélin, commissaire de police de la Sorbonne, a envoyé samedi au Dépôt Joseph Leclerc, âgé de quarante-deux ans, et Mathilde Brossard, de dix ans plus jeune, sous l’inculpation d’avoir, par manque de soins, causé la mort de leur fille Antoinette, âgée de quatre mois.
    Joseph Leclerc et Mathilde Brossard habitaient une sorte de hangar, 4, rue de la Parcheminerie. Elle fabriquait des sacs et lui allait les vendre. Ils gagnaient leur vie et trouvaient même le moyen de s’enivrer quelquefois et de se battre après boire. Cela ne diminuait en rien leur amitié.
    Ils avaient une fillette, Antoinette. Elle tomba malade. La mère songea à appeler un médecin. Mais Joseph Leclerc appartient à la secte des « Antoinistes » qui porte le nom de son fondateur, le père Antoine, mort récemment. Elle défend de s’opposer à la volonté de Dieu. « Si le Père veut, dit Leclerc, elle sera sauvée ; s’il veut la rappeler à Lui, que sa sainte volonté soit faite ! »
    La petite Antoinette mourut et le médecin de l’état-civil constata que son décès était dû au manque de soins. Comme Leclerc et Mathilde Brossard avaient déjà perdu un autre enfant dans les mêmes conditions, alors qu’ils habitaient rue Julien-le-Pauvre, on les a mis en état d’arrestation.

 

Le Figaro, 22 juillet 1912

source : gallica

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Paris - Affaire Leclerc - Le Figaro - 23-07-1912 (Numéro 205)

Publié le par antoiniste

A L'INSTRUCTION

    Il a désigné M. Kastler pour instruire l'affaire de l' « Antoiniste » Leclerc qui a laissé mourir sa fille faute de soins, « ne voulant pas aller contre la volonté du Très Haut, qui seul devait décider de sa mort ou de sa vie ».

Le Figaro, 23 juillet 1912

source : gallica

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Paris - Affaire Leclercq - Le Figaro - 28-07-1912 (Numéro 210)

Publié le par antoiniste

Nouvelles Diverses

         PARIS

L’« ANTONISTE » A L’INSTRUCTION

    Leclercq et sa compagne Mathilde Santel, qui ont laissé mourir leur fillette, âgée de quatre mois, ne voulant pas aller chercher un médecin, « parce qu’il ne faut pas s’opposer aux volontés de Dieu », ont été interrogés hier par M. Kastler, juge d’instruction, en présence de leurs avocats, Mes Begard et Pierre Turpaud.
    Leclercq a commencé par se plaindre d’un photographe qui l’avait « pris » l’improviste dans le couloir. Puis il a répondu aux questions du magistrat.
    Il n’a pas paru plus affecté de la mort de son enfant qu’il ne l’avait été lorsque le commissaire l’a arrêté. C’est un mystique. M. Kastler lui ayant fait observer que les croyances pouvaient lui permettre de consulter un médecin, il a répondu :
    – On croit au Père Antoine ou au médecin. Moi, je crois au Père Antoine. Je ne suis pas un schismatique, comme on pourrait se l’imaginer. Je suis allé à Rome pour me jeter aux pieds du Saint-Père. Si j’avais pu, je serais allé à Jérusalem. Je vais à l’église et c’est précisément au Sacré-Cœur que ma petite a pris froid. Mais si Dieu la réclamait, je ne devais pas essayer de la lui reprendre. A l’occasion, j’agirais encore de même.
    La femme Santel, au contraire regrette la mort de sa fille. Si elle avait pu, dit-elle, elle serait bien allée chercher un médecin. Elle l’a fait pour la maladie de son petit Georges. Mais cette fois, c’est Leclerc qui s’y est opposé.
    Elle déclare ne plus partager les croyances qui ont amené la catastrophe qui la désole.
    En sortant, elle s’est enveloppe la tête d’un fichu pour éviter les photographes.

Le Figaro, 28 juillet 1912

source : gallica

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