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imagination de la matiere

Rudolf Steiner - La pensée est un fait

Publié le par antoiniste

    Il y aura des gens pour objecter que la justesse ou la fausseté de nos pensées sont choses impossibles à certifier, et que, par conséquent, notre point de départ est suspect. C'est là faire preuve d'un aussi maigre bon sens que si l'on se demandait, pris de scrupules : Cet arbre est-il juste ou faux ? La pensée est un fait. Parler de la justesse ou de la fausseté d'un fait, c'est un non-sens. Tout ce qu'on peut faire, c'est douter que la pensée soit employée avec justesse, comme on peut douter qu'un arbre fournisse de bon bois pour la fabrication d'un outil vraiment pratique.

Rudolf Steiner, La Philosophie de la liberté, 1918 (p.57)
source : Gallica

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Raymond Devos - Le pied de vigne ou l'imagination de la matière

Publié le par antoiniste

La métempsycose, ce la existe !
Avant 'dêtre ce que nous sommes,
nous avons tous été quelqu'un d'autre
ou quelque chose d'autre,
dans une vie antérieure.
Il y a des témoins.
Je peux vous en citer trois.
Il y a d'abord mon voisin de palier, le fruitier !
Eh bien, dans une vie antiérieure,
il a été un figuier.
Puis sur le même palier, la fleuriste !
Elle a été "rosier" dans une autre existence.
Et le troisième témoin, c'est moi !
A la même époque, la tertiaire,
J'étais un pied de vigne.
Nous étions tous trois voisins d'espalier.
Nous menions une vie végétative.
A ma droite, le rosier !
A ma guache, le figuier !
Moi, entre eux, je me tenais comme ça...
sur un pied... (Il s'y met).
J'étais tout noueux, tout tordu,
tout maigrichon !
J'avais l'air d'un épouventail...
JJe faisais peur aux oiseaux...
Alors que le figuier, lui les atirait !
Je me disais : Qu'a-t-il de plus que moi ce figuier,
a part ses figues ?
(Il n'y a là aucune arrière pensée).
C'était un figuier... Il avait des figues...
Je dis "des figues".
C'eût été un chêne, j'aurais dit : "des glands".
Qu'est-ce qu'il avait de plus que moin
ce figuier, à part ses deux figues ?
Il n'en avait que deux !
J'aurais dit : "trois", on aurait dit : il esagère !
Non ! Ce qu'il avait de plus que moi, ce figuier,
c'était des feuilles... de belles feuilles vertes !
C'est alors que l'idée me vint de me faire une feuille
bien à moi, qui ne ressemblerait à aucune autre feuile.
Aussitôt, je me suis mis à penser "feuille"...
Ah, l'imagination de la matière !
Combien de rêves de feuille il m'a fallu faire
avant d'en voir une se cristalliser, se matérialiser,
prendre forme !
Ah, la belle feuille !
Je la baptisais aussitôt "feuille de vigne".
Je l'ai tout de suite placée au bon endroit, d'instinct !
Vous me direz : "Vous n'aviez rien à cacher ?"
Certes, Mais je n'avais rien à montrer non plus !
Alors que le rosier arborait à chacune
de ses boutonnières
une rose... odorante... d'un beau rouge vif !
C'est alors que l'idée me vint de me faire une fleur
bien à moi, qui ne ressemblerait à aucune autre.
Aussitôt, je me suis mis à penser "fleur".
Ah, l'imagination de la matière !
Combien de rêves de fleur il m'a fallu faire
avant d'en voir ue se cristalliser, se matérialiser,
prendre forme !
Ah... la vilaine fleur !
Mi-figue, mi-raison !... Bisexuée !
De nos jours, la bisexualité chez les lfeus,
personne n'y trouve à redire...
Mais à l'époque, être à la fois la fleur de la femelle
et la fleur du mâle (mal), c'était plutôt mal accueilli !
Elle était comme ça...
(Il reprend la même attitude que pour le pied de vigne).
Tout nouée, toute tordue, toute mauigrichonne...
Ah, ce n'était pas la fine fleur, mais...
c'était ma fleur...
- Je ne pouvais pas la renier ! -
Je l'ai glissé sous ma feuille...
Et c'est là que bien au chaud, à l'abri des regards,
ma fleur à fructifié...
Et par un beau matin ensoleillé, ma fleur s'est
métamorphosée en un beau grain de raison...
Un seul, oui !
Mais...
(Il en indique la grosseur).
Disons...
(Il ramène la grosseru de son raison à de plus justes proportions).
Vermeille était sa couleur,
ronde sa forme, juteuse sa substance !
Ah, l'imagination de la matière !
J'avais, à partir d'un désir cent fois caressé...
fait naître charnellement ce superbe grain de raison.
C'étai alors que je vis arriver pour la premier fois
une espèce de petit bonhomme barbu,
avec une hotte sur le dos.
Tout d'abord, j'ai cru qye c'était le père Noël.
Et puis nons, c'était saint Emilion...
Il a sorti un sécateur et clac ! (dans le vif du sujet).
On a beau être de bois...
... J'en ai eu le soufffle coupé...
J'avais perdu de ma superbe.
Savez-vous comment a fini mon beau grain de raison ?
Piétiné... écrasé sous les pieds d'un dénommé
Bacchus qui dansait la bourrée !
Et c'est ainsi que je suis devenu "vin".
Evidemment, vous allez me dire :
"Monsieur, est-ce que tout cette histoire
de pied de vigne dans une vie antérieure
ne serait pas plutôt le fruit de votre imagination,
un jour où vous étiez dans les vignes du Seigneur ?"
Peut-être !
Mais alors... comment expliquez-vous que dans ma famille,
depuis des générations et des générations,
on ne trouve que des vignerons...
et qu'ils ont tous un petit grain quelque part,
de la grosseru??? d'une figne ?
D'ailleurs, si vous voyez mon arbre généalogique...
il est comme ça...
tout noueux,
tout tordu,
tout maigrichon !
Mais au bout de chaque branche...
il y a...
une rose !

Raymond Devos, Matière à rire, L'intégrale
Olivier Orban, Paris, 1991 (p.11)

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One World, One Dream

Publié le par antoiniste

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Comment nos sens nous trompent - Les daltoniens aussi perçoivent le monde, mais pas le même que nous

Publié le par antoiniste

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Octave Mirbeau, Dans le ciel - La nature

Publié le par antoiniste

    Des visions?… mais tu es un enfant… tu as trouvé le caractère des choses de l’atelier, ni plus ni moins… Un chevalet comme une croix, comme un gibet!… Bravo!… c’est ça, c’est le caractère!… Tu as donné à cet objet, qui n’est rien, qui n’a pas une existence réelle, la forme des terreurs de ton esprit!… Demain, peut-être, tu verras autrement, tu le verras comme… une cathédrale… comme une grande fleur de soleil!… Il faut bien te mettre dans la tête une vérité… un paysage… une figure… un objet quelconque, n’existent pas en soi… Ils n’existent seulement qu’en toi… Tu t’imagines qu’il y a des arbres, des plaines, des fleuves, des mers… Erreur, mon bonhomme… il n’y a rien de tout cela, ultérieurement du moins… tout cela est en toi, et c’est bien plus dur, il me semble… Un paysage, c’est un état de ton esprit, comme la colère, comme l’amour, comme le désespoir… Et la preuve c’est que, si tu peins le même paysage, un jour de gaieté, et un jour de tristesse, il ne se ressemble pas du tout. La nature, la nature!… Parbleu! je crois bien la nature!… Elle est admirable, la nature… admirable en ceci — écoute-moi bien — qu’elle n’existe pas, qu’elle n’est qu’une combinaison idéale et multiforme de ton cerveau, une émotion intérieure de ton âme!… Un arbre… un arbre!… Eh bien, quoi, un arbre?… Qu’est-ce que ça prouve?… Les naturalistes me font rire… Ils ne savent pas ce que c’est que la nature… Ils croient qu’un arbre est un arbre, et le même arbre!… Quels idiots!… Un arbre petit, mais c’est trente-six mille choses… C’est une bête, quelquefois… c’est, c’est… est-ce que je sais, moi?… c’est tout ce que tu vois, tout ce que tu sens, tout ce que tu comprends!… Je te dis cela très mal — mais je te dis la vérité, tout de même!…

Octve Mirbeau, Dans le ciel (p.92)
source : scribd

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Comment nos sens nous trompent - Lettre de George Sand à Alfred de Musset

Publié le par antoiniste

Je suis trés émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde comme la plus étroite
en amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude oú j'ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j'ai l'âme
grosse. Accourrez donc vite et venez me la
faire oublier par l'amour où je veux me
mettre.

    George Sand

PS : vous connaissez le truc ? Lire une ligne sur deux !

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Simone Weil, La condition ouvrière - Ne plus penser

Publié le par antoiniste

    D'une manière générale, la tentation la plus difficile à repousser, dans une pareille vie, c'est celle de renoncer tout à fait à penser : on sent si bien que c'est l'unique moyen de ne plus souffrir !

Simone Weil, La condition ouvrière (1951), p.14
source : classiques.uqac.ca

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Xavier de Maistre - rien n'est plus conséquent

Publié le par antoiniste

    On va dans un pré, et là, comme Nicole faisait avec le Bourgeois Gentilhomme, on essaye de tirer carte lorsqu'il pare tierce; et, pour que la vengeance soit sûre et complète, on lui présente sa poitrine découverte, et on court risque de se faire tuer par son ennemi pour se venger de lui. — On voit que rien n'est plus conséquent, et toutefois on trouve des gens qui désapprouvent cette louable coutume ! Mais ce qui est aussi conséquent que tout le reste, c'est que ces mêmes personnes qui la désapprouvent et qui veulent qu'on la regarde comme une faute grave, traiteraient encore plus mal celui qui refuserait de la commettre. Plus d'un malheureux, pour se conformer à leur avis, a perdu sa réputation et son emploi; en sorte que lorsqu'on a le malheur d'avoir ce qu'on appelle une affaire, on ne ferait pas mal de tirer au sort pour savoir si on doit la finir suivant les lois ou suivant l'usage, et comme les lois et l'usage sont contradictoires, les juges pourraient aussi jouer leur sentence aux dés.

XAVIER DE MAISTRE - Voyage autour de ma chambre (Chap. III)

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Rudolf Steiner - la double nature de l'homme, par la pensée il s'embrasse lui-même ainsi que tout l'univers

Publié le par antoiniste

    Si le sujet pense, ce n'est pas pour la raison qu'il est un sujet ; au contraire c'est parce qu'il est capable de penser qu'il peut s'apparaître sous l'aspect d'un sujet. Par conséquent, l'activité que l'homme exerce en qualité d'être pensant n'est pas une activité seulement subjective ; elle n'est à vrai dire ni subjective ni objective ; elle plane au-dessus de ces deux concepts. Je n'ai aucunement le droit de dire que mon sujet individuel pense, mais bien plutôt qu'il existe grâce à la pensée. Celle-ci est, pour ainsi dire, un élément qui m'entraîne au-delà de mon moi et qui me relie aux objets. Et elle m'a séparé du même coup, en m'opposant à eux sous l'aspect de sujet.
    C'est là-dessus que se fonde la double nature de l'homme : par la pensée il s'embrasse lui-même ainsi que tout l'univers. Mais, en même temps, l'acte de penser le détermine lui-même en face de cet univers, dans son rôle d'individu.

Rudolf Steiner, La Philosophie de la liberté, 1918 (p.62)
source : Gallica

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René Magritte, La Tentative de l'Impossible,1928

Publié le par antoiniste

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