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Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)

Publié le par antoiniste

 Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)

Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)Encore une religion
qui apparaît
et qui fait des miracles
par l’intermédiaire d’une petite modiste

    Mlle Camus, dans le temporel, est modiste. Elle habite, 14, rue Milton, une humble chambrette au fond d'une cour obscure.
    Bourguignonne d'origine, voilà dix ans qu'elle quitta son village natal – Auxou, commune de Saint-Branchet, dans l'Avallonnais – pour venir s'établir à Paris. Elle compte aujourd'hui trente-huit printemps, et il y a seulement deux mois que révélation lui fut faite de ses miraculeux pouvoirs.
    Miraculeux, en effet, si l'on songe que sa présence seule apporte aux malades, fussent-ils incurables, un soulagement immédiat ; qu'au bout de trois, quatre ou cinq séances, au plus, tel, dont le rein était dévoyé, et « l'estomac descendu à dix centimètres au-dessous du nombril », s'en retourne guilleret, estomac et rein remis en place, prêt à entonner comme un chantre et dévorer comme un ogre, tel autre, grabataire depuis un mois, par suite d'un asthme aigu, reconquiert en quatre séances la bienheureuse franchise-respiratoire ; tel encore, aveugle à la suite d'une méningite depuis l’âge de deux ans, voit, à trente-cinq ans, s'épanouir progressivement ses prunelles à l'ineffable printemps de la divine clarté libératrice tel autre... mais il faudrait des colonnes pour dénombrer les stupéfiantes guérisons – plus de quarante en deux mois – accomplies par la petite modiste : des guérisons, des lettres, des témoignages sont là qui les attestent. Et les rescapés que nous interrogeâmes se répandirent en actions de grâces sur le désintéressement et les prestiges – d'aucuns vont jusqu'à dire la sainteté – de leur bienfaitrice.
    – Comment je procède ? Mon Dieu, rien n'est plus simple, nous explique au bon sourire l'assembleuse de fanfreluches. Un malade se présente-t-il ? Je lui demande de penser au Père. De mon côté, je Lui communique ma pensée. Je puise en Lui comme Il puise en Dieu. Puis je m'endors et je lis à livre ouvert dans les parties souffrantes du malade. Je souffre moi-même de sa douleur, je l'accapare, je l'extirpe petit à petit de lui pour la pulvériser, l'égrener, la disperser au dehors. Et quand la guérison approche, je la sens venir. Alors je me réveille. Je ne suis pour rien dans cette guérison. Je ne suis que l'humble servante et inspirée du Père.
    – Du Père Eternel ?
    Pas tout à lait, mais presque : du père Antoine, Antoine le Généreux, le régénérateur de l'humanité, le grand révélateur de la doctrine intégrale du Christ.
    Les lecteurs du Matin n'ont pas oublié, pour l'avoir vu retracer à maintes reprises, l'extraordinaire figure de cet humble artisan liégeois, ancien ouvrier mineur, puis compagnon forgeron, puis prophète et thaumaturge, qui, il y a dix ans, à Jemeppe-sur-Meuse, fonda le nouveau spiritualisme, autrement dit la vraie religion de Jésus, épurée, et telle Fils de l'Homme, prétendit posséder le pouvoir de galvaniser les malades sous la simple imposition de ses mains rédemptrices.
    En vain cent cinquante médecins belges, insurgés contre l'empiétant le trainèrent en justice ; ils ne purent établir l'indignité d'un homme qui ne prescrivait à ses patients ni remèdes, ni le moindre débours.
    L'antoinisme, depuis lors, a fait son chemin. Dans le temple érigé à Jemeppe – Jérusalem de la nouvelle doctrine – et qui coûta 100.000 francs à M. Deregnancourt, le bon Samaritain du jeune bien que septuagénaire Messie, c'est par milliers – huit à neuf cents en moyenne par jour – que les malades affluent. Il en vint douze mille en une fois, à Pâques dernières, et la plupart s'en retournèrent guéris.
    Enfin le 5 décembre 1910, une pétition de posée sur le bureau de la Chambre des représentants, à Bruxelles, et paraphée de 160.000 signatures de citoyens cultivés, de professeurs, voire de médecins, sollicitait des pouvoirs publics la reconnaissance officielle du culte antoiniste.
    Deux de nos départements, le Nord et l'Aisne, comptent actuellement de nombreux adeptes. Des groupes importants de fidèles se sont fondés à Tours, Vichy, Nice, Monte-Carlo, Aix-les-Bains, Grenoble, et Paris même, au siège de la Fraternelle, 183, rue Saint-Denis, où chaque dimanche de cinq à six, les Antoinistes s'assemblent pour lire et méditer en commun le Grand livre de la révélation.
    – C'est là, nous dit Mlle Camus, le 12 décembre dernier, que je reçus en plein cœur l'illumination du Père. Je ne l'ai jamais vu. J'irai lui faire visite au printemps.
   » On dit qu'il est, aujourd'hui, presque totalement dématérialisé et qu'il est la réincarnation parfaite du Christ. Voyez : la ressemblance n'est-elle pas frappante ? »
    Sourie qui voudra ; c'est chose toujours émouvante de se pencher sur le berceau d'une religion.
    Et voici qu'en deux mois de temps, la plus humble des inspirées, une obscure petite ouvrière, a obtenu quarante guérisons.

Le Matin, 22 février 1912


    Le Bourguignon du 23 février 1912 cite cet article :

Encore une religion qui apparaît (Le Matin, 22 février 1912)

 

Les grands miracles de la petite modiste morvandelle.
    [Notre confrère le Matin consacre l'amusant article qui suit, à une de nos jeunes compatriotes de l'Avallonnais, modiste à Paris].

 

L'Écho de l'Yonne, 3 mars 1912

Un article de L'Écho de l'Yonne, du 3 mars 1912, cite également cet article du Matin.

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Le père Dor contre ''La Région'' (Gazette de Charleroi, 6 février 1920)(Belgicapress)

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Le père Dor contre ''La Région'' (Gazette de Charleroi, 6 février 1920)(Belgicapress)CHRONIQUE JUDICIAIRE
Tribunal Correctionnel de Charleroi

Le père Dor contre “La Région„

    On se souvient que, pendant l'occupation, le père Dor fut condamné par le tribunal correctionnel de Charleroi pour escroqueries, exercice illégal de l'art de guérir, etc.
    La Cour d'appel de Bruxelles révisa ce jugement et, le 16 mai 1917, le père Dor fut acquitté de la prévention d'escroquerie.
    Le surlendemain, le journal « La Région » publia en deuxième page un article signé M. R., intitulé « La Justice » et dont le thème était fourni par le procès du père Dor. Celui-ci y était cité nominalement.
    Le 29 mai 1917, le père Dor envoya un droit de réponse qui ne fut pas inséré. Il en envoya alors un second reproduisant l'arrêt de la Cour d'appel ; celui-là non plus ne fut pas inséré.
    Le 6 novembre 1917, « La Région » fut assignée une première fois. L'audience devait se tenir en janvier 1918. La séance fut remise mais, sur ces entrefaites survint la suspension des audiences.
    Le 25 novembre 1919, le père Dor assigna de nouveau « La Région ». L'affaire fut inscrite au rôle plusieurs fois et, finalement, remise à cette audience.
    Me Lebeau plaide pour le père Dor. Il évoque l'ombre de « La Région » et rend hommage à la presse qui, par dignité et par patriotisme, refusa de se soumettre à la censure. « La Région » dit Me Lebeau, s'est jetée sur tous les prétendus scandales qui se sont commis pendant l'ocupation pour les donner en pâture au public. C'est ainsi qu'elle s'est activement occupée de l'affaire Dor, accablant, dès l'ouverture de l'instruction, le père Dor d'injures et de calomnies.
    Me Lebeau accorde au père Dor une confiance complète et le considère comme un homme irréprochable et honnête. Il s'étend assez longuement sur sa doctrine philosophique et sur les procédés « fluidiques » qu'il employait pour soulager les malades qui se présentaient à lui.
    Me Lebeau insiste sur l'indignité de la partie citée. Il lit l'article de « La Région » incriminé et le droit de réponse du père Dor : celui-ci rend hommage aux juges qui l'ont acquitté, à l'avocat qui l'a défendu, en l'occurrence Me Lebeau, et à notre collaborateur Alceste.
    Me Lebeau réfute, avant la lettre, les objections de son adversaire.
    Le droit de réponse ? Il était fondé puisque le père Dor était cité.
    Les tiers cités ? Le père Dor pouvait le faire, en vertu d'un arrêt de la Cour de cassation de 1883, puisqu'il n'y avait pas d'imputations calomnieuses à leur charge.
    Le droit de réponse devait être visé par la censure ? Cela regardait la rédaction du journal.
    Me Lebeau conclut en insistant sur le préjudice causé, par l'article incriminé, au père Dor et réclame pour celui-ci 3000 frs de dommages-intérêts et la contrainte par corps.
    Me Lefèvre défend Pestiaux, l'éditeur responsable de « La Région ». Il s'étonne que son adversaire veuille embrouiller la situation en faisant le procès de « La Région » alors qu'il ne s'agit que d'une querelle entre le journal et le père Dor.
    Il fait l'historique du procès et soutient qu'il était impossible de vivre pendant cinq ans sans nouvelles quotidiennes données par un journal. Le fait de se soumettre à la censure, dit-il, ne tomba pas sous l'application de la loi et, du reste, le père Dor s'y est lui-même soumis puisqu'il a fait éditer des brochures pendant la guerre.
    Me Lefèvre ridiculise le père Dor et son « fluide » ; c'était, dit-il, un charlatan et un escroc. L'arrêt de la Cour d'appel est un brevet de malhonnêteté. Un des attendus est, en effet, rédigé à peu près comme suit : « Attendu que le délit a été commis six ans avant l'assignation, la prescription est acquise. Pour les autres faits, continue l'arrêt, il ne sera pas condamné, car il n'est pas absolument impossible qu'il soit de bonne foi. »
    On se trouve donc en présence, dit Me Lefèvre, d'un cas pathologique peu ordinaire : ou bien le père Dor est un malhonnête homme ou il est une espèce d'illuminé irresponsable.
    « La Région » a donc bien fait de ne pas insérer cet arrêt dans l'intérêt du père Dor. De plus, la réponse n'était pas adéquate ; donc, il n'avait pas le droit de la faire imprimer.
    Quant aux personnes citées, elles auraient parfaitement pu envoyer des droits de réponse. Le père Dor se répand en éloges dithyrambiques sur vous, mon cher confrère, dit Me Lefèvre. Je ne doute pas que le ridicule dont le père Dor vous couvrirait de la sorte ne vous ait été fort désagréable : vous auriez très bien pu, à votre tour, envoyer à « La Région » un droit de réponse.
    Quant à Alceste, le père Dor eut voulu qu'on reproduisit des extraits d'une de ses « Quotidiennes », mais il y ajoutait des expressions à sa façon et Alceste se serait certainement froissé de cette collaboration intempestive qui eût pu, elle aussi, attirer un droit de réponse à « La Région ».
    Enfin, en ce qui concerne le visa de la censure, c'était au père Dor à l'obtenir car « La Région » n'était pas son commissionnaire.
    Me Lefèvre aborde ensuite la question des dommages-intérêts. Les faits étant couverts par la loi d'amnistie, aucune condamnation pénale n'est possible. Il n'a été causé aucun préjudice au père Dor ; bien au contraire, on lui a rendu service en lui évitant le ridicule.
    Me Lebeau réplique. Dor a été légalement acquitté pour les faits qui lui étaient reprochés. Dor est moralement le frère du Christ, s'exclame l'avocat ; je l'ai affirmé devant la Cour d'appel et je le répète encore ici.
    Dor avait intérêt à faire publier sa réponse. On ne l'a pas insérée ; il a donc subi un dommage.
    La parole est ensuite donnée à M. le substitut du Procureur du Roi qui demande la remise de l'affaire à quatre semaines afin de pouvoir étudier le dossier pour donner son avis.
    M. le président remet donc cette affaire à l'audience du 4 mars.

Gazette de Charleroi, 6 février 1920 (source : Belgicapress)

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La Justice (La Région de Charleroi, 18 mai 1917)(Belgicapress)

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La Justice (La Région de Charleroi, 18 mai 1917)(Belgicapress)La Justice

    Une fois encore un jugement a donné lieu à des discussions, passionnées où les esprits simplistes décident de façon irréfutable des questions de droit les plus difficiles. Est-il nécessaire de dire que je veux faire allusion à l'épilogue du procès du Père Dor, tant commenté par nos concitoyens.
    Le public est porté à ne voir en toutes choses que partialité et injustice. Sans doute l'expérience a-t-elle formé ainsi sa compréhension de notre vie moderne mais il n'existe pas de règle sans exceptions et la probité, vertu pratiquée par une petite élite, conserve cependant ses prêtres fervents.
    Loin de moi l'idée de commenter et surtout d'approuver ou de désapprouver le verdict rendu ; je n'y vois qu'une occasion de parler de la Justice telle qu'elle est ou doit être rendue.
    L'on est prompt à soupçonner l'impartialité d'un magistrat et, s'il existe des magistrats corrompus, d'étendre à la généralité des cas particuliers. Or la première imperfection, la plus flagrante, la plus frappante, c'est dans la Loi qu'il faut la chercher. Nos lois, imprécises, sujettes à mille interprétations différentes ne permettent pas à deux hommes également loyaux d'évaluer également le même mal.
    La Loi marque tel acte de blanc ou de noir. Mais entre le blanc et le noir il existe toute une gamme de gris et dans ces tons il en est de si mal définis que la meilleure vue aurait grand'peine à assurer qu'ils se rapprochent plus du noir que du blanc ou réciproquement. Or les hommes ont une bien mauvaise vue et chacun de nous voit d'une façon différente de celle du voisin. En affirmant que cette teinte est trop sombre vous êtes aussi sincère que moi qui la déclare trop claire et tous deux nous sommes assurés d'être dans la note juste.
    Dès lors, pour une chose aussi délicate que l'application d'une loi, comment ne pourrait-il exister de jugements contradictoires ? Tel individu condamné en correctionnelle et en appel se voit, après la cassation du jugement, acquitté en dernier ressort. Chaque juge est persuadé cependant, en son âme et conscience, d'avoir judicieusement appliqué le code.
    Les uns ont vu mal, les autres bien. Et l'on frémit à cette idée qu'un pseudo coupable puisse être déféré devant une suite de magistrats voyant mal en ce cas.
    Cette réflexion enlève un peu du prestige dont nous avons auréolé la Justice et ses prêtres et nous montre cette déesse suprême, plus faillible que la moindre divinité de l'Olympe et souvent plus mal servie par les Ministres de son culte. Combien de désillusionnés sont sortis du temple de Thémis en murmurant, les larmes aux yeux : « Et pourtant, j'avais raison ! » Combien d'odieux malfaiteurs sont retournés la tête haute !
    Est-ce la négation de la Justice ? La guerre nous accoutumé à tant de négations et nous savons ce que valent les grands mots de bonté, fraternité, amour et respect du prochain, dont on avait grisé nos jeunes âmes, le meurtre et ses horreurs n'étant une faute chez l'individu que parce qu'il est un monopole d'Etat. Non, la Justice est toujours l'admirable vertu devant laquelle s'inclinent les mondes, mais combien intangible et insaisissable ! Elle est le rêve splendide et nous subissons la réalité.
    Qu'un escroc ait été assez habile pour se faire innocenter par ses juges, que des circonstances malheureuses aient fait condamner un honnête homme, je ne pourrais m'attarder à ces infimes détails et ce n'est pas dans son sanctuaire que j'applaudirai à l'application du Droit. Ceux qui ont suivi les méandres de ce labyrinthe en connaissent assez les détours pour me comprendre et m'approuver.
    La justice pure n'existe pas dans les verdicts humains, qui n'en sont qu'un pâle reflet. C'est dans les cours simples qu'il faut la chercher, c'est en soi qu'il faut l'honorer.
    Que l'homme se pétrisse une âme droite et loyale, qu'il agisse en toutes choses selon sa Conscience. C'est en elle qu'il trouvera le prix de ses bonnes actions et le plus réel châtiment de ses fautes. Et devant ce jugement, tout autre jugement semble vain et imparfait.

La Région de Charleroi, 18 mai 1917 (source : Belgicapress)

    Cet article donnera lieu à une attaque en justice de la part du Père Dor contre le journal « La Région ».

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Le père Dor contre ''La Région'' (Journal de Charleroi, 6 février 1920)(Belgicapress)

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Le père Dor contre ''La Région'' (Journal de Charleroi, 6 février 1920)(Belgicapress)Procès de Presse
LE PERE DOR CONTRE « LA REGION »

    Aujourd'hui est revenu devant la chambre correctionnelle le procès intenté par Pierre Dor, dit père Dor, à Camille Pestiaux, ex-éditeur du journal « La Région » pour la non-insertion d'un droit de réponse à un article du 18 mai 1917, intitulé « La Justice » et signé M. R.
    Me Lebeau plaide pour Pierre Dor. Il évoque, pour commencer, l'œuvre du journal « La Région », son attitude dissolvante pendant l'occupation et en profite pour rendre hommage aux journalistes professionnels qui n'hésitèrent pas à déposer la plume plutôt que de la mettre au service de l'ennemi. Cette feuille de chou, dit Me Lebeau, ne vivait que de scandales qu'elle provoquait pour se faire lire. Cet article a ridiculisé père Dor pour qui son défenseur ne trouve que des éloges. C'est un ouvrier qui, par son intelligence, s'est élevé. Sa philosophie est tirée de celle d'Antoine le Guérisseur, son oncle, et il fit beaucoup de bien pendant la guerre. Cet homme procure, à l'aide du fluide, un grand soulagement moral. Il en profite pour acquérir sur l'esprit de ses adeptes une grande et salutaire influence. Père Dor pourrait influencer moralement bien des malades et Me Lebeau, en citant des faits remarquables posés par son client, met l'honnêteté de celui-ci en parallèle avec l'action infamante de « La Région ». Il rappelle entre autres la manifestation de sympathie dont fut l'objet le père Dor lors d'un procès retentissant lui intenté pendant l'occupation.
    Il donne lecture de l'article incriminé où l'on cite le père Dor comme un escroc ; il détaille également l'arrêt de la Cour d'appel qui a innocenté son client. Ensuite, il lit le droit de réponse qui cite un article de la « Gazette », signé Alceste et qui l'a vivement frappé. Un second droit de réponse contenant l'arrêt de la Cour d'appel ne fut pas inséré non plus.
    Me Lebeau conclut à la légitimité de sa cause et réclame une somme de 3,000 francs comme dommages-intérêts avec contrainte par corps et comme « La Région » ne parait plus, il renonce au droit d'insertion.
    Me LEFEVRE, défenseur de Pestiaux, trouve que Me Lebeau a embrouillé la situation en faisant le procès de « La Région ». Il ne s'agit que d'une querelle entre le père Dor et ce journal. L'article incriminé est du 18 mai 1917, le droit de réponse du 29 mai et l'assignation à comparaître date du 6 décembre !
    L'affaire fut remise à janvier 1918. M. Dor refuse de plaider. L'affaire fut remise encore par suite de la suppression des tribunaux. Vint l'armistice et nous voilà au 25 novembre 1919. L'honneur du père Dor attend bien longtemps sa réparation !
    Ce droit de réponse a donc perdu toute son importance.
    Il y a des journaux censurés qui ont été condamnés, d'autres qui ne le sont pas. C'est donc que le seul fait d'avoir paru sous la censure n'est pas condamnable. D'ailleurs, père Dor a écrit aussi pendant la guerre. Lui-même a été censuré. Il est bien mal choisi pour attaquer un journal censuré. Dor, a-t-on dit, est un parfait honnête homme ; quoiqu'illettré, il écrit correctement le français... Comme M. Jourdain, il fait de la prose. Dor est tout simplement un charlatan, Il cite un fait : un homme atteint de hernie va consulter le père Dor ; celui-ci lui révèle que les maux physiques n'existent pas, que son client a péché, qu'il n'a qu'à se purifier. Il faut rentrer chez vous dit-il, et enlever votre bandage. Son adepte, à peine sorti, suit son conseil, ce qui provoque immédiatement une hernie étranglée. Dor est un escroc, Me Lefèvre tend à le prouver par la lettre que Dor a envoyée à « La Région » avec l'arrêt de la Cour d'appel. Me Lefèvre dit que cet arrêt parle de faits consommés. Si Dor a été acquitté, c'est que les faits étaient couverts par la prescription. Dor est un escroc, couvert par la prescription.
    Il a été acquitté parce que le tribunal n'est pas sûr que Dor n'était pas de bonne foi. L'arrêt dit : « Vous êtes un illettré, fervent des méthodes spirites et à tout prendre on peut dire que vous êtes de bonne foi et êtes votre propre dupe ».
    Au point de vue du Droit, le défenseur constate que le droit de réponse ne correspond pas à l'article incriminé. Dans ce droit de réponse, Dor fait non seulement sa propre glorification, mais la glorification relative de la justice, qui, dans certains cas, arrive à appliquer le droit au fait.
    Ce droit de réponse cite en outre 5 ou 6 personnes étrangères au débat, Me Lebeau en tête, auquel Me Lefèvre dit : « Vous êtes en butte aux effusions du père Dor, ainsi que Me Morichar de Bruxelles et lorsque père Dor m'envoie un droit de réponse avec votre éloge dithyrambique, je ne puis insérer. Le droit de réponse qui reproduit l'article d'Alceste est rempli de fautes d'orthographe. Si nous l'avions inséré tel quel nous nous attirions d'Alceste un nouveau droit de réponse.
    Ensuite, pendant la guerre, le droit de réponse devait passer par la censure et ce n'était pas à nous à nous faire les domestiques de Dor pour soumettre sa lettre à la censure des occupants.
    La loi ne prévoit pas des dommages-intérêts. La non-insertion n'a pas causé préjudice au père Dor.
    Me Lefèvre termine en déposant des conclusions tendant à l'acquittement de Pestiaux.
    Dans une brève riposte, Me Lebeau soutient que Me Lefèvre est sorti de son droit en traitant son client d'escroc. Il insiste sur ce que l'arrêt de la Cour d'appel a acquitté père Dor et affirme que celui-ci est le frère du Christ.
    Le droit de réponse qui cite des tiers n'est pas injurieux, mais bien élogieux pour ceux. ci. Il y a donc lieu dans ce cas de conclure à son insertion.
    L'affaire est remise au 4 mars pour entendre l'avis du Procureur du Roi.

Journal de Charleroi, 6 février 1920 (source : Belgicapress)

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La religion antoiniste (Gazette de Lausanne, 29 octobre 1913)

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La religion antoiniste (Gazette de Lausanne, 29 octobre 1913)La religion antoiniste

    Samedi, à la gare du Nord, à Paris, un train de Belgique a déversé sur le quai six cents fidèles de la religion antoiniste.
    Le père Antoine était un obscur ouvrier qui se reconnut un jour la vertu de guérir les malades et les infirmes. A la voix du nouveau Messie, les paralytiques se levèrent, les aveugles virent : ils l'assurent du moins. Car des six cents fidèles qui, un petit sac à la main, vêtus, les hommes d'une lévite noire et coiffés d'un chapeau mat à bords plats, les femmes d'une robe noire et couvertes d'un voile, débarquaient l'autre jour à Paris, il n'en est guère qui ne soient prêts à témoigner du miraculeux pouvoir du père Antoine.
    Le culte antoiniste dédaigne les formes extérieures. Il suffit de posséder la foi pour être guéri des maux du corps et de ceux de l'âme. La mère Antoine, dépositaire du pouvoir spirituel de son défunt mari, étend la main sur la foule recueillie – et chacun s'en retourne guéri ou amélioré selon la ferveur de sa foi ; le mécréant seul s'en va comme il était venu.
    Pour les croyants français, on a édifié rue Vergniaud, un temple que la mère Antoine a inauguré dimanche matin. C'est un petit monument qui possède pour tout mobilier une chaire devant laquelle est un panneau portant l'image sommaire d'un arbre avec cette inscription : « L'arbre de la science de la vue du mal. »
    D'autres inscriptions sont des formules dogmatiques : « L'enseignement du Père, c'est l'enseignement du Christ révélé à cette époque par la Foi... Un seul remède peut guérir l'humanité : la Foi ; c'est de la Foi que naît l'amour, qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. »
    – En effet, expliquait un frère antoiniste à un reporter du Temps, le Christ venant après les prophètes, marquait une étape nouvelle dans l'évolution morale : à la rigoureuse loi du talion, il substituait le pardon des offenses. Le Père (Antoine) a fait mieux : comme nos ennemis sont les meilleurs auxiliaires et les seuls guides de notre progrès en nous révélant à nous-mêmes les défauts qui ternissent la netteté de notre conscience, ils sont les véritables instruments de notre épuration. Il ne suffit plus de leur pardonner ; nous devons reconnaître en eux nos fidèles amis, et les aimer comme tels.
    » Il faut retourner à l'essence même, au principe initial des religions : à la loi de la conscience ; il faut dégager cette loi de toutes les liturgies qui en obscurcissent la notion. Puisque nous vivons entourés d'un fluide fait de tous les actes et de toutes les pensées commis ou conçues pendant nos existences antérieures fluide que le Père maniait à volonté et d'où il tirait ses guérisons – il faut l'exalter au cours de l'existence actuelle en pratiquant le désintéressement les plus absolu. La douleur, les épreuves nous sont envoyées pour nous permettre de nous élever successivement jusqu'à la quasi-perfection morale et à l'amour universel...
    – Mais, interrompit le journaliste, se dogme des réincarnations, n'est-il point hérétique ? Ne sentez-vous pas quelque peu le soufre ?
    – Nullement, cher monsieur, nous respectons toutes les religions : nous remontons seulement à leur principe commun.
    – Mais vous ne les pratiquez pas ?
    – Nous sommes les fidèles du Père. Il est pour nous la réincarnation du prophète qui parut plusieurs fois pour révéler au monde la loi de la conscience...
    – Et votre foi justifie vos miracles ?
    – Assurément.
    – Et vos miracles justifient votre foi ?
    – Sans doute... comme dans toutes les religions, ajouta le frère antoiniste.

Gazette de Lausanne, 29 octobre 1913

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Antoine le Guérisseur, chronique judiciaire (La Meuse, 16 octobre 1907)(Belgicapress)

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Antoine le Guérisseur, chronique judiciaire (La Meuse, 16 octobre 1907)(Belgicapress)CHRONIQUE JUDICIAIRE
A LA COUR D'APPEL

    L'intérêt de la journée était ce matin à la Cour (chambre des appels correctionnels), que présidait M. le conseiller Descamps. Le rôle comportait trois affaires.
    Toutes trois offraient en des genres très divers matières à chroniques judiciaires. Du tragique, du mystique, du comique. Le drame et le vaudeville se coudoyaient.
    Toute la vie !

ANTOINE LE GUERISSEUR

    Le thaumaturge qui a conquis dans notre pays une véritable célébrité, qui reçoit chez lui à Jemeppe chaque jour des centaines de visiteurs, qui enthousiasme ses adeptes, nous allions dire ses fanatiques, disciples et admirateurs appartenant à tous les mondes et à toutes les classes, Antoine le guérisseur, comparaissait devant la Cour sous la prévention d'exercice illégal de l'art de guérir. Le Ministère Public avait interjeté appel du jugement qui l'avait acquitté au mois de juin dernier.
    Antoine était arrivé suivi d'un cortège de plusieurs centaines de personnes. La vaste salle a été envahie en quelques instants par la foule. On eut dit un jour de grands débats d'assises. On s'écrasait littéralement.
    Et dans les couloirs, des groupes très nombreux qui n'avaient pu trouver place, attendaient l'issue des débats.
    M. le conseiller Silvercuys a fait rapport sur cette affaire qui présente des côtés mystérieux et presqu'angoissants.
    Il a rappelé qu'au début du mois de novembre 1906, une véritable épidémie se produisit parmi les enfants à Jemeppe. De nombreux décès eurent lieu. Et une instruction fut ouverte, sur ces faits et spécialement sur la question de savoir si ces enfants n'étaient pas assurés. A cet égard, il est résulté de l'enquête que ces pauvres petits n'étaient pas assurés. Et comme un lamentable refrain, reviennent les tristes paroles des parents : « Nous avons soigné l'enfant le mieux possible. Nous l'aimions infiniment. Nous avons éprouvé de sa mort une grande peine ». Une seule mère ajoute : « Il était si faible, qu'il ne savait pas même prendre le biberon. On nous avait dit qu'il ne vivrait pas. Il est mort subitement dans mes bras. Cela m'a fait de la peine. Et cependant je me suis dit qu'il valait mieux ainsi puisqu'il était destiné à ne pas vivre. »
    L'enquête révéla aussi que plusieurs parents avaient porté leurs enfants chez Antoine. Celui-ci avait ordonné de leur donner de l'eau, du lait et du sucre.
    Un ou deux de ces enfants succombèrent.
    Le Parquet décida de poursuivre à nouveau Antoine qui a déjà été condamné pour exercice illégal de l'art de guérir. Antoine affirme que, depuis cette condamnation, il ne fait plus de passes sur les malades.
    Tous les témoins entendus affirment leur confiance absolue dans Antoine. « Je le considère comme le bon Dieu, dit une femme. Je puis avoir le médecin gratuitement, mais j'irai toujours chez Antoine, si j'avais un autre enfant malade. »
    Tous sont d'accord pour déclarer qu'on ne paie pas Antoine ; qu'au contraire, c'est lui qui fréquemment fait des charités. « Un monsieur a envoyé une longue lettre au tribunal pour dire sa reconnaissance sans bornes envers Antoine, et pour lui apporter son témoignage ému dans les circonstances difficiles. Sa fille a été guérie d'une maladie qui durait depuis plusieurs années et au sujet de laquelle de nombreux médecins avaient été consultés. Antoine a de même guéri la femme et le signataire de cette lettre même.
    Antoine déclare qu'il appose les mains sur le front du malade et qu'un fluide qu'il n'explique pas de conduit à découvrir l'organe qui souffre. Il se recueille un instant et un avertissement secret lui dit s'il peut guérir le patient.
    Il faut, pour aboutir à ce résultat, que le malade ait la foi. Sinon, il l'envoie chez le médecin. Il faut la foi pour comprendre la foi. Il ne reçoit aucun argent. Il n'y a même pas de tronc chez lui. Il a été travailler à l'étranger et ses économies lui permettent de vivre en rentier.
    On a cru qu'il se faisait riche. C'est pour cela surtout qu'il a été poursuivi. Or, il n'en est rien.
    Je n'aurais pas le temps de faire des passes, même si je le voulais, continue-t-il. Car je reçois trop de monde : le matin, le soir et parfois même la nuit.
    Je ne suis pas le guérisseur du corps, mais plutôt le guérisseur de l'âme.
    LE PRESIDENT. Nous n'avons pas à juger vos doctrines philosophiques, mais la question de savoir si ce que vous faites est permis par la loi.
    Un adepte d'Antoine était également mis en prévention. C'est un houilleur appelé Jeanfils. Après avoir fréquenté le guérisseur, dont les conseils ont amené son relèvement moral, il s'est cru aussi appelé à guérir. Et le soir, après sa journée, il reçoit quelques personnes. Jeanfils aurait reconnu, lui, avoir fait des passes.
    M. l'avocat général Meyers a prononcé un très beau réquisitoire. Il a longuement examiné la législation sur l'exercice illégal de l'art de guérir, l'arrêt de la Cour de cassation de 1852 et la loi interprétative de 1853, d'où résulte que le fait que les soins sont gratuits n'empêchent pas l'infraction. Il n'est pas défendu de guérir, mais il est défendu de faire le médecin, de soigner selon une méthode, d'appliquer une méthode pour amener la fin d'une maladie. Celui qui se contente de faire un geste et qui dit : « Vous êtes guéri », ou : « Vous ne serez pas guéri », celui-là n'agit pas comme un médecin.
    Je n'ai pas, dit l'avocat général, la mission de donner mon avis sur ce cas très curieux d'auto-suggestion, par lequel Antoine, persuadé qu'il a le pouvoir de guérir, parvient parfois à agir sur le moral du malade. Si même il guérit, ce n'est pas comme médecin qu'il le fait. Sa foi et celle du malade se rencontrent et guérissent.
    M. Meyers, qui a cité beaucoup de jurisprudence et d'autorités juridiques, conclut qu'à son sens les faits posés par Antoine ne tombent pas sous l'application de la loi.
    Il en est autrement de Jeanfils qui, lui, a reconnu avoir exécuté des passes sur les malades.
    Antoine, interpellé sur le point de savoir s'il n'a rien à ajouter, dit : « On a parlé des enfants qui sont morts. On n'a pas parlé des malades que j'ai guéris. Je pourrais faire entendre comme témoins des paralytiques qui ont été guéris, et des sourds qui entendent. »
    La Cour remet à mardi prochain le prononcé de son arrêt.
    La foule s'écoule, mais il y a tellement de monde que la salle ne se vide pas. On fait alors sortir Antoine et quelques personnes par la porte des témoins, puis par le couloir conduisant au Parquet et de là dans la cour. Mais les adeptes d'Antoine ont été prévenus, et quand il apparaît, c'est une acclamation. On l'entoure, on le presse. Les femmes l'embrassent. On brandit des fleurs, on l'entraîne. Et la foule quitte le Palais en un long cortège, suivant le thaumaturge.

La Meuse, 16 octobre 1907 (source : Belgicapress)

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PARIS XIII° - rue Esquirol (boutique à gauche - salle de lecture antoiniste)

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PARIS XIII° - rue Esquirol (boutique à gauche - salle de lecture antoiniste)

    Par plusieurs sources, on apprend l'existence d'une salle de lecture dans la Rue Esquirol, au n° 7, proche de la Porte d'Italie et de la Pité Salpêtrière. C'est dans cette salle de lecture notamment que se trouvait sœur Marie Camus. Mais on pense qu'elle recevait également chez elle, rue Milton.
    Elle existe déjà en 1912 au moins, car elle est cité dans des articles de journaux. Un Unitif de 1914 la cite encore.
    « J'ai franchi ce matin le seuil du numéro 7 de la rue Esquirol, où dans une coquette boutique est installé le siège de l'« antoinisme ». Siège modeste, certes, et que vous prendriez pour un quelconque magasin, si au-dessus ne s'étalait une large banderole sur laquelle on peut lire : « Culte antoiniste ». »

    Sur la carte postale ci-dessus (cliquez pour agrandir), c'est la deuxième boutique avec l'auvent située sur le gauche de la Rue Esquirol.

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Visite aux disciples d'Antoine-le-Guérisseur (L'Intransigeant, 30 juillet 1912)

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Visite aux disciples d'Antoine-le-Guérisseur (L'Intransigeant, 30 juillet 1912)       Visite aux disciples
                    d'Antoine-le-Guérisseur

    Les poursuites contre Leclerq affectent beaucoup les « antoinistes ». – L'un d'eux nous raconte les épisodes de sa conversion.

    Le chiffonnier Leclercq, l'antoiniste accusé d'avoir laissé mourir sa fillette, a été interrogé hier par le juge d'instruction.
    – C'est en lisant un journal hostile à l'antoinisme, a-t-il dit, que je me suis converti à sa doctrine.
    Et le malheureux montre à son juge une brochure, l'Unitif, dans laquelle on peut lire « Si l'on ne veut pas périr, il ne faut jamais appeler le médecin, ni prendre de remède. »
    Confiant, Leclerq n'appela pas le médecin, et sa fillette est morte, d'où les poursuites d'aujourd'hui.
    J'ai franchi ce matin le seuil du numéro 7 de la rue Esquirol, où dans une coquette boutique est installé le siège de l'« antoinisme ». Siège modeste, certes, et que vous prendriez pour un quelconque magasin, si au-dessus ne s'étalait une large banderole sur laquelle on peut lire : « Culte antoiniste ».
    – Mlle Canus (sic) ? ai-je demandé.
    Mais Mlle Canus, « mère » de l'antoinisme en France, n'était pas là.
    Cependant, un adepte est venu à moi : Polonais d'origine, ancien soldat de la légion étrangère, il voulut bien me dire toute la surprise que causent aux « antoinistes » les poursuites contre Leclerq.
    – Leclerq, me dit-il, est un homme dont l'équilibre mental est loin d'être parfait. Il a pris à la lettre le conseil : « N'appelez pas le médecin », alors que l'antoinisme, en son esprit, dit bien plutôt : « Il faut croire au Père : la foi en lui vous guérira, quand médications et remèdes seront impuissants pour assurer votre soulagement ».
    Leclerq adorait sa petite, il voulait la sauver et priait le ciel de lui accorder sa guérison. Il eût pu, sans s'exposer à notre excommunication, demander le secours de la science : notre Père, en effet, ne l'a jamais interdit.
    Et confiant, le disciple d'Antoine me narre tous les bienfaits du culte auquel il appartient :
    Comme beaucoup d'autres, me dit-il, et comme vous-même, peut-être, monsieur, je ne croyais pas à l'antoinisme : j'en riais, j'étais sceptique. Aujourd'hui vous me voyez convaincu.
    – Et quels ont été les motifs de cette conversion ?
    – J'avais, au Tonkin, contracté les fièvres, une maladie de foie et plusieurs autres maladies coloniales : j'étais un homme perdu quand le hasard mit sur ma route un homme qui de manière lumineuse m'exposa la doctrine antoiniste.
    Je l'écoutai d'une oreille complaisante, peu à peu ses enseignements me pénétrèrent et j'en compris toute la grandeur et toute la beauté.
    – Et vous avez été guéri ?
    – Non, pas immédiatement : à force d'efforts moraux, je suis parvenu à dominer mon mal : il peut me faire souffrir, me torturer, je ne le sens plus, ou plutôt la souffrance qui en résulte est pour moi une cause de sanctification – et partant de bonheur. Je ressens le bien de ce que tout autre penserait être un mal.
    L'antoinisme m'a permis de dominer les souffrances de mon corps et celles de mon esprit : dans l'adversité qui s'acharne sur moi, il m'a permis de n'en voir qu'une source de salut ; il me fait bénir celui-là même qui me combat, il me fait trouver douce toute embûche et toute hostilité.
    Et dans un mouvement qui certes n'est pas dénué de grandeur dans sa simplicité, le disciple d'Antoine ajouté à voix basse :
    – Tenez, Monsieur, vous le voyez, je suis pauvre, très pauvre : je vis de la façon la plus obscure et la plus ignorée. Il m'arrive parfois de ne pas manger à ma faim : mais je suis heureux, heureux quand même...
    Une pause et mon homme ajoute :
    – Oui, plus heureux que vous, monsieur, plus heureux que les riches, plus heureux que tous ceux qui passent à mes côtés, quels qu'ils soient. Car ma foi est une source de bonheur que seuls peuvent apprécier ceux qui croient.     AMÉDÉE GARMER.

L'Intransigeant, 30 juillet 1912

 

    Il faut lire Mlle Camus et non Canus.

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Vient de paraître - Léon Meunier, Le vrai message de Jésus (Le Fraterniste, 15 mars 1929)

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Vient de paraître - Léon Meunier, Le vrai message de Jésus (Le Fraterniste, 15 mars 1929)VIENT DE PARAITRE

Léon MEUNIER
LE VRAI MESSAGE DE JÉSUS
Un volume in-8, quad. cour. de 370 pages : 12 fr.
Les Editions Jean Meyer (B. P. S.)
8, Rue Copernic, Paris (XVIe)

    L'heure est aux regards en arrière. Tous les génies, tous les héros de l'histoire et de la légende trouvent de Nouveaux Biographes. Il semble que notre génération qui d'année en année voit s'élargir jusqu'à l'infini les horizons du domaine scientifique, sente fortement que, dans l'ordre des sciences morales, les siècles passés constituent une Source de Doctrine et d'exemple dont on n'a pas encore épuisé la valeur et l'efficacité.
    Voici que paraît « Le vrai message de Jésus », analyse de la vie et de l'enseignement – de l'enseignement vécu – du Christ Jésus. Œuvre prenante et étonnante qui offre à tous, sur des sujets vieux de 20 siècles, des aperçus neufs et insoupçonnés. Des millions d'hommes n'ont cessé de se dire disciples de Jésus, mais à leur insu d'un jésus défiguré par l'effort incessant de 20 siècles de gloses et d'explications intéressées.
    Voici une œuvre qui, puisant la doctrine christique dans les paroles et les actes mêmes de Jésus, secouant l'amoncellement des erreurs accumulées par les temps, nous restitue, hors des églises et des religions, un Jésus non pas inconnu, mais méconnu et pour tout dire, un prophète nouveau.
    L'œuvre est belle, l'œuvre est saine, l'œuvre est de bonne foi, car après avoir détruit, sans d'ailleurs la moindre intention de polémique, elle reconstruit sans la moindre intention de propagande ; et ce qu'elle reconstruit, c'est la doctrine du Christ dans son authentique teneur, et la vraie figure du prophète venu il y a 20 siècles pour la révéler au monde.

Le Fraterniste, 15 mars 1929

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Consécration d'un Temple Antoiniste à Schaerbeek (Journal de Bruxelles & Le Vingtième Siècle, 3 août 1925)(Belgicapress)

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Consécration d'un Temple Antoiniste à Schaerbeek (Journal de Bruxelles & Le Vingtième Siècle, 3 août 1925)(Belgicapress)             Consécration d'un Temple
                               Antoiniste à Schaerbeek

    Le Culte Antoiniste, reconnu par l'Etat depuis août 1924 et qui possède une vingtaine de temples en Belgique et une dizaine en France, a près de deux millions d'adeptes à l'heure actuelle ; les bases de la morale et de l'enseignement des Antoinistes semblent être : la Foi, le Désintéressement et l'Amour. Ce sont gens très simples, trop simplistes, pourrait-on dire, qui portent lévite noire et chapeau rond ; les femmes sont habillées à peu près comme les Auxiliatrices. Ils se considèrent entre eux comme Frères et Sœurs ; il n'y a pas de « ministres » du culte, l'égalité parfaite devant régner entre les membres de cette secte qui a refusé les subsides de l'Etat. Dons reçus, dons remis, soins, consolations, tout y est anonyme. Les renseignements que j'ai pu recueillir au cours de la Consécration du Temple de Schaerbeek semblent démontrer que ces très braves gens « planent » un peu. Leur phraséologie relativement confuse pour un profane tend à simplifier tellement les sentiments, la morale, l'application de leurs enseignements à la vie quotidienne, que cela en devient, pour finir, très compliqué.
    La « Mère » de Rognancourt, remplaçant la « Mère » Antoine – qui est âgée de près de 80 ans et se déplace difficilement – après avoir officié à l'intérieur du Temple, vint au seuil. A sa droite un emblème argenté porte ces mots : « L'Arbre de la Science et de la Vue du mal »(?). Derrière elle le « Frère » Musin prie. La « Mère » prend une attitude concentrée, les yeux fixes, les mains jointes. Le Fr. Musin regarde alors fixement les quelque quinze cents personnes qui sont là, chapeaux bas sous la pluie qui commence et dit : « La Mère Antoine vient de consacrer ce Temple au nom du Père Antoine. Nous allons nous recueillir et vous faire don de sa grâce : chacun en recevra selon sa Foi et ses mérites », puis il fait l'imposition des mains : un profond silence ; une atmosphère d'attaque de nerfs semble grandir. Ça ne rate pas, d'ailleurs, et voilà une femme qui s'évanouit. Heureusement que la pluie augmente et rafraîchit un peu les cerveaux légèrement échauffés. Les yeux fixes du Frère qui tend les bras vers la foule, paumes en avant, font le tour de l'auditoire puis le Frère Janin, ancien commandant de la marine française et officiant du Temple nouveau, lit les « Dix Préceptes du Père », base de la « Révélation ». Cette révélation, d'après les adeptes du Culte Antoiniste, doit remplacer celle de N. S. Jésus-Christ, périmée à leurs yeux. La « révélation » du Père Antoine est moderne et plus logique, disent-ils.
    Le Temple est nu. C'est une grande salle aux murs blancs sans images. Des inscriptions et une chaire. En en faisant le tour, j'ai éprouvé de nouveau cette atmosphère « d'attaque de nerfs » déjà notée. Il y avait près de deux mille personnes à cette Consécration et toute une rangée d'autos attendait dans l'avenue Jacques Rayé. –       Sterpigny.

Journal de Bruxelles & Le Vingtième Siècle, 3 août 1925 (source : Belgicapress)

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