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Jacques Marcireau - Une histoire de l'occultisme (1949)

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Jacques Marcireau - Une histoire de l'occultisme (1949)

Auteur : Jacques Marcireau
Titre : Une histoire de l'occultisme
Éditions : Jacques Marcireau Éditeur - Société E.L.J.M. Poitiers, 256 p.

    Évoque l'antoinisme à la page 246.

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Chronique - Au Balcon - Le besoin religieux (La Revue du mois 1911)

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Chronique - Au Balcon - Le besoin religieux (La Revue du mois 1911)

CHRONIQUE

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AU BALCON

                                                                                                               Le besoin religieux

    Le Matin du 6 décembre dernier annonce que la Belgique possède une nouvelle religion, dont un certain Antoine le Généreux, ou le Guérisseur, est le chef, le souverain pontife, – qui sait ? – peut-être le dieu incarné. L’antoninisme existait déjà depuis de longues années en 1907, s’il faut en croire le n° 1 de l’Auréole de la conscience (revue mensuelle de l’enseignement du Nouveau Spiritualisme fondé par Antoine le Guérisseur – chez Antoine le Guérisseur à Jemeppe-sur-Meuse, Belgique), petite brochure que le hasard m’a fait retrouver parmi de vieux papiers. Ce qui donne de l’actualité à cette église récente, c’est qu’elle vient de déposer sur le bureau de la Chambre des Représentants à Bruxelles une pétition revêtue, paraît-il, de 160.000 signatures : elle réclame la reconnaissance officielle de son culte afin que ses immeubles soient exemptés des droits de mutation.
    Il n’y a rien de nouveau sous le soleil : on annonçait, en ce même mois de décembre 1910, la mort de Mme Eddy qui avait fondé aux États-Unis l’Église de la science chrétienne et avait réuni près d’un million d’adeptes. Mme Eddy niait la maladie, Antoine le Généreux nie le mal. Y a-t-il entre leurs deux doctrines un lien de filiation ou une simple coïncidence ? peu nous importe ici. L’intéressant est de constater le besoin religieux sous une de ses formes particulières.
    Mais pourquoi, dira-t-on, ne pas se contenter d’observer la persistance des vieilles religions constituées ? Elles aussi témoignent de la réalité du besoin religieux elles sont là pour le satisfaire. Sans doute. Le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme, le mahométisme, le bouddhisme, servent à des âmes nombreuses leur ration d’au-delà. Mais s’ils rassasient quelques grands affamés, ils ont aussi affaire à de très médiocres appétits qui se manifestent surtout sous l’impulsion d’habitudes acquises par tradition. Tandis que le fait d’embrasser une foi nouvelle suppose toujours une forte tension de l’esprit vers le divin.
     Les libres penseurs ont quelquefois le tort de s’exagérer leurs succès et de croire que la religion ne relève plus que de l’archéologie elle est au contraire un phénomène sociologique encore très moderne et beaucoup plus général que son contraire, même dans notre monde civilisé actuel. Ils ne devraient pas perdre de vue que les fondations de sectes ou de doctrines mystiques ne cessent de se produire de temps en temps ; et je ne parle pas de celles qui, telle l’Église gnostique restaurée, séduisent quelques dizaines de personnes, mais de celles dont les adhérents se comptent par milliers.
    Nous en rappellerons quelques-unes, qui toutes datent de moins de cent ans.
    Et d’abord le Mormonisme fondé vers 1830 par Joseph Smith. On sait que ce prophète retrouva une Bible, la Bible des tribus disparues du peuple israélite. Il acheta chez un brocanteur un vieux papyrus égyptien, papyrus d’ailleurs connu de nos égyptologues qui l’ont déchiffré ; mais lui, qui ignorait tout des caractères hiéroglyphiques, y compris leur origine, trouva un moyen bien simple pour les lire couramment. Un ange lui apparut et lui donna deux pierres merveilleuses, l’urim et le thurim, avec la manière de s’en servir. Il n’eut qu’à regarder à travers elles son grimoire, comme les myopes lisent à travers les deux verres de leur lorgnon, pour le voir transcrit en caractères latins et en bon anglais d’Amérique. Il n’eut plus qu’à copier ; cela fit le Livre saint des Mormons. Joseph Smith eut de nombreux disciples, et il mourut lui-même pour sa foi, qu’arrosa encore le sang d’autres martyrs. Pour avoir la liberté de leur culte, les Mormons s’imposèrent de rudes épreuves ils traversèrent un long désert, et fondèrent une nouvelle Jérusalem, sur les bords du grand lac Salé. Leur Société religieuse, évoluée en une sorte de grande coopérative, prospère encore aujourd’hui. Intéressante démonstration que leur histoire : elle prouve qu’une crédulité invraisemblable peut s’allier à un esprit très positif de commerçant, et que le miracle le plus antipathique à la raison trouve des croyants tout prêts à l’authentiquer par le sacrifice de leur repos et même de leur
vie.
    Après les exemples récents du babisme en Perse et du mormonisme aux États-Unis, il semble que les historiens des religions se donnent parfois un mal superflu pour « expliquer » le surnaturel, le surnaturel étant, dans les origines d’une foi, aussi naturel que possible. C’est en Amérique aussi qu’a pris naissance le spiritisme, peu de temps après la prédication de Joseph Smith.
    Nous n’insisterons pas sur lui on le connaît assez. Il répond, lui aussi, à un besoin religieux qui est de croire à la survie on y croit d’abord et l’on s’inquiète ensuite du pourquoi. En l’espèce, on cherche une base à sa foi dans la science expérimentale. C’est du vieux neuf ; ce n’est autre chose qu’une résurrection et une continuation de l’occultisme. Celui-ci, à son tour, n’est, dans sa théorie, qu’une systématisation de la mentalité primitive. M. Lévy Bruni, dont nous avons déjà eu l’occasion de mentionner l’ouvrage1, nous montre qu’un des traits de cette mentalité consiste à créer, entre les choses, des relations mystiques qui font que, pour le sauvage, telle plante sera telle pierre, tel animal et les membres de tel clan : c’est ce que M. Lévy Brühl appelle des « participations » ; en vertu de ces participations, on agira sur tel animal et sur les membres de tel clan en agissant sur tel caillou. Si elle veut adopter ces participations, la mentalité logique – assez étrangère aux primitifs dans leurs
croyances, mais qui s’est développée chez les civilisés – la mentalité logique dispose d’un procédé bien simple : elle admet l’existence d’une substance invisible, capable de se transformer en matière pondérable ou d’agir sur elle et de servir de support à un esprit ou à tous les actes de cet esprit. II est facile de voir que c’est une substance à tout faire. C’est la lumière astrale, le constituant des larves,
coques, élémentals, de l’occultisme ; du périsprit ou corps astral des spirites. Les périsprits, qui supportent les âmes des décédés, sont capables de pomper, en quelque sorte, la substance charnelle des médiums et de s’en servir pour agiter les guéridons, soulever des tables, jouer du violon, apporter des fleurs, et même se matérialiser : ainsi l’au-delà pénètre-t-il dans le domaine expérimental. On n’a pas oublié que l’illustre savant anglais Crookes s’est fait photographier en compagnie de Katie King, une morte qui s’était fait un corps vivant emprunté au protoplasma du médium, Miss Cook. Ceci se passait à la fin du XIXe siècle.
    Autre manifestation, celle-ci plus récente encore, du besoin religieux : l’Armée du Salut. Les salutistes paraissent une exception à la règle suivant laquelle toute nouveauté religieuse prétend se rattacher à une origine antique. Eux, ils accomplissent leurs rites avec une modernité qui n’a rien à envier aux music-halls : grosse caisse, trombones, airs populaires à la mode, langage familier. Mais ils ont un costume, une discipline, une hiérarchie ; ils sont constitués, comme leur nom l’indique, en milice. On reconnaît là la persistance de l’attrait qu’exerce sur plusieurs âmes l’organisation collective en vue de fins religieuses, attrait qui a recruté les ordres monastiques.
    Revenons à Antoine le Généreux et aux successeurs de Mme Eddy. Qu’est-ce qui a fait ou fait encore leur succès ? Ils guérissent. S’ils nient la maladie, gardez-vous de conclure, comme la logique semblerait y inviter, qu’ils nous engagent à ne pas nous en occuper du tout. Pensons-y, au contraire, conseillent-ils, appliquons-lui des remèdes, mais les leurs : prenez mon ours. Ils ont une cure infaillible, seulement elle est psychique. C’est le’ traitement par la foi, pour les Eddystes comme pour les Antonistes. Quelles en sont cependant les modalités ? Je n’en sais trop rien. Ce qu’il y a de certain, c’est que la personnalité du fondateur de la clinique y entre pour quelque chose. Antoine le Guérisseur tient un cabinet de consultations et ceux des malades qui en sortent avec une santé améliorée lui attribuent leur soulagement, lui vouent leur reconnaissance : à lui, expressément. Il ne se distingue donc en rien d’un médecin qui appliquerait exclusivement les procédés psychiques. La gratuité ? Mais, outre qu’on paye Antoine indirectement par des dons à son Église, les médecins seraient encore appelés médecins, même s’ils ne recevaient jamais d’honoraires. L’intervention de Dieu ? Mais le croyant doit la faire participer à toutes les thérapeutiques. Et cependant, Antoine n’est pas un médecin, c’est un thaumaturge. Toute la différence vient de la cause à laquelle le médecin ou le thaumaturge attribuent les guérisons qu’ils opèrent. Pour le premier, même s’il ne fait appel qu’à la suggestion, son succès dépend d’agents, trop nombreux sans doute et trop complexes pour être parfaitement connus, mais aveugles et entièrement déterminés dans leur activité. Pour le second, ces agents sont plus ou moins semblables à des hommes. Antoine, en particulier, met en œuvre l’amour divin. L’amour suppose de la préférence, de la partialité, un certain arbitraire. Et c’est ce qui en fait le charme. L’âme a peur de la solitude. Or en quoi consiste la solitude morale ? A être traité, par tout et par tous, de la même manière que n’importe qui. C’est de ce désert que l’amour nous tire. De là la vogue que peut acquérir un thaumaturge.
    Antoine le Guérisseur satisfait le besoin religieux en un de ses éléments les plus tenaces, élément peut-être impérissable.
                                                                                                    JULES SAGERET.

La Revue du mois, 6e année, Tome XI, janvier-juin 1911 (T11,N61)-(T11,N66).

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A tous crins (Le Cri de Liége, 1er novembre 1913)

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A tous crins (Le Cri de Liége 1er novembre 1913)

A tous Crins

    Paris, la grand' ville, que chantait l'homme aux rubans verts, vient de démontrer une fois de plus la stupidité dont l'homme, d'aujourd'hui comme d'hier, peut se montrer susceptible en élevant un temple dédié au culte Antoiniste.
    Les quotidiens ont rendu compte de l'inauguration par la mère Antoine et narré l'« éloquence silencieuse » de la brave femme qui, si elle se sent imprégnée d'esprit saint, me semble manquer totalement d'esprit tout court.
    Et voilà bien encore une preuve de l'éternelle superstition humaine. Nous n'avons pas fait un pas depuis l'âge de pierre, où notre ancêtre, vêtu de peaux de bêtes, s'inclinait devant les idoles de bois brut et les menhirs de la plaine celtique. Il y a, en nous, un inépuisable besoin de foi et nous devons seulement déplorer que ce ne soit pas vers de plus hautes aspirations qu'elle se tourne.
    Car il faut bien se dire que les fantoches antoinistes ne sont que ridicules dans leurs singeries. Leur culte peut trouver […] et alors, à quoi bon l'Antoinisme, puisqu'on connait la suggestion ?
    Leur costume, leurs prêches et le reste de leurs manifestations extérieures sont de la pale comédie.
    Nulle philosophie n'étaie leur croyance, nul charme, nulle poésie ne pare leur dogme. Les Antoinistes font sourire au même titre que les adeptes de ce Zouave Jacob (autre guérisseur), qui vient le mourir à Paris et qui connut, à la fin du Second Empire, une réelle curiosité. Lisez par curiosité, les inepties que contiennent les brochures Antoinistes. C'est d'un enseignement profond.
    Pour prendre la Foule, il suffit d'une grosse caisse vibrante et d'un charlatan clamant d'incompréhensibles paroles.
    Avec cela on édifie des temples et des parlements ; la Sottise de l'homme fait le reste.
    Ne nous étonnons donc pas trop du succès de l'Antoinisme, malgré l'aspect de crétins du Père et de la Mère, malgré les railleries dont nous les enveloppons et dont nous devons les envelopper, malgré l'air de croquemorts des fervents et le creux de leurs textes. Ils sont la perpétuation de l'Adam primitif, notre aïeul lourd et bestial qu'une pierre brillante effraie, que le soleil affole, que le feu tue parce qu'il les méconnait. Ils sont la Nature inconsciente, obstinée, instinctive. Ils sont l'Ignorance et en dépit de tous les cartels, de toutes les lois scolaires, de toutes les assemblées législatives nous vivons encore dans des Cavernes.

Louis JIHEL.

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Simplicissimus 1931 (35_48_565) : Tausend - Hitler - Weißenberg

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Simplicissimus 1931

 

Wenn ein Volk von allen guten Göttern verlassen ist, muß es sich eben neue Götzen machen!

Quand le peuple est abandonné par tous les dieux bons, il doit bien s'inventer de nouvelles idoles !

 

Simplicissimus était une revue satirique allemande. Ici la page de couverture du numéro 48 de l'année 1931. Franz Tausend a été un escroc qui fit croire qu'il avait trouvé la formule pour créer l'or à volonté. 

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Camille Lemonnier - Les événements de la vie

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    — Les événements de la vie, de suggéra-t-il en faisant un pas plus décisif vers la Vérité, ne sont que la projection de nos idées et de nos actes en dehors de nous. Toute chose qui arrive est l'aboutissement de nos bonnes et de nos mauvaises pensées et déjà réside au fond de nous, latente, en sa résultante finale, avant même d'être accomplie. Nous marchons en aveugles sous des forêts dont les racines s'enfoncent dans le terreau de nos actes.

Camille Lemonnier, La Fin des bourgeois, p.135
Éditions Labor, Espace Nord 31, Bruxelles, 1986

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« 1946 » Antonin Artaud - Les Malades et les médecins

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 « 1946 » Antonin Artaud

Les Malades et les médecins

   

La maladie est un état.
La santé n’en est qu’un autre,
plus moche.
Je veux dire plus lâche et plus mesquin.
Pas de malade qui n’ait grandi.
Pas de bien portant qui n’ait un jour trahi, pour n’avoir pas voulu être malade, comme tels médecins que j’ai subis.
 
J’ai été malade toute ma vie et je ne demande qu’à continuer. Car les états de privation de la vie m’ont toujours renseigné beaucoup mieux sur la pléthore de ma puissance que les crédences petites-bourgeoises de :
LA BONNE SANTÉ SUFFIT.
 
Car mon être est beau mais affreux. Et il n’est beau que parce qu’il est affreux.
Affreux, affre, construit d’affreux.
Guérir une maladie est un crime.
C’est écraser la tête d’un môme beaucoup moins chiche que la vie.
Le laid con-sonne. Le beau pourrit.
 
Mais, malade, on n’est pas dopé d’opium, de cocaïne ou de morphine.
Et il faut aimer l’affre
                                 des fièvres,
la jaunisse et sa perfidie
beaucoup plus que toute euphorie.
 
Alors la fièvre,
la fièvre chaude de ma tête,
— car je suis en état de fièvre chaude depuis cinquante ans que je suis en vie, —
me donnera
mon opium,
— cet être, —
celui,
tête chaude que je serai,
opium de la tête aux pieds.
Car,
la cocaïne est un os,
l’héroïne, un sur-homme en os,
 
                            ca i tra la sara
                            ca fena
                            ca i tra la sara
                            ca fa
 
et l’opium est cette cave,
cette momification de sang cave,
cette raclure
de sperme en cave,
cette excrémation d’un vieux môme,
cette désintégration d’un vieux trou,
cette excrémentation d’un môme,
petit môme d’anus enfoui,
dont le nom est :
                         merde,
                         pipi,
con-science des maladies.
 
Et, opium de père en fi,
 
fi donc qui va de père en fils, —
 
il faut qu’il t’en revienne la poudre,
quand tu auras bien souffert sans lit.
 
C’est ainsi que je considère
que c’est à moi,
sempiternel malade,
à guérir tous les médecins,
— nés médecins par insuffisance de maladie, —
et non à des médecins ignorants de mes états affreux de malade,
à m’imposer leur insulinothérapie,
santé
d’un monde
d’avachis.
 
                                                    Antonin Artaud

 

 

 

http://www.florilege.free.fr/florilege/artaud/lesmalad.htm

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Influence d'Allan Kardec

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    ...Manuels d'Allan Kardec, lesquels proviennent eux-mêmes de Pierre Leroux et des illuminés quarante-huitards, – sens puissant de la fraternité et goût de la bienfaisance envers les pauvres hommes.

article d'André Thérive, in Le Temps du 20 février 1936

    Pour en savoir plus sur Pierre Leroux, se reporter à l'article wikipedia.

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la musique en pays minier

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    Une musique dans les rues du pays minier n'est pas seulement un bruit momentané, mais l'expression d'une attente éternelle. Ce pays, où le métier a rendu les hommes si intimement solidaires, a la passion de la cadence, de ce qui s'accomplit en groupe. Si l'on trouve dans les corons tant de sociétés musicales c'est qu'elles expriment le besoin profond des hommes de faire constamment une seule âme de toutes leurs âmes.
    Une foule aux coudes joints marche derrière l'Harmonie. Au-dessus des têtes apparaît le bois des arcs.

Pierre Hamp, Gueules noires,
La musique de la mine
Gallimard, Paris, 1938, p.71

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Auréole de la conscience en néerlandais #1

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DE STRALENKRANS VAN HET GEWETEN

Een enkel middel kan de menschheid genezen: Het Geloof. Uit het geloof wordt de liefde geboren. De liefde, die ons God zelfs in onze vijanden doet zien. Zijn vijand niet lief te hebben, is God niet beminnen, want de liefde, die wij voor onze vijanden gevoelen, maakt ons waardig Hem te dienen. Ze is de eenige liefde, die ons waarlijk doet lief hebben, omdat zij is zuiver en waar.

issue d'un article du journal De Sumatra post, 28-01-1911

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M. Magnette... Antoiniste (Journal de Gand, 17 mai 1914)

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M. Magnette... Antoiniste (Journal de Gand 17 05 1914)

Autour du Parlement

M. MAGNETTE... ANTOINISTE

    De ce qu’en compagnie de M. Goblet d’Alviella, vice-président du Sénat, notre ami Magnette ait déposé un projet de loi reconnaissant officiellement le culte antoiniste, les feuilles cléricales se sont empressées de conclure que le sénateur progressiste était devenu un servent disciple du père Antoine.
    Et comme il est impossible aux organes de la bonne cause de faire une constatation quelconque qui puisse à leur saint boutique, elles ont naturellement entouré cette révélation sensationnelle de commentaires pimentés d’humour de sacristain.
    Nous avons voulu en avoir le cœur net et pour rencontrer le nouveau converti sur le chemin de Damas, nous sommes allés le relancer dans la somptueuse salle de lecture du Sénat, entre deux appels nominaux.
    – Bonjour, révérend Père, avons-nous dit, en nous prosternant, accordez-nous la bénédiction de l’imposition des mains et veuillez ensuite, par la vue de l’interview, nous initier au rite dont vous devenez Grand-Prêtre.
    – Relevez-vous, mon fils, dit le pseudo-antoiniste, et écoutez ma confession.
    Puis, éclatant de rire, il s’écria : Non, mais, croyez-vous qu’elle est bien bonne !
    Puis, continuant :
    « Comme je m’y attendais, mon intervention en faveur de la reconnaissance légale du culte antoiniste m’a valu quelques horions : je les rendrai à l’occasion.
    La Métropole d’Anvers, notamment, me consacre un entrefilet assez étendu où elle essaie de me « blaguer » sur un ton ironique déguisant mal la colère du fanatique qui voit surgir un culte concurrent.
    Ai-je besoin de vous dire que, de près ni de loin, je ne suis antoiniste ? Je suis et je reste un anticlérical et un libre-penseur convaincu. J’avoue même que, malgré mes efforts, je ne suis jamais arrivé à comprendre exactement en quoi consiste essentiellement la doctrine antoiniste. C’est un mélange de lieux communs, de préceptes de morale courante et de raisonnements fuligineux, au-dessus desquels émergent d’ailleurs de très belles et nobles idées et des pensées de moralité très élevée. On peut, au surplus, en dire autant de la religion catholique : nul n’a jamais compris ni le mystère de la trinité, ni celui de la rédemption, ni d’autres encore.
    Mais, ce n’est pas une raison pour que ce culte ne soit pas mis sur le même rang que d’autres, dont les adeptes sont moins nombreux.
    Comme je l’ai dit dans une question au ministre, les principes da l’antoinisme n’ont rien de contraire à l’ordre public, au contraire, et celui qui pratiquerait les préceptes compréhensibles de l’Antoinisme serait un bon citoyen et un véritable homme de bien.
    La Métropole se gausse des antoinistes qui demandent à la foi de les guérir de certaines maladies, et elle prétend qu’ils refusent de recourir aux secours des médecins : elle n’est même pas loin de demander des mesures de rigueur au sujet de ces « homicides par omission ».
    Quelle outrecuidance !
    D’ailleurs, il est faux que les antoinistes renoncent systématiquement à l’aide médicale. Il en est évidemment qui poussent le zèle à ce point : il y a partout des fanatiques et des toqués.
    Mais, vraiment, il faut de l’audace à La Métropole pour parler ainsi, elle qui est un des organes de ce culte qui prône les infections des piscines de Lourdes et des grottes succursales ; qui encourage ceux qui vont demander la guérison des maux d’oreilles à Ste-Walburge (Ste-Bablène), des maux de dents et de la rage à St-Hubert, des convulsions d’enfants à St-Gilles « l’èwaré », qui soutient ceux qui vont prier St-Antoine à Fexhe et à Queue-du-Bois pour guérir leurs cochons et les préserver des maladies, et pour y faire bénir le pain destiné à leurs porcs. Ne sait-elle pas aussi que pour éloigner les punaises, il suffit de lire l’Evangile St-Jean dans trois coins de la chambre : elles filent par le quatrième !
    Et je pourrais continuer longtemps la liste des pratiques puériles, niaises ou nuisibles que l’Eglise catholique encourage ou auxquelles elle n’a fait qu’une résistance de parade.
    Donc, plus de modestie et moins d’aigreur siéraient à La Métropole.
    D. – Mais alors, que comptez-vous faire ?
    R. – Pour que le ministre semble vouloir demeurer dans l’inertie, il a bien fallu user de notre initiative parlementaire et déposer un projet de loi. Mon éminent collègue et ami. M. Goblet d’Alviella, a bien voulu collaborer à la confection de ce projet et le signer avec moi.
    Au surplus, le développement la religion antoiniste est régulier et constant, et des précisions seront apportées en temps et lieu.
    La Métropole pense que, si les antoinistes ne réclament aucune subvention des pouvoirs publics, c’est que l’argent des gogos leur suffit amplement pour les dédommager de leurs pratiques.
    Paroles imprudentes, car elles entrainent inévitablement cette comparaison avec l’Eglise catholique : c’est qu’à celle-ci ne suffit pas l’argent des gogos, ses adeptes, et qu’elle entend – et elle s’y entend à merveille – puiser largement dans l’escarcelle publique.
    Entre ces deux procédés, les gens raisonnables et les contribuables préféreront celui des antoinistes.
    – M’autorisez-vous à reproduire ces déclarations ?
    – Vous m’obligeriez, quand ce ne serait que pour mettre fin à une légende inepte.
    Et voilà comment, pour n’avoir pas lui-même la foi, M. Magnette ne nous a pas convertis à l’Antoinisme.

Journal de Gand, 17 mai 1914

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